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Pierre Bayard (Autre)
EAN : 9782707346520
172 pages
Editions de Minuit (05/11/2020)
4.04/5   25 notes
Résumé :
On ne cesse de critiquer les informations fausses, en mécon­naissant tout ce qu’elles apportent à notre vie privée et collective. Elles ne sont pas seulement, en effet, source de bien-être psychologique, elles stimulent la curiosité et l’imagination, ouvrant ainsi la voie à la création littéraire comme aux découvertes scientifiques.
Ce livre prend leur défense.
Que lire après Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Qui n'a jamais menti ? Qui n'a jamais eu recours à la fiction pour rendre le réel supportable, rassurer ses proches, soulager ses peines ou celles de ses amis ? Faut-il vraiment combattre les fables ? Doit-on absolument lutter contre les fake news ? Est-il nécessaire de rechercher à tout prix la vérité ? Et si, paradoxalement, le faux était plus fécond que la vérité ? S'il débouchait sur une forme de vrai que la stricte conformité au réel serait bien en peine d'atteindre ?
C'est à ces questions que se confronte Pierre Bayard, professeur de littérature à Paris-VIII Vincenne-St-Denis et psychanalyste, dans un essai (au titre pour le moins provocateur) VRAIMENT passionnant, fondé sur des exemples concrets, précis et très variés qui conduisent à une réelle prise de conscience de la nécessité de recourir à la fiction. Et ce, pour plusieurs raisons !
Je ne résiste pas au plaisir de vous raconter deux exemples analysés par l'auteur, vous verrez concrètement de quoi il retourne… Ne vous inquiétez pas, il y en a plein d'autres et de bien plus savoureux encore !
En 1971, lorsque M-A Macciocchi, femme politique italienne appartenant au Parti Communiste, publie le récit de son journal en Chine, le succès est immédiat : elle y décrit un monde moderne, des ouvriers efficaces mais ayant tout le loisir de s'accorder des pauses-lecture sur les heures de travail, des intellectuels dans l'obligation de faire l'expérience du travail en usine ou dans les rizières. Toujours, le collectif est mis en avant : il ne viendrait à personne l'idée de demander une augmentation de salaire ou davantage de vacances : trop perso tout ça. le « nous » passe forcément avant le « je ».
Bref, « De la Chine » séduit tous les intellectuels français qui se rallieront rapidement à la doctrine maoïste : Sollers, Barthes, Kristeva etc se rendent eux-mêmes sur place pour visiter ce pays idéal et novateur. Or, aucun d'eux ne semble avoir alors suffisamment d'esprit critique pour voir 1) que le récit de Macciocchi est truffé d'erreurs, 2) qu'ils visitent en réalité un état totalitaire.
Comment un tel aveuglement a-t-il été possible ? Outre le fait que Macciocchi a certainement été manipulée par les autorités chinoises lors de ses différents voyages, on peut penser qu'elle est arrivée en Chine avec des convictions bien ancrées et une belle grille de lecture dans laquelle elle s'est efforcée de placer tout ce qu'elle voyait : c'est ce que les spécialistes en sciences cognitives ont appelé la notion de « biais de confirmation », à savoir que l'on sélectionne dans la réalité tous les éléments qui vont précisément dans le sens de ce que l'on veut démontrer.
A cela s'ajoute certainement « un besoin de croire » : les intellectuels français de cette époque ont perdu leurs illusions face au communisme sauce soviétique, il faut donc qu'ils se raccrochent à autre chose (ça fait vivre de croire en un idéal qui donne un sens à la vie) et donc ils mettent en place une espèce de « processus d'idéalisation » pour se protéger eux-mêmes d'une trop grande déception et surtout pour continuer d'avancer en évitant la dépression…
On a tous besoin de croire en quelque chose et d'une certaine façon, la fable, la fiction nous rassurent et nous protègent. Et finalement, on ne voit pas ce que l'on ne veut pas voir. C'est bien pratique, hein !
Allez, vite fait, je vous propose un autre exemple tout aussi fascinant (ils le sont tous!).
Le 13 mars 1964, à New York, une jeune femme est assassinée au pied de son immeuble. L'enquête révèle que 38 personnes ont été témoins de ce crime. Or personne n'a appelé la police ni tenté de porter secours à la pauvre femme. Les sociologues se sont emparés du sujet et après plusieurs expériences en ont conclu que plus les témoins sont nombreux, plus les interventions individuelles sont rares. Au contraire, moins il y a de témoins, plus les interventions personnelles sont à la fois nombreuses et rapides. Ce concept s'appelle « effet du témoin » et il a été attesté par de nombreuses expériences.
Très bien.
Mais, en reprenant le dossier de cette terrible histoire, il s'est avéré qu'en réalité, l'agression avait eu lieu dans le hall d'un immeuble et qu'elle n'était donc pas visible par d'éventuels témoin. Ainsi, le faux récit, espèce de légende urbaine, a néanmoins permis d'accéder à une vérité « scientifique », à savoir que plus on est nombreux et moins on agit.
Je ne vous rapporte ici que deux exemples très intéressants développés dans cet essai extrêmement clair, intelligent et tellement divertissant ! Franchement, ce texte  est un pur bonheur de lecture et en plus, il rend intelligent ! Il montre en effet comment on a besoin de la fiction pour supporter l'existence ou bien, de façon étonnante, pour rendre compte du réel de façon plus intense, plus saisissante : en effet, il faut parfois déformer le vrai, en donner une image tronquée ou exagérée pour accéder à l'essence même des êtres ou des choses. Ainsi les Grecs n'hésitaient-ils pas à fausser les lignes des colonnes des temples qu'ils bâtissaient pour que, de loin, la perspective semble parfaite.
Et puis, finalement, existe-t-il une vérité objective dans la mesure où nous sommes contraints de passer par le prisme de notre moi pour accéder au réel (avec le poids bien lourd de notre inconscient qui pèse sur nos jugements, nos ressentis, nos actions)  ? Et cette « vérité subjective » n'est-elle pas authentique pour le sujet qui la perçoit ?
Bref, on a besoin de la fiction, elle nous est indispensable, elle stimule notre curiosité, notre imagination mais aussi notre perspicacité, notre esprit critique, elle ouvre la voie aux découvertes scientifiques, nous protège des déceptions de l'existence et nous permet d'accéder peut-être plus directement, plus essentiellement et de façon plus marquante à la compréhension des êtres et des faits politiques passés ou présents: gardons-nous donc de vouloir à tout prix la vérité (si tant est qu'on puisse l'atteindre), elle pourrait nous empêcher d'atteindre le vrai et elle nous rendrait à coup sûr malheureux et tristes.
A bas donc les chicaneurs, les rabat-joie, les empêcheurs de fabuler, d'inventer, de rêver! Qu'ils retournent à leurs tristes enquêtes, à leurs vérifications, à leurs calculs. Notre vérité est plus vraie que la leur. Et plus belle aussi...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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"SI TOUT N'EST PAS VRAI, TOUT N'EST PAS FAUX POUR AUTANT."

Après la parution de son poème le plus célèbre, "La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France", on reprocha à Blaise Cendrars de n'avoir jamais pris le transsibérien.
La réponse du poète fut éloquente: "Qu'est-ce que cela peut vous foutre, si je vous l'ai fait prendre?"
Anecdote relatée par Marc Lefrançois sur LinkedIn et qui me semble parfaite pour introduire l'essai de Pierre Bayard "Comment parler des faits qui ne se sont pas produits?"

Un court essai que j'ai trouvé absolument remarquable, aussi instructif que divertissant ; qui, à travers douze chapitres, chacun illustrés par un exemple précis
nous invite à nous interroger sur le sens du "vrai".
Maintenant que nous sommes entrés dans l'ère du "fact-checking" (pardon pour l'anglicisme), doit-on absolument rechercher la vérité? Faut-il impérativement lutter contre toutes les fake news?

Que penser du faux message laissé par Steve Jobs avant son décès qui circule abondamment sur les réseaux?
Le message ne vaut-il pas la peine d'être véhiculé même si on sait que l'auteur n'est pas le fondateur d'Apple. Je n'ai bien évidemment pas la réponse et les débats et discussions doivent rester ouverts.

Quelle place accorder aux fables, aux paraboles?
Et si, paradoxalement, le faux se montrait parfois plus porteur de sens que la vérité?

C'est entre autre à quelques-unes de ces questions que choisit de se confronter Pierre Bayard dans ce troisième volet qui conclut sa trilogie. Les deux tomes précédents "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus?" en 2017;"Comment parler des lieux où l'on n'a pas été?" en 2012 et enfin "Comment parler des faits qui ne se sont pas produits?" en 2020.

Douze petits chapitres donc qu'on entame avec une imposture littéraire commise par Monique de Wael, plus connue sous son nom de plume, Misha Defonseca et son livre "Survivre avec les loups".
Nous passons ensuite chez John Steinbeck et son récit "Voyage avec Charley". On poursuit avec Chateaubriand, on continue avec l'impuissance de Leonard de Vinci selon Freud, on se régale avec Saint John Perse et son rapport à l'image et l'estime de soi. Je ne peux m'empêcher d'y trouver un lien avec certains réseaux sociaux.
Le "vrai faux" journal d'Anaïs Nin, la Chine utopique de Macciocchi.

On poursuit avec les faits divers et le meurtre et le viol d'une jeune barmaid de New-York, Kitty Genovese.
On se souvient de"la guerre des mondes" de H.G. Wells raconté par son homonyme, Orson Welles sur les ondes radiophoniques et le vent de panique qui s'ensuivit.

Plus proche historiquement, un reportage fait par un journaliste allemand du Spiegel sur une petite ville américaine, Fergus Falls, avec un électorat absolument dévolu à Donald Trump et enfin, le procès du nazi Eichmann qui aux yeux d'Hannah Arendt n'est qu'un individu quelconque, tristement banal qui se contente d'obéir aux ordres.
Les exemples trouvent leur conclusion avec le livre témoignage d'un évadé du Goulag "A marche forcée" de Slavomir Rawicz, officier polonais.
A noter que Sylvain Tesson retracera le parcours de cette évasion, à lire dans "L'axe du loup".
Voici ce qu'en dit Tesson par rapport à la véracité de l'exploit.
"Culturellement, je serais plutôt du côté des coeurs simples qui aiment à croire aux belles histoires que du côté des sceptiques qui sont toujours prompts à réfuter chez les autres des actes qu'eux-mêmes n'auraient pu accomplir."

Plusieurs de ces histoires m'étaient totalement inconnues. Alors bien sûr, certaines sont plus percutantes ou révélatrices que d'autres mais toutes m'ont semblées particulièrement bien choisies pour soutenir les thèses de l'auteur.

Ce que j'en retiens, c'est que ce genre de lecture et ce livre-ci en particulier contribue à nous ouvrir les yeux, stimuler notre curiosité, développer notre perspicacité et aiguiser notre esprit critique. Il peut par exemple nous interroger sur le rôle que nous voudrons accorder à l'IA et sur ce qu'il nous réserve… Il en a été ainsi en tous les cas pour moi.

Quel est et quel sera notre rapport à la vérité? Est-il important que les histoires soient absolument vraies? L'histoire aurait-elle été aussi belle si Romain Gary dans "La promesse de l'aube" n'avait pas écrit ces magnifiques pages où sa mère, malade, écrit des centaines de lettres à l'avance qui seront expédiées une à une à son fils alors qu'elle est décédée afin de lui faire croire que tout va bien ? Quel est le message derrière l'histoire?

Pas de certitudes, pas de conclusions hâtives, plutôt beaucoup d'interrogations.. mais laissons cependant un peu de place à l'imaginaire. Notre capacité à raconter de bonnes histoires constitue des valeurs essentielles que tout pays démocratique devrait s'attacher à préserver.

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Après « Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? » en 2007 et « Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ? » en 2012, Pierre BAYARD revient sur les thèmes de son forfait et poursuit son cycle des tromperies littéraires (mais pas seulement). Dans ce volume, il nous présente, entre autres, des oeuvres dont les faits relatés ne se sont en vérité pas du tout déroulés comme racontés.

L'auteur psychanalyste prend un exemple par chapitre. Ainsi le lectorat va s'instruire, beaucoup, mais aussi s'amuser, énormément, l'austérité n'étant pas au rendez-vous de ce livre.

En 1997 est publié en France « Survivre avec les loups » de Misha DEFONSECA, un pseudo. Imposture littéraire, tout comme l'explique fort calmement Pierre BAYARD, avec documents à l'appui. En 1962, John STEINBECK s'embarque dans un pick-up pour découvrir les Etats-Unis et en tirer un récit « Voyage avec Charley » (Charley étant son chien). Dès 1791, CHATEAUBRIAND dit avoir rencontré le général WASHINGTON aux mêmes Etats-Unis. Retour au XXe siècle avec l'analyse de FREUD sur l'absence de sexualité chez Léonard de VINCI. Dans ces livres, si la forme est tout ce qu'il y a de plus profonde, le fond est en grande partie faux. Inventé, déformé, souvent à la gloire de l'auteur. La vérité n'est que secondaire.

Il en est de même pour le volume de la collection La Pléiade consacré à Saint John PERSE, l'écrivain qui veut se faire ici passer pour un pionnier en bouleversements politiques internationaux est en fait un faussaire. Anaïs NIN, en plus d'être faussaire, est une grande manipulatrice d'hommes. Elle tient plusieurs cahiers intimes, l'un « faux » qui en réalité est vrai, l'autre « vrai » qui s'avère faux, de quoi perdre la tête. Maria-Antonietta MACCIOCCHI publie son voyage en Chine en 1971. Un faux. Enfin, plutôt une affabulation sur le pays rêvé et fantasmé.

Place aux faits divers avec cette femme agressée puis tuée dans les rues de New York en 1964. 38 témoins, personne ne prévient la police. En vérité ces témoins n'existent pas. 1938 et « La guerre des mondes », pièce de théâtre montée à la radio par Orson WELLES d'après le roman éponyme de H.G. WELLS. Suite à la naïveté des auditeurs radiophoniques, immédiatement on parle d'une panique collective, des bouchons formés par des automobiles dans une partie du pays, cherchant à rejoindre les montagnes, ce qui est une pure invention. Plus près de nous, un reportage en Allemagne sur une petite ville du Minnesota où l'électorat serait à grande majorité trumpiste. Pierre BAYARD continue à nous balader au gré de l'Histoire avec le procès du nazi tortionnaire Adolf EICHMANN vu par les yeux d'Hannah ARENDT, qui trace le portrait d'un homme qui n'est pas EICHMANN. le présent volume se termine comme entamé au coeur de la littérature avec le livre de témoignage « À marche forcée » de Slavomir RAWICZ. Un faussaire lui aussi.

Au-delà des inventions, des mensonges, des mises en scène, Pierre BAYARD met en avant le fait que dans la littérature, mais plus prosaïquement dans la vie, nous pouvons être tentés d'inventer dans un esprit de création, de mentir dans un esprit artistique. Et que, somme toute, il faut être non seulement tolérant, mais indulgent pour ces faussaires de génie. Son analyse est percutante, presque convaincante, même si une rationalité trop affirmée peut nous entraîner à ne pas être forcément d'accord avec l'auteur concernant sa compassion proche d'une sorte d'admiration. Il n'empêche, ce bouquin se dévore, il est à la fois didactique, enrichissant, amusant et fortement documenté. Il est récemment sorti aux éditions de Minuit – fin 2020 - dans la superbe collection Paradoxe.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Pierre Bayard poursuit son exploration hors norme de la littérature. Cette fois, il aborde la véracité des faits racontés au travers des récits, des romans, des biographies, des journaux personnels. On est alors confronté à l'histoire d'événements qui ne se sont jamais réalisés, sinon dans l'imagination de l'auteur, sinon dans la reconstruction qu'en fait le lecteur. Cela peut être déstabilisant, mais Bayard, jamais à court de prises de position paradoxales, nous démontre toute la richesse de ces faits alternatifs. Face aux fabulateurs, Bayard critique celles et ceux, les chicaneurs, qui ne cessent de vérifier tous les faits rapportés, qui, de manière parfois trop scrupuleuse, inspectent les textes à la recherche d'erreurs, de mythes, de chimères. Mais, l'invention dans les récits est porteuse d'enseignements et, plus d'une fois, c'est sur la base d'histoires en partie fausses que se sont construits certaines théories ou, même, certains pans du savoir. Pierre Bayard parle de la fécondité du faux et prône même un droit à la fabulation pour faire valoir la fiction hors de son habitat naturel.
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Fidèle à son esprit provocateur et à sa pensée à contre-courant, Pierre Bayard se fait cette fois-ci le défenseur de celles et ceux qui colportent de fausses informations. L'avocat des menteurs ? Pas exactement. Car, comme toujours avec l'auteur de Demain est écrit, tout est une question de subtilité.

Un auteur qui altère ou améliore la vérité est-il nécessairement un menteur ? Et d'ailleurs que signifie, en littérature, écrire un récit faux ? S'appuyant sur de nombreux exemples - des récits présentés comme authentiques mais dont la véracité semble discutable ou a été mise en défaut -, il parvient à séparer des ordres de vérités différentes. Il s'interroge alors sur l'espace intermédiaire entre le vrai et le faux, ce lieu d'invention original où surgit une forme particulière d'authenticité. Puis il invite à réfléchir à la notion de subjectivité, à repenser le concept de vérité et la conception même que nous en avons. Car il existe une forme de vérité littéraire irréductible à la vérité factuelle et qui possède sa propre légitimité.

Il prêche alors pour un droit à la fabulation et prend la défense de ceux qui fabulent, allant jusqu'à affirmer que mieux vaut valoriser cette pratique que la dénoncer. Il rend ainsi un bel hommage aux conteurs, que cet essai tente de déculpabiliser, et loue ceux qui parviennent à s'adresser à l'enfant qui sommeille en chaque lecteur, qui lui permettent de revenir à cet état psychique où la réalité ne constituait pas un obstacle insurmontable à ses désirs et où ceux-ci pouvaient s'accomplir sans se heurter à des contraintes et des interdictions.

C'est un beau combat que mène Pierre Bayard avec ce passionnant ouvrage, finalement très psychanalytique.
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critiques presse (1)
LeSoir
21 décembre 2020
Les informations fausses stimulent créativité et imagination. Dans son dernier livre, «Comment parler des faits qui ne se sont pas produits?», Pierre Bayard prend leur défense.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Passée une première fois à la postérité pour avoir permis de réfléchir sur l'"effet du témoin", Kitty Genovese est aujourd'hui surtout connue pour avoir illustré une autre notion sociologique tout aussi féconde, celle de légende urbaine.


Chapitre IV. Dans les sciences sociales, p. 111
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Sur le plan politique comme sur le plan scientifique, il apparaît clairement que des exemples largement remaniés pour la circonstance, voire forgés de toutes pièces, peuvent permettre d'inventer des mondes donnant à rêver ou de dégager des lois générales que les cas réels, moins révélateurs, auraient été inaptes à appuyer.
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En cette nuit du 13 mars 1964 où elle circule dans New York au volant de sa voiture, Kitty Genovese ne peut guère prévoir le double événement qui va lui arriver. Elle est d'abord sur le point de perdre la vie, elle va d'autre part devenir mondialement célèbre de par les circonstances particulières dans lesquelles sa mort va survenir, qui feront d'elle à jamais, à son corps défendant, un cas d'école.

Chapitre IV. Dans les sciences humaines, p. 104
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[...] une pulsion narrative nous aide à supporter notre mobilité psychique en y injectant, comme le fait au réveil le récit manifeste du rêve, de la cohérence et du sens. Ce besoin impératif de raconter - qu'il s'applique à la journée passée ou aux années écoulées - est un ressort majeur de notre fonctionnement psychique, qui a le mérite de nous protéger de l'éparpillement.
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"Il serait cependant inexact de dire qu’Anaïs Nin n'est jamais parvenue à construire un couple, même si elle donne le sentiment d'en avoir connu plusieurs en même temps. Il y a bien eu un couple dans sa vie, le seul solide peut-être, celui qu'elle forme avec son journal, tenu depuis l'âge de onze ans jusqu'à ces derniers jours et qui ne comprend pas moins de 35 000 pages."
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Vidéo de Pierre Bayard
Nancy Murzilli invite Pierre Bayard & Yves Citton
Dans l'essai de Nancy Murzilli, la fiction est analysée sous le prisme d'une expérience de pensée. Raconter des histoires, jouer au pirate, interpréter un personnage de théâtre ou un rôle social, faire des projets, mentir, rêver, parler aux fantômes ou aux anges, communiquer avec le règne animal, lire l'avenir dans les tarots ou dans les astres, jeter des sorts, écrire des romans… Souvent perçues comme des échappatoires au réel, ces opérations mentales nous permettent de « savoir » et d'« agir » sans utiliser les moyens ordinaires d'information.
En avril et avec la complicité de la comédienne Anne-Laure Sanchez, Nancy Murzilli tirait les cartes à la Princesse de Clèves. Pour cette deuxième rencontre, elle invite deux « personnages » de son livre, Pierre Bayard et Yves Citton, chercheurs reconnus pour leurs travaux sur les fictions littéraires et sociales.
« Tout écrivain qui a discuté un peu longuement avec un lecteur attentif connaît cette expérience d'inquiétante étrangeté où il se rend compte de l'absence de correspondance entre ce qu'il a voulu faire et ce qui en a été compris. » Comment parler des livres que l'on a pas lus ?, Pierre Bayard
À lire – Nancy Murzilli, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, 2023 – Pierre Bayard, Et si les Beatles n'étaient pas nés ?, éd. de Minuit, 2022 – Yves Citton, Altermodernités des Lumières, Seuil, 2022 – Yves Citton, Faire avec. Conflits, coalitions, contagions, Les liens qui libèrent, 2021.
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Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?

Un des chapitres débute avec la phrase : « L’idéal, pour séduire quelqu’un en parlant des livres qu’il aime, sans les avoir lus nous-mêmes, serait d’arrêter le temps ». Pierre Bayard étaie cette hypothèse en évoquant le film …

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