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EAN : 9782073046086
96 pages
Gallimard (01/02/2024)
3.82/5   160 notes
Résumé :
Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu’un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m’invite à aller le voir. L’homme tient une auberge au bord d’un lac. J’y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d’un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s’apprêtent à incendier la plaine. Je revi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Cela m'est de plus en plus difficile d'écrire quelques mots sur une oeuvre de Bobin car il y aurait tellement de positif à exprimer que cela pourrait revenir à le plagier, même sans avoir la capacité du choix des mots avec lesquels il exprime toute une symphonie de sentiments et d'émotions.

Alors, de ce dernier livre, je retiens les fleurs, les herbes coupées et leur senteur suave et toutes ces saveurs poétiques que Christian Bobin semble exprimer sans forcer. On a l'impression que son écriture est celle d'un premier jet, il est le magicien des mots et des sentiments, incontestablement.

Par moments, ses phrases courtes me font penser à celles de Sylvain Tesson qui est aussi capable de jouer avec les mots, même si le contexte est radicalement différent.

Bobin voit une nourriture pour la terre dans les poèmes, il l'exprime avec délicatesse, abordant une grande variété de thèmes qui se fondent en un seul, l'écriture, celle des poètes comme Nerval, des philosophes comme Descartes, la sienne, pénétrante, envoûtante et, quand il évoque la mort et cet au-delà mystérieux, on ne peut que vivre pleinement cette "écriture qui est résurrection"
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Choisi le 6 octobre 2022- librairie Chantelivre- Issy

Comme une somptueuse promenade dans les chatoyances et flamboyances de la nature automnale !

Un titre nous entraînant d'emblée dans un rêve éveillé, une jolie et fort symbolique fleur, à la couleur bien improbable !...

Une pause, une immense respiration, un hommage à la Vie magnifiée par la Poésie, la Musique...aux petits bonheurs des jours !

Comme toujours, Christian Bobin nous offre ses déambulations buissonnière, ses hommages à la Nature, aux êtres aimés morts ,mais toujours activement présents, comme ce père adoré et vénéré...parcourant ce court texte!...
J'insère l'extrait le plus poignant(* pour ma part), parlant de cet " Absent omniprésent ":

" Père, je garde en héritage ton visage baigné par les ondes d'un sourire jusque dans cette apothéose du mal, le pillage de ton cerveau, toi seul face à l'éternel dans cette maison des morts, et derrière le méchant verre brouillé de tes lunettes, les auréoles boréales de tes yeux.Je n'ai jamais connu plus grande énigme que ton sourire à l'heure où ton nom n'était plus qu'une étiquette cousue sur tes vêtements que les gens du nettoyage mélangeaient à d'autres, perdaient. Ce sourire est dans la poche.Je peux le donner sans le perdre."

Un opuscule très bref, toutefois toujours aussi "serré ", aussi "dense" qui honore aussi bien créateurs et littérateurs : de Stéphane Grapelli à Kafka, en passant par Akhmatova, Novalis, Gérard de Nerval...jusqu'à un génie des mathématiques, "en rupture de tout milieu": Alexandre Krothendieck...

Entre les lignes, grondent ses diverses colères envers ce monde du faux progrès qui déshumanise, exclut, isole, fait régresser les Hommes...Ce qui permet avant tout de sauvegarder une humanité, une espérance, c'est la
Poésie !

"J'ouvre le livre d'Akhmatova.Quatre vers.Quatre poutres métalliques transportées par des bagnards en Sibérie, abandonnées depuis des siècles dans la neige de la page.Leur éclat raye mes yeux.Il faudra des milliers d'années pour que les déchets d'uranium ne soient plus mortels.Il faudra beaucoup plus, avant qu'un poème cesse d'irradier par son silence un lecteur de hasard."

Une lecture à faire très doucement, à petit pas...pour apprécier chaque mot...ainsi que cette musique si personnelle à Christian Bobin..

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Je découvre Christian Bobin juste après son décès
Le muguet rouge n'est pas un livre très optimiste mais j'ai tout de suite adhéré au style poétique de l'auteur
Comment ai je pu passer à côté de cet auteur qui, il est vrai, était d'une discrétion absolue
Ma libraire a eu la bonne idée avant Noël de faire un présentoir spécial de son oeuvre ( à côté de celui de Annie Ernaux). Elle m'a discrètement avouer sa préférence pour Christian Bobin et un gros succès pour son initiative
Coup de coeur littéraire donc. J'ai acheté trois exemplaires du livre avec ses oeuvres choisies « les différentes régions du ciel » 1000 pages tout de même
Avec une petite remarque à mon fils de 30 ans: tu en as pour 50 ans de lecture et de relecture
Un cadeau à réserver aux lecteurs et lectrices aguerris
La plus belle découverte de là année 2022
Indispensable dans une bibliothèque Babelio
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Je ne peux m'empêcher de sentir une prémonition dans cet ultime texte de Christian Bobin.
Une prémonition qu'il aurait eue de sa mort :
« Un petit manège tourne, allumé dans la nuit
Comme un chagrin merveilleux ».
Cette sorte de prémonition n'est pas forcément triste lorsqu'elle a pour sujet Christian Bobin – lui, comme nous tous, devait craindre ce moment. Mais lui, assurément, le considérait comme un passage.

Je ne devrais donc pas être triste et pourtant je le suis car, pour la première fois, j'ai l'impression de passer à côté de son texte.
Bien sûr j'ai senti les ondes habituelles de sa pensée, ses ondes qui à chaque fois me réchauffent l'âme. J'ai senti la beauté des images qu'il m'impose en douceur. J'ai senti ces sentiments que je partage si souvent avec lui à propos de certains humains, de leur inconsistance mais aussi d'autres qui éclairent nos vies, qui éclairent la vie. J'ai senti ce dieu qu'il ne nomme pas, sa transcendance, son immanence, sa communion encore avec le nouveau-né
Mais le muguet rouge qui semble lier tout cela, je n'en ai pas senti le parfum.

Ou alors – et je le comprends en rédigeant cette bafouille – ce muguet rouge est un oxymore, portant à la fois les valeurs opposées de la technologie et de la poésie de notre monde.
Tout dépend de ce que l'humain saura faire de cette fleur nouvelle dont la lumière peut « incendier » notre monde par le feu ou par la beauté.

Mais je reviendrai sur ce texte plus tard, lorsque mon esprit et mon coeur seront disposés.

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Entre deux rêves où il est question de muguet rouge, Christian Bobin confie sa vision du monde au travers de réflexions pertinentes, souvent tranchantes, mais toujours sans jugement. Une vision du monde au-delà des apparences qui l'amène à un état des lieux où le progrès entraîne peu à peu l'homme à son effondrement. Les hommes avancent mais " il me semble que vous avez attaché les lacets l'un à l'autre". La technicité fait perdre l'âme et rend vide la vie. "Nous avons, dit Giambattista Vico, « préféré le certain au vrai ». le vrai est humain, impossible à incarcérer dans un chiffre". de plus avec la perte du face à face de la relation humaine, le langage devient mort.
Mais si le constat de la réalité afflige, il ne doit pas être désespéré. le "Titanic" sur lequel l'humanité s'est embarquée n'a pas encore coulé. Il est temps de partir à la recherche du muguet rouge dont la couleur est signe de vraie vitalité. Et Christian Bobin nous emmène à la rencontre de Novalis, Nerval, Pascal, Akhmatova, et bien d'autres, des musiciens aussi, Jacqueline du Pré ou Samson François.
Comme toujours, aborder un livre de Chritian Bobin peut dérouter par sa construction quelque peu décousue. Chaque phrase, chaque réflexion est un petit morceau de couleur qui vient se poser à côté d'un autre, différent et apparemment sans lien, mais une deuxième lecture permet de découvrir la composition de la mosaïque, ici celle d'un champ de muguets rouges, et de contempler toute sa beauté et sa profondeur.
Christian Bobin a l'art de nous faire entrer dans son monde de doux rêveur. Doux rêveur, certes, mais éveillé. Lire Christian Bobin, c'est par-dessus tout se délecter de la poésie présente à chaque page, être émerveillé par chaque image, chaque pensée, dont l'auteur a su trouver le mot juste afin de nous les rendre plus tangibles.
Christian Bobin est un auteur rare et d'une grande humilité, ses livres sont des trésors, qui brillent d'intelligence et d'élévation. Merci Monsieur Bobin d'exister, éternellement. Avec vous, nous apprécions la beauté du monde et percevons l'essentiel.
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critiques presse (1)
Telerama
20 février 2024
Il y est souvent question de chagrin, d’absents qui vous tirent par la manche, de morts couchés dans leurs cercueils qui ne répondent plus.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (172) Voir plus Ajouter une citation
Je suis une de ces marches qui permettent aux puissants d’entrer dans la résidence du Premier ministre. J’entends le souffle de ceux qui appuient sur moi la semelle de leur impatience. Ils bondissent vers la mangeoire. Mes vertèbres pèsent leur orgueil au gramme près. En face de moi un micro, piqué dans le gravier comme un roseau stérile. Les hommes de pouvoir ont des têtes de lion en pierre. De leur bouche, aucune eau ne coule.
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J'ouvre le livre d'Akhmatova.Quatre vers.Quatre poutres métalliques transportées par des bagnards en Sibérie, abandonnées depuis des siècles dans la neige de la page.Leur éclat raye mes yeux.Il faudra des milliers d'années pour que les déchets d'uranium ne soient plus mortels.Il faudra beaucoup plus, avant qu'un poème cesse d'irradier par son silence un lecteur de hasard.

( p.58)
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En vérité nous sommes tous enseignants, du balayeur des rues à l'astronome. Par le balancement de nos bras dans l'air bleu quand nous marchons, par ce livre de présence que forme notre corps cousu à notre âme, par notre seul visage ouvert aux griffes de l'air, nous apportons une parole où que nous allions, et sans en avoir aucune conscience.



(p.66)
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L'écriture, moineau tombé du nid de la vie sainte, j'ai appris à lui donner la becquée. Un peu de songe trempé d'encre.Je me suis retiré de moi pour la laisser venir.Et voici qu'elle me rend tout au centuple.Elle est ce chêne, elle est ce souffle, cette prise de l'invisible dont les bras me serrent tout en prenant soin de me laisser seul.
( p.29)
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Gérard, le " doux Gérard ", poète de naissance que son père destinait à la médecine, dès la vue de son premier mort sur la table de dissection s'enfuit en courant de l'amphithéâtre, commence à écrire assis sur une borne, sur le parapet d'un pont, dans un café, dans le boudoir d'une comédienne. Partout.Une dizaine de lignes, pas plus, sur des bandes de papier qu'il relie avec des pains à cacheter- ces petits ronds de pain très mince sans levain, qui servent à cacheter les lettres.Jamais écriture n'aura été aussi nourricière, associant blé, cire et cœur.

( p.44)
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Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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