Même si ce n'est jamais dit, on devine que l'histoire de cette pièce en quatre actes s'inscrit dans celle de la Palestine. Dans la zone occupée, ceux qui son restés vivent dans la misère sous l'oppression et les humiliations de l'occupant. Ceux qui ont fui, il y a très longtemps, rêve d'un retour sur leur terre. Les barbelés et les chars sont là pour les en empêcher.
D'un côté, Farouk, le père, restés dans les ruines de sa ville ; de l'autre côté des grillages, sa soeur Meriem, qui tente, grâce à un passeur de revenir auprès de son frère.
Pour Farouk, la seule raison de s'accrocher à la vie est Adila, sa fille. Elle choisira, le jour où elle passera de l'autre côté, de finir vengeresse et martyr.
Parmi les ruines, grandit « l'enfant des gravats », difforme, surgit de nulle part, un rebelle, une teigne…. Né dans les gravats de la ville.
Après la mort de Farouk, Meriem sera chargée de transmettre l'histoir pour que rien s'oublie des gens à qui on refuse de vivre, à qui on veut refuser la dignité.
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Laurent Gaudé termine tout de même par une faible lueur d'espoir : la mémoire transmise par Meriem, au plus abîmé d'entre eux, à cet enfant des gravats incarnant l'innocence, pourrait redonner du sens à ces combats de caillasses, et permettre à la communauté de recouvrer sa dignité et sa force »
Pièce magnifique, écrit puissant
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Laurent Gaudé, à travers l'histoire d'une famille séparée par la guerre, incarne l'enlisement d'un conflit marqué par l'oppression de l'occupant, le désespoir et la double peine des vaincus qui voient leur territoire disparaître avec l'annexion, la haine qui peut conduire jusqu'à un irrépressible désir de vengeance, voire jusqu'au terrorisme. Son texte, sans jamais porter de jugement, explore également par l'intérieur les mécanismes qui peuvent transformer une victime en bourreau.
Les guerres sont un thème récurent de la littérature et un sujet cher à l'auteur. Mais le conflit israélo-palestinien a rarement donné lieu à des textes de langue française chargés d'une telle proximité ».
« On n'oubliera pas de si tôt cet ange du désastre qui nous prend aux tripes de ses premières apparitions au tableau final, ce vieux sage fatigué au charisme émouvant, cette femme déterminée qui a fui le drame pour tenter de se donner un avenir, cette jeune Antigone qui nous fait trembler ».
Excellent résumé sur http://www.encres- vagabondes.com/theatre/gaude_caillasses.htm