L'affaire Jésus/
Henri Guillemin
Dans ce petit ouvrage très bien documenté, l'iconoclaste
Henri Guillemin évoque une épineuse question, celle de l'historicité de Jésus.
Les Évangiles restent la principale source concernant l'existence de Jésus.
Les Évangiles de Luc, Marc et Matthieu constituent le groupe des évangiles synoptiques, c'est à dire qu'ils jettent à peu près le même regard sur la vie du Christ.
Avec l'Évangile de Jean, ces trois textes constituent le groupe des évangiles canoniques, c'est à dire reconnus par la communauté chrétienne.
Il existe d'autres évangiles appelés apocryphes qui tout en relatant des choses très intéressantes ne sont pas reconnus par l'autorité chrétienne.
Les auteurs assignés sont-ils les vrais auteurs ? Rien n'est moins sûr.
Marc, compagnon de Pierre a repris des écrits anonymes dans les années 70 à 85.
Luc, médecin de Paul, fit de même.
Quant à l'Évangile de Jean, il s'agit à n'en pas douter d'une oeuvre collective rédigée par les disciples de Jean dans les années 100.
Parmi les évangiles apocryphes, celui selon Thomas est riche de révélations sur les propos tenus par Jésus.
Origène au IIIé siècle et Eusèbe au IV é citent des paroles de Jésus qui ne figurent pas dans les canoniques.
En définitive, les synoptiques sont la reprise et l'aboutissement de maints essais antérieurs à des fins particulières.
« Les évangiles sont des entreprises non d'histoire, mais de prédication : leur intention est doctrinale…Notre investigation est une enquête qui s'efforce d'aller des légendes à l'histoire…Trouver la vérité historique dans l'aventure du Nazaréen, sous l'entassement des adjonctions. »
L'examen attentif des évangiles montre que les convergences l'emportent et de beaucoup sur les divergences. D'où leur valeur historique certaine.
La question de la supposée virginité de Marie est abordée aussi. Paul, dans ses lettres, antérieures aux évangiles canoniques, dit bien que le Sauveur est né d'une femme (guné) et non d'une vierge (parthenos). le thème de la conception virginale est un ajout de Matthieu et Luc et sera érigé en dogme au Vé siècle.
Les évangiles sont unanimes pour montrer que Jésus fut un personnage charismatique, rayonnant, s'exprimant par parabole et hyperbole, ayant un goût prononcé pour le paradoxe. Un personnage tumultueux aussi, une sorte d'agitateur, ce qui lui valut son arrestation et sa condamnation.
L'auteur dans une seconde partie aborde le passif du christianisme : l'Inquisition, les carnages d'Indiens, les bûchers de Juifs, les papes chefs d'état. le christianisme a un lourd passé.
Il explique comment le christianisme est devenu religion d'état, avec d'abord le rôle de l'empereur Constantin qui convoqua le concile de Nicée en 325. Chef d'état avisé et pragmatique voyant l'augmentation de l'audience des sectateurs de Krestos autorisa cette nouvelle religion tout en attendant lui-même d'être sur son lit de mort en 337 pour recevoir le baptême.
C'est Théodose en 379 au concile de Constantinople qui décida de faire du christianisme officiellement la religion d'état.
Dans une troisième partie,
Henri Guillemin développe le thème concernant les paroles véritablement prononcées par Jésus.
Il s'interroge aussi sur sa propre foi et sa réflexion sur son catholicisme et le catholicisme d'aujourd'hui conduit à se poser la question : que reste-t-il de nos jours de l'enseignement véritable du Christ ?
Un livre passionnant tout empreint de spiritualité.