" Nous, nous étions l'objet de la douleur, lui était absent. Nous restions". Un halo de tristesse , de désenchantement, d'opacité, de chagrin, de questions entourent cette petite fille de dix ans qui expérimente avec sa mére la mystérieuse disparition du pére du jour au lendemain....une désertion soudaine, brutale qui change leur destin...Cet abandon engendre une hostilité, des disputes, des silences lourds, ,un long, très long désamour mére- fille....les questions sans fin qui taraudent, brûlent,mais qu'il faut pourtant ravaler....pourquoi ? Pourquoi son père ne veut - il plus la voir? Que penser d'un homme qui part?
Ce roman décrit les rapports mére- fille, le mutisme douloureux, la blessure d'amour et d'amour propre de la mére, ses replis, sa rancune," une succession de froides lâchetés ",l'incompréhension mutuelle, l' exacerbation des conflits.....
La petite fille qui devient adolescente vit une jeunesse solitaire autant que secrète, désabusée.....Dans son nouveau lycée, un jardin abandonné, un fleuriste bienveillant vont puissamment l'aider, lui servir de refuge, d'atelier secret . L'art du dessin, du modelage peu à peu lui serviront d'exutoire .....
Un portrait touchant , tendre, aux images bien choisies oú l'auteure nous livre une partie de son enfance tout en sensibilitè, doigté....finesse ....
Merci à une amie de Babelio qui se reconnaîtra !
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Quarante jours interminables entre la mystérieuse disparition paternelle et l'annonce officielle de sa fugue. La mère s'est effondrée peu à peu pendant l'attente, plus encore en apprenant la fuite, reportant malgré elle sa douleur, sa honte et sa colère sur sa fille de dix ans déjà fragilisée par ce drame. Attitude qui les éloigne forcément l'une de l'autre, pousse de plus en plus l'adolescente à idéaliser ce père absent, et la convainc que sa mère ne l'aime pas.
Intéressante, cette vision d'une désertion soudaine. Un divorce ou même la mort auraient été moins douloureux : c'est la blessure de l'égo qui torture cette femme, pas le vide de l'absence. D'autant que sa honte est décuplée par la curiosité des autres, leur regard réprobateur, leurs soupçons : si son mari l'a laissée, elle est (un peu) responsable, forcément.
Intéressante également la description des relations mère-fille : l'incompréhension mutuelle et les conflits exacerbés par les événements, le repli de la jeune adolescente qui se réfugie dans la création artistique.
Curieusement, je trouve que les textes pour adolescents de cette auteur - tout comme ses nouvelles pour adultes - sont plus profonds, moins stéréotypés, moins mièvres et démagos que la plupart de ses romans pour adultes. Je préfère.
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Ne cherche surtout pas la perfection parce que la perfection n'a aucun intérêt. Elle est... comment dire? Elle est neutre. C'est ça: neutre! Pas de saveur, pas d'odeur, pas de charme. La perfection, ce n'est qu'une accumulation de critères moyens. Ni trop grand ni trop petit. Ni trop gros ni trop maigre. Ni trop blanc ni trop noir... C'est le contraire de la vie et de l'art. Parce que l'art, c'est dans l'inattendu, la gaucherie, l'erreur. C'est ce qui nous bouscule et nous enthousiasme. C'est ce qui nous saisit. La beauté, l'émotion, ça naît souvent de mariages hasardeux. Ou d'erreurs ou de dérapages. Mais jamais de la perfection...
Je ne sais ce qui fut, pour elle, le plus dur : le regard que lui porteraient les autres, ou celui qu'elle s'adresserait à elle-même, le matin, devant son miroir.
Non pas veuve, ni divorcée, mais pire : ABANDONNÉE. Autant dire qu'elle n'était rien. Mais qu'elle deviendrait suspecte aux yeux du monde, tôt ou tard.
Quels étaient ses torts, ses faiblesses ? Quel était son secret, la faille inavouable - il fallait bien qu'il y en ait une - enfin, ce qui avait poussé ce pauvre homme à partir ?
Il y aurait deux camps.
Mon père était un salopard ignoble, sans honneur. Un pourri.
Mon père était une victime, qui avait fui. Car on ne quitte pas les gens POUR RIEN quand même !...
(p. 41-42)
"Moi, j'étais le témoin gênant de sa double blessure, d'amour et d'amour propre à la fois. Se fâcher aprés moi était un éxutoire. Me culpabiliser, un adoucissement.
Elle traquait mes faiblesses , les pointait durement avec des accents de triomphe."
On peut trouver du beau partout. Ce qui compte, c'est le regard que tu portes sur les choses.
Non pas veuve, ni divorcée, mais pire : abandonnée. Autant dire qu'elle n'était rien. Mais qu'elle deviendrait suspecte aux yeux du monde, tôt ou tard.
Quels étaient ses torts, ses faiblesses ? Quel était son secret, la faille inavouable - il fallait bien qu'il y en ait une - enfin ce qui avait poussé ce pauvre homme à partir ?
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.