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Marguerite Yourcenar (Préfacier, etc.)Gabrielle Althen (Éditeur scientifique)Jean-Yves Masson (Éditeur scientifique)
EAN : 9782864321897
106 pages
Verdier (30/11/-1)
4.36/5   35 notes
Résumé :
Si ce poète habitué aux visitations angéliques s'est voulu insubstantiel, humble, dépouillé jusqu'à la transparence, c'est qu'il se savait né pour transmettre, pour écouter, pour traduire au risque de sa vie ces secrets messages que les antennes de son génie lui permettaient de capter : enfermé dans son corps comme un homme aux écoutes dans un navire qui sombre, il a jusqu'au bout maintenu le contact avec ce poste d'émission mystérieux situé au centre des songes. Du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
“Ô nuit si tu apprenais combien je te regarde”

Dans sa Préface, Marguerite Yourcenar souligne les trois qualités de la poésie de Rilke : “le respect, la patience et l'attente”. le poète guète patiemment un signe de la nuit, mais son attente n'est pas sans risque “la vie consume” et “la joie est folie” écrit Rilke.

“Ô je veux m'appliquer à être impassible comme les pierres serties dans la forme pure”. Les Poèmes à la Nuit sont comme une méditation concentrée, dédiée à une entité, un “espace” : la nuit. Dans le dépouillement, la solitude, l'auteur du Livre de la Pauvreté et de la Mort peut espérer obtenir l'esquisse d'une réponse de la nuit et de son Ange.

Qu'a-t-il pu recevoir de la nuit en lui parlant le langage de la poésie ? L'avare clarté des astres lointains n'éclaire pas suffisamment le lecteur.

Cependant, sans parvenir à dissiper l'opaque brume qui entoure le sens de ces poèmes, on ressent un attrait non feint pour le mystique message versifié de Rilke, quelque part entre recueillement et élégie, la profondeur spirituelle pénètre de son charme le lecteur, lorsque Rilke prêche, implore, invoque, traduit, d'une façon si enveloppante les mots de la sorgue, on a un peu l'impression d'être sauvé…

Il nous faut accepter de ne pas viscéralement nous reconnaître dans son élan, “chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière” écrivait Victor Hugo. Rilke parle à sa nuit et qui n'est pas tout à fait la nôtre, mais pas assez étrangère pour qu'aucune réverbération parallèle ne se fasse entre les hiératiques et ténébreuses voûtes célestes du poète et le grêle crépuscule urbain du lecteur d'aujourd'hui. Chacun sa nuit sous les mêmes étoiles.

Cela me rappelle la nuit de Borgès, le poète nous exhortant à refaire usage de la nuit : “nous vivons découvrant et oubliant
cette douce coutume de la nuit”.

L'édition bilingue permet de constater qu'en dépit de ce que Rilke conseillait dans une correspondance récemment publiée avec Anita Ferrer : “je ne saurais vous mettre suffisamment en garde contre les tentations de la rime”, les poèmes originaux sont bien en rimes mais la traduction sans doute s'attache plus au sens qu'à la musique. Certes, traduire c'est trahir, mais je ne serai pas aussi dur que Yourcenar qui compare le poème traduit à une colombe sans ailes ou une sirène hors de l'eau car quelque chose, aussi infime soit-il passe le filtre de l'allemand au français, quelque chose d'inaltérable… après tout ces poèmes n'ont ils pas été écrits à Paris ?

Qu'en pensez-vous ?
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"Ô de quelle façon, avec quel gémissement
nous nous sommes caressés, épaules et paupières.
Et la nuit se terrait dans les chambres,
comme un animal blessé que nous aurions transpercé de douleur."
C'est ainsi que commence ce très beau recueil de poésie, Poèmes à la nuit, écrit par Rainer Maria Rilke entre 1912 et 1914.
Ce sont vingt-deux poèmes, avec pour chacun d'eux la version originale en allemand.
Marguerite Yourcenar, dans la préface de ce recueil, nous dit de manière très belle que « les poèmes traduits ne sont jamais que des colombes auxquelles on a coupé les ailes, des sirènes arrachées à leur élément natal, des exilés sur la rive étrangère qui ne peuvent que gémir qu'ils étaient mieux ailleurs ».
Je me suis en effet demandé à quoi je devais attribuer la beauté de ces vingt-deux poèmes ? À l'âme du poète, au talent des deux traducteurs, à cette harmonie qui permet de transmettre les mots d'une langue à l'autre comme une passerelle qui oscille entre deux versants.
C'est un auteur qui nous parle de misère et de souffrance aussi.
La nuit de Rainer Maria Rilke est un visage insaisissable, c'est la nuit des amants qui rêvent de se perdre dans des vallées délicieuses.
Il y a une mélancolie dans cette nuit qui penche comme un navire qui sombrerait dans les eaux du passé, dans les yeux d'un visage aimé. Dans l'eau de ce visage. Dans le ciel qui emporte cet amour, le ciel immense et intime à la fois.
La nuit de Rainer Maria Rilke ressemble à des mains qui tremblent, qui peut-être voudraient désespérément se joindre l'une à l'autre pour prier. Ce sont des mains qui tâtonnent, peut-être sur le cœur des femmes. La solitude du poète n'est jamais loin, sa douleur aussi, dans cette difficulté d'aimer et être aimé.
Rainer Maria Rilke est une sentinelle au bord des étoiles et de leurs songes. Il se tient comme un berger à la proue de la nuit.
Parfois cette nuit se limite à l'espace nocturne d'une chambre où brille l'impatience de deux êtres épris du même amour.
Dans cette nuit, l'aube semble encore loin...
Ce sont des vers dépouillés jusqu'à l'extrême, je voudrais tant les apprendre, les murmurer à d'autres plus tard.
La nuit de Rainer Maria Rilke est mystique. Des âmes invisibles traversent les vers, tout ce qui s'anime dans ces poèmes semble porter le sacré : les contours d'un visage, ses respirations, ses vertiges, le désir de ce visage qui s'enfuit...
C'est comme l'appel des oiseaux.
L'incandescence de l'amour ressemble peut-être à une constellation qui oscille entre l'intimité et l'immensité de la nuit, hésitant à fuir, le temps d'une nanoseconde arrachée à l'éternité, vers l'envers de l'univers.
J'ai aimé me perdre dans cette nuit incandescente et mélancolique.
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Ce livre m'est cher et précieux.
Premier contact avec Rilke, une poésie que l'on sent douce et impénétrable, écrite comme pour lui-même plus que pour le lecteur. Et puis, la transfiguration magique du moment de la nuit est si belle, ouverte à toutes les libertés, à tous les espoirs. Poésie mélancolique et optimiste, et d'une langue qui bien sûr fait aimer l'allemand.
Rilke c'est pour moi la poésie que l'on murmure à l'oreille de l'autre.
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Je n'ai jamais été très doué pour commenté de la poésie. Au bac de français, j'ai analysé avec beaucoup de difficulté "La chevelure" de Baudelaire.

J'ai aimé ce petit recueil dont le titre est magnifique. On y découvre une vision mystique et épuré de son rapport à dieu et à la foi. Il donne à la nuit, un visage, une couleur, une odeur - des sentiments et des émotions aussi. On y retrouve des thèmes comme l'espace, les cieux, les étoiles.

Je pense qu'il deviendra l'un de mes livres de chevet.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
“Ce qui s’offre à nous avec la lumière des étoiles,
ce qui s’offre à nous,
capte-le tel un monde sur ton visage,
ne le prends pas à la légère.

montre à la nuit que tu reçu silencieusement
ce qu’elle a apporté.
ce n’est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.”
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C'est presque l'invisible qui luit
au-dessus de la pente ailée ;
il reste un peu d'une claire nuit
à ce jour en argent mêlée.

Vois, la lumière ne pèse point
sur ces obéissants contours
et, là-bas, ces hameaux, d'être loin,
quelqu'un les console toujours.
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… Et ils disent que la vie est un rêve :

non pas ;

pas seulement un rêve. Le rêve est une part de la vie.

Une part confuse, dans laquelle le visage et

l’être s’acharnent l’un contre l’autre, se tressent l’un à l’autre,

comme des animaux d’or, rois de Thèbes

repris à leur mort (qui se brise).



Le rêve est la traîne de brocart qui tombe de tes épaules,

le rêve est un arbre, un éclat fugitif, un bruit de voix- ;

un sentiment qui commence et s’achève

est rêve ; un animal qui te regarde dans les yeux

est rêve un ange qui jouit de toi

est rêve. Rêve est le mot qui d’une douce chute

tombe dans ton sentiment comme un pétale

qui s’accroche à ta chevelure : lumineux, confus et las-,

lèves-tu seulement les mains : c’est encore le rêve qui vient,

et il vient comme tombe une balle- ;

tout, ou presque, rêve-,

et toi, tu portes tout cela.



Tu portes tout cela. Et avec quelle beauté tu le portes.

Chargée de lui comme de ta chevelure.

Et cela vient des profondeurs, cela vient

des hauteurs jusqu’à toi et par ta Grâce…



Là où tu es, rien n’a attendu en vain,

nulle part autour de toi il n’est fait de tort aux choses,

et c’est comme si j’avais déjà vu

que des animaux se baignent dans tes regards

et boivent à ta claire présence.



Mais ce que tu es : cela seul je l’ignore. Je sais

seulement chanter ta louange : cercle de légende

autour d’une âme,

jardin autour d’une maison

dans les fenêtres de laquelle je vis le ciel-.



Ô tant de ciel, s’en allant, vu de si près ;

ô tant de ciel sur tant d’horizon.



Et quand c’est la nuit- : quelles grandes étoiles

ne peuvent manquer de se refléter dans ces fenêtres…
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Levant les yeux du livre, des lignes proches et dénombrables,
Et regardant la nuit parfaite :
Ô comme les sentiments comprimés se dispersent à la manière des étoiles
Comme si l'on déliait
Un bouquet champêtre :

Jeunesse des plus légers, vacillation, incertitude des plus pénibles,
Hésitation et fléchissement des plus tendres -.
Partout l'envie de correspondre et nulle part de convoitise ;
De ce monde, trop, et suffisamment de Terre.
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"Ô de quelle façon, avec quel gémissement
nous nous sommes caressés, épaules et paupières.
Et la nuit se terrait dans les chambres,
comme un animal blessé que nous aurions transpercé de douleur."
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Vidéo de Rainer Maria Rilke
"L"heure grave" Poème de Rainer Maria Rilke, chanté par Colette Magny
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