Citations de Boileau-Narcejac (307)
L'univers que son père, le petit professeur du lycée de Brest, regardait de loin, avec des yeux de pauvre.
Quelque chose en lui n'a pas réussi à s'épanouir, et il sursaute toujours quand une porte claque, ou bien quand on l'interpelle à l'improviste. Il craint les questions à bout portant.
Quelle plume pourrait décrire les sentiments qui luttèrent alors dans mon cœur ? Je passais presque au même instant de la plus folle exaltation à un abattement extrême.
Que peut-on faire le dimanche ? C'est un jour mort, tombé en travers de la semaine, empêchant de passer.
Pour lui, la géographie, c'était une liste de villes, l'histoire, une liste de dates, l'homme, une liste de noms d'os et de nerfs.
Est-ce que l'on ment ? ... Non ! C'est bien plus compliqué que cela. On devient brusquement l'homme d'une autre vie, comme un acteur. Seulement l'acteur, une fois retombé le rideau, cesse de se confondre avec ses personnages. Tandis que pour certains... impossible de savoir qui est l'homme, qui est le personnage.
Mais justement, il n'était pas si sûr que cela de la connaître. Une femme ! On la rencontre à l'heure des repas. On couche avec elle. On l'emmène au cinéma, le dimanche. On économise pour acheter un petit pavillon, en banlieue.
C’est à Cannes que j’eus la foudroyante révélation de ma dégringolade. Je jouais alors dans un établissement à la mode. Cette ambiance de vacances, de soleil, d’amour facile, de richesse me plaisait. J’exécutais ces petits morceaux à effet qui charme les baigneuses à l’heure du thé : Tambourin chinois, Csardas… On m’applaudissait ; je saluait bas comme un saltimbanque que j’étais. Un jour, sans raison, j’ai attaqué l’aria de Bach...
J'irai même jusqu'à avouer que le sexe me dégoûte. Cette sauvage signature que la nature nous a laissée au bas du ventre n'est-elle pas la marque même du fauve ? (p.23)
Il essuya ses yeux, parce qu'il voulait regarder, à tout prix.
Il y avait du sang, sur les cailloux, un sac à main noir, éventré. Le briquet d'or étincelait parmi les débris.
Flavières pleurait. Il ne lui venait même pas à l'idée de descendre jusqu'à elle pour lui porter secours. Elle était morte. Et il était mort avec elle.
La mort n'est rien de grave, c'est évident.
Un simple changement de poids, d'épaisseur.
La vie en somme sans le froid, sans le souci, sans l'angoisse d'être en porte-à-faux.
Nous tenions chacun notre Mathilde dont les multiples visages ,se masquant à demi, s'enveloppaient de mystère et nous proposait une moitié de sourire .
Mais il avait vécu entouré d'ennemis, de gens toujours prêts à se moquer.Il étaitleur tête de Turc,justement à cause de ses brusques accés d'humeur, de ses crises de neurasthénie,de ses violences après boire.
Il était là...le même ,eût-on dit ,qui m'attendait.La lumière jouait sur son pelage,révélait sa queue ,sinueuse comme un orvet.Les yeux ,illuminés de plein fouet,étaient comme des tâches phosphorescentes .
Elle ne pèse pas bien lourd dans les bras, Mireille. Maigrichonne, mais robuste, nerveuse. Une gentille petite femme, insignifiante. Pourquoi l'a-t-il épousée ? Est-ce qu'on sait pourquoi on se marie ? L'âge qui vient. On a trente-trois ans. On est las des hôtels, des gargotes, des prix fixes.
Est-ce qu'un livre rapporte beaucoup d'argent ? Et s'il est traduit dans beaucoup de langues ? Et s'il est acheté par un producteur ?
- C'était de bonne guerre !
- Voilà un mot que je n'aime pas entendre.
Il avait en main la meilleure des cartes : sa jeunesse.
La porte se referma. J'étais seul, avec ses trois femmes qui tenaient ma destinée entre leurs mains et qui pouvaient, à chaque minute, me détruire. Maintenant, il n'y avait plus rien à tenter. J'étais leur chose.