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Critiques de Alain Corbin (141)
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Le miasme et la jonquille

Alain Corbin, professeur à la Sorbonne, dont on dit de lui qu’il est « l’historien du sensible », nous montre comment, depuis Hallé, la perception des odeurs a changé.



L'eau suscite la méfiance ; les médecins l'associent à la notion de malsain.

A partir de 1750, les hommes d’occident cessent peu à peu de tolérer l’excrément et d’apprécier les lourdes senteurs du musc. Alors commence une fascinante et inquiétante entreprise de désodorisation des lieux et du corps.

Pour la suite, voir la belle critique du lecteur Seblac, je ne ferai pas mieux.

Chef-d'oeuvre de l'histoire des sensibilités, Le Miasme et la Jonquille a été traduit dans une dizaine de langues.



Une documentation très fournie. De belles tournures de phrases sur les excréments (du beau style sur la saleté et la puanteur : tout un art !). A ne pas lire le jour où un livre nous enverra les odeurs décrites (lol).

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Le Territoire du vide : L'Occident et le dési..

Très haut de gamme...

Comment l'Occident s'est-il mis à un certain moment à se tourner vers ses rivages, avec toutes les conséquences que l'on constate dans nos sociétés (littoralisation des activités, tourisme balnéaire de masse...) ? C'est ce qu'étudie cet ouvrage désormais classique, d'un historien qui compte parmi nos plus importants et nos plus influents. Le livre est axé sur la seconde moitié du XVIIIème siècle et le XIXème siècle, période chérie de l'auteur.

L'auteur convoque des sources d'une diversité incroyable (sources médicales, guides touristiques, oeuvres littéraires, presse, peinture...) au service ce sa démonstration particulièrement brillante.

C'est vraiment de l'histoire très haut-de-gamme sur le plan de la réflexion, de l'érudition, et de la nouveauté, car A. Corbin a ensuite influencé de très nombreux historiens.

A noter enfin le style se démarque largement du tout venant et le livre se mérite un petit peu...Mais au total on est largement récompensé d'avoir bénéficié de tant d'intelligence. En visite avec des amis dans un musée devant un tableau du Lorrain ou de Turner, je vous assure que vous allez pouvoir faire votre petit effet (enfin j'imagine !)...
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Le village des

Un livre à dévorer.

Alain Corbin est l'un des plus célèbres historiens français dans le monde. C'est encore l'un des plus importants spécialistes du XIXème siècle français. C'est enfin un habitué des médias avec ses livres portant sur des sujets originaux ( les arbres, les odeurs, le plaisir sexuel féminin parmi tant d'autres...). La lecture de ce livre, assez court et très bien écrit (c'est à signaler pour ceux qui seraient rétifs à la lecture d'un gros pavé complexe) permet de prendre la mesure de ce que peut faire un grand historien quand il s'attache à démonter les mécanismes d'un fait divers à la fois épouvantable et complexe.

Alain Corbin, spécialiste de l'histoire des représentations, est particulièrement à même de montrer l'importance de l'image négative de la noblesse dans un tel événement. Je simplifie, mais vraiment voici un livre qui permettra de comprendre ce qui distingue un livre d'histoire de base, d'un ouvrage magistral destiné à faire date.
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Les conférences de Morterolles, hiver 1895-18..

Monographie, micro histoire qui au travers de conférences du soir prononcées par M Beaumord, instituteur de Morterolles en 1895-1896, témoignent d'un monde disparu, englouti, d'un monde rural qui commence à s'ouvrir, de ses habitants venus assister à ces conférences désireux de s'informer, de s'instruire. Elles permettent de restituer une époque aux valeurs différentes des nôtres : patriotisme, foi dans le colonialisme, dans la grandeur de la France à travers ses héros, foi dans le progrès, dans la science, traumatisme de la défaite de 1870. Les conférences portent sur l'Histoire, ses batailles, ses héros, les événements contemporains (conquête de Madagascar), sur des pratiques agricoles, des conseils agricoles pratiques.

Plongée dans le monde de nos ancêtres et de leur univers mental.
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Histoire de la virilité, tome 2 : Le triomphe..

Ouvrage d'historiens qui remémore sous couvert d'histoire de la virilité les épisodes qui forment toujours nos racines: dans le désordre: l'esprit colonial, les cercles d'hommes, le machisme, la virilité ouvrière, les châtiments corporels, l'armée obligatoire. Tout ceci fait partie intégrante de notre passé et de notre culture.

très bien documenté, l'ouvrage aurait gagné à un peu plus de concision, qualité illusoire chez un historien (simple opinion)
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Le miasme et la jonquille

Susskind a beaucoup respiré ce livre. Moi je trouve que Corbin a de l'inspiration et du style, qu'universitaire et historien, il écrit remarquablement bien sans jamais être ennuyeux, au contraire de l'auteur du roman, que je finis par avoir dans le nez.
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La rafale et le zéphyr

Quel beau titre, très poétique, qui fait davantage penser à un vers de Victor Hugo plein de lyrisme et d'élan qu'à un ouvrage historique sérieux, didactique et froid. Mais ce n'est pas pas un livre purement intellectuel, car son sujet lui-même est poétique, la perception du vent dans l'histoire. Alain Corbin est un historien du corps, qui a évolué comme historien des sensibilités. Il travaille sur l'évolution des représentations, des sensations et des perceptions de phénomènes qui touchent les hommes : les odeurs, les bruits et le silence... Ici, ressentir le vent se fait par tous les sens : ouïe pour évaluer la force d'une brise ou d'une bourrasque, vue avec l'observation de feuilles qui volent, odorat car le vent apporte des senteurs, le toucher quand on ressent sur sa peau la caresse ou la violence du vent, même le goût aussi.

Le titre oppose deux termes, comme deux éléments perçus différemment de façon parallèle au cours de l'histoire. La "rafale" renvoie à l'étude scientifique du vent, le développement des appareils de mesure, des prédictions, des analyses des tempêtes... C'est au XVIII ème siècle, à l'époque des Lumières, que les premières expérimentations rationnelles apparaissent, les connaissances progressent vraiment au XIX ème siècle.

Le terme de "zéphir", lui, renvoie à la perception poétique du vent, de la conception mythologique des Grecs qui incarnent les formes du vent avec le dieu Eole ou, à la conception biblique qui y voit le souffle de l'esprit divin voire la colère divine comme un châtiment, au souffle du Printemps chez Botticcelli, au lyrisme romantique. Évidemment, Alain Corbin évoque Victor Hugo, par exemple avec les Travailleurs de la mer, mais aussi Leconte de Lisle. Enfin, le vent est aussi perçu pour son potentiel érotique, notamment lorsqu'il dévoile les formes féminines collant leurs vêtements sur le corps, ou qu'il émeut les femmes en provoquant des caresses sensuelles.

Je regretterai juste d'un point de vue très personnel que dans un court panorama plus contemporain, Alain Corbin n'ait pas évoqué la Horde de Contrevent, roman où le vent est le personnage principal, sous toutes ses formes.
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Terra incognita

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'un roman cette fois. Il est vrai que c'est mon genre favori mais il m'arrive de temps en temps d'ouvrir d'autres types de livres et notamment des essais. Au moment de la sortie de ce livre, en début d'année, j'ai lu une interview d'Alain Corbin dans un magazine et je me souviens avoir trouvé ses propos particulièrement intéressants. J'ai donc acheté ce livre et il s'agit de ma première lecture de cet auteur qui semble avoir déjà rencontré un certain succès avec ses ouvrages précédents.



Le thème de l'ouvrage me semblait particulièrement intéressant mais néanmoins très ambitieux : une histoire de l'ignorance. Oui, oui, rien que ça ! En réalité, et cela semble logique, cette histoire de l'ignorance est ciblée sur une période de l'histoire qui va de 1755, avec pour point de départ le séisme de Lisbonne, jusqu'en 1900. Par ailleurs, l'auteur s'attache à évoquer un certain nombre de sujets et à dresser finalement un panorama du recul de l'ignorance sur ces sujets durant la période considérée. On retrouve donc par exemple les phénomènes météorologique, les volcans, les abysses ou encore les pôles.



Je vais tout de suite mettre les pieds dans le plat, j'ai été très déçu par ce livre. Je m'attendais vraiment à un propos passionnant et cela n'a pas fonctionné. Il y a plusieurs raisons à cette déception. La première, c'est la forme. Je n'aime pas trop dire ça, mais j'ai été surpris tant ce n'est pas soigné. Il y a de nombreuses répétitions, parfois des phrases identiques que l'on retrouve à 2-3 pages d'intervalle. Ce n'est vraiment pas agréable à lire. Par ailleurs, la plupart des éléments sont, à mon sens, mal amenés avec parfois des transitions brutales qui donnent l'impression d'une succession d'auteurs, de dates... C'est très rébarbatif à lire et c'est vraiment dommage.



C'est d'ailleurs d'autant plus dommage qu'il y a des éléments vraiment intéressants. On apprend des choses et on voit qu'il y a eu un travail de recherche mais comme je n'ai pas été embarqué dans le propos de l'auteur, j'ai vraiment eu du mal à avoir se plaisir de découvrir et d'apprendre. Ce roman manque clairement de "pédagogie", ce n'est pas vraiment ce mot que je voulais utiliser mais je ne trouve pas mieux.



Donc voilà, une impression plutôt négative avec un vrai blocage sur la forme et un propos qui ne m'a pas du tout embarqué alors que le sujet me paraissait vraiment intéressant et qu'il y a des éléments pouvant être clairement passionnants dans ce livre. Certains points méritaient d'ailleurs quelques développements ou éléments de contexte supplémentaires. Mais franchement, je n'aime pas utiliser ce mot là, l'ensemble m'a paru un peu bâclé.



Je ne sais pas trop si je vais tenter une nouvelle expérience avec un autre livre d'Alain Corbin. En tout cas, celui-ci n'a clairement pas fonctionné avec moi et même si j'y ai appris des choses intéressantes, je n'ai pas vraiment pris de plaisir lors de cette lecture. Dommage.
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Le miasme et la jonquille

Un sublime ouvrage retraçant l'histoire sociale de l'odeur, objet aujourd'hui frappé de nombreux tabous . On y voit comment l'odeur a, parmi d'autres objets, permis d'ériger des frontières entres des groupes: entre les hommes et les femmes, entre les prolétaires et les bourgeois... Ce livre vient dépeindre un univers où l'évolution des pratiques en matière d'hygiène en lien avec les progrès de la médecine viennent se mêler à tout un imaginaire social qui nous apporte des réponses quant à la place que nous accordons aujourd'hui à cet objet sensoriel dans notre société. Magnifique.
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Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot

Louis-François Pinagot : "un Jean Valjean qui n'aurait pas volé de pain". C'est parce que ce sabotier analphabète de l'Orne n'a laissé aucune trace dans l'Histoire que Alain Corbin décide de le faire revivre dans ce livre aussi instructif qu'émouvant. Pourquoi l'Orne ? Parce que l'historien a une connaissance intime de ce département. Pourquoi Pinagot, et pas un autre nom qui figure sur l'état civil ? Parce qu'il a une vie suffisamment longue (78 ans) pour rendre ce travail intéressant.

Dans un parcours en 10 chapitres, Corbin reconstitue le microcosme géographique, le contexte politique, familial, l'univers mental dans lesquels le sabotier a vécu.

Dans l'espace d'une vie (chapitre 1), nous découvrons une Normandie très différente de l'image d'Epinal que nous avons aujourd'hui, un terre encore massivement consacrée à la culture céréalière, même si le bocage y est déjà présent. Pinagot appartient cependant au monde des confins, des bois, un monde plus marginal que celui des cultivateurs.

Bien qu'il appartienne à la fraction la plus pauvre de sa commune, et qu'il fasse partie un temps des "indigents" exemptés de certaines taxes, on vit longtemps dans sa famille, souvent au-delà de 70 ans. L'Orne n'est pas un pays de régime autoritaire où l'aîné hérite seul du patrimoine familial. Les écarts de richesse au sein de sa parentèle et ses relations amicales sont faibles (chap.3). En dépit de la loi Guizot (1833) qui imposait aux communes l'entretien d'une école primaire, l'analphabétisme reste très prégnant dans le monde rural auquel appartient Pinagot : les petites communes n'ont pas toujours les moyens de payer un instituteur et le paiement des frais de scolarité reste à la charge des familles (chap.4).

Les sabotiers se marient souvent à des fileuses, remplacées de plus en plus par des gantières qui travaillent pour des marchands-fabricants (chap.5). Les "arrangements" (contrats oraux) donnent souvent lieu à des litiges : dans la forêt, les vols de bois - bois de chauffage ou bois d'œuvre - sont fréquents et les gardes forestiers doivent redoubler de vigilance et d'astuce pour démasquer les coupables. Les amendes peuvent s'élever pour certaines familles à plusieurs mois de salaire ! (chap.6).

Dans "le passé décomposé" (chap.7) et "les invasions" (chap.8), Alain Corbin reconstitue les représentations du passé d'Alain-François Pinagot. Si l'Orne a été moins directement touché que d'autres départements de l'Ouest par la chouannerie, les communes ont pâti néanmoins de la guerre civile et des déprédations commises par les légions de chouans et les armées républicaines. Les deux invasions prussiennes (1815 et 1870-1871) sont restées également dans les mémoires car elles ont donné lieu à des réquisitions de vivres, des pillages de linge, d'argenterie, et des tributs de guerre qui ont pesé lourdement sur les finances des communes.

Dans les deux premiers tiers du 19ème siècle, les crises frumentaires sont encore légion et donnent lieu à des attaques de convois de céréales, la constitution de barricades (1828-1832, 1839...). Les "indigents" constituent dans certaines communes jusqu'à un quart de la population de certains hameaux ou communes. Il faut attendre les premières années du Second Empire pour que la mendicité dans le département recule de façon sensible.

C'est à cette époque que Louis-François Pinagot peut acquérir une petite maison à deux ouvertures et sortir de la classe des indigents.

Quelles furent les convictions politiques de Pinagot ? Comment sa citoyenneté s'est-elle construite ? Difficile de l'estimer. Au moment de la Restauration, les fêtes de souveraineté (où l'on commémore Louis XVI, le roi-martyr) sont présentes dans certaines communes. Le premier scrutin auquel Pinagot a pu participer concerne l'élections des officiers et sous-officiers de la Garde nationale. Avant 1848, date de l'instauration du suffrage universel masculin, il ne peut pas voter comme le font certains membres de sa famille qui ont paient un cens suffisant pour le faire. Mais même après 1848, les sabotiers, à la différence des cultivateurs, utilisent peu le droit de vote. Il faut attendre la toute fin de l'Empire (1869) pour qu'une majorité de cette corporation l'utilise. Signe que l'enracinement de la République est tardif dans ce "pays".

Il faut attendre une pétition municipale de 1871 pour que Alain Corbin découvre pour la première fois la seule trace manuscrite, une croix malhabile, de la main de Alain-François Pinagot.
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Une histoire du silence : De la Renaissance..

Panorama du silence



Historien des sensibilités, des émotions, Alain Corbin a l’habitude d’explorer des territoires encore peu défrichés, voire souvent insoupçonnés. Avec Histoire du silence, il nous entraîne dans un monde où l’homme essaie de ne pas se faire remarquer, volontairement ou non, même s’il en demeure le centre. Il faut d’abord se mettre d’accord sur la définition du silence qui repose sur l’absence de bruits d’origine humaine, pratiquement une absence de manifestation de l’homme qui est présent seulement par ses oreilles et les impressions, les sensations qu’il en retire et qu’il exprime. Le silence de Corbin n’est pas vide, il est même souvent peuplé de mille bruits !

En ayant recours principalement à la littérature et aux religions, mais aussi à la peinture et accessoirement à la sculpture, l’urbanisme, la musique, l’architecture, le cinéma, la sociologie, Alain Corbin dégage des pistes où il débusque le silence « de la Renaissance à nos jours » avec quelques incursions vers l’Antiquité. Ces thèmes forment les chapitres de son exploration ; silence et intimité des lieux, , silences de la nature, les quêtes de silence, apprentissages et disciplines du silence, parole du silence, tactiques du silence, silence et amour ou haine, tragique du silence.

Illustrés par de nombreux exemples, ces thèmes permettent de mieux cerner et de mieux évaluer l’importance et l’étendue du phénomène dans l’histoire et de mieux comprendre son évolution dans le temps et dans l’espace. Cependant, ce que l’on gagne par cette vision panoramique, on semble le perdre en ce qui concerne l’analyse en profondeur. On a bien du mal à discerner l’unité, la cohérence interne de ces différentes démarches de dévoilement des silences et de leur pertinence pour une réflexion globale et structurée. Cet ouvrage vaut surtout pour une première approche historique des valeurs du silence. Sa grande qualité réside surtout dans l’incitation à consulter le livre de Max Picard : Le Monde du silence et aussi à lire quelques auteurs (liste non exhaustive) :

- Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes.

- Georges Bernanos, Monsieur Ouine.

- Senancour, Oberman.

- Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes.

- Maurice Maeterlinck, Le Trésor des humbles.


Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Les héros de l'histoire de France expliqués à mon..

Ce livre offre une très bonne synthèse des grands personnages qui ont fait l'Histoire de France. Je conseille la lecture de cet ouvrage à tous ceux qui refusent les "(pseudo)héros des temps modernes".
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L'homme dans le paysage

Livre sous forme de question/réponse, propose une approche du paysage intéressante. Simple de lecture, il est synthétique et apporte une culture paysagère non négligeable afin de mieux l'aprehender
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Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot

Corbier Alain - "Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot : sur les traces d'un inconnu, 1798-1876" Flammarion, 1998 (ISBN 2.08.212520.3)



L'auteur, historien confirmé, choisit "au hasard" (pas tant que ça tout de même) un citoyen du département de l'Ornes ayant vécu les deux tiers du XIXème siècle, un obscur sabotier analphabète n'ayant laissé pratiquement aucune trace de lui-même, et nous montre ce que quelques recherches historiques peuvent reconstituer de son cadre de vie.



La démonstration est à la fois convaincante et désespérante.

- Convaincante, car les sources permettent effectivement de reconstituer de façon crédible l'environnement et le cadre de vie de cet homme.

- Désespérante, car même un historien virtuose de l'exploitation de la moindre bribe de document historique finit par reconnaître qu'on ne saura plus jamais rien de ce que cet homme-là, précisément nommé Louis François Pinagot.

Les pauvres, à plus forte raison les analphabètes, disparaissent sans laisser la moindre trace, alors qu'ils (sup)portent les charges les plus lourdes...



Un ouvrage dont la méthodologie intéressera toutes celles et ceux qui – issus de milieux modestes – tentent de reconstituer leurs origines familiales.

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Sois sage, c'est la guerre

Un petit livre d'une centaine de pages bien plaisantes à lire. Alain Corbin nous raconte les souvenirs qu'il a conservé de la guerre mais surtout il nous raconte une époque.

Celle de nos grand-parents , sans télévision , sans voiture , sans tout le confort moderne dont nous bénéficions mais une époque également où la solidarité , la vie en commun existait encore , une époque où le docteur , le professeur ou le curé étaient respectés.

C'est très bien écrit dans un français impeccable et c'est empli de nostalgie malgré la dureté de la guerre .

Une lecture très agréable.
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Une histoire du silence : De la Renaissance..

Plutôt qu'une Histoire du silence, cet essai aurait dû s'intituler beaucoup plus modestement "Occurrences du silence dans la littérature française" : en effet, Alain Corbin nous propose un florilège des moments où le silence s'impose au tumulte au travers de ses lectures : silence de la Nature, silence de l'oraison et de l'élévation vers Dieu, silence de l'incarcération... On appréciera davantage dans ce livre le génie des écrivains que la réflexion de l'historien.
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La rafale et le zéphyr

« La rafale et le zéphir – Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent » : Alain Corbin (Fayard, 160 p)

Déception. Je n’avais jamais rien lu de cet «historien des sensibilités» (belle spécialité), connu surtout pour son essai «Le miasme et la jonquille», sur lequel se serait appuyé (?) Patrick Süskind pour écrire «Le parfum» ; une approche historique et sensorielle des représentations du vent, a priori, ça fait donc plutôt envie. Las, je me suis beaucoup ennuyé.

Corbin fait un voyage dans l’histoire (depuis l’Antiquité grecque, l’Ancien Testament, jusqu’à nos jours), pour nous raconter les vents, la manière dont ils ont été perçus, surtout par le biais de la littérature, puis très brièvement du cinéma. Il y a un certain nombre de considérations sur la perception scientifique du vent et son évolution à quelques moments de l’histoire. Surtout, de chapitres en chapitres se succèdent les citations de textes bibliques, de poésies, de romans, de pièces de théâtre. Même si certaines sont intéressantes, émouvantes, parfois très belles (je songe à une longue citation très sensuelle de «Regain», de Giono, à des extraits de poèmes de Hugo, de Leconte de Lisle…), cette profusion est d’autant plus gênante qu’elle se mêle à des citations partielles (parfois intéressantes) mais plus ou moins bien répertoriées empruntées à des essayistes qui ont réfléchi aux mêmes questions, au point qu’on se demande parfois qui a écrit quoi. Surtout, j’ai eu l’impression que ce flot noyait une réflexion qui m’a semblé (?) rester en surface, je me suis demandé au long (long...) de cette lecture assez fastidieuse quel était finalement l’objet réel de ce texte. Et que reste-t-il de la pensée de Corbin ? Certes, l’auteur impressionne par l’éclectisme de sa culture, mais j’y cherchais une poésie, « un souffle » (oups), une originalité que sa plume propre ne m’a pas offerts. Il reste quand même l’ouverture vers quelques beaux textes cités qui font envie, (et j’en retiens le dernier nommé « L’Arche de Kerguelen. Voyage aux îles de la Désolation », de Jean-Paul Kaufmann, qui rejoint ma PAL)





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L'harmonie des plaisirs

Alain Corbin à travers son ouvrage analyse la manière dont le plaisir sexuel fut défini, décrit, codifié pendant le XVIIIème et le XIXème siècles par les médecins , les prêtres et les pornographes. S’appuyant sur un vaste documentation il montre l’évolution des discours sur cet objet difficile à saisir, qui relève du secret de l'intimité mais qui est le matériau de tous les fantasmes . A sa lecture on peut être étonné , horrifié , amusé parfois mais intéressé toujours .
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Le miasme et la jonquille

Alain Corbin continue à explorer le grand XIXème siècle sous un angle non politique mais culturel, à travers l'histoire des sensibilités. Et ici, ses recherches sont difficiles en soi, puisqu'il travaille sur ce qui est pas essence évanescent et éphémères, les odeurs.

Mais justement, ces odeurs laissent des traces, dans les textes scientifiques qui cherchent à neutraliser leur pouvoir nocif dans la propagation des miasmes, dans les lois qui veulent réglementer le sort des déjections animales et humaines, dans les murs des hôpitaux, des prisons et des casernes qui conservent l'odeur de la maladie et de la misère, dans les fantasmes des amants aux tendances fétichistes, dans la littérature baudelairienne ou naturaliste...

Cette étude érudite permet donc de revaloriser l'odorat, dégradé dans l'esthétique kantienne, pour lui donner une fonction à la fois politique et poétique.
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1515 et les grandes dates de l'histoire de ..

Ce livre offre une véritable plongée dans l'histoire de France ; je devrais même écrire l'Histoire avec un grand H.
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