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Critiques de Anthony Doerr (595)
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La cité des nuages et des oiseaux

Tout a été dit déjà. En bref ce livre est un véritable enchantement. Un petit bémol néanmoins : le dernier quart du récit m'a semblé un peu en-dessous et non dénué d'incohérences. Il n'empêche : c'est un régal et un tour de force pour l'auteur de parvenir à susciter une telle passion à partir de vieux textes grecs et on appréciera ce chant d'amour pour les livres et ceux qui s'attachent à les conserver..
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La cité des nuages et des oiseaux

Qu’est-ce qui relie un vétéran homosexuel de la guerre de Corée, un jeune homme écoterroriste hypersensible, une brodeuse de la Contanstinople du XVe siècle, un paysan bulgare de la même époque affublé d’un bec-de-lièvre, et une adolescente du XXIIe siècle en route pour une exoplanète dans un vaisseau générationnel? Réponse : un manuscrit du Ier siècle relatant la quête d’un berger à la recherche d’une cité mythique, la cité des nuages et des oiseaux.



Tel est le point de départ de ce roman foisonnant sur le pouvoir consolateur de la littérature et les aléas de la transmission du savoir. On explore alternativement passé, présent et futur à travers divers personnages – le tout entrecoupé de fragments retrouvés du fameux manuscrit qui traverse les âges en plus ou moins bon état. La construction narrative est superbement maîtrisée : tout s’imbrique parfaitement et l’on ne se perd jamais dans l’abondance d’époques et de points de vue divers. J’ai beaucoup aimé l’écriture ni trop simpliste ni trop ronflante, très fluide malgré quelques longueurs dans certaines descriptions.



Toutefois, l’ensemble m’a laissé une impression un peu lisse, comme si l’auteur n’allait pas totalement au bout de son idée. J’ai quelques réserves sur la fin, en particulier pour Seymour et Konstance.



Mais étrangement, le seul élément qui m’a fait tiquer concerne le manuscrit lui-même. Pour la plupart des lecteur·ices, il s’agira d’un détail sans grande importance, mais pour ma part, cela a chatouillé ma suspension de l’incrédulité au point de presque me faire sortir de l’histoire.



Ces quelques faiblesses m’empêchent d’avoir un total coup de cœur pour cette œuvre. Néanmoins, les thèmes abordés et la construction narrative ambitieuse en font une de mes lectures marquantes pour cette année.
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La cité des nuages et des oiseaux

Difficile et déroutant à suivre dans ses débuts, "La Cité des nuages et des oiseaux" est pourtant un hymne à la narration, un hymne aux anonymes qui ont joué un rôle dans la transmission et la préservation des textes anciens. Hymne ne signifie pas pour autant chef d’œuvre littéraire. J’ai aimé certains aspects du roman comme la profondeur des personnages, l’imagination débordante de l’auteur, mais j’ai trouvé la construction du récit alambiquée, le mélange des genres déroutant et la variété des thèmes abordés étourdissante.

Le récit qui s’étend sur plusieurs siècles s’apparente à une mosaïque d’histoires construite autour d’un objet : le manuscrit d’Antoine Diogène, un texte grec antique et fictif narrant les aventures du berger Aethon à la recherche d’une utopique cité céleste.

Reliées à ce texte ancien dont des extraits sont dévoilés au fur et à mesure, plusieurs histoires qui se répondent les unes aux autres nous sont racontées dans différents lieux et à différentes époques. Je ne suis pas opposé aux points de vue multiples, mais le début du livre ressemble davantage à un recueil de nouvelles, tant il est décousu et nécessite de fréquents retours en arrière. Chaque arc narratif a des personnages attachants, une histoire intéressante. Anthony Doerr fait preuve d’une inventivité débordante et mélange les genres au risque de perdre son lecteur. On va ainsi du récit d’aventures à la science-fiction en passant par le roman philosophique et la fiction historique. Mais, équipé de chaussures confortables et n’oubliant pas de m’hydrater, j’ai franchi la montagne en une douzaine d’heures et tenu bon jusqu’à la dernière page.

Je n’ai pu m’empêcher de m’intéresser à Anna et Omeir, dont l’histoire se déroule au XVe siècle, pendant le siège de Constantinople, à Zeno dont on suit la vie de jeune garçon dans l’Idaho jusqu’à sa vieillesse, à Konstance, dont l’histoire se déroule dans le futur à bord du vaisseau spatial Argos et à Seymour dont l’histoire, déchirante à bien des égards, se déroule dans la même ville que Zeno lorsqu’il est plus âgé.

Chaque histoire a un lien avec le manuscrit de Diogène et nous voyons comment cette connexion influence la vie des personnages. Ces derniers ont perdu ou perdent au moins un parent, ils sont jeunes une bonne partie du roman et animés par un sentiment d’émerveillement. Anna est fascinée par la lecture qui lui permet d’accéder à l’univers des livres. Seymour est ébloui par la nature. Grâce à la bibliothèque numérique de son vaisseau, Konstance est émerveillée par les endroits de la Terre qu’elle peut visiter, par les connaissances qu’elle peut acquérir. Zeno trouve également un refuge et un monde de possibilités dans la bibliothèque de sa ville. Quant à Omeir, ce sont les histoires que son grand-père lui raconte lorsqu’ils chassent qui captivent son imagination.

Si chaque histoire a sa propre destination (Lakeport, Constantinople, une exoplanète), toutes convergent vers ce livre ancien fournissant la structure et la question centrale du livre. Comment ce manuscrit du premier siècle a-t-il pu se retrouver à Constantinople au XVe siècle, dans le monde d’aujourd’hui et dans le futur ? Comment a-t-il été préservé, par qui et pourquoi ?

D’où la dédicace en début de roman « à tous les bibliothécaires passés, présents et à venir ». Chacun des personnages a une relation avec un bibliothécaire, véritable gardien de la mémoire humaine : Zeno et Seymour avec ceux de Lakeport, Anna avec les scribes de Constantinople, Omeir avec Anna, et Konstance avec Sybil, l’intelligence artificielle de son vaisseau.

Anthony Doerr aurait pu se contenter de cette idée passionnante de préservation de la culture, mais il met aussi en avant ses préoccupations concernant la dégradation de l’environnement. Son avatar dans ce domaine est Seymour, jeune marginal solitaire qui est devenu un misanthrope radical après que des promoteurs immobiliers ont détruit la nature sauvage qu’il aime tant. Le risque de destruction de notre environnement, la nécessité ô combien louable de préservation de notre nature répond évidemment à celle de notre culture.

Mais ce n’est pas tout, l’auteur pimente également son aventure de références classiques : le vaisseau Argos rappelle bien sûr Jason et son équipage, Zeno est sauvé par un chien nommé Athéna comme Hercule a été sauvé par la déesse elle-même, etc. D’autres symboles, plus écologiques ceux-là, sont également répétés à l’envi comme la chouette ou les roses. Les murs font aussi l’objet d’une attention particulière. La muraille de Constantinople est la plus évidente. Konstance de son côté vit cloisonnée dans son vaisseau. Seymour tente d’ouvrir une brèche dans un mur physique, tandis que Zeno essaie d’en défendre un. La notion de paradis est pareillement omniprésente. Le titre seul fait référence à un fantasme irréalisable de céleste séjour. C’est le paradis que recherche Aethon. Pour Zeno, c’est un endroit où il peut être accepté, aimé, tout en étant lui-même et assumant son homosexualité. Seymour est attiré par la promesse d’un camp écologiste sylvestre où il peut embrasser la nature avec d’autres personnes partageant les mêmes idées. Pour Anna, c’est le rêve d’une vie meilleure en dehors de la ville. Pour Konstance, c’est l’espoir d’une vie possible sur Beta Oph2.

Comme vous pouvez le constater, c’est un roman gargantuesque divisé en vingt-quatre sections comme le nombre de lettres de l’alphabet grec (encore un symbole), célébrant les pouvoirs de l’imagination et abordant de nombreux thèmes. Chaque histoire aurait pu constituer un livre en soi, un roman fascinant. Mais Doerr ne s’est pas contenté de les rassembler, il les a mises dans un mixeur et a ensuite mélangé les morceaux pour que son livre ressemble à une mosaïque textuelle ambitieuse aussi compliquée que l’ancien codex de Diogène. La juxtaposition de ces intrigues les prive de leur dramaturgie naturelle et la narration, bien que grandiose, ne peut rétablir cette tension.

D’où ma sensation mitigée en fin de lecture : admiratif face à la luxuriance du texte, mais sonné par sa densité et son découpage, impressionné par l’imaginaire et la culture de l’auteur, mais étourdi par ses nombreuses grandes idées. A chacun de se forger sa propre opinion.

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La cité des nuages et des oiseaux

Une merveille, la lecture d'une pépite se savoure, et pourtant elle a fondu trop vite... La construction en courts chapitres, le talent de conteur, l'enchevêtrement si habile des récits sont dignes du plus élégant des architectes de Babel. Un vrai bel hommage aux bibliothécaires, à l'amour simple et anonyme des livres. J'ai pensé au Mystère du lac, à 22/11/63 de King, à Richard Powers et autres, toutes ces portes qui s'ouvrent vers des récits qui vous emportent. Merci M. Doerr. Grand prix de littérature américaine 2022, évidemment.
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La cité des nuages et des oiseaux

Voilà trois jours déjà que je joue avec l ‘envie de chroniquer ce somptueux roman, et que j’achoppe sur l’angle à choisir…

La mise en abyme époustouflante emportant le lecteur de La Constantinople moyenâgeuse à l’espace intersidéral, en passant par Lakeport et un camps de prisonniers des XXe et XXIe ?

Le livre et le mythe comme viatiques vers un peu plus de vie, un peu plus d’espoir, un peu plus d’humanité ?

La plume d’Anthony Doerr, subtile, pétrie à la glaise des grands textes qui joue d’érudition dans une simplicité extrême ?

Le message écocitoyen plaquant de glaçantes vérités sans jamais verser dans l’extrémisme ?

L’humanisme, cueilli à chaque page, écorchant au passage les velléités d’ostracisme, de racisme, l’inanité des guerres et l’absolue stupidité d’un hyperconsumérisme éhonté ?

Bref. D’angles en points de vue, je peine à décrire la pure magie qui habite ce texte.

Juste se laisser emporter par les mots ; atteindre (qui sait?) la Cité des nuages et des oiseaux… Embarquer (c’est certain) pour un voyage inoubliable.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Ce qui m'a touchée dans ce livre c'est ce qui s'oppose à l'horreur de la seconde guerre mondiale : la douceur et la profonde humanité des deux héros adolescents aux destins croisés.



Marie Laure est une jeune française aveugle qui quitte la capitale en 1940 avec son père pour Saint-Malo, où un vieil oncle et une gouvernante dévouée lui ouvrent de nouveaux horizons.



Werner, à peine plus âgé, vit lui en Allemagne, découvre l'enfer des jeunesses hitlériennes puis celui de la guerre, où il traque les résistants grâce à ses grandes compétences radiophoniques.



L'histoire se déroule sur plusieurs années, et tend vers le climax du bombardement de Saint-Malo, en août 1944. Dans ce chaos effroyables se déroulent des événements incroyables, déroutants, résistants, et au final resiliants.

Et la lumière finit par émerger de la noirceur.

C'est habilement écrit et construit, je me suis laissée happer.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Là quatrième de couverture résume assez bien l'intrigue du roman, je n'en rajouterai pas de peur de trop en dire. Ceci étant dit, J'ai beaucoup aimé ce roman que J'ai connu grâce aux babeliotes que je remercie. L'approche de l'auteur est différente des autres romans sur la deuxième guerre mondiale: il nous fait vivre en parallèle l'histoire de deux enfants au destin très différent, la jeune Marie-Laure vivant à Paris avec son père et qui devient aveugle et Warner, jeune allemand orphelin vivant avec sa soeur dans ce qu'on pourrait appeler une famille d'accueil. L'auteur choisit de montrer en parallèle leur évolution et ce qu'ils deviennent pendant et à cause de la guerre. Son procédé consiste en de chapitres très courts en alternance entre les deux enfants. Cette façon de faire donne du rythme au roman mais peut être un peu agaçant car on a l'impression d'un rythme haché et on aimerait parfois rester un peu plus longtemps avec un ou l'autre personnage ,mais une fois habitué à ce procédé on est moins dérangé. J'ai aussi aimé le fait que l'auteur ne s'apesantisse pas trop sur le handicap de Marie-Laure ou sur le fait que Warner soit orphelin, certes il ne nous permet pas de l'oublier mais il le fait sans misérabilisme, au contraire, on voit Marie-Laure développer des habiletés à contrer son handicap sans se plaindre.



Étant donné le contexte du roman je me suis demandé pourquoi ce titre "Toute la lumière que nous ne pouvons pas voir". Dans le cas de Marie-Laure C'est assez évident mais J'ai une autre perception après avoir fini de lire ce roman: en situation de guerre qui peut se réjouir? Qui peut être optimiste? Qui s'attarde à la beauté des choses l'entourant? La perspective est sombre et on ne voit pas la lumière au bout du tunnel surtout dans un abri anti-bombes ou enfermé chez-soi. Si Marie--Laure est physiquement aveugle, d'autres sont moralement aveugles ou volontairement aveugles à la souffrance des autres. Quand on est aveugle de quelque façon que ce soit on ne voit aucune lumière.



En résumé J'ai beaucoup aimé ce roman écrit simplement, sans artifice, au rythme rapide, qui se lit aisément et rapidement et qui nous laisse un sentiment de satisfaction caractéristique aux livres qui nous plaisent. Je relirai certainement d'autres oeuvres de cet auteur.

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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

La France est occupée ; l'Allemagne se plie au joug nazi.

Deux versants humains de cette guerre mondiale qui fut aussi une guerre psychologique. Marie-Laure et Werner ont en commun de subir la volonté des Nazis pour vivre.

Ce magnifique roman, écrit finement, subtilement, fait transparaitre les deux côtés de la souffrance.

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony Doerr éclaire à l'inverse de son titre un projecteur sur la fausse route du manichéisme. Tout n'était pas blanc du côté des envahis, tout n'était pas noir du côté des envahisseurs.

C'est ce genre de roman historique qui un jour peut-être permettra à un grande partie de l'humanité d'entrer dans l'empathie.

Toute la lumière que nous ne pouvons voir est à mon sens une œuvre à relier Au silence de la mer, de VERCORS. Ceux qui ont aimé lire l'un de ces deux livres, aimeront l'autre.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Années 1940, en France et en Allemagne, nous suivons le quotidien de Marie-Laure, la fille aveugle d’un serrurier, et de Werner, un orphelin surdoué passionné par la mécanique des radios et les sciences. Et au milieu du chaos de la guerre, un diamant maudit.



J’avais beaucoup entendu parler de ce livre, mais je l’ai fait traîner assez longtemps, parce que, s’agissant de la Seconde Guerre mondiale, je crains toujours de rencontrer des descriptions choquantes. D’un autre côté, c’est justement pour ça que je pense qu’il faut lire ce genre de livres.



Alors oui, il y a des éléments choquants dans ce roman. Mais je m’attendais à pire, sachant que la moitié du récit est consacrée à l’éducation et à l’endoctrinement d’un enfant allemand. Certains passages étaient difficiles à lire, trois scènes en particulier m’ont rendue nauséeuse; mais c’est suffisamment bien fait pour qu’on ait quand même envie de lire la suite.



Les personnages sont attachants, on se laisse prendre assez facilement par le récit de leur quotidien et des aléas de leur vie, des difficultés qu’ils doivent surmonter. Le point négatif étant qu’à les suivre quasi journellement, on s’ennuie parfois un peu: il y a beaucoup de longueurs, quelques facilités… La construction du récit, qui alterne les époques, est parfois frustrante. On laisse les personnages dans une situation préoccupante pour aller voir ce qu’ils faisaient à un autre moment. Peut-être qu’avec quelques dizaines de pages en moins ç’aurait été plus prenant? La dernière partie, qui se passe après-guerre, aurait pu aussi être traitée différemment pour être plus percutante, je trouve. Et surtout l’histoire autour du diamant maudit n’apportait pas grand chose au récit, à mon avis.



C’était une lecture plutôt bonne, intéressante pour les sujets abordés, mais qui ne m’a pas totalement convaincue.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Je me souviens avoir été attiré fortement par ce livre. Comme par un phénomène d’attraction physique inexpliqué mais naturel, comme une évidence…

Je l’ai saisi et ne l’ai plus relâché. Pourquoi ? Je n’en sais plus les raisons et les circonstances exactes, mais c’est comme dans toutes les rencontres, une partie de la vie nous échappe à un moment précis et on se retrouve à vivre avec quelqu’un… à découvrir un musée d’art contemporain… à ouvrir un livre sans que l’on se soit dit : « Tiens ! Aujourd’hui, je vais aimer, voir, ou bien lire cette œuvre… et, je l'ai décidé, cette rencontre va bouleverser ma vie ! » Non, c’est juste ainsi.

Tout au début de ma lecture, je ne ‘sentais’ pas vraiment l’écriture d’Anthony Doerr… Elle me paraissait construite de petites phrases, simples, voir malhabiles… Mais très vite j’ai été happé par ses personnages et par son style. Très vite j’ai voulu mieux connaître Marie-Laure et son père, veuf et habile serrurier à la Grande Galerie de l’évolution… Très vite, j’ai voulu savoir quels sorts étaient réservés au jeune Werner et à sa sœur Jutta, orphelins de la Ruhr… Au grand-oncle de Marie-Laure, cet aïeul formidable, à Frederick, l’ami de chambrée de Werner…

Du Paris de l’occupation à la libération de Saint-Malo, de la guerre de 1939-45 aux années 1970, puis dans une Europe contemporaine, l’auteur nous emmène à travers le temps et l’espace pour nous décrire la vie de ses personnages violentés par l’existence. Et l’on vit cette épopée à travers le regard de Marie-Laure, aveugle et clairvoyante, par les yeux de Werner, surdoué de l’électronique, et ceux de Jutta, jeune fille capable de garder toute sa raison dans une Allemagne devenue folle, et par le regard d’autres jeunes allemands, et d’autres adultes, certains courageux, d’autres cupides et veules.

C’est la grande force de cette lecture humaniste ; donner à chaque personnage son point de vue et faire en sorte qu’on ressente la composante de chacune de ces visions comme un bel ensemble coloré, une toile composite aboutie et puissante. Comme autant de vecteurs concourent à faire une force tellement plus importante.

C’est un roman kaléidoscope, parfois gris, vert-de-gris et même anthracite, mais jamais noir… Souvent vieil-or et pourpre avec par moments des éclats éblouissants d’un jaune vif solaire et chaud, mêlé ça et là de quelques paillettes vermillon, et chacun de ces éclats sont nimbés d’azur et de bleu de France… Et, comme souvent, l’humanité s’en tire grâce aux arts, grâce à un regard élargi et humaniste et grâce aux femmes qui savent si bien rétablir l’équilibre.

J’ai reposé ce livre tant de fois. Davantage pour m’imprégner de l’instant présent et de la force de cette œuvre que par lassitude. Mais je l’ai vite repris et dévoré !
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Marie-Laure, jeune fille aveugle, vit avec son père, serrurier au Museum d’Histoire naturelle à Paris dans les années 1930. Werner, jeune orphelin passionné de sciences et de techniques, vit avec sa sœur Jutta chez Frau Elena. Mais le parti nazi prend le pouvoir et la guerre approche. Werner est enrôlé par les autorités pour devenir un bon soldat ou un bon ouvrier au service de la Patrie. Marie-Laure et son père fuient Paris au début des années 1940 et se réfugient à Saint-Malo chez Madame Manec et le grand-oncle un peu frappadingue.. Grâce à ses talents de réparateur de radios, Werner entre dans la Wehrmacht pour intercepter les messages radiophoniques ennemis. Marie-Laure, alors que son père est interné dans un camp de travail en Allemagne, entre dans la Résistance avec son grand-oncle en allant chercher des messages cachés dans les miches de pain du boulanger et en les transmettant secrètement sur les ondes. Qu’adviendra-t-il de ces deux enfants emportés dans le tourbillon de la guerre ?

Roman américain (Prix Pulitzer 2015) extrêmement bien documenté sur la ville de Saint-Malo pendant la Seconde guerre mondiale, qui exalte les arts, le plaisir de lire et d’écouter de la musique pour supporter la barbarie alentour, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est roman bien rythmé, aux chapitres courts, captivants, qui se dévore malgré sa longueur (700 pages en poche) et son style un peu lisse.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

J'avais peur de me lancer dans un tel pavé qui plus est un prix Pulitzer mais le résumé me faisait vraiment envie.

Et bien je ne regrette pas d'avoir tenté. Non seulement je suis allée jusqu'au bout, mais en plus j'ai beaucoup aimé cette lecture. Je n'ai donc pas eu le sentiment de lire "un pavé".



L'histoire que raconte Anthony Doerr se passe entre 1940 et 1945, et retrace la vie de deux enfants qui ne se connaissent pas. Pourtant ils se croiseront un jour.

Deux destins qui à eux seuls rendent compte des horreurs de cette guerre et pas l'horreur des coups de feux, du nombre de morts. L'horreur moins visible, moins quantifiable. Celle qui se passe dans la tête de ceux qui ont vécu cette période, voire survécus.

Des passages sont difficiles, surtout si pendant quelques secondes on se met vraiment dans la tête du personnage ou si on se demande vraiment: qu'est ce que j'aurais fait moi? Est-ce que j'aurais pu supporter ça? Est-ce que j'aurais eu ce courage?

Rien qu'un instant, essayer de se poser la question sans tricher, sans fuir... Vraiment pas évident.



Pour moi ce livre est une preuve supplémentaire qu'il faut continuer d'écrire sur la seconde guerre mondiale. Un roman est toujours une occasion de toucher un public qui ne l'a connue qu'à travers les livres d'histoire, comme moi.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Après l'achèvement de ce roman je m'interroge encore le Pulitzer vraiment ? C'est se contenter de peu tant ce livre est laborieux à lire et pourtant les chapitres sont courts. D'ailleurs ce hachage systématique le rend excessivement pénible à lire. Sur le fond que dire si ce n'est que les personnages ne sont pas attachants, sonnent creux. A aucun je n'ai été prise d'un minimum d'intérêt pour leurs aventures, leurs destinées. Tout est prévisible, à aucun moment on n'est surpris Je suis encore plus déçue de l'absence de retranscription de l'atmosphère, du climat de la seconde guerre mondiale. Tout est décrit de manière superfielle comme si l'auteur ne s'était pas donné la peine de se documenter sur le climat de l'époque. On n' a pas le sentiment que l'action se déroule pendant cette sombre période. Bref mis à part le style je dirais pas vite lu mais vite oublié : une déception. Je ne parviens toujours pas à comprendre qu'il ait pu décrocher le Pulitzer.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Ce livre évoque la vie de 2 enfants avant la guerre de 1939 1945, devenus adolescents lors de celle-ci, et plus spécialement la période du bombardement de Saint Malo par les alliés en 1944.

On suit l’histoire de Marie-Laure, aveugle qui déchiffre le braille, les livres de Jules Verne, la géographie des villes grâce aux maquettes que lui fait son père, son exode entre Paris et Saint Malo, ville conquise ultérieurement par l’armée allemande.

On suit l’histoire de Werner, orphelin, surdoué des transmissions, dont l’unique issue à une vie de mineur est l’entrée dans l’école de formation des futurs combattants allemands.

Ce livre parle par touches et en finesse des sujets cruciaux de cette époque, l’antisémitisme, la spoliation culturelle, la collaboration, la résistance, l’endoctrinement.

J’ai beaucoup aimé la première partie, mais le livre prend réellement son essor par la suite et j’ai ensuite retrouvé l’écrivain dont j’avais adoré La Cité des nuages et des Oiseaux.

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La cité des nuages et des oiseaux

La Cité des Nuages et des Oiseaux de Anthony Doerr m'a été révélée de manière fortuite, et je ne savais guère à quoi m'attendre lors de ma lecture. Paru lors de la rentrée littéraire 2022, ce roman m'avait échappé jusque-là.



Dès les premières lignes, la plume de l'auteur m'a conquise. Poétique sans excès, accessible dans sa syntaxe et son vocabulaire, elle m'a transportée dans un univers où chaque mot semblait choisi avec soin. Comme le dit si bien l'auteur, « Même les livres meurent, de la même manière que les humains. » Une citation qui résonne tout au long du récit et donne le ton à cette ode magnifique aux livres, à la lecture, et à la mémoire qu'ils portent. 



Le roman se dévoile comme une fresque chaleureuse et complexe s'étalant sur plusieurs époques. Plusieurs personnages principaux, à différentes temporalités, gravitent autour d'une histoire centrale. Leur écriture est remarquable, chacun étant touchant à sa manière. La lecture, thème central du livre, est explorée avec une profondeur qui transcende les générations.



Chacun des protagonistes croise le chemin d'un ouvrage qui marquera sa vie, le poussant à des accomplissements parfois inattendus. L'intrigue, douce malgré les thèmes difficiles abordés, se tisse avec subtilité autour de cette idée. « Tu vois petite, les choses qui paraissent les plus solides en ce monde [...] leur stabilité n’est qu’illusoire. » Une citation qui reflète la fragilité des éléments qui constituent nos vies.



Ce qui distingue ce livre des autres, c'est l'habileté narrative de l'auteur à trouver un lien entre des personnages en apparence sans rapport. Il met également en avant l'importance intemporelle de la lecture et du savoir, transcendant les barrières culturelles et temporelles.



Ce roman m'a profondément touchée, la finesse des personnages résonnant en moi bien après la lecture. Une œuvre qui a su me parler et qui restera ancrée dans ma mémoire. Sans hésitation, je lui accorde la note parfaite de 5/5. 
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La cité des nuages et des oiseaux

CCe livre m'a vraiment happé. J'ai dévoré les aventures de Anna, Omeir, Seymour, Zeno, Konstance. C'était chouette de suivre ces hiboux.



Un livre à la Ulysse, une épopée livresque, humaine. Un chant sur l'amour des livres mais également de la nature et de la différence.



Ce qui pourrait paraitre indigeste, ardu, l'auteur Doerr parvient à le rendre jouissif, haletant... Avec un conte, digne des 1001 nuits, il réussit à nous emmener de Constantinople au XXIIème siècle, en passant par les Etats Unis et le réchauffement climatique.



C'est un hymne au pouvoir de la littérature, des histoires, des mots. C'est tout simplement un livre extraordinaire.



Je ne peux que laisser deux phrases qui m'ont marquées :

"Je sais pourquoi les bibliothécaires t'ont lu ces vieilles histoires : si elles sont bien racontées, celui qui les écoute reste en vie aussi longtemps que dure le récit."



"A dix sept ans, il était convaincu que tous les humains qui l'entouraient étaient des parasites, prisonniers des diktats de la société de consommation. Mais en reconstituant la traduction de Zeno Ninis, il comprend que la vérité est infiniment plus complexe, qu'il y a de la beauté en chacun de nous, même si nous faisons partie du problème, et que faire partie du problème va de pair avec notre condition d'humains."



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La cité des nuages et des oiseaux

Lire "la cité des nuages et des oiseaux" m'a embarquée dans un tourbillon d'émotions durant 694 pages. Une collègue me l'a conseillé car elle sait que j'adore les fictions sur fond d'Histoire et je n'ai pas été déçue...



On suit plusieurs personnages à 4 périodes différentes que sont : Constantinople en temps de siège au XVe, l'Amérique pendant la Guerre de Corée et ensuite fin XXe et enfin une colonie d'humains évoluant dans un vaisseau spatial, le futur donc. Leur point commun ? Un livre écrit en grec ancien qui conte l'aventure d'un homme qui se transforme en âne, en poisson, en corbeau et qui découvre une cité fantastique assimilée au Paradis.



Rien qu'à lire cela, on peut affirmer qu'on lit un roman original. L'intrigue montre ce qu'il y a de plus horrible et de plus beau chez l'être humain. La sensibilité pour la nature chez certains et l'avidité qui ne mène jamais à rien chez d'autres.



Moi qui suis une amoureuse des animaux j'ai souffert plusieurs fois pendant ma lecture, j'ai retenu des larmes, et j'ai beaucoup réfléchi sur plusieurs points. J'arrivais rarement à m'arrêter de le lire et pourtant je redoutais à chaque fois d'entamer le chapitre suivant. Bref, j'ai ressenti beaucoup de choses et c'est pour cela que j'ai mis une note de 5 étoiles ! J'ai adoré la fin qu'à choisi l'auteur, que du bonheur.
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La cité des nuages et des oiseaux

Quel livre ! Une histoire fourmillante d'idées, d'aventures, entre hier, aujourd'hui et demain.

Chaque histoire est indépendante mais des liens existent et on les cherche tout autant qu'on les découvre au rythme choisi par l'auteur.

Certes le nombre de pages peut être rebutant, mais il n'y a pas de redites, de pages inutiles. Juste une grande fresque qui suit un livre sur 2000 ans, ou comment une histoire venue du fond des âges continue à être racontée à un petit enfant par sa mère dans un futur dystopique.

L'aspect historique est très intéressant, la prise de Constantinople est racontée de façon originale, par des narrateurs intérieurs jeunes et innocents. De même, la crise climatique actuelle est abordée, la pauvreté aux Etats Unis, les troubles autistiques, l'exil, les guerres du XIXème siècle forment la trame de fond sur laquelle l'intrigue se déploie et finit par faire un tout cohérent.
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La cité des nuages et des oiseaux

Je ne tenterai pas de résumer cette oeuvre, car je risquerai de laisser penser que c'est brouillon ou compliqué alors que ce n'est pas le cas. L'auteur parvient à imbriquer plusieurs histoires, sur des temporalités très étendues (de la Chute de Constantinople à 2150) sans nous perdre. C'est un peu déstabilisant au début, mais les chapitres relativement court permettent de garder le fil.

Au delà, de la structure, le fond de l'histoire m'a assez impressionnée. Je suis admirative de la capacité d'Antony Doerr d'avoir construit un tel récit. Réussir à imaginer un tel scénario et avoir su le rendre accessible. Rien que pour cela, il mérite d'être lu.

C'est un livre qui pourra plaire autant aux amateurs de fiction historique que ceux qui aiment les récits d'anticipation.

Pour ma part, j'ai vraiment apprécié et je n'ai pas vu les 700 pages passer. L'alternance de chapitres y est certainement pour beaucoup.

J'ai cependant été moins touchée que par "Toute la lumière que nous ne pouvons voir", qui m'avait vraiment marquée.
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Toute la lumière que nous ne pouvons voir

A sa parution en 2014, le roman a reçu un accueil très positif aux États-Unis et tout aussi chaleureux lors de sa traduction en français en 2015.

Il est vrai que l'auteur aborde la seconde guerre mondiale, sujet qui passionne un grand nombre de lecteurs, que son écriture est fluide et que les chapitres sont courts et bien rythmés.

Mais fort heureusement, même si le roman reste un page-turner de facture classique, il est davantage qu'un énième roman de guerre. Anthony Doerr suit le destin de deux adolescents dont la jeunesse a été souillée par la guerre, mais l'un est un orphelin allemand et l'autre une aveugle française. La personnalité de ces deux personnages est intéressante : Werner, alors qu'il est promis au travail dans les mines, développe une curiosité précoce pour les sciences et plus spécifiquement pour les radios ; Marie-Laure est fascinée par les sciences naturelles et découvre Jules Verne avec passion. Ainsi les digressions de l'auteur permettent aux lecteurs de découvrir des univers inattendus dans ce contexte de guerre.



Anthony Doerr révèle avoir conçu son roman comme un gigantesque casse-tête . « Étant donné que le père de Marie-Laure est un serrurier qui lui construit des casse-têtes, je voulais bâtir le livre comme des panneaux coulissants entremêlés, que l'on glisse pour en découvrir les morceaux ».

Effectivement les chapitres sont courts et alternent époques et points de vue, de manière à maintenir l'attention du lecteur mais aussi pour diffuser des informations avec une précision méticuleuse.

Si le lecteur attend avec impatience la rencontre entre ces deux jeunes gens qui vivaient dans des mondes si différents, l'auteur a l'intelligence de déjouer les attentes et de ne pas tomber dans la mièvrerie. De même que la guerre et de la déportation sont évoqués sans pathos, ni misérabilisme comme c'est parfois le cas dans certains romans voyeuristes et sordides.

Il rend ainsi hommage à toutes les victimes de guerre sans manichéisme, exprimant l'idée que chaque individu, qu'il soit vainqueur ou vaincu porte en lui une lumière que, parfois, nous ne pouvons voir.



Avec ce message pacifiste et humaniste, Anthony Doerr signe un roman plaisant et bien construit. On peut cependant lui reprocher un sens du romanesque très classique et regretter qu'il n'aille pas plus loin dans l'exploration de thèmes tout juste esquissés.
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