AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anthony Doerr (595)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La cité des nuages et des oiseaux

La Cité des nuages et des oiseaux d'Anthony Doerr, encensé par la critique comme par la majorité des lecteurs, a été publié l'an dernier dans la collection Terres d'Amérique chez Albin Michel. Roman choral sur trois époques autour de cinq personnages avec comme fil conducteur un récit antique qui traverse les temps, qui relie les histoires entres elles et alimente chacune des vingt quatre parties de ce petit pavé de presque sept cents pages.



A la fois roman historique où l'on découvre la chute de l'empire byzantin au XVème siècle, avec d'un côté Anna une jeune brodeuse habitant Constantinople et de l'autre Omeir, un jeune garçon en partie défiguré qui se verra enrôlé dans l'armée du sultan Mehmet II, La Cité des nuages et des oiseaux est également un roman contemporain où l'on suivra Zeno, des années 50 à aujourd'hui, de la guerre de Corée à la préparation d'une pièce de théâtre, qui croisera Seymour un jeune garçon s'apprêtant à commettre l'irréparable. Mais c'est aussi un roman de SF post-apocalyptique, où Konstance vit seule, cloitrée dans la capsule d'un vaisseau spatial, fuyant la Terre dévastée en direction d'une planète lointaine avec comme seule compagne Sybil une IA omnisciente et protectrice.



Ce livre à la narration éclatée, passant d'une époque à l'autre, d'un personnage à l'autre, malmenant la chronologie, oubliant la linéarité du temps, requiert un minimum d'attention... heureusement, en tête de chaque chapitre, date et lieu sont mentionnés. La Cité des nuages et des oiseaux est donc plutôt déroutant au premier abord. En effet, quel lien peut-il y avoir entre la petite fille aux chaussettes trouées enfermée dans une capsule spatiale du premier chapitre, le vieux monsieur répétant une pièce de théâtre avec des gamins dans une salle de bibliothèque en 2020, et cette jeune byzantine curieuse et espiègle assistant à la disparition de son empire ? Ce fameux récit antique auquel chacun des protagonistes fait plus ou moins référence !



Quelques chapitres sont nécessaires pour nouer entre eux les fils des différentes histoires, et bien plus pour comprendre les tenants et les aboutissants mais lecture ce faisant, Anthony Doerr nous happe dans ses récits entremêlés où rien n'est laissé au hasard. Même si le premier tiers peut paraître, lent, abscons (mais jamais ennuyeux, la plume de l'auteur étant merveilleuse), il ne faut pas baisser les bras ou abandonner espoir, bien au contraire, la lumière se fera tout doucement pour finir en apothéose quand tout s'imbriquera parfaitement.



La Cité des nuages et des oiseaux est un immense roman, une pure merveille de construction narrative, une ode aux livres et à ceux et celles qui en prennent soin. A travers un récit antique qui traverse les temps, symbole de la puissance et de la fragilité des livres, objets de transmission du savoir, d'ouverture d'esprit, d'espoir et de liberté, symboles du temps qui passe, de notre propre grandeur et de notre déchéance, Anthony Doerr nous parle de la vie, de la fragilité de notre monde, et de tant d'autres choses encore...




Lien : https://les-lectures-du-maki..
Commenter  J’apprécie          120
La cité des nuages et des oiseaux

Ecrit pendant l’Antiquité par Antoine Diogène pour réconforter sa nièce mourante, La Cité des nuages et des oiseaux est un conte en grec ancien qui a traversé toutes les époques, subissant les ravages du temps et des voyages. Mais chaque fois qu’il a réapparu au fil des siècles, il a sauvé des vies et redonné l’espoir à ceux qui n’en avait plus.

Il raconte l’histoire d’Aethon qui sillonna le monde sous la forme de divers animaux, cherchant aux confins de la Terre, une Cité utopique merveilleuse.

« Un récit qui contient la totalité du monde. Et même les mystères qui se trouvent au-delà. »

On le retrouve au XVème siècle dans la ville chrétienne de Constantinople attaquée par les Ottomans, dans les mains d’Anna, une jeune fileuse qui le sauve de la destruction.

Il reprend vie en 2020 dans l’Idaho, sous la forme d’une pièce de théâtre traduite par Zeno, un vétéran de la guerre Corée passionné de grec ancien, et jouée par des enfants.

Puis finalement, devenu hologramme, il réapparaît dans le futur avec Konstance, à bord du vaisseau spatial l’Argos, en route pour une planète où se rendent 86 survivants d’une Terre à l’agonie.

Trônant dans la plus grande bibliothèque du monde ou caché dans le tronc creux d’un if, gravé sur une tablette d’olivier ou converti en objet virtuel, ce conte est un fabuleux voyage dans le temps qui transporte dans ses pages tout le pouvoir des mots et de l’imagination.

Roman d’aventure, de science fiction, roman fantastique et roman historique, cette Cité des nuages et des oiseaux est tout à la fois. Construite comme un puzzle, elle mêle les époques sans jamais perdre son lecteur et le transporte dans les récits épiques qui régalent les âmes d’enfant.

Anthony Doerr nous offre, avec beaucoup d’originalité et une maîtrise exceptionnelle, une magnifique odyssée à travers les siècles, portée par personnages simples mais lumineux qu’habite une même passion de l’imaginaire.

Un voyage inoubliable et un grand auteur.
Commenter  J’apprécie          124
La cité des nuages et des oiseaux

Alors non, ce n'est pas un chef d'oeuvre mais La Cité des nuages et des oiseaux est un roman vraiment très plaisant, peut-être un peu naïf, peut-être un peu "young adult" mais... ne boudons pas notre plaisir:

C'est d'abord un roman qui mêle et enchasse 6 histoires et 5 époques, ce qui est déjà une belle performance, même si Jaume Cabré avait fait de même et de façon beaucoup plus virtuose avec Confiteor (qui pour le coup est un chef d'oeuvre ). Alors nous avons Anna, brodeuse semi esclave dans la Constantinople du XVeme siècle, Omeir, jeune bouvier, affublé d'un bec de lièvre, et enrôlé de force dans l'armée du sultan qui prendra Constantinople, notamment grâce à sa bombarde, Zéno, homosexuel refoulé, vétéran de la guerre de Corée et traducteur sur le tard, Seymour, jeune autiste, hypersensible à l'écologie, et Konstance, jeune fille née dans une navette spatiale (dans le futur) en direction d'une exoplanète. Entre tout ce beau monde: une histoire attribuée à Antoine Diogène où il est question d'un berger stupide transformé en âne, en poisson et en corbeau, tout ça dans le but d'atteindre la Cité des nuages et des oiseaux. Car tous on une quête, un but.

Ce roman est l'oeuvre d'un amoureux de la nature. Les animaux (les chiens de Zéno, les boeufs et l'ânesse d'Omeir, la chouette de Seymour) sont de véritables personnages et les végétaux ne sont pas en reste.

Ce roman est l'oeuvre d'un amoureux des livres, de leur conservation, de leur transmission, de la culture antique, grèque surtout, et de ses mythes. C'est un hommage aux bibliothécaires et archivistes.

L'intrigue se met en place par petites touches, de façon pointilliste et, à la fin, l'ensemble du puzzle apparaît clairement.

Non franchement, ces 700 pages sont passées comme une lettre à la poste.

Je pense que ça peut être lu (et offert) à partir de 14-15 ans et, ce qu'il y a de bien dans ce livre c'est que tout le monde peut y trouver son compte: science fiction, fantastique, histoire (médiévale et contemporaine), philosophie, écologie, amour...
Commenter  J’apprécie          120
La cité des nuages et des oiseaux

Prix Pulitzer pour Toute la lumière que nous ne pouvons voir, Anthony Doerr revient avec un roman encore plus ambitieux et impressionnant.



Imaginez un voyage qui transcende le temps et l'espace, où le lecteur est emporté dans une épopée flamboyante qui ne connait aucune limite si ce n'est l'imagination de son auteur, où chaque personnage semble suivre son propre destin et pourtant tous les protagonistes de cette intrigue sont liés par un texte. C'est ainsi qu'un roman rend hommage à la fois au pouvoir des mots mais aussi à ce lien imperceptible qui relie chaque existence.



Dans la droite lignée du magnifique livre (et film) Cloud Atlas, Anthony Doerr signe un roman qui s'affranchit des règles de la narration et des genres littéraires pour offrir avant tout un grand spectacle littéraire. Vous allez ainsi voguer du Constantinople du XVème siècle à l'Amérique embrigadée dans la guerre de Corée, de notre époque aux États-Unis jusqu'à un voyage spatial dans le futur.



La grande force de ce livre repose sur cette construction en roman choral où chaque partie possède son propre rythme : certaines vont s'écouler sur plusieurs années, d'autres sur quelques heures à peine. Chaque moment est essentiel et donne ainsi l'impression que tout est connecté, entrelacé, entremêlé pour former ainsi un tableau de maitre.



Entre roman historique, contemporain et d'anticipation, La cité des nuages et des oiseaux propose une partition magistrale. J'avais lu ce livre en version anglaise et je peux vous assurer suite à ma relecture en VF que la traduction réussit parfaitement à retranscrire le côté addictif et prenant de la plume originale.



Ce livre s'adresse à tous les lecteurs en quête d'aventure, de dépaysement et d'émerveillement. Parmi tous les titres de la rentrée littéraire, ce roman fait partie des rares possédant un véritable souffle épique : encore un excellent choix éditorial chez Terres d'Amérique !
Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Décidément je n'arrête pas de lire des livres se passant durant la seconde guerre. Mais cela permet de voir à quoi nous échappons chaque jour de notre vie même si des guerres se déroulent encore mais si loin de nous que nous ne nous rendons pas compte qu'une guerre a de grosses conséquences sur les êtres humains qui y participent mais aussi à ceux qui la subissent bien malgré eux.

Donc, ce livre nous raconte la vie de deux enfants, chacun dans un pays différent. Werner Pfeinnig, petit génie de l'électronique malgré son jeune âge et Marie-Laure Leblanc, jeune parisienne, aveugle et fille d'un conservateur de musée. Leur destin va les mettre un jour en présence durant une opération lancée par les Américains à Saint Malo.

J'ai aimé ce roman qui comporte des chapitres courts pour décrire la vie de chacun de ces enfants du début de la seconde guerre mondiale jusqu'à leur rencontre. Des actes abjects, des souffrances, la perte d'un parent emprisonné sans aucune raison, sinon pour l'appât du gain, les bombes qui tombent sur la ville et tuent souvent des innocents. Je comprends grâce à toutes mes lectures, pourquoi nombre de victimes de la guerre refusent à présent de l'évoquer à l'heure d'aujourd'hui. J'ai passé un bon moment en compagnie de ces enfants, j'ai beaucoup aimé le grand oncle de Marie-Laure pour son empathie et sa gentillesse envers sa nièce.
Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Werner est un soldat allemand passionné de radios et de sciences, tandis que Marie-Laure est une jeune française aveugle. Le récit met en parallèle leurs deux vies, nous faisant avancer pas à pas dans leur histoire, toutes deux symboles d’une population. Werner est la génération des Allemands qui n’avaient pas le choix ; Marie-Laure est la génération des Français qui se cachaient et mettaient en suspens leur vie en attendant que le monde se stabilise sous leurs pieds.



Toute la lumière que nous ne pouvons voir est bien plus qu’un énième récit de la Seconde Guerre Mondiale. L’auteur, habilement, mêle le passé et le présent pour maintenir un suspense insoutenable qui nous force à toujours tourner plus vite les pages, à ne jamais s’arrêter, effet accentué encore par les petits chapitres. J’admire Anthony Doerr aussi pour son écriture majestueuse, tantôt lourde, rapide, suffocante, tantôt légère, ensoleillée, qui plonge le lecteur dans les personnages.



Et les personnages. Ah les personnages ! Werner, Marie-Laure, Etienne, Frédérick, Volkheimer et tous les autres, tous, chacun à leur manière, sont uniques mais ils ont un point commun : ils sont vivants, ils sont des images qui s’agitent devant nos yeux, dont on a la chance d’apercevoir la bourrasque intérieure.



Le cadre lui aussi est magique : une Allemagne totalitaire, dont la jeunesse subit la politique, Saint-Malo, la ville assiégée par les bombes, lieu magique fait d’une plage douce et de puissants remparts.



Rien, dans ce roman magistral, ne m’a fait soupirer en me disant que bien sûr, c’était trop beau, il y avait forcément un petit défaut, il fallait juste que je le cherche bien. Non, aucun. J’ai marqué au fur et à mesure les passages que je trouvais sublimes d’un post-it et en refermant définitivement, je ne peux que constater, sourire aux lèvres, que ces petits post-it jaunes sont plus de trente…



En bref, un prix Pulitzer largement valu pour Toute la lumière que nous ne pouvons voir.
Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

J'ai terminé l'année 2016 par un coup de coeur en catégorie « romans ». Prix Pulitzer 2015, ce qui est la cerise sur le gâteau.



L'auteur s'est aventuré sur un de mes terrains familiers, la seconde guerre mondiale, cadre historique qui continue d'inspirer un grand nombre d'écrivains. Difficile parfois de trouver un angle original ou de raconter cette guerre de manière différente, pourtant Anthony Doerr y parvient avec grâce et sensibilité. Ses deux héros dont les trajectoires parallèles finiront par se croiser, sont inhabituels : côté français, Marie-Laure, une jeune aveugle dont le père travaille au Muséum d'Histoire Naturelle à Paris comme serrurier-chef et côté allemand, Werner, un jeune spécialiste des transmissions électromagnétiques, miraculeusement soustrait à un destin tout tracé de mineur à Essen, car repéré par les grands pontes du parti nazi.



Et comme le destin – encore lui – est souvent farceur et capricieux, ces deux-là se rencontreront grâce à un diamant maudit et des enregistrements à la radio, voix salvatrices dans la nuit et l'ignorance, qui apporteront un peu de lumière à Werner, que l'on veut aveugler à tout prix dans son école d'élite et Marie-Laure, perdue dans ses ténèbres et celles de la cité de Saint-Malo qu'elle s'efforce d'apprivoiser. Deux solitudes qui se télescopent au moment le plus tragique de la histoire de la cité malouine.



Le roman alterne les moments de grâce et de joie et les drames avec beaucoup de justesse et de sobriété, Werner et Marie-Laure croisent ou côtoient une galerie de personnages secondaires tour à tour touchants ou inquiétants et si on est parfois tenté de verser une petite larme, le récit ne sombre jamais dans le tragique ou la mièvrerie.







J'ai été énormément touchée par ce roman, pas manichéen pour un sou, qui était en gestation depuis 10 ans environ ! L'auteur, semblable à Charles Frazier qui a mis à peu près autant de temps à accoucher de Cold Mountain, vient de l'Idaho et fait donc partie de ces fameux écrivains de l'Ouest américain que j'affectionne tant. Aux dernières nouvelles, le roman, après avoir été traduit dans de nombreuses langues, ferait l'objet d'une adaptation ciné. Je souhaite en tout cas que Jonathan Doerr n'attende pas 10 ans de plus pour publier son prochain livre.
Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Par courts chapitres entrecroisés, dans un style précis et joliment évocateur, Anthony Doerr façonne deux existences attachantes dont les ressorts - très simples tout d'abord puis de plus en plus soumis aux chaos de l'Histoire - ne tardent pas à former un effet de suspense très prenant. C'est un roman très plaisant à lire, plein de charme, de poésie et parfois d'humour malgré la dureté de ce qu'il évoque. Un roman dont je comprends fort bien le succès, assez mérité, même s'il manque un peu d'âpreté et reste un peu facile à mon goût (la prétendue profondeur de la fin ne m'a pas vraiment convaincue !) J'ajouterai tout de même un bon point supplémentaire pour la documentation très serrée qui nourrit la fiction sans jamais l'étouffer, et évoque la France de ce temps avec autant de fluidité qu'un français aurait pu l'écrire.

Lu juste avant une escapade à Saint-Malo, c'était tout à fait bienvenu, et j'ai regretté de ne pas l'avoir emporté pour retracer les chemins de Marie-Laure au fil de mes propres balades :-)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

En général, les romans ayant pour sujet la seconde guerre mondiale ne m'intéressent pas beaucoup mais celui-ci m'a bien plu.

Tout d'abord, la construction est originale et habile. L'auteur consacre un chapitre à Marie-Laure, jeune fille aveugle, fille du serrurier du Museum d'histoire naturelle puis il consacre un chapître à Werner, jeune allemand, passionné de transmissions par radio-émetteur.

Marie-Laure et son père doivent quitter Paris et se réfugient à Saint-Malo, chez le grand-oncle Etienne, on assiste alors à des mouvements de résistance, puis au bombardement de cette ville.

Parallèlement, Werner va fréquenter les écoles allemandes et sera amené un jour à croiser brièvement Marie-Laure.

S'ajoute à ce contexte, un trésor caché : un énorme diamant conservé au Museum d'histoire naturelle, paré de vertus maléfiques. Les Allemands sont à la poursuite de ce diamant caché par le père de Marie-Laure.

Un bon moment de lecture, des personnages touchants.

Commenter  J’apprécie          120
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

On se retrouve aujourd’hui avec ma chronique de Toute la lumière que nous ne pouvons voir, d’Anthony Dœrr, un roman dont je n’avais jamais entendu parler avant de voir la série adaptée sur Netflix. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette dernière, et cela m’a bien évidemment donné envie de découvrir le roman dont elle était issue. Anthony Dœrr a reçu le prix Pulitzer pour ce récit et on comprend aisément pourquoi. Malgré tout, je n’ai pas été aussi emballée que par la série, la faute à quelques longueurs.



Nous sommes en 1944, et Saint-Malo est pilonnée par les Alliés pour la libérer du joug de l’occupant. Au sommet d’une maison par miracle encore debout, Marie-Laure, une jeune aveugle dissimulée dans le grenier, lit Vingt mille lieues sous les mers à la radio. De son côté, Werner, soldat allemand emprisonné dans la cave d’un hôtel effondré, attend la mort. Si ce n’est sous les bombes, ce sera de faim et de soif… Comment tous deux en sont-ils arrivés là ? C’est ce qu’Anthony Dœrr se propose de nous raconter.



On suit leurs histoires respectives jusqu’à ce que, bien sûr, elles se rejoignent brièvement à Saint-Malo. C’est un récit plein d’émotions, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Marie-Laure étant aveugle depuis l’âge de six ans, la manière dont elle vit l’occupation, en la ressentant plutôt qu’en la voyant, est d’autant plus poignante. La fuite de Paris, le bonheur trop bref à Saint-Malo et le départ puis l’arrestation de son père, qui la plonge dans la solitude, sont autant d'événements qui nous prennent aux tripes.



De son côté, Werner est orphelin, il se retrouve embarqué dans les Jeunesses hitlériennes sans réaliser ce que cela signifie, puis de là, sur le front à tout juste dix-huit ans, à traquer les radios clandestines et voir assassiner leurs propriétaires ou d’autres innocents sous ses yeux. Certaines scènes sont difficiles et on ne peut pas s’empêcher de plaindre ce garçon, peut-être davantage encore que la petite française. Deux destins si différents et si poignants l’un et l’autre. Cela ressort d’ailleurs très bien dans la série.



Malheureusement ici, de trop nombreuses longueurs viennent nous gâcher un peu le plaisir de lecture, notamment du côté de Werner et d’un certain officier allemand obnubilé par un diamant. Peut-être était-ce dû au fait que je connaissais déjà en partie l’histoire grâce à la série, je ne saurais l’affirmer, mais une chose est sûre, je me suis ennuyée ferme par moments. C’est un peu dommage car l’émotion qui se dégage de ce récit mérite vraiment qu’on s’y attarde. Une lecture agréable, mais pas autant que je l’avais escompté.
Lien : https://etemporel.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          110
La cité des nuages et des oiseaux

Le mot enchantement vient spontanément aux lèvres en refermant le livre après avoir dévoré le dernière ligne de la dernière des 700 pages, dépité qu'il n'y en ait pas encore quelques centaines pour prolonger la magie !

3 époques et 5 personnages principaux : Anna et Omeir en 1453 autour de Constantinople, Zeno et Seymour entre les années 1950 et aujourd'hui, autour d'une bibliothèque, Konstance dans le futur et dans un vaisseau spatial. Ils sont unis par un mystérieux livre antique " La cité des nuages et des oiseaux" d'Antoine Diogène qui raconte l'histoire d'Aethon " Homme pendant quatre-vingts ans, Âne pour une année, Loup de mer pour une autre, et une année Corbeau.



La construction du livre est improbable. On ne voit pas très bien au départ où tout cela va nous mener. Mais peu importe, on est emporté avec bonheur dans l'univers de chaque personnage successivement et sans se poser de questions. Les personnages sont immédiatement attachants et les péripéties dignes des plus grands romans historiques. Chaque passage à une nouvelle période met en haleine. Mais que va t'il lui arriver ? Comment va t'il s'en sortir?



Anna dans Constantinople menacée par les Turcs est brodeuse. Fascinée par les les livres et la connaissance qui lui est interdite par les hommes, elle veut échapper à son destin. De l'autre coté du mur le jeune Omeir, enfant solitaire et disgracié, a été réquisitionné avec ses deux bœufs qu'il aime tant pour tirer, jusqu'à l'épuisement, les armes du Sultan devant Constantinople assiégée.



Zeno a été soldat pendant la guerre de Corée. Il est revenu vivre dans sa ville de Lakeport, près de sa belle-mère, solitaire et habité par le souvenir d'un soldat rencontré en Corée. En souvenir de lui et de son goût pour la culture antique, il traduit le manuscrit d'Antoine Diogène. A la fin de sa vie, avec les enfants de Lakeport, il monte une pièce inspiré du livre avec le soutien des bibliothécaires.



C'est près de cette bibliothèque qu'aboutit la trajectoire de Seymour, un enfant blessé, différent, qui vit seul avec sa mère. Seymour n'a jamais accepté la destruction d'un bois de son enfance entrainant la disparition d'une chouette qu'il visitait quotidiennement. A partir de là, il n'accepte pas les destructions que font les hommes et est prêt à tout pour protéger la nature.



Konstance, se retrouve soudainement seule dans son vaisseau spatial fonçant vers une nouvelle planète que les humains pourraient peupler, la Terre étant devenue inhabitable. Elle consulte un Atlas de la terre et se plonge dans la lecture du livre d'Antoine Diogène.



Toutes ces histoires ont pour lien le livre d'Antoine Diogène que chacun contribue à sauver et à transmettre. En cela, on peut effectivement le voir comme un hommage et un remerciement à ceux qui ont transmis et transmettent le savoir des livres (les bibliothécaires notamment, mais aussi les copistes, les traducteurs ...). Grâce à eux, certains ont été sauvés de l'oubli et nous lient à travers les époques à ceux qui les ont lus aussi.



Chaque personnage fait face dans sa vie à des circonstances difficiles : orphelins, solitaires, en situation de dominés et accablés par les épreuves de leur vie. Leur vie est faite de dureté et de tristesse, parfois de violence ... mais leur existence prend sens autour du livre, qu'ils en soient conscients ou non.

Un livre qui rend heureux et qui rappellent à tout lecteur passionné comment, à un moment de sa vie, les livres ont pu l'aider.
Commenter  J’apprécie          110
La cité des nuages et des oiseaux

Je vais aller à contrecourant de la majorité des commentaires, je n'ai pas du tout apprécié la lecture de ce roman si bien que j'en ai stoppé la lecture au bout de 150 pages.



Pourtant, il y avait là tous les ingrédients pour en faire un livre passionnant, de l'érudition, des références historiques, une construction en forme de puzzle, sans compter sur la notoriété de l'auteur.



Malheureusement, l'idée ne suffit pas, il faut aussi une écriture et dans ce cas précis elle est absente, sans aucune recherche stylistique. Des phrases du type sujet/verbe/complément sur près de 700 pages, non merci. Je préfère passer à autre chose.

Est-ce dû à la traduction? Peut-être (ou pas). En tous cas j'ai bien envie de tenter l'expérience en VO, j'y trouverai peut être mon compte.



Bien évidement, tout cela n'est que mon humble avis sur un fragment de l'œuvre.



Commenter  J’apprécie          110
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Toute la lumière que nous ne pouvons voir, c'est d'abord un titre qui m'éblouit les rétines.

C'est ensuite un récit épique et foisonnant qui nous entraîne de Paris à Saint-Malo en passant par la Ruhr en Allemagne.

C'est l'attachement aux deux personnages principaux : Marie-Laure, adolescente aveugle porteuse malgré elle d'une lourde responsabilité et Werner, jeune allemand au service de la Wehrmacht malgré ses principes moraux.

C'est un rythme marqué par des chapitres courts et une double temporalité entre quelques jours en 1944 et les années d'avant-guerre.

C'est aussi et surtout cette superbe écriture et ces si beaux moments qui serrent le ventre et le cœur, cette envie de ne jamais quitter le livre, de toujours y revenir.



Toute la lumière que nous ne pouvons voir, c'était le Pulitzer de février et pas un des moins beaux, croyez-moi sur parole.
Commenter  J’apprécie          110
La cité des nuages et des oiseaux

Si « La cité des nuages et des oiseaux » ne vous fait pas un peu quelque chose, ne vous rapproche pas vaguement de l'essentiel, c'est à rien n'y comprendre. Sous la plume d'Anthony Doerr, c'est la guerre, la querelle, des manières de rois, des fronts prosternés, l'enfant de la femme inutilement né, la terre déchiquetée qui sont tour à tour exhibés. Maria la petite brodeuse grecque mourra d'être dans la proximité de quelques livres ; Anna fuira les murs de Byzance assiégés un incunable dans la poche ; Omeir, le paysan Bulgare, misérablement cachera son bec-de-lièvre et le livre au fond d'un ravin ; Zeno ravalera toute sa vie durant son grecque et sa différence ; Seymour, l'autiste cerné par le bruit, fou de nature, passera son existence entière en prison ; Konstance quant à elle échappera à un leurre pour une Terre sans vie.





Anthony Doerr avec son dernier roman nous fait ainsi douloureusement traverser le temps et l'espace. Il nous enrôle de force dans l'armée assiégeant Constantinople, il nous assigne à résidence dans une bourgade étasunienne, il nous enferme hermétiquement dans un vaisseau spatial fuyant l'invivable planète bleue. Il fait tout cela à la fois pour mettre à jour en littérature quelque chose de neuf et d'effrayant. Il enchaine ce qui se passe à tel moment, en tel lieu et ce qui se passe à un autre moment, ailleurs. le fil rouge de tous ces récits, de tous ces lieux, de toutes ces époques, ce qui couture de ses vingt-quatre points le roman, c'est un texte malmené de la Grèce antique. L'incunable passe d'Anna à Omeir, de Zeno à Seymour et Konstance, il célèbre ainsi le nécessaire pouvoir de l'écrit, de la mémoire et de l'imaginaire.





La composition, cet art de mettre ensemble, d'organiser les éléments du roman, constituent à l'évidence la belle part de « La cité des nuages et des oiseaux ». le récit ne respecte pas toujours l'enchainement chronologique des évènements, il débute ainsi au coeur de l'action : avec Konstance en 2147, passagère d'un vaisseau interstellaire à destination de Beta OPH 2 ; avec Zeno et Seymour en 2020, à Lakeport Idaho. Une vingtaine de chapitres sont consacrés à la petite cité étasunienne dans ce monde contemporain en perdition ; près d'une quinzaine d'autres au vaisseau Argos et au probable futur ; une bonne dizaine enfin à la Constantinople moyenâgeuse et à la guerre qu'on y mène. Dans la première partie du roman, les trois univers alternent dans le récit en donnant une place plus importante cependant au contemporain et à l'histoire. Dans la seconde, à deux exceptions près, c'est le contrepoint entre Argos et Lakeport. Ce savant dosage, avec une embardée en pleine guerre de Corée, donne de la profondeur à cette collapsologie littéraire. Il donne également de l'espoir car c'est bien de cette littérature vitale, durable dont il est question dans ces pages : celle qui toujours imagine des mondes.

Commenter  J’apprécie          112
La cité des nuages et des oiseaux

« La cité des nuages et des oiseaux » fait partie de ces romans impossibles à genrer et c’est tant mieux, pas de case précise dans laquelle le placer revient à ouvrir le champ de tous les possibles. Roman contemporain, historique, post-apocalyptique, de science-fiction, récit de voyage, « La cité des nuages et des oiseaux » condense une multitude de « genres » littéraires en un seul livre. Roman choral, il traverse les époques et les lieux, de Constantinople en 1439, à l’Argos en année de mission 65 en passant par Lakeport, tous à différentes époques. Anthony Doerr remonte le passé, le passé dans le passé, et le futur en s’appuyant habilement sur la densité de ses personnages pour ne jamais perdre son lecteur. Le roman s’ouvre sur Konstance, 14 ans, vivant dans un vaisseau spatial appelé l’Argos et géré par Sybil, une intelligence artificielle, capable de répondre à toutes les questions sur « l’ancien monde », le nôtre. « L’Argos est un vaisseau interstellaire en forme de disque. À l’intérieur, il n’y a ni fenêtres ni escaliers, ni rampes ni ascenseurs. Quatre-vingt-six personnes y vivent. Soixante sont nées à bord. Parmi les autres, vingt-trois sont assez âgées pour se souvenir de la Terre, et le père de Konstance en fait partie. » Puis, saut dans le temps, nous voilà à Constantinople où nous rencontrons Anna et sa sœur Maria, toutes deux brodeuses. À 300 kilomètres de là, Omeir, celui qui a une longue vie, est contraint de s’exiler avec sa famille, car il est né avec un bec de lièvre, signe de malheur. Puis, à nouveau, le lecteur est catapulté dans un autre lieu, Lakeport, où un professeur, Zeno, monte une pièce de théâtre avec ses élèves. Là, il va rencontrer Seymour, un garçon en colère contre les décisions des hommes et la mort d’une amie très chère. Ne pensez pas que « La cité des nuages et des oiseaux » soit une succession de tranches de vie apposées là, sans buts ni projets et qu’il n’y aucun lien entre ces personnages et leurs époques. Un texte, tiré d’un codex, les rassemble. Vingt-quatre feuillets, parfois tout juste lisibles qui racontent l’histoire d’un berger en quête d’une mystérieuse cité, « La cité des nuages et des oiseaux ».



Ce codex traverse les âges et les lieux. Il sera trouvé, perdu, retrouvé, égaré à nouveau. Ses pouvoirs sont énormes et transforment les existences de ceux qui l’ont entre leurs mains. La littérature est-elle capable de changer la destinée des hommes ? Un simple texte peut-il bouleverser les existences, les métamorphoser, offrir un moment hors du temps ? « Un reposoir, dit-il enfin. Tu connais ce mot ? Un lieu de repos. Un texte — un livre — est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l’âme a poursuivi son voyage. » Alors que les vies humaines se succèdent sur la Terre, les écrits, eux, ne s’éteignent jamais complètement, même s’ils sont aussi très souvent menacés. « Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. » « La cité des nuages et des oiseaux » est une déclaration d’amour à la littérature, et Anthony Doerr excelle à transmettre ce message : « Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut. Cela devrait suffire, tu ne crois pas ? »



D’abord assez décontenancée par la forme, notamment par le nombre de personnages, et d’époques qui se succèdent dans des chapitres relativement courts, j’ai eu un peu de mal à m’attacher à l’histoire de ses âmes. J’ai également eu des difficultés à comprendre où l’auteur voulait m’emmener, le récit étant entrecoupé de ces extraits de quelque chose qui ressemble à un conte. « Étranger, qui que tu sois, ouvre ceci et tu apprendras des choses stupéfiantes. » J’ai continué, persévéré et j’ai bien fait. Parfois, la substantifique moelle apparaît plus tardivement, et il faut se laisser le temps d’aller la débusquer en gardant son esprit ouvert et concentré. J’ai savouré les points communs de ces personnages : ils sont tous jeunes, ont tout perdu un parent, ils ont tous des liens, proches ou éloignés, avec une bibliothèque, voire une bibliothécaire, ils découvrent tous, mais de manière différente le pouvoir des mots et de la littérature. Il est fascinant de constater à quel point, comme pour Anna, « D’un jour à l’autre ou presque, les rues s’illuminent de significations.» Ce que chacun en retire diffère, mais il est offert à tous le pouvoir d’être emporté, et de rêver. Si l’on se demande encore quelle est l’importance de la littérature et pourquoi certains lisent autant de livres, il y a de grandes chances pour que certaines réponses vous soient données dans ce roman.



« La cité des nuages et des oiseaux » est une œuvre ambitieuse et relativement inclassable, ce qui la rend intemporelle, comme ce que Anthony Doerr y défend. On pourrait presque parler d’immortalité, de ces mots qui traversent les temps, tombent dans plusieurs mains, font leurs chemins dans différents esprits, nourrissent et émerveillent les Hommes. Il est de notre devoir collectif de la protéger, d’en devenir les gardiens afin que d’autres, après nous, puissent la savourer. Roman protéiforme, résolument optimiste et lumineux, « La cité des nuages et des oiseaux » ne fustige pas l’humanité (et pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent) même lorsqu’ Anthony Doerr aborde la thématique de l’écologie où beaucoup reste à accomplir. Ses espérances en l’être humain et en ses capacités sont infinies. « (…) il comprend que la vérité est infiniment plus complexe, qu’il y a de la beauté en chacun de nous, même si nous faisons partie du problème, et que faire partie du problème va de pair avec notre condition d’humains. »


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          112
La cité des nuages et des oiseaux

Voyager, rêver, imaginer et plus encore. La littérature peut faire tant de choses ! Pourvu que les chefs d'œuvre littéraires de l'humanité continuent à se transmettre, à toucher et à bouleverser !



***

𦀜omment un texte antique de Diogène a-t-il pu bouleverser la vie d'Anna au XVe siècle, de Zeno au XXIe siècle et de Konstance vivant dans un futur non-daté ?

Et je n'oublie pas Omeir et Seymour, qui évoluent en parallèle d'Anna et de Zeno, comme un binôme, dont le parcours est tout aussi lourd de sens !



☁Les destins s'entrecroisent, le tout m'emporte d'une époque à l'autre au côté de personnages bien campés. Ce livre se dévore tout du long avec beaucoup de curiosité et de plaisir !



***

Il y a quelque chose d'universel dans ce roman qui parle de transmission des mots et qui fait la part belle à l'imagination.

Il y a quelque chose de doux et d'intense dans ce roman qui transporte et demeure lorsque j'y pense après l'avoir refermé.

Commenter  J’apprécie          111
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony Doerr, c'est l'histoire de deux adolescents, Marie-Laure, une jeune française, aveugle, curieuse et sensible et Werner, jeune garçon allemand, prodige des radiocommunications, dont l'existence va être bouleversé par la Seconde guerre mondiale. L'auteur, Anthony Doerr, décrit avec précision et sensibilité les affres de l'Occupation et de l'Allemagne nazie à travers le quotidien d'une jeune fille ayant perdu très tôt la vue, ballottée de Paris à Saint-Malo et d'un orphelin du bassin minier de la Ruhr, enrégimenté comme la plupart des enfants de son âge dans les jeunesses hitlériennes puis dans la Werhmacht, le tout sur fond d'intrigue autour de la recherche d'un fabuleux diamant sans nul autre pareil.

L'enchaînement de courts chapitres, la justesse des émotions ressenties par les protagonistes, le chassé-croisé entre initiation à la résistance pour Marie-Laure et apprentissage de la radiogoniometrie dans la lutte contre les partisans pour le jeune Werner, dévoilent une lente montée en tension à mesure que les années de guerre s'écoulent.

Les quelques allers-retours temporels entre l'abandon de Paris en juin 40 au moment de la débâcle et le bombardement par les Alliés, quatre années plus tard, de l'ancienne cité corsaire, semble briser un peu l'effet crescendo, en dévoilant comme à l'avance des pans de l'intrigue finale mais en définitive, à mesure que passé et présent se rapprochent pour enfin fusionner dans les derniers chapitres du récit l'effet obtenu n'en est que plus réussi et l'intensité accrue.

Outre les deux adolescents, la personnalité du compagnon de chambrée de Werner, Frédérick, est particulièrement émouvante car celui-ci, probablement guidé par le modèle familial, est comme un oiseau qui se laisse volontairement mettre en cage et qui, lentement, dépérit sous les coups d'adolescents endoctrinés dans les Hitlerjugend.

L'écriture est belle, parfois poétique, Anthony Doerr réussi à nous imprégner de la personnalité des deux adolescents, particulièrement touchante quoique différente. Marie-Laure et Werner sont comme d'abord livrés à eux-mêmes mais dans deux directions opposées, chacun s'accrochant à ses propres ressources, à des repères qui leur permettent de garder la tête hors de l'eau tandis que le flot des évènements s'accélère avec la fin de la guerre.

Sans dévoiler la fin de l'ouvrage, celle-ci m'a laissé avec un léger sentiment d'inachevé ou d'interruption trop brutale, néanmoins on referme l'ouvrage avec un pincement au coeur.

En définitive, une très belle histoire.

Commenter  J’apprécie          110
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Ce roman faisait partie de ma PAL depuis quelques mois. Je l’en ai sorti dans le cadre du Challenge Multi-Defi 2021. La ville Saint-Malo, en Bretagne, est l’un des personnages principaux de l’histoire, avec Marie-Laure, jeune aveugle, et Werner, orphelin allemand, véritable génie des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la Wehrmacht pour briser la Résistance. L’histoire se déroule sous l’Occupation, à la Libération. La guerre va bouleverser leur existence.



« Bien plus qu’un roman sur la guerre, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est une réflexion profonde sur le destin et la condition humaine. La preuve que même les heures les plus sombres ne pourront parvenir à détruire la beauté du monde. »



Personnellement, j’ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman, le style de l’auteur. Ce livre se compose de nombreux chapitres, courts, qui s’alternent, racontant tour à tour le vie de Marie-Laure et celle de Werner. Il y a également une alternance entre les périodes occupation/libération.



Ce roman a reçu le Prix Pulitzer en 2015.

Et pour moi, c’est un coup de Coeur !
Commenter  J’apprécie          110
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

C'est le 5ème Pulitzer que je lis et j'avoue qu'à chaque fois, c'est un moment de lecture superbe! Et avec celui-là, ça ne se dément pas!

Déjà, l'époque, juste avant la 2ème Guerre Mondiale, l'Occupation et la libération. Époque que j'adore.

Ensuite, la structure du roman. De petits chapitres qui rendent le récit nerveux, dynamique, avec une certaine urgence, comme le reflet de ce qu'était le moment.

Enfin, l'histoire en elle-même. Ce fil rouge entre Marie-Laure et Werner, l'une jeune aveugle, française, qui vit avec son père à Paris. son père qui est "maître" des clefs du Muséum d'Histoire Naturelle et dont il fait le royaume de sa fille. Et Werner donc, allemand, orphelin, curieux et petit génie de la réparation, surtout des TSF.

Marie-Laure va devoir quitter Paris pour Saint-Malo à la prise de la Capitale par les Allemands. Elle va y retrouver son grand-oncle Étienne, traumatisé par la Grande Guerre de 14 et Mme Manec, la bonne de la famille, femme forte et formidable.

Werner, lui, va être détecté par un homme du Reich et l'orphelin destiné aux mines va alors voir son destin basculer en étant recruté dans une des écoles de l'élite nazie.

On vit les questionnements, les heures terribles de cette période à travers les yeux d'enfants merveilleux, qui ont l'innocence de leur âge mais surtout une vision du monde de l'humain à l'opposé de ce qui est en train de se jouer autour d'eux...

C'est beau, vraiment. Le titre est celui qu'il fallait pour annoncer cette histoire. C'est une lecture comme on peut l'aimer, qui emmène le lecteur, le transporte et des personnages qu'on aimerait rencontrer...

Le plus de ce livre, c'est qu'il a une galerie de personnages " secondaires" qui ne le sont pas tant que ça justement et qui enrichissent d'autant le récit. L'auteur y introduit même un côté suspense avec l'Océan de Flamme( vous ne saurez ce que c'est que si vous lisez le livre, je ne peux pas tout vous dire!!) qui amène encore une autre dimension...

Je recommande vivement!
Commenter  J’apprécie          110
Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Roman dévoré,

tellement scotché à ses pages, grâce un style fluide, une histoire merveilleusement bien écrite, envoutante passionnante, captivante. Oui, oui, tout cela en même temps !



Le lecteur embarque pour la seconde guerre mondiale, découvrant Paris aux premières heures de l'Occupation jusqu'à la joie de la Libération au travers de deux personnages principaux :



- Marie-Laure, française, jeune aveugle, réfugiée avec son père à Saint-Malo chez son grand-oncle,



- Werner, allemand, orphelin ayant un don pour les transmissions électromagnétiques, soldat de la Wehrmacht.



Ce roman est un chef d’œuvre.

Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anthony Doerr Voir plus

Quiz Voir plus

La place (Annie Ernaux)

De quel roman la narratrice doit-elle expliquer un passage pour les épreuves pratiques du Capes ?

Le Père Goriot
Madame Bovary

15 questions
170 lecteurs ont répondu
Thème : La place de Annie ErnauxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}