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Critiques de Arno Bertina (83)
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En procès : Une histoire du XXe siècle

20 procès pour déchiffrer le vingtième siècle. Éblouissant d’intelligence et de finesse d'écriture.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/06/25/note-de-lecture-bis-en-proces-collectif/


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Des lions comme des danseuses

Imaginons que des chefs africains se réunissent pour demander justice à la France du préjudice subi par l'exportation illicite d’œuvres d'art, Ils sont Bamileke, une ethnie camerounaise connue pour son ardeur au travail et aux affaires qu'on trouve dans l'ouest du pays,



Pour avoir rencontré un certain nombre de rois africains (vous savez, ceux que nos vieux manuels d 'histoire pour Gaulois du 20e siècle désignent, avec une moue, de « roitelets »?) je me retrouve bien dans cette rencontre avec le roi de Bangoulap et dans la façon dont se passe l'entrevue,



Ces Bamileke donc, apprenant que le Musée des Arts premiers de Paris expose des œuvres de leurs artistes, rédigent une lettre au français aussi élégamment désuet que savoureux pour réclamer, non la restitution des œuvres mais l'entrée gratuite au musée, C'est quand même un minimum ! Sinon...eh bien sinon, ils vont demander et obtenir le retour des trônes, totems et autres objets rituels au pays. Vous imaginez la suite ? Toutes les ethnies pillées du monde se manifesteraient et videraient les musées de Bogota, Lima, Mexico, Londres et tant d'autres !



Les Bamileke sont connus pour être intelligents, voire malins, On leur prête donc l'idée d'aller plus loin : obtenir la gratuité du visa (pour aller au musée, bien sûr), celle des expositions partout au monde qui montrent des objets camerounais. Et, pourquoi pas ? Également celles qui sont purement européennes puisque sans le premier homme (africain, comme on sait), il n'y aurait jamais eu ni peintres italiens, ni sculpteurs français, rien quoi.

N'est-ce pas avoir l'esprit d'escalier, tout cela ?

En fait, l'auteur imagine un monde où l'argent serait moins important que la culture, le partage et la fraternité remplaceraient le négoce et l'avidité,

Monsieur Bertina, votre tout petit mais si savoureux ouvrage, lu en novembre 2015 (130 morts à Paris) fait du bien, Merci à vous et aux éditions la Contre-Allée qui éditent de si jolis morceaux de bonheur,



NB : le titre, outre son allusion au style bien particulier des statues africaines, fait rêver d'un monde où la férocité serait transformée en grâce. Rêvons...
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Dompter la baleine

Après la mort de son papa, une petite fille est amenée à avaler une baleine. En verra-t-elle la fin ? C'est si gros, cela prend tout son temps ! Peu à peu cependant, grâce au souvenir de son papa, elle va arriver au bout de sa peine, c'est le cas de le dire...

Une histoire très sensible et émouvante sur le deuil. La "guérison" lente de l'enfant est intelligemment écrite.

Mais la métaphore de cette baleine (la tristesse, la souffrance...) n'est pas d'emblée forcément compréhensible par les enfants. Il faudra peut-être un accompagnement, une relecture.
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Énorme

Marion est une jeune fille solitaire, elle ne se sent jamais bien à sa place parmi les autres. Elle tient son journal et découvre aussi, en piratant le mot de passe de l'ordinateur familial, que son père en tient un, qu'elle n'hésite pas à lire. Et elle se rend compte que son père a aussi des sentiments, qu'il vit mal, lui aussi, son divorce, qu'il la voit, elle, Marion, d'une façon qu'elle n'aurait jamais envisagée...



Les récits du père et de la fille s'entremêlent, mélodie à 2 voix d'une adolescence en plein doute. Je n'ai pas tellement accroché au récit de la jeune fille, qui s'exprime avec des mots et des idées que je trouve un peu inadéquats pour une gamine de cet âge (14 ans), même assez mûre. Mais j'ai aimé le journal du père, qui s'accorde parfaitement avec celui de sa fille pour décrire les doutes, les questions sans réponse, le mal-être de cette période troublée de leur existence (l'adolescence pour elle, le divorce pour lui). Le concept de cette collection de romans m'a aussi beaucoup plu : des auteurs se voient remettre un paquet de photographies et doivent écrire à partir de ces dernières. La coïncidence de ces photos et du récit n'est pas toujours évidente mais j'ai aimé, cela apporte une touche supplémentaire à l'histoire.
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La Borne SOS 77

"La borne SOS 77" appartient à la collection "collatéral" des éditions Le Bec en l’air. Partant du principe que "le texte est image et l’image est un texte", cette collection croise le travail d’un photographe et celui d’un romancier. Ici le travail photographique de Ludovic Michaux est consacré aux dispositifs (pics, grillages, plots) mis en place pour empêcher les sans-abris de s’installer sur l’espace public mais aussi aux œuvres d’un SDF qui a bâti son campement Porte Maillot, près de la borne 77 du périphérique, et a créé des installations artistiques à partir d’objets glanés dans les poubelles. À partir de ces intrigants clichés, l’écrivain Arno Bertina compose un roman qui alterne les voix d’un SDF et celle d’un agent de surveillance du périph’. Le dialogue du texte et des photos est superbement abouti. Mais surtout ce livre interroge avec violence la ville, ses exclus et notre regard.
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Ceux qui trop supportent

Dans un récit empathique, l’écrivain salue l’intelligence collective des salariés de GM&S en lutte pour leur emploi depuis 201.
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L’âge de la première passe

Comme je veux écrire des récits de vie, depuis quelques temps, je vais dans un centre de réinsertion de l’association Notre Dame des sans-abris à Lyon et que je recueille, avec bien des difficultés et des hésitations, des récits de vie de ces hommes fracassés mais debout, souriant, à l’air tranquille, malgré toutes les tempêtes et les horreurs qu’ils ont traversées et qu’il traverse encore, dans les bâtiments majestueux d’un ancien couvent de franciscaines, je m’interroge sur le rôle du scribe, de l’écoutant, sur sa légitimité, sur sa place, sur sa perversité de voyeur, bref et j’entends parler du récit d’Arno Bertina, vite, dès la fin du confinement, je l’achète.

Lui, il est sur un terrain encore bien plus dangereux, plus impliquant, il est allé plusieurs fois au Congo invité par l’association ASI, Actions de solidarité internationale « une ONG modeste. Créée en 1985, ASI a peu de moyens et doit parer au plus pressé en ciblant des personnes les plus vulnérables (entre les femmes et les hommes, ce sont les femmes ; parmi elles, ce sont le plus jeunes et s’il y a des mineures, ce sont celles qui sont déjà mamans). ASI vient au secours des « filles vulnérables » que les infirmières approchent dans les lieux de prostitution. Elles leur proposent de fréquenter un foyer, dans le quartier de Tié-Tié où elles peuvent suivre des cours d’alphabétisation et des focus sur les questions de santé les concernant, ou leurs enfants qui ont moins de 5 ans, ces derniers sont pris en charge par une puéricultrice, ce qui permet aux bénéficiaires de souffler un peu dans la journée. Le déjeuner est offert aux mères comme aux enfants, ce qui leur assure au moins un repas par jour pendant la semaine, ainsi que des soins. ( …) L’ambition était celle-ci : animer un atelier d’écriture qui donnerait à ces mineurs l’occasion de parler d’elles. Car l’écriture peut écarter la honte, à moi de les aider à rejoindre leur histoire malgré la violence incrustée comme un destin auquel, à 13, 14 ans, elles commencent à croire dur comme fer. Ce serait une marque d’infamie. A 13, 14 ans, elles commencent à désespérer, et c’est poignant. Mon rôle, les aider à éclater, par l’écriture, ces concrétions qui phagocytent et paralysent l’image qu’elles ont d’elles-mêmes.»

Il précise encore « écrire pour desserrer les mâchoires de certains mots, « abandon » fait pleurer, « putain » donne envie de disparaitre). Et en débusquer d’autres, au fil des brouillons, véhicules d’un regard tout neuf sur leur histoire et leur personne, ou même leur corps.



Tendre l’oreille, observer. Essayer de tout comprendre (…)

Tendre l’oreille, essayer de tout noter, de voir -essayer- car je sais que je manquerai beaucoup de signes ou que j’interprèterai de manière biaisée ceux qui m’alertent. »

Donc, il raconte ces différents séjours à Pointe Noire au Congo dans ce foyer, dans la ville aussi où il accompagne la tournée des infirmières qui vont à la rencontre des filles sur leurs lieux de prostitution. Il raconte et il fait parler, il insère alors leurs récits de vie dans ses descriptions, des quartiers, des rencontres, dans les récits de ses voyages précédents, dans ses réflexions sur lui-même, ses complexes, sa tristesse morbide, son incapacité à garder un amour, ses interrogations constantes sur la misère en Inde, ou en France, sur les prisons.

Il s’interroge sur sa place dans cet endroit : « Quelle est ma place dans ce bordel ? Dans la désolation des terrasses ou l’agitation des rues, dans l’obscurité des cours intérieures et des chambres de passe... ? Dans la cour du foyer des filles vaillantes… apparemment, je suis invisible.»


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Des châteaux qui brûlent

Peut-on être secrétaire d’état et militant ?

Quand une usine est bloquée, que se passe-t-il ?

Nous, qui vivons ces moments de révolte, qui parle de nous ?



Un peu de bonheur, ça vous dit ?



couv16285678Je suis sortie de cette lecture avec une joie forte, un sourire entendu de la connivence. Malgré la fin « ouverte ». J’aime profondément ce livre. C’est mon premier de l’auteur, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, alors j’ai plongé de point de vue en point de vue, dans la mosaïque de cette grève. Tentant de comprendre chacun et de reconstituer le tableau de cette Générale Armoricaine (promis je ne fais pas exprès de lire des bouquins qui se passent en Bretagne, promis) avec ces milliers de poulets morts.

Pour une végétarienne ce n’est pas simple, soutenir des gens qui massacrent des animaux et broient des poussins.

Pourtant on voit dans leur propre souffrance l’impossibilité de cette vie : l’homme dont la fille affiche des posters de poussins et qui ne peut pas le tolérer m’a profondément touchée. Ils sont humains, profondément.



Alors, bien sûr, ce politicien « de gauche » pose de nombreuses questions : il est tout de même presque volontaire pour être leur détenu et les aide, sincèrement je crois. Dans ses yeux j’ai perçu la peur et l’espoir, la foi profonde dans la révolte et la fête. J’aime cet homme !



L’assistante de ce Pascal est aussi incroyable avec sa vie bancale de parisienne classique : entre les hommes et l’absence d’amour, l’engagement et l’appel du fric, le désir de pouvoir et la fatigue. Elle est saisie avec humour, elle me plaît bien cette minette !



La réflexion qu’elle est amenée à poursuivre sur Don Quichotte appuie à merveille l’aventure de son chef, tout en nous permettant de souffler en dehors de cette usine-hangar.

Le saut d’un personnage, d’un narrateur à l’autre, est très bien géré : on parvient sans problème à situer chacun et à percevoir leur liens et leurs évolutions personnelles, jusqu’à leurs déraillements. Ils sont vivants, ils déconnent, jouent et se révoltent. Chacun a son ton, sa parole, son langage plus ou moins autonome, qui fonctionnent : le contraste est bien rendu entre ces fonctionnaires de haut niveau et ces ouvriers dont la majorité n’ont pas le brevet.



Ce roman est une impro de Jazz, musique qui s’immisce dans le quotidien de l’occupation.

Elle monte comme gronde la fête (foraine ?) imminente d’un ras-le-bol total.

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Gilets jaunes, pour un nouvel horizon social

C'est un peu comme les slogans arborés par les Gilets Jaunes on trouve de tout, on retiendras l'empathie et la solidarité manifester par ces auteurs, ce qui est loin de la réalité de terrain. Voir vidéo des "Livres dans la boucle".
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Des lions comme des danseuses

Dans ce très court texte, Arno BERTINA imagine le monde de la Culture seulement quelques mois après qu’il l’ait écrit, en 2014. Entre 2016 et 2019, les évènements se précipitent : le Cameroun demande à la France la restitution des œuvres camerounaises exposées au musée du Quai Branly à Paris, arguant que ces oeuvres appartiennent au patrimoine africain et non européen. Devant le refus embarrassé (voir plus loin), réclamation pour la gratuité de l’entrée de ces mêmes musées pour les ressortissants camerounais qui ne devraient pas avoir à payer pour contempler des œuvres façonnées par leurs propres aïeuls, appartenant à leur culture. Le Cameroun va jusqu’à solliciter la gratuité des visas pour les camerounais se rendant en France dans le but de voir les œuvres exposées.



Enclenchement soudain d’un effet boule de neige, puisque de nombreux pays, surfant sur l’intérêt suscité par le sujet, réclament les mêmes droits. Pour en revenir à la France, elle est gênée aux entournures par les requêtes du Cameroun, puisque les œuvres affichées ont soit été pillées, soit échangées, soit payées illégalement, le plus souvent durant la période coloniale. Nouvelle doléance du Cameroun : il souhaite que les œuvres européennes puissent être exposées dans les musées africains pour que leurs habitants en profitent aussi. Les tractations s’annoncent ardues.



Un texte bien plus ingénieux qu’il n’y paraît au premier coup d’œil. Derrière le ton détaché, comme neutre, serti d’un humour féroce, distancié là aussi, c’est bien la Françafrique qui ressurgit, la colonisation qui refait les gros titres, la généalogie qui est scrutée (l’humain a su se mélanger et c’est tant mieux, comment peut-on aujourd’hui bâtir des frontières culturelles alors que les œuvres voyagent et s’exposent partout dans le globe ?). BERTINA tient un discours par l’absurde pour retomber avec maestria sur ses pattes et nous mettre le nez dans notre crotte : certaines œuvres majeures, véritables figures de proue de musées, ne pourraient-elles pas être réclamées par les pays d’origine, qui eux ne voient pas une seule pièce de l’argent collecté ? Ce texte aborde la gratuité dans la culture (un sujet qui fâche et divise !), mais aussi, et assez subtilement, le sort des migrants. Pourquoi, à l’instar de leurs œuvres, ne pourraient-ils pas s’implanter un peu partout dans le monde sur des terres accueillantes ? On ouvre nos portes aux arts mais bâtissons des frontières imaginaires aux humains descendants de ceux qui les ont fabriqués.



Ce texte me semble aussi être à la fois une réponse et un pied de nez au discours de Dakar de SARKOZY en 2007, quand le alors tout nouveau Président de la République Française avait déploré que l’Afrique ne fût pas entrée dans l’Histoire (sic !). Des œuvres d’art montrent le contraire sans contestation possible. Un petit texte très vite lu mais que je vous engage à parcourir d’urgence, chaque phrase pose question, lance un débat, se transforme en pavé dans la mare. C’est un vrai petit bijou de 60 pages format minuscule paru en 2015 dans la collection Fictions d’Europe des géniales Éditions de La Contre Allée. Encore !

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Des châteaux qui brûlent

Le secrétaire d'État Pascal de Montville est pris en otage par les salariés d'un abattoir. Ceux-ci espèrent éviter la fermeture de leur usine, placée en liquidation judiciaire.

Dans ce roman engagé l'écrivain Arno Bertina souligne toute la complexité de cette situation. Le récit passe par le prisme des acteurs de cette séquestration forcément médiatique.







Tour à tour le ministre, sa conseillère chargée des négociations, les salariés ou les fonctionnaires de police prennent la parole. Les forces politiques et syndicales se heurtent. L'auteur souligne également l'émergence de manœuvres souterraines pour décrédibiliser l'homme public ou l'action des salariés, dans les médias. Dans l'usine occupée, les convictions personnelles s'expriment à chaque assemblée générale mais aussi au quotidien.

Le roman se déploie sur fond de grogne sociale. Les idéaux sont en conflit avec les champs d'action, le désenchantement guette... Dans ce monde régit par les actionnaires insatiables, les notions de fatalité et d'utopie sont plus que jamais d'actualité.



Arno Bertina retrace cette occupation avec réalisme et vigueur, d'autant que l'otage n'est pas sans évoquer quelqu'un... Mais toute ressemblance avec des personnages réels ou des situations existantes ou ayant existées serait évidemment pure coïncidence, selon l'expression consacrée. L'auteur signe ici un excellent roman sous forme de fable politique.

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Des châteaux qui brûlent

Les salariés d’un abattoir de volailles destinées au Moyen-Orient refusent la liquidation judiciaire de l’entreprise et la fatalité du chômage : ils occupent l’usine. Débarque de sa propre initiative le secrétaire d’état Montville, double transparent de Montebourg. Il partage avec son modèle les grandes idées et l’absence de connaissance de la vie des vrais gens.



Dès le départ, les deux univers se cognent à la méconnaissance réciproque :
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Numéro d'écrou 362573

Rendez-vous avec les damnés. Livre actuel, lourd d'un charme réel au parfum de révolte.
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Des châteaux qui brûlent

Un ministre est pris en otage par les salariés grévistes d’un abattoir. L’écrivain se glisse dans leur tête, avec talent.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Numéro d'écrou 362573

Anissa Michalon a fait des photos de sans papiers maliens à Montreuil, fait la connaissance d'Idriss, puis de sa famille, au Mali. Idriss est mort, Il s’est suicidé après deux ans d’incarcération à Fresnes, en attente de procès. Sa famille n'en sait rien parce que "Allah ne pardonne pas ça".



Arno Bertina a écrit un court roman, d'après ces photos , transposant les faits sur divers personnages.



Idriss, dans les rues que, malgré les douleurs et la fatigue, il arpente pour ne pas se faire contrôler dans le métro. s'est fait un ami, Ahmed l'Algérien. un type un peu fou mais gentil, avec lequel parler, déambuler, rire et pleurer. mais dont il ne sait pas grand chose au final.



C'est un décor de grande misère, déambulation entre bretelles d'autoroutes, sous les yeux de JR, ménage dans les immeubles parisiens, lit partagé en alternance dans une pièce de 6 mètres carrés.



Du pays, Idriss a reçu l'argent du voyage et en échange envoie l'essentiel de ses revenus. Il leur parle au téléphone, mais depuis qu'avec son argent ils ont acheté un appareil avec haut-parleur et qu'ils sont 15 à écouter, il ne peut même plus se confier à son frère. Et sa femme , qu'il n'a connue que quelques jours, marié rap tradition , le temps de faire une petite fille qu'il n'a jamais connue, il ne sait pas quoi lui dire, il lui en veut un peu: à cause d'elle, impossible de faire sa vie ici en France.

Alors Idriss, parfois part d'un rire dément qui masque la peine, la solitude, cette vie qui n'a plus de sens.

Un seul blanc l'écoute, un homme dont il nettoie l'immeuble, un organiste iconoclaste qui transmet son message de compassion après la mort d'Ahmed par un étrange message musical, lors des obsèques d'un inconnu.



Les quelques paragraphes consacrés à l’organiste sont un peu artificiellement, posés là, presque "pour faire joli" (et c’est vrai que s'ils sont très beaux). Sinon, c’est une texte magnifique subtil, à l'écoute, hors conventions, douloureux, plein d'attention envers un être humain souffrant comme il en existe beaucoup, un texte qui envoûte et dérange.
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Des lions comme des danseuses

Le sujet des spoliations des richesses culturelles africains par les colons est traité avec humour mais donne à réfléchir
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Énorme

Marion et Sibille arrivent dans un nouveau collège, après le divorce de leurs parents et le déménagement qui s'en est suivi. Marion a du mal à communiquer avec son père, jusqu'au jour où elle tombe sur le journal intime que tient celui-ci sur son ordinateur. Comme un écho à ses propres peurs et peines, la jeune fille découvre la difficulté qu'a son père à établir avec elle une relation de mutuelle confiance, en dépit de tout l'amour qu'il a pour sa fille. Les épisodes de la vie quotidienne de Marion (qui est aussi la narratrice du livre) s'entrecroisent alors avec les réflexions de son père, dans un dialogue noué malgré eux.



L'avis de Charlotte, 16 ans : J'ai bien aimé cette façon d'écrire en s'inspirant de photos, mais les images étaient parfois hors du contexte de l'histoire.



L'avis de la rédaction : Le principe de la collection “Photo roman” : un écrivain compose une histoire à partir d’une série de photographies qui lui sont confiées et dont il ignore tout. Ici, l’histoire a été imaginée par l'auteur en collaboration avec une classe de quatrième du collège Christine de Pisan, lieu même de l'action du récit. Un texte original, qui évoque avec une grande sincérité le mal-être adolescent.
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La Borne SOS 77

Comment se débarrasser des nuisibles ? Pics sur les rebords de fenêtre contre les pigeons, produits en -cide de toutes sortes et,,,picots ou barres de béton, grilles arquées au-dessus des bouches d 'aération des sous-sols parisiens (en fer forgé, svp, on a les moyens!) etc, J'ai vu cela pour la première fois dans les années 60-70 à la station RER Nation : on avait trouvé l'architecte d'intérieur malin qui avait séparé par des arcs rouges les places pour s'asseoir sur les bancs du quai, Conclusion : plus un clochard allongé au chaud, non, on les retrouvés par terre, ou bien recroquevillés sur la dernière place du banc segmenté !



Arno Bertina est un peu jeune pour avoir vu le début des « anti-clochards », d'autant qu'il n'y a plus de clochards aujourd'hui, ces messieurs (et quelques femmes mais rares), avinés, mal fagotés, qui sentaient un peu la crasse, la vinasse et l'urine mais rigolaient fort, interpellaient les passants avec humour et entonnait parfois une chanson bien parisienne voire égrillarde, Ils ont disparu, laissant la place à tous les « sans » de notre société, les sans-logis, sans-emploi, sans-papiers, sans-amour, sans-famille, Ils sont de plus en plus jeunes, avec des femmes, des enfants, des jeunes filles, ils ne rient plus, ne chantent plus, n'interpellent plus le chaland, se contentant au mieux d'une pancarte qui dit « J'ai faim »,



Alors, finalement il a de la chance Arno Bertina, d'avoir trouvé, coincé entre périph' et bretelle d'entrée un véritable petit appartement en plein air, avec bibelots et déco, où vit un SDF, à la grâce de Dieu ou de qui voudra. Quand il brûle à côté de sa gazinière (oui, c'est presque un trois étoiles), il est tout étonné de ce que les pompiers, l'ayant soigné, le ramènent « chez lui »,

Et nous écoutons sa voix, enlacée à celle du policier chargé de la surveillance du périphérique, qui l'a repéré au coin de l'écran 9 de son PC de contrôle, Et nous regardons, ahuris, les photos presque jolies de la déco extérieure (forcément) de notre ami : on dirait un stand de vide-grenier ou un décor sorti du rêve d'un enfant, avec ses jouets et ses petits trésors,



Et nous regardons les voitures qui passent, ignorantes, les façades peintes en trompe-l’œil, juste au-dessus, où dorment des gens aux yeux fermés de jour comme de nuit, Et on se dit : mais si tous ces efforts d’imagination pour empêcher les « sans »de se mettre sous nos yeux, si tout ce temps passé, toute cette ingéniosité, tous ces crédits aussi, bref, si on mettait tout cela au service d'une recherche de solution pour que personne, au 21e siècle ne dorme dans la rue ?



Merci aux éditions du Bec en l'air qui sait magnifiquement allier texte et photos (déjà vu dans « Un si parfait jardin ») et, l'air de rien, poser les bonnes questions,



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Numéro d'écrou 362573

Le fil du récit est tendu, que ne rompt ni la promesse d'une carte de séjour, ni l'espoir d'une vie meilleure ou la délivrance de la mort [...]. Elle ne fige ni ne tranche. Au lecteur de tirer ses propres conclusions
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J'ai appris à ne pas rire du démon

Exceptionnelle fiction biographique sur Johnny Cash : 1954, 1965 et 1995 dans le regard de 3 personnages à ces moments-clé de sa vie...



Publiée en 2006, après trois premiers romans, cette "fiction biographique" d'Arno Bertina constitue un formidable hommage à Johnny Cash, tout en humour et en profondeur rageuse. Trois chapitres, trois époques, trois regards.



En 1954, à l'aube de sa carrière, l'œil sceptique d'un vendeur de bibles croisant dans un séminaire de techniques de vente au porte-à-porte le vendeur d'électroménager et musicien amateur pour cérémonies religieuses, à la réputation de fougue et d'"obscénité" déjà localement bien établie, qu'est Johnny Cash à l'époque.



"- Ce spectacle obscène, cette manière que vous avez de vous donner en spectacle, de vous agiter, vous les méthodistes. De vous agiter et de brailler comme font les Nègres ou ces jeunes qui saccagent la ville, sous prétexte de musique."



En 1965, le récit d'une terrible nuit d'incarcération pour possession de substances, à El Paso, par un policier compatissant qui est aussi un fan de la star country déjantée, croulant sous le poids des tournées insensées, totalement accro aux barbituriques et aux amphétamines, qu'est devenue Johnny Cash.



"La nuit sera longue, je me suis dit, en pensant "lourde". J'étais ému car j'aimais ce type et ses chansons, et j'étais gêné de le rencontrer comme ça. Qu'il y ait un témoin de son grelottage. J'avais honte de me présenter à lui en ayant autorité sur lui, un pouvoir, j'avais honte de ce pouvoir tout en sachant que je ne m'en servirais pas. Comme le Romain des Évangiles, j'aurais voulu le lui remettre, ce pouvoir, le déposer à ses pieds. Mais les agents qui l'ont interpellé ont déjà fait leurs rapports, la procédure est enclenchée."



En 1995, le monologue intérieur électrique de Rick Rubin, producteur majeur de rap et de heavy metal, durant les sessions d'enregistrement d' "American Recordings", la série de reprises hallucinées qui, sous son impulsion, ressuscite en apothéose planétaire, le temps d'une course à la mort, la star vieillissante, gravement malade et déchue après que deux majors successives lui aient rendu ses contrats.



"Et j'emporterai le morceau parce que je suis sûr de moi : "Ce sera le plus grand duo de tous les temps." On en parlera à peine, ça sera long, ils ne formeront pas le plus grand groupe de tous les temps parce que Cash est lancé dans une course contre la montre et Strummer, lui, sa vie est terminée. Il pourrait arrêter de vivre juste après cette chanson, sa légende est fixée. C'est un attelage de pieds nickelés, sur le papier, mais "Redemption Song" sera le plus grand duo de tous les temps. Et Marley, mort en 81, se retournera dans sa tombe en regrettant de ne pas en être autrement que nom sur le papier, crédit pour la répartition aux ayants droit via leurs avocats - juste pour la jouer ensemble, sous un arbre à papayes ou un cacaotier, exactement comme Cash pleure après ces années d'avant les succès, quand il jouait sur le devant des maisons des uns ou des autres, au crépuscule, après sa journée de représentant de commerce, guitare et contrebasse jouant, elles, après leur journée de mécanos."



Un tour de force d'écriture, à la fois poignant et sans concessions, à lire en compagnie des titres de l'Homme en Noir, évidemment.

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