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Critiques de Carl Gustav Jung (149)
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Aïon : Etudes sur la phénoménologie du soi

L'archétype du Soi constitue la clé de voûte du système jungien. Il représente la totalité à laquelle est censée conduire l'individuation. Soit, mais personne ne sait représenter, définir ou expliquer la totalité, sinon peut-être de la plus juste façon, c'est-à-dire l'apophatique. Jung ne choisit cependant pas cette voie et le symbole constituant, selon lui, la meilleure forme que puisse prendre une chose inconnue pour se faire comprendre à nous, c'est à travers les différentes occurrences de manifestation symbolique du Soi que celui-ci, par circumambulation, se laissera sinon définir, du moins approcher. L'homme ne peut que tendre vers la connaissance du Soi, sans jamais y toucher. Avec « Aïon », Jung nous propose donc différentes études sur la phénoménologie du Soi.





Les différences culturelles conditionnant les différences représentationnelles, Jung restreint volontairement son étude à l'aire du monde occidental même s'il se permet parfois des incursions dans la spiritualité orientale, supposant qu'au-delà des différences civilisationnelles, il existe un dénominateur commun plus profond – peut-être la possession et la maîtrise du langage, soit dit en passant. S'occupant donc prioritairement de notre civilisation, Jung juge que le Christ en est le maître symbole, organisateur des représentations les plus importantes des deux derniers millénaires. Ce symbole ne serait toutefois pas éternel – les spéculations qui lient la numinosité du Christ à l'ère des Poissons ne datent pas d'hier. Mais comment pouvons-nous comprendre le rapport qui a existé entre le Christ et ses multiples autres variantes symboliques ? Quelles sont les métamorphoses auxquelles doit nécessairement se soumettre un symbole, de son éclosion à sa décomposition ? Et de quelle mort s'éteint donc un symbole ? Ces questions apparaîtront éminemment empreintes de modernité.





Jung évoque la configuration dans laquelle se trouvait la matrice psychique humaine qui aurait permis à la figure du Christ d'être accueillie dans la gloire et de connaître ensuite diverses déclinaisons symboliques. Si le Christ a trouvé sa pleine numinosité dans le cadre de cette configuration mentale spécifique désignée par la prédominance de la symbolique du poisson dans l'Antiquité, notamment auprès des gnostiques, puis dans le cadre de la prédominance de la symbolique de la pierre dans l'alchimie médiévale, Jung s'interroge sur les attentes psychologiques de l'homme moderne qui présideraient à l'incarnation vivante de la numinosité christique à travers un symbole qui lui serait spécifique. Nous devons bien le reconnaître : la figure du dieu vivant décline, les hommes ont perdu la ferveur religieuse, et le sens s'éloigne jour après jour de nos existences.





« On néglige malheureusement de façon totale le fait que l'homme d'aujourd'hui est placé devant des exigences beaucoup plus grandes que celui des temps apostoliques : ce dernier n'avait aucune peine à croire à la naissance virginale du héros et du demi-dieu, et Justin pouvait encore utiliser cet argument dans son Apologie ; de même, l'idée d'un homme-dieu rédempteur n'avait rien d'inouï, (...). Mais nous ignorons tout désormais de la grâce divine qui oignait la personne des rois. Les récits merveilleux des évangiles qui entraînaient aisément la conviction des hommes de jadis seraient une pierre d'achoppement dans une biographie contemporaine, et produiraient le contraire de la foi. La nature merveilleuse et prodigieuse des dieux allait de soi dans le mythe encore vivant, et elle avait une signification toute spéciale et propre à convaincre, dans le raffinement philosophique de celui-ci. (...)

Mais pour l'homme moderne cette croyance est un mystère inaccessible ou une curiosité historique, et le plus souvent cette dernière hypothèse prévaut. L'homme de l'Antiquité ne voyait aucune énormité dans la vertu de l'eau bénite ou la métamorphose des substances, car il y avait aussi des sources médicinales dont les effets étaient incompréhensibles, et des modifications chimiques dont la nature apparaissait comme merveilleuse. »





Jung explique cet état de fait par la moindre naïveté dont serait revêtue notre civilisation par rapport à la civilisation antique quant au fait religieux. Ce désenchantement serait lié à l'attente d'une parousie qui ne s'est finalement jamais manifestée. Avec le recul, nous pouvons regretter le manque de pertinence de Jung dans ses explications – pertinence dont Freud, pourtant, témoignait déjà dans « Malaise dans la civilisation » : si le symbole maître régulateur des autres symboles et des relations des hommes entre eux et avec le divin n'a plus de poids, ce n'est pas en raison de sa dégradation substantielle mais bien plutôt à cause de la pulsion de mort qui, parfois, triomphe des forces de vie, et s'incarne dans certaines nouvelles formes de discours comme force de déliaison. Jung émet pour sa part l'hypothèse que le symbole pourrait être devenu obsolète, comme une voiture diesel à l'heure des restrictions dites écologiques, et qu'il ne flatterait plus ce nouveau penchant, apparu chez l'homme de la période industrielle, pour la découverte de nouveautés se succédant à des vitesses toujours plus effrénées sur le marché. En quelque sorte, l'homme moderne serait déçu par le mauvais produit christique : satisfait ou remboursé. le remboursement, en matière de choses religieuses, se produit de la sorte : l'homme renie inconsciemment la divinité en se créant de nouveaux symboles d'idolâtrie. Evidemment, ceux-ci ne durent pas, puisqu'ils sont profanes et qu'ils s'alignent donc sur l'inconstance des passions humaines, mais ils peuvent se renouveler très rapidement, et leur manque de consistance peut ainsi être dissimulée.





« Mais comme le Christ ne réapparaissait pas, une certaine régression ne manqua pas de se produire. Lorsqu'un tel espoir faiblit et qu'une attente exacerbée est déçue, la libido réintègre nécessairement l'homme, et la conscience de lui-même augmente par l'intensification de ses processus spirituels personnels, c'est-à-dire qu'il passe progressivement jusqu'au centre de son champ de conscience. Il s'établit alors, d'un côté, une certaine séparation de la sphère pneumatique, de l'autre, une certaine approche du domaine de l'ombre. Corrélativement, la conscience morale s'aiguise et parallèlement, le sentiment de la rédemption se relativise. »





Jung explique encore la déliquescence du catholicisme par le refoulement de son ombre – concept appliqué donc indifféremment aussi bien aux hommes qu'à la religion sans tisser le rapport qui relie les deux entités. Contrairement aux idées gnostiques qui reconnaissaient l'existence d'un mauvais démiurge pour jouir de la vie d'une certaine façon, la dogmatique chrétienne aurait selon Jung « contourné le problème » en parlant de la privatio boni, doctrine selon laquelle le mal n'existerait pas en tant que tel mais ne serait qu'une privation de bien. Jung s'insurge contre ce qu'il considère être comme une mutilation du Soi. La force maléfique n'en disparaîtrait pas pour autant, elle serait simplement rejetée ailleurs, par exemple sur la figure de l'Antéchrist. Lorsque la conscience refuse d'accorder de l'attention aux formations de l'inconscient, celles-ci ne cessent de trouver des moyens de plus en plus insistants et de plus en plus totalitaires pour se faire connaître. En voulant se préserver de l'aspect irrationnel qui caractérise l'inconscient, en refusant d'accueillir ses faiblesses, ses manquements et ses défauts, la religion chrétienne aurait exacerbé les forces de l'ombre. Nous remarquons toujours que Jung parle de cette religion comme d'un fait autonome qui serait pourtant structurellement établi sur le modèle humain. Il n'est ainsi ni psychanalyste (car il parlerait des hommes qui ont fait le discours religieux) ni théologien (car il supposerait alors que Dieu, qui n'est pas qu'une unité relative comme l'est l'homme, agit peut-être selon des mobiles et en vertu de fins dont la connaissance et la compréhension nous sont inaccessibles).





« Si un fait intérieur n'est pas rendu conscient, il se présente de l'extérieur, comme destin. Autrement dit, si l'individu demeure monolithique et ne devient pas conscient de son opposition interne, il est probable que l'univers devra figurer le conflit et être scindé en deux. »





Jung estime donc que la religion chrétienne, si elle veut toujours figurer dans les meilleures ventes sur le marché de la spiritualité, doit permettre au symbole christique de se rabibocher avec l'ombre, the dark side of the soul. Les hommes modernes ne voudraient plus de la perfection (mais qui a jamais cru que le Dieu chrétien était parfait ?), ils veulent désormais de la totalité, comme le laisserait bientôt présager la vitalité croissante du New Age avec ses idées-bonbons vite mangées, mal digérées. La conjonction des opposés, la voie du tiers inclus, le neti-neti – idées déjà toutes suggérées dans la Bible, mais sans doute pas assez explicitement, sans doute plus assez spectaculairement pour l'homme moderne. Il faut du clinquant, un combat apparent entre les forces du bien et du mal. Heureusement, Star Wars allait bientôt être créé mais en attendant, il fallait bien exprimer le besoin ressenti par quelques-uns de représenter cet affrontement. Besoin qui tient peut-être moins de la spiritualité que de la simple jouissance à voir le mal et le bien faire semblant de s'affronter. L'ombre n'étant pas intégrée, le Diable reflue sur terre, nous dit Jung, et il prend pour cette apparition les apparences les plus fourbes pour que les hommes, insouciants, le confondent avec le bien.





« Il [le Diable] est d'autant plus redoutable qu'on sait moins le reconnaître. Mais qui pourrait le soupçonner sous des noms aussi bien sonnants que prospérité générale, sécurité de l'existence, paix des peuples, etc ? Il se camoufle sous les idéalismes et sous tous les -ismes dont le pire est le doctrinarisme, cette manifestation la moins spirituelle de toutes les manifestations de l'esprit. »





L'ombre provoquerait donc la domination du Diable sous la figure du faux bien. Ce sont les bonnes intentions des « belles âmes ». le Christ ayant déjà beaucoup dit et montré à propos de ça, rien n'est besoin de rajouter ou de soustraire.





Cet essai, bien qu'il se propose comme une analyse extrêmement érudite, fouillée et originale des sources du christianisme, interroge par ses raccourcis et étranges condensations de l'homme au Christ/christianisme et du Christ/christianisme à l'homme. Parlant du Christ, il nous semble parfois que Jung ne parle que de l'homme, mais qu'il ne le sache pas lui-même. Finalement, ce n'est pas le Christ qui a besoin d'être updaté mais l'homme à qui il profiterait peut-être de prendre du recul sur certaines formes calcifiées de discours et sur certaines pensées-réflexes qui le dispensent de toute réflexion circonstanciée.


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L'analyse des visions : Le séminaire de 1930-..

A propos de Jung, Lacan écrivit : « Jung disait la vérité. C’était même son tort – il ne disait que ça. » Au début, je ne comprenais pas. Allez donc, ne sommes-nous pas tous lancés à la recherche de cette foutue vérité qui ne ressemble à rien, n’est-ce pas pour cela que nous venons nous ébattre dans les eaux fangeuses de la culture, voire, pour les plus naïfs d’entre nous, du grand savouère ? Allons donc, me disais-je, me comprenant à demi-mot. C’est en parcourant cet ouvrage, récemment (2018) traduit en français, que je commençai à comprendre ce que pouvait être un mec qui en sait un peu trop sur la vérité (la trop-toute).





Que contiennent les 1357 pages de cet illustre ouvrage ?

Entre 1930 et 1934, Jung tint une série de conférences devant son parterre d’admirateurs – bien souvent d’anciens analysants devenus analystes ou des analysants du moment – en se donnant pour but d’étudier les visions d’une ancienne patiente, Christiana Morgan. Jung s’était livré avec elle à un jeu semi-érotique : le jeu de l’imagination créatrice. Il s’agit de récolter le max possible de rêves, visions, intuitions et autres petites choses de la pensée pour les amplifier par l’interprétation symbolique, l’expression artistique et la mise en récit. On s’amuse en quelque sorte à créer son mythe personnel en repérant les visions fantasques dont on attribue le surgissement au jeu de l’inconscient. Jung se sert de tout ce petit travail pour initier devant ses fans une réflexion sur l’individuation et ses manifestations psychologiques. Le fil conducteur est le suivant : que peut-on savoir du chemin d’individuation de la patiente en analysant le travail de son imagination créatrice ?





Le plus d’un millier des foutues pages qui constituent ce livre constitue une retranscription de cette série de conférences, réalisée par une auditrice, et révisée par Jung. Après la révision, il annonça : ne publiez pas ça. Mais pourquoi donc ? Certes, le ton qu’il adopte ici est bien éloigné de l’approche prudente et sage qui est la sienne dans ses ouvrages officiels, mais n’est-ce pas cocasse justement de le voir s’orner d’un entonnoir sur la tête ? Parfois, c’est un peu n’importe quoi. Pas tout le temps, non ! La plupart du temps, c’est même très bien. Mais de temps en temps, comme un point de ponctuation mal gaulé, l’édifice vacille. Jung laisse libre cours à sa fantaisie, à l’improvisation et au rafistolage qu’impose la nécessité de discourir dans une langue qui n’est pas la sienne (l’anglais). L’envie de se faire comprendre de tous l’oblige également à en rajouter une double couche de ce qui ressemble parfois (mais pas toujours) à de la connerie. Pire encore, le besoin de faire rire dans la salle avec des histoires beaucoup plus longues qu’elles ne sont drôles. On parlait de Lacan, mais parlons-en encore, lui qui disait que l’errance c’était justement ça : devoir se faire comprendre par des cons.





D’une certaine façon, avec son public hébété, Jung se livre au processus de l’amplification tel qu’il nous en bassine dans ses livres. Prenez une chose banale et parlez-en jusqu’à ce que, au moment où vous croyez ne plus pouvoir rien en dire, vous basculiez dans le plus grand délire. Il se peut qu’une demi-heure s’écoule ainsi, à traiter du symbolisme du taureau cambré, en déclinant toutes les occurrences dans les différentes civilisations, à différentes périodes, dans différentes œuvres, en fonction de la race du taureau et de la couleur de ses yeux. Mortellement emmerdant mais, comme nous le rappelle une des brillantes préfacières de cet ouvrage, à cette époque le « savoir » était une chose rare et la vérité coûtait beaucoup plus cher qu’aujourd’hui. Les auditeurs de Jung venaient s’abreuver à lui comme à une source vive de savoir, lui posant mille petites questions stupides et absorbant toutes les réponses sans le moindre esprit critique.





Pas étonnant qu’à l’heure où nous découvrons cette retranscription, Jung finisse par nous sortir par les trous de balle. Ça nous emmerde bien de lire sur cinq pages la signification symbolique du soleil levant, et tout ce genre de petites choses. On a l’impression que ce n’est pas extraordinaire et on ne sait pas autour de quel pot on tourne. C’est de la psychanalyse, ça ? On sait bien que non, mais je veux dire : est-ce au moins de la psychologie ? On a parfois l’impression que Jung profite de son statut de maître du savoir pour engourdir la cervelle de ses potes dans une compote de pommes pourries. On le surprend parfois à poser des petites devinettes à ses spectateurs qui s’empressent de lever le doigt pour prendre la parole avant de se faire remballer parce que forcément, ils n’avaient pas la bonne réponse, c’est-à-dire pas celle à laquelle pensait Jung. Pour l’individuation de Christiana Morgan, c’est la même chose. Jung pense savoir ce qu’elle devrait être, comment elle devrait se dérouler, et où elle devrait aller. Il n’hésite pas à critiquer certaines de ses visions lorsqu’elles ne respectent pas le joli et puissant symbolisme de la croissance psychologique. On observe au passage la plus totale possession de Jung par ce qu’il appelle de ses propres mots « l’anima ». Pas inintéressant.





Mais cessons là avant que 1357 pages supplémentaires sur le sujet ne voient le jour. Ce séminaire mérite le détour pour observer le discours spontané de Jung. Non pas le discours mesuré qui est le sien dans ses ouvrages mais le discours vivant qu’il administre à ses apôtres en guise de succédané de vérité. Pas inintéressant, je vous l’ai dit.

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Ma vie

Une biographie écrite en collaboration étroite avec Jung, qui était, pour moi en tous les cas, un très grand bonhomme, bien davantage que Freud, car il me semble qu'il a appliqué à lui-même le but de tout travail sur soi.

Il s'agit de développement personnel et d'accéder à une forme de sagesse, quelle qu'elle soit.

Et Jung, sans aucun doute, est arrivé à ce stade.

A lire pour ceux qui s'intéressent à la psychologie et à la psychanalyse.
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L'âme et la vie

J'ai trouvé que ce livre est tout à fait abordable pour celles et ceux qui veulent découvrir les quelques bases de la psychologie jungienne. Cet ouvrage est composé de plusieurs textes tirés des meilleures oeuvres de Jung qui ont été classés par thème. L'analyse qu'entreprend l'auteur sur l'âme humaine tend à démontrer
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L'homme et ses symboles

Un livre bien iconographié. Jung n'en a écrit qu'une petite partie, le reste a été écrit par des collaboratuers qu'il avait choisi juste avant sa mort dans le but de vulgariser ses idée malgré sa farouche opposition initiale. Cet ouvrage est donc destiné au "lecteur moyen". Très interessant pour découvrir l'univers jungien, celui du rêve, de l'animus et l'anima.
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Ma vie

Carl Gustav Jung (1875-1961) a écrit cette immense autobiographie quatre ans avant son décès. Psychiatre très célèbre (et contesté par certains), il a d'abord été proche de S. Freud avant de s'en éloigner définitivement, en raison de mésententes personnelles, de divergences théoriques et d'un conflit de caractères. Il y a quelques décennies, j'ai lu intégralement "Ma vie". Cette fois, je me suis contenté d'en relire quelques chapitres, entre autres celui consacré à ses relations avec Freud et aussi celui concernant la vie après la mort.



Parvenu à un âge avancé, C.-G. Jung décrit ici avec précision les étapes de sa vie personnelle et de sa carrière professionnelle. Il ne marque pas de séparation nette entre ses conceptions fondant la psychologie analytique (dont il fut le créateur) et ses propres expériences vécues – y compris ses rêves. Certes, Freud était passé par une "auto-analyse" (si ce terme a un sens). Mais Jung est allé plus loin dans son implication personnelle. C'est très sensible à la lecture de cet ouvrage.



L'auteur apparait comme un homme sympathique et intelligent, mais aussi éloigné de tout dogmatisme et ouvert à toutes les idées. Là encore il s'est distingué de Freud. Celui-ci, dans la seconde partie de sa vie, a développé des idées originales sur les comportements sociaux collectifs, mais il ne s'est jamais beaucoup éloigné de "l'orthodoxie" psychanalytique. Au contraire, Jung a osé aller plus loin dans l'exploration de concepts variés et généraux. On lui doit des concepts comme ceux d'archétype et d'inconscient collectif (par exemple); il s'est intéressé à la mythologie, à la religion et aussi à d'autres sujets bien plus exotiques; le chapitre de "Ma vie" où il passe en revue ses rapports oniriques avec les morts est aussi emblématique.



C.-G. Jung a fait preuve de pragmatisme et d'une grande créativité. Son audace me parait stimulante mais (je l'avoue) pas forcément convaincante; je précise bien que ceci n'est que mon avis personnel.

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Essai d'exploration de l'inconscient

Dernier livre d'une longue liste bibliographique, celui-là représente une synthèse de tous les précédents pimentée par un testament marquant. Je m'essaie à un bref résumé du résumé.



L'homme ne perçoit jamais rien pleinement. Il peut voir, entendre, toucher, goûter, mais de façon très limitée. Il a besoin d'outils scientifiques pour pouvoir percevoir des choses trop petites, trop grandes, trop éloignées, trop faibles ou trop subtiles pour ses sens primaires : jumelles, amplificateur électrique, etc. Cette perception consciente limitée par nos sens comporte des aspects inconscients : il y a des événements dont nous n'avons pas pris note consciemment mais que notre inconscient a bien enregistré, subliminalement, à notre insu. Ces événements reviennent dans notre esprit conscient via une intuition, une réflexion profonde, une pensée secondaire, un rêve ou des agissements car l'inconscient influe nos actes quotidiennement.

Les idées, images et sons sont relégués à notre inconscient quand on ne leur accorde plus d'intérêt, plus d'énergie affective, plus d'attention consciente.

L'inconscient est une puissance qui influe nos actes conscients de manière de moins en moins visible chez l'homme moderne. Alors que la volonté de l'homme primitif se heurtait aux superstitions, aux peurs et aux obstacles invisibles, celle de l'homme moderne semble ne se heurter à rien. Il est tout à fait capable de traduire ses volontés en actes à tel point qu'il pense être maître de lui-même et ne dépendre d'aucune puissance autre que celle de sa volonté et de sa conscience. “Vouloir c'est pouvoir” non ? Eh bien non, pas vraiment, pas si on fait preuve d'un minimum d'introspection, pas si on est incapable de dominer nos humeurs et nos émotions. Nos dieux et démons intérieurs n'ont pas disparu, ils ont juste changé de nom : alcoolisme, tabagisme, hyper-médicalisation, abus de pilules, alimentation impulsive et excessive, somnambulisme, oublis, lapsus, humeurs, inquiétude, appréhensions, problèmes psychologiques, névroses, tics, etc.



Concernant les rêves : il existe des symboles oniriques typiques et fréquents chez les gens : rêver de chute, de vol, d'être poursuivi par des hommes hostiles ou des animaux sauvages, d'être nu ou ridiculement vêtu en milieu public, d'être pressé, perdu dans la foule, en combat avec des armes inutilisables ou sans défense, en train de courir sans arriver nulle part, de devenir très grand ou très petit (pour les enfants surtout), etc. Dans tous les cas, une bonne interprétation du rêve doit se faire avec intelligence, avec minutie, en ne négligeant aucun détail, en gardant à l'esprit leur charge affective et en usant de beaucoup d'intuition. Car c'est l'intuition qui dit au rêveur quand son interprétation est bonne. Il “sent” quand le message a été saisi, compris, quand les symboles ont bien été révélés. A ce sujet, les objets inanimés coopèrent souvent avec l'inconscient dans la fabrication de symboles : les pendules qui s'arrêtent, les miroirs qui se brisent, les tableaux qui tombent quand leur propriétaire décède par exemple.

Il y a cependant un tas de symboles qui ne sont pas produits par notre inconscient et qui sont le bagage historique qui nous a été transmis par nos ancêtres primitifs et avec lequel on vient au monde. Ce type de contenu onirique a été baptisé par Freud “les résidus archaïques” alias “les archétypes” pour Jung. Cet héritage est en chaque humain, cultivé ou analphabète, intelligent ou stupide. Ce contenu historique est le lien entre le monde rationnel objectif et le monde de l'instinct.

Les rêves nous disent quand notre conscience est influencée par les préjugés, les erreurs, les fantasmes, les désirs puérils. Ils nous alertent quand notre vie devient artificielle et éloignée de l'instinct, de la vérité, de la nature. Mais leur fonction est moins de nous faire la morale que de rétablir notre équilibre psychologique, combler les manquements de notre conscience, nous dire les choses vitales que notre conscience ne nous dit pas. Il compense les déficiences de personnalité et peut avertir du danger d'une démarche, montrer un événement de façon prémonitoire, pour avertir ou pour annoncer. Ils sont parfois inspirés d'une attention bienveillante, parfois pas.



Pour finir, C.G. Jung boucle sa doctrine en se faisant très critique sur le conservatisme inné de l'homme moderne face à la psychologie, le refoulement de son intérieur, la peur profonde et superstitieuse de l'inconnu et de la nouveauté. C'est très caractéristique des sociétés modernes rationnelles qui ont dressé des frontières psychologiques solides entre la conscience objective et les racines primitives de l'humain logées dans l'inconscient. Elles rejettent tout ce que le bon sens ne parvient pas à expliquer, et s'éloignent du même coup toujours un peu plus de l'instinct. L'homme moderne est tellement préoccupé par ses pensées conscientes qu'il a oublié de se demander ce que son inconscient pense de lui. Il pense encore que la conscience est Raison et que l'inconscience est Déraison. S'il s'agissait d'une autre science, ce concept serait pris pour ridicule : Les microbes seraient-ils Raison ou Déraison ? L'inconscient est un phénomène tout aussi naturel, sérieux et aussi digne d'attention que les microbes. Il n'est ni stupide ni dénué de sens, il est même intéressant et intriguant. Il contient tous les aspects de la nature humaine : le bien et le mal, la lumière et l'ombre, la beauté et la laideur, la profondeur et la sottise. Un homme qui n'a jamais regardé un microbe au microscope n'est pas crédible. de la même façon, les hommes qui n'ont jamais approché l'inconscient ne peuvent rien en dire de pertinent. Et pourtant le monde voit l'inconscient comme un dépôt à ordures morales, un amas de bêtises indigne d'attention.

Avec tous les signaux et symboles oniriques qui s'élèvent toutes les nuits des dormeurs de la planète, on reste indifférent et désintéressés. Pourquoi personne ne veut les déchiffrer ? Sans doute parce que ce domaine a peu à voir avec les problèmes de ce monde : la vente et l'achat. Mais le sens de la vie et le désir du coeur humain ne se trouve pas dans la possession d'un compte bancaire. On est en plus à une époque où les sciences étudient la nature sous toutes ses dimensions, à l'exception du psychisme de l'homme. Pourquoi ?
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Synchronicité et Paracelsica

alchimie et synchronicité
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Types psychologiques

Ce livre montre tout le génie de Jung et sa formidable intuition.

Il est passionnant pour celui qui s'intéresse à la dynamique des rapports entre conscient et inconscient.

Jung illustre et accompagne sa réflexion à partir de nombreux textes et écrivains historiques (Kant, ...)

Le livre est difficile à lire pour les néophytes.
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L'homme et ses symboles

Un excellent point d’entrée dans la psychologie Jungienne. Chacun des concepts essentiels sont présentés et expliqués en détail, permettant d’avoir une bonne vue d’ensemble de ce qu’est l’inconscient et de son rapport avec le conscient. Si certains essais dans ce recueil s’étendent sur trop de pages, le tout demeure compréhensible et aucun des auteurs qui figurent dans cet ouvrage ne s’éloigne de l’angle vulgarisateur qui est à la base de cet ouvrage.
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L'âme et la vie

Le matin et le printemps, ainsi que le soir et l’automne de la vie ne sont pas des expressions uniquement sentimentales ; ce sont des vérités psychologiques ; plus encore ce sont des réalités physiologiques.
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Ma vie

Autobiographie très dense et pour cause, Jung a eu une vie riche et d'incessantes recherches l'ont menées vers de profondes découvertes. C'est l'ouvrage de Jean-François Vezina "Les hazards nécessaires" (sur la synchronicité) qui m'ont menée à lire "Ma vie" de Jung. Et l'un comme l'autre sont difficiles à aborder pour les non initiés comme moi à la psychologie. Il faut savoir que lire "Ma vie" de Jung sans avoir les connaissances de son travail (ou au moins une grande partie) peut décourager. Mais alors, je vous renverrai à l'ouvrage de Pennac, "Comme un roman", pour vous rappeler que vous avez le droit de sauter des pages.
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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or

les mandalas selon jung
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Sur l'interprétation des rêves

Qui ne connaît pas le grand psychiatre Carl Gustav Jung? Un incontournable qui a beaucoup fait évoluer la recherche!

Mais que savez-vous de ses travaux?

Personnellement, j’avais déjà lu beaucoup de « morceaux »/« extraits » de ses travaux, mais encore jamais un livre entier aussi captivant et enrichissant que celui-ci.



Tiré d’un séminaire d’études sur les rêves chez les enfants, ce livre regroupe, de manière cohérente, l’essentiel sur le sujet.



Divisé en plusieurs parties, l’ouvrage décrit ce qu’est l’interprétation des rêves, son Histoire à travers les temps et met les découvertes en lumière et en exemple au travers de l’étude d’un cas.



C’est un livre qui m’a captivée! Le langage est formel/soutenu et se prête totalement au contexte et au niveau du psychiatre. Son contenu m’est apparu suffisant pour avoir de bonnes bases de compréhension et susciter l’envie de se renseigner sur l’évolution des recherches sur le sujet.
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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or



Un livre qui n'est absolument pas un livre pratique, vous n'en tirerez rien sur ce plan.



Il ne décrit pas spécifiquement ce qu'il aborde, il n'est pas un manuel.



Il s'agit effectivement de commentaires et de contextualisation sur la vision orientale et singulièrement chinoise de... tout. De tout ce qui est. Les mandalas et le Yi King sont à l'honneur. Et Jung nous invite, occidentaux, à ne pas singer les sages orientaux, mais au contraire, d'être fier de notre scientificité qui a tout son intérêt et sa grandeur et à de faire place, intégrer d'une certaine manière, la sagesse orientale tout en nuances et en subtilités parfois impossible d'appréhender pour des cerveaux trop pensants.



Bref, c'est plus un livre qui donne une impulsion, une invite à s'ouvrir. Rien de plus, rien de moins.





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Sur l'interprétation des rêves

Jung est érudit, et nous le montre à foison dans ces pages. Que dire d'un tel livre... Jung nous livre sa façon, sa méthode d'interpréter les rêves, fortes de la compréhension des anciennes interprétations, ou des interprétations des anciens. Il étaye ainsi ses concepts classiques, anima, animus, archétype. L'interprétation ayant autant affaire à quelque chose de transcendant ou d'englobant qu'à un individu. Même si les rêves sont idiosyncratiques pour les détails. Même si les détails n'en sont pas toujours, ou sont plus que des détails. Allez, savoir, le fin fond de l'histoire.

La forme est une addition de séminaires où Jung convoque d'anciens personnages célèbres (pour lui) et grands rêveurs. Il discute ensuite avec ses disciples et dit sa vérité.

Il y a ensuite quelques présentations par d'autres personnes très intelligentes d'autres expériences de rêveurs. Avec toujours le final cut à Jung.

Ces analyses de rêves de personnes du passé, afin de comprendre le regard des anciens sur les rêves m'ont paru plutôt lourdingues. A moins d'être passionné, d'y entrer là) comme dans une sorte d'enquête policière, c'est lourd. Et au final, on peut avoir l'impression que tout est possiblement dans tout et qu'on peut toujours trouver quelque chose à dire, ou à redire. Sauf qu'évidemment Jung est celui qui sait, et qu'il faut toujours le croire lui. Impression sectaire.

Bref, pour moi ce livre est une ode à Jung et à son intelligence brillante, mais en soi, je ne vois pas ce que je vais en tirer, pour moi, pour ma pratique. Que je ne savais pas déjà. Parce que des auteurs pareils ont tellement été décortiqués, dits, pensés, machouillés, recrachés avec le noyau ou sans le noyau qu'ils sont eux-mêmes des mythes. Et les mythes on en fait et fera ce qu'on veut.

J'ai perdu ma rigueur au fond du trou de cul de ma soeur, comme disait personne. J'ai dû rêver. Facile.

Bonne lecture. 
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Essai d'exploration de l'inconscient

J’ai toujours été plus Jungien que Freudien, cela ne m’empêche pas de lire les deux. Cet essai est une formidable mine d’informations, et surtout il est étonnamment clair. Car à l’époque le but était de se faire comprendre par ses pairs et non pas par le premier venu, attention, ce n’est pas non plus de la vulgarisation.

Tout le monde, avec une petite base en psychologie, peu se servir du livre pour explorer son propre inconscient, au moins tout le monde a pu c’est vrai que la psychologie et la psychanalyse ont bien évolué depuis mais certains principes fondamentaux n’ont pas changé. C’est le premier des livres de Jung que je termine, il m’a plu et je ne lui ai pas trouvé de point négatif. Je n’ai pas mis la note maximale car ce n’est pas non plus un coup de cœur, ça n’a pas changé ma vision du monde, aucune révélation, bref, je l’ai pris comme un livre important sur le sujet pas comme une parole d’évangile.

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Ma vie

Une belle biographie sur un homme hors du commun, sa vie mais surtout son propre inconscient abordé directement ; l'approche sur l'alchimie et les mandalas, la rencontre avec Freud sont très éclairantes.

La lecture est relativement facile pour un non spécialiste et on traverse le début du 20è siècle comme dans un roman.

la dernière partie est moins évidente en ce qu'elle porte sur ses interrogations.

A lire pour aborder Jung sans la difficulté de ses autres livres.
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Psychologie de l'inconscient

J'ai approché mes yeux des pages de ce livre dont je ne connaissais que le nom de l'auteur, mû par une force a priori obscure et intrigante. C'est donc avec curiosité mais aussi appréhension que je me suis lancé dans la découverte d'un auteur que je ne connaissais que de nom et d'une science (molle il faut le dire !) à laquelle jamais je ne fus réellement confronté.



En parcourant les pages, une intuition, une idée, émerge tout à coup du plus profond de mon esprit : - je suis ici, à la bibliothèque, assis à une table au milieu du rayon "Grec" et accompagné d'Euripide, Aristophane et tous leurs compères dionysiaques, en train de lire cet ouvrage dans le but désormais avoué de réaliser ma propre thérapie.



Rapidement je me rends compte du danger : projeter sur moi-même les névroses qui sont relatées. Après une cinquantaine de pages j’étais en effet passé – les noms qui suivent sont directement prélevés dans la myriade qui naît de mon imagination car se souvenir de tous les noms de ces pathologies équivaut presque, en termes de difficulté, à soigner son yorkshire atteint de troubles de la personnalité – de schizo paranoïde, à l’inadapté infantile à la victime de spasmophilie (ce dont je souffre véritablement, selon mon dernier dialogue avec ma psy, avant que je ne rompe le contact). J’ai donc décidé bien courageusement de me méfier d’une introjection de ces pathologies à ma pauvre personne qui souffre déjà assez.



Cette tentative d’auto-thérapie s’avérant être en réalité plus nuisible que profitable, je me dis que cette lecture servirait tout de même à rassasier ma curiosité sur cette science RELATIVE (je le redis car certains semblent ne pas comprendre et pourtant : « Tout ce qui est humain est relatif » p. 135 de ce présent ouvrage (Livre de Poche). Ainsi convient-il de l’appréhender de la même manière que toute science humaine. Bref !



Le livre présente tout d’abord des théories a priori exclusives, reposant sur un procédé exclusif de réduction causale, et décomposant la névrose « en ses constituants, réminiscences et motivations instinctuelles et impulsives ». Après avoir présenté leurs limites respectives, il tente de les concilier dans une théorie inclusive globale. Lorsque les symboles oniriques commencent à provenir de la deuxième couche de l’inconscient (supra-individuel, ou collectif), cela ne marche plus et il se lance dans l’explication de la notion d’archétypes, ces vestiges légués par nos aïeuls.



En gros, ce livre est une claque : vocabulaire simple pour une très bonne introduction à l’œuvre de ce grand psychanalyste mais aussi grand érudit (lisez et constatez).

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Ma vie

A siroter longtemps, longtemps...

peut-être faut-il toute une vie...
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