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Critiques de Carl Gustav Jung (149)
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Ma vie

Aux détours d'une recherche se rapportant à l'écrivain allemand Hermann Hesse, j'ai découvert qu'il avait été le patient du célèbre psychiatre Jung dans les années 20. Faire la connaissance de ce scientifique de renommée mondiale, s'imposait sans tarder !



Carl Gustav Jung voit le jour en Suisse alémanique en 1875. Les absences répétées de sa maman, à la santé fragile, sont en partie palliées par une tante quadragénaire qui s'occupe du jeune enfant. Il se rappelle surtout de la présence auprès de lui d'une servante dont la beauté deviendra plus tard un des aspects de son anima.



Bien que fils d'un pasteur luthérien le petit Carl Gustav peine à trouver une relation positive avec le ''Seigneur Jésus'', sans doute la conséquence du premier rêve qu'il se souvienne : la représentation d'un dieu souterrain et ithyphallique.



La découverte de son moi durant sa première année de collège entraîne un dédoublement de sa personnalité : le fils obéissant à ses parents cohabite maintenant avec un être qui a tout d'un adulte méfiant et loin du monde des humains.

Persuadé d'être habité d'un sentiment d'autorité morale, Carl Gustav se laisse peu à peu gagner par le scepticisme face aux incohérences du dogme et de la pensée théologique.



Étudiant en médecine et féru de philosophie, il choisit finalement une discipline au point de confluence de ses deux passions : la psychiatrie.



Ce rapide résumé couvre les vingt premières années de Carl Gustav Jung. Cette longue partie introductive de son autobiographie “Ma Vie”, aide à comprendre la personnalité du praticien, à mesurer l'étendue de sa culture générale.



Dans un souci de vulgarisation, Jung détaille plusieurs cas cliniques (névrose, psychose, schizophrénie, catatonie...) sur lesquels il travaille durant ses premières années de psychiatre.

A ses yeux, le professionnel de santé ne doit pas se contenter de comprendre “l'histoire” du malade mais il est tout aussi important qu'il se comprenne lui-même : “Au fond, nous ne découvrons chez le malade mental rien de neuf et d'inconnu ; nous rencontrons la base même de notre propre nature”.



Commence en 1910, une décennie où Jung est sans cesse à l'écoute de son inconscient, des images intérieures. Il interprète systématiquement ses rêves sous forme de mandalas, un long processus qui peu à peu lui permet d'acquérir une représentation vivante de Soi.

Une décennie supplémentaire lui est nécessaire pour comprendre dans les grandes lignes les contenus de ses imaginations, pour élaborer les concepts d'Inconscient Collectif et d'Archétype qui forment la base de sa théorie sur la Psychologie Analytique.





L'âme humaine est un puits sans fonds et l'axe Vienne-Zurich est incontestablement la région du monde où sa profondeur est la plus étudiée en ce début du XXe siècle. Un temps cordiaux, les rapports deviennent peu à peu distants entre Freud et Jung, ce dernier jugeant le champ d'analyse du père fondateur de la psychanalyse trop étriqué.

Je serais bien en peine si je devais comparer les travaux respectifs de ces deux sommités mais je me permets quand même de vous dire combien j'ai trouvé cette autobiographie de Jung passionnante de bout en bout.

Un index de plus de 70 pages renvoie à tous les mots-clés de ''Ma vie'' et fait de cet ouvrage une mine d'informations précieuses sur des thématiques variées.

D'une incroyable richesse intellectuelle mais néanmoins écrit dans un style abordable et vivant, ce livre donne vraiment l'impression d'être incontournable !

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Psychologie de l'inconscient

L’autre jour j’ai fait un drôle de cauchemar



Bah voilà, je suis dans un bois en Suisse, bon ouais c'est chelou mais je sais que je suis en Suisse... mais je sais pas ce que je fous là par contre, et j’aperçois une marmotte un peu salope sur la démarche et le maquillage... quand elle me voit, elle se met à cavaler vers moi avec les yeux de la bite… mais c’est quoi ces conneries que je me panique un peu, tout tétanisé dans mes draps endormis, je peux pas bouger une roubignole, du coup pas farouche la bestiole elle se retrouve à portée de voix :



« Baise moi, baise moi qu’elle marmotte… je peux te faire des trucs…plein de trucs de marmotte, allez laisse toi faire… »



Et moi je veux pas bordel, c’est une marmotte putain, du coup, je me fous sur mes appuis et je lui bottine sa tronche…





Et je me réveille…





Vous vous dites que ce rêve n’ a aucun sens…. quéquette ouais, il est bourré de sens justement, essayons d’interpréter le message de mon inconscient :



J’avais plus de Nesquick et j’ai oublié d’aller en acheter la veille, en plus ce moi-ci je suis un peu dans le rouge niveau thune, mes caprices de luxe m’ont couté un découvert, ma nana me harcèle pour que lui chatouille un peu sa libido débordante, je me cache, je rentre tard, j’ai peur qu’elle me choppe dans un coin, et avec la gosse je dors moins depuis trop longtemps moi qui marmottait week end et jours fériés….



La suisse est la capitale du chocolat et du fric, pas de fric pas de chocolat, d’ou mon oubli d’aller en acheter… la marmotte, quand elle n’emballe pas le chocolat, elle roupille beaucoup, elle symbolise le sommeil que je n’ai plus et qui me manque, mais pourquoi elle est un peu salope, bah vu que je dors avec ma nana qui dégouline d’envie à mon égard, le sein est vite fait :



« T’es plus une salope maintenant, t’es une maman… » et les marmottes rassurent les enfants….





Jung c’est le gars qui te fait kifer tes putains de névroses, justifié par ton inconscient qui dans l’ombre végète sa folie, ta folie, ton animalité, ton immoralité, ton irrationalité, ton instinct primitif emprisonné dans ta conscience morale, ta vertu… Mais tu ignores le monstre qui roupille et qui hante tes songes de mille sens, dont tu n’as pas idée, les contraires s’attirent, se complètent puis se détestent… l’interprétation des rêves donne le sens caché du néant qui nous habite…



L’inconscient et la boite de pandore…



Pour notre équilibre, pour nous libérer il nous faudrait être capable d’apprivoiser la bête qui se tête dans la complexité de ton être, mais qui es tu vraiment sous cette jupe un peu bandante? sous ce sourire espiègle ? cette timidité fragile ? cette impulsivité pleine de colère ?



Freud pense que les névroses viennent toutes de l’EROS, Adler de la toute puissance, Jung développe une autre théories qui englobe de façon générale les deux autres et bien d’autres encore, d’une complexité qui me force à admettre que je suis une burne devant le jargon employé, un début prometteur, puis je sombre dans l’incompréhension des archétypes, de l’inconscience collective, l’énergie des contraires, la libido et j’en passe…



Un bouquin accessible qui se complique un peu pour les néophytes du genre qui nous réflexionne la gueule de manière passionnante que l’on adhère ou pas à la psychologie… Surtout que l'on peut donner n'importe quel sens à n'importe quoi du moment que l'on est convaincue et convaincant... parce que je n'ai jamais fait ce rêve...



A plus les copains
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Le Livre Rouge

Le Livre Rouge a failli ne jamais être publié. Jung voulait le garder pour lui seul car cette oeuvre ne ressemblait à aucune de ses autres productions qui, bien que toujours profondément originales et dérangeantes, ne dérogeaient jamais à la règle de l'argumentation rationnelle et rigoureuse. Dans le Livre Rouge, Jung écrit avant tout pour lui-même et on découvre ses idées sous un nouveau jour. C'est comme si vous rencontriez quelqu'un que vous avez l'habitude de croiser tous les jours au boulot un soir d'été, dans un coin abandonné, avec une bouteille de vin pour rendre les idées plus colorées, décousues et authentiques. Au lieu de l'entendre parler de ce qui se passe dans le monde, vous l'entendriez enfin parler de ce qui se passe dans son monde.





Toute pensée est la ruine d'un sourire, écrivait Cioran. Il fallait bien qu'un raz-de-marée le submerge pour que Jung prenne le risque d'une création aussi personnelle où l'individuel répond à l'universel, à moins que ce ne soit le contraire.





« J'étais alors dans ma quarantième année et avais obtenu tout ce que j'avais souhaité. J'avais obtenu célébrité, puissance, richesse, savoir et tous les bonheurs humains. C'est alors que mon désir de voir ces biens se multiplier s'arrêta net ; ce souhait fut relégué au second plan et l'horreur m'envahit. La vision des flots diluviens s'empara de moi et je sentis l'esprit des profondeurs, mais je ne le compris pas. »





Dans le Livre Rouge, c'est son mythe personnel que Jung écrit. C'est un mythe qui emprunte à beaucoup d'autres histoires universelles de l'humanité mais ses éléments s'hypostasient sur la scène de sa conscience. On retrouvera des personnages archétypiques tels que Salomé, Philémon, le Serpent ou le Magicien. Leurs figures sont aussi changeantes que le paradigme qui gouverne l'âme de Jung au moment où il écrit. Leurs traits se délacent et s'enlacent sous d'autres apparences, sous l'influence du jeu toujours obscur des relations entre le conscient et l'inconscient – inconscient dont on ne peut rien savoir mais qui se laisse deviner à travers ses manifestations.





Ce travail d'écriture a été accompagné par un autre travail créatif que Jung a découvert par l'intermédiaire des patients schizophrènes dont il avait la charge. En effet, certains d'entre eux se livraient spontanément à la création spontanée de dessins dont les motifs symboliques rappelèrent à Jung l'expression du mandala. Dans les traditions chamanique et orientales, le mandala sert de support de méditation ; il permet de canaliser sa conscience sur des motifs dont la progression semble évoquer celle de l'individuation à la recherche du Soi. Se pourrait-il que le mandala soit une tentative créatrice de mener cette quête ? de revenir aux origines transfigurées par le chemin parcouru ? C'est avec prudence que Jung commit son premier mandala en 1916 avant d'en faire de nombreux autres, qui sont réunis dans la version luxueuse du Livre Rouge (quelques-uns sont aussi présents dans la version de poche). le parcours de création de ces mandalas soutient le parcours symbolique des rencontres de Jung avec les figures de son âme.





Il faut forcément connaître un peu l'oeuvre de Jung pour partir à l'aventure de ce Livre Rouge sous peine de ne pas en saisir toutes les subtilités. Ici, l'oeuvre et la vie s'entremêlent d'une façon dérobée. Les motifs conceptuels se devinent derrière les phrases poétiques, derrière les rêves, derrières les mythes, derrière les réflexions gnostiques. le Livre Rouge éclaircit la démarche de Jung. Ce qu'il préconise dans ses écrits, ce qu'il semble recommander à son lecteur, il l'a d'abord vécu lui-même, dans le face-à-face des années de solitude et de dépression. On a souvent dit que Freud avait lui-même mené son auto-analyse mais Jung n'en a pas fait moins, sous une forme différente, inventant par-là une approche originale de la rencontre du conscient et de l'inconscient.





« [Moi] : Je sens qu'il faut que je te parle. Pourquoi ne me laisses-tu pas dormir alors que je suis fatigué ? Je sens que c'est toi qui me déranges. Qu'est-ce qui t'incite à me maintenir éveillé ?

[Ame] : Il n'est pas l'heure pour toi de dormir, mais celle de veiller et de préparer, au cours d'un travail nocturne, des choses importantes. La grande oeuvre commence.

[Moi] : Quelle grande oeuvre ?

[Ame] : L'oeuvre qui doit être accomplie maintenant. C'est une oeuvre vaste et difficile. Pas le temps de dormir si, pendant la journée, tu ne trouves pas le temps de t'occuper de cette oeuvre.

[Moi] : Mais je ne savais pas que pareille chose était en marche.

[Ame] : Mais tu aurais dû t'en rendre compte puisque cela fait longtemps que je trouble ton sommeil. Cela fait longtemps que tu es trop inconscient. A présent, il te faut accéder à un échelon de conscience supérieur. »





Jung s'était intéressé à « Aurora Consurgens » que Thomas d'Aquin, ce grand théologien qui souhaitait réunir la foi et la raison, avait écrit à la fin de sa vie. Il s'y était intéressé pour des raisons essentiellement psychologiques, parce que ce texte dérogeait à tous les autres écrits de Thomas et parce qu'il remettait même en question son attitude éminemment rationnelle et consciente. L'Aurora aurait constitué un exutoire compensatoire à l'attitude unilatérale de Thomas d'Aquin. Jung et sa condisciple, Marie-Louise von Franz, avaient émis l'hypothèse que cette écriture l'aurait sauvé, contrebalançant une attitude trop intellectuelle, rongée par les limites de la logique, en provoquant une décharge des énergies bloquées par l'étroitesse de la conscience. Et si le Livre Rouge avait eu la même puissance compensatoire pour Carl Gustav Jung ? Si, dans ses textes officiels, il sait se montrer rigoureux et méthodique, il a réussi à laisser s'exprimer sa tendance la plus hermétique et la plus poétique dans ce Livre Rouge, permettant ainsi de libérer son âme des tendances qu'il rejetait peut-être pour la publication de ses écrits officiels et qui l'emprisonnaient dans un rôle qui n'était que celui que revendiquait sa conscience.


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Métamorphoses de l'âme et ses symboles

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas tenter de résumer cette "contribution à la science de l'âme", comme le dit si bien l'auteur lui-même dans sa conclusion. Ce livre est bien trop foisonnant de contenu pour que cela ait un sens !



Sur la base d'un cahier publié par une poétesse, Miss Miller, qui fait part de ses fantaisies (rêves éveilles, rêveries, poèmes, ...) et des associations qui en découlent, Jung déroule dans les Métamorphoses de l'âme et ses symboles une analyse psychanalytique de la personne, en recontextualisant en fonction des grands mythes, poètes, textes religieux, abordés par la poétesse ou non. Pour cela, il fait appel à des disciplines aussi variées que la linguistique, la philosophie, la psychologie, la littérature, la philologie, les mythologies grecque, asiatique, hindoue, esquimau, ... (car la mythologie est une description symbolique du monde à portée universelle).



Ce livre n'est pas un essai sur la psychanalyse des profondeurs, il en démontre son essence.



Il y est donc assez peu question de théorie. Ce livre revêt la forme d'une étude des mythes et des religions, mettant en évidence leurs rapprochements symboliques, mais aussi syntaxiques, historiques, de leurs formes étonnement proches (déroulement et étapes), et bien sur et surtout, de leur interprétation psychologique. Et c'est sur cette unité de formes et de symboles que Jung fonde à la fois l'origine et la justification de la psychologie jungienne, et de sa composante si récriminée (Freud notamment n'était pas tendre sur ce sujet) de l'inconscient collectif. Ces mythes, poèmes, symboles sont des éléments de référence car ils sont universels, c'est leur forme seule qui change en fonction de la société et de l'époque dans lesquelles ils s'inscrivent.





En découvrant cet ouvrage abondamment illustré, chacun retrouvera au détour d'un détail sur un monstre, un dieu ou un héros quelque chose qui le touchera profondément, qui est une vérité pour lui. Se reconnaître dans son individualité, au travers d'arguments collectifs, qui ne se limitent ni a une époque, ni à une culture, fait se sentir tout petit au milieu d'un grand tout dans lequel nous avons notre place. La psychologie de Jung, pour moi, en quelque sorte, parle d'un intime universel, intime dans la façon dont il nous est personnel, universel car existant partout et tout le temps.



Ce livre fleuve incroyablement riche nous fait voyager dans le temps, l'espace et l'essence sacrée de la psyché humaine.Je ne crois pas qu'il soit possible de le lire et de l'intégrer en une fois, il y a trop de matériaux, trop de connexions. En revanche, le lecteur à l'esprit ouvert y apprendra quantité de choses, et pourra se réjouir des relectures qui seront nécessaires non pas à épuiser le sujet, mais à commencer à découvrir la vraie richesse de cet ouvrage !
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Essai d'exploration de l'inconscient

J’ai fait un petit junging au pays des rêves, dans l’inconscient boudé par l’homme moderne enfermé dans sa raison formaté par ses préjugés, sans réflexion sur le pourquoi du MOI…



Et puis crevé par peu de répit d’un enfant de moins deux ans, j’ai songé dans les profondeurs de mon âne et de mon esprit, habité par un inconnu, qui quoi qu’on en crois pas, te raconte des tas de trucs sur un tas de merdes qui te peuplent la tête à ton insu… parfois inné et primitif, collé à ton Toi depuis l’époque primitive, mais souvent personnel, suivant ton environnement, ton éducation et ta vie de branlos…



Il blablate sur les symboles, les archétypes, et plein de machins, il parle de son pote Freud qui n’était Plus vraiment son pote et il évoque Nietzsche… bref le gars vulgarise son oeuvre à travers cet Ouvrage qui donna raison à quelques unes de mes petites réflexions sur le sujet, puisque j’aime Interpréter mes rêves, genre tout seul dans ma tête sans intervention extérieure…



Me voilà endormi sur ma main engourdi

reposant sur mon coude attabler à mes rêves

Les yeux fermés salivant du bout des lèvres

Je m’enfonce paisiblement dans ce monde insoumis

A toute raison et logique d’un homme sain d’esprit



Rêves Rêve ouvre toi et raconte moi mon histoire….



Me voilà bien assis au bord d’une rivière,

Ou je tiens dans ma main une canne à paresse

Et ma ligne qui dérive dans les courants incompris

Et mon bouchon qui s’enfonce dans les profondeurs du mépris

Emportant avec lui mon désir inassouvi



Il n’y a plus de sens, là ou tout se mélange

Dans ce tourbillon infernal d’un esprit perverti

Par cet inconscience troublante la journée endormie

Mais qui donne tout son sens au Toi qui t’habite

Depuis for longtemps dans ton Moi si étrange



Alors perdu dans mes songes incessants

Ou les chimères oniriques se mélangent et dansent

Dans une déferlante inconsciente d’une conscience assouvi

Qui par tant folie veut revenir à la vie

Alors dans un élan serein ou un cri dans la nuit



L’homme se réveille dans l’oubli onirique

D’une envie qui se presse au bout du fusil

Alors à moitié endormi et au pied de son lit

Il s’empresse aux chiottes pour cracher son pipi…



A plus les copains…
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Ma vie

Ce n’est pas dans ce livre qu’on trouvera des anecdotes de tabloïds. La vie et l’œuvre de C. G. Jung sont inséparables et à la fin de sa carrière, tout vieillard (et sage) qu’il est, il revient sur ses pas pour essayer de comprendre la façon dont sa vie a été modelée par la quête qu’il devait mener : la quête de l’inconscient.





Son enfance fut l’âge d’un affrontement entre sa personnalité 1, active, efficace et présente, et sa personnalité 2, irréaliste, passive, médiévale et faustienne. « Il me fallait manifestement attendre et voir ce qui se produirait ». Le secret de cet affrontement ne fut jamais dilapidé et répandu par monts et par vaux, à tort et à travers, contrairement à ce que fit ce pauvre Nietzsche, bien trop naïf pour comprendre la honte qu’il assenait à ses semblables lorsqu’il essayait de leur communiquer son secret.





« Nietzsche n’avait découvert son numéro 2 que plus tard, après le milieu de son existence, tandis que je connaissais le mien depuis ma jeunesse. Nietzsche a parlé naïvement et inconsidérément de cet arrheton, de ce secret, comme si tout était dans l’ordre des choses normales. Mais moi, j’avais su très tôt que l’on fait ainsi de mauvaises expériences. […]

Son malentendu morbide, pensais-je, avait été de livrer le numéro 2, avec une naïveté et un manque de réserve excessifs, dans un monde totalement ignorant de pareilles choses et incapable de les comprendre. Il était animé de l’espérance enfantine qu’il rencontrerait des hommes qui pourraient éprouver son extase et comprendre « la transmutation de toutes les valeurs ». »





Le secret de chacun est une préfiguration du Soi, cet archétype de la totalité qui donne aussi un sens à la vie. La névrose résulte d’une mauvaise accommodation ou d’un refoulement de cette quête, à l’arrière-plan des préoccupations quotidiennes et triviales, qui ne peuvent pas suffire à nourrir une âme.





C. G. Jung eut la révélation du cheminement qu’il devait effectuer en découvrant la psychanalyse. Bien avant cette rencontre, il connaissait déjà la nature du contenu de son âme, au moins par intuition, mais n’avait pas encore pu la projeter sur une discipline ou un projet concret. C’est le début de l’œuvre de C. G. Jung. La tâche qu’il s’assigna, en rapport avec son secret, fut de chercher tout dans la réalité de la psyché au moyen de la dialectique avec son anima. Pour l’enrichir, il ne négligea aucune expérience et ne brida jamais sa curiosité. Ses voyages en Afrique, en Inde et en Italie enrichirent sa vision du monde et le laissèrent serein quant à l’assurance du projet qu’il devait mener. Rien ne pouvait le détourner de sa voie. C. G. Jung était un inconvertissable, au sens où l’entend René Guénon :





« D’une façon tout à fait générale, nous pouvons dire que quiconque a conscience de l’unité des traditions, que ce soit par une compréhension simplement théorique ou à plus forte raison par une réalisation effective, est nécessairement, par là même, «inconvertissable» à quoi que ce soit; il est d’ailleurs le seul qui le soit véritablement, les autres pouvant toujours, à cet égard, être plus ou moins à la merci des circonstances contingentes. »





Ainsi, même si l’Inde le fascine, C. G. Jung reconnaît la nécessité de rester à sa place. Modeste celui qui n’essaie pas de dévorer toutes les spiritualités qui passent à sa portée. Les voies sont nombreuses mais C. G. Jung ne se disperse pas et reste fidèle toute sa vie à son secret, évitant ainsi de tomber dans une schizophrénie de tous les plaisirs, de toutes les expériences.





« J’aurais eu l’impression de commettre un vol si j’avais tenté d’être instruit par les « saints » et d’accepter, pour moi, leur vérité. Leur sagesse est à eux, et à moi n’appartient que ce qui provient de moi-même. »





A travers cette vie, C. G. Jung nous donne la confirmation qu’il n’était pas dogmatique, pas imbu de lui-même, qu’il ne se gaussait ni de théorie toute faite, ni d’un dogme réducteur. Il éclaire le contenu de ses œuvres et nous instruit de notions d’alchimie, d’histoire, de spiritualité et de symbolique, au hasard des anecdotes d’une vie enrichie par l’inconscient, nourrie par les symboles et transfigurée par la quête du Soi.





Si C. G. Jung ne s’est pas écroulé là où tant d’hommes vacillent, c’est parce qu’il n’a jamais cédé au cynisme qui nie le sens de la vie, et parce qu’il n’a jamais tendu l’oreille pour écouter le chant enivrant mais corrupteur des sirènes. Ce qui n’aurait pu être qu’une existence monotone parmi tant d’autres est ainsi devenu une création au sens plein du terme. Il suffit que C. G. Jung en ait été pleinement convaincu pour que cela soit vrai.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Avant de parvenir à la dialectique du Moi et de l’inconscient, foutons à la poubelle la persona. La première étape que nous devons franchir est celle de la distinction entre le Moi et ce masque que nous revêtons à chaque fois que nous devons survivre aux épreuves de la vie sociale. Jung définit la persona comme étant « le masque d'un assujettissement général du comportement à la coercition de la psyché collective». Le surpassement de cette épreuve nécessite de comprendre la différence qu’il existe entre l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. Nous partons de cette simple petite remarque, que chacun a pu ressentir un jour ou l’autre dans une sorte d’ « inquiétante étrangeté » : « L’inconscient semble détenir des éléments autres que les simples acquisitions de la vie personnelle » avant d’expliquer, à une autre échelle, les similitudes qui existent entre les différentes civilisations et systèmes religieux. L’inconscient collectif irrigue les individus et nourrit leurs constructions à la manière d’un champ morphique. « C'est cet état de choses qui explique, par exemple, le fait que l'inconscient des races et des peuples les plus éloignés les uns des autres présente des analogies, des correspondances remarquables, analogies qui se manifestent entre autres dans le phénomène, déjà souvent mis en évidence, de la concordance extraordinaire des formes et des thèmes mythiques autochtones, sous les latitudes les plus diverses. »





Cette première étape de différenciation est importante mais ce n’est pas celle qui retient le plus l’attention de Jung. Lorsque la persona est tombée, il faut s’attaquer à l’anima. L’anima, voilà ce qui intéresse Jung !





L’anima est inconsciente, mystique, introvertie. Dans Ma vie, Jung parlait de sa jeunesse qu’il avait sentie partagée entre deux personnalités : la personnalité A, extravertie, curieuse et sociale, et la personnalité B, renfermée, introvertie et intellectuelle. Cette expérience aura certainement encouragé Jung à développer cette étrange dualité qu’il a très tôt sentie en lui pour lui donner le nom d’anima. S’il est possible de liquider rapidement la persona sitôt les mondanités terminées, l’anima se montrera plus coriace à surmonter. Alors que la persona est en grande partie consciente, l’anima est inconsciente et se fait facilement passer pour la partie la plus authentique de nous-mêmes. Elle est celle qu’on pense être notre personnalité profonde, notre petit secret dorloté au plus profond de notre être… un gros bluff !





L’individu qui reste trop loin de son anima risque de mal la connaître. La prenant pour ce qu’elle n’est pas, il deviendra névrosé. Il imagine que son Moi revendique les ambitions vilipendées par la société ou l’entourage ou qu’il se caractérise par les jugements rapides que les autres émettent à son sujet sans y penser vraiment. L’individu a cru entendre son anima parler à travers une cloison mais parce qu’il n’a pas le temps, parce qu’il n’est pas assez courageux ou parce qu’il ne voit pas la cloison, il n’approche pas son oreille pour vérifier que celle-ci ne l’a pas trompé. L’anima est délaissée, personne ne l’écoute, ou personne ne l’écoute bien. Elle sanglote et rend l’individu morose, déprimé, névrosé. C’est ce stade qu’il faut dépasser, et c’est pour cela que Jung propose de converser dans sa Dialectique du moi et de l’inconscient. Encore une fois, si on a luMa vie, on se souviendra de la période dépressive traversée par Jung au cours de sa carrière : au lieu de fuir sa dépression dans le travail ou la distraction, il l’avait prise à bras-le-corps et lui avait fait subir un interrogatoire : qui es-tu ? que veux-tu de moi ? que fais-tu en moi ?





« Poser la question [à l’anima] sur [un] mode personnel a un gros avantage : ainsi, en effet, la personnalité de l’anima se trouve reconnue et acceptée et une relation entre le Moi et l’anima devient possible. […]"





Il faut élever ce dialogue avec l’anima à la hauteur d’une véritable dialectique. Chacun, on le sait, a la particularité et aussi l’aptitude de pouvoir converser avec lui-même. Chaque fois qu’un être se trouve plongé dans un dilemme angoissant, il s’adresse, tout haut ou tout bas, à lui-même la question (qui d’autre pourrait-il donc interroger ?) : « Que dois-je faire ? » ; et il se donne même (ou qui donc la lui donne en dehors de lui ?) la réponse. »





Pour rendre cette méthode plus concrète, Jung cite cet exemple de dialectique entre un homme dépressif et son anima :

« Lorsqu’une dépression s’emparera de lui, il ne devra plus s’astreindre soit à travailler, soit à telle ou telle contrainte pour oublier et fuir, il devra au contraire accepter sa dépression et, en quelque sorte, lui donner la parole. […] Ce n’est ni une faiblesse, ni un relâchement sans consistance, c’est au contraire une tâche difficile qui exige le grand effort de conserver son objectivité en dépit des séductions du caprice : on transforme ainsi l’humeur en objet observable, au lieu de la laisser s’emparer du sujet qu’elle domine. Le malade aura à faire en sorte que son état d’âme dialogue avec lui : son humeur devra lui révéler et lui préciser comment et de quoi elle est faite, et en fonction de quelles analogies fantasmatiques on pourrait tenter de la cerner et de la décrire. »





Non dogmatique comme toujours, Jung rappelle cependant qu’il n’existe pas une seule méthode qui serait universellement efficace. De même, l’anima ne donne pas une réponse unique et durable. A chacun de l’explorer personnellement. En d’autres termes, Jung propose une approche qui doit se montrer à chaque fois originale. En renouant avec son anima, l’état névrotique s’éloigne. On peut presque dire que cette méthode mobilise toute notre capacité d’attendrissement. Il faudrait se reculer, regarder l’anima, la bercer du regard et la questionner sans animosité. Il ne suffira pas d’une seule conversation qu’on mène à l’arrache sans considération pour son interlocuteur. La dialectique n’est pas un interrogatoire de justice biaisé qui doit conduire à la condamnation sans appel mais doit plutôt s’envisager comme une suite longue et progressive de dialogues nocturnes, menés loin de l’agitation extérieure, pour découvrir qui est cet étrange squatteur avec qui on cohabite depuis des années dans le silence et la méfiance.





Cependant, nous devons rester sur nos gardes. L’anima, dans la mesure où elle est inconsciente, peut devenir un adversaire redoutable au cours de la conversation. Elle peut nous berner pour se venger des longues années de silence auxquelles nous l’avons contrainte, nous faisant par exemple croire que nous avons réussi à la mater et que nous sommes parvenus à un niveau de conscience supérieur. C’est le phénomène de l’inflation. Le Moi croira ainsi connaître tous les petits secrets bien cachés de l’Univers. Jung parle alors de personnalité-mana :





« La composante mana de la personnalité est une des dominantes de l’inconscient collectif, l’archétype bien connu de l’homme fort, qui s’est manifesté à travers toute la vie de l’humanité sous les multiples aspects du héros, du chef, du magicien, du medicine-man, du saint, du souverain, qui règne sur les hommes et les esprits, du roi, de l’ami de Dieu. »





Jung va plus loin que Nietzsche et son Zarathoustra, que tous les grands prophètes et initiateurs qui se sont laissés griser par la connaissance acquise –comme si une connaissance ne pouvait jamais être fausse !





« La connaissance plus approfondie, le rapprochement cohérent d'éléments précédemment séparés et dissociés de soi-même, l'impression d'avoir ainsi, semble-t-il, surmonté le conflit moral, donnent à une certaine catégorie de sujets un sentiment de supériorité pour lequel le terme de "ressemblance à Dieu" ne semble pas excessif. »





Liquider la persona, reconnaître l’anima et ne pas se laisser griser par la mana : telles sont les étapes que devra surmonter l’individu pour dépecer son Moi de tous les parasites encombrants, scories d’une vie sociale mouvante et souvent contradictoire. La raison de l’existence de ces entités semble un peu rapidement éludée, mais il ne relève sans doute pas de notre fonction de les expliquer (à la limite, ce serait peut-être une tâche qui plairait à celui qui a confondu son Moi avec la mana). Peu importe, gardons cette problématique sous le coude pour une prochaine réflexion. Une fois que ces étapes ont été franchies (Jung n’affirme pas qu’un être humain a déjà réussi cet exploit, on ne saura d’ailleurs pas si cette ambition est réaliste), le Moi peut alors s’acheminer tranquillement vers le Soi, version psychanalytique de l’Absolu.





« Ainsi le Soi est aussi le but de la vie, car il est l'expression la plus complète des combinaisons du destin que l'on appelle un individu ; et non pas seulement le but de la vie d'un être individuel, mais aussi de tout un groupe au sein duquel l'un complète l'autre en vue d'une image et d'un résultat plus complets. »





Il semblerait donc que le Soi n’attende pas qu’on se prenne la tête avec nos névroses, ni qu’on cherche le pouvoir absolu par la maîtrise d’un quelconque savoir illusoire : le Moi peut se rapprocher le plus possible du Soi à condition qu’il s’accepte comme une donnée provisoire et contingente. Il va falloir faire avec ce joujou dans cette vie, sans mater la vie des autres pour voir comment ils se débrouillent, sans rester matériellement attaché aux expériences vécues et aux expériences à venir. Quasi-ode à l’insignifiance qui laisse toutefois un peu sceptique car, après tout, Jung s’est peut-être laissé prendre lui aussi au piège d’une mana margouline, avide de connaissances, rusant pour faire croire qu’elle snobe le pouvoir et qu’elle est autre chose qu’une mana distrayante. Et si ce n’est pas le cas, Jung peut-il prétendre être le philosophe de génie que nous attendons tous, à chaque génération ?





« ... seul est philosophe de génie celui qui parvient à élever une vision primitive, qui n'est qu'un déroulement naturel, à la dignité d'une idée abstraite, et à en créer un patrimoine conscient de la collectivité des hommes. C'est en promouvant cette élaboration qu'il oeuvre de façon personnelle ; et c'est dans cette élaboration individuelle de son esprit que réside la valeur personnelle qu'il peut légitimement se reconnaître, sans basculer dans une inflation. »





Au-delà de l’inconscient collectif et de la mana, on ne peut pas affirmer qu’il n’y ait rien. Mais si ces trois stades nous permettent déjà de nous dépouiller et d’avancer, alors ils sont suffisants. La suite au prochain épisode.
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L'Homme à la découverte de son âme

Pour Jung, l’homme qui part à la découverte de son âme, c’est un peu comme Jonas qui se fait bouffer par la baleine. Au début, il se dit DAMNED, j’aurais mieux fait de rester tranquille, et il morfle. Il paraît que c’est nécessaire. Depuis que le christianisme s’est instauré avec son homme sur la croix, on imagine toujours qu’il faut qu’il y ait quelque chose qui paie pour le bonheur (enfin, c’est approximatif) du reste.





« On ne se sent pas tout à fait à son aise tant qu’on ne s’est pas rencontré avec soi-même, tant qu’on ne s’est pas heurté à soi-même ; si l’on n’a pas été en butte à des difficultés intérieures, on demeure à sa propre surface ; lorsqu’un être entre en collision avec lui-même, il en éprouve, après-coup, une impression salutaire qui lui procure du bien-être. »





Si vous lisez bien vous comprendrez qu’en fait, la baleine n’est pas une baleine, ce qui s’explique très naturellement par le petit guide des projections appliquées, que vous trouverez également à l’intérieur de l’ouvrage. On parle en langage symbolique bordel, décollez de terre cinq minutes voulez-vous.





« Ou nous connaissons notre ombre ou nous ne la connaissons pas ; dans ce dernier cas, nous avons fréquemment un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, dont nous le chargeons gratuitement, qui la détient à nos yeux comme si c’était la sienne, et auquel en incombe l’entière responsabilité […] »





On peut tuer le monstre avant de s’être laissé bouffer par lui, et on est content. Enfin, bof. Le mieux, comme l’avait dit Jonas, c’est quand même de se laisser bouffer par le monstre et de le trucider de l’intérieur, après être remonté le long de sa caverne pleine de remugles.





« Lorsque le personnage englouti est un héros authentique, il parvient jusque dans l’estomac du monstre [...]. Là, il s’efforce, avec les débris de son esquif, de rompre les parois stomacales. […] Puis, il allume un feu dans l’intérieur du monstre et cherche à atteindre un organe vital, le cœur ou le foie, qu’il tranche de son épée. […] Il ne quitte pas seul la baleine, à l’intérieur de laquelle il a retrouvé ses parents décédés, ses esprits ancestraux, et aussi les troupeaux qui étaient le bien de sa famille. Le héros les ramène tous à la lumière ; c’est pour tous un rétablissement, un renouvellement parfait de la nature »





C’est que le Jonas n’avait pas oublié la part de crevette qui dormait en lui dans la partie sympathique de son système nerveux, en cohabitation pacifique avec le saurien de la moelle épinière. Mais parce que la plupart d’entre nous ne vit que dans la couche supérieure de sa psyché, nous sommes « tels des êtres pétris seulement de conscience, ressemblant à ces angelots dont la corporalité est réduite à une tête et à deux ailes, comme si le restant de notre corps et de notre organisme psychique était inexistant, alors qu’en réalité il est seulement tabou ».





Ce que Jung veut dire, c’est que c’est pas la peine d’aller vraiment se faire buter par une baleine ou par un dragon. On peut communiquer avec la part inconsciente de son âme en observant les rêves, en analysant les phénomènes d’association, ou plein d’autres trucs encore qui seront précisés ici. Le mal comme le bien seront intégrés afin de redevenir enfant, pas comme le trentenaire mal dégrossi qui se pose devant ses séries tous les soirs avec des fraises tagadas. Celui-là ne fait qu’attendre son heure, c’est tout.





« L’être, en grandissant, oublie le secret de la totalité enfantine, de l’enfant qui sait laisser vivre en lui tout un monde sans le paralyser de réflexions, de jugements, de condamnations »





Que dire de plus ? C’est tout.

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Le Livre Rouge

Resté secret pendant presque 100 ans, enfin accessible à tous, dans son format original, le Livre Rouge est un grand livre calligraphié, enluminé et illustré, de la main de Jung. De 1913 à 1930, Jung a travaillé à ce livre, qui est la matrice de son œuvre future. Il lui a fallu d’innombrables heures de travail pour écrire le texte original, le recopier à l’encre de Chine, en écriture gothique, l’enluminer de lettrines et de cabochons, insérer entre les pages des gouaches.



Avant cette publication, à peine une vingtaine de personnes au monde, en près d’un siècle, avaient posé les yeux sur les pages intérieures du Livre Rouge de Jung !



Entre textes calligraphiés, images, peintures, mandalas et une richesse étonnante de personnages de l’imagination, de la mythologie et de la culture, Liber Novus, raconte l'histoire d'un homme qui a perdu son âme et part à sa recherche. Les différents chapitres sont conçus selon un plan particulier : ils commencent par l’exposition de fantasmes visuels, dans lesquels le "moi" de Jung rencontre les personnages les plus divers dans les décors les plus variés. Le dialogue s’instaure entre eux. Puis Jung interprète et approfondit la relation entre l’individu et la société, entre chacun d’entre nous et la communauté des morts. Il questionne le christianisme. Il se relie aux autres religions. Une nouvelle image de Dieu renaît.



Le Livre Rouge nous rappelle l’importance de l’introspection et de la vie intérieure, à une époque où les distractions et les dispersions n’ont jamais été aussi fortes. La distance de près d’un siècle entre sa rédaction et sa publication n’affaiblit pas l’ouvrage.



Nous sommes juste avant la première guerre mondiale, en 1913, C.G. Jung, psychiatre déjà renommé, sombre dans une profonde crise. Le Livre Rouge est le journal de bord de la traversée entreprise par Jung dans les profondeurs de sa psyché, le compte-rendu extraordinaire de "sa confrontation personnelle avec l’inconscient". Le dialogue intense avec les profondeurs et ce débat avec l’inconscient seront pour C.G. Jung l’inspiration fondamentale pour essayer de déchiffrer la complexité de la psyché, ainsi qu’une source vitale pour la réalisation de son œuvre. Jung travaille au Livre Rouge pour plus de 16 ans, jusqu’en 1930 lorsqu’il décide d’interrompre le texte au milieu d’une phrase.


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Essai d'exploration de l'inconscient

« Beaucoup de crises, dans notre vie, ont une longue histoire inconsciente. Nous nous acheminons vers elles pas à pas, sans nous rendre compte du danger qui s'accumule. Mais ce qui échappe à notre conscience est souvent perçu par notre inconscient, qui peut nous transmettre l'information au moyen d'un rêve. »





De même, ce livre intervient à point nommé et sa forme se laissait deviner comme une intuition. J’ai trouvé Carl Gustav Jung à travers Freud mais la référence ne m’intéressait pas encore ; puis je l’ai retrouvé à travers la mythologie, et il m’a semblé plus intrigant ; enfin je l’ai redécouvert par le biais de la conception de synchronicité, et je devais le lire. Bien qu’il soit abrégé et constitue une vulgarisation de l’ensemble de son œuvre, ou peut-être en raison de ces caractéristiques, Essai d’exploration de l’inconscient se révèle dans une forme qui n’aurait pas pu être différente. Ses idées sont celles que de nombreuses expériences et lectures personnelles m’avaient fait prendre pour des intuitions ; celles-ci s’éclairent ici et s’apaisent dans une reconnaissance mutuelle. Cette rencontre avec Carl Gustav Jung est un soulagement.





S’il ne fallait retenir que deux idées majeures résumées dans cet Essai, il faudrait déjà mentionner ce retournement de pensée renversant que constitue l’émergence de concepts extérieurs dans l’inconscient. La question du big-bang s’applique à la psyché et découle des illuminations incroyables qui nous assaillent parfois et qui trouvent leur illustration la plus convaincante dans les intuitions féroces de certains génies philosophiques ou scientifiques. Comment du rien peut-il soudain naître quelque chose ? D’où nous viennent certaines idées qui ne trouvent aucun point d’appui avec notre expérience quotidienne ou nos références culturelles ? Car Gustav Jung nous cite l’exemple d’une petite fille dont les rêves, peuplés de symbolique religieuse, ne pouvaient s’expliquer par son éducation ou par son environnement quotidien, athée et épuré de toute référence de la sorte. Existerait-il un inconscient collectif dont nos inconscients individuels ne sont qu’une parcelle ? La noosphère –la sphère des idées- se laisse lentement apercevoir…





« Cependant, de même que les contenus conscients de notre esprit peuvent disparaître dans l’inconscient, de nouveaux contenus qui n’ont jamais encore été conscients, peuvent en émerger. On peut avoir l’impression, par exemple, que quelque chose est sur le point de faire irruption dans la conscience, qu’ « il y a quelque chose dans l’air », ou « anguille sous roche»»





Les phénomènes de synchronicité s’éclaireraient alors à leur tour et se comprendraient comme une communication consciente d’une inconscience individuelle à l’inconscience collective, permise dans tous les cas où l’homme reprend contact avec ses sens et ses intuitions, acceptant la part primaire de sa constitution et rejetant par la même occasion la primauté absolue de la raison moderne.





Carl Gustav Jung éclaire également la notion d’archétype et la seconde idée majeure résumée dans cet Essai consiste à rendre vivant l’archétype en lui conférant une énergie propre :





« Comme les instincts, les schèmes collectifs de la pensée humaine sont innés et hérités. […] Si le caractère inné des archétypes étonne, que dire alors des insectes et de la complexité de leurs fonctions symbiotiques ? Car enfin, la plupart d’entre eux ne connaissent pas leurs parents, et ils n’ont reçu d’enseignement d’aucune sorte. Pourquoi faudrait-il alors supposer que l’homme soit le seul être vivant dénué d’instincts spécifiques, ou que sa psyché ne comporte plus aucune trace de son évolution ? »





Ce sont ces mêmes archétypes qui, en évoluant à leur guise dans les directions que nous leur permettons d’emprunter, pourraient expliquer certains troubles psychologiques et l’ambivalence du malade à l’égard de sa maladie –à la fois désireux de s’en défaire mais affligé s’il s’en défaisait :





« Les archétypes sont donc doués d’une initiative propre et d’une énergie spécifique. […] A cet égard, ils fonctionnent comme des complexes. Ils vont et viennent à leur guise, et souvent, ils s’opposent à nos intentions conscientes ou les modifient de la façon la plus embarrassante. On peut percevoir l’énergie spécifique des archétypes lorsque l’on a l’occasion d’apprécier la fascination qu’ils exercent. Ils semblent jeter un sort. »





Beaucoup mais trop peu, cet Essai d’exploration de l’inconscient ne se suffit pas à lui-même. Carl Gustav Jung y révèle quelques-uns de ses secrets mais se livre trop peu pour satisfaire les nouvelles questions qu’il nous contraint de nous poser. Il convainc toutefois par l’exemple archétypique qu’il endosse, se montrant lui-même individu connecté à la sphère, renouant avec les mythes primaires de l’homme instinctif sur lequel il aurait greffé les archétypes issus de millénaires d’évolution. Sa méthode thérapeutique, brièvement résumée, n’est pas seulement scientifique –elle se veut aussi éthique et exacerbe la puissance de combat tribale de l’homme véritablement moderne, c’est-à-dire de l’homme devant se battre contre les chimères de la modernité.





« Les anthropologues ont souvent décrit ce qui se produit lorsque les valeurs spirituelles d’une société primitive sont exposées au choc de la civilisation moderne. Les membres de cette société perdent de vue le sens de leur vie, leur organisation sociale se désintègre et les individus eux-mêmes se décomposent moralement. Nous nous trouvons actuellement dans la même situation »





Ce n’est peut-être qu’un mythe de plus –celui que j’attendais précisément.
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Essai d'exploration de l'inconscient

Décidément, je confirme que j'adhère beaucoup plus aux conceptions et théories de Jung qu'à celles de Freud. J'apprécie aussi plus son écriture, très accessible, et ce qui transparaît de sa personnalité, une plus grande bienveillance, tolérance, humilité.

Petit essai qui se laisse facilement aborder par les experts comme par les plus novices dans le domaine de la psychanalyse. On y découvre sa théorie sur l'importance des rêves, sur ce qu'ils traduisent de ce que nous sommes, en tant qu'individu comme en tant qu'être humain qui s'inscrit dans une lignée séculaire d'autres êtres humains, ce que nous désirons, ce que nous craignons...

Les rêves ne sont pas décrits comme des messages clairs dont il suffirait de connaître le code symbolique pour être décryptés, mais plutôt comme divers messages tant personnels à l'individu que le dépassant complètement (archétypes). Chaque situation est à analyser de manière spécifique, même si certains symboles seraient tout de même universels, car issus des origines de l'humanité, et donc communs à chaque humain.

Dans cet ouvrage, Jung chante un hymne à l'inconscient et ses secrets, ses mystères, ses codes, ... Tout un monde qui n'a pas fini de nous étonner, de nous passionner, et de nous interroger. L'inconscient de l'individu, une clef en or qui entrebaille la porte du soi.

J'ai bien envie de continuer mon cheminement à travers l'oeuvre de Jung !
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L'âme et la vie

Certains de ces textes, je les avais déjà lus. J’aurais aimé que cela me renvoie à une vie antérieure, que j’aurais supposée jungienne, mais la vérité est moins bandante : les textes regroupés dans ce livre sont issus de divers ouvrages de Jung. « L’âme et la vie » n’est rien d’autre qu’une anthologie, mais c’est ce qui rend ce bouquin accessible.





L’âme et la vie : voilà qui est vaste. Qu’est-ce que l’âme individuelle et quels sont ses rapports avec le monde ? Luttons contre l’idée selon laquelle la psychologie n’aurait rien à foutre dans les affaires sérieuses qui occupent les « grands hommes » (aujourd’hui, on appelle grands hommes les politiciens, les patrons, les financiers). Si on a voulu nous faire croire que notre société libérée du cul a éliminé tous les tabous, il faut pourtant constater que dès qu’on essaie de parler de psychologie et d’émotions, toutes affaires apparemment reliées à l’irrationnel, on hurle à l’hérésie –voici des choses dont on ne devrait pas parler, à moins d’être une bonne femme (on les tolère désormais, au lieu de les enfermer chez Charcot). « Pourquoi cette peur de la psychologie ? ». Peut-être pour éviter de se rendre compte que ceux qui prêchent pour un monde meilleur, avançant des idées politiques, économiques et sociales souvent foireuses, pourraient en fait se référer à leurs propres failles, à leurs propres aspirations, encore ignorées. Pourtant, charité bien ordonnée commence par soi-même, bordel, et quiconque souhaite soigner les autres avant de savoir se soigner lui-même, ou avant de savoir ce qui pourrait le soigner, celui-là ne pourra chier rien d’autre qu’une eau de boudin mortifère qui enlisera tous ceux qui se seront laissés prendre au piège, pour ne s’être pas connus auparavant.

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Présent et avenir

Ecrit en 1957, ce livre s'inscrit pleinement dans le contexte de la Guerre froide entre les USA et l'URSS. Jung nous parle du concept de massification. L'individu pris dans la « masse » est conditionné par la pensée étatique et n'est plus capable de penser par lui-même. Il est condamné à suivre la pensée dominante, notamment celle du progrès, ce qui l'éloigne du Divin. Pour Jung, seul le rapport personnel à Dieu (au sens très large) peut redonner un sens à la vie de l'individu, à retrouver le contact avec son Moi profond. Par ailleurs, c'est également l'époque où plusieurs pays potentiellement dangereux s'arment de la bombe atomique. Jung est effrayé à cette idée d'une autodestruction possible de l'humanité et de la planète. Il va sans dire que la plupart de ces idées restent cruellement d'actualité. Nous sommes maintenant habitués à vivre avec la bombe atomique. En dépit d'une apparente augmentation de l'individualité, nous suivons comme des moutons ce que nous dit l’État. La crise actuelle en est le témoignage le plus flagrant. Quant à notre rapport à Dieu, il n'a pas disparu, loin de là, mais il s'inscrit dans la survenue d'une spiritualité plus syncrétique, qui peut effectivement, être nécessaire à l'homme pour « se retrouver ». Et échapper ainsi au processus de massification.

Pas toujours très clair si l'on ne possède pas quelques rudiments de psychologie et psychanalyse, ce petit livre reste pourtant une bonne approche pour une réflexion sur l'homme dans la société.
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Présent et avenir

Inspiré par la conception cyclique du temps, qui voudrait que les ères se succèdent sans se ressembler sur des périodes d’une durée moyenne de deux millénaires, C. G. Jung nous fait subtilement comprendre que nous évoluons au cours d’une période charnière de l’histoire de l’humanité. S’il ne le dit pas explicitement, d’autres avant lui l’ont écrit : depuis le XVe siècle, nous préparons l’arrivée de l’ère du Verseau qui chassera l’ère du Poisson, culminante avec le Christ et l’expansion rapide de l’Eglise, bientôt rattrapée par son succès et ses dissensions.





Notre Présent, c’est aussi le Présent qui fut celui des peuples avant l’arrivée du Christ, deux mille ans plus tôt. C’est aussi celui qui prépara l’arrivée du Justicier sur Terre derrière la figure du Bélier, quatre mille ans plus tôt… ainsi de suite…





« Nous vivons précisément à l’époque de la « Métamorphose des dieux », c’est-à-dire de la métamorphose des principes et des symboles de base. »





L’homme doit en être conscient et doit être prêt à accepter cette évolution. C. G. Jung, avec un art subtil de la suggestion, renverse le point de vue d’un grand nombre de problèmes inhérents à notre société et nous montre comment l’Ephémère, qu’il s’agisse des institutions étatiques ou des dogmes culturels dominants, nous voile l’Eternel et nous empêche de progresser dans la compréhension de notre inconscient. La bonne blague qui voudrait nous faire croire que les religions sont le frein majeur à l’exaltation de l’individu ! alors que selon Jung, l’Etat et l’Eglise partagent les mêmes constructions faisant appel à l’instinct grégaire de l’individu. Perdu dans la masse, l’homme s’oublie et perd sa capacité à agir réellement sur le monde. L’Etat et l’Eglise promettent les mêmes récompenses, mais le premier ne rassure pas le démon intérieur alors que le second en permet une interprétation riche à visée cathartique. Au contraire, l’Etat projette le mal sur l’Autre. L’individu transfère son ombre sur son voisin et s’efforce de l’en chasser sans jamais prendre conscience de sa responsabilité.





« Si l’on pouvait voir naître une conscience générale du fait que tout ce qui dans le monde sépare et dissocie repose sur la séparation et l’opposition des contraires dans l’âme elle-même, on saurait où et dans quel sens diriger son effort. »





L’homme voulant s’émanciper des influences de l’éphémère peut se tourner vers la foi. La religion aidera l’homme si celui-ci accepte de se guérir des préjugés qu’il conçoit à son égard et s’il l’interprète de façon symbolique, non plus littérale. Le risque est grand, toutefois, que si l’Eglise parvienne enfin à établir une relation personnelle avec chacun de ses croyants, elle finisse par se figer et se scléroser. Il faut toutefois prendre ce risque si il permet de faire prendre conscience du dualisme que l’individu préfère rejeter sur l’extérieur. L’homme réalisera peut-être alors qu’il a perdu du temps à se battre contre des moulins à vent alors que son existence même constitue une boîte de Pandore intarissable. La connaissance et la compréhension viendront ensuite d’un renforcement des relations humaines face à l’atomisation de l’individu, esseulé dans la masse ou dans la solitude du progrès aliénant.





C. G. Jung n’est pas un prophète de la nouvelle ère. Il a été frappé par la « pistis » -la foi qui s’impose de façon inéluctable- et souhaite la faire pressentir à ceux qui ne la connaissent pas encore ; à la rappeler et à communier avec ceux qui la connaissent déjà.





« […] En fait la croyance intérieure est un phénomène secondaire qui repose sur une donnée primaire : avoir vécu quelque chose qui nous bouleversait […] »





Présent et Avenir apparaît comme le rappel de cette foi inconditionnelle qui arrache l’individu à l’Ephémère pour le faire danser hors de tout ordre temporel. S’arracher du maintenant pour y être tout le temps...à quoi conduira un tel paradigme ?





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Un nouvel essai de définition de la synchronicité ? tout modulé de nuances toutefois...



Citation :

« Les phénomènes parapsychologiques toutefois rendent nécessaires prudence et circonspection, car ils témoignent du fait que des facteurs psychiques peuvent imprimer une relativité au temps et à l’espace, relativité qui remet en question notre explication un peu naïve et précipitée du parallélisme psychophysique. »





Jung se retrouve avec Pichon pour la conception d'un temps qui irait de l'à-venir à ce qui a été :



Citation :

« C’est l’individu qui est le porteur de cette conscience. Ce n’est pas lui qui crée la psyché arbitrairement ; au contraire, c’est elle qui le modèle et qui l’achemine pas à pas de l’inconscience de l’enfance vers un éveil et vers la prise de conscience de sa conscience. »





Jung est parfois limite puisqu'il pose des théories en axiome. Ainsi, la société moderne serait opposée aux fonctions naturelles de l'homme, mais il ne précise pas la nature de ces dernières. Peut-être désigne-t-il alors ce qui relève de l'intuitif...



Citation :

« Chaque fois qu’une fonction naturelle à l’homme se perd, c’est-à-dire se trouve exclue de son exercice conscient et volontaire, un trouble général prend naissance. C’est pourquoi il est tout à fait naturel que le triomphe de la déesse Raison ait institué une névrotisation générale de l’homme moderne, c’est-à-dire une dissociation de la personnalité en tous points analogue à la dissociation actuelle du monde. »





Et pour une définition de l'instinct :



Citation :

« L’instinct est originaire et héréditaire et de même sa forme nous vient du fond des âges : je l’ai appelé archétypique. »





Pour Jung, la religion est un moyen de découvrir le noyau vrai de soi-même. Il considère la religion comme une antidote à la massification, à condition qu'elle soit pratiquée avec conscience :



Citation :

« […] Les religions enseignent une autre autorité, qui est opposée à celle du « monde ». Elles enseignent que l’homme relève du divin, suzeraineté aussi exigeante que celle du monde. Ces exigences divines, avec leur caractère absolu, peuvent soustraire l’homme au monde d’une manière aussi radicale que celle par laquelle il se perd à lui-même en succombant à la mentalité collective. »





Contre la naïveté de l'athéisme et de la laïcité, Jung désigne les institutions étatiques (et surtout socialistes ?) comme la nouvelle religion moderne :



Citation :

« L’Etat s’est mis à la place de Dieu, et c’est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin. »





Mais ces institutions n'ont que les désavantages de l'adhésion religieuse :



Citation :

« Par une représentation suggestive de la puissance de l’Etat, on cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui toutefois, à l’opposé des représentations religieuses, ne fournit à l’individu aucune protection contre ses démons intérieurs. C’est pourquoi il s’accrochera encore plus à la puissance de l’Etat, c’est-à-dire à la masse ; et, alors qu’il est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux influences collectives, et il s’y livrera intérieurement. »





Toute la question est donc de savoir comment dépasser ces deux solutions défaillantes...


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L'homme et ses symboles

Sans doute le plus "abordable" de tous les livres où Jung a écrit quelque chose, car il a tenté de "vulgariser" et simplifier ses théories, dans les pages qui lui sont réservées, afin de les rendre accessible au commun des mortels.

Et comme beaucoup de choses à la fin de sa vie, ceci lui avait été "conseillé" par son inconscient dans un rêve très parlant...



Les différents articles par d'autres auteurs apportent chacun une pierre explicative à l'édifice, animus/anima/ombre, symbolisation, archétypes, exemple d'analyse, extension vers "plus grand" encore, car Jung était un esprit ouvert pour qui le travail n'était jamais "fini".

J'ai trouvé tout particulièrement intéressant l'article qui, de prime abord, m'intéressait le moins, à savoir les archétypes dans les arts plastiques... L'éclairage symbolique apporté par l'auteure aux différents courants et ses points particuliers sur les oeuvres de certains artistes "caractéristiques" m'a beaucoup éclairée sur mes "aversions/affections" inconscientes envers l'un ou l'autre, c'est amusant de se découvrir à partir de ses affinités artistiques, lol !



Abondamment illustré, ce très beau livre (que j'ai acheté d'occasion il y a très très longtemps, quand je pratiquais la symbolisation avec ma première "psy" qui était une manipulatrice tarée et qui m'a fait beaucoup grandir malgré elle, mdr, mais je ne l'avais pas "lu" réellement) apporte un très grand soutien à la chercheuse intérieure indécrottable que je suis, et va devenir non pas mon livre de chevet (grand format pas tellement adapté), mais sans aucun doute ma bible sur les "images" de l'inconscient.



Bref, un must have dans le domaine de la psychologie des profondeurs.

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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Introduction à la psychologie jungienne : le ..

La psychologie de JUNG reste pour moi mystère d'incompréhension, parfois je saisi un concept une notion, mais dans entre les lignes de mon inconscient, il n'y a pas de connexion entre mon Anima et mon Persona, mon âme reste planquée dans les profondeurs de mon infini, je n'y vois rien de concrètement exploitable pour comprendre le non-sens du sens de ma vie, tu me suis ? moi plus… A jamais perdu dans les limbes aux frontières de la comprenette trop limitée pour être pleinement émancipée… En bref mon cerveau n'a pas les billes pour sortir des sentiers conventionnels de la nature Humaine, pour conclure je suis bien meilleur menuisier que Psychiatre… J'en ai de la folie aux yeux.



Pourtant la psychiatrie mérite que l'on s'y penche quelques bouquins, ne serait-ce que pour saisir quelques fondements de notre psyché, de notre être, comprendre les mécanismes qui font ce que nous sommes, comprendre l'incompréhensible finalement et l'infinie folie qui se cache dans notre être.



Jung est un excellent raconteur d'histoires, la description de ses rêves est chirurgicale, son interprétation d'une précision chimérique ou les archétypes de l'inconscient collectif, les couples d'opposés, la libido prennent une place importante, il s'aventure dans la science-fiction psychiatrique.



Le problème c'est que je n'ai aucune patience, je lis vite, et même si je ne comprends pas, tant pis, de toute façon ce serait trop long de chercher à piger, ou peut-être que je préfère la vulgarisation de masse, déjà très utile et forte enrichissante au quotidien.



L'idée c'est de déterminer qui je suis, qui nous sommes, chercher à comprendre la mécanique, tout comme la philosophie ou la sociologie, la psychiatrie nous apporte des réponses, des cheminements, des interconnexions ou tout est lié à l'atome près, chacun défend ses théories pour au final crever dans la folie de ses idées, aujourd'hui nos philosophes contemporains ne sont que des rapporteurs du temps passé, se pavanant d'une vulgarisation télévisuelle pour rendre accessible notre salut prochain et pour nous prévenir que la sagesse c'est bête comme la neutralité, l'absence d'idéal, la béatitude intérieure sans dogme, à poil sur une montagne reconnecté au sens vrai entre nature et Cosmos, ou l'ennui, le bonheur, le désir, la morale, le bien, le mal et j'en arrête là, ne sont plus que des sourires bienveillants sur la branlette platonique intérieure, en bref la mort… le sage est archétype, et sa quête une vieille comptine de philosophe.



Du coup me noyant un peu dans toutes mes lectures à la con dont je ne comprends que l'essentiel pour mon « Moi » menuisier, j'ai appelé mon surmoi pour interpréter deux rêves que j'ai fait ce week-end :

Je suis dans l'atelier de mon entreprise, la lumière est tamisée, la disposition très scolaire, le meilleur ouvrier de ma boite celui que je considère comme le Cador apprend à ma nana à travailler une pièce de bois comme au début d'un apprentissage classique.



Ensuite je me trouve toujours dans mon atelier qui n'est pas vraiment mon atelier d'ailleurs, la pièce est très éclairée et ma nana prend une douche nue devant tout les ouvriers et une collègue me dit :



« Elle est sérieuse celle-là » et les gens me regardent gênés du coup je dis à ma nana :



« Tu fais quoi là » ce à quoi elle me répond avec un petit sourire gêné : « bah ouais j'avais envie. »



Rêve du samedi au Dimanche :



Mon premier patron est là, il me cherche pour m'embaucher, il trouve que j'ai changé depuis mes 16 ans, je vois de l'admiration dans ses yeux, et moi je confirme, je souris sans modestie, je prends ma revanche, je veux lui prouver que je suis devenu quelqu'un. (C'était un con qui ne m'apprenait rien, j'étais son larbin, mais il était très bon et très jeune, 28 ans à l'époque)



Et voilà ce qui s'est passé vendredi :



Vendredi en fin de journée, un collègue m'appelle pour que je lui explique un truc, moi de bonne composition et râleur à toutes mes heures, j'y traine des pieds le moins rapidement possible…



« Mais putain je t'ai expliqué le truc au moins 50 fois »



- Moi je suis nul en informatique, toi t'es nul en Menuiserie, d'un ton méprisant me lâcha-t-il



Fils de pute dans ma tête me semblait approprié, l'image de son écran s'enfonçant profondément dans son crâne une excellente réponse à mon égo et ma fierté blessés, car bien sur nous n'étions pas seuls.



La colère m'a tétanisé, il remettait en cause mes compétences professionnelles, il aurait très bien pu dire :



« t'es nul en maçonnerie, en Plomberie, en Ski, je me serai marré de bonne foi, mais en Menuiserie… »



Pourquoi j'ai été mouché ? parce qu'au début de ma formation en Ébénisterie, je n'étais pas très doué de mes deux mains, motivé, bon en théorie mais manuellement à chier, patron et formateurs étaient unanimes à ce sujet, sérieux travailleur, motivé mais nul à chier… (je caricature un chouilla)



Rassurez-vous je n'ai pas lâché l'affaire, j'ai persévéré, j'ai continué en Menuiserie et les années passant, mes mains sont devenues plus habiles, plus surs, histoire de prouver à tous ces gens qui vous jugent durant votre enfance que je n'étais pas une merde. Gardez bien à l'esprit que le jugement des ces gens est biaisé par une subjectivité liée à leur petite personne que j'emmerde aujourd'hui de ma réussite dans un domaine pas déplaisant mais qui m'a été convaincu par la bêtise d'une prof de maths sous prétexte d'une moyenne chaotique qui l'année d'après fut admirable mais j'avais changé de prof, mais pas de programme comme quoi quelquefois ça ne se joue à rien la nullité.



Bref j'ai bossé, pas super doué certes mais bon, 10 ans de plus et je devenais un ouvrier confirmé (en moyenne il faut 10 ans), dixit un ancien collègue très bon…mais je voulais des sous, donc j'ai préféré le bureau d'études.



Aujourd'hui je maitrise mon taf parfaitement, mon collègue quant à lui a intégré le bureau d'étude récemment, ouvrier confirmé, doué lui dans tous les domaines du bâtiment, j'ai une grande admiration professionnelle pour lui, il n'a aucune culture, est obsédé par le fric, fait une faute à chaque mot, peu importe on s'entend bien et on s'apprécie, par contre il a une réputation d'enculé dans mon entreprise, la modestie est une notion dont il ignore le sens, persuadé d'être la réincarnation du dieu de la menuiserie… Mouais bon j'ai connu meilleur en fait mais passons…



Donc le gars me dit : « t'es nul », il voulait me blesser parce que je l'avais vexé et moi qui est une piètre opinion de ma personne je plonge dans mes travers de jeunesse et je coule parce que je respecte le gars, j'admire ses compétences manuelles, oui en bureau d'études pour le coup c'est une quiche, mais on est complémentaire d'autant plus qu'il ne m'a jamais vu bosser en plus.



Et voilà l'interprétation que j'en fais :



Dans le premier rêve quand elle apprend à travailler le bois cela représente mon apprentissage au tout début, car pour le coup ma nana est nul en menuiserie, bref le fait que ce soit elle c'est comme un retour dans le passé une projection de mon amour propre à qui je dois prouver que je suis devenu quelqu'un malgré les difficultés rencontrées durant mon adolescence. le mec qui lui montre c'est une sorte de figure archétype (du légitime) car c'est le meilleur ouvrier de mon entreprise qui est apparu dans ce rêve, mon héros de la menuiserie en quelque sorte. La nudité de ma nana représente mon égo blessé car je suis super pudique en fait, la gêne qu'elle éprouve devant tous ces gens et moi : c'est ma honte car pris au dépourvu et complètement nu. Ma collègue gênée c'est ma Jalousie, mon manque de Confiance en moi.



Bref j'ai résumé car j'ai poussé plus loin l'interprétation mais ça colle complètement



Le second rêve c'est mon égo qui se révolte, qui remet les choses en place, il se rhabille de la veille, mon premier patron représente ce moi auquel je doutais, timide, introverti, solitaire, il est l'archétype (le légitime) car j'admirais aussi ses très bonnes compétences professionnelles, mais aujourd'hui je suis plus sûr de moi, et donc je domine l'enfant que j'ai été.



Je vais très bien dans ma vie hein, je ne suis plus complexé, mais il y a toujours des restes, quelque part, des complexes, un mal être, inconscients ou conscients qui refont surface parfois, j'essaie de comprendre et j'ai compris, cela permet d'être plus en adéquation avec soi sans se pourrir la vie avec des petites névroses quotidiennes qui s'éternisent sans raison, sauf celle de ne pas comprendre comment nous fonctionnons intérieurement au plus profond dans l'infini incompréhension de notre « MOI »





Mais il se peut aussi et gardons cela à l'esprit critique de notre zététique naturelle que cette discipline soit en partie subjective, que les arguments à la rhétorique bien ficelée soient aussi farfelus que l'auteur lui même, rien n'est prouvé scientifiquement, l'interprétation n'est en aucun cas une preuve scientifique, juste une théorie qui amène à se poser des questions sur l'esprit humain, bref il se pourrait que ce soit de grosses conneries mais ça m'amuse de rentrer dans le trip car finalement on peut tout interpréter suivant nos propres croyances, notre propre cohérence, bref il y a un tas de facteurs qui font que, mais sans preuve scientifique concrète, cela reste une curiosité culturelle et un amusement de l'esprit qui s'affute quand même.



Peut-être c'est des gros mythos.



A plus les copains

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Les sept sermons aux morts et autres textes

C’est une nuit au cours de laquelle les morts redescendent sur Terre pour trouver de l’aide. Ils se lamentent car ils n’ont pas trouvé, au cours de leur vie, la voie de l’unification avec leur être. A présent les voici, passés de l’autre côté mais pas plus avancés. Mort ou vivant, nous restons pétrifiés dans des impasses insolubles tant que nous n’avons pas réussi à faire la démarche d’individuation nécessaire à toute progression. Contre l’opinion répandue imaginant que les morts détiennent des réponses que nous ignorons encore, C. G. Jung écrivait déjà, dans Ma vie :





« Les morts questionnent comme s’il n’était pas dans leur possibilité de tout savoir, comme si l’omniscience ou « l’omni-conscience » ne pouvait être l’apanage que de l’âme incarnée dans un corps qui vit. »





Pour aider ces pauvres trépassés, morts pour rien, C. G. Jung leur écrit une réponse rédigée en trois nuits dans un événement extatique, en se faisant passer sous les traits de du gnostique Basilide qui vécut au 2e siècle de notre ère. Il leur fournit des pistes de compréhension en leur faisant part d’une vision qu’il a reçue et au cours de laquelle il a perçu le Plérôme (terme venant du grec et signifiant « plénitude ») et l’Abraxas (terme grec désignant une divinité gnostique absolue).





Ecrits peu après sa rupture avec Freud, ces Sept sermons aux morts peuvent être considérés comme une affirmation de la direction que Jung souhaite donner à ses recherches sur l’inconscient. Dans Ma vie, il écrit : « Les sept sermons aux morts forment une sorte de prélude à ce que j’avais à communiquer au monde sur l’inconscient ; ils sont une sorte de schéma ordonnateur et une interprétation des contenus généraux de l’inconscient. » Ainsi, en expliquant quel doit être le sens de l’individuation, C. G. Jung réalise lui-même sa propre individuation.





Pendant ce temps, il met à notre service ses talents de conteur pour nous faire connaître certaines notions qui appartiennent à tout système philosophique et religieux complet.





Dans le SERMO I, nous apprendrons à distinguer le Plérôme de la Creatura : « Le pleroma possède toue qualité aussi bien la différenciation que l’indistinction. La creatura est particulière. Elle est différenciée, c’est son essence même et c’est grâce à cela qu’elle est douée de discernement ». L’essence de la créature consiste ainsi à réaliser son principe d’individuation sans chercher à s’identifier à une qualité du Plérôme. En effet, si dans le Plérôme tous les couples de qualités s’équilibrent et s’annulent, la Creatura ne peut parvenir à un pareil équilibre et risque de déchaîner la force opposée de la qualité qu’elle cherche à atteindre : « Lorsque nous aspirons à la bonté et à la beauté –ce faisant nous oublions notre nature profonde qui est d’être différent et nous devenons la proie des caractéristiques du pleroma qui sont ces couples de contraires. Nous travaillons pour atteindre la beauté et la bonté, mais au même instant nous nous emparons de la laideur et du mal puisque au sein du pleroma ils ne font qu’un avec le bien et le beau ». Le travail préconisé dans cette voie de l’individuation n’a rien de simple : il s’agit de connaître sa propre essence et de suivre sa seule et unique aspiration. Si on l’oublie, on se tient alors trop loin du Plérôme et les névroses surgissent ; si on se tient au contraire trop près du Plérôme, on subit une inflation psychique, on aimerait être Tout, sans reconnaître que ce n’est pas possible.





Dans le SERMO II, les grands symboles porteurs d’énergie vitale nous sont révélés. C’est par notre confrontation avec la réalité symbolique et l’intégration de leur connaissance que nous pouvons connaître progressivement notre inconscient, et donc notre aspiration essentielle.





Les sermons suivants nous apprennent à reconnaître que le bien et le mal ne sont que des conceptions relatives qui découlent de notre ignorance de l’état d’absolu équilibre de l’Abraxas : « Du soleil l’homme tire le SUMMUM BONUM ; du diable il tire l’INFINIMUM MALUM ; mais d’ABRAXAS, il tire la VIE dans sa totalité, la vie indéfinie, mère du bien et du mal ». On peut ainsi comprendre les principes qui donnent sa puissance au concept de la Trinité mais pour C. G. Jung, ce n’est pas suffisant. Il invoque ainsi le principe de la Quaternité tel qu’il était déjà connu sous Pythagore :





« Les principaux dieux sont au nombre de quatre, quatre est aussi le chiffre des dimensions de l’univers.

Un est le commencement, le dieu-soleil.

Deux est EROS ; car il lie ensemble les doubles et s’épanouit dans la clarté.

Trois est l’arbre de vie, car il remplit l’espace de formes corporelles.

Quatre est le diable car il ouvre tout ce qui est fermé. Tout ce qui est chair est dissous par lui ; il est le destructeur en qui tout est anéanti. »





Cette quaternité lui permet ensuite de développer ce qui deviendra sa conception ultérieure de l’animus et de l’anima, liés à l’intégration des principes masculin et féminin à l’intérieur de chaque homme et de chaque femme. Le pôle masculin est associé au sexuel et à la terre (chtonien) tandis que le pôle féminin est associé au spirituel et au ciel (céleste). Le principe d’individuation doit réussir à obtenir la conjonction de ces deux pôles, au-delà des risques suscités par ce processus : « Aucun homme ne peut […] échapper à ces démons [la Mère et le Phallos]. Ainsi les considérerez-vous comme des démons, et vous saurez qu’ils sont pour vous tous un danger ; ils sont un danger et une tâche commune ; vous saurez aussi que c’est la vie qui a mis sur vos épaules ce lourd fardeau ».





Pour diminuer les risques liés à cette intégration, nous devons reconnaître l’ambivalence de ces figures, considérer et donner à toutes les énergies en action leur juste place. C’est comme si nous devions éliminer la peur et comprendre que la signification de la dynamique humaine revient à admettre que la transformation est le principe obligatoire d’intégration des forces contraires. A la fin de sa vie, C. G. Jung affirmait que la fonction transcendante s’exerce le mieux lorsque l’homme vit en communauté : « La communauté ne prospère que là où chaque être se souvient de sa spécificité et ne s’identifie pas aux autres ». Il semble alors avoir trouvé une réponse au conflit intérieur qui taraude bon nombre d’entre nous et qui pourrait se résumer à la façon dont Jean-Charles Pichon l’avait exprimé : « Comment être moi-même en étant tous les autres ? Comment obtenir que les informations qui me parviennent d’autrui m’informent sans me déformer ? Comment conserver mon intégrité dans l’intégration ? Mais également : comment œuvrer tout en œuvrant pour moi-même ? Comment inclure une pierre nouvelle dans l’édifice sans faire s’effondrer l’édifice ? Comment atteindre à un ensemble qui soit autre chose qu’un complexe ? »





Finalement, les morts pourront dégager le plancher et s’envoler vers d’autres cieux lorsque, arrivés au SERMO VII, ils auront compris que leur délivrance sera guérison de la névrose, autoréalisation accomplie par les échanges entre le conscient et l’inconscient dans le processus de la fonction transcendante. Ils pourront alors rejoindre l’Etoile, l’archétype central du Soi. Partant du Plérôme, l’homme vit les expériences qui constituent son individuation pour revenir vers l’Etoile qui aura alors la dimension infinie du Plérôme. Ce retour n’est pas une finalité : c’est une nouvelle étape de dimension supérieure dans un processus dynamique sans cesse renouvelé. La vision de Jung n’est pas linéaire mais cyclique et progresse de marche en marche, l’émerveillement se renouvelant sans cesse, la source de la connaissance ne se tarissant jamais.





« Là-dessus les morts se turent et s’élevèrent, comme la fumée au-dessus du feu du berger qui, la nuit, veillait sur son troupeau. »





Les textes qui complètent ces Sept sermons aux morts (Le problème du quatrième et La psychologie analytique est-elle une religion ?) nous permettent de prolonger leur compréhension. C. G. Jung revient sur l’idée de quaternité en bifurquant, dans une dernière partie, sur sa signification dans la religion chrétienne. Nous connaissions la trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais il convient de révéler sa 4e dimension. Le Père représente l’état de conscience antérieur de l’enfant, dépendant d’une forme de vie déterminée déjà existante. Le Fils représente la transition d’un état initial durable (le Père) à un état où l’on est soi-même le Père. La vie du Fils représente le transitus, le pont et la métamorphose qui conduit à l’étape suivant en reconnaissance et se soumettant presque à l’inconscient. Vient ensuite l’état adulte au cours duquel le fils rétablit l’état de son enfance en se soumettant à une autorité paternelle reconnue dans une forme psychologique ou projetée. Ce peut être, par exemple, la reconnaissance de l’autorité de la doctrine de l’église. Alors qu’il est de bon ton de s’acharner sur une église que les temps modernes jugent aliénante, C. G. Jung offre un discours qui piétine les dernières considérations à la mode. Non, la religion chrétienne n’est pas un fardeau sur lequel on doit s’acharner jusqu’à sa disparition totale, en tout cas pas tant que nous n’aurons pas réussi à élaborer un système aussi complet dans le rite, l’initiation et la symbolique :





« […] il y a le rite avec son action sacrée qui rend sensible le déroulement vivant du sens archétypique, touchant ainsi directement l’inconscient. […] En outre l’Eglise catholique possède l’institution de la confession et du « directeur de conscience », qui ont une haute importance pratique lorsque ce sont des personnalités vraiment désignées qui vaquent à ces activités. […] En troisième lieu, l’Eglise catholique possède un monde de représentations dogmatiques complet et richement développé, qui offre à la richesse de formes de l’inconscient un vase digne, donnant ainsi à certaines vérités importantes pour la vie, avec lesquelles la conscience devrait rester en relation, une expression sensible. »





En Occident, la plupart d’entre nous sont nés sur des territoires qui ont été imprégnés par cette religion chrétienne depuis deux millénaires. Ce n’est peut-être pas insignifiant. Alors que la mode nous donne une image bohème et attirante des systèmes métaphysiques orientaux, nous oublions de rejoindre les sources de notre civilisation et de reconnaître la forme des questionnements qui ont modelé la vie de nos ancêtres. Dans Ma vie, C. G. Jung écrivait : « Il semble souvent qu’il y a dans une famille un karma impersonnel qui se transmet des parents aux enfants. J’ai toujours pensé que, moi aussi, j’avais à répondre à des questions que le destin avait déjà posées à mes ancêtres, mais auxquelles on n’avait encore trouvé aucune réponse, ou bien que je devais terminer ou simplement poursuivre des problèmes que les époques antérieures laissèrent en suspens ».



Ce n’est certainement pas en reniant ces questions, liées à des modes de pensées rattachés à leur propre système rituel, initiatique et symbolique, que nous pourrons avancer. Nous nous en détacherons au contraire en toute inconscience, laissant place à toute une file indienne de névroses qui viendront nous détruire la cervelle en clignotant comme un signal d’alarme : TU ES SUR LA FAUSSE ROUTE !





Le processus d’individuation prend du temps. C. G. Jung lui-même a mis plusieurs décennies pour prendre connaissance progressivement des messages que devait lui communiquer son inconscient. C’est le travail d’une vie. Il est particulièrement difficile à mener aujourd’hui. Pléthore d’informations, d’êtres humains, de désirs, de possibilités, nous entourent et parasitent notre aspiration essentielle. Qui sommes-nous lorsque trente informations contradictoires parviennent à nous faire vriller en une heure ? Il faudrait sans doute se réfugier dans le désert comme le Christ pendant 40 jours. Et ensuite : « nous devons vivre notre expérience. Nous devons commettre des erreurs. Nous devons vivre jusqu’au bout notre vision de la vie. Et il y aura l’erreur. Si vous évitez l’erreur, vous ne vivez pas ! […] Réalisez votre vie aussi bien que vous le pouvez, même si elle est fondée sur l’erreur, car la vie doit être détruite, et on arrive souvent à la vérité par l’erreur ». C’est ainsi que la vie du Christ doit nous servir de modèle.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Dialectique du moi et de l’inconscient est une œuvre pivot de la psychologie analytique. Carl Gustav Jung y décrit les mouvements à première vue désordonnés et chaotiques des différents éléments de la psyché qu’il a découverts et développés au cours de sa carrière, pour les rendre signifiant dans le cadre de la dynamique du processus d'individuation.



La première partie de l'ouvrage pose les fondements des forces en présence : Jung définit ce qu’est le Moi, l’inconscient individuel et l’inconscient collectif (qui est l’une de ses découvertes majeures), et expose l’originalité de sa théorie en la positionnant par rapport aux théories psychanalytiques de l’époque (notamment celles de Freud et d’Adler). Il décrit un Moi inscrit dans une dynamique impossible à tenir, tiraillé entre les exigences du monde extérieur et pour lequel il se cache derrière la Persona (c’est la personnalité sociale, archétype issu de l’inconscient collectif et personnel et soumise au type de société dans lequel on vit, à ce qu’elle valorise, à la liberté et la responsabilisation qu’elle propose aux individus), et les exigences du « monde intérieur », de l’inconscient, présenté dans l’ouvrage comme étant l’Anima (ou l’Animus pour les femmes). Il explique très clairement pourquoi plus les éléments de l’inconscient les plus niés et ignorés par l’individu sont ceux qui ont le plus de puissance sur le Moi, et donc dans la vie de tous les jours. Jung pose comme fondements de la libération du Moi sa confrontation avec ces archétypes, en expliquant les enjeux de ce qu’il appelle la libération de l’individualité ou processus d’individuation, sujet principal de la seconde partie de l’ouvrage.



L’individuation consiste à déplacer le centre du Moi de façon à y incorporer des éléments de l’inconscient, c’est-à-dire à tendre vers l’archétype du Soi. De façon pragmatique, il s’agit de transformer les complexes autonomes (les archétypes de l'Anima et celui de la personnalité mana) en fonctions support (c’est-à-dire en force dans laquelle le Moi peut puiser), en reconnaissant leur existence, puis en se confrontant à eux, et enfin, en les assimilant. C’est la description de cette dialectique qui a donné son nom à l’ouvrage.



Le chemin de l’individuation est long et semé d’embuches. Jung explique pas à pas les différents risques liés à l’exploration et la mise au grand jour des ressources de l’inconscient.

L’individuation est réservée à quelques uns, poussés par une nécessité intérieure à explorer toujours plus en avant ce qu’ils sont. Il est d’ailleurs difficile d’ignorer les appels de l’inconscient : ce dernier se rappelle à notre bon souvenir au travers de tocs, d’obsessions, d’angoisses, bref, de symptômes généralement associés aux névroses, qui sont finalement, et avant tout, des invitations directes de notre inconscient à entamer le dialogue.

Ceux pour qui l'individuation n'est pas une nécessité sont également invités à prendre conscience de leurs courants intérieurs contraires, en vue de ne plus se faire balloter au gré des pulsions inconscientes et ce, quelle que soit l’étape à laquelle ils se trouvent ou choisissent de s’arrêter. Finalement, Jung nous invite à devenir responsable de notre vie en prenant conscience de nos actes, et à interagir de façon vraie avec les autres, notamment en arrêtant de projeter sur tout un chacun les fantasmes issus de nos archétypes.



Ce que j’aime particulièrement chez Jung, c’est ce message qui nous exhorte à être acteur et responsable de sa vie, à être autonome et vrai dans sa relation avec l’autre. Nul besoin de 20 ans de psychanalyse (même si une « petite tranche » peut aider), la prise de conscience de ce qui est caché et la prise en considération de ce dont il s’agit permet d’avoir une meilleure connaissance et une meilleure maitrise de ses actes. C’est un message plein d’espoir, qui invite chacun à se repositionner non seulement par rapport à ce qu’il est ou par rapport à l’autre, mais également par rapport à sa place dans la société, au regard qu’il porte sur le monde.



Cet ouvrage est riche et complexe : on y apprend ou comprend toujours de nouvelles choses, même lors d'une seconde ou d’une troisième lecture. Le développement proposé par Jung est ardu : il n'a pas une approche directe des messages qu'il passe, des développements qu'il fait, des concepts qu'il aborde. Il a plus tendance à aborder différents sujets, et à laisser le lecteur faire ses propres rapprochements.

Il ne s’agit pas d’une introduction à la théorie Jungienne : comme l’ont dit Saule et Eric Eliès, cet ouvrage est à déconseiller à ceux qui ne connaissent pas les principaux fondements et éléments de la « psychologie des profondeurs ». En effet, Jung fait appel aussi bien aux différents archétypes qu’à la notion de complexes autonomes, aux symboles de l’âme, à la typologie des individus, etc… qui ont fait l'objet d'ouvrages dédiés.



Si j’avais un reproche à faire à ce livre, ce serait peut-être sa légèreté vis-à-vis des processus liés à l’Animus (thématique souvent reléguée à un « identique que pour l’Anima »), et l’absence quasi-totale de référence à un archétype qui me semble pourtant bien nécessaire à l’approche de l’individuation : l’Ombre.
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Psychologie de l'inconscient

Il perdure, selon moi, trois frontières sur lesquelles butent encore la soif de conquête et de connaissance de l'humanité : l'espace, l'océan et le psychisme humain (qui sont, par ailleurs, trois thématiques très présentes dans la littérature de science-fiction). On peut contester aux penseurs des théories psychanalytiques d'avoir forgé des concepts sur la base de données empiriques incertaines, soumises à l'interprétation, mais on ne peut leur contester leur qualité de défricheur de territoires, jusque là inexplorés.

Par ailleurs, sans doute est-ce vrai pour toutes sciences, mais peut-être davantage en ce qui concerne la psychologie, les concepts et théories produits par la pensée humaine sont étroitement liés aux conditions (donc également à l'état d'esprit et aux traits psychologiques de leurs producteurs) dans lesquelles ils émergent. La conclusion qui s'impose serait donc qu'ils ne sont qu'un point de vue (hormis, peut-être, quelques lois fondamentales mises en exergue par les sciences dures) et que, par conséquent, comme le dit justement Mathieu Potte-Bonnevile "il n'y a de vérité, au sens strict du terme,que dans l'éclipse des maîtres".



Est-ce donc ce qu'a voulu faire Jung vis-à-vis de Freud ? Éclipser le maître ? On ne peut ignorer les désaccords qui existent entre eux (mais également le fait qu'une génération les sépare), si l'on veut pouvoir envisager l'oeuvre de Jung. Ce Psychologie de L'inconscient constitue, pour cela, un excellent support, car le psychanalyste suisse y expose les deux concepts majeurs qui l'éloigne de la pensée Freudienne "orthodoxe" : la volonté de puissance et l'inconscient collectif. Au moyen d'une écriture claire, aisément compréhensible, Jung s'emploie à expliciter ce qu'il croit être le fonctionnement de l'inconscient. On sent une volonté pédagogique évidente, que l'auteur juge vitale. En effet, si ce texte a été remanié à plusieurs reprises (1918, 1925, 1935, 1942, la présente édition étant la version définitive), il fut débuté en 1916, au beau milieu de la première guerre mondiale. Celle-ci semble avoir profondément marquée l'auteur, qui fait un lien explicite entre méconnaissance des mécanismes de l'inconscient et barbarie :"la psychologie des individus correspond à la psychologie des nations [...] Seule des modifications dans l'attitude des individus peuvent être à l'origine de changements dans la psychologie des nations".



A cette fin Jung ne part pas de zéro. Clairement redevable à Freud, (il sait en être un très bon exégète) il ne cache pas non plus ce qui les sépare, notamment la notion de "volonté de puissance", qu'il explicite dans le cadre de sa théorie générale des névroses. Cette partie est un des points forts de cet essai, bien construite, illustrée de cas cliniques parlants. Ainsi, si pour Freud le conflit inconscient (qui est la définition de la névrose) est d'origine sexuel, de manière systématique, ce n'est pas nécessairement le cas pour Jung, même s'il reconnait que cette origine symptomatique est souvent présente. Néanmoins, pour lui, de même qu'il existe un "instinct de conservation de l'espèce", doit exister également un "instinct de conservation de soi-même" qui s'exprime à travers une "volonté de puissance" (volonté qui peut, dans l'arsenal des possibles, utiliser la sexualité, pour parvenir à ses fins). Cet instinct est tout autant, pour lui, une cause de symptômes névrotiques est "rien ne permet de supposer que l'Eros est originel et que la volonté de puissance ne l'est point". Le problème est que ce raisonnement, qui admet deux origines aux névroses, aboutit à une impasse. Prenant de la hauteur il propose, afin d'unifier cette théorie, le concept de "types psychologiques". Il n'en évoque ici que deux (il en identifie huit en tout) : l'introversion, qui porte l'individu davantage sur la question du sujet, et "prédispose" à être plus sensible à la volonté de puissance, et l'extraversion, qui oriente sur la questions des objets et, au contraire, favorise l'Eros comme cause possible d'une névrose.



En ce qui concerne toute la partie du livre traitant de l'inconscient collectif, concept très fortement rattaché à Jung, j'ai été moins convaincu. Si la notion d'archétype est intéressante, je ne l'ai pas trouvé clairement définie. Jung y associe des images, pensées, idées, bref toutes sortes de contenus inconscients, qui semblent être universels et intemporels et se transmettent de génération en génération. Ces contenus s'expriment au travers des mythes et religions et, s'ils peuvent être les supports de questions inconscientes personnelles, grâce à leur puissance évocatrice, ils ne sont pas liés à un individu en particulier, mais partagés par tous. L'idée de leurs autonomie est séduisante mais Jung ne s'appuie que sur très peu d'exemples concrets pour illustrer cette idée (hormis dans la religion catholique), préférant des formules du genre "de tous temps" ou " chez la plupart des peuples primitifs". Bref, il manque clairement une perspective anthropologique, venant appuyer cette théorie. Par ailleurs, les cas cliniques illustrant l'emploie des archétypes dans la cure analytique sont moins parlants que ceux illustrant sa théorie des névroses, parfois difficiles à suivre. Pour autant, je suis assez d'accord sur son insistance à considérer que l'irrationnel remplit une fonction dans l'équilibre psychique et "qu'on ne supporte sans dommage qu'un certain degré de civilisation". La Raison triomphante, née des Lumières, qui a engendré une très forte diminution des pratiques religieuses aboutit, pour lui, à créer un déséquilibre psychique collectif, qui ne peut engendrer que des catastrophes, telles qu'une guerre mondiale (encore qu'il se place, à travers cette analyse, dans une perspective très occidentale). Enfin, il évoque également dans cette partie, la notion d'énergie psychique, qu'il qualifie de libido (ce qui, pour Freud n'est que l'énergie sexuelle et que Jung nomme, lui, Eros). Celle-ci est à mettre en lien avec sa définition du fonctionnement général du psychisme, étant entendu comme un phénomène compensatoire entre des tendances ou pôles contraires, ce qui crée une tension, l'énergie étant le résultat de cette tension. Là encore, des concepts intéressants mais qui auraient mérités plus de développement.



Toutes ces critiques sur la brièveté de certains développements ou définitions est à relativiser, dans le sens ou Psychologie de l'Inconscient a été, je trouve, pensé comme un ouvrage généraliste, Jung renvoyant sans cesse sur ses autres essais, plus portés sur telle ou telle question. L'absence de perspective anthropologique, de même (ce qui est donc logique) qu'un certain ethnocentrisme "occidentalo-chrétien" sont, pour moi, les deux point faibles de cet essai qui demeure, néanmoins, une excellente introduction à l'oeuvre de Jung.

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Psychologie et Philosophie : Conférences Zofi..

Avant d’être analyste, mon bon vieux Carl a fait des études de médecine,dans le domaine de la psychiatrie et il a donné ses premières conférences à l’âge de 20 ans. On retrouve dans ce recueil cinq conférences qu’il données pour ses petits potos entre 1896 et 1899.





Un peu Foucault avant l’heure, Carl joue le frondeur, vilain petit canard bien loin d’avoir apaisé son Ombre. Il rassemble donc tous ses potes dans le cadre d’un séminaire sur les fabuleuses Sciences que tous les médecins vénèrent respectueusement, et il leur raconte ensuite que celles-ci forment une catégorie de croyance comme une autre, et encore pas des plus futées parce qu’il y règne un principe d’autorité qui contribue à l’endormissement des têtards plutôt qu’à leur maturation. D’ailleurs, faire un discours dans un cadre aussi bien établi constitue un exercice biaisé mais Carl se joue gentiment des règles de la rhétorique pour mieux faire passer ses idées audacieuses. Une crise d’adolescence comme ça, ça devrait se produire tous les jours jusqu’à la mort. Dans le ton, on n’est jamais bien loin de Cioran.





Bébé Jung est ici tout prêt à poser les bases de ses futurs axes de recherche et la structure s’impose progressivement, s’établissant d’abord par une réflexion sur les limites de la science exacte, puis sur les différentes formes de psychologie (rationnelle, empirique), puis sur la nature et la valeur de la recherche spéculative et enfin sur le christianisme en rapport avec les idées d’un théologien de son temps, Albrecht Ritschl. Je ne sais pas vous mais moi, ce gars-là ne me dit goutte. C’est ainsi, le temps passe, les théologiens meurent mais Carl demeure.

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