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Citations de Claire Castillon (533)


C'est un survivant. Wilco ne devrait pas être en vie. Il est tellement brisé dedans qu'il est poudreux.
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Xavier ne veut pas se marier avec ma mère. Le mariage, il a donné. Quand ma mère exprime son désir de construire avec lui, il lui demande si ses murs ne lui suffisent pas. Elle répond qu'elle aimerait des murs à eux, une maison ensemble, et pas elle chez lui. Et là, Xavier décroche. Il trouve qu'elle n'en a jamais assez. Il lui a pourtant laissé la moitié de sa penderie, une vasque de son lavabo, et même la moitié de sa cave, mais ma mère, avec le temps, n'est plus que mécontentement.
(p. 72-73)
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Notre musique [à ma mère et moi] s'appelle l'adolescence, elle est faite d'infimes mais nombreux dérèglements, et mon père nous laisse régler nos 'petits machins' entre nous. Il s'est mis aux écouteurs et il ne nous entend qu'au dîner, ce moment qu'il juge essentiel, qualifie de privilégié, et maintient comme une tradition depuis qu'il a lu que le repas en famille était le moyen le plus sûr de lutter contre l'obésité des ados. Le reste du temps, il vit branché, un autre bruit que le nôtre sur la tête. Parfois il rit tout seul.
(p. 9)
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[...] ses enfants lui disent maman avec une douceur si ronde, une tendresse si pleine, que je crois parfois entendre 'Monmon'.
(p. 48)
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Je respirais avec toi, et puis soudain, plus rien.
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La douleur, il faut la tuer - "Pour faire taire le malheur, c'est vrai, on peut chanter. Mais pour vaincre la douleur, il faut la tuer." (p. 77)

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J'ai envie que maman monte [dans ma chambre] et nous trouve là, dans les bras l'un de l'autre, qu'elle comprenne, dénoue les bras, dénoue les coeurs et les esprits, puis que nous quittions la pièce dans trois sens différents. Ou deux, si maman veut toujours de moi.
[ un peu plus tard ]
Il sort de table pour descendre aux toilettes. Qu'est-ce qui m'empêche d'attraper maman par le bras et de l'obliger à s'évader avec moi ? Pourquoi je n'arrive pas à lui dire "Viens, maman, viens vite, on s'en va, il faut que je te parle !" Pourquoi je ne peux pas crier avec les yeux, l'alerter, la secouer ?
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Je ne vois pas pourquoi je demanderais à Ethan de retirer ses piercings. Ce serait le renier ou, pire, aller dans le sens de ma mère qui dit qu'il va me refiler toutes sortes de maladies. Marine a tort quand elle me conseille de formater Ethan pour qu'il plaise à ma mère. Je tiens au contraire à le laisser libre d'être lui-même. Et c'est à ma mère de comprendre mon histoire et d'accepter mes goûts. Heureusement que tu es vaccinée contre le tétanos ! m'a-t-elle lancé. [...] Ses tatouages lui donnent l'air d'un taulard ; ses piercings, d'une bactérie. Ma mère a quand même traité Ethan de bactérie ! Oui il y a du fer sur son blouson et il porte du métal en plusieurs endroits de son corps, mais c'est sa façon à lui d'avoir une carapace. Ma mère ne comprend rien à ce besoin de se trouer. Elle, elle s'enferme dans sa chambre. Eh bien lui, il se troue la peau. Ils sont tous les deux fragiles à leur façon.
(p. 109-110)
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Nos enfants ingrats - "Finalement, je ne sais pas pourquoi on les attend chaque soir, on est très bien ici, tous les deux, comme avant... On aurait jamais dû avoir d'enfants. Même loin d'eux, tranquilles, on y pense." (p. 148)

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[...] Elle m'énerve avec son cancer, elle n'a pas idée. On lui a d'abord prescrit quelques rayons, ça ne devait pas être méchant. Finalement, on lui a fait neuf chimio-thérapies. À force de s'écouter, comme dit papa, elle a laissé s'installer la maladie. Du coup, elle n'a plus un cheveu sur la tête et sa perruque la démange, alors souvent elle la retire, on lui a dit que ça nous choquait un peu parce que son crâne chauve est gênant, mais elle la retire quand même. Pour rire on l'appelle Tête d'Oeuf, Yul Brynner ou Bille de Noix. Le maquillage ne prend plus sur son teint jaune, mais elle s'acharne, alors elle en met trop, et l'autre jour, alors que je l'avais accompagnée faire quelques pas dans le jardin de l'hôpital, j'ai entendu quelqu'un dire Le travelo arrive, alors pour plaisanter je lui ai conseillé de se faire embaucher dans un cabaret. Mais ça ne l'a pas fait rire, j'ai été obligé de préciser que c'était de l'humour, oh là là, un peu de recul à la fin.
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Si je lui explique la colère de mes copines, mes petits aménagements avec la vérité, mon problème avec Tom, [ma mère] va tout prendre trop à coeur et, à terme, m'empêcher de penser par moi-même, ou plutôt - ce qui revient au même - penser à ma place.
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Je me 'chut' : c'est la règle. Ne jamais dire ce que je pense est un principe que j'ai adopté à l'âge de cinq ans quand Camélia, ma belle-mère, m'a demandé si je préférais ses blagues au regard de galgos* de ma mère, son mètre dix-huit de jambes au ventre de sharpei de ma mère, ses jurons de boxeur à la poésie vieux rose de ma mère.

* lévrier
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J'avais peur des bretelles d'autoroutes, je m'y précipitais ou je les ratais.
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Après tout, je ne vis pas pour que ma présence se remarque mais pour que mon absence se ressente.
(page 65)
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Elle avait le coeur en bas du dos, et quand j'y mettais la main, j'étais envahi par notre amour pur. Il y avait de la délicatesse chez cette fille, des défauts d'enfance, des à-peu-près, une niaiserie qui à l'abri des témoins me semblait rassurante, et énormément de volonté.
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Le bruit des hommes est terrifiant, et celui qu’ils font en parlant m’assourdit. Je les aime au coin des rues, loin, étrangers à moi, assis dans le café. Si l’un d’entre eux s’approchait, pourrait-il exiger ma main, et si je lui donnais les deux, saurait-il en faire autre chose qu’un nœud derrière mon dos ? Je n’en crois pas un mot.
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Je me promène dans les Rousses avec Hortense dans la tête, Hortense, qui depuis sa disparition, se pose souvent sur les visages que je croise. Alors je leur souris doucement, à ces visages étoiles, à ces maitresses d'école, àces vétérinaires. Il n'est pas rare qu'Hortense me rejoigne en ballade, que j'ouvre la portière arrière de la voiture avant la mienne pour assoir son fantôme dans le siègne enfant trop petit pour elle.
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Donner mon avis sur sa poésie pourrait porter atteinte à mon confort. Il est invraisemblable de révéler à ma mère combien ses rimes sont nulles, ou à ma belle-mère que son acharnement à rester jeune et à parler comme moi relève du pathologique. Dire à mon père que son eau de Cologne Amber-Tobacco dont il est fier parce qu’il la trouve exclusivement à l’aéroport de Chicago sent le vieux mégot est aussi impossible que d’avouer à Mamita, ma grand-mère, que les papiers à lettre qu’elle m’offre me serviraient à découper des poissons chaque 1er avril si j’avais dix ans de moins, mais ne me serviront jamais à lui écrire des tartines sur ma folle vie d’élève de troisième à présent que j’en ai quatorze. Les gens qui m’entourent ont pour exigence commune d’être aimés plus fort que les autres. Est-ce normal ? Qu’à cela ne tienne, je fais comme si. Je veux que chaque membre de ma famille pense que je l’aime plus que tout. Depuis que mon « petit problème » est quasi résolu, je souhaite m’occuper exclusivement de moi-même. Mes rêves. Mon quotidien. Mon avenir. Pour avoir la paix et que chacun me laisse sur mes rails, j’ai appris à devenir l’incarnation exacte de ce que les gens attendent de moi.
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[...] je suis actuellement mal partie avec mes amies filles, donc ma belle-mère de 41 ans (11 ans d'âge mental) n'est pas à exclure tout à fait de ma vie, même si elle porte ce soir, pour le karaoké de l'hôtel, une minijupe en cuir rose. Mon père lui a signalé que cette 'ceinture' n'était pas de saison mais elle n'a pas compris la blague, qui, évidemment, n'en était pas une. Mon père blague d'ailleurs assez peu avec la longueur des jupes de Camélia. Elle a cru qu'il tiquait sur la couleur et elle a affiné :
- Ce n'est pas du rose, Chris, c'est plutôt du rouge clair.
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Ailleurs, t’étais ma femme. Ma grande, c’était la nuit. Et la nuit était rare. Sauf le jour, ça oui. Avec toi, il faisait noir. Y a rien pour commencer. Juste toi. T’es plus là. Je peux pas dire ton nom, ni les dates, les endroits. Faut masquer tu comprends, tout est prémédité. Disons que c’était couru qu’un jour j’allais quelque chose. Tu me faisais des brûlures et je débrûlais jamais. Ça change rien à l’histoire ni à la vérité. Je t’ai tuée, ça se fait pas. Je vais l’écrire et voilà. Je t’ai cherché un prénom parce que je veux raconter. Je suis tombé sur Irène mais je peux rien en faire. Des prénoms qui s’amenaient comme pour être choisis. Ça t’aurait rendue folle ces filles sur le bout de ma langue. Après Irène, Eva. Plein de prénoms comme plein de femmes. Mettre pas le tien, c’est bidon. J’ai besoin de vérité. J’ai pas besoin de t’appeler. Je vais parler et tu te tais. Je vais dire Tu.
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