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EAN : 9782081421431
160 pages
Flammarion Jeunesse (07/02/2018)
3.38/5   99 notes
Résumé :
« Je l’appelle Apothéose parce qu’il n’y a aucun prénom logique à lui mettre sur le visage. Je la klaxonnerai avec ma tête jusqu’à ce qu’elle se retourne. Un jour, elle me dira son vrai prénom, à l’oreille, elle le prononcera avec le souffle. Son souffle réveillerait un mort. En attendant, de là où je me trouve, je kiffe à fond dès que je pense à elle. »

Tous les matins, Wilco regarde Apothéose passer sous sa fenêtre. Jusqu’à ce qu’un jour, il se penc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,38

sur 99 notes
En lisant Proxima du centaure, reçu dans la perpective de la rencontre avec Claire Castillon, je me suis interrogé sur sa dénomination roman jeunesse.
Rien dans ce roman, me semble-t-il, ne permet de l'identifier avec la certitude d'un éditeur madré à un roman pour la jeunesse...
Dès les premières lignes, on comprend de quoi il retourne, quand «...Mrs Blandin la remet à sa place à cause de son fou rire...»
La difficulté à communiquer des adolescents avec les adultes, et vice-versa. L'écriture de Claire Castillon évoque avec merveille des situations qui nous renvoient à nos souvenirs d'adolescents, mais aussi à nos souvenirs de parents...
L'humour forcé des parents pour faire «djeunes» et en retour les blagues féroces mais frappées au coin du bon sens qu'ils ne capteront jamais :
«En se concentrant vraiment pour sortir le plus de conneries possible, mes parents ont habilement évité qu'on leur annonce quelque chose de sérieux comme...»
Wilco, un jeune homme de 15 ans, né en 1999, est le fils de Sylvie prof d'arts plastiques et de Guy prof d'histoire géo et instruction civique.
Il a une soeur, Andréa, d'un an plus âgée que lui, et une cousine plus jeune Prudence.
Il est éperdument mais secrètement amoureux d'Apothéose une fille qui a décidé de s'appeler Marylin Minnesota pendant les 5 heures par semaines du cours d'anglais qu'ils suivent ensemble avec Mrs Flandrin : «Ses lunettes sont la partie de son corps que je préfère. Elles l'agrandissent. Elle la recadrent. C'est un plomb dans ma tête cette fille...»
Le destin le lie à jamais à cette fille, lorsqu'en se penchant à sa fenêtre pour la voir passer, comme il le fait chaque jour depuis deux mois, il tombe et se retrouve en réanimation, avec un pronostic des plus graves : «...il est peu probable que je puisse retrouver la position verticale. A priori. Ils ont dit «à priori» observe ma mère.»
De son lit d'hôpital, Wilco observe les siens, et cherche à les comprendre, à comprendre leurs faiblesses, leurs mensonges, leurs certitudes et parfois leur indifférence pour ne pas dire mépris des autres.
Ses parents «qui exigeaient un Scrabble ou un Trivial Pursuit et sûrement pas un pictionary, après une journée de plage, une visite du musée de l'Eau et une virée à la bibliothèque municipale plutôt qu'un tour au ciné où on jouait le nouveau Disney (société américaine de cons).
Les parents de son ami Vadim, «Nadège et Jérôme vont au Karaoké (...) pour mes parents c'est intéressant d'un point de vue sociologique, mais très ennuyeux dans la réalité.»
Son oncle Lionel, le père de Prudence, « L'oncle Lionel avait tenu à faire un concert de guitare. Il avait même imprimé une affiche, Lionel guitariste. Marie-Noëlle criait «gâteaux gratuits !» dans l'espoir que les gens achètent son CD.»
Ces adultes qui cherchent à vivre les rêves auxquels ils ont renoncés tout en empêchant leurs enfants de vivre les leurs.
Depuis sa chambre d'hôpital, Wilco construit un univers dont le personnage central, est Apothéose. Il charge son ami Vadim d'organiser une visite d'Apothéose à l'hôpital. Il imagine les déambulations d'Apothéose dans la ville, ses pensées, ses sentiments pour lui «Elle s'imagine que l'hôpital est un rassemblement de radeaux, que les malades enfermés là luttent contre une tempête, mais elle sait que dans le paquebot, un jeune-homme veille. C'est moi.»
Il capte le désespoir des autres, comme celui du voisin «dont le passe-temps consiste à tondre sa pelouse. (...) Après il caressait longtemps sa tondeuse avec un chiffon. Il huilait sa lame avec délicatesse, comme il l'aurait fait, avant, dans une autre vie, avec les pieds d'une femme, le pouet-pouet d'un chien ou la marionnette d'une petit fille.»
Exclu de sa propre vie, Wilco apprends à comprendre la vie des autres, acquiert le regard éloigné de celui qui va partir, mais que l'on n'oubliera jamais. «Je sais que je resterai à l'arrière de la voiture de mes parents, même après ma mort»
Un livre bouleversant, dont je ne saurai dire si c'est un roman jeunesse ou adulte, mais qu'importe, Claire Castillon a réussi à parler de l'amour, de la mort, de la séparation, du bonheur avec des mots simples, sans emphase, avec humour pour notre plus grande joie.
Un livre à lire. Merci Babelio et Flammarion pour cette découverte inattendue et inespérée.



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J'adore définitivement Claire Castillon! J'étais déjà tombée sous le charme de sa plume avec son ouvrage « Les piqûres d'Abeille ». Elle a cette faculté à écrire sur des thématiques dramatiques avec beaucoup d'humour, de sensibilité, de poésie et de légèreté. Elle dédramatise complètement la situation et grâce à elle on lit un sujet grave avec beaucoup de plaisir. C'est encore une belle histoire touchante qu'elle nous propose aux côtés d'une famille atypique. Sa plume a une vraie identité (c'est sa force), j'aime sa façon de s'exprimer avec charme et simplicité. Elle sait être juste dans ses propos et nous offre dans ses oeuvres (dans les deux que j'ai lu en tout cas) des personnages profondément bons, naturels et humbles.


Wilco est un plaisir à suivre. Cette histoire est à la fois tellement triste mais aussi tellement poétique. Ce que vit Wilco est une horreur, il suffit de se mettre à sa place sérieusement une seule seconde pour avoir les larmes aux yeux et sentir l'angoisse monter dans sa gorge. Pourtant, le récit est frais et drôle (je pense notamment au passage de la « hum-hum » de Prudence où j'ai explosé de rire !). Nous sommes avec lui dans sa tête, plongés dans ses souvenirs, ses rêves et son imagination. Ce garçon a un moral et un courage extraordinaire. Je doute de vivre aussi bien les choses si j'avais été à sa place. Ceci dit, cela ne veut pas dire que Wilco ne subit pas des moments de terreur et d'angoisse. Sans tomber dans le pathos et le mélodramatique, Claire Castillon nous rappelle à l'ordre entre deux moments de légèreté. le ton employé a tendance à nous faire oublier l'état grave de Wilco. De ce fait, en cours de récit, et de façon très ponctuelle, l'auteure rétablit la prise de conscience. Elle nous offre un regard différent sur le monde et nous pousse à la réflexion et à la remise en question. L'être humain peut parfois se ronger les sangs et se montrer nombriliste pour des futilités alors que d'autres gisent inertes entre vie et mort... Ne l'oublions pas… une pensée pour eux et leur entourage.


La situation est terriblement dramatique pour Wilco mais également très douloureuse pour ses proches. En plus de la condition de Wilco, Claire Castillon pense à aborder, entre autres, la détresse de ses parents et de sa soeur. De plus, il y a malheureusement une incompréhension totale niveau communication. Entre ce que Wilco pense/ressent/veut et ce que sa famille décrypte, il y a un cratère. La situation est très compliquée. Quant à sa soeur, même si elle apparaît finalement peu, le lecteur ressent cette connexion forte de solidarité fraternelle. Tout comme dans « Les piqûres d'Abeille » cela m'a touché.
Seul tout petit bémol pour moi, j'ai trouvé certains passages (vers la fin seulement) où Wilco imagine les journées d'Apothéose un peu longs. Hormis cela, Claire Castillon fait partie de ces auteurs qui nous prouvent à nous lecteur qu'un roman court peut être incontestablement un très bon roman.
Merci à l'auteure de nous offrir un tel moment de lecture remplit d'espoir et de lutte acharnée dans la positive attitude. À découvrir…

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Et boum et boum.
Wilco, penché à sa fenêtre, regarde passer Apothéose, une fille de sa classe, sur laquelle il a flashé.
Et boum et boum.
Ce n'est pas son nom, Apothéose. Mais Wilco trouve que ça lui va bien, tout en montant sur son bureau pour la suivre des yeux le plus longtemps possible.
Et boum et boum.
Va-t-elle le voir ? Va-t-elle se retourner ?
Et boum et boum.
Est-ce le bruit de son coeur ?
Non. C'est celui de son corps qui tombe sur le balcon d'en-dessous, puis sur le sol. Cinq étages plus bas.
Gisant à l'hôpital, incapable de bouger, de parler, de manger, de respirer seul, Wilco subit le monde qui l'entoure : ses parents, les médecins, sa soeur, le peu de famille qui lui rend visible.
Sa seule liberté, tout ce qui lui reste, c'est son imagination.
Que se passe-t-il en dehors ? Que fait son meilleur ami Wadim ? Que fait Apothéose ?Viendront-ils le voir ? Pensent-ils à lui ?

La littérature jeunesse est souvent assez neutre, manichéenne, et morale. Les gentils gagnent généralement, les méchants sont justement punis... Pas de grand choc frontal avec les vicissitudes et les inégalités intrinsèques de la vie. Bien sûr, il y a des épreuves à surmonter, mais justement, elles sont surmontées. Bref, la littérature jeunesse finit globalement bien.
Quelle surprise et quel choc donc à la lecture de ce « Proxima du Centaure » ! Car ici, pas de retournement de situation de dernière minute, pas d'intervention magique pour changer le destin de Wilco, pas d'erreur de diagnostic médical ni de miracle...
Wilco est foutu.
Passée cette information, sur laquelle ni Claire Castillon ni Wilco ne s'attardent de trop, que reste-t-il ? L'imagination du jeune homme, qui vit par procuration et imagination la vie du dehors, et sa famille et leur espoir tenu que tout cela va s'arranger.
Le lecteur est donc mis sérieusement à mal ! Car évidemment, ni les espoirs des parents, ni les rêves de Wilco ne prennent consistance. Enfermé dans son corps, Wilco est désespérément seul.
Allégorie de l'état d'adolescence ? Où l'ado, bloqué dans un corps qui le trahit, n'arrive plus à communiquer avec ses proches et mise tout sur ses amis ?
Un rappel de l'auteure que, non, il n'y a pas qu'aux adultes qu'il arrive de très gros coups durs ?
Mise en exergue de ce moment de vie où rien ne compte plus que l'amitié, les premiers vrais émois amoureux et le regard de ses comparses ?
J'hésite sur le message de ce roman. Un mélange de tout cela sans doute.
Du haut de mon statut d'adulte, j'ai surtout lu ceci : Dans les moments vraiment critiques, ce qu'il te reste, c'est la famille.

Que la brièveté apparente de ce roman ne trompe pas : cette lecture fait l'effet d'un tsunami, tant il brasse profond les sentiments, les rêves, les espoirs et les obsessions que nous avons tous eu à un moment ou un autre de notre vie. Et parce que l'état de Wilco n'est pas l'objet de pleurnicheries, la fin inexorable n'en est que plus violente.

Une lecture forte, qui tranche avec justesse avec la production gentillette actuelle.
Bravo à Claire Castillon de sa confiance envers les jeunes lecteurs : oui, ils sont tout à fait prêts à lire cette histoire !
Et bravo de ce coup de pied au derrière aux parents : non, vos ados ne sont plus des petits enfants, et oui, ils sont tout à fait prêts à lire cette histoire...
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Wilco à la suite d'une chute du 5ème étage se retrouve tétraplégique et muet. Wilco est amoureux et voulait suivre de sa fenêtre celle qu'il aime : Apothéose qui porte 3 prénoms suivant les circonstances. Chute involontaire qui va bouleverser la vie de ses parents et de sa soeur d'un an son aînée.

Cet événement va révéler à l'enfant le lien qui unit cette famille un peu trop "typée" à mon goût par rapport à celle de Vadim, son meilleur ami. Lui, sa famille elle est exubérante, vivante alors que celle de Wilco est dans les non-dits, le calme et les petites cachotteries (ne pas faire "étalage" des vacances en camps de naturistes, ce que les enfants ont  de plus en plus mal à vivre, arrivés à l'adolescence....).

Le livre est la narration par Wilco de ce qui l'a amené sur ce lit d'hôpital, dans une coquille qui le maintient, grâce à des tuyaux qui le nourrissent, l'aide à vivre mais l'ont rendu muet. Il entend, il observe et il pense à Apothéose, à celle qui sera l'amour de sa vie, il réfléchit à l'amitié et aux liens familiaux, à la difficulté de ceux qui vous aiment de vous voir clouer dans cet environnement aseptisé et qui espacent les visites.

La lecture est facile (je l'ai lu en 3 heures), l'écriture est agréable mais..... il y a un mais..... j'ai trouvé qu'il y avait trop de clichés : milieu très caractéristique bobo : enseignants, cultivés, naturistes, vivant au milieu de la musique classique, des livres, sans télévision en opposition à  celle de son meilleur ami, Wilco, le play-boy, celui qui tombe toutes les filles de la classe.

Une histoire de révélations : Wilco prend conscience de l'amour profond qui lie ses parents, de l'attachement de sa soeur, de cette grand-mère qu'on protégera, pleine de bon sens et d'énergie, mais surtout de son cheminement vers l'inconnu, vers une constellation qui sera peut-être son dernier refuge, celle du Centaure.

J'ai bien aimé mais sans plus, on évite le pathos malgré tout en restant abstrait, mais je suis une adulte et je juge comme telle : j'ai trouvé cela assez convenu, inspiré je pense d'autres auteurs dans le côté poétique et sidéral. Rien à lui reprocher mais rien qui ne m'emballe non plus.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Attirée par sa couverture, j'ai eu envie de découvrir Proxima du centaure dont le résumé reste finalement assez évasif. C'est donc sans trop savoir à quoi m'attendre que je me suis plongée dans cette histoire qui m'a autant émue et touchée que déstabilisée, le récit étant, somme toute, plutôt atypique.

Nous faisons la connaissance de Wilco, un adolescent qui a une passion dans la vie, Apothéose, une jeune fille qu'il a nommée ainsi et qu'il aime beaucoup suivre du regard quand elle passe sous la fenêtre de sa chambre. Et puis un jour, c'est le drame, le jeune homme tombe des cinq étages qui le séparent du sol. La chute est rapide, brutale et irrémédiable.

Les lecteurs passent ainsi sans transition, ou presque, de sa chambre d'adolescent à sa chambre d'hôpital où les jours, les semaines puis les mois s'écouleront. Wilco est heureusement entouré de sa famille, à commencer par ses deux parents dont il prend, petit à petit, la mesure des liens profonds qui les unissent. Il y a aussi sa soeur Andréa qui a fait voeu de chasteté jusqu'au retour de son petit frère dans l'appartement familial. Seul le meilleur ami du jeune homme brille par son absence, mais ce n'est pas grave, il a une mission à remplir : amener à son chevet Apothéose, l'amour de sa vie.

Alors que le sujet est grave, l'autrice nous offre une très belle histoire emplie d'amour qu'il soit familial ou amical. On ne peut ainsi qu'être touché par cette famille qui essaie d'avancer et qui croit jusqu'au bout au rétablissement de Wilco. Les parents paraîtront parfois à côté de la plaque minimisant l'état de santé de leur fils ou se concentrant sur des détails sans importance, mais on comprend très vite que c'est simplement le moyen pour eux de continuer à avancer sans s'effondrer…

Dans ce huis clos qui se déroule dans une chambre d'hôpital, le lecteur assiste au déroulement de l'hospitalisation de Wilco qui ne peut plus parler ni bouger, mais qui est conscient de ce qu'il se passe autour de lui. Son corps en miettes ne l'empêche donc pas d'avoir l'esprit alerte et affûté. le jeune homme ne manque également pas d'humour, ce qui lui permet de prendre un certain recul sur son accident et sa vie.

Cette prise de distance dans la narration m'a toutefois empêchée de m'attacher tout de suite à lui, mais au fil du récit et des souvenirs que Wilco partage avec nous, j'ai fini par le voir comme un ami ou un lointain cousin. On finit donc par avoir de la tendresse pour cet adolescent à l'humour parfois cocasse, et on ne peut s'empêcher de rêver à ses côtés. Il faut dire que si son corps est cassé en mille morceaux et immobile dans une chambre d'hôpital, son esprit, quant à lui, vagabonde librement hors des murs de sa chambre. Entre rêves, fantasmes et réalité, l'adolescent nous plonge ainsi sans retenue dans son esprit, un esprit de battant et de rêveur qui lui permet de faire face à la situation avec un certain aplomb !

J'ai tout de suite été séduite par la plume très originale de l'autrice, mais je pense qu'elle ne plaira pas tout le monde. Simple, mais parfois semblant appartenir à un autre monde, elle correspond assez bien à Wilco, un garçon cloué dans son lit d'hôpital, mais dont l'esprit s'évade à la moindre occasion. Vous pourrez donc avoir cette impression d'une plume concrète, ancrée dans le présent, qui s'envole parfois vers d'autres horizons. Cela peut paraître déstabilisant, mais une fois la surprise passée, j'ai apprécié le style à la fois froid et poétique de Claire Castillon.

En conclusion, pas de pathos, mais de l'émotion, voilà ce que nous offre l'autrice avec Proxima du Centaure. L'histoire aurait pu être triste, elle se révèle belle, parfois absurde, parfois difficile, mais jamais larmoyante. À travers l'histoire d'un jeune homme dont la vie va prendre une tournure inattendue, l'autrice aborde des thèmes comme l'amitié, les premiers émois amoureux, la famille, la séparation, la culpabilité, et l'amour inconditionnel qui permet à une famille d'être unie même dans la douleur…
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Pendant mon coma, je suis rentré chez moi. Ma mère essayait de dormir, la joue sur le torse nu de mon père. Poilu, aurait dit Andréa. J'étais dans leur chambre, l'antre des formules mathématiques, de l'algèbre, de la géométrie dans l'espace, de la géopolitique et de la culture générale, et j'ai pensé :
- Qui sont ces gens ?
J'aimerais dire à mon père la beauté que j'ai vue d'eux en passant la porte interdite. Interdite, faut pas exagérer, disent-ils quand ils nous reprochent de nous l'avoir souvent claquée au nez pour être tranquilles, prétextant des corrections de copie ou une envie de sieste. Dans leur chambre, j'ai vu le poumon de la maison, le nerf de la paix, la nef de la petite église, j'ai vu tout ce que j'avais raillé, avec Andréa, à cause de leur vie d'intello derrière leur porte fermée. Dans la nuit du 16 au 17, ces gens étaient en train de me fabriquer encore, l'un lisant tranquillement, l'autre cherchant le sommeil dans son bois noir, et j'ai compris que l'amour n'était pas seulement un lévrier aux muscles bandés, j'ai compris que l'amour n'était pas une bagnole roulant d'un point A à un point B, que mon père ne demanderait jamais à ma mère de descendre au prochain virage.
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Je l’appelle Apothéose, et ce mot contient elle et moi, les ondes qui chargent l’air dès qu’elle entre dans mon champ de vision, mes organes qui se diluent quand elle s’éloigne et ceux qui se coagulent quand elle approche. Ses lunettes sont la partie de son corps que je préfère. Elles l’agrandissent. Elles la recadrent. C’est un plomb dans ma tête cette fille, une cymbale, deux, et boum, et boum, dit ma mère. Boum et boum, répète-t-elle. En deux temps. Puis, comme d’habitude, elle ajoute :
– En plus, il était huit heures sept, l’heure de sa naissance à six minutes près.
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J'ai vu que ma mère avait ses yeux des années 80, ses yeux disco qui dansent quand mes parents organisent une soirée et qu'elle s'occupe de la playlist, ses yeux désespérément gais qui attendent Richard Cocciante pour se fermer sur l'épaule de mon père. C'est son paradoxe, la musique pourrie. Et celui de mon père, d'aimer le paradoxe de ma mère alors qu'il porte d'ordinaire un regard plus que critique sur les textes qui ne sont ni de Renaud ni de Le Forestier.
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C'est un survivant. Wilco ne devrait pas être en vie. Il est tellement brisé dedans qu'il est poudreux.
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J’ai su que c’était eux et leur amour invisible mais perpétuel, aussi infini que le temps, qui m’avaient donné droit au rêve de Nicole.
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Videos de Claire Castillon (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claire Castillon
Prix des collégiens - Gallimard Jeunesse - 4ème-3ème
Rencontre avec François Place, Isabelle Pandazopoulos, Claire Castillon et Charlotte Erlih. Entretien animé par Manon Fargetton.
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