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Critiques de Georges-Olivier Châteaureynaud (100)
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La faculté des songes

Un petit livre plaisant sans être renversant. Les quatre personnages sont tous plus ou moins brisés et surtout semblent terriblement inadaptés à notre société. Comme nous tous en somme... Les pages les plus touchantes parlent de l'enfance. Est-ce donc une particularité de Chateaureynaud d'être toujours aussi juste quand il évoque l'enfance ou l'adolescence ?



Des livres de Chateaureynaud, on préférera néanmoins le plus ambitieux, le plus transfictionnel, "L'Autre rive".



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Le fou dans la chaloupe

"Le fou dans la chaloupe" a été écrit en 1972. Il nous conduit sur des rives inconnues, dans l'imaginaire de son auteur. Il regroupe trois nouvelles : "Ses dernières pages", "Après" et "Là-bas dans le Sud". Leurs narrateurs sont des hommes solitaires, qui vivent entre le rêve et l'écriture.

"Ses dernières pages" raconte l'histoire d'un écrivain, qui semble avoir un peu de mal à écrire et qui découvre un jour, dans la maison qu'il loue à Eparvay (lieu imaginaire, lieu frontière), une armoire fermée. En la forçant, il découvre une vingtaine de volumes écrits par un inconnu dont le style est proche du sien. L'homme est même capable de poursuivre les phrases sans se tromper. Il trouve donc devant lui l’œuvre de sa vie, qu'il n'a pas encore écrite...

Réflexion sur l'inspiration, la création ou la réminiscence, ce texte s'enchaîne parfaitement avec la nouvelle "Après", qui narre ce que nous devenons après la mort : au début , on assiste à une sorte de naissance étrange, un être qui s'extrait d'un puits, rampant, pris entre la paralysie et le mouvement... Puis le lecteur se rend compte que le corps allongé dans la morgue libère une enveloppe, le narrateur de l'histoire. Projeté dans sa mort, il est devenu limbe, mais limbe pensante, qui peut sentir, traverser les murs et les époques... pour l'éternité. Il trouve sur sa route Mangematin, une espèce de père ; celui-ci le guide un temps, jusqu'à ce que le narrateur assiste à un aquelarre, une réunion de sorcières au Pays Basque, au cours duquel il décide de prendre possession du corps de l'une d'elles.

Dans "Là-bas le Sud", un voyageur solitaire gagne Algésiras dans le but de se rendre bientôt au Maroc, pays qu'il ne parvient pourtant pas à atteindre à cause d'un blocus de Franco. Il porte sur lui les Labyrinthes de Borges et, entre les pages de ce livre, il découvre un jour une eau-forte très troublante : elle semble lui parler de sa propre vie. Sujet aux rêves, il suit sa pente onirique et cherche à comprendre ce qui se passe en lui.

La mort, les rêves et la solitude sont le fil conducteur de ces trois textes, aux narrateurs si semblables qu'ils sont sans doute des avatars de l'auteur. Le style, classique et beau, nous mène avec plaisir dans cet entre-deux-mondes.
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Contre la perte et l'oubli de tout

G-O Châteaureynaud commente avec intelligence et finesse ses lectures. Il nous donne envie de relire certains auteurs, comme le maître du genre fantastique, Edgar Poe (Le domaine d'Arnheim) ou l'intense et magnifique Invention de Morel de Bioy Casares.

On notera que Marcel Aymé est justement cité avec la Vouivre, entre autres, lui dont le fantastique sait se teinter d'humour.

On repart avec l'envie de lire plein de choses, comme L'homme-papillon de Mehis Heinsaar, La Mandragore de la Motte-Fouqué, le seuil du jardin d'André Hardellet...

G-O Châteaureynaud raconte aussi les ateliers d'écriture, ses débuts chez Grasset (il rend hommage à Bernard Privat). Il parle avec passion des livres de son ami Hubert Haddad. Avec modestie et simplicité, il nous offre un livre érudit et sensible.



Article entier sur le Manoir des lettres
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Le corps de l'autre

Inattendu, insolite, et réjouissant ce roman ayant pour départ une transmutation de corps,celui d'un critique littéraire acerbe, septuagénaire,bourgeois,dans celui d'une petite racaille d'une vingtaine d'années,déculturé , quasiment à la rue,sans ressources avouables.

Y aura t'il une rédemption ? Y a t il même une morale ? N'est ce pas le délire d'un fou criminel? L'écrivain nous balade un peu,sa prose est rythmée,alerte,et aussi crédible que peut l'être un roman fantastique. C'est dire qu'il a du talent

Un roman bien agréable à lire,bien écrit,bien structuré, où le doute subsiste à la fin.
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Aucun été n'est éternel

Une histoire de voyage, de rencontres, de quête initiatique vers quoi, vers où ? Les surprises de la vie n’ont de saveur qu’au travers de son sens de l’humour.

Une jeunesse étiolée décidément trop courte, vécue pour la plupart entre deux parents âgés. Alors quand l’appel de l’aventure se fait sentir malgré la peur difficile de refuser.

Les personnages sont attachants, un brin kassos mais toujours débrouillards... Chapitres très courts, il se lit facilement, trop facilement...

Un grand coup de cœur à partager avec vous.



Bonne lecture :)
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Le goût de l'ombre

Entre vie quotidienne, rêves étranges et fantastique, des mondes miniatures fascinants.



Avec ce recueil de nouvelles paru en février 2016 aux éditions Grasset, Georges-Olivier Châteaureynaud prouve une fois encore son talent pour traquer le fantastique dans les vies ordinaires, et se renouveler avec des motifs récurrents qui donnent à ses livres le parfum agréable des maisons connues mais toujours mystérieuses – la ville fictive d’Eparvay qu’il a créé dans sa première nouvelle, la hantise du franchissement du Styx, une réinterprétation des grands mythes grecs, l’univers des brocantes ou encore le talent singulier des artisans d’art – motifs construisant un univers onirique teinté de fantastique.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/04/20/note-de-lecture-le-gout-de-lombre-georges-olivier-chateaureynaud/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Singe savant tabassé par deux clowns

Ce recueil de Châteaureynaud, publié chez Grasset puis réédité chez Zulma, a obtenu en 2005 le Goncourt de la nouvelle. Il contient onze textes, tous aussi troublants et profonds les uns que les autres. Ils nous racontent les liens qu'on a avec la mort, explorent la frontière entre les mondes, sujet cher à l'auteur. G.-O. Châteaureynaud introduit la mythologie dans le réel ; il nous fait visiter l'entre-deux, fait surgir des images étranges et poétiques dans une langue parfaitement maîtrisée.


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Ici-bas

Écorcheville respire un air de fin des temps : quand les pluies s'abattent sur la ville, ce sont des averses d'oiseaux ou des grenouilles. Depuis presque quarante jours, le ciel ouvre ses vannes, et le fleuve ne cesse de gonfler, faisant surgir des créatures étranges. Parmi elles, des Harpies nichent dans les arbres et s'en prennent à des habitants. On voit aussi apparaître parmi les humains une Hespéride et un homme à tête de taureau. Qu'annonce cette confusion des mondes, séparés par Le Styx et la barque de Charon?



Ici-bas raconte l'histoire de la fin d'Écorcheville, en mettant en scène de très nombreux personnages, que le lecteur a pu découvrir auparavant dans les deux volumes de la trilogie (L'Autre rive, 2007 ; À cause de l'éternité, 2021). de puissantes familles, comme les Bussetin, les Propinquor et les Esteral, règnent sur la cité. Au coeur de la ville, pourtant, l'hybridation a déjà eu lieu : ne va-t-on pas se faire faire ses robes et ses costumes chez Lachésis fashion, boutique tenue par les trois Moires ? Biquet et Angelina cachent, depuis leur enfance, des pieds en forme de sabots, et leurs cornes sont annuellement limées par leurs parents...

Dans ce roman mythologique, on se demande la place des vivants et des morts. Quel est ce monde où on a voulu cacher la force de l'imaginaire, tout en vivant avec ses représentants ? En effet, qui est plus intrigant, plus respecté que le directeur de l'institut Ouranos, ce psychiatre aux deux visages, tel Janus ? de son côté, Strabon Martin, professeur de mythologie, qui s'occupe du musée tératologique, défend ce que d'autres appellent les monstres. Au moment de l'invasion des Harpies, il se désole, en même temps que le lecteur, de l'ordre du Maire de les abattre alors qu'elles sont les preuves précieuses, malgré leur caractère horrifique, d'un au-delà. Les Écorchevillains cherchent à se voiler la face jusqu'au bout...

Le mystère plane. Qu'y a-t-il sur l'autre rive ? Sauf les morts et les créatures mythologiques, personne ne peut traverser Le Styx et revenir pour en parler. On pense par moments, pour l'ambiance et les dynasties, à l'étrange rivière de Blackwater de Michael McDowell, qui charrie aussi une énigme. Ce roman de Georges-Olivier Châteaureynaud nous interroge sur les frontières, le réel et l'imaginaire, ainsi que nos limites.



Article complet sur le Manoir des lettres.
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Le corps de l'autre

Voilà une histoire fantastique, celle d'un vieux critique littéraire atrabilaire, transmué par le coup de couteau d'un jeune loubard, en un jeune loubard justement.

La pirouette initiale permet donc d'embarquer l'esprit du vieil homme dans le corps de l'autre, ce loubard qui vient de l'assassiner. Point de départ du roman, cette renaissance est un vrai syndrome de Lazare, le héros n'est plus reconnu par les siens, ni ceux d'avant sa mort, ni ceux de sa nouvelle apparence corporelle.

Le roman devient l'histoire des pérégrinations du malheureux héros qui cherche par tous moyens à savoir qui il est vraiment, ce qu'il est vraiment, comment sortir de ce néant où il n'a plus aucun repère, ou au contraire réussir l'impossible synthèse entre son âme inchangée, et son corps qui n'est pas le sien.

Les plus : le prétexte au roman, ce passage dans le corps d'un autre, qu'il fallait imaginer, et une intrigue bien ficelée, l'écriture extraordinaire de G.O. Chateaureynaud, pas seulement sur la forme mais également par un fonds culturel et syntaxique particulièrement riche, l'appui volontaire sur les essentiels de l'existence, la relativité des choses bien exposée.

En moins : parfois le sentiment que les ficelles sont un peu grosses, mais c'est un roman fantastique. Le personnage de Poppée, un peu trop caricatural, qui accompagne le lecteur durant de nombreuses pages, puis qui disparaît un peu trop brutalement ou trop facilement, c'est la même chose. On aurait aimé la quitter autrement.
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L'autre rive

Il n’est jamais trop tard pour découvrir un auteur et un grand livre, L’autre rive de Georges-Olivier Châteaureynaud est une petite merveille qui conjugue le fantastique, le roman d’apprentissage et la critique sociale dans une langue superbe et savoureuse.



Benoit Brisé le jeune héros du roman habite Ecorcheville séparée de l’Erèbe par le Styx sur lequel Charron continue à conduire les morts dans l’au-delà, dans cette ville grise où se produisent de curieux évènements climatiques et où apparaissent d’étranges créatures, Benoit tente de passer le cap difficile de l’adolescence.



Si un certain mystère pèse sur sa généalogie il vit heureux avec Louise sa mère adoptive, embaumeuse de profession qui tire le diable par la queue. A Ecorcheville il y a les riches familles qui possèdent la ville et les autres dont fait partie Benoit. Bien que pauvre il est ami avec des jeunes des familles régnantes ce qui lui permet de profiter de leurs nombreux avantages, comme la possession d’esclaves, tout en sachant qu’il n’est pas de leur monde.

Comme tout ado Benoit va se chercher, sécher les cours, tomber amoureux sans espoir, décider qu’il sera musicien et qu’il doit savoir qui sont vraiment ses parents.



Impossible de raconter toutes les folles péripéties de cette quête d’identité dans une ville monde, dans un superbe isolement géographique et financier qui n’est pas sans faire penser à Monaco et à ses super riches.



Si l’on s’amuse beaucoup, si Châteaureynaud distille un humour fin et percutant, le tragique n’est pas absent et la mort rôde, Charron a du travail. La critique sociale est permanente et le pouvoir corrupteur de l’argent démontré jusqu’à la fin du roman qui n’épargne ni la ville, ni notre héros. Parmi toutes les qualités du roman la plus remarquable, à mon sens, et l’intégration des éléments fantastiques à l’intrigue, ce qui pourrait être artificiel ne l’est pas et contribue à une histoire fascinante et finalement assez sombre.

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Le sel de la Bretagne

Pour qui ne connait pas la Bretagne comme moi, voici un recueil pour la découvrir à travers des poèmes, des courts, des invitations, des descriptions, des souvenirs partagés...

L'avantage de ce recueil se trouve aussi que tous ces textes réunis s'adressent également à ceux qui connaissent cette région et même à ceux qui la connaissent peu.

36 auteurs, romanciers, nouvellistes, essayistes, poètes nous offrent quelques lignes suffisamment intrigantes et attirantes pour nous donner envie d'aller plus loin à la rencontre de cette belle région entre esprit sauvage et civilisation.

Une superbe découverte.
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Le démon à la crécelle

Le démon à la crecelle c’est une histoire fantastique avec toute la force d’un bon roman. Les personnages et les scenes sont forts et bien amenés. Il y a dans l’écriture de Chateaureynaud une élégance extraordinaire, le grand art de faire rire ou dire sans jamais peser. Un excellent moment de lecture.
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Les meilleures nouvelles 2018

Titre :  LES MEILLEURES NOUVELLES 2018



Auteur : les auteurs sont dans l'avis



Editions : OUTLIER éditions



Genre : Nouvelles



Dépôt légal : Novembre 2018



Nombre de pages : 110



Prix : 12 €



Treisième livre de l'année 2019







Présentation physique du livre :



Le livre est de format moyen et comprend 110 pages



Il s'agit d'un livre regroupant les meilleures nouvelles de 2018 comme son titre l'indique.



La couverture représente une langue avec un oiseau dessus.







Résumé : 



Une préface de Chris Simon .



9 nouvelles



- Une fille à marier de Thierry Covolo :



Quel est le meilleur moyen d'échapper à un mariage forcé ?







- On vole un enfant de Emmanuelle Sapin : 



Est ce une bonne idée de voler un enfant ?







- Rich text format de Danièle Argelès



L'ordinateur et ses mystères.







- Vous êtes ici de Mickaël Auffay



Comment se complaire dans un endroit ?







- Quarante huit fois de Benoît Fourchard



La violence à huis clos







- Möbius de Khalysta Farall



L'éternel recommencement .....







- L'aurore du rok'n'roll de Selma Bodwinger



La malédiction à double tranchant...







- Le ninja de Paname de Johann ZARCA



Un zorro plus que déjanté







- La rectification ou Oh, Bigdata de  Georges-Olivier Châteaureynaud



La personnalité multiple ou l'adaptation de l'homme à chaque situation.







Avis :



J'ai reçu ce recueil de nouvelles grâce au site Simplementpro, en service de presses.



Alors de j'ai pas l'habitude de lire des nouvelles, mais je me suis lancée il y a quelques jours.



Et je trouve ce genre original et attrayant, car il nous fait découvrir en un extrait un auteur.







Sur le fond de l'histoire :







- Une fille à marier de Thierry Covolo :



Etonnante est la manière de penser de cette jeune fille pour échapper au mariage forcé. Comme quoi, l'intelligence n'attend pas le nombre des années. L'auteur donne voix à une enfant : malheureusement ce thème n'est pas imaginaire mais réelle.



Nouvelle courte mais bien racontée. Avec des mots simples et des réactions très rationnelles. Une petite touche du "qu'en dira t'on" reflète encore plus une réalité de l'homme.







- On vole un enfant de Emmanuelle Sapin : 



La bonne ou mauvaise idée d'une mère en mal d'enfant. Si cela pouvait être réel à chaque fois...



Une nouvelle racontée à la première personne du singulier. Ce qui laisse apparaître tous les sentiments et les ressentis du personnage principal.







- Rich text format de Daniel Argelès



Il est vrai que quand on ne comprend pas quelque chose, l'entêtement prend parfois le dessus, avec une priorité tout à fait illégitime. On s'énerve pour trouver la solution au détriment des choses plus importantes. Et je me retrouve vraiment dans cela.







- Vous êtes ici de Mickaël Auffay



La nature humaine est je pense ainsi faite. C'est plus facile de se complaire dans ce que l'ont connait que d'aller vers l'inconnu.



Nouvelle racontée à la première personne du singulier. Le personnage nous entraîne dans son hésitation à aller vers l'inconnu.







- Quarante huit fois de Benoît Fourchard



L'horreur de la folie passagère est un thème d'actualité malheureusement. Et le ressenti de la victime entraîne encore plus le lecteur dans une réaction d'incompréhension. Cette nouvelle est racontée sans aucun voyeurisme, mais avec une réalité insoutenable.







- Möbius de Khalysta Farall



Une histoire que je ne souhaite à personne : l'éternel recommencement : cela me rappelle un film ... On ne peut pas échapper à son destin malheureusement pour certains.







- L'aurore du rok'n'roll de Selma Bodwinger



Une malédiction portée par une sorcière contre les dons des bonnes fées à la naissance. Comment tout cela va se dénouer. Un joli pied de nez que j'ai bien apprécié.







- Le ninja de Paname de Johann ZARCA



Une histoire où j'ai eu plus de mal en raison des termes que je ne comprenais pas tout le temps. Le verlan est pour moi un peu loin. Mais j'ai quand même perçu l'absurdité  qu'entraîne l'absorption de matières illicites.







- La rectification ou Oh, Bigdata de  Georges-Olivier Châteaureynaud



Une histoire imaginaire mais vraiment bien racontée. On retrouve la capacité de l'homme à s'adapter de manière incroyable à chaque situation.







Sur la forme de l'histoire :



Une lecture agréable. Chaque auteur a son style et chaque nouvelles est différente en tout point .



Chaque nouvelle a son propre chapitre.



La lecture est accessible à tous.







Conclusion :



Que vous aimiez les nouvelles ou non, je vous conseille ce recueil qui regroupe des petites histoires toutes originales et certaines même décalées.



S'agissant des meilleures de 2018 vous ne serez pas déçus .



Pour ce recueil ou celui de 2019 : outlier.association@gmail.com







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Le verger

Voici quatre nouvelles qui mettent en relief l'aspect inquiétant du genre fantastique. Par contre, le personnage principal, l'époque et l'intrigue divergent à chaque fois. Le style est un peu suranné, le vocabulaire riche et exigeant, le rythme plutôt lent. A conseiller aux amoureux de la langue française et aux personnes à la recherche d'une lecture qui fait réfléchir.

Ne surtout pas se fier à la couverture: selon moi, rares seront les enfants qui apprécieront cet ouvrage. Les temps changent et à présent, il est plutôt destiné à un lectorat adulte.
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L'ange et les démons

La couverture grise annonce déjà la tonalité du récit mes les premières pages nous plongent vraiment dans un univers "glauque". L'histoire est racontée par Renata, une adolescente qui se prostitue et vit dans un taudis en "colocation" avec un toxico (qui n'est qu'évoqué). Là ça fait déjà un choc car le récit est fait sur un ton pas franchement banal mais désabusé où Renata explique comment elle en est arrivée là en fuyant le domicile familial, la mère alcoolique et le père drogué.

Pourtant, ce n'est pas le coeur du roman et l'intrigue débute réellement avec la rencontre de Marco, un petit garçon blond, perdu du côté de la gare où Renata arpente le trottoir. Elle décide de le recueillir et va s'occuper de lui en essayant de percer son mystère. Un garçonnet de 12 ans, extrêmement cultivé mais qui semble n'être jamais sorti de sa riche demeure et qui ignore jusqu'à son nom de famille, ce n'est pas ordinaire !

Je ne peux pas vous en dire plus car la suite relève du polar et la fin (dont j'avais deviné l'enjeu) amène un thème totalement inattendu.

C'est vraiment bien conduit et ça se lit d'une traite car on veut savoir le fin mot de l'histoire. Je pense que cette lecture peut convenir à des ados à partir de 12 ou 13 ans.
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Jeune vieillard assis sur une pierre en boi..

Georges-Olivier Châteaureynaud, né à Paris en 1947, est un romancier et nouvelliste français. En 1973 il publie Le Fou dans la chaloupe, un recueil de trois longues nouvelles, puis en 1974 le roman Les Messagers, qui obtient le prix des Nouvelles Littéraires. Jusqu'à l'obtention du prix Renaudot en 1982, il gagne sa vie en étant successivement caissier, monteur de roues de camion, brocanteur, bibliothécaire, tout en continuant son travail littéraire, une centaine de nouvelles et pas loin d’une dizaine de romans. Après avoir présidé la Société des gens de lettres de 2000 à 2002, il en est aujourd'hui l'un des administrateurs et depuis 2010 il est secrétaire général du Prix Renaudot.

Jeune vieillard assis sur une pierre en bois, recueil de nouvelles, vient tout juste de paraître. Je serai direct, je ressors de la lecture de cet ouvrage, littéralement emballé. Je n’ai absolument aucune critique négative ou réservée à émettre. Tout paraît si simple quand c’est si bien fait !

L’écriture coule avec une simplicité déroutante sans effet de style ostentatoire, le vocabulaire à peine ponctué ici ou là d’un joli mot moins usité n’effrayera pas le lecteur amateur. Et pourtant, quel travail et quel talent derrière tout cela, pour obtenir ce rythme tranquille et cette unité de ton à travers ces huit textes écrits entre 2002 et 2011.

Si la forme est parfaite, le fond ne l’est pas moins avec là encore une certaine unité puisque ces textes sont tous d’inspiration « fantastique », l’auteur n’aime pas le terme mais pour que ma chronique soit brève c’est le mot le plus évident qui me vienne à l’esprit. Il s’agit d’un « fantastique » de la banalité (oxymoron ?) où les héros de l’écrivain, gens très ordinaires sans qualités ou défauts particuliers, vont se retrouver à un moment de leur vie, confrontés à une situation sortant de l’ordinaire. Encore que parfois on ne sache pas réellement, s’il ne s’agit pas tout simplement d’un rêve vécu par ces personnages.

Dans Les Amants sous verre, un couple se verra confisquée sa jeunesse le temps d’une nuit d’amour par leurs hôtes très âgés, Les Intermittences d’Icare montrent un homme qui se découvre le pouvoir de voler trois fois dans sa vie, dans Diorama l’une des plus belles nouvelles de ce recueil, un vieil homme se laisse emporter par le souvenir de tous ceux qu’il a connu dans sa jeunesse, tandis que La Face perdue, pastiche des contes fantastiques de la fin du XIXe siècle, met en scène un homme qui sacrifie en vain son honneur pour une femme.

Huit nouvelles troublantes autant qu’intrigantes dont on se délectera sans modération mais derrière lesquelles se dissimulent nostalgie, amours perdus, vieillesse et mort…

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Ce parc dont nous sommes les statues



Georges-Olivier Châteaureynaud compose avec ces nouvelles un ensemble de statues disposées dans son parc imaginaire, dans lequel il nous invite à l’évasion.

Ce parc dont nous sommes les statues de GEORGES-OLIVIER CHÂTEAUREYNAUD est un recueil rassemblant dix nouvelles, paru tout récemment chez Grasset.



Ce qui saisit, de prime à bord le lecteur tout au long de ces nouvelles, c’est l’imagination sans bornes de l’auteur. Les nouvelles nous emmènent de l’aventure au fantastique, en passant par l’absurde. Des thèmes comme les métamorphoses, le destin, le souci de la technique voire la nympholeptie y sont abordés.

L’aventure de Léo, sorte de Énée des temps modernes, à l’histoire d’une tête dans un bidet, les nouvelles qui composent ce recueil abordent des sujets très divers, avec comme fil conducteur une marche progressive vers le fantastique. De surcroit, les personnages principaux sont sans cesse enlevés à leurs situations de départ. Ce fait constitue bien un fil conducteur pour l’ensemble du recueil.

Reste que, tout au long de ces dix nouvelles, le style de l’auteur, clair et toujours à propos, donne à la lecture de chaque nouvelle un rythme singulier.



En définitive, je recommande ce recueil de nouvelles passionnant, et dont l’ensemble à un sens. Quoique les recueils de nouvelles soient régulièrement décriés pour leur manque d’unicité, celui-ci souffre de l’apparente banalité des histoires que l’auteur raconte. Or il serait dommage de s’arrêter à cette impression première, tant le recueil recèle de possibilités de s’évader de son quotidien.

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L'autre rive

Un autre livre comme je les aime, érudit, bien écrit, très bien écrit même, qui déroule son histoire dans un univers onirique. J'avais parfois l'impression de voir des films de J.-P. Jeunet, là où tout est normal jusqu'à ce que rien ne le soit plus. Les personnages sont attachants, chacun reflète une part de notre humanité, dans le meilleur comme dans le pire. Un Benoît vraiment très très Brisé, un petit Faunet et l'infini du Styx...
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À cause de l'éternité

Voilà le roman qu’attendaient tous les exilés d’Écorcheville, cette ville des bords du Styx, « face à l’inconnaissable et dans la proximité des prodiges », dont Georges-Olivier Châteaureynaud avait établi la chronique dans L’autre rive. Tous les exilés d’eux-mêmes et de la vie, « superlativement étrangers » au quotidien, « toujours entre être et non-être, au bord du néant ». Disons-le d’emblée : le défi difficile des « suites » est parfaitement relevé et, si les allusions au premier roman enrichissent la compréhension, sa lecture n’est nullement nécessaire pour goûter pleinement celui-ci. L’intrigue est simple et linéaire. Alphan, après ses études dans un pensionnat suisse, revient à Écorcheville pour se marier. Pris dans un délire de son père, il entre dans un étrange château dont il n’a plus envie de repartir lorsqu’il apprend la mort de sa fiancée. Mais le château lui-même est menacé de tomber dans l’héritage d’un magnat japonais…

On retrouve dans ce deuxième volet l’atmosphère chère à l’auteur, ni réaliste, ni fantastique, mais dans un léger décalage dans la perception de la réalité comme de l’imaginaire. « L’étalon de la réalité n’est pas le même ici qu’ailleurs », remarque un personnage. Tel est le secret de ce récit : l’extraordinaire se mêle au quotidien comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle. On y vit dans la France d’aujourd’hui, avec des téléphones portables, des associations 1901, et l’on paie en euros l’obole à Charon. Les personnages ont face aux excentricités de leur univers les réactions de nos contemporains. Les enfants vont chercher dans la zone interdite des poussées d’adrénaline, les adolescents sont fascinés par les revues pornographiques, les adultes sont en quête d’âmes sœurs et les vieillards, quand ils ont réglé leurs problèmes de retraite, cherchent à fuir les Ehpad. La mise en scène de ces personnages outranciers ou farfelus reproduit notre société occidentale, où le pouvoir se partage entre grandes familles avant que l’élection d’un candidat populiste ne rebatte (provisoirement) les cartes. L’ailleurs n’est pas si loin de l’ici.

Et pourtant, ici, il pleut des insectes ou des crapauds, on repêche des monstres dans le Styx, on les confine au musée de tératologie ou on les protège pour éviter qu’ils ne finissent en attractions touristiques. Ici, il faut se méfier des malfrats, car ils volent… dans les deux sens du terme. Ici, on a « des semelles de plomb mentales », et l’on envie vaguement ceux qui, nés ailleurs, vivent dans « une sorte d’ingénuité confortable ». On rêve de fuir, on fuit, on élève ses enfants dans des pensionnats suisses pour qu’ils épousent de riches héritières anglaises, mais rien à faire : ils reviennent. Parce qu’il y a une collusion secrète entre les hommes et les lieux. La mémoire est « brume et brumasse, brouillard et brouillasse » ; des nuages passent dans les regards ; on tombe comme une pierre tout au fond de soi-même…

Peut-être est-ce par là qu’il faut entrer dans le roman : par les lieux, qui en sont les vrais personnages. Dans L’autre rive, le principal protagoniste était Écorcheville, la ville construite au bord du Styx, sur lequel une société anonyme voulait jeter un pont. Dans ce roman, c’est le château de Thétis d’Éparvay (un clin d’œil significatif à la ville des Ormeaux ou de La faculté des songes). Les lieux clos, déserts, isolés, sont familiers aux lecteurs de Châteaureynaud : îles désertes (Au fond du paradis, Mathieu Chain…), villas ou châteaux abandonnés (La Faculté des songes, Les Ormeaux)… Rassurants comme des refuges contre les vicissitudes de la vie et inquiétants dans leur abandon ou leur délabrement, comme s’ils attendaient sans impatience la fin du monde. Écorcheville et le château d’Éparvay sont des lieux frontières, au bord du monde pour le premier, au bord du temps pour le second. Ils sont à la fois immuables et précaires, figés dans des archaïsmes surprenants (l’esclavage est toujours légal à Écorcheville) et en total déliquescence. La ville d’Écorcheville ne parvient pas à rejoindre le Styx comme le château d’Épervay ne parvient pas à entrer dans l’éternité. Et pourtant, ils y ont déjà posé un pied. L’impression d’abandon est particulièrement forte dans ce roman. Les personnages ont vieilli, pris leur retraite, rejoint l’Ehpad, l’aéroport surdimensionné est vide, la Compagnie du Pont a fait faillite, les villas sont en désordre, les dépôts sont des dépotoirs, le château un capharnaüm délabré… Dans ce « château de la Belle au bois mourant », il faut cacher ses spécificités, les cornes sous une casquette, les sabots dans des bottines — mais comment cacher un Minotaure ou une sphinge ? L’un est à jamais enfermé dans son labyrinthe, l’autre meurt misérablement au musée de tératologie.

On comprend que les personnages soient inquiets, furieux ou démoralisés. Ils ont baissé les bras et vivent dans l’engourdissement infini de leurs rêves ou de leur passé, piégés dans un temps qui s’étire, embourbés dans le temps comme dans les lieux. Ils ont perdu la notion de la durée — depuis combien de temps sont-ils au château ? Nul ne pourrait le dire, et pour cause : en y arrivant, ils ont rejoint une part ignorée d’eux-mêmes.

Les lieux sont des personnages et les personnages, des lieux. La décrépitude du château répond à l’interminable agonie de la duchesse. L’instabilité du temps et des lieux (le château se recompose sans cesse comme une œuvre d’Escher) répond à celle de son plus ancien habitant, surnommé faute de mieux l’Ectoplasme, « coincé dans un présent sempiternel », sur lequel la réalité n’a pas plus de prise que le temps. C’est un des personnages les plus touchants de ce roman, dans son désespoir de ne pouvoir vivre, « à cause de l’éternité », pourrait-on dire, car si sa mémoire absolue lui donne une connaissance parfaite du monde, il n’a rien vécu et se désespère de n’être « pas vraiment un et raisonnablement invariable comme chacun ».

Personnage clé, sans doute, et qui nous introduit dans une autre lecture de l’œuvre : un hommage à la littérature et, au-delà, une plongé dans l’imaginaire. L’Ectoplasme est le lecteur universel, qui « essaie comme des chapeaux toutes les destinées qui lui tombent sous les yeux ». Il est inséparable du conteur, un écrivain réfugié dans le château et qui en rompt la monotonie par des récits qui rebondissent de veillée en veillée dans une sorte de boudoir anglais. Comme jadis Mathieu Chain dans le roman éponyme, Brumaire est un écrivain échoué dans ce château improbable. Son identité cette fois ne fait aucun doute : par son physique, par ses œuvres, il évoque irrésistiblement Georges-Olivier Châteaureynaud. Effacé dans ses premières apparitions, il prend de plus en plus d’importance et, au détour d’une conversation sans sujet véritable, donne quelques clés d’interprétation.

Le monde où vivent ces personnages est d’abord celui des livres, du cinéma, de la fiction. Le jeune Astérion perdu dans son labyrinthe est un hommage à l’Aleph de Borges — le lecteur identifiera çà ou là quelques clins d’œil de ce type ! Si l’on croise au passage des personnages des précédents romans de l’auteur (Mathieu Chain, Lola Balbo…), on traverse au hasard des pérégrinations la place Cornélius Farouk, dédiée à un fantôme ironique de la littérature française… Mais la fiction devient structurante lorsqu’elle conditionne les comportements des personnages — s’il faut choisir une arme pour se défendre, on brandira un browning comme sur les affiches des films policiers. Et le gamin Minotaure enfermé dans son labyrinthe évoque au protagoniste son éducation dans un pensionnat suisse.

Plus largement, c’est l’imaginaire que met en scène ce château, l’imaginaire sans lequel l’homme ne peut vivre et que, souvent, il préfère ignorer, l’imaginaire dans toutes ses composantes : les fictions racontées par Brumaire, bien sûr, mais aussi les mensonges dans lesquels s’enfonce Alphan, ou les rêves, qui semblent avoir autant de réalité que les péripéties de la vie… L’imaginaire dans lequel les personnages trouvent refuge lorsqu’ils ont été blessés par la vie. « Nous constituons un pittoresque club de frileux qui s’efforcent de se tenir chaud », avoue l’un d’eux, on se frotte les uns aux autres pour soigner ses blessures et on se raconte des histoires pour oublier le passé, comme si une vie rêvée pouvait se substituer aux vies meurtries. Le château est la concrétisation spectaculaire de ce réservoir de ce qui pourrait, ou devrait exister. Tout ce qui est possible semble y avoir été remisé, sans inventaire possible (un huissier chargé de le dresser en fait l’amère expérience !), dans des pièces qui se multiplient à l’infini, dans une géographie mouvante, où il suffit souvent de penser à une chose pour se retrouver à l’endroit où elle existe. Selon son humeur, on peut parcourir un couloir en plusieurs heures ou quelques minutes — à la vitesse, en fait, de la pensée, ou de l’imagination. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il ne soit que la projection des personnages, « hanté d’occupants issus, pour certains, de la mémoire d’Alphan ». Ou, à l’inverse, que les personnages soient la projection de l’univers, n’est-ce pas la même chose ? Les circonstances ont fait d’Alphan un personnage de roman : « Un hasard romancier vous a jeté dans son roman ». À moins qu’il ne soit « captif d’un rêve éveillé de son père ». L’imaginaire inclut ce qui l’inclut : Escher, Escher, quand tu nous tiens…

Si l’on entre dans ce royaume ignoré, il devient impossible d’en sortir, car il finit par nous faire douter de la réalité du monde quotidien, tant il semble plus réel que le réel. « Ailleurs, le monde n’existe pas vraiment, non ? C’est une sorte de… de racontar ! » Alphan, reclus dans le château, finit par considérer le reste du monde comme un théâtre illusoire, « les protagonistes de la comédie du pouvoir au sein d’Écorcheville lui apparaissaient sous l’aspect de marionnettes aux voix criardes, amusant la galerie depuis un castelet dérisoire. » Ce rapport au monde et à l’imaginaire ancre Georges-Olivier Châteaureynaud dans la Nouvelle Fiction, à laquelle il participa dans les années 1990. En fin de compte, l’immersion dans l’imaginaire nous interroge sur le sens de la vie. L’univers dans lequel nous vivons est soumis au hasard. Face au caractère « foncièrement aléatoire de l’existence », les occupants du château découvrent une « nécessité arbitraire » qui se substitue au hasard. Ici, enfin, on peut « se croire missionné, prédestiné, absous quoi qu’il arrive, du moment qu’on a rempli le contrat signé avec soi-même ». Entre hasard et nécessité, tout prend sens.

Cette « nécessité arbitraire », qui panse les plaies du hasard sans nous soumettre à un destin inexorable, délivre les personnage d’une « solitude ontologique », celle d’une existence que l’on ne vit pas vraiment, dont on est trop souvent le spectateur. Tel l’ectoplasme qui ne peut vivre que par le biais de ses lectures, les personnages ont peur de ne pas ressentir pleinement les événements. Au fond, Alphan qui craint de ne pas s’émouvoir comme il le devrait de la mort de sa fiancée, semble incapable d’un lien concret et direct avec ses proches et finit par se demander qui attache une réelle importance à sa présence sur Terre. « Le monde était donc un désert, tout juste peuplé de quelques silhouettes qui pouvaient à tout instant s’évanouir ». Telle est la « solitude ontologique » qui affecte tous les personnages. Les monstres venus d’au-delà du Styx n’ont pas leur place à Écorcheville. Les plus touchants de ces personnages sont en quête désespérée d’amis — l’Ectoplasme incapable de vivre ou Astérion, le Minotaure reclus de peur d’être enfermé dans un musée. Ou dans l’impossibilité de nouer une relation sincère, enfermés dans le secret de leur vie passée, comme le médecin terroriste, ou dans celui d’un ami à protéger, comme Ekatarina qui ne peut révéler l’existence du Minotaure. Au fond, ils sont terriblement humains, ces monstres crachés de l’au-delà, ces hommes échoués aux limites de l’univers, qui se retrouvent à la frontière entre leurs deux mondes.

Mais, surtout, au-delà de l’analyse et des références littéraires, on goûtera ici la somptueuse écriture d’un écrivain qui maîtrise parfaitement toutes les ressources de sa langue, de la notation brève aux phrases sinueuses, des descriptions aux dialogues, de l’évocation d’atmosphères (repas, soirées, averses…) à l’irruption des événements (assassinat, crash, incendie…), avec des formules percutantes, teintées d’ironie ou de morosité. Un gigolo vieillissant n’est plus « qu’un phénix très intermittent », un mélancolique « reprend du poil de la bête de scène », les journaux lus évoquent les reliefs d’un repas — « miettes de mots, épluchures d’articles et phrases rongées comme des os »… Chacun y puisera ses trésors comme les personnages emportent un souvenir privilégié du château détruit de l’imaginaire.
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La femme à refaire le monde et autres nouvelles

La cuvée 2019 du Prix du Jeune Écrivain : onze très bons textes et, grâce à Millie Duyé, une nouvelle exceptionnelle.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/19/note-de-lecture-la-femme-a-refaire-le-monde-et-autres-nouvelles-prix-du-jeune-ecrivain-2019-collectif/
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