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Critiques de Jean-Philippe Blondel (1842)
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La mise à nu

Louis Claret enseigne l'anglais dans une ville de province depuis des années. La cinquantaine bien entamée, divorcé peu de temps après que ses filles aient quitté le nid, l'aînée à Paris, l'autre au Canada, un brin désabusé et fatigué par la vie monotone qu'il mène. Lorsqu'il reçoit, à sa grande surprise, une invitation au vernissage d'Alexandre Laudin, un ancien élève, il sait qu'il ne s'y rendra pas, certain de ne pas avoir sa place. Mais voilà, après une journée pénible et harassante, l'invitation en vue sur la table du salon, il s'y rend tout de même, voyant là une occasion de s'empiffrer d'amuse-bouche. Après avoir regardé les toiles, sans enthousiasme, quelques mots échangés avec le peintre, il file en douce. Mais, un mois plus tard, il reçoit un appel d'Alexandre qui l'invite chez lui. Et là, il lui fait une proposition pour le moins surprenante : poser pour lui...



Jean-Philippe Blondel confirme une nouvelle fois la tendresse qu'il porte à ses personnages mais aussi le talent à peindre, avec beaucoup de sensibilité et de profondeur, l'âme humaine. Cette rencontre au vernissage va, en effet, bouleverser la vie bien trop pépère et monocorde de Louis Claret qui compte presque les jours avant la retraite, et celle d'Alexandre Laudin, un jeune artiste aujourd'hui très connu mais qui garde au fond de lui des blessures profondes qu'il peine à panser. Leurs rendez-vous seront l'occasion de se dévoiler un peu plus, de se mettre presque à nu, de se remettre en question, de s'interroger sur leur futur et leurs aspirations mais aussi, pour le professeur, de se replonger dans quelques événements marquants ou souvenirs inoubliables. Ce roman, intimiste, sensuel, nostalgique parfois, délicat, interroge sur la vie et les rencontres parfois déterminantes. L'écriture, subtile et ciselée, sert à merveille les sentiments qui habitent Louis et Alexandre...
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Dancers

La danse, l'amitié, les premiers émois adolescents, la jalousie, la rivalité, les ambitions sportives et tant de choses qui émaillent nos vies sont bien présentes dans ce roman de Jean-Philippe Blondel : Dancers.

Trois jeunes de seize – dix-sept ans s'expriment et c'est passionnant de lire puis de comparer chaque version. Anaïs, Adrien et Sanjeewa ont pris tous les trois l'option danse au lycée et se retrouvent dans le cours de Madame Minard. Adrien et Anaïs s'aiment mais celle-ci a rompu à cause d'un incident qui a révélé une partie du caractère violent du garçon.

Arrivé du Sri-Lanka à l'âge de sept ans, Sanjeewa est plein de douceur et de patience. S'il a la préférence d'Anaïs, il n'est pas aimé par elle mais j'ai bien apprécié son intervention et la relation qu'il construit avec celui qui devrait être son rival.

Jean-Philippe Blondel mène bien son histoire qui peut être lue à tout âge mais qui devrait toucher beaucoup d'ados. Même si j'ai trouvé la fin un peu fade par rapport aux trois quarts du livre, elle a le mérite d'offrir une issue à cette tranche de vie souvent décisive pour l'avenir des adolescents.

J'ajoute que la danse et le travail que cela demande, le hip-hop et les figures incroyables créées par les danseurs sont très bien décrits et mis en scène par l'auteur dans le cadre de cet échange à trois qui se complète par une quatrième personne, Sara, dans la partie dénouement.


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Un si petit monde

Philippe Goubert ne s'attendait pas à revivre une rentrée scolaire le cartable à la main. Il se demande encore, en ce matin de septembre, s'il a bien fait de passer le concours de l'Éducation nationale. Tellement sûr d'avoir loupé ses épreuves qu'il s'est envolé, sitôt les examens passés, pour l'Équateur où il a retrouvé Elena. Ayant tout lâché, c'est dans la maison familiale qu'il s'est installé au grand dam de Michèle et André, ses parents. Ce dernier, en pleine révolution intérieure, a d'ailleurs déserté la province pour s'installer à Paris où de plus grandes responsabilités l'attendaient... ainsi qu'Hélène. Janick Lorrain, elle, mise sur la touche par son patron préférant visiblement les plus jeunes, vient de démissionner sur un coup de tête. Veuve depuis des années, elle ne sait pas (encore) que son mari coureur de jupons a laissé un héritage que bon nombre ignorent, excepté la principale intéressée, Geneviève Coudrier...



De septembre 1989 à août 1990, l'on suit les tribulations des familles du groupe scolaire Denis Diderot, déjà croisées lors de La grande escapade. Quatorze années ont passé depuis. Les enfants ont bien grandi et ont choisi leurs voies, les parents ont vieilli et beaucoup changé, certains remettant en question leur vie d'aujourd'hui. Si certains s'en sortent mieux que d'autres, si certains réalisent leurs rêves lorsque d'autres les voient s'envoler, si certains donnent la vie quand d'autres la quittent, tous sont pris dans le tourbillon de la vie qui aime se jouer d'eux parfois. Et chacun à leur tour entre dans la danse, emporté par leur propre histoire mais aussi celles de leurs voisins et du monde autour d'eux qui vacille. Avec beaucoup de finesse et de tendresse, Jean-Philippe Blondel nous invite au cœur de ce groupe scolaire que l'on retrouve avec grand plaisir, chacun avec ses petits et ses grands maux. L'écriture, enlevée et un brin nostalgique, nous laisse entrevoir avec malice ce si petit monde...
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Café sans filtre

Ils se retrouvent là près du bar ou installés à une table qui rapidement devient une place privilégiée, pour voir ou être vu, pour profiter des instants précieux d’être ensemble, puisque cette évidence d’une autre temps a été mise à mal de façon si soudaine et si inattendue, soumettant les clients à des autorisations argumentées de statuts sanitaires.



On y trouve Chloé, qui dessine toute la journée, une mère et son fils s’affrontant dans une discussion orageuse, José le serveur, Jocelyne l’ancienne propriétaire du bar. Chacun apportera sa version de l’histoire, du cheminement qui l’aura guidé ici, et peu à peu les voix tricotent une trame dont les points de jonction se précisent, en une histoire aux liens lâches.



Portraits tendres d’anonymes, dressés dans le décor convivial d’un café, qui lui aussi se raconte à travers les confidences révélées.



Un moment de lecture agréable.



300 pages l’Iconoclaste 7 avril 2022


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La grande escapade

L'école des années 70, une école comme il n'en existe plus. Une bonne et une mauvaise chose à la fois.



Une bonne chose qu'elle n'existe plus parce que c'était le temps où on pouvait encore recevoir des claques et autres châtiments corporels et heureusement, cela devait évoluer quelques années plus tard, c'était une époque de balbutiements pédagogiques durant laquelle on a tenté d'inculquer les maths modernes aux enfants, j'en suis une survivante marquée à vie, où on apprenait une certaine théorie mathématique sans en cerner les applications, telles, les histoires d'éléments d'un supposé ensemble de départ qui avait une image dans l'ensemble d'arrivée, ou le calcul en base qui devait servir à comprendre mieux la base 10, sauf que quand, en primaire, l'abstraction est faible... !



Une mauvaise chose parce les enfants à cette époque bénie, réglaient leurs comptes seuls, sans faire sans cesse intervenir les adultes, parce qu'ils savaient jouer, construire des cabanes, utiliser leur imagination, s'organiser socialement en bandes avec des projets. Certes, beaucoup d'entre eux aujourd'hui en sont encore capables, heureusement, toutefois les moyens techniques d'aujourd'hui réduisent considérablement leur imaginaire, on le constate en milieu scolaire et dans les familles où beaucoup sont victimes de l'addiction aux consoles, PC et autres tablettes.



L'école présentée dans ce roman, du fait de ses logements de fonction, devient une véritable communauté, communauté de familles, microcosme de notre société portée par les ondes provoquées par le tsunami de mai 68, qui conduisit à l'épanouissement de la femme, même si le chemin était encore long (et n'a pas abouti pour certaines), à des possibilités de carrière, qui fit évoluer les mentalités vers la notion de loisirs, de départ en vacances, les envies d'accession à la propriété et qui enfin vit naître la mixité dans les école, mixité que l'idée de supprimer ne nous effleurerait même pas aujourd'hui.



L'auteur présente avec finesse, la diversité des tempéraments des adultes et nous offre une promenade dans les coulisses de l'école, dans les coulisses des familles, dans l'esprit des enfants, étude très intéressante sur des comportements humains d'après 68 : on y rencontrera des femmes qui ont envie de s'épanouir même si parfois elles se l'interdisent, des couples illégitimes qui sortent des rangs en secret, des hommes perplexes, des enseignants prêt à répondre à l'appel de pédagogies alors non suivies en France, ce qui contrarie fortement un directeur sectaire qui voit d'un mauvais oeil tout ce progrès.



Mon regret, qui n'est que personnel, est de ne pas avoir été invitée plus longtemps dans les classes de ces enseignants pour me rappeler leur pratique, ni d'observer les comportements des enfants. Mais bon, cela serait sans doute l'objet d'un autre roman. Je regrette également que Jean-Philippe Blondel n'ait pas insisté sur la mode, la musique de l'époque.



Babéliotes des années 70, ce livre est pour vous, Il est aussi pour les autres babéliotes qui le liront comme un documentaire sur cette période.
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Passage du gué

Janvier 2006. Fred est de retour dans la ville qui l'a vu grandir pour une courte visite à ses parents, depuis longtemps séparés. Accompagné de sa femme, Lucie, et de ses deux adolescents, Violette et Ugo, qui n'ont accepté cette visite qu'en échange de promesses d'achats dans les magasins d'usine, seule attraction de la ville. C'est dans les rayons du magasin qu'il croise Myriam et Thomas, entourés de deux enfants. Une rencontre qui va l'ébranler et faire remonter de très nombreux souvenirs...

En octobre 1985, Fred, âgé de 22 ans, est alors surveillant dans un collège. Un jeudi soir, tard, alors qu'il arpente les couloirs de l'établissement pour vérifier qu'aucune lumière ne soit allumée ou qu'aucun cartable ne traîne, il entend un filet de musique, reconnaissant aussitôt la chanson. Après un moment d'hésitation, il entre dans la salle de classe et tombe sur Myriam Lebrun, la professeure de dessin, presque hypnotisée par les paroles de la chanson qu'elle semble fredonner. Surprise, elle aussi, par cette interruption, elle s'empourpre, échange quelques mots avec Fred, avant de rejoindre avec lui, l'entrée du collège. Dès lors, celui-ci n'a qu'une seule idée en tête : séduire Myriam...



Que s'est-il passé, en 1985, entre Fred, Myriam et Thomas, pour que, des décennies plus tard, Fred, aujourd'hui marié et père de famille, soit si ébranlé, presque choqué, lorsqu'il les aperçoit dans les rayons d'un magasin ? Quels liens les ont unis puis, visiblement, désunis ? C'est ce que l'on découvre au fil de ces pages, Jean-Philippe Blondel donnant la voix, à tour de rôle, à ces trois personnages, durant l'année scolaire 1985/1986. L'auteur, grâce à sa plume sensible et sincère, nous offre un roman tout à la fois émouvant et troublant sur cette relation à trois. Avec une grande justesse, il se glisse dans la peau des trois protagonistes, mettant ainsi en lumière leurs sentiments et leurs émotions. Ce roman, sensuel et profondément intime, dépeint, avec finesse et sensibilité, l'ambiguïté et la complexité des sentiments mais aussi les liens qui se font et se défont par la force des choses, les espoirs et les désillusions et la vie qui suit son cours...
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06h41

Le train de 06h41 est bondé, comme tous les lundis matins. Elle n'aurait pas dû prendre celui-ci, ce n'était pas prévu comme cela au début. Mais, il faut dire qu'elle ne voit pas souvent ses parents et s'étant rendue toute seule chez eux, sans sa fille ni son mari qui n'y tenaient pas plus que ça, elle a prolongé son week-end. Un bon roman l'aidera sûrement à oublier ces quelques jours passés avec ses parents, oublier la province qu'elle voulait quitter à tout prix et retrouver Paris et son boulot si prenant de chef d'entreprise. Cécile Duffaut, la quarantaine rayonnante, femme sûre d'elle maintenant, ne se doute pas de ce qui l'attend dans ce train, ce matin-là...

Philippe Leduc est également dans ce train. Il va rendre visite à un ami d'enfance. Il voit une place libre à côté de cette femme. Bien évidemment, il la reconnaît aussitôt. Il faut dire qu'elle n'a pas beaucoup changé. Toujours aussi belle à ses yeux. Après réflexion, il ose s'asseoir à ses côtés. Un regard furtif, il se demande si elle le reconnaît. Aurait-il changé autant que cela ? Va-t-il oser engager la conversation et faire remonter à la surface les souvenirs ? Ils avaient 20 ans, c'était il y a 27 ans...



Philippe Blondel nous réserve un coup du sort avec cette rencontre improbable entre Cécile et Philippe. Deux anciens amants ont-ils encore des choses à se dire au bout de 27 ans ? Le temps d'un voyage en train et chaque protagoniste refait le bilan de sa vie, revient sur cette liaison passée qui semble avoir eu beaucoup d'emprise sur leur vie future. Chacun revisite les couloirs du passé et se remémore les instants passés avec l'autre. Mal-être, rancoeur, jalousie, amour, haine, mélancolie, désillusion... autant de sentiments qui font écho. Philippe Blondel nous offre ainsi un beau voyage en compagnie de ces deux anciens amants, une introspection millimétrée. Alternant les pensées de chacun, on découvre peu à peu les émotions ressenties et l'on attend avec impatience l'arrivée en gare. D'une écriture menée de main de maître, ce huis-clos surprenant et doux-amer nous fait voyager dans les profondeurs de l'âme humaine.



06h41... n'oubliez pas l'heure du départ...
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La grande escapade

1975. L'évolution des moeurs post-soixante-huitarde touche peu peu les familles et les instituteurs du groupe scolaire Denis Diderot. Enfants comme adultes, tous voient avec plus ou moins de bonheur leur quotidien se transformer, qui avec la fin de l'enfance, qui avec la remise en cause de l'autorité à l'ancienne, le développement de nouvelles pratiques pédagogiques et l'émancipation féminine.





Jean-Philippe Blondel revisite ses souvenirs d'enfant pour nous livrer une chronique amusée et nostalgique inspirée de ses années en école primaire dans les années soixante-dix, où beaucoup de ses contemporains trouveront un écho à leur propre vécu.





C'est tout autant le point de vue des adultes que des enfants qui s'y exprime, par le biais d'une large brochette de personnages croqués avec une joyeuse lucidité, dans toutes leurs contradictions et leurs faiblesses d'humains ordinaires que l'auteur s'amuse, toujours avec tendresse, à pousser jusqu'à la cocasserie.





Cette malice bienveillante qui décrypte aussi bien le monde de l'enfance, - la camaraderie et les disputes, les jeux et les bêtises, les rapports avec les parents, les instituteurs et les filles, les prémices de l'adolescence -, que l'univers complexe des adultes, - la psychologie de chacun, l'éducation et ses méthodes, les relations entre enseignants et avec les parents, les conflits familiaux, la place de la femme dans le foyer et dans la vie professionnelle, l'évolution des moeurs et la liberté sexuelle, -, m'a fait penser par sa drôlerie à un Petit Nicolas version années soixante-dix. Ici, pas vraiment de personnage central, même si le jeune Philippe Goubert déroule un fil rouge aux sonorités autobiographiques, mais une vaste fresque centrée sur l'école, où, sous la plaisanterie et au fil de mille détails peints avec autant de justesse que de finesse, transparaissent toutes les transformations de la société d'alors : sociales, familiales, sexuelles...





Ce livre, écrit dans un style dont l'humble retenue fait tout le charme, fait mouche à chaque page, pour le plus grand plaisir du lecteur : on rit, on sourit, on s'attendrit, on se rappelle : que le monde et le métier d'enseignant que connaît bien l'auteur ont changé depuis cette époque ! La même fresque aujourd'hui serait-elle aussi drôle ?


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Et rester vivant

Le narrateur se réveille, un peu perdu, ne sachant pas où il se trouve. Il voit une nonne se pencher sur lui, puis le visage de son amie Louise... Il se rappelle... L'opération de ses dents de sagesse, l'hôpital... Mais, Laure, que vient-elle faire là ? Ils viennent de se séparer. Il ne comprend pas jusqu'au moment où elle lui apprend que son père vient de mourir. Un accident de voiture, encore. le narrateur a également perdu sa maman et son petit frère dans les mêmes circonstances, à l'âge de 22 ans. le sort s'acharnerait-il sur lui et sa famille ? Épaulé par Laure et son meilleur ami Samuel, il s'occupe de l'enterrement, de l'appartement de son père que l'agent immobilier ne tarde pas à vendre, des affaires personnelles dont il se débarrasse et de l'héritage que ce dernier lui a laissé. Ne sachant plus trop où il en est, il décide sur un coup de tête de profiter de cet argent, de la vie et emmène avec lui ses amis aux Etats-Unis, précisément vers Morro Bay, petite ville qui lui tient à coeur grâce à la chanson de Lloyd Cole...



Philippe Blondel nous raconte ici ce qui lui est arrivé alors qu'il n'avait que 22 ans. Même s'il est question de mort et de suicide, ce petit roman est un hymne à la vie, à la vitalité et aux espoirs que l'on garde pour son avenir. Ce voyage initiatique de ces trois jeunes gens sera l'occasion pour eux de se comprendre un peu mieux, d'ouvrir les yeux sur le monde qui les entoure, de découvrir une toute autre Amérique qu'ils s'étaient imaginée et de faire des rencontres inoubliables. D'une écriture sobre, tendre et humaine, Philippe Blondel nous offre un roman profondément intime, parfois drôle, généreux et plein d'espoir.



Faire son deuil... Et rester vivant...
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06h41

On dit souvent que le monde est petit. Cécile et Philippe ont dû le trouver particulièrement étriqué dans le train Troyes-Paris de 06H41 quand ils se sont retrouvés assis, pour ne pas dire coincés, l’un à côté de l’autre. Ils ont beau feindre de s’ignorer et de ne pas se reconnaitre, les souvenirs rejaillissent, s’entrecroisent. Chacun de leur côté, ils repensent à la brève et douloureuse aventure qu’ils ont eu 27 ans plus tôt, à la manière dont elle a influé sur leur vie. Là, dans ce train bondé, un huis clos silencieux s’installe entre eux. 30 ans de leur vie défilent en accéléré avec son lot de colère, de rancœur, d’amertume, de désillusion, de culpabilité, de pardon, de réussite, d’échec. Du carcan de l'enfance, aux différences intergénérationnelle, à la vieillesse, à l'amitié, aux amis qui passent et ceux qui restent, les souvenirs s'enchainent. Ça peut être long un trajet de 1H30 quand retentit l’heure des bilans. Ou trop court. L’un d’eux osera-t-il rompre le silence ou continueront ils à avancer sans se retourner?



L'intrigue est habilement menée, l’auteur sait maintenir l'intérêt du lecteur jusqu’au terminus. Une fois que vous êtes montés dans le train, il n'est plus possible d'en descendre avant l'arrivée. J'ai bien aimé ce chassé-croisé de pensées, il créé un climat d'intimité. Les personnages en revanche ne sont pas particulièrement sympathiques (surtout lui, un sacré goujat, mais elle non plus est loin d'être la blanche colombe), ils sont peut être aussi un brin stéréotypés, mais on les suit avec plaisir, avec leur caractère bien trempé et leurs failles. La force du récit est entre autre de s’attacher aux petits détails, événements, émotions de la vie quotidienne, la vie de tout à chacun. Un récit doux-amer et lucide avec lequel j'ai passé un agréable moment.

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Un hiver à Paris

A son retour de vacances, Victor tombe sur une lettre dans son courrier et

il reconnaît l’écriture. Il s’installe tranquillement pour la lire, alors que l’anxiété, l’émotion s’emparent de lui. La lettre a été envoyée par Patrick Lestaing. Il vient de lire un ouvrage de l’auteur et cela lui a fait penser à son fils Matthieu et au drame qui s’est produit.

Nous sommes au début du XXIe siècle et voilà que Victor bascule trente ans en arrière. C’est le début de l’été, il a réussi son bac brillamment. Il vient d’être admis en hypokhâgne, à Paris, dans le prestigieux lycée D. il quitte alors sa province, ses parents pour se retrouver seul dans la capitale, dans son petit studio.

Les conditions de vie sont dures, il n’a pas beaucoup d’argent, donc mène une vie d’ascète ou presque. Après une année de travail intensif, sans aucune vie sociale, il finit par être reçu douzième, ce qu’il considère comme un coup de chance car il est moins brillant que certains, mais son originalité a séduit quelques professeurs.

La rentrée suivante, il est devenu fréquentable puisqu’il à été reçu, donc les autres le regardent différemment, tel Paul Rialto lui parle, lui accorde un peu d’intérêt et parmi les étudiants de première année, se trouve Matthieu. Il vient lui-aussi de Province et il est victime de la même ségrégation que Victor, on peut même parler d’ostracisme

Ils se croisent, s’abordent timidement, chacun étant aussi réservé que l’autre, partagent leurs cigarettes, les JPS et discutent un peu. Victor décide de l’inviter au restaurant pour son anniversaire, mais il n’aura pas le temps de le lui demander quand survient le drame. Harcelé par un professeur qui le dénigre sans cesse, il quitte le cours en criant « connard », et enjambe la balustrade pour s’écraser aux pieds des escaliers.





Ce que j’en pense :



C’est le premier roman de Jean-Philippe Blondel que je lis, je le connaissais de nom, mais je n’avais pas été tentée jusque là par un de ses livres. Je me suis sentie très proche de Victor (derrière lequel se cache sûrement Jean-Philippe).

Il raconte très bien la dureté des classes préparatoires, le travail acharné, les professeurs exigeants, notamment Mr Clauzet, qui est maltraitant, insultant les élèves, les dévalorisant sans cesse, méprisant leur travail, mais aussi, les notes sévères, la montagne de travail à abattre, la compétition car, en fin de l’année d’hypokhâgne, seuls les douze premiers au concours seront retenus pour passer en deuxième années.

L’amitié n’est pas de règle quand il y a une telle compétition. La solitude occupe une place importante. C’est déjà difficile de quitter sa ville de province pour se retrouver seul dans la capitale, mais quand on côtoie des étudiants brillants certes, mais issus de milieu plus favorisés, ayant pignon sur rue, connaissant les personnes qu’il faut, la lutte est inégale. La différence de niveau social se fait sentir : d’un côté l’élite de la nation, de l’autre le petit provincial.

Il y a des privilégiés, tel Paul Rialto, brillant, bosseur, sélectif en amitié, chacun travaille dans son coin, des castes… En gros, des purs-sangs face à un cheval de labour, ces beaux percherons massifs, qui abattent un travail considérable mais courent moins vite, sont moins affutés.

C’est plus facile quand on vient d’un milieu aisé, la culture générale est présente, on l’absorbe dès le biberon alors qu’un fils d’ouvrier ou de paysan part avec un handicap, il a tout appris tout seul ou presque. Et parfois, cela entraîne de la frustration, voire de la honte.

Donc, j’ai beaucoup aimé ce livre, car l’écriture est plaisante, les phrases sont courtes, parfois presque chirurgicales, les chapitres, courts, aussi qui défilent car on veut en savoir plus. Jean-Philippe Blondel m’a entraînée avec lui dans son histoire, m’identifiant tour à tour avec les différents personnages et j’ai hâte de le relire et de découvrir ses autres romans.

J’ai eu du mal à faire la critique, car tout m’a plu, l’intrigue, les différentes personnalités, et j’ai l’impression de ne pas être très claire, tant les sujets soulevés sont importants. Il est difficile de ne pas révéler trop de choses. Une bonne étude psychosociologique, mais il manque quelque chose pour en faire un coup de cœur.

Note : 8/10


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06h41

Cécile, 47 ans est revenue passer le week-end chez ses parents qui l'ont un peu troublée car ils rentrent dans la vieillesse. C'est sans sa fille et son mari qu'elle y est allée car ils n'étaient pas disposés à passer deux jours en compagnie de deux vieilles personnes.

Le lundi matin, elle reprend le train qui la ramène de Troyes à Paris.

L'auteur la décrit comme une personne qui a une vie professionnelle très accomplie, une apparence élégante et une assurance incontestée.

Vient prendre place à côté d'elle Philippe, un garçon qu'elle a connu au lycée, avec qui elle a eu une relation "amoureuse" déstabilisante pour sa confiance en elle. L'auteur nous le décrit comme un homme mou, déçu par la vie. Tous deux font semblant de ne pas se reconnaître et pendant tout le trajet, les chapitres alternent entre les souvenirs racontés par Cécile et ceux racontés par Philippe.

On voit que cette petite aventure a eu une forte influence sur leur vie ultérieure.

S'adresseront-ils la parole à la fin du trajet ?

Jean-Philippe Blondel développe une idée originale avec une analyse très fine des personnages.

J'ai relu plusieurs passages, notamment lorsqu'il observe la vieillesse des parents, le manque de confiance des adolescents. J'ai retrouvé de nombreuses pensées personnelles au travers des réflexions de l'auteur.

Une très belle lecture découverte grâce à mes amies babeliotes.



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Un hiver à Paris

De retour de vacances à Capbreton, Victor, professeur et écrivain, trouve, parmi son courrier, une lettre de Patrick Lestaing. Avec elle, autant de souvenirs qui remontent à la surface, de cet hiver à Paris...

Au lycée de D., l'année d'hypokhâne avait été dure. Pourtant, il avait réussi ses examens et était en deuxième année. Peu habitué aux classes préparatoires, exilé de chez lui et installé pour la cause à Paris, Victor était seul la plupart du temps. Aucun ami, aucune invitation à une quelconque soirée et très peu de contact avec ses parents qu'il voyait à l'occasion. En cette mi-octobre, alors que son anniversaire est dans deux jours, il se décide à inviter à déjeuner au restaurant Mathieu, un des élèves d'hypokhâne avec qui il fumait une cigarette après le déjeuner. Arrivé en retard en cours ce matin-là, il suit celui de Mme Sauge quand tous entendent une porte claquer suivi d'un "connard !". Silence puis un hurlement qui les pétrifie tous. Victor se précipite dans le couloir et aperçoit du haut de la balustrade le corps sans vie de Mathieu...



Victor (ou Jean-Philippe Blondel) replonge dans ses souvenirs. Au cours de cet hiver 1984, restera à jamais à gravé ce geste incompréhensible de Mathieu. Ce suicide, dans l'enceinte du lycée, qui le marquera, ainsi que les autres élèves, se rappelle à lui dès qu'il parcourt la lettre de Patrick Lestaing, le papa de Mathieu. Le suicide de Mathieu fera que les élèves auront un autre regard sur Victor. Son année en khâne reste mémorable, évidemment, pour l'homme qu'il est devenu de par ses rencontres et sa vision des choses. Sa rencontre, notamment, avec le papa de Mathieu et Paul Rialto, un élève bourgeois, si sûr de lui. Blondel plante le décor dans ces classes où la compétition est rude parfois et où les professeurs ne sont jamais tendres, voire tyranniques ou humiliants, avec ceux qu'ils considèrent comme les futurs politiciens ou journalistes. Porté par une écriture délicate et traité avec sensibilité et une certaine pudeur, le thème émeut tout autant qu'il laisse un goût amer en bouche.



Passez Un hiver à Paris...
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Café sans filtre

Nous sommes au Tom’s, un bar lambda d’une ville de province qui, à la suite des différents confinements dus au Covid, vient de rouvrir. Nous y suivons le patron, Fabrice, le serveur, José, l’ancienne patronne, Jocelyne, et différents consommateurs, dont Chloé, qui revient de Finlande où elle gérait un salon de thé. ● C’est un roman choral aux teintes pastel. La parole narrative passe de l’un à l’autre. Il ne se passe pas grand-chose. La vie reprend doucement après les confinements. On remonte dans la vie des différents narrateurs, jusqu’aux événements les plus importants pour eux. ● Ce n’est pas désagréable à lire mais tout cela m’a semblé bien banal et plan-plan. En fait, je ne vois pas tellement l’intérêt d’un roman si peu original. ● Dans les autres billets les lecteurs mettent en avant l’humanité du livre, bof, et le caractère attachant des personnages, re-bof. Pour ma part je vais avoir oublié tout ça très rapidement…
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La grande escapade

Jean- Philippe Blondel , professeur d’anglais à Troyes nous conte avec humour et sensibilité l’histoire de quelques couples d’instituteurs au mi- temps des années 70: les Joyeux, Lespinasse, Coudrier, Goubert et Lorrain, Philippe , Baptiste, leurs enfants et d’autres personnages...



Ainsi que Charles Florimont , adepte des méthodes de Célestin Freinet , dites révolutionnaires où l’on tente de développer l’esprit d'initiative des enfants, autonomie et épanouissement : ateliers , salle de motricité , intégration des touts- petits à l’entièreté du processus éducatif, mixité, travaux manuels et réalisations pratiques , en contraste ou en opposition à la toute puissance des méthodes poussiéreuses , traditionnelles, vouées parfois à l'autoritarisme....



J’ai apprécié la querelle entre les Anciens et les Modernes au sein du groupe Scolaire, ceux qui s’accrochent à leurs anciennes croyances et les idées de liberté , la « révolution pédagogique », (grand mot )....les envies de transgression qui se disséminent dans la société ..ainsi que le portrait humoristique d’une des héroïnes Geneviève ——qui adore la vie des autres , une « concierge »vivant par procuration, épiant ses voisins et collègues —— Elle se porte garant de la bienséance et de la morale, ment, brode, papote.....







Il faut ajouter que les instituteurs, dans ces années - là vivaient logés dans des appartements dits «  De Fonction » très près les uns des autres.



Ah, les innovations pédagogiques ! 40 ans après on en discute encore après les cours au sein des salles de profs au collège et en récréation à l’école élémentaire ...





JP. Blondel pose un regard bienveillant, amusé, un poil nostalgique sur l’état d’esprit des enseignants des années 70, une vision juste sur les revendications, les innovations, les changements de méthode .

Il jette un œil sur les transformations sociales et sexuelles ..



Les femmes, toutes dévouées à leur mari tentent avec impertinence , à juste raison ( mais ce n’est pas encore gagné ) de prendre leur destin en main, elles ont envie de dévier, de croquer, d’inventer, de modifier, de secouer le joug...

Les hommes ne les écoutent guère, pensent qu’ils mènent encore la danse mais le monde est en train de changer à toute vitesse comme l’Arbalète, train filant vers Paris....



Ce récit est aussi une critique pertinente, juste et réaliste de ce milieu de la classe moyenne, confronté à la lourde machine de l’E.N.



Quel plaisir de savourer ce récit bien construit, fin et intelligent , aux accents généreux ,parfois passéistes et nostalgiques, mais éclairés et intéressants qui fait du bien .!



J’ajoute que j’aime beaucoup cet auteur: je l’ai rencontré.



J’ai lu presque tous ses ouvrages, je ne suis peut- être pas objective !

Merci à une amie de Babelio(elle se reconnaîtra) qui m’a fait acheter ce livre.

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Accès direct à la plage

Des morceaux de vie, à différentes époques, racontés par différents personnages, sur différentes côtes françaises.

A priori des récits éclatés, mais, il faut se méfier des à priori. Petit à petit, J.F. Blondel construit son puzzle avec délicatesse, et humanité.

Ces pièces se croisent et s’entrecroisent donnant une belle densité à ces vies anonymes. Sa petite musique intérieure va droit au cœur. Une sensibilité entre Sautet et Klapisch qui nous offre un vrai plaisir de lecture.

Idéal pour découvrir le style et l’univers de Jean-Philippe Blondel. Et l’apprécier.



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La grande escapade

Des personnages dont certains sont plus attachants que d'autres mais qui sont tous d'une banalité touchante. Leurs failles, leurs certitudes, leurs faiblesses, leurs attentes, nous sont relatées avec tendresse et une certaine dérision qui déclenche souvent des sourires.



Ce ne sera, certes pas, un roman qui me laissera un souvenir impérissable mais j'ai passé en sa compagnie un très agréable moment de lecture.
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La mise à nu

« C’est sans doute ça, le plus troublant. La proximité. L’observation minutieuse. Etre dévisagé. Décortiqué ».

Ca vous plairait ? Moi, oui, j’aimerais beaucoup.

Une espèce de plongée dans l’intime, dans le chaos intérieur.

Une remise à niveau de son moi.

Une douce dénivellation vers les souvenirs, vers le passé.



Je parle du fait d’être peint, d’être regardé. J’aimerais beaucoup, parce que cela me permettrait de connaitre une expérience bouleversante de découverte inédite de soi.



Le narrateur en fait l’expérience, et il se révèle ainsi à lui-même.

Il est professeur d’anglais proche de la pension, et n’est plus si passionné par son métier. Divorcé, vivant loin de ses filles, il vivote. Et puis c’est la rencontre décisive : un ancien élève, devenu un peintre célèbre, le contacte. Lui parle. Le peint. Le transforme.



« La mise à nu » m’a touchée.

Roman intime.

Roman d’un amoureux.

Roman d’un père.

Roman d’un professeur.

Roman d’un ami.



Ecriture tendre, vraie, juste.

Je n’en dirai pas plus, touchée par le silence, dévisagée, décortiquée, mise à nu.

Un tout petit bémol : j'en attendais encore plus, j'aurais préféré rester encore un petit temps avec ce prof si attachant.

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La mise à nu

Louis Claret est un professeur d’anglais, proche de la retraite mais toujours investi dans son travail, s’intéressant encore à ses élèves et tenant bien sa classe. Pourtant, il est désabusé et se replie sur lui. Sa femme l’a quitté et s’est mise en couple avec Gauthier ; ses filles sont adultes et ont fait leur vie sans lui, l’une ayant suivi son compagnon au Canada, et leurs relations sont distantes, rares, réduites au minimum syndical.



« On connaît si peu ses propres enfants, au fond. On connaît si peu les autres, en général. On ne fait que projeter sur eux les fantasmes qu’ils nous inspirent. » P 29



Lui, qui est plutôt du genre solitaire, voire misanthrope, décide de se rendre à l’exposition d’en de ses anciens élèves, Alexandre Laudin, devenu un peintre reconnu sur le plan international et qui a décidé d’exposer dans sa ville natale.



Alexandre lui fait une proposition « indécente » : poser pour lui, ce que Louis accepte, et peu à peu, les temps de pose étant longs, les souvenirs personnels remontent : l’enfance, les parents, les copains, son couple, et beaucoup d’autres choses encore… Au fur et à mesure que se met en place cette mise à nu, les deux hommes échangent, se livrent.



En fait, je m’imaginais cet homme renfermé sur lui-même, sans être sorti de sa ville d’origine, puisqu’il enseigne au même endroit depuis des lustres, et on découvre qu’il a voyagé, les capitales qu’il a aimées, tout ce qui l’a touché sans qu’il ne montre quoi que ce soit au niveau émotionnel. On effeuille la marguerite et les émotions, la sensibilité remontent. Il est lucide, ne se fait aucune illusion sur la vie et l’époque actuelle :



« Plus loin, une famille ou ce qu’il en reste. Les quatre membres sont collés à leur téléphone portable respectif. Les écrans se reflètent sur leurs visages. Ils ont à peine touché à leurs plats. Ils sont d’ores et déjà virtuels. » P 85



Quel personnage attachant, ce professeur ! Le voir fouiller dans les cartons au fond du garages les carnets de notes et photos de classe qu’il a conservés, c’est émouvant et je me suis dire que j’aurais bien aimé qu’une de mes profs ait gardé quelque chose de moi !!!





Alexandre Laudin est un personnage complexe, déroutant, parfois même malsain, qui a gardé un bon souvenir de Louis quand il était son professeur et ses toiles sont à son image, déconcertantes elles-aussi. la relation qui se met en place entre les deux hommes est ambigüe mais captivante.



« Sur les photographies parues dans la presse, il fixait l’objectif d’un œil dur et presque insolent. Il respirait l’argent et l’estime de soi. » P 14



Ce roman offre également une réflexion sur le temps qui passe, la manière dont peut l’utiliser ou le laisser filer, sur la famille, celle d’où l’on vient et celle qu’on a tenté de construire, et sur ce que l’on fait de nos vies en général : spectateur ou acteur...



Jean-Philippe Blondel sait très bien raconter ces atmosphères troubles, ces amitiés étranges qui peuvent se tisser entre deux êtres aux milieux complètement différents et on se laisse porter par cette histoire, ces couleurs qui sont une trame du roman et dont les noms sont les titres des différentes parties du livre, montrant ainsi la progression de cette mise à nu : anthracite, terre d’ombre, incarnat, horizon



« Un jour, j’apprendrai les couleurs, parce que, quand on maîtrise les couleurs, alors on peut chasser le noir. » P 170



J’ai bien aimé la couverture de ce roman: ce fond rouge qui fait penser à un divan de psychanalyste, le titre écrit sur une toile de peintre encadrée et l’ombre discrète, en dessous du tableau, le tout évoquant une vie qui se raconte, se dévoile peu à peu… (Le signifiant et le signifié serait tenter de dire Jacques Lacan?)



J’ai découvert cet auteur avec « Un hiver à Paris » qui m’avait bien plu et j’avais continué avec « 06h 41 » et celui-ci me semble encore plus abouti, plus fouillé encore dans l’étude des personnalités des héros. Donc un bon cru 2018 !
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Double jeu

Quentin, ado en 1ère L, a bien du mal à s'intégrer dans son nouveau lycée. En effet, viré par le directeur de Saint-Ex qui a conseillé à ses parents de le mettre chez les bourgeois, il se sent très différent d'eux aussi bien dans leur phrasé que dans leur comportement. Surtout pour lui qui vient de la classe ouvrière, son père étant ouvrier à l'usine et sa mère caissière. Ainsi, il se met à l'écart d'eux, reste seul à sa table et ne leur adresse pas la parole, se contentant d'assister au cours et de rentrer aussitôt la cloche sonnée. A la maison, l'ambiance est des plus froides: papa joue avec la zappette dès qu'il rentre du travail, maman concocte des petits plats ou s'active dans son ménage. Seule sa petite sœur trouve grâce à ses yeux. Elle vient souvent se blottir contre lui le soir venu tandis qu'il lui raconte une histoire. Les relations avec ses anciens amis du lycée se font plus rares, à son grand désespoir, même si aux yeux de ses parents, ils n'étaient pas trop fréquentables. Le jeune homme semble bien étriqué dans cette vie pas faite pour lui. Mais, La Fernandez, sa prof de français et animatrice de l'atelier théâtre, va le réveiller. Alors qu'elle lui fait découvrir "La ménagerie de verre" de Tennesse Williams, Quentin va s'identifier au personnage principal et se poser des questions sur ce qu'il veut faire vraiment...



Jean-Philippe Blondel se met à nouveau dans la peau d'un ado et le fait parler directement. A la manière d'un journal, Quentin se livre et s'expose au regard d'autrui tout comme il osera s'exposer sur scène. Sa professeur de français, en plus de l'initier à la lecture, lui ouvrira les portes de son théâtre. Le jeune homme comprendra bien vite que tout n'est que jeu dans la vie et que beaucoup jouent différents personnages. Lui-même coincé entre deux mondes, celui de la cité et celui des bourgeois, ne sait plus qui il est vraiment. Et elle saura l'aider à se découvrir. L'auteur nous offre un face à face touchant et percutant. Abordant des thèmes auxquels tout ado est confronté un jour tels que la drogue, la sexualité ou les relations familiales, l'auteur, en trois actes, nous livre un roman sensible et bien pensé où l'on se prend véritablement d'affection pour Quentin, le tout desservi par une écriture d'une incroyable justesse.



Double jeu... rideau...
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