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Critiques de Rainer Maria Rilke (340)
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Lettres à un jeune poète - Réflexions sur la vie ..

Elles sont belles ces lettres que Rainer-Maria Rilke adresse à son jeune correspondant, de 1903 à 1908. Plus personne ne fait de correspondances comme ça, c'est dommage.

Dix lettres, suivies d'une réflexion de Bernard Grasset sur le travail de l'écrivain. Parce que "travail", il y est fort question dans l'oeuvre de Rilke. Pas au sens où on l'entend. Mais il semble que la vie, les réflexions et l'oeuvre de Rilke ont tourné autour de ce mot. Travail de création, questionnements, travail sur soi-même, travail de l'amour !

Et puis, il y a une longue lettre où il parle de la tristesse et... ça m'a rendue triste.



Il faut vraiment que je lise autre chose !

Je vous invite à voir les citations qui en diront plus sur la qualité de ces écrits.

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Lettres à un jeune poète

Je m'attendais à autre chose, mais c'est de ma faute, je n'aurais pas dû commencer à lire cet auteur par ce titre. Ces lettres sont plaisantes, elles se veulent des conseils, même si Rilke prétend assez souvent ne pas en donner..Il parle de la création artistique avec beaucoup de finesse, de l'amour, là c'est déjà plus compliqué, sa pensée sur le sujet ne m'a pas convaincu mais c'est la sienne, quant à la solitude là je me suis un peu perdu alors qu'il semblait bien parti pour nous expliquer les vertus de la solitude...Quelques phrases fulgurantes fusent et nous éblouissent, c'est ce qu'il faut tout de même retenir de ses lettres...
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Lettres à un jeune poète

Il est des références, auxquelles vous vous référez, sans pour autant les connaître autrement que par une vague culture, une culture d’article de pages littéraires de magazines, d’émission littéraire, télévisée ou radiophonique, de quatrième de couverture, voire de couverture simplement.



Ce livre était dans la bibliothèque de mes parents, il y a toujours été, toujours à la même place. Je ne l’ai jamais lu mais je connaissais son titre, son auteur, et la couleur de sa couverture, comme tant d’autres des ouvrages de la maison où j’ai grandi.



Et puis, j’ai eu une biographie de Rainer Maria Rilke par une masse critique : Rilke, de Catherine Sauvat.

J’en sais donc un peu plus sur cet auteur.



Alors soudain, je me suis dit que c’était le moment. Moment de me décider à lire les lettres à un jeune poète. Mais môman, pôpa n’ont plus ce livre depuis leur déménagement et il ne fait pas partie de ceux que nous avons récupéré. Alors j’ai pensé à toi Marie-Laure dont la bibliothèque est richement fournie et qui ne pouvait pas manquer d’avoir ce classique, merci pour le prêt.



Donc j’ai lu les Lettres à un jeune poète.

Bon, je n’ai pas été transportée comme d’autres semblent l’avoir été, je n’ai pas su voir le génie de ces élucubrations sur la création artistique.

Car il en a indéniablement passé du temps, Rilke, à penser à tout cela, à tourner et retourner dans sa tête ses pensées sur l’origine d’une création artistique, cette envie, ce besoin même, qui doit être tout ce qui compte dans sa vie pour être vraiment un artiste.



Je retrouve, dans ces lettres, le caractère que m’a donné à voir la biographie de Catherine Sauvat à son sujet. Que de lettres commencent par des plaintes, des épanchements sur sa santé, fragile, son moral, vacillant. Par contre, quand Franz Kappus – dont nous n’avons pas les lettres – s’est apparemment plaint lui-même de difficultés, Rilke alors met de côté ses propres problèmes pour se tourner entièrement vers son correspondant.

On lit aussi les choix que Rilke a fait, choix de solitude, choix de l’amour véritable.

Mais il est éclairant de savoir que Rilke se sentait proche des êtres aimés en étant loin d’eux, que Rilke a vécu l’amour véritable, certes, mais plusieurs fois et avec plusieurs personnes, qu’il pouvait penser que seule l’écriture comptait dans sa vie peut-être parce que pour lui, il n’était pas contradictoire de ne pas s’occuper de son enfant – ou si peu – et de l’aimer quand même.



Bref, je ne me défais pas de l’image peu aimable que j’ai conçu de Rilke. Mais il a aussi une sincérité tout à fait touchante et qui rattrape beaucoup et c’est vrai que ces lettres nous montrent qu’il réussit à être seul, mais tourné vers les autres, le contraire de beaucoup de gens, beaucoup trop.



Certains pensent qu’il faut lire ce livre jeune, peut-être ai-je trop attendu, après tout…


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Lettres à un jeune poète

"Lettres à un jeune poète", que je viens de découvrir sur le tard, est de ces classiques qui me font douter de ma capacité d'accéder à la littérature et de ma propre sensibilité littéraire !

Car bien qu'impressionnée par la sophistication de la plume, par la maturité du propos de Rilke qui n'a pourtant que 28 ans sur la solitude, sur l'amour véritable, sur la création artistique, bien que vivement interpelée par son injection à "vivre les questions" plutôt que chercher les réponses, je dois avouer être un peu déçue par ce que j'y ai trouvé.

Peut-être en attendais-je trop au vu de l'idée que j'avais de ce texte (une sorte de bible de vie d'une sagesse profonde et mélancolique). Ou peut-être suis-je trop âgée?
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Fragments sur la guerre 1914-1915

Fragments ou miettes ? Le projet présenté par Jean Tain semble parfaitement légitime : « Le titre et le découpage des lettres que nous avons choisi de conserver effacent la référence à la Grande guerre, et élèvent le propos de Rilke à la généralité de toute guerre, ce qu’il tendait à faire lui-même ». Il s’agit ainsi de lire Rilke comme le précurseur tristement visionnaire du fascisme et du nazisme, allant ainsi à l’encontre de l’opinion couramment admise selon laquelle l’homme, par son silence politique, aurait voulu signifier au mieux sa neutralité, au pire son opposition à l’engagement politique contre les extrémismes. Mais Jean Tain devance toutes les critiques : « Le désœuvrement de Rilke n’était donc pas indifférent à la guerre, au contraire. Ce fut une manière de préserver son projet poétique, essentiel mais fragile, quand tant de poètes se sont abandonnés aux passions nationales ». Le reste de la préface s’attarde à nous donner les raisons pour lesquelles Rainer Maria Rilke ne s’est pas davantage engagé politiquement. Homme de lettres, attention à toi si tu ne te fais pas l'égal de Dieu dans le jugement de tes contemporains –la défense de cette préface sonne curieusement accusatrice.



Jean Tain se permet quelques digressions extra-épistolaires et revient sur le poème de jeunesse de Rainer Maria Rilke intitulé "Le chant de l’amour et de la mort du Cornette" (publié en 1906) que l'on peut lire : ICI.

Ce poème en prose aux tonalités mélancoliques a remporté un grand succès lors de la Grande guerre et a été publié sous forme de brochure, emportée sur les fronts allemands pour accompagner les soldats lors des combats. Jean Tain cite ce poème comme un exemple d'utilisation anachronique de l'oeuvre de Rainer Maria Rilke qui a pu justifier l'assimilation de l'auteur à la propagande pro-militaire.





"Serait-ce l’aube ? Quel soleil est-ce donc ? Qu’il est grand ce soleil ! Et des oiseaux ? Leurs voix chantent de toutes parts. Tout est clarté,

mais ce n’est pas le jour. Tout est rumeur, mais ce n’est pas le chant des oiseaux. Ce sont les poutres qui luisent. Ce sont les fenêtres qui crient ; les fenêtres, rouges, qui crient vers l’ennemi, la-dehors où flambe le pays : « Au feu ! »





Viennent ensuite les fragments de lettres envoyées par Rainer Maria Rilke en 1914 et 1915. Miettes plutôt que fragments, nous avons donc dit, puisque chaque lettre sera réduite à la longueur d’une page, et que cinq lettres seulement ont été choisies pour constituer ce regroupement bien maigre. Quelques belles formules prennent leur élan, ici ou là (« Qui saurait dire ce qui nous arrive là et quels sont les survivants de ce temps qui plus tard seront encore des hommes ? ») mais ces quelques fulgurances ne méritent peut-être pas de constituer à elles seules un ouvrage. Jean Tain plaide en faveur de Rainer Maria Rilke mais ne donne malheureusement pas à son lecteur les données suffisantes pour que celui-ci puisse se forger son appréciation personnelle.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Correspondance à trois : Eté 1926

Ce livre est éblouissant. Voilà. Correspondance à trois, entre trois des plus grands intellectuels de ce temps - Rilke, Pasternak, Tsvetaieva. Et quelles lettres ! A en faire regretter l'usage trop rapide du clavier si facile. Car il ne s'agit ni du quotidien, ni du pratique. Mais d'un échange intellectuel de haute volée - parfois difficile à lire, il faut le reconnaître - dont on sent qu'il stimule l'émetteur et le récepteur, mais aussi le lecteur. Interrogations sur l'être même du poète et son oeuvre, la correspondance comme nourriture de soi. Je l'ai lu il y a quelques temps maintenant, mais l'ouvre encore parfois pour y piquer quelques phrases. L'enthousiasme de Tsvetaieva - enthousiasme tragique parfois - s'y développe largement. C'est là que j'aurai puisé mon envie de la lire. La relation avec Rilke, toujours complexe, s'impose au fil du temps. Et la force du lien entre les trois, entre les trois esprits dirais-je, reste absolument fascinante.
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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

Livre merveilleux.

Quête de soi, de l'enfance, de la mort, de la peur, de Dieu, de l'amour, de la poésie, à travers des souvenirs recréés, l'histoire, les mythes.

En une langue admirable de sensibilité
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Le Testament

Ne connaissant de Rilke que le nom et pas l'oeuvre, je ne sais pourquoi ce livre est dans ma bibliothèque...



Un texte paru après sa mort. Un texte qui permet de comprendre sa position vis-à-vis de l'amour et de la création. Or ces deux là ne font pas ménage ensemble, en tout cas chez Rilke...



Un texte où Rilke revendique son besoin de solitude.



C'est court, un peu obtus pour qui ne connaît pas son œuvre Mais avec des points intéressants.



Quelques mots glanés dans ce texte très court



C comme Cardamine :

Cardamine est un genre de plantes dicotylédones de la famille des Brassicaceae, à distribution quasi-cosmopolite. Il comprend plus de 200 espèces acceptées, ce qui en fait l'un des principaux genres de la famille des Brassicaceae



D comme Dent de lion ou pissenlit



E comme Equanimité : Egalité d'âme, d'humeur.



T comme tutélaire : qui assure une protection.



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Lettres à un jeune poète

Si ces Lettres à un jeune poète - écrites par un aîné à son "cadet" - évoquent le rapport intime à la création poétique, elles peuvent cependant être lues dans une perspective plus universelle et s’appliquent à toutes les authentiques créations artistiques. D'où peut-être le succès du livre depuis des décennies.

Rilke conçoit la création dans une perspective existentielle. Créer relève de l’introspection : « Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? »

Ecrire ne relève pas de l’envie mais de la nécessité : « Une œuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité. C’est la nature de son origine qui la juge. »

Ces Lettres expriment ainsi un douloureux idéal que quelques élus atteignent, mais à quel prix ! Ceci est une autre histoire…

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Les Cahiers de Malte Laurids Brigge

Il m'est quasiment impossible de qualifier cet ouvrage avec un genre précis puisque ce dernier n'est ni un roman ni un journal intime à proprement parler. Il est en réalité composé de pensées et de réflexions du jeune poète danois, Rainer Maria Rilke, venu s'installer à Paris dans le but d'écrire une monographie sur le célèbre sculpteur Auguste Rodin et ainsi de devenir écrivain.

Ce roman aborde des thème très variés tel que la fragilité de la condition humaine que le poète lui-même connaît bien puisqu'il est fragile de nature, ceux de la solitude, la mélancolie ou encore l'amour et de la mort.

Admirable ouvrage du poète qui nous confie, à travers cette fiction, des sentiments qui lui sont propres et des idées qui lui sont chères. A découvrir !
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Deux histoires pragoises

Oeuvre de jeunesse en prose, ces deux récits sont reliés par la présence d'un même personnage énigmatique et inquiétant, agitateur politique et manipulateur. Ces écrits sont à la fois des nouvelles et des contes, mélangeant romantisme et fantastique. L'auteur évoque aussi le problème politique du peuple tchèque soumis et cohabitant difficilement avec les allemands. Je n'ai pas été particulièrement emballée par ces deux histoires, mais malgré tout sensible à l'écriture.

Je reste sur ma faim, il me semble avoir déjà lu ce genre de textes, plus construits, plus fouillés, chez d'autres auteurs classiques.
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Lettres à un jeune poète

Dans ces quelques lettres, fruits des échanges entre Franz Xaver Kappus et Rainer Maria Rilke, on découvre davantage sur ce poète peu connu en France.

On puise ainsi, au fil de la lecture, des éléments permettant de mieux comprendre et de mieux cerner cet auteur.

Chacune des lettres nous parle de poésie et de poètes, nous livre la sensibilité de Rainer Maria Rilke et nous éclaire sur sa conception de la solitude, ou de l'amour qu'il évoque dans une lettre magnifique.

Court ouvrage très intéressant et inspirant.
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Histoires pragoises

Ce court bouquin (150 pages) réunit deux nouvelles : « Le roi Bohusch » et « Frère et sœur ». Ces nouvelles font apparemment partie des premiers écrits de Rainer Maria Rilke. Textes un peu autobiographiques, et qui décrivent des aspects de Prague de la fin du dix-neuvième siècle avec un conflit latent entre les communautés Tchèques et Allemandes.

J’avoue ne pas être un spécialiste de cette période de l’histoire et il est difficile d’apprécier toutes les finesses de ces textes. Je suis certainement passé à côté de certaines informations, n’étant pas historien.



- Le roi Bohusch, un bossu assez laid et délaissé, fréquente les cercles artistiques et intellectuels de Prague, mais il semble transparent aux yeux des autres, aussi il s’est construit une vie, ou une histoire imaginaire à partir de certaines de ses rencontres.

Tout va consister pour lui, à exister au milieu de ses « amis ».



- Dans la seconde nouvelle, un frère et une sœur allemands sont réfugiés à Prague avec leur mère. Là encore, ils ont tendance à vivre dans une grande part d’onirisme, ce qui ne les empêchera pas d’être confrontés à l’hostilité latente qui règne entre les communautés Tchèque et Allemande à cette époque.



Rilke a écrit ces deux textes alors qu’il était très jeune. Il y exprime la situation conflictuelle qui règne à Prague. Son style apparaît déjà avec des personnages à la fois pleins de noblesse, de grandeurs d’âme mais aussi capables des plus grandes révoltes ou des plus grandes bassesses.

Le texte est plein d’images fortes, de symboles, de passion. On a parfois l’impression de lire de la poésie en prose !

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Lettres à un jeune poète, et autres lettres

Un poète qui écrit à un autre poète, et encore un autre qui le lit. Et pourtant, comme dans la chanson de Léo Ferré, la solitude. Rilke revendique sa solitude, il l'assume, il l'aime et il la partage à d'autres solitudes, d'autres plongées en soi-même pour y trouver, par un travail assidu, acharné, nécessaire, l'art, l'art de dire les choses, l'art d'écrire vrai, l'art d'écrire soi-même. Qu'est-ce qu'un poète? Un être qui vit dans l'impossibilité de ne pas écrire. Suis-je poète? Je ne suis pas assez seul, et trop fainéant. Les mots, pourtant, les traductions du réel qui passe en silence, remontent à la surfance, demandent à dire. Dire une rose, dire un regard, dire une motte de terre, dire un goût passager dans la bouche seraient le travail d'une vie, la recherche illusoire d'une vérité fuyante, la pierre sans cesse retombant qui rend Sisyphe heureux.

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Le livre de la pauvreté et de la mort

« … Mais le temps des riches est passé… »



Lo Schuh restitue ce texte qui bouleverse et me semble tellement nécessaire et présent en nos temps ou tout semble perdu. Perdu, la porte de l’esprit, perdu la lune de notre psyché, pensées et sentiments, conscience et inconscience, ne reste plus qu’un corps animal, presque robotique animé par un unique algorithme de la pensée totalitaire néolibéraliste !

Temps on ne reste qu’une seule injonction hurlante » ALLEZ vous faire vacciner ! »

Sauf la police évidement, qui doit rester en forme jusqu’au bout, car doit être présente jusqu’à la fin ou tout s’achèvera dans une extinction de l’humanité !

Et j’entends tout a coup Rainer Maria Rilke, alors l’espoir renait !

Je ne perd pas ma Confiance en IEL, je m’y entraine !
Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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Notes sur la mélodie des choses

NOTES SUR UN POÈTE EN DEVENIR



Rainer Maria Rilke n'a encore que vingt-trois ans lorsqu'il se lance, en cette année 1898, dans la rédaction de ce petit recueil de Notes sur la mélodie du bonheur, mais quel style déjà, quelle profondeur de vue et de sensation, une entrée magistrale dans l'univers si singulier et tellement complexe - mais enthousiasment et saisissant de grâce - de ce grand poète autrichien de langue allemande !



Prenant prétexte - mais c'est un prétexte important pour le jeune écrivain en devenir - d'une réforme fondamentale et indispensable de l'art théâtral de son époque, englué dans un dramatisme réaliste et déclamatoire déjà de plus en plus critiqué par la nouvelle génération d'auteurs dramatiques européens, il s'empare de ses découvertes d'artiste rencontrés en Italie de la période du trecento chez lesquels le fond, l'arrière plan sont les fondations, les bases mêmes de l'oeuvre sur lequel -et sans lequel ne - peuvent prendre forme et vie le premier plan donné à l’œil du spectateur. Très vite, cependant, le lecteur comprend qu'il s'agit de bien plus que le projet d'une nécessaire réforme artistique auquel l'auteur des futures Élégies de Duino, de La Mélodie de l'amour et de la mort du cornette Christoph Rilke ou des Sonnets à Orphée nous convie. Mais, bien plus largement, et avec un sens absolument inouïe du mot juste, de la phrase tant belle qu'abyssale de profondeur, c'est à une réflexion pleinement OUVERTE sur l’existence que R.M. Rilke nous convie.



Bien qu'encore en pleine formation intime, philosophique, artistique et amoureuse, le jeune homme nous parle de solitude et de communauté, d'art et de condition humaine, de son essence, de beauté du monde et de sens de la destinée, du proche et du lointain, du petit et de l'infini comme s'il avait déjà vécu mille vies, entreprenant de réunir tous ces concepts, tout le foisonnement de ses pensées au sein d'un immense orchestre personnel sur le point de pouvoir nous jouer le chant universel, la grande mélodie du monde, qu'il nomme avec humilité et une simplicité désarmante : la Mélodie des choses.



Rilke estimait lui-même que son oeuvre n'avait véritablement débuté que l'année suivante, en 1899. Pour autant, il ne faut pas toujours croire ni donner foi aux affirmations des poètes ni des écrivains. Ces notes, aussi rapides et courtes soient-elles, sont, à n'en point douter, une introduction émouvante, magnifique, un programme de vie en Poésie, une cartographie superbe préparant ainsi les premiers pas de l'arpenteur des créations lyriques, philosophiques et littéraires à venir de ce poète fondamental.



Précisons au futur lecteur de ce petit et indispensable ouvrage (au coût dérisoirement modique) qu'il est proposé par les excellentes éditions Allia en édition bilingue et dans une très juste traduction de Bernard Poutrat, qui signe un très éclairant notule en fin d'opus.
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Lettres à un jeune poète

C'est simplement beau.... ce petit ouvrage se lit à la fois comme un roman épistolaire et un recueil de poésie, comme un guide spirituel et un traité esthétique. En version bilingue les germanistes pourront apprécier toute l'ampleur de la verve du poète, les autres se régaleront aussi...

La sagesse du poète se déroule ici avec humilité et bienveillance : " Développez vous tranquillement et sobrement en obéissant à votre propre évolution ; vous ne pourrez davantage la perturber qu'en tournant vos regards vers l'extérieur, et en attendant des réponses à des questions auxquelles sans doute seul votre sentiment le plus intime est, à l'heure la plus silencieuse, en mesure de répondre."

Il y a des livres inclassables et celui-ci en fait partie.
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Lettres à un jeune poète

Deux parties dans ce recueil.

D'abord, un jeune poète adresse ses premiers travaux et demande à Rilke de lui donner quelques conseils. Celui-ci lui repond en retour. Il en ressort de belles phrases, ce qui a fait le succès de ces "Lettres" (finalement, surtout la première et l'avant dernière, seules régulièrement citées d'ailleurs). Néanmoins, si les mots sont jolis et quelques phrases franchement bien tournées, le style pompeux et donneur de leçon m'a quand même plutôt éloigné de la belle intention première. Et si je devais pousser la caricature je dirais même que ça ressemble fort à une escroquerie intellectuelle. Parce que, quels conseils il lui donne en lui disant dix fois la même litanie : soyez patient, ne soyez pas gourmand de succès, tout arrive à point à qui sait attendre ! Et seul, l'attente ! Et notre auteur l'avoue lui-même : il n'est peut-être pas le mieux placé pour être de bon conseil. Pour ces textes, je pensais tomber à la renverse (peut-être trop de souhaits sur une lecture vendue à l'avance) de laquelle je ressors déçu, pas partial du coup, pour confirmer que c'est beau parce que tout le monde le dit ! Tant pis.

Les autres lettres, à d'autres, sont plus intéressantes parce que plus variées. On y découvre Rodin, Cézanne, leur acharnement et sacrifice au travail. On y retrouve d'ailleurs ce double leitmotiv des premières lettres : la solitude du créateur et la vie de bohème, indispensables pour être un artiste, un vrai. L'Art nécessitant l'indigence et/ou la souffrance même (sujet de philo ?)...
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Lettres à une jeune poétesse

Voici soixante lettres, écrites entre 1920-1926. Paru pour la première fois en 1982, en Allemagne, aux Éditions Insel ; le recueil de ces échanges épistolaires entre la jeune Anita Forrer et Rainer Maria Rilke, n’avait jusqu’à maintenant jamais été traduit et publiée en France.Les éditions Bouquin viennent pour notre plus grand bonheur par la présente édition d’y remédier.

La première guerre mondiale est terminée depuis deux ans. «  Je ressens encore dans toute ma nature la désespérance de la guerre ». Rilke a 45 ans. Anita 19 ans lorsque elle adresse sa première lettre au poète. Durant six ans, leur correspondance, bien qu’ayant connu quelques périodes de silence, n’a jamais vu son intensité, son urgence, sa nécessité, faiblir.

Lorsque Rilke répondit à a première lettre de Franz Xaver Kappus ( Lettres à un jeune poète) le poète avait 28 ans.

C’est donc un Rilke augmenté, plus largement traversé, que nous lisons à travers cette présente correspondance. Traversé par le génie de Rodin, par d’autres amours, traversé par la guerre, par l’Europe. Mais un Rilke éternellement égal à lui même. Travailleur acharné, protégeant sa solitude, un Rilke toujours errant- - «  car savoir où aller, voilà qui est pour moi- et pour de nombreuses raisons une question délicate et difficile. 05.1921 ) - angoissé, mais qui connaît l’adresse exacte de sa demeure : la poésie. Sa seule maison, son unique refuge. Son royaume. Sa seule maison, même si les vers du poète nous rappelle que « ce qui tue est encore demeure ». ( « Baudelaire » poème dédicace de Rilke )

Un Rilke généreux, patient, d’une sagesse si vraie que la beauté qui en émane nous parvient directement.

« Dans la vie , on n’éveille jamais assez souvent le sentiment du commencement en soi, et nul besoin pour cela d’un grand changement extérieur, car nous modifions le monde depuis notre cœur même, et si celui-ci veut bien être neuf et incommensurable, celui-là se présente alors comme au jour de sa création : infini » .

Un Rilke guidant mais ne dirigeant jamais. Un Rilke si riche d’enseignement. « un guide secourable dans la géométrie du coeur »

Anita est jeune, issue d’une famille bourgeoise hélvétique. Anita ne trouve pas sa place au sein de la société dans laquelle elle est obligée d’évoluer. Anita se cherche, se questionne. Anita ne rentre pas dans le cadre, ni dans le moule. Anita sera priée d’aller consulter un psychiatre. Séance qui la traumatisera à vie. Et puis Anita découvre les poèmes de Rilke. Lui écrit. Et à jamais sa vie sera transformée. Cette « toute petite lueur dans l’obscurité » a suffi pour qu’Anita prenne Vie ; L’art et la littérature, la poésie ne la quitteront jamais. Elle en fera le chemin de sa vie. Compagne et exécutrice testamentaire d’Annemarie Schwarzenbach, Anita deviendra, sera.



« Ce qui reste déterminant pour toutes les transformations d’être humain à être humain, que l’on ne doit jamais regarder et évaluer une relation dans ses particularités depuis l’extérieur : ce que deux être ont souhaité se donner et s’accorder l’un à l’autre dans leur profonde sincérité reste en tout temps un secret de leur intime confiance, cette confiance qui est unique et indescriptible pour chaque relation. Pensaient-ils à un certain moment pouvoir, d’une façon ou d’une autre, se combler plus tendrement encore, il se pourrait bien que cela fût une petite erreur, si, ce faisant, ils n’étaient pas au service de leur bonheur, mais plutôt de leur désir et qu’alors ils s’inoculaient dans le sang des inquiétudes qui, après coup, viendraient les oppresser., peut-être, mais qui décide de cela ? Peut-être aussi avaient-ils raison dans cet abandon si indescriptiblement innocent, comme tout ce qui, dans l’amour naît du pur besoin et de l’impossibilité de faire autrement, - personne ne devrait se hasarder à juger de l’extérieur ce qui s’est passé là ; un tel émerveillement et une telle joie, si vastes fussent-ils, peuvent faire émerger un instant de pure transformation spirituelle, et alors qu’on croyait faire une nouvelle expérience au cœur de ce que l’on nomme sensualité, on était peut-être déjà tout entier dans l’avancement de l’âme, qu’ainsi peut-être on ravissait. »



« Votre lettre m’a libérée «  ( Anita Forrer 18.01.1920)



Quel aurait été le destin d’Anita sans les lettres de Rainer Maria Rilke ? Différent sans aucun doute, différent et affreusement éteint.

Rilke, savait que rien n’était plus fort que la vie, que l’amour d’être et d’exister parmi les autres. Et qu’il faut pour cela comprendre, admettre, et prendre soin avant toute chose de nos solitudes. Savoir répondre, obéir à notre nécessité intérieure la respecter, la défendre. Oui, «  ce que Rilke lui avait donné était entré dans le sang. « 

«  des livres nous saisissent, mais on les lâche, un être a une présence bien plus grande et un plus grand effet, et il n’agit pas seulement par la parole, mais par tout le mystère de sa nature, qu’il ne connaît pas lui-même et qui est peut-être le plus parlant quand il se tait. » R.M Rilke 28.01.1920



"Chercher le bonheur dans cette vie, c'est là le véritable esprit de rébellion. » Henrik Ibsen



Traduction française de Jeanne Wagner et Alexandre Pateau.

Opération Masse critique mars 2021- Éditions Bouquins.

Astrid Shriqui Garain



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Le livre de la pauvreté et de la mort

Un beau poème sur la mort et la pauvreté vues comme intimes, amies des hommes. Aux yeux de Rilke, c'est dans le dénuement que nous pourrons ouvrir les yeux et apprécier notre authentique condition, "heureuse"...
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