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Critiques de Raymond Depardon (111)
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Afriques

Raymond Depardon aime l’Afrique, il nous propose à la fois une réflexion sur un continent ou le mal à visiblement décidé de prendre demeure. Les guerres ethniques, les maladies (sida, paludisme, malnutrition …) la liste des maux est exhaustive. Ici bas, tout est plus difficile, chaque jour est une lutte permanente. Pourtant, Depardon arrive, dans cette misère épouvantable, à saisir des instants ou l’espoir semble possible. Il y a aussi une réflexion concernant la culpabilité du photographe à prendre ces instantanés. Comment faire sentir tout la détresse et la difficulté à vivre un jour de plus ? Montrer ce qu’est le quotidien sans trahir ? D’Afrique du Sud au Rwanda, de l’Angola à la Centrafrique, l’insoutenable est bien présent, et puis tout à coup au coin d’une rue, un sourire radieux vient montrer aussi la beauté de ce continent. Le photographe s’efface pour redonner ne serait-ce qu’un instant toute la fierté et l’incroyable beauté à ces habitants, à ces pays minés par la bêtise, la violence, les maladies. Le tout avec la bienveillance des pays les plus riches.

Un album d’une grande beauté, mélancolique et forcement touchant.

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La France de Raymond Depardon

Raymond Depardon est incontestablement et résolument un grand photographe. Un livre imposant de tous les points de vue.
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Paysans

A la fois témoignage objectif -des photos, des propos- et souvenir personnel - Depardon a quitté la ferme familiale à seize ans-, ce petit livre plein de présences et pourtant guetté par l'absence fait entendre une musique tenace, obstinée et de plus en plus ténue.



Une musique qui sonne comme un avertissement.



Que deviendrons-nous quand il n'y aura plus de paysans?
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Les habitants

J'aurais sûrement dû aller voir le film de M. Depardon auparavant... J'ai fait la démarche inverse, et je suis restée sur "ma faim"... J'apprécie beaucoup habituellement le regard engagé de ce photographe de talent.... mais là, j'avoue ma déception... Il me faudrait pour avoir une vraie vision, aller découvrir le film, le rendu humain sur grand écran...

C'est ainsi que j'ai écrit ce billet en avril 2016, et l'ai laissé en attente dans un coin...

Arpenter l'hexagone en tous sens, installer une caravane pour laisser parler des personnes, par deux, sur tous les sujets, leur quotidien, leurs amours, leurs souhaits, leur vie de couple, l'amitié, la précarité, les difficultés du quotidien... L'idée est géniale, mais le choix trop restrictif des populations rencontrées donne une image infime, réduite de la mosaïque française, qui est

très diversifiée par ses différents milieux sociaux et communautés...



Si tous les âges sont représentés, le brassage social est étroit, des couples , femme-homme,femme-femme, homme-homme dans des situations précaires, n'ayant pas fait d'études, ni de formation longue,ou très brève !

Un côté très attachant pour faire parler ceux qui habituellement n'ont pas l'occasion de

s'exprimer, mais je trouve l'image donnée, des "classes laborieuses" trop limitative, et uniforme...



Le film donne peut-être , sûrement un dynamisme, un élan , un naturel que j'ai eu du mal à trouver dans cet ouvrage , complémentaire du film; une sorte d'albums de notes et de photographies prises en même temps que le tournage. Il me faudra dépasser la frustration de cet ouvrage, et me décider à visionner le film...



Dans ces dialogues... en sus de l'envahissement de la précarité, des peurs... de l'avenir, de perdre son toit, son travail... de nombreuses variétés de solitudes, l'isolement...à tous les âges ....Et je finirai sur l'extrait suivant...

"La solitude

J'étais toujours étonné du mot solitude. La solitude, on est toujours seul dans la vie de toute façon, même si on est entouré...Et.. .je n'avais pas la perception exacte de ce mot: solitude. Et comme je te l'ai écrit, je crois, c'est quand, après dîner le soir, à vingt-deux heures, t'es tout seul dans le fauteuil, tu regardes la télé, ou tu zappes ou tu...tu...tu t'embêtes, et là, c'est là que la solitude t'atteint.

J'écoutais une chanson de Léo ferré et puis aussi je crois de Juliette Gréco sur la solitude: on rentre dans son immeuble, et puis elle est assise là sur le palier, elle t'attend. C'étaient des mots, j'ai retenu,c'est de Léo Ferré, je crois, et ...je crois maintenant que je sais ce que c'est la solitude. Et on s'y adapte, on fait avec, mais d'autant plus difficilement qu'on a été tellement entouré par maman que... il faut réapprendre la vie un moment donné...moi je vais avoir quatre-vingt-ans, je suis bien physiquement, apparemment, mais heu..

.je réapprends à vivre. Je réapprends à cuisiner, je réapprends à sortir seul, je réapprends...enfin bref."
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Corse

Encore un tout petit livre...très, très dense.



Une acquisition faite à Ajaccio, en août 2006. Mon compagnon était vivant, nous profitions de son île ensemble, avec bonheur...



J'avais choisi ce livre à la librairie de la Marge, à Ajaccio, subjuguée par la beauté des clichés noir et blanc de Raymond Depardon rendant à la fois la beauté de l'île, ainsi que ses mystères et sa sauvage âpreté... En ce 2 juillet ( période anniversaire du décès de Xavieru, mon compagnon, il y a juste 2 années), j'ai ressenti la nécessité de reprendre ce petit volume sur mes rayonnages... Pour retrouver et Xavieru et La Corse...



Quelle ne fut pas ma surprise en débutant le texte, dans le train, vers mon travail... de lire des noms très familiers, liés à Ajaccio, jusqu'à un mot redouté , le "V 240" (établissement très connu pour "la fin de vie")



Le récit personnel de Jean-Noël Pancrazi ne possède pas de lien direct avec les photographies, si ce n'est l'excellent "rendu" d'une atmosphère, de paysages corses où est ancré l'hommage de l'auteur à son papa affaibli, qui a perdu la mémoire. Mort de ce "papa" bienveillant, gentil et avenant... au parcours ardu, entre l'Algérie et la Corse...



Très beau texte qui exprime fort bien les rites, usages, comportements des gens du village pour accompagner "le mort", et apporter réconfort et condoléances respectueuses aux "vivants" éprouvés:



"Le glas sonnait dans le village. Le corbillard s'arrêtait sur l'esplanade devant l'église Saint-Antoine. Alors, leur chapeau à la main, les yeux pleins de larmes, les lèvres et les rides aussi sèches que les pierres des murets sur lesquels ils étaient assis, où ils m'attendaient, ils venaient vers moi, les anciens d'Ucciani, en courant presque, comme des bergers affolés dévalant la montagne à la recherche d'un animal blessé ou perdu, dans une ruée d'amour, un monôme de tristesse, m'embrassaient tour à tour dans leur élan de fraternité gauche, de solidarité bouleversée... (p.42)"



Un peu de mal au départ avec les "phrases-accordéon" de l'auteur... mettant à mal mon impatience chronique... Toutefois, le style est extraordinairement poétique... et je suis heureuse d'avoir malmené mon impatience naturelle.



ce texte décrit aussi avec beaucoup d'émotion et de finesse l'amour de cette Corse avec toutes les ambivalences existantes...

"J'avais soudain- moi qui prétendais n'avoir jamais eu besoin de racines- le désir de cette terre, l'envie d'être enseveli, un jour, là où il y avait encore une place, près de lui, au bout du terrain, sous le dernier châtaignier" (p.49)



Ce récit par son style,sa poésie, les photographies en noir et blanc qui l'accompagnent avec beaucoup de sobriété, les lieux, les noms qui me sont familiers ont rendu cette lecture doublement "émotionnante"



je suis , en dépit de la peine "réactivée"... heureuse d'avoir lu cet écrit. Je tenterai d'autres découvertes de cet auteur, dans des thématiques différentes...moins intimes.



Pour moi cet ouvrage est comme une bougie... que je dépose ,en pensée sur la sépulture de Xavier, dans le petit cimetière de montagne de Bocognano... en ce 2 juillet 2014...
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Afriques

Ce livre est une magnifique plongée en terres africaines. 400 pages à couper le souffle, qui offrent, à travers des portraits, des paysages ou des photos du quotidien, un diaporama d'une Afrique belle, douloureuse, envoûtante et fascinante.

La mise en page minimaliste, peu de texte, la qualité de l'image et le noir et blanc contrasté mettent en valeur des prises de vues aux propos engagés, résultats de 20 années pendant lesquelles Raymond Depardon a sillonné le continent.

Un gros coup de cœur !
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Paysans

Un petit album photo sur le monde rural avec quelques commentaire de l'auteur mais aussi des paysans interviewés. Un monde appelé à disparaître. Il ne restera en souvenir que ces clichés d'hommes courbés, les pieds dans la boue...une image...

On écoute leurs paroles car après eux, il n'y aura plus personne pour raconter.

Un bel hommage au monde paysan sur lequel la France c'est longtemps appuyée. Quelques belles photos d'un monde qui disparaît sous nos yeux.
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Glasgow

Il y a à peine une vingtaine d'années, les habitants du quartier le plus pauvre de Glasgow avaient l'espérance de vie la plus basse de toute l'Europe. Vous y ajoutez toute une zone industrielle, des murs couleur de lave et une pluie omniprésente, ça ne donne pas vraiment envie d'y faire un tour. C'est pourtant une ville à fort caractère qui s'est modernisée et embellie depuis.



Suite à une commande du Sunday Times, en 1980, Raymond Depardon a photographié les quartiers industriels de la ville: autant dire qu'il y a un côté déprimant dans toutes ces photos de terrains vagues et de cheminées d'usine plongés dans une bruine incessante! Pourtant, dans chacune, ou presque, surgit de la couleur et de la vie: les bulles roses de chewing-gum de deux petits garçons, un anorak rouge, un tee-shirt jaune, des enseignes, un panneau, un bus jaune à étage... et surtout des enfants qui jouent, des femmes qui discutent devant leurs cordes à linge (je me demande encore si ce linge sèchera un jour), trois vieillards qui ont gardé le sourire espiègle de leur enfance, et partout des gens qui marchent, en route pour l'usine, en revenant, traversant la rue, allant on ne sait où sous ce ciel lugubre.

Des photos déprimantes mais magnifiques où la fumée des usines se confondent aux nuages et où un rayon de soleil tout d'un coup illumine la rue.
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New York aller et retour

Saviez-vous tout d’abord que Points fait aussi des beaux livres ?

Des petits beaux livres pour être cohérent avec les formats maisons mais des jolis beaux livres à l’image de ce New York Aller et Retour, recueil de photographies de l’immense Raymond Depardon, préfacé par Philippe Séclier, un des spécialistes de son œuvre.



Alors à défaut d’y retourner enfin, l’occasion était trop belle de replonger au cœur de la ville qui ne dort jamais grâce à cette soixantaine de photos aux noirs et aux blancs remarquablement traités. Loin du city-tour habituel de ses confrères, Depardon choisit ici – ou plutôt là-bas – de s’intéresser aux gens.



Inconnus, flous, de dos, marchant, courant, explorant, s’inquiétant, attendant… Les New-Yorkais de Depardon ont en commun d’être tous saisis en mouvement, ou en passe de l’être. Une constante de la street photography prisée par l’auteur après tant d’années de photojournalisme et de photoreportage.



Des scènes de rues de Broadway à Coney Island en passant par Harlem ou Park Avenue. Un grand écart permanent entre les quartiers pour des gens si différents mais dont les attitudes finissent par se confondre, et un regard curieux de pénétrer les âmes plus que les lieux.



« À l’époque, le fossé était énorme entre les photoreporters et les photographes français humanistes. Entre les deux, il n’existait strictement rien et je me demandais s’il n’y avait pas une voie médiane à prendre » s’interrogeait Depardon à la fin des années 70. Une voie médiane qu’il ne cessera plus alors d’explorer.



Suivant les traces de Robert Pledge, son « ami américain », ses séjours à New York seront nombreux, notamment celui de 1981 en commande pour Libération. Recontextualisées par une intéressante préface, ces photos ont gagné en rêveries potentielles ce qu’elles ont perdu en légendes de l’époque. Ce qui en fait un joli recueil à feuilleter et à refeuilleter encore. En attendant d’y retourner…
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Le désert américain

Raymond Depardon a réalisé ce livre de photos en 1982. Son monteur et ami Olivier Froux venait de mourir dans un accident et Raymond Depardon lui dédie ce livre.

C'est l'Amérique des années 80, prise sur le vif. L'Amérique des années Reagan. 12 millions de chômeurs à cette époque aux USA.

Depardon excelle dans l'art de nous montrer les grands espaces américains, le Nevada, l'Arizona, Monument Valley mais aussi l'Amérique profonde ou insolite; ainsi ces clichés inattendus de prostituées sur Las Vegas Boulevard, des SDF sur Santa Monica Boulevard (comme il le dit si bien: "Il n'y a que les pauvres et moi qui marchent sur Santa Monica Boulevard"..), des clichés d'Alamogordo, là où ont eu lieu les premiers essais de bombe atomique... des clichés de motels aussi, de paysages désolés de réserves indiennes..

Depardon se "perd" volontairement dans les rues des grandes villes américaines, ainsi il se perd dans la banlieue de Denver, où il était déjà venu auparavant pour la campagne présidentielle de Nixon.

Une Amérique que Depardon connaît parfaitement bien mais qui bouge tellement vite que même un grand reporter y perd facilement ses repères.



Ce livre est dédié aussi aux proches de Depardon: on voit ainsi sa mère de 77 ans dans sa cuisine, dans la maison où le photographe a passé son enfance.

Un livre très émouvant, qui nous fait revivre l'atmosphère des années 80 et qui met en relief l'attachement du photographe pour ce pays.

A lire et à relire pour la beauté des photos et le texte court mais profond.
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LA 82

A quoi ressemblait la cité des Anges en 1982 ? Le réalisateur Olivier Assayas- bientôt à l'affiche en salles d'un inégal Cuban Network- et le photographe Raymond Depardon nous offre dans LA 82, leur double regard comme réponse, le premier avec son carnet, le second avec ses photos.



Raymond Depardon plante le décor en photographiant les enseignes de motel et des affiches de publicité de l'époque et puis avec lui, on pénètre dans l'enceinte des studios Hollywood, ville dans la ville avec ses fausses façades, ses décors, ses accessoires, ses caravanes. Hollywood, dans son viseur, ce sont aussi des réalisateurs dont Francis Coppola, des lieux d'écriture et le fameux trottoir avec ses étoiles.

LA82 un livre qui retrace le voyage qu’effectua en 1982 une partie de l’équipe des Cahiers du cinéma, à la découverte d’Hollywood.

Quant à Olivier Assayas, envoyé par Les Cahiers du cinéma pour rencontrer des cinéastes expérimentaux, il raconte dans son journal de bord, son périple, avec ses quêtes et ses surprises.

Il raconte un Hollywood en pleine transition, alors que Georges Lucas cartonne avec sa guerre des étoiles et que des studios ont été totalement ruinés par des échecs comme ceux de Francis Ford Coppola Coup de coeur ou le Heaven'sgate de Cimino.

On sent les prémisses d'un Holywood qui allait devenir celui que l'on connait maintenant mais dont les fondations étaient pour le moins incertaines.

Mais un Holywood qui reste un vrai rêve pour tous ces petits cinéphiles frenchies, qui, sous leur apparente nonchalance et leur anti américanisme liés à des années d'adoration communiste ( les Cahiers du cinéma étaient une revue très engagée à gauche), semblent aussi transis d'admiration.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Habiter la France

habiterlafrance



Journée spéciale Raymond Depardon sur Baz'art car après la longue interview de ce matin, un petit mot sur un de ces derniers livres, publié très récemment chez POINTS ( c'est pas mal quand de beaux livres de photographies habituellement édité en grand format sortent dans des versions poches plus épurée) Habiter La France.



Une sélection de 200 photographies illustrant la France dans sa globalité et une édition poche qui permet ainsi d'accéder à une vulgarisation de l'oeuvre incontournable de ce photographe profondément humain et humaniste ( un argument que réfute Depardon comme on l'a vu dans notre entretien publié ce matin).



Les photographies sont prises, comme au tout début de l'histoire de cet art, à l'aide d'une chambre posée sur un pied, contrainte qui a aidé l'artiste à ne faire qu'" une " photographie de chaque lieu, à assumer l'angle de vue, à voir frontalement.



Ce livre nous offre une saisissante plongée dans la représentation de notre territoire et notre pays, et recueille des instantanés de la vie sur ce territoire, si dense, si riche.



Depardon, comme nous tous, s’interroge sur ce que c’est que la France. Tout l'art du photographe est de nous projeter dans une France intemporelle, celle peuplée de magasins fermés, d’anciennes façades, de monuments aux morts, des bâtiments officiels, et même de maisons ordinaires, des endroits qu'on a l'impression d'avoir nous même visité et qui nous semblent à la fois si familiers et si singuliers.




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Afriques

Pendant deux ans Raymond Depardon a parcouru l'Afrique, entre le Cap de Bonne Espérance et Alexandrie.

Il en a rapporté ce superbe livre, illustré de photos magnifiques: D'Egypte en Ethiopie, de ghettos en oasis, il nous offre l'image d'une Afrique qui vibre et qui est souvent en proie à des violentes convulsions.

Le texte original de 1996 a été entièrement repris, et l'auteur a ajouté des photos inédites.

"Je suis heureux de pouvoir vous montrer l'Afrique que j'aime" et effectivement Depardon arrive à nous faire aimer l'Afrique, malgré tous les drames récents qu'elle a connus: famines, misère, maladies, guerres civiles, trafics..

"Comment ça va avec la douleur?" est une salutation courante en Afrique francophone. Et effectivement nous ressentons la douleur des différentes populations africaines au travers du récit de son voyage.

Depardon dresse le portrait d'une Afrique qui se lève et qui se libère, incarnée par Nelson Mandela, que le photographe a eu le privilège de rencontrer.

L'Angola qui sort à peine de ses dures années de guerre civile sera la deuxième étape du photographe.

Un continent entier pris sur le vif, une manière de mieux comprendre les conflits qui ont eu lieu,

Les pages sur le Rwanda m'ont profondément troublée. Les Tutsis et les Hutus avaient toujours vécu ensemble, ils ont la même langue, la même culture.;

et pourtant..

Un livre fascinant, à lire et à relire.. pour la profondeur du texte et la splendeur des photos...
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Errance

J'ai un rapport particulier avec le photographe Raymond depardon, non que je connaisse l'homme personnellement mais son oeuvre m'est tout à fait familière depuis une quinzaine d'année, oeuvre autant photographique que littéraire ou cinématographique. C'est d'abord et avant toute autre chose un type que j'aime bien, il ressemble un peu à mon père avec ses grands yeux bleus qui semblent ne jamais pouvoir mentir. Et dans le même temps, il est aussi le parfait opposé de la figure paternelle dans le sens où le lieu dans lequel il s'ébat est aux antipodes du terrain d'existence de mon propre père, et quitte à tuer ce dernier, autant choisir avec soin le terrain du patricide. Celui du rêve m'ayant toujours parlé plus que de raison, j'ai choisi dés l'âge de décamper atteind d'emprunter les voies du flou et du piqué plutôt que celle trop jalonnées du monde "réel" - tel que celui-ci m'était représenté-.



Pour mes vingt ans, un livre que l'on m'offre assiera un peu plus l'emprise de l'oeuvre du photographe dans le petit système artisitique que je mets en place surtout dans ma tête. Il s'agit d'Errance, un bouquin dense, muet dans la succéssion de ses photographies mais non avare en explication dans sa préface. Ce livre me renverse tout à fait, j'y reviens encore très souvent, comment errer sur une planète ronde peuplée de plus de six milliards d'individus ? Où trouver une quête encore vierge ? Comment explorer, comment découvrir encore ? Où sont les Cartier, Colomb et Magellan du XXIème siècle ? J'aime ce livre parce qu'il pose une question philosophique pour préable et que le questionnement perdure sans être réellement épuisé une fois la dernière page tournée. J'aime ce livre aussi parce qu'il m'a longtemps trompé, c'est un livre de grabataire, peut-être même l'aigreur ou la déception l'ont motivé. Ce livre ne devrait pas avoir à frayer avec un gamin de vingt ans, il le trompe sur le monde. Et voilà comment un photographe au regard honnête et bleu peut - et parce qu'il suit son propre questionnement intime - camoufler à un gamin mal dégrossi que le monde est tout à découvrir pour lui.



Bizarrement ou non, cette Errance de Depardon a contribué à me rendre hésitant un appareil photo entre les mains, en tout cas ça a coïncidé avec une période de jeûne photographique ; des images des amis, de la famille et du chien oui, mais reprendre l'appareil en bandoulière et tirer une image d'un inconnu a pris fin vers cette période. Et même les Ackerman, Max Pam et autres baradoudeurs n'ont pas réussi à intercéder à ce moment-là.



Alors quand l'excellente revue trimestrielle XXI publie un long entretien avec Raymond Depardon, j'ai encore une fois envie de comprendre cette pierre angulaire de mes aspirations à travers ses mots et ses explications. Je me souviens qu'interviewé par Inter il y a quatre ou cinq ans, j'avais envoyé par mail à la radio une question qui me taraudait : "êtes-vous toujours dans l'errance ?" . La question l'avait fait sourire et il avait répondu que je me référais bien évidemment à un livre qu'il avait fait et que non, l'errance n'avait été qu'un passage.



J'avais été sot n'est-ce pas, de croire qu'un artiste créant sans cesse pouvait stopper son système de représentation en soumettant au yeux de tous ce processus même... J'y croyais et j'étais sot, mais j'aime toujours autant ce photographe et son oeuvre.
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Les habitants



Il faut dire qu'avant d'être cinéaste, Depardon est surtout un photographe de renom et de talent, fondateur de l'agence Gamma, et cela a une forcément une incidence sur la beauté de ses plans, ainsi que sur la qualité du regard de Depardon, toujours à la bonne distance, comme seule un photographe sait y être, inventant une sorte de marque de fabrique celle du photo-reportage.



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Ce concept du photo reportage est parfaitement illustré par la dernière oeuvre du maitre, que j'ai eu la chance de voir au cinéma, et que j'ai continué à plonger dans le livre qu'il a publié chez Seuil en complément de son projet cinématographique.



Pour "Les habitants", notre célèbre cinéaste-photographe - encore plus célèbre depuis qu'il avait été choisi pour faire la photo officielle du président François Hollande en 2012- a eu envie de partir sur les routes de France, dans des villes plutôt de taille moyenne, de Charleville-Mézières à Nice, de Sète à Cherbourg, partir à la rencontre des Français pour les écouter parler., recueillir leurs conversations, leurs accents et leurs façons de parler.



Un parti pris qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du cinéaste, qui a toujours pris soin de donner la parole aux gens qu'on n'entend pas la plupart du temps. Depardon a ici pris le parti pris de filmer ces individus toujours par deux, et leur laissent totalement libres de discuter leur quotidien, sans jamais leur imposer de sujet. Pour cela, Depardon utilise des plans séquences fixes sur ces duo discutant dans sa caravane filmés de profil, et Depardon entrecoup simplement ces séquences avec un dispositif simple, des travellings sur les routes de France, un peu comme il le faisait déjà dans Jour de France, son dernier long métrage documentaire en date.



On ne saura presque rien de ces femmes et ces hommes attrapés en plein vol, mais grâce à des intonations et des vocabulaires particuliers, on arrive assez vite à les identifier et à les appréhender, pour voir devant nos yeux un portrait de la diversité française, nous donnant l'impression d'être des sortes de voisins de tablée de ces gens à la fois si loin et si proche de nous.



Résultat : on a affaire à des conversations parfois graves, parfois plus légeres qui tournent quasiment toujours autour du sujet du couple, des relations- amicales familiales- plutot pragmatiques, sans jamais que ces discussions n'interfèrent dans des sphères économiques, politiques ou culturelles, ce qu'on peut constater non sans une certaine amertume vu le contexte particulièrement difficile de cette année 2015 pendant laquelle Depardon a posé sa caméra.

Et dans la continuité du film, on peut aussi découvrir le livre photo des Habitants qui reproduit ces conversations séquence après séquence, telles qu’elles ont été enregistrées. Par discrétion, Raymond Depardon n’a indiqué ni l’âge, ni le sexe, ni la condition sociale des interlocuteurs, préférant comme dans son film nous réveler l'intimité de ces gens simplement par leurs mots, sans doute ce qui les définit le mieux.



Une fois plus Depardon nous interpelle et nous secoue pour un projet qui peut parfois laisser perplexe mais qui assurément est un enregistrement juste de notre société française et qui nous fait poser pas mal d'interrogations.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Adieu Saigon

Une moto démarre, il y a du flou, nous sommes devant le mythique Hotel Continental de Saïgon (on dit désormais Ho Chi Minh City, du moins est-ce ainsi sur les cartes...).

Trois aveugles, un masque sur les yeux, une canne dans la main, marchent dans la rue. Ils s'entrainent à traverser la rue. Au lien des vols, quelques mobylettes, une seule voiture, des palmiers. La photo n'est pas plastiquent bouleversante, d'autres le sont davantage mais elle est très forte tout de même. Et comme souvent Depardon commente, explique, contextualise.

Voici un livre de photographies prises au Vietnam depuis 1964.

On y sent l'attachement du photographe à ce pays (mais il a eu bien d'autres attachements !), le livre est particulièrement agréable à regarder, à feuilleter, tout en découvrant les commentaires modestes, comme toujours, de l'auteur.

Le titre du livre est superbe, le livre lui-même n'est pas mal non plus, son prix modeste. Que vouloir de plus ?
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Le désert, allers et retours

Depardon est le photographe de renom et de talent que l'on connait , fondateur de l'agence Gamma, et cela a une incidence sur la beauté de ses plans, ainsi que sur la qualité du regard de Depardon, toujours à la bonne distance, comme seule un photographe sait y être.



Et si on le connait surtout comme une des figures les plus représentatives du photo-reporter, on sait moins qu'il est aussi un spécialiste du désert, ayant certainement signé les plus belles photos de désert africain (il a d'ailleurs tourné plusieurs films là bas, dont la Captive du Désert avec Sandrine Bonnaire). Pour Raymond Depardon, le désert est à la fois un refuge, une source d’inspiration et une manière de vivre.



Le livre, déserts allers et retours, parus en mai dernier aux éditions de la Fabrique nous retrce les 50 années que Depardon a passé dans le désert pour prendre les photos les plus emblématiques qui soient de cette région sin singulière du globe terrestre.



De la Mauritanie à l’Érythrée, en passant par le Tibesti, montagne magique entourée de sable de tous côtés, nous amène à travers une soixantaine de photos comme un voyage immobile à travers les sables.



Mais le livre n'est pas qu'un catalogue de photos, on y parle aussi technique ("J'ai toujours préféré travailler au grand angle, parce que ça donne ma position. Avec le grand angle, tu es dedans, tu es "avec".)', des objectifs, quels films, quels formats, quelles astuces pour rendre le désert appropriable par la pellicule.



Depardon n'élude rien non plus des difficultés de photographier et de filmer le désert (« Tu es dans un désert de dunes, la voiture est en panne, tu montes sur une dune, tu prends ton appareil – ou ta caméra, c’est pareil – et tu te trouves au centre d’un cercle de 360°, tu y vois à une quinzaine de kilomètres, et avec le plus grand angle du monde, tu ne couvres au maximum qu’un quart du cercle »).



Un (petit par le format mais grand par le contenu) livre à la fois instructif et d'une grande beauté visuelle à conseiller impérativement à tous les amoureux des plaines désertiques.
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Japon express

On peut parcourir ce petit livre des très belles photographies de Raymond Depardon à sa manière, en se perdant dans les couleurs, les lignes, les regards, les trains, les autoroutes, le métro.



En quelques mots, l'auteur explique comment voyager au Japon, en prenant le temps, en respectant la discrétion des japonais, en s'adaptant à cette civilisation si différente et, pourtant si moderne aujourd'hui.



Un très riche chatoiement de couleurs dans les photographies de Raymond Depardon sur lesquelles il est bon de s'attarder en admirant la qualité dans la rapidité de leur composition. Un vrai artiste qui sait, en peu de mots, transmettre son vécu et sa passion.
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L'image et le monde

Je ne peux pas résumer ce texte. Raymond Depardon se raconte, son enfance paysanne, sa jeunesse, ses voyages, sa formation, son œuvre et son travail de photographe, journaliste et cinéaste. Il est question de l'acte créateur en photographie, de l'errance à la recherche du sens et du sujet, et sans doute de soi. « Depardon comprend et expérimente alors la photographie comme l'art et le jeu avec le temps, non pas tant parce qu'elle restituerait le passé, mais parce qu'elle est la preuve et l'épreuve que le présent est un don, un don unique, un présent royal. »



C'est un texte très riche et passionnant, mais clairement trop technique et pointu pour moi qui ne connait rien à la photographie.
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Japon express

Les éditions Points Seuil ont sorti en juin 2018 un album photos inédit de Raymond Depardon, intitulé Tokyo Express, de Tokyo à Kyoto.



Le photographe avait couvert les jeux olympiques de Tokyo en 1964 et ceux d'hiver en Hokkaido en 1972. Cette fois-ci, il revient à Tokyo en janvier 2016 puis à Kyoto en août 2017.

Interviewé en début d'ouvrages, il explique la genèse de cet album et, surtout, les impressions qu'il tire de ces deux séjours d'une semaine, à la fois en tant que visiteur étranger et comme photographe. Il met ainsi en avant la bienveillance générale des Japonais qui acceptent de se laisser photographier. Raymond Depardon respecte cette bonne volonté en n'insistant pas, se contentant d'une prise.



Les photographies qui constituent Japon Express ont un côté enlevé, pris au débotté. Je regrette de ne pas m'y connaître en photos et de ne pas avoir le lexique adéquat pour mieux parler des oeuvres de l'auteur.

Néanmoins, s'il fait ressentir le gigantisme des deux mégapoles, il se place également à portée des gens, dans les rues, le métro (où l'on peut admirer l'aspect propre et étincelant des couloirs!!!). Beaucoup de prises sur le vif comme cette vieille dame rêvassant devant une tasse de café.



Il est toujours impressionnant de constater le contraste des Japonais : quasi uniformes des salary men, jeune femme aux cheveux oranges, jeune homme gothique tout droit sorti d'un manga. Et au milieu de tout ça passent des kimonos aux couleurs chatoyantes. La tradition au coeur de l'ultra modernisme. Jusque dans les détails puisqu'on porte le yukata (léger kimono d'été) avec de longs ongles coûteusement peints. Et bien sûr, l'indispensable et omniprésent "keitai" (le smartphone). Certes ça n'est plus une spécificité nipponne cette omniprésence du portable.



Ce court album permet de voyager et de rêver à un séjour au pays du Soleil Levant. Raymond Depardon apporte quelques anecdotes par-ci par-là. À regarder d'une traite ou à feuilleter au gré des envies, le plaisir est là.
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