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Critiques de Scholastique Mukasonga (323)
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Notre-Dame du Nil

Du style et une belle histoire (terrible souvent).

Le récit se déroule dans un pensionnat pour jeunes-filles de bonnes familles, il y a quelques décennies. Les Hutus ont le pouvoir, les Tutsis sont au mieux tolérés.

Ce pensionnat représente un microcosme de la société rwandaise de l'époque. Tout y est: l'opposition (litote) entre les deux communautés, les restes de colonnialisme, mythe et histoire, politique, rêves avortés, pouvoir de l'argent, le vice qui se cache sous les habits de la vertue.

La haine latente est distillée habillement en fin de chapitre pour prendre de plus en plus de place....

Une série de duos "contrastés" rythment cette histoire: l'aumonier pervers et politisé, l'archéologue suspect mais au final quelque peu illuminé et inoffensif; Gloriosa, forte de son pouvoir sur les autres, prête à tous les crimes et les sacrilèges pour le bien de son parti et Virginia, pauvre, réfléchie et respectueuse des traditions.



Mais je n'en dis pas plus au risque de trop en dévoiler .......
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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil est le premier livre que j’ai lu pour le Prix Océans, et il m’a fait grande impression. Scholastique Mukasonga, qui se dit survivante du génocide du Rwanda en 1994, retrace l’ambiance du Rwanda d’avant, de la fin des années soixantes. Cette histoire se lit à travers la vie de pensionnaires d’un lycée de jeunes filles, près de la source du Nil. Cet établissement est chargé de donner une bonne éducation à une élite féminine, encadrée par une Mère supérieure stricte, et l’aumonier le père Herménégilde, qui veillent jalousement sur leurs protégées.

Cette colonie de jeunes filles dans ce lycée catholique est le prétexte pour aborder l’histoire d’un pays fraichement indépendant, ses relations avec la Belgique, le point de vue des Blancs sur l’Afrique et ses habitants. C’est aussi l’occasion pour nous, lecteurs occidentaux, d’avoir une ouverture sur un pays connu presque uniquement pour ses massacres de 1994. Nous le voyons du point de vue de ses habitants, ce qu’un rwandais ne doit pas dire, pas faire, comment doivent se comporter les jeunes filles, les femmes dans cette société. Tout cela apparait en filigrane à travers les propos des jeunes personnes, et les remarques des religieuses de ce pensionnat.

Ces paroles font ressortir aussi le climat politique de l’époque, et les relations que ce pays entretenait alors avec les Blancs. Nous voyons de quelle façon ceux-ci considèrent ces ‘’sauvages’’. Il est question de donner aux jeunes filles des habitudes ‘’civilisées’’, de leur faire manger des aliments dignes de ce nom (du corned-beef).

Mais tout n’est pas rose au milieu de ces adolescentes. Gloriosa, Véronica, Modesta, Virginia, Immaculée, Goretti. Tous ces prénoms innocents cachent des personnalités variées, et surtout une querelle raciste loin de s’éteindre. A l’image du pays, le pensionnat accueille un quota de tutsi (10%) au milieu d’une majorité de ‘’vrais rwandais’’ que sont alors les hutus de l’époque. Gloriosa, fille d’un homme politique hutu extrémiste, va distiller le venin dans le lycée, et conduire à la chasse aux tutsis, au prix de multiples mensonges, qui arrangent les dirigeants locaux. Le tout se termine par une chasse aux jeunes filles tutsis, tragique pour certaines d’entre elles. Un pogrom qui n’est qu’une répétition de ce qui se passera moins de trente plus tard.

Un beau roman, qui a valeur de témoignage, et qui est un moyen pour l’auteur d’honorer la mémoire de ceux qu’elle a perdus.



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Notre-Dame du Nil

Un collège pour jeunes filles riches et de bonnes familles est perché là-haut sur la montagne, à l’orée des nuages.



Pas pour avoir de l’air pur, non, juste pour faire en sorte que les jeunes filles arrivent vierges au mariage que leurs familles auront mis en place pour elles.



Déjà, la gorge se bloque… Puis la salive passe plus difficilement lorsqu’on apprend que dans ce collège huppé où l’on doit parler français, il y a un quota pour les Tutsis.



Pas plus de 10% de Tutsis sinon, certains vont en chier des pendules.



Les Hutus se sentent supérieurs aux Tutsis et dans leurs têtes, il le sont. Tout est bon pour rabaisser l’autre ethnie, pour les vilipender, à voix haute, pour leur faire comprendre que sans eux, ça irait mieux.



Il y a du mépris de Blanc, dans les paroles hautaines des Hutus. Oui, dans leurs commentaires, dans leur manière de rabaisser les Tutsis, c’est comme si les Hutus copiaient l’arrogance des Blancs.



Ça m’a fait froid dans le dos. Et nous n’étions que dans les années 70 (1973), pas encore en 1994. Bien que j’ai appris qu’un massacre avait déjà eu lieu en décembre 1963 (entre 8.000 et 12.000 hommes, femmes et enfants furent massacrés).



Celle qui attise les braises de la haine, c’est Gloriosa, une fille de ministre Hutu qui cherche par tous les moyens à faire de la politique à l’école et à faire en sorte que les Hutus soient exclus de l’école et d’ailleurs aussi.



Manipulatrice en chef, Gloriosa va monter tout le monde contre les quelques élèves Tutsis, le tout sous le regard absent des professeurs français qui laisseront faire avec une passivité qui m’a laissé baba. L’art de regarder ses chaussures quand, à côté de nous, se jouent des drames…



Dans ce roman qui nous plonge au cœur de ce collège réputé où les haines raciales sont farouches, on distingue l’ombre des Français et des Belges, mais pas dans ce que nous avons de meilleur puisque ça sent mauvais le colon. Et il n’y a rien de bon dans le colon…



Ce roman, c’est aussi l’occasion d’apprendre sur la manière de vivre au Rwanda, comment s’organisent les familles, sur la cuisine, le climat, avec sa saison des pluies et la saison sèche, les marques de respect à avoir sur certains membres de la famille, notamment celle du père, la plus importante… Hé oui, société patriarcale.



Ce huis-clos dans un collège huppé, ce n’est jamais que la transposition des mentalités de l’époque envers les Tutsis. Les classes sociales sont présentes dans l’école aussi et les jeunes filles Hutus ne font que répéter ce qu’elles ont entendu dans leurs propres familles au sujet des Tutsis.



Une haine pareille, elle ne vient pas de naître, elle est déjà ancrée profondément dans l’esprit des parents, des grands-parents et sont transmises à leurs enfants, comme on apprendrait une comptine. Sauf qu’ici, la comptine, on la chantonne à la machette.



Un roman fort, puissant, servi par une écriture simple (mais pas simpliste) qui nous parle de la société Rwandaise, de ses mœurs, de sa culture et des clivages entre deux ethnies. Un désamour qui se change en haine et où, les esprits s’échauffant lentement, se finira dans un bain de sang plus tard.



Une belle manière (si je puis dire) de nous expliquer en partie le pourquoi du comment. En tout cas, ça commence toujours avec des petits riens qu’on monte en épingle, ajoutant une bonne dose de propagande, de mensonges, de contre-vérités, de culot et qu’on mélange dans la marmite appelée haine de l’autre.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Inyenzi ou les Cafards

J'avais 9 ans quand je regardais les informations télés sans rien comprendre de ce que je voyais ni n'entendais.

Merci pour ce récit d'un passé si présent, ce pays me bouleverse et je ne renonce pas à m'y rendre un jour.

Les victimes citées ne seront plus jamais anonymes et ce peuple déchiré aura encore longtemps besoin de ne pas oublier.
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Ce que murmurent les collines : Nouvelles r..

De très belles nouvelles qui nous font découvrir un pays largement méconnu: le Rwanda, pays d'origine de l'auteure, Scholastique Mukasonga.

Ma préférée est la première nouvelle "La Rivière Rukarara" qui nous permet de découvrir les rivières de ce pays et la partie limitrophe avec le Burundi et le chemin emprunté par les réfugiés Tutsi.

Une rivière témoin des massacres de 1963 et qui a été franchie par les membres de la famille de l'auteure dans des conditions dramatiques.

Bien après, Scholastique se souvient de la rivière de sa jeunesse. une rivière qui prend sa source dans la forêt vierge et qui se joint à la rivière Mwogo pour devenir la Nyabarongo qui enserre le coeur du Rwanda.

Cette rivière serait la source du Nil, selon les découvertes d'explorateurs en 2006.

La source de la Rukarara a été proclamée "la source la plus lointaine du Nil".

Un Allemand, Richard Kandt, était arrivé aux mêmes conclusions en 1898.

Cette nouvelle reprend la trajectoire de ce découvreur.

C'est passionnant et cela nous donne une nouvelle approche de ce pays tellement meurtri au cours des dernières années.

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Notre-Dame du Nil

1994 : génocide au Rwanda. Nous connaissons tous cette date. Mais avant ? Que s'est-il passé pour que ce pays connaisse ce déchainement de violence ? Notre-Dame-du-Nil nous raconte le passé récent de ce pays.

Dans ces années 70, le Rwanda s'est enfin défait de la domination coloniale de la Belgique. Il ne faut pas y regarder de trop près, néanmoins : certains professeurs viennent de Belgique, d'autres sont des coopérants français, et la visite de la reine des Belges est un événement capital dans l'existence si feutrée, si protégée du monde des lycéennes de Notre-Dame-du-Nil.

Là encore, il ne faut pas se fier aux apparences. Les héroïnes sont jeunes, elles sont promises à un bel avenir, parce qu'elles étudient dans ce lycée, où elles ont été admises après un examen national. En réalité, elles sont ici parce qu'elles viennent des meilleures familles, celles qui sont proches du pouvoir, celles qui sont riches, et que, grâce à leurs diplômes, elles permettront à leurs parents de conclure de meilleures alliances. Elles peuvent être là aussi comme Virginia parce qu'elles font partie du quotat tutsi : 10 % des élèves doivent appartenir à cette ethnie. La mise en place de ces "quotats" est déjà en soi un avertissement.

Gloriosa, Virginia, Véronica, Modesta, Goretti (de sainte Maria Goretti, je suppose) : de jolis prénoms pour les pensionnaires de Notre-Dame-du-Nil, prénoms imposés, comme elles le disent elles-mêmes. Elles possèdent toutes un autre prénom, leur vrai prénom, celui qui leur a été donné par leur famille, dont la signification est hautement symbolique pour elles. Ces deux prénoms illustrent leur double culture : celle, occidentale, dispensée dans le lycée, celle, rwandaise, donnée dans les familles - pas toutes, cependant. Virginia, qui retrouve pourtant avec bonheur les siens aux vacances scolaires et effectue tous les travaux quotidiens avec joie, devra partir à la recherche des anciennes coutumes de son pays afin d'accomplir une cérémonie ancestrale. J'ai beaucoup aimé ses récits qui apportent de rares moments d'apaisement dans un quotidien qui ne l'est plus du tout.

En effet, la tension ne cesse de monter au cours, savamment entretenue par quelques personnages. Je ne parle même pas du prêtre, personnage visqueux au possible, et qui justifierait à lui seul mon anticléricalisme viscéral. Je ne parle pas non plus de la mère supérieure, qui symbolise à elle seule le comportement des occidentaux : ne rien voir (ou faire semblant de ne rien voir) et ne rien faire. Non, la tension est solidement entretenue par une élève, Gloriosa, d'autant plus dangereuse qu'elle connait les arcanes du pouvoir, maîtrise parfaitement son discours haineux et sait parfaitement doser ses effets : "Mon père dit qu’on ne doit jamais oublier de faire peur au peuple" Elle a bien appliqué la leçon.

J'ai été littéralement emportée parce cette histoire, racontée avec des mots puissants. J'ai eu l'impression d'être auprès de ses jeunes filles, broyées par l'absurdité de l'histoire. J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture et j'ai très envie, au delà du jury du Prix Océans, de continuer à découvrir l'oeuvre de cette auteur.

Je terminerai ce billet par une citation de Virginia, personnage central de ce livre : Nous autres les Tutsi, nous savons garder nos secrets. On nous a appris à nous taire. Il le faut bien si l’on tient à la vie.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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La femme aux pieds nus

Roman, témoignage, hommage à sa mère, récit d'un massacre annoncé, cet ouvrage est tout cela est bien plus encore. Scholastique Mukasonga n'a pu faire le deuil de sa mère, massacrée lors du génocide rwandais. Elle n'a pas pu la recouvrir comme sa mère le lui avait demandé, l'envelopper, recouvrir son corps de manière telle qu'on ne puisse la voir morte, lui rendre hommage.



Scholastique Mukasonga vit avec l'image de sa mère, démembrée, éventrée, jetée dans une fosse commune ou aux animaux, charognards de passage. Ses os blanchis au soleil, récurés par des insectes de passage.



Alors, elle utilise son arme de prédilection, sa plume. Et elle nous parle de sa mère. Ses petits gestes. Ses attentions. Ses habitudes. Ses talents de cuisinière. Ses bons offices de marieuse. Ses instants de bonheur dans l'exil. Et ce faisant, l'autrice nous dévoile une société tutsi, qui aspirait à la paix. Elle règle quelques comptes, avec les Belges, avec l'Eglise... Elle est gentille, Scholastique Mukasonga, elle pacifie, elle répand son empathie (innée ou acquise?) autour d'elle. Son monde est un monde d'amitié et d'amour, mais celui qu'elle décrit, simplement, humainement, est un monde sanglant de haine, de corruption et de mort.



Au final, ce livre est un hommage à toutes les femmes. A l'heure où l'Ukraine est envahie et où le viol redevient une arme de guerre, ce livre nous enjoint à la paix et à la compréhension de l'autre. Il est donc le bienvenu.
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Notre-Dame du Nil

Notre Dame du Nil est un beau roman qui décrit la vie quotidienne d’un lycée catholique, pensionnat pour jeunes filles, dans le Rwanda du début des années 1970.

Le lycée Notre Dame du Nil, dont son nom est tirée d’une statue de vierge noire installée non loin d’une des sources du Nil, a pour mission d’éduquer les futures élites féminines du pays.

Dans une écriture simple et directe, l’auteur décrit subtilement, chapitre après chapitre, la montée lente mais inexorable du conflit ethnique Hutu / Tutsi qui va déboucher sur le génocide et l’épuration des années 1990 que nous croyions connaître. Comme dans d’autres évènements tragiques de l’histoire, ce n’est pas un lointain peuple qui doit être exterminé mais notre voisin, notre collègue de travail ou dans ce cas notre voisine de classe.

Le lycée Notre Dame du Nil reproduit, au sein d’un groupe d’élèves, les tensions qui traversent la société rwandaise : la majorité hutu qui a soif de revanche après la décolonisation et l’alliance réelle ou supposée belgo-tutsi ; l’idéologie hélas trop connue de purifier le pays des ennemis de l’extérieur et de l’intérieur ; l’alliance circonstancielle entre les politiques et les militaires ; le silence ou l’inertie des grandes puissances, à l’image des professeurs européens du lycée.

Ce roman est également remarquable dans la découverte de certaines traditions et coutumes rwandaises, autour du respect des anciens, des morts avec le maintien d’un animisme vivace malgré les missionnaires. La modernité et la tradition se mêlent sans cesse et créent parfois des incompréhensions entre les parties.

L’origine des Tutsi, peuples « migrateurs » venus d’Egypte, est présentée mais nous ne savons pas si nous devons donner du crédit à ces informations.

Prix Renaudot 2012, Notre Dame du Nil est un miroir africain troublant de romans européens ayant décrit la montée du nazisme avant la Seconde Guerre Mondiale. Ce roman ne caricature pas et n’essaye pas d’apporter une seule explication objective au basculement collectif : ces massacres sont le miroir de la nature irrationnelle des hommes, de phénomène de groupe, de tensions séculaires instrumentalisées par l’ancienne puissance coloniale, de conflits de pouvoir au sein de la nouvelle élite dirigeante, d’interventionnisme d’autres puissances africaines.

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Notre-Dame du Nil

Notre-dame du Nil est une école du Rwanda, perchée à l'écart du monde. Elle accueille les jeunes filles, de préférence Hutu, le peuple majoritaire pour en faire de futures femmes de personnalités. Les sœurs et pères de l'Eglise, les professeurs belges et français leur apprennent morale, français et culture du monde. Cette école se doit d'accueillir un quota de filles Tutsi, elles sont ici représentées par Veronica et Virginia.

L'histoire est avant tout l'initiation de jeunes filles qui découvrent la réalité de la vie. Si ce n'est qu'elles sont beaucoup plus naïves car élevées avec de nombreux tabous et des croyances populaires, notamment sur le pouvoir des sorciers. Le récit se porte successivement sur des anecdotes de différentes filles comme Frida, choisie par un ambassadeur, Véronica qui s'incarne dans la renaissance d'Isis auprès d'un colon blanc ou Godelive qui s'imagine partir en Belgique chez la reine Fabiola.

Mais ce qui soude l'ensemble de ces histoires, c'est la réalité du pays, avec notamment les prémisses de l'acharnement contre les Tutsi. Gloriosa est le symbole de cette rébellion. Jeune fille révolutionnaire, elle entraîne l'école dans la révolte contre les Tutsi.

L'auteur parvient ainsi à créer un environnement émotionnel et à sensibiliser le lecteur sur ce futur génocide. Car, un écrivain ne peut pas aborder un tel sujet de front et la vie quotidienne des filles de Notre Dame du Nil permet de brosser une vision réaliste de ce pays dirigé par les militaires Hutu et guidé par le roi de Belges.

Derrière les différents récits, j'ai apprécié de découvrir les croyances d'un peuple, sa manière de vivre et d'être sensibilisée au martyr des Tutsi.

Scolastique Mukasonga écrit ainsi un livre agréable à lire, mais surtout fondamental pour le témoignage d'un peuple.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Notre-Dame du Nil

L’auteur, rwandaise, rescapée du massacre des Tutsis, nous fait pénétrer dans le quotidien des lycéennes de Notre-Dame du Nil, lycée perché à 2500 mètres de haut, près des sources du Nil,

Modesta, Virginia, Veronica et les autres évoluent dans ce lycée tenu par des religieuses, soucieuses tout comme leurs parents de préserver leur moralité et leur virginité. Les relations entre Hutus et Tustsis mais aussi entre le peuple rwandais et les blancs colonisateurs sont dépeintes avec beaucoup de force et de subtilité. D’un côté, il y a ces jeunes filles pressées d’expérimenter la vie, comme toutes les jeunes filles. De l’autre le poids de la religion et des traditions. Et au milieu, des bouffées d’oxygène avec Fontenaille, par exemple, vieux peintre et anthropologue obsédé par le peuple Tutsi et son origine : un Blanc qui leur fait renouer avec leur racine, elles qui se sentent ostracisées dans leur école.

Et puis la violence sourde qui mène vers le massacre programmé incarné par Gloriosa, jeune fille haineuse qui organise le pire dans son lycée.

A travers le destin tragique de Veronica, c’est à toutes les victimes du massacre que Scholastique Mukasonga rend hommage.

Ce livre nous permet la découverte d’une culture, d’une société, d’une cosmogonie dont la plupart d’entre nous ignorons tout, ainsi que l’approfondissement de l’histoire du Rwanda.

Un très beau roman, de ceux qui élargissent les horizons des lecteurs curieux des autres et du monde.



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Notre-Dame du Nil





Le lycée Notre-Dame du Nil est perché en altitude, très isolé dans le centre du pays, et se targue de former l'élite des jeunes femmes rwandaises filles de notables, à devenir de grandes dames, surtout des bonnes mères et femmes soumises. Nous sommes dans les années 70, l'émancipation n'est pas vraiment d'actualité. L'actualité c'est surtout la rivalité meurtrière entre Tutsi et Hutus, le lycée n'est pas épargné.

L'innocence de la jeunesse est derrière elles, les croyances ancestrales persistent malgré la présence des Blancs, les légendes côtoient l'européanisation de la société, la haine couve et finalement éclate.

J'ai beaucoup aimé suivre ces jeunes filles, certaines encore un peu naïves, beaucoup attachantes, d'autres absolument horribles, découvrir légendes et rites, us et coutumes de ce pays meurtri.

Même à 2500m d'altitude elles ne seront pas protégées de la folie et des massacres, surtout pas par l'équipe pédagogique européenne qui préfère regarder ailleurs.

Un très beau roman, très juste, qui aborde le sujet de l'épuration à travers les yeux de jeunes filles en fleurs.
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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame-du Nil c'est un lycée, perché en haut du montagne près de la source du Nil. C'est un lieu reculé qui a pour but d'éduquer les jeunes filles des milieux privilégiés rwandais à devenir d'excellentes épouses.

On y retrouve les chamailleries et jalousies habituelles chez des adolescentes mais pas que ... Malgré tous les efforts pour couper ces jeunes filles du monde extérieur, les tensions entre les deux ethnies rivales du pays, hutus et tutsis, surgissent au cœur même du lycée.

C'est un roman bouleversant sur cette période tragique : quel avenir dans son propre pays pour une jeune fille qui ne peut vivre librement?
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Ce que murmurent les collines : Nouvelles r..

L'auteur a écrit je crois 4 livres sur le génocide avant de revenir sur l'histoire de l'ancien Rwanda. Entre histoire, fiction et poésie, l'auteur revient sur la colonisation, les légendes locales, et les anecdotes de son enfance .Je suis restée fascinée en lisant la première nouvelle au bord de la rivière, la source du Nil. La nature est foisonnante, omniprésente. Les mots simples de l'auteur rendent presque palpable le mode de vie posé des rwandais de cet époque. Les différentes nouvelles s’enchaînent vite au rythme des récit comme celui de la vache qui m'a fait sourire.L'auteur emboîte des histoires dans ces histoires, comme des matriochka. J'ai passé un très joli moment . La tristesse du génocide était d'autant plus présente dans mais pensée que l'auteur décrivait une période où il n'avait pas encore eu lieu. Un brin mélancolique, j'ai terminé ce livre avec des envies de voyage.
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Notre-Dame du Nil

Difficile d'écrire un avis sur un livre dont l'histoire se situe dans les prémisses du génocide rwandais, d'autant plus si le livre ne nous a pas captivé tant que ça. J'ai trouvé certains chapitres très longs et sans grand intérêt, faisant seulement nous narrer le quotidien d'un groupe de jeunes filles qui étudient à Notre-Dame du Nil, institution scolaire formant l'élite de demain. Tenue par des soeurs, cette école se dote comme mission de garder les étudiantes pures, droites, instruites, en vue d'accomplir leurs destins, soit, se marier et fonder une famille avec la crème sociétale. Pour moi, l'intérêt de ce roman, et je dirai même sa puissance, se situe dans le dernier chapitre, qui est éprouvant et bouleversant. Il faut avoir le coeur bien accroché, parce que ça fait mal à lire... Je suis tout de même ravie d'avoir lu ce livre, où le Rwanda est personnage à part entière. À lire, si les lectures au long cours tranquille vous intéressent et que vous aimez les romans d'atmosphère. Mais gros avertissement sur le dernier chapitre.
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Un si beau diplôme !

Scholastique Mukasanga n'en finit pas de rendre hommage à sa famille exterminée par le génocide tutsi de 1994 au Rwanda, à construire pour elle des "tombeaux de papier".

Dans cet ouvrage, elle évoque plus particulièrement son père qui a incité sa fille à poursuivre des études, à obtenir un diplôme qui la sauverait pensait-il.

L'auteur, grâce à sa force de caractère, a bravé les difficultés dans la région déshéritée du Rwanda le Bugesera où les Hutu avaient parqué les Tutsi dès la fin des années 1950. Rare à suivre des études au lycée, elle obtient ensuite un diplôme d'assistante sociale.

Elle raconte la relégation, la ségrégation des Tutsi et avec beaucoup d'humour, son arrogance de jeune fille venant d'obtenir son diplôme censé la délivrer mais qui n'était en fait qu'un chiffon de papier.

Elle se marie à un Français, vit quelques années à Djibouti puis en France en Normandie où elle reprend ses études. Elle revient au Rwanda quelques années après le génocide, retour particulièrement douloureux mais qui s'achève néanmoins sur une note optimiste. Le Rwanda a changé, s'est modernisé, grâce en particulier aux femmes.

Un bel hommage à son père.
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Sister Deborah

Qu'elle est étrange cette histoire de Sister Deborah, prophétesse et thaumaturge américaine qui prédit, dans le Rwanda des années 1930, la prochaine venue d'une messie noire pour "mille ans de bonheur pour les femmes, après des milliers d’années de malheur." L’œuvre de Scholastique Mukasonga est une fiction mais, sous des dehors de conte africain, elle dépeint un pays colonisé et évangélisé de force où la résistance s'organise sous les traits de Sister Deborah, aux multiples vies ... et morts. Cette féministe avant l'heure, qui ne peut s'exprimer que sur le plan religieux, la politique lui étant interdite, partage le premier plan du livre avec une fillette rwandaise, Ikirezi, laquelle, après avoir rencontré celle que d'aucuns voient comme une sorcière, est devenue adulte une éminente universitaire qui n'a de cesse d'enquêter sur la destinée de Sister Deborah. Ce roman, quelque peu gigogne, aux développements inattendus, est un voyage picaresque et cruel au cœur d'une population africaine prise en étau entre l'arrogance blanche envers les "indigènes" et les dérives mystiques de certains de ceux-ci.
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La femme aux pieds nus

Un hommage très touchant de l’auteure a sa mère. Une mère courageuse, extraordinaire, aimante, protectrice. Et au-travers elle, l’auteure témoigne de la vie obligée des Tutsis déportés. Une vie ou plus rien ils ne leur restent. Une vie faite de crainte, de douleurs, d’obligations envers des militaires qui frappent, qui dont régner la terreur. Mais la mère de l’auteure a tout fait pour rendre ‘’normale’’ la vie de ses enfants en leur offrant un foyer bienveillant, un petit cocon sécuritaire, en leur mettant tous les jours de la nourriture dans l’assiette. Bref, une lecture courte, mais qui touche. Une lecture poignante, vibrante, sincère. Une lecture pleine d’amour qui gagne sur l’horreur. Une très belle lecture.
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Notre-Dame du Nil

Une histoire écrite toute en délicatesse sur un thème d'une violence extrême, la haine entre les hutu et les tutsi.

Début des années 70, au Lycée Notre-Dame du Nil, on suit l'histoire de ces jeunes filles hutu et tutsi qui sont éduquées à devenir de bonnes mères et épouses. en quelque sorte une élite christianisée qui pour certaines ne font que suivre la voie tracée par leurs parents, et d'autres qui pourront sortir de leur misérable condition.

La haine raciale se déploie au fur et à mesure du roman avec peu à peu toute la brutalité qui peut éclore à cause d'un évènement mineur.



L'auteur nous livre à travers sa propre expérience une vision de l'horreur qui peut toucher n'importe quel âge.



Malgré une histoire touchante, ce livre ne m'a pas exalté, ou du moins je n'ai pas ressenti la force haineuse que l'Histoire malheureuse du génocide rwandais a laissé comme empreinte.
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Un si beau diplôme !



Scholastique Mukasonga rend un vibrant hommage à son père Cosmas à qui elle dédie ce roman pour lui avoir inculqué la valeur du travail et l'avoir encouragée à persévérer.

Elle revient sur son parcours scolaire atypique, avec en toile de fond le génocide de 1994 ( décimant les Tutsi). La situation l'oblige à quitter le Rwanda pour le Burundi. Son Graal : obtenir le diplôme d'assistante sociale, ce qui lui assurait un «  passeport pour la vie ». Que d'efforts et de sacrifices ( son seul bagage:une valise en carton, conditions spartiates) pour décrocher ce sésame ! Mais que de désillusions ensuite, car l'étudiante fraîchement diplômée, avait pensé que ce « talisman », lui ouvrirait les portes du monde du travail. Elle galère jusqu'à ce qu'elle travaille pour l'UNICEF, puis rencontre son mari. Son parcours du combattante se poursuit à Djibouti(où elle se sent apatride), en France ( en 1992) où elle réalise que ce fameux papier est sans valeur! Elle va de Charybde en Scylla et nous émeut.



La romancière nous dépayse d'abord avec tous ces lieux peu familiers, puis nous plonge dans les traditions du Rwanda ( hospitalité, tenues vestimentaires, nourriture) et en constellant le récit de termes locaux ( imvutano, imbabura, impundu, barza...), de chants. Elle livre un témoignage édifiant de la condition féminine et de l'accès à l'éducation, aux livres en Afrique. Elle convoque un chapelet de souvenirs poignants lors de son retour au pays. On referme ce roman à la veine autobiographique, la gorge serrée. Toutefois, l'humour lui a permis de «  digérer les drames », confie-t-elle.

L'auteure force l'admiration par son courage, son opiniâtreté,sa force de caractère, son audace, ayant eu à supporter l'exil, la solitude, tant de déboires et d'obstacles !

Son aisance à argumenter et à convaincre à l'oral est à l'égal de sa puissance à l'écrit
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Cœur tambour

Les instruments à percussion existent depuis le début de l'histoire de l'humanité ; à ce titre, le tambour est un instrument de musique présent dans la plupart des cultures où il a un caractère officiel, cérémonial, sacré ou symbolique. Au Rwanda, pays d'origine de Scholastique Mukasonga, comme dans toute l'Afrique, la musique des percussions rythme l'oralité des traditions et accompagne, comme les chants et les danses, toute la vie de la population, vie quotidienne et vie publique.

La colonisation et le génocide n'ont pas pu faire taire les tambours et leurs tambourinaires rwandais. Dans son dernier roman, Scholastique Mukasonga se fait la porte parole de l'identité rwandaise par le biais du tambour et de ses percussions envoutantes et en mettant en scène les divinités féminines ancestrales autour d'un portrait de femme.



Le premier récit est écrit comme un documentaire ; cela pourrait être le compte rendu d'un chercheur, le reportage d'un journaliste, un essai sur les cultures musicales noires ou encore la biographie d'une artiste… quelque chose comme cela, un peu tout cela en fait. À l'occasion de l'anniversaire de sa mort, survenue dans d'étranges circonstances, nous suivons l'itinéraire et la carrière internationale d'une chanteuse rwandaise qui se faisait appeler Kitami. J'ai personnellement eu un peu de mal à adhérer à l'écriture distanciée, laborieuse d'un narrateur dont on ressent l'effort, la recherche et le travail de synthèse et qui manque donc d'invention, de spontanéité et de cette simplicité efficace que j'apprécie tant chez cette auteure.

Je retrouve mieux Scholastique Mukasonga dans le second récit, à la première personne, parce que je connais mieux cet univers déjà exploré dans mes précédentes lectures de Inyenzi ou les cafards et de Notre Dame du Nil. La narratrice, Prisca, raconte sa vie de petite fille, puis d'adolescente ; son parcours ressemble à celui de Scolastique Mukasonga de l'école primaire à l'examen national qui ouvre l'accès aux études secondaires et certaines anecdotes de la vie familiales sont très proches de celles que l'auteure nous a déjà racontées dans son autobiographie. Un avertissement de l'éditeur, au tout début du livre, annonçait cette autobiographie fictionnelle, topos littéraire du récit mystérieusement arrivé entre les mains d'un narrateur qui n'a d'autre choix que de le publier

La très courte troisième partie, en forme d'épilogue, se veut conclusion ouverte à toutes les interprétations possibles.



Que voilà un étrange roman ! Que voilà une écriture polyphonique pour plusieurs dimensions et niveaux de lecture… Ce que je vais livrer ici n'est que ma propre interprétation.

La carrière de la chanteuse Kitami se déroule loin de son pays d'origine, qu'elle a quitté pour se joindre à un groupe de musiciens venus récupérer un tambour ancestral au Rwanda. Son parcours musical est une métaphorisation de l'altérité de la négritude de l'Afrique à l'Amérique en passant par les Caraïbes. C'est une vision extérieure, un vision étrangère d'une culture que nous ne connaissons, pour la plupart d'entre nous, que d'après une littérature exotique faite de musique obsédante, d'amazones guerrières, de reines oubliées de pays légendaires, de vaudou et de tambours magiques… C'est aussi un rappel de la colonisation et de ses dérapages et de la guerre civile.

La vie est le destin de Prisca nous ramènent au Rwanda, lieu mythique et fondateur, voué au génocide : Prisca, devenue Kitami, incarne l'Afrique ancestrale et ses divinités féminines, dont la fameuse Nyabingui. Prisca devient passeuse de mémoire et de culture. Son chant incantatoire se fait épopée renversée car si elle va au bout de sa transe, elle va annoncer l'indicible : sa mort n'est qu'une tentative désespérée de taire cette prophétie pour empêcher qu'elle se réalise.



Encore une fois, on ne sort pas indemne d'un roman de Scholastique Mukasonga. Coeur Tambour mérite une lecture assidue, ouverte et quelques retours sans doute pour tout s'approprier.

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