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Critiques de Sylvain Tesson (3112)
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Dans les forêts de Sibérie

C'est un long poème sur la solitude et le son que fait le temps quand il passe.



On voyage immobile, comme le lac Baïkal emprisonné par la glace regarde se refléter à sa surface le ciel infini. Dans le silence, les pensées se dégagent de l'ombre du bruit, elles s'illuminent. Comme la glace qui craque sous l'effet du printemps. C'est un regard au plus profond de soi au milieu d'une nature presque vierge, pour l'instant.



S'exiler six mois dans une cabane au fond du lac Baïkal pour y trouver la paix, s'entourer de la présence de livres, du silence, du murmure de ses pensées. Les transcrire pour qu'elles se posent en images, qu'elles atteignent le lecteur et le fassent rêver. Sylvain Tesson nous offre ainsi un beau voyage. Ses mots sont tellement lumineux et légers comme des flocons de neige, qu'on voudrait tout noter, tout retenir, pour qu'ils ne s'envolent pas. Les attacher au bout d'une ficelle et les laisser fleurir le ciel comme des ballons de rêve (de sagesse).



Mais l'homme n'est pas fait pour vivre seul. Même la solitude n'a de valeur que si elle est partagée, au moins un peu.

"Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu'un à qui l'expliquer."

Il faut partager ce qui est beau, ce qui est secret, ce qui est silence. Les mots peuvent le faire sans briser l'harmonie.

Un récit de voyage immobile à partager.

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Sur les chemins noirs

Je viens de faire à grands pas une traversée en diagonale de la France bocagère et rurale, du col de Tende au cap de la Hague.



Par les chemins de traverse, ces fameux " chemins noirs " par lesquels on échappait, avec de l'adresse, à la conscription.



Aidé d'un rapport administratif sur "l'hyper ruralité" , recensant avec commisération ces régions deshéritées où n'arrivent ni Google, ni Amazon, ni le haut debit- et doté de merveilleuses cartes d'état-major qui sont le sésame -ouvre- toi du pays dérobé, Sylvain Tesson, fraîchement tombé d'un toit savoyard un soir de biture et rafistolé de partout, entreprend, un jour de juillet cette Longue Marche d'un nouveau genre.



Celle de la santé et de la reconquête de soi.



Celle d'une exploration presque aussi extrême que celle des steppes mongoles: le pays proche,et si lointain pourtant - encore intact, derrière la modernité menaçante, le remembrement délétère, la monoculture intensive ou la désertification des villages.



Tout un programme.



On marche donc, avec lui, et, au passage, on glane mille réflexions parfois pertinentes, parfois impertinentes. Parfois convenues aussi, avouons-le.



Philosophie de la marche ou philosophie en marche? Un peu des deux. Ce n'est pas ce que j'ai préféré dans ces Chemins noirs.



Ce que j'ai adoré , en revanche, ce sont ses démêlés avec le paysage, ses rencontres , ses corps à corps avec lui.



Mention spéciale pour ĺe plateau d'Aubrac, bien sûr- je le guignais, l'attendais comme on attend un amoureux- mais aussi avec la lande et les grèves du Cotentin où j'ai retrouvé mon cher Barbey d'Aurevilly, romantique, décalé, un peu gentilhomme, un peu brigand- tant aimé !



Un livre qui mérite le succès qu'il a eu: bien écrit, bien décrit, stimulant..



Il m'a donné envie de remettre mes croquenots, d'enfiler mon vieux sac à dos, et de partir à l'aube dans les sentiers pleins de fils de la vierge et humides de rosée.



Me faufiler encore une fois dans la lisière secrète des forêts, sentir les odeurs de feuille et de miel, enfoncer mon pas dans les mousses, sentir l'élasticité des tourbières.



Reprendre mes courses sur les chemins de douaniers, retrouver la molle aspiration des grèves à marée haute.



Chemin des hauts plateaux et sentiers des landes marines, attendez-moi ! Merci, Sylvain Tesson, pour avoir réveillé un appel si puissant!
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Sur les chemins noirs

Deux petites heures d'évasion réjouissantes au cours des 140 pages sur ces chemins noirs, dans lesquels j'ai trouvé exactement ce que je venais y chercher : un pas de côté hors du monde technocratique et désenchanté, un temps de déconnexion, des sensations et saveurs de nature toute simple, le tout mâtiné d'humour et de ces réflexions désabusées qui font le charme de ce dandy cavaleur de Tesson.

Un bon bol d'air dont se contente faute de mieux la parisienne sédentaire que je suis !

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Blanc

En alpinisme on dirait ouvrir une voie, faire la trace, alors je me lance...



À couvrir le Blanc de cette page, à y inscrire une trace que certains suivront ou pas, que certains apprécieront ou pas, dont certains souhaiterons s'éloigner, mais c'est ce qui fait la magie des grands espaces en haute altitude....la liberté



Et autant dire qu'avec ce que ouvrage de Sylvain Tesson on est au comble de la liberté, dans ce qu'elle a de plus pur.



Le postulat de départ est simple : "Il avait son idée : nous partirions en hiver de la mer Méditerranée où sombre la montagne dans des gerbes de palmiers. Nous remonterions vers le nord-est, suivant la courbure de la chaîne, jusqu’à Trieste, ville impossible de l’Adriatique où la convention fixe la fin des Alpes. En chemin, on resterait au plus près de la crête axiale. Nous dormirions dans les refuges, les abris. Ce serait une chevauchée, mais à ski, entre deux mers. Rien que la neige ! Il y aurait des centaines de kilomètres à arracher, mètre après mètre. Cela sonnait comme un travail de forçat. En réalité, c’était une aubaine : la définition du bonheur est d’avoir un os à ronger."



Ça c'est sur le papier car quiconque a déjà fréquenté les grands espaces et à fortiori la haute montagne, du "rêve à la réalité" il y a souvent un fossé pour ne pas dire une crevasse..

Car comme le dit Tesson lui-même : "Nous aimions relier des lieux inaccessibles par des endroits infranchissables."

Alors c'est parti pour cette expédition de 4 ans à travers les Alpes, à travers 4 pays, à travers les frontières qui évoquent à l'auteur "cette excitation de passer une frontière. Ces lignes ne se réduisaient pas à de simples abstractions. Elles distinguaient objectivement les mondes, confirmant que leur existence n’était pas pure convention. De part et d’autre, les langues, les habitudes, les conversations et les rapports au ciel, à l’amour et à la mort n’étaient pas les mêmes."

Au début de l'aventure, il y a du Lac son guide, et Sylvain Tesson, qui seront bientôt rejoints par un troisième" larron" : Removille ingénieur de métier.



Et autant dire qu'à partir de ce moment là, ce sont 3 visions qui prêtent à sourire tant les contraires s'attirent :

"Il s’échappait dans le Blanc, usant sur la montagne des principes de son existence : rigueur, calcul, efficacité. Là où du Lac mettait l’instinct, il raisonnait. Il s’arrêtait dans la pente, consultant ses écrans pour vérifier la position, estimer le risque d’avalanche. Du Lac disait : « Je passe là selon que je le sens. » Rémoville : « Moi, parce que je l’ai calculé. » Du Lac reniflait, Rémoville raisonnait, j’assurais le commentaire et suivais le mouvement né des noces de la raison et de l’instinct. Du Lac disposait ainsi d’un compagnon précieux pour les mesures de pente, les prévisions météorologiques, l’orientation générale. "

Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, et c'est absolument jubilatoire.



Entre le rêveur pour qui le voyage se situait à l’opposé de l’itinéraire chateaubrianesque en Terre sainte où le voyageur circule dans une géographie historique, cherchant une référence sous les pierres. « Chaque nom renferme un mystère ; chaque grotte déclare l’avenir ; chaque sommet retentit des accents d’un prophète », dit le voyageur de l’espace historique. Chez Chateaubriand, pour comprendre, il faut savoir. Dans le Blanc sans mémoire, l’espace règne seul. L’Histoire n’imprime pas de trace, l’homme n’écrit rien. C’est la patrie du vide « que la blancheur défend ».



Celui très pragmatique qui par son métier fait de montées et de descentes aussi rapides qu'efficaces, choisit la voie, scrute le paysage à la recherche du meilleur passage, ne laisse rien au hasard : "Au col, du Lac tenta de couper par un couloir, assuré à la corde autour d’un becquet de roche. Il renonça. Nous contournâmes la barre et descendîmes plus loin, quand la pente s'ouvrait. Exact plaisir : se préoccuper de savoir où passer."



Et enfin celui pour qui tout est binaire, oui ou non, 1 ou 0, et sans mauvais jeu de mots Blanc ou noir. Celui qui menait sa vie comme une mécanique avec femme, enfants doués et responsabilités d’adulte. Le ski était son échappatoire. Il s’échappait dans le Blanc, usant sur la montagne des principes de son existence : rigueur, calcul, efficacité.



En tout cas c'est du Tesson, chaque phrase, chaque mot chaque réflexion est un flocon qui vient se déposer sur un autre jusqu'à former cet ouvrage où le voyage devient poème. "La neige tombait. Elle fondrait. Il ferait jour. Nous allions, pleins d’amour pour l’éphémère."

En parlant de fonte : “Quand fond la neige, où va le Blanc ?” aurait dit Shakespeare selon une citation apocryphe.



À chacun sa réponse mais si on pense à ailleurs, Paul Morand répondrait : « Ailleurs est un mot plus beau que demain. »

Sylvain Tesson nous en livre plusieurs réponses, telles des traces aussi éphémères soient-elles.

En ce qui me concerne j'en retiens l'aphorisme de Cicéron.....



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Sur les chemins noirs

J'ai trouvé ce livre de marche très émouvant et tout en retenue. Après une jeunesse folle et téméraire, à parcourir le monde à pied, à trop boire de vodka dans les plaines russes et à risquer sa peau à escalader les monuments de France à mains nues, il tombe une nuit d'un toit. Coma, paralysie faciale, interdiction absolue de boire de l'alcool et épilepsies: Sylvain Tesson sort de l'hôpital avec la démarche d'un petit vieux, la tête de Quasimodo mais l'énergie intacte de ses jeunes années, maintenant derrière lui par la force de la nature. Il s'était promis de parcourir la France (pourquoi toujours partir i loin alors que son pays est à ses pieds?) s'il sortait un jour de sa chambre d'hôpital vivant: les médecins n'étaient pas pour mais lui interdire l'aurait forcément incité à désobéir. Bon ou mauvais calcul? 9 mois après l'accident, le voici à nouveau sur les routes, avec comme compagnon son corps blessé et le fantôme de sa mère, décédée quelques mois avant l'accident.

Il a choisi, pour cette marche, les chemins reculés qui traversent la France, ceux qu'on n'emprunte plus, ceux qui évitent l'agitation du nouveau millénaire. Deux mois de marche et de nuits à la belle étoile, deux mois face à lui-même, ce nouveau moi qu'il va falloir accepter tel qu'il est, avec qui il devra être indulgent, mais deux mois de rencontres, aussi, avec cette France hyper-rurale qu'on veut absolument moderniser. Nostalgique du passé, inquiet de l'avenir, Tesson reconnaît tenir parfois des propos réactionnaires et le revendique.

On ne peut pas lui jeter la pierre. Autant bien sûr les ruraux veulent avoir les mêmes accès au tout numérique et aux services -ce dont Tesson ne semble pas convaincu - autant voir la nature se dégrader ainsi, grignotée par les autoroutes, les nouveaux lotissements et les zones industrielles est quand même bien déprimant. L'histoire du serpent qui se mord la queue...

Je suis sûre que Tesson est un compagnon de marche agréable, et j'espère le suivre à nouveau très bientôt.
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Un été avec Homère

En juillet et août 2017, France Inter a diffusé chaque semaine une chronique sur Homère, rédigée et enregistrée par l'aventurier et écrivain Philippe Tesson. Ces huit émissions viennent d'être réunies dans un recueil, intitulé "Un été avec Homère", qui permet au lecteur de plonger avec bonheur dans l'Iliade et l'Odyssée.



Organisé en courts chapitres, ce livre peut s'adresser à ceux qui souhaitent découvrir Homère mais surtout il invite à relire Homère et à accompagner Ulysse au cours de ses aventures pour retrouver son royaume. On connaît tous l'Iliade et l'Odyssée, écrits il y a 2 800 ans, qui font partie des premiers poèmes de l'humanité qui nous ont été transmis : Hélène, le cheval de Troie, Calypso, le chant des sirènes, Pénélope et sa tapisserie, le retour d'Ulysse à Ithaque… Sylvain Tesson voyage entre le monde mythologique et le monde actuel en faisant des rapprochements entre les évènements imaginés par Homère et ceux réels de notre temps.



Quelques années auront suffi « pour qu'une meute d'idéologues en charge de réformer l'école saigne les études antiques », s'insurge Sylvain Tesson. Les langues mortes seraient devenues élitistes et par ricochet source d'injustice… Heureusement, Sylvain Tesson a le grand talent de rendre accessibles à tous des textes mythiques, en mettant en évidence tout ce qui fait écho avec notre époque.

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S'abandonner à vivre

Écrivain, journaliste et grand voyageur, Sylvain Tesson creuse son sillon et impose une voie à part dans la littérature française. Il s’est fait connaître en 2004 avec un remarquable récit de voyage, L’axe du loup (Robert Laffont)puis avec Dans les forets de Sibérie, qui est un livre culte pour énormémentde gens..



Après le succès de son récit dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson a écrit en 2014 ce recueil de nouvelles dont chaque héros choisit face à un coup du sort ou une absurdité de la vie,une sorte de résignation joyeuse, selon le concept de "pofigisme" cher à la Russie.

Les héros de Tesson habitent à Paris, en Afghanistan, en Yakoutie, en Russie, au Sahara mais tous vont devoir montrer comment leur pogigisme se manifestent face à l'adversité.



L'exil et l'ermite sont deux nouvelles font partie des récits les plus forts de ce recueil certes inégal mais qui montre parfaitement le talent de conteur, un humour noir assez grincant, et la grande capacité d'imagination de Sylvain Tesson.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Sur les chemins noirs

Quand je me sens d'humeur peu amène, que je commence à renâcler sur les jeunes qui ne savent plus rien et les vieux qui croient tout savoir, j'ai un remède imparable : je sors un livre de Tesson, je l'ouvre à n'importe quelle page, et le referme en frissonnant, me promettant de ne jamais jamais ressembler à ça.

J'avais bien aimé son escapade en Taïga, car qui sur Babelio n'a jamais rêvé de se retrouver enfermé au milieu de nulle part avec des livres et de l'alcool fort, obligé de chausser ses raquettes pour 40 Kms de marche épuisante si l'envie nous prenait de tailler une bavette avec le plus proche voisin ?

Oui, mais là, ce n'est plus possible. Que Tesson soit réac, bon: on est en démocratie. Qu'il geigne à longueur de page, façon Béni-Ouin-Ouin est déjà plus difficile à supporter. Mais qu'il marche pour ne rien voir et ne rien sentir est proprement insupportable.

Car dans cette traversée de la France, il s'applique à ne rien découvrir qu'il n'ait eu l'intention de trouver. Exemple : « Sur le chemin du plateau de Païolive, où le limon retenait chaque pas, je croisai […] un vieux type en treillis coiffé d'une casquette kaki. Une silhouette comme celles que je cherchais ! » Ce n'est plus une randonnée, c'est une thèse ; ses rencontres sont des arguments ; son itinéraire une profession de foi.

Quant à sa conclusion, elle proclame qu'il se sent guéri. On se demande bien comment. Car le livre ne sent ni l'effort ni l'arrachement ni la joie. de temps en temps, Tesson annonce à son lecteur qu'il a mal ou qu'il est content et 3 pages plus tard il a parcouru 200 kms, s'est fendu d'un exposé et a pondu un bel aphorisme tout rond.

Bref, ce livre est une arnaque. Mais il n'est pas besoin d'avoir lu tout Lacan pour comprendre que les soliloques répétés de Tesson sur l'horreur de la modernité sont avant tout le désespoir d'une gueule cassée et d'un corps meurtri par une chute de 8 mètres, pour qui, sans contestation possible, l'avant était vachement mieux. « La France changeait d'aspect, la campagne de visage, les villes de forme ».

Comme de Gaulle, Sylvain incarne la France, et la laideur périurbaine a quelque chose à voir avec le regard effrayé que lui lancent certains.

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Noir

Un bijou d'humour noir !

Tout commence par un texte intérêssant.

Une réflexion tout-à-la fois sérieuse et amusante sur notre rapport à la mort et au suicide avec de nombreux auteurs cités et un récapitualatif des différents mode de suicide

Passons à ses dessins.

Si la qualité graphique est toute simple ( quoique ! ). L'humour et l'esprit sont au rendez-vous et je n'en attendais pas moins.

Merci Monsieur Tesson
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Petit traité sur l'immensité du monde

"Traquer la beauté partout où elle se cache", telle est la devise de Sylvain Tesson, et pour la chercher sous toutes ses formes et dans les moindres recoins, il ne cesse de sillonner le globe.

Chasseur de beauté. Quel merveilleux métier !

Goethe écrivit : « Voyageur, je rafle ce que je peux. » Pour notre plus grand bonheur, Sylvain Tesson rafle beaucoup et partage dans ce petit traité ses plus belles trouvailles.

Il nous ouvre sa boîte à trésors.



C'est un observateur attentif. Toujours aux aguets, les sens et la pensée en éveil.

Il a non seulement l'oeil et le cœur pour voir, mais aussi l'intelligence et le talent pour traduire en mots ce qu'il a vu. Ces qualités combinées font de cet ouvrage un véritable petit bijou.



Dans le désert, dans la jungle, dans une cabane ou sur les tours de Notre-Dame de Paris, à pied ou à cheval, dans l'observation des êtres humains, des plantes, des animaux ou des paysages, j'ai adoré suivre les vagabondages de l'auteur.

Sylvain Tesson a la bougeotte, il éprouve un besoin irrépressible de mouvement quasi perpétuel.

Parfois, c'est en pensée qu'il bouge et le voyage se fait immobile : c'est fou tout ce qu'il peut imaginer rien qu'en regardant une carte ou en lisant des noms de lieux.

Je le rejoins sur ce terrain et me souviens qu'une partie non négligeable du bonheur que j'ai eu enfant à la lecture de Michel Strogoff venait des toponymes que je trouvais tellement magnifiques et propices aux rêves les plus fous. Ah, Irkoutsk ! Dans une ville dotée d'un tel nom il ne pouvait certainement rien survenir de banal, il ne pouvait qu'y advenir des choses incroyables.



Géographe, Sylvain Tesson sait connecter des faits et des informations dont les liens nous étaient invisibles ; en faisant cela, il élargit notre vision et augmente notre capacité de réflexion.

Son humour habituel est bien présent, ainsi la lecture nous réjouit-elle en plus de nous enrichir.

Dans l'oeuvre de l'auteur, ce petit traité est un excellent cru.



Le monde est immense, le talent de Sylvain Tesson aussi !
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S'abandonner à vivre

L’agitation lui paraissait la façon de tout arranger. Ils avaient entre eux changé de rôles pour mourir.

On ne meurt qu’une fois un seul r comme me répétait ma grand mère. Des parisiens de 40 ans. Je les ai connus tous les deux. Ça aurait fait un bon nom d’un restaurant bio.

Je les ai présenté l’un à l’autre. je ne sais plus combien de livre de Tesson, j’ai lu. Vous le savez peut être. C’était jour de fête chez cet abruti de Jimmy. nous avions peur de vieillir et nous ne voulions pas attraper des rides en fermant l’œil. Une de ces soirées ou les parisiens se prennent pour des américains. Parole d’un homme qui explique bien mais qui n’a pas trouvé lui même ce qu’il explique ( Jules Renard)

Je haïssais les taupes. Pourtant je suis myope.

Nous avions fait nos classes au 126e régiment d’infanterie. Une descente de lit ,il appelait cela des fusions-acquisitions. Il s’y eployait en lentes coulées de boue. Il avait le regard cubique. je lis des penseurs marxistes en dormant. Elle avait l’œil des mouches.

Il vaut mieux ne pas remplir le vase que de vouloir le maintenir plein. (Chinoiseries) Paul jean Toulet et non poulet mangeait. Le Tang tseu Kiang je le mangeais

au comptoir des cotonniers. Le thé tibetain au beurre rance m’écœurait.

Le tao to king me lassait. Il m’en fallait beaucoup pour embrasser sa cause. Ce livre me fait penser au livre précédent. Il ne parle pas de divin mais, Il est critique par rapport aux régimes en place. Ils parlent de la même région : la Chine ..Je suis étonné de voir combien les écrivains sont modestes alors qu ils sont très connus. En médecine tropicale comme l’a appris mon père. Grimper c’est se mouvoir dignement dans l’incertain. Pour l’Afrique ce livre ressemble à Ébène un livre que je lis également en parallèle. Jamais personne ne lui cria ‘ bonne chance’. Je mélange les livres entre ébène et celui-ci. Les troupeaux de barkhanes ou j’aime Cioran.

La description flaubertienne je l’aime, je l’adore c’est fou comme je l’aime c’est beau comme il l’aime. Le bulbe de l’église où les babouchkas sont à l’œuvre arrogant et durement galbé. Le soleil avait éteint toute joie chez Camus. Le pofigisme avait

un don Quichotte à pinces dit le zek.

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La chevauchée des steppes : 3000 kilomètres à che..

Ayant lu un bon nombre des récits d'aventures et de voyages de Sylvain Tesson, il me manquait cette extraordinaire chevauchée des steppes, pourtant parue en 2001, qui aurait dû attirer mon attention bien plus tôt.



Ce retard est maintenant comblé, après une lecture éblouissante d'une multitude d'émotions et de perceptions, qu'elles soient géographiques, humaines ou animales à travers la relation que Sylvain et Priscilla ont vécu avec leurs trois chevaux qui sont devenus les héros de leur aventure, au point de la conclure par une pensée émue à leur égard.



Ce n'est pas vraiment une chevauchée puisque les deux aventuriers marchent la plupart du temps aux côtés de leurs montures afin de les épargner, d'autant qu'elles transportent tout leur matériel de voyage. Ils avancent donc à un rythme tranquille mais imperturbable au fil des jours, depuis le Khirghizistan jusqu'au bord des misérables restes de la mer d'Aral, en traversant le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, avec la mythique Samarcande au coeur de leur périple.



Leur narration est très enrichissante, tant par la variété et la qualité des rencontres, que ce soit dans la tiédeur des yourtes ou à l'abri dans les maisons de ceux qui les accueillent. Les descriptions des paysages très changeant au fil de ce long périple procurent au lecteur une découverte de la nature, des immensités herbeuses, de la steppe désertique, de la faune et de la vie des populations tout au long du chemin.



De nombreuses péripéties viennent quelquefois contrarier leurs intentions : orages de montagne d'une grande violence, tracasseries administratives des pseudo-autorités aux frontières, tentatives de vol de leur matériel ou, pire, de leurs chevaux.



Le récit de leur voyage est aussi une excellente occasion de s'immerger dans la transition que vécurent ces ex républiques soviétiques avec la fin de l'Union au cours des années 90. On découvre des statues aux yeux légèrement bridés des leaders soviétiques et on peut déceler aussi certains regrets des populations par rapport à l'ère communiste qui leur apportait certaines garanties malgré tout.



Grande place est faite à l'accueil qu'ils reçurent, avec quelquefois des difficultés pour adopter les attitudes appropriées à l'égard de leurs hôtes, surtout quand il s'agit de manger au-delà du possible et de boire la vodka en quantité impensable. On a d'ailleurs un passage intéressant sur le cérémonial du thé qu'ils partagent avec leurs hôtes.



Et puis, le but final du voyage, cette pauvre mer d'Aral dont ils parviendront à approcher les lèvres douloureuses, toujours plus loin que là où elle se trouvait trente ans plus tôt, l'eau ayant été sacrifiée aux plantations intensives de coton. Ils vont donc percevoir l'émotion et la tristesse de ces anciens pêcheurs de la mer d'Aral qui pleurent leur bienfaitrice quasiment disparue.



Leur récit, tout en étant factuel et réaliste, s'attache à monter tous les changements survenus pour ces populations, ceci avec une absence de jugement à leur égard, sauf à l'encontre des meurtriers destructeurs de la mer d'Aral.



Une belle note finale avec les adieux à leurs chevaux qu'ils ont voulu confier à des personnes de qualité qui en prendront le plus grand soin, même s'ils ne pourront revoir les vastes prairies herbeuses des Monts Célestes.





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Aphorismes dans les herbes

J'ai déjà présenté deux bouquins de Sylvain Tesson sur Babelio... pourquoi pas un troisième ?

Cette introduction sans réelle queue et sans beaucoup de tête, j'en conviens, est volontaire et crispée.

Car si j'ai aimé le Tesson de - La panthère des neiges - ou de - Une vie à coucher dehors -, j'ai été réellement désappointé par son ( celui-ci... mais j'en ai acheté un autre dont je ne vous parlerai pas ) recueil d'aphorismes... En écrivant moi-même et en ayant publié, je me suis surpris, bien qu'étant de nature plutôt encline à la "modestie", voire à l'autodépréciation, à penser : "mais les miens ne sont pas pires ! "

Alors, j'ai écrit à l'auteur... pas pour le "quoliber", mais pour lui offrir un de mes recueils.

Sa réponse fut honnête et bienveillante... mais elle restera entre lui et moi.

Donc, lors de ses pérégrinations aventureuses, quand Tesson doit s'occuper, il écrit des aphorismes...

En période d'inspiration, ça peut donner :

"Le soir tire son épingle du jour" ( pas mal et plutôt poétique)

"Les reliefs d'un plat" ( humour de géographe)

"Tortue : casque à pattes" (... ouais...)

"J'aimerais avoir autant de vie intérieure qu'un oeuf" ( acceptable...)

Mais la plupart du temps, ça donne :

"La gaieté n'est qu'un interlude" ( noir c'est noir...)

"Le rythme infernal des batteries de poulets ( Sylvain, laissez ça à L214... même si la cause animale vous est "chair"... excusez-moi, ça m'a échappé !)

-Une hirondelle ne fait pas non plus l'hiver" ( Lapalisse, comme vous me manquez ! )

-J'ai connu une vierge marrie ( là, le mystique que j'aurais pu être perd toute foi dans "les saintes écritures")

Je vais faire une première et unique exception à ma règle qui est de ne pas faire mention de mes écrits dans la présentation de mes lectures.

Quelques aphorismes de mon cru... cependant :

-"Je suis contre le fait de faire des référendums pour un oui ou pour un non."

"Il est moins rare de tomber sur un aveugle qui vous ouvre les yeux, que sur un con qui vous ouvre l'esprit."

"Lorsque le maître réclame au cancre l'addition, ce dernier se contente de payer la note."

"Le Vatican est l'endroit idéal pour papoter."

"L'escarre mouches attire."

Voilà, en prenant une page au hasard, ça vous donne une idée du "hiatus" supposé entre l'esprit méritoirement reconnu et encensé de Tesson et celui d'un quidam... dans le même exercice neuronal.

Conclusion : si l'on vous prête un des recueils de ce "vagabond des étoiles" qu'est notre Sylvain national, ne dites pas non. Mais s'il doit vous en coûter quelques pennies... ne dites pas oui !





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La panthère des neiges

Je considère la lecture comme une manière de revenir à l’essentiel. L’acte en lui-même demande à ce que l’on change de rythme. Se poser quelque-part, et prendre le temps de lire les premières pages d’un bouquin est souvent synonyme d’apaisement. Ce n’est pas anodin si, par exemple, certaines écoles suspendent, quotidiennement, le tumulte des cours pour laisser place à la lecture. De l’élève au directeur, chacun sort alors son livre et c’est tout l’établissement qui plonge dans un silence apaisant pendant une quinzaine de minutes. Certains lisent des romans, d’autres des bandes dessinées ou des mangas. La seule réelle restriction réside dans l’interdiction de lire sur un écran afin que ce moment (re)devienne un plaisir sain. Cette routine permet à chaque personne de ressentir les bienfaits de la lecture. Et peut-être d’y prendre goût.



À l’opposé de cette manière douce d’entrer en contact avec le monde du livre, il y a l’immanquable rentrée littéraire. Une fureur déferle alors sur les médias dès la fin du mois d’août et atteint son climax au fur et à mesure des remises de prix. Ce bourrage de crâne, où chaque nouveauté se transforme en coup de cœur ou en livre de l’année, a tendance à me faire fuir. La machine publicitaire, bien rodée, n’y va pas avec le dos de la cuillère et colle parfaitement à l’époque puisqu’on ne lit plus un livre non, … on le consomme. Certains me rétorqueront que le monde littéraire a besoin de la rentrée littéraire et de sa visibilité pour (sur)vivre. Mais ne soyons pas dupe, cette fureur commerciale profite surtout aux grandes maisons d’édition, les autres se partageant gracieusement les miettes.



Et pourtant, comme beaucoup de personnes, je reste un être de contradiction. Il y a quelques années, sans ce marketing, mes oreilles n’auraient peut-être jamais entendu le nom de Sylvain Tesson et de son fameux « Dans les forêts de Sibérie ». Un livre et un auteur que dont j’ai appris à apprécier la finesse au fil de ses ouvrages. Quand son dernier récit, La panthère des neiges (1) remporta le prix Renaudot 2019, je décidais avec force conviction de retarder sa lecture afin de laisser passer la folie médiatique qui accompagne un livre fraîchement couronné. Un plus tard, il était temps de voir ce que Tesson avait à nous dire à travers son dernier bouquin. Petite analyse.



Cet ouvrage est une histoire de rencontres. Il y a d’abord celle de deux hommes, Vincent Munier le photographe et Sylvain Tesson l’écrivain, qui projettent, depuis les bords de la Moselle, une expédition au Tibet à plus de quatre mille mètres d’altitude. Le but est d’apercevoir le fantôme des montagnes, c’est-à-dire une panthère aussi majestueuse qu’insaisissable. Le duo d’aventuriers, accompagné de deux autres personnes, forment un quatuor plus ou moins hétérogène tels les quatre éléments de la Terre: quand l’un est capable de rester tapis dans l’ombre, pendant des heures à l’affût du cliché parfait, l’autre, plus bavard, considère l’attente comme une sacrée expérience en soi.



“ Moi qui aimais courir les routes et les estrades, accepterais-je de passer des heures, immobile et silencieux ?



Tapis dans les orties, j’obéissais à Meunier : pas un geste, pas un bruit. Je pouvais respirer, seule vulgarité autorisée. J’avais pris dans les villes l’habitude de dégoiser à tout propos. Le plus difficile consistait à se taire. “



Il s’agit aussi de rencontres entre des animaux et des hommes. Au loin un troupeau de yachts est aperçu entrain de paître, à droite un chat de Pallas fixe ce drôle de quatuor d’humains puis disparait, au bord d’une falaise un loup hurle sa vie. L’équipe est entouré d’une faune que l’on ne trouve quasi plus sous nos latitudes européennes. Et puis surgit la fameuse panthère tachetée de gris dont le pelage se confond avec les masses rocailleuses des montagnes. Sylvain Tesson décrit ce qu’il voit du bout de sa plume poétique, versant parfois dans l’excès par ses tics de géographe et ses nombreux aphorismes. Il n’en reste pas moins que la magie opère, surtout quand l’auteur lâche le trop-plein de mots savants et fait parler son intarissable passion de la nature.



La recherche de cette panthère des neiges est aussi une ode, à peine déguisée, pour un amour enfui dans les catacombes des souvenirs de l’auteur. Partir à la quête d’un animal presque disparu est d’autant plus symbolique que Sylvain Tesson nous confie au détour de quelques phrases émouvantes le décès de sa mère à qui il semble dédicacer cet ouvrage :



“ La vie se rassemblait: naître, courir, mourir, pourrir, revenir dans le jeu sous une autre forme. Je comprenais le souhait des Mongols de laisser leurs morts se décomposer dans la steppe. Si ma mère l’avait dicté j’aurais aimé que nous allassions déposer son corps dans un repli des Kunlun. Les charognards l’auraient déchiqueté avant de se livrer, eux-mêmes, à d’autres mâchoires, et de se diffuser en d’autres corps – rat, gypaète, serpent –, offrant à un fils orphelin d’imaginer sa mère dans le battement d’une aile, l’ondulation d’une écaille, le frémissement d’une toison. “



La panthère des neiges est un récit sur le temps lent. Nous suivons un Sylvain Tesson allant jusqu’à l’immobilisation, et qui regarde la vie du monde sauvage se dérouler sous ses yeux. Ce livre est une invitation à la contemplation de ce qui nous entoure. Nul besoin de parcourir les steppes pour déjà observer les mouvements du cosmos qui perdurent depuis la nuit des temps. Enfin, je ne regrette pas d’avoir laisser passer la tempête médiatique de 2019 suite au succès de ce court roman car ce livre ne se dévore pas, ni ne se consomme, au risque de rester hermétique aux mots qui, certes, sont parfois un tantinet trop alambiqués à mon goût mais cela n’enlève rien au charme des 176 pages. À déguster subtilement, à l’horizontale, les fesses dans l’herbe et le nez pointé vers le ciel. 😉
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Bérézina

La débâcle napoléonienne m'a réconciliée avec Sylvain Tesson, écrivain!



Moi qui m'étais tant agacée de son expérience de "bobo" sur les rives glacées d'un lac de Sibérie, je finis ce voyage historique en ayant aimé mettre mes pieds (non gelés) dans les traces de pas des grognards de la Grande Armée, amusée de ce projet excentrique d'aventuriers motorisés sur les routes de la débâcle, et nourrie de documentation "de la mémoire et du mythe".



Deux cents ans après la retraite impériale, ils sont cinq compères traçant la route en motocyclette à panier adjacent, partant de Moscou pour faire le trajet inverse de la glorieuse Campagne de Russie de 1812, ce pitoyable et dramatique retour à pied de l'armée de l'Empereur sur 4000 kms, dans des conditions de froid, de famine, d'épuisement, de maladies et de mort comme rarement vues.



Le périple en side-car n'est sans aucun doute pas aussi cauchemardesque que le calvaire des français de l'époque mais il faudra aussi composer avec le froid, la violence des routes russes, la monotonie éreintante des paysages et des distances, l'imprévu et les beuveries requinquantes.



Tout le long du chemin se posent sans cesse ces questions sur la notion d'honneur et de courage dans notre époque contemporaine faite de confort et d'individualisme, sur le décalage immense des conditions de vie, en rapport avec le climat et les distances.

Et le respect et la reconnaissance historique pour l'homme, capable d'entrainer derrière lui un peuple sur l'idée de grandeur et de fierté jusqu'au sacrifice.



Sylvain Tesson nous invite à un double voyage: celui dans le temps, par un récit vivant et poignant, en hommage à une armée de combattants héroïques et à une figure mythique de notre histoire nationale. Et celui dans ses pas de globe-trotteur passionné de la Russie, pays qui le fascine toujours autant.

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Avec les fées

Grand amoureux de la nature, Sylvain Tesson est notamment connu pour son ouvrage La panthère des neiges. Adulé par certains, détesté par d’autres, le personnage ne laisse évidemment pas indifférent.



Dès les premières pages de cet essai ou, plutôt, de ce journal intime de voyage, le lecteur comprend qu’il embarque pour une recherche autour du merveilleux et non pas de fées avec une baguette magique et une robe verte comme celle de Peter Pan !



Qu’est-ce que le merveilleux ? Vaste question à laquelle chacun peut répondre avec sa propre définition. Pour Sylvain Tesson, le merveilleux se cache dans les interstices. Mais il incite fortement son lectorat à exercer son regard pour trouver « les fées ».



Expérience qui pourra paraître loufoque à certains d’entre nous mais qui à moi me parle complétement. En parcourant les pages, dans lesquelles il relate ses sensations, sa perception de la nature et son rapport à celle-ci lorsqu’il est à la Pointe du Raz, je me retrouve totalement. Lieu de mon enfance, de mon adolescence, mon lieu refuge depuis que je suis adulte, j’y vois des fées, du merveilleux…



Cette description de l’arc celtique est digne d’une virée homérique. Ce livre a été une vraie bouffée d’air, une remise en question sur des sujets profonds, une virée en haute mer entre houle et vaguelettes… Bref, je l’ai dévoré et j’ai vraiment apprécié cette recherche des fées.
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Sur les chemins noirs

Ampoules aux pieds et chevilles gonflées !



Sylvain Tesson nous emmène sur les chemins noirs de sa rééducation. Tombé d'un toit en état d'ébriété avancée, il s'était promis que s'il en réchappait, il traverserait la France rurale à pied. Et il l'a fait, du Mercantour à la Normandie en passant par la Provence. Démarré le 24 août, son périple s'est arrêté le 8 novembre.

Randonneuse dans l'âme, je salue l'exploit mais peut être pas le bouquin.

Je pensais y trouver un peu de magie, la magie que je vois quand je marche dans les bois, à travers champs. Mais ça je n'ai pas trouvé.

J'y ai trouvé pas mal de ressentiments envers les technologies modernes, l'agriculture intensive, la malbouffe, l'obésité. Il ne voyait pas ça dans sa petite vie de Parigot ?? Le type est en plus franchement incohérent avec lui même. Quand tu rédiges ce qui peut par moment s'apparenter à un pamphlet pour revenir à une agriculture rurale, tu ne bouffes pas du Viandox toutes les 3 pages !! S'il y a bien un produit ultramanufacturé, qui ne contient pas de viande, mais qui est juste de la sauce de soja, c'est ça. Vive Unilever ! Quand je suis en milieu rural, je mange local, et au besoin, s'il choisit bien son auberge, il pourra certainement avoir un potage ou une grosse soupe avec des produits locaux issus de la terre.

J'ai toujours eu un problème avec les donneurs de leçons qui ne sont pas en accord avec eux-mêmes.
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L'axe du loup : De la Sibérie à l'Inde, sur les..

C’est rare, mais pour ce livre je ne mettrais pas de note, j’hésite trop entre ***** et *. Et 3 étoiles ne correspond pas du tout à mon ressenti.

Cinq étoiles, c’est pour le thème du voyage. Ce qui me plait le plus chez Sylvain Tesson, des chemins de France jusqu’au fin fond de la Russie, c’est qu’il fait des voyages que je rêverais de faire, et dont j’espérais faire des petits bouts une fois à la retraite (mais hélas le Covid puis Poutine ont réduit tout cela à néant). J’adore aussi ses descriptions de la nature, sa façon de la décrire, avec ses paysages, ses traces d’animaux. Il sait à merveille faire ressentir le plaisir de la marche solitaire, à la fois physique et mental. J’apprécie aussi ce qui motive le choix de ses parcours.

Mais je penche pour une seule étoile à cause du piètre intérêt de l’auteur pour le contact humain autre que superficiel. Ses rencontres les plus chaleureuses semblent se résumer à des beuveries. Certes les Russes boivent beaucoup, mais quand même ! Finalement il ne reste pas grand-chose de ces rencontres. Pourtant il y a bien quelques personnages dans la partie russe avec qui il est évident qu’il a eu d’autres contacts (ceux qui lui font visiter des musées, ceux avec qui il a organisé un rendez-vous), peu nombreux, certes, mais il n’a rien à en dire.

Une étoile, c’est aussi pour ses affirmations péremptoires, à l’emporte-pièce. Et qui me hérissent parfois. En particulier, il y a trois passages qui m’ont fait bondir.

Le premier se trouve au début (p 78). Après cette phrase « S’ils savaient ces pauvres Russes dans quel mépris mon peuple bouffi de lui-même les tient, peut-être modèreraient-ils leurs ardeurs francophiles. » je me suis dit que c’était le dernier livre de Sylvain Tesson que je lirais. D’abord, quelle insupportable propension à généraliser, à étiqueter les gens dans des catégories toute faites. Ensuite, il y une note à cette phrase, avec des exemples du mépris des Français pour les Russes – pour mémoire, le livre date de 2004. Quels sont les exemples du mépris des Français pour les Russes : le naufrage du Koursk, la Tchétchénie, les prises d’otage du théâtre Nord-Ost et de l’école de Beslan ainsi que la réélection de Poutine. Est-ce à dire que Sylvain Tesson considère que Poutine a eu d’excellentes réactions et pris une excellente décision dans chacune de ces situations, ce qui justifierait les choix électoraux des Russes ? Les bras m’en tombent. Il a d’après moi raison quand il parle du mépris des Russes à cette époque, mais il s’agit du mépris de l’ensemble des Occidentaux, et surtout il y a à ce moment-là en Russie une immense honte d’être russe. Bref, je trouve que ce qu’écrit alors Sylvain Tesson est totalement à côté de la plaque. A se demander s’il aime la même Russie que moi.

J’ai continué ma lecture malgré tout, mais vers la fin du livre, rebelote !

Sylvain Tesson admire (p 260) la capacité de la Chine à bâtir des ouvrages gigantesques et à exiger de son peuple une docilité d’esclaves, «quel autre peuple se résignerait-il si docilement à l'esclavage en supportant des conditions de vie moins enviables que celles des recrues du pharaon sur le chantier de Khéops ?" Encore une fois il généralise mal à propos (A-t-il oublié Tian’anmen?) et ne mesure pas la portée de ses propos. Lui qui a l’air si féru d’histoire, qu’il cherche dans l’histoire ceux qui ont traité un autre peuple d’esclaves.

Et clou du livre, p 264, je suis tombée sur des remarques à la limite du racisme sur les musulmans, indignes de quiconque à un tant soit peu de curiosité culturelle.

Finalement, en dehors du fait qu’il voyage seul, il n’est guère différent du touriste occidental moyen, il est même pire car il multiplie les occasions manquées de faire de vraies rencontres.
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Petit traité sur l'immensité du monde

Petit traité sur l’immensité du monde. Tout est énoncé dans le titre. Ou presque. Le voyageur face à l’immensité des terres doit effectivement se sentir tout petit, une poussière. Je me sens d’ailleurs poussière, prêt à m’envoler dans ces lointaines contrées, à travers ces plaines désertiques, aux confins des steppes silencieuses là où seul le vent chante ses mélopées comme une ritournelle sans fin, ou comme un ivrogne un soir de pleine lune.



Perdu dans l’immensité du monde, l’esprit divague, des vagues de pensées qui submergent ton subconscient tel un tsunami dévastateur sur une terre vide. Il faut avoir un putain de courage pour affronter son esprit, seul dans une tempête de poussières ou de neige. Avec pour seuls compagnes, quelques bouteilles de vodka dans son barda, l’errance sans but, voilà de quoi réhabiliter le vagabond romantique. Surtout quand la bouteille est vide…



Qui est ce vagabond romantique, un Sylvain Tesson d’un autre temps ? Le vagabond romantique est celui qui prend la route, sans but, sans idée précise ni préconçue. Il erre l’esprit bohème entre les forêts et les clairières ; donc originellement en Bavière. Il dort à la belle étoile ou dans une grange, la main dans la culotte de la fermière – oups mon esprit s’égare dans le vide sidéral de mon âme. Il a toujours un bouquin en poche, une barbe de plusieurs jours, et suit juste le soleil ou la lune, jusqu’au prochain ravitaillement de plaisirs. D’ailleurs le choix du bouquin est intéressant : ce sera « Knulp » de Hermann Hesse, pour Sylvain. Il ne me reste plus qu’à le lire, il est de ces livres aux pages jaunies et parfumées par le temps que la vigueur d’un dépoussiérage ne serait pas inconvenante, sous peine de distiller ces minuscules poussières dans mon verre de Paulaner.



Et où commence le voyage ? Sur une carte que des géographes ont façonnée depuis la nuit des temps, le temps d’un feu dans une grotte. Il a fallu qu’un type, cheveux hirsutes et torse poilu, décide de franchir le pas, celui des ténèbres, et décide de se confronter à ses peurs, à la profondeur abyssale de l’inconnu ou de Dieu pour laisser derrière lui sa femme et son tonneau, et découvrir une autre soif, celle de la découverte et du prochain bistrot ouvert. Ainsi naquit la géographie, avec ses courbes et ses dénivelés, qui tranche avec les courbes de cette jeune slave venu m’accueillir avec une outre de vodka maison dans cette grange que je croyais abandonnée. Outré, je ne le suis pas de ses avances aux confins si reculés.



Mais à force de philosopher, je me perds dans mon inculture, comme un poivrot se perdrait dans une ville fantôme où tous les bistrots seraient à l’abandon. D’ailleurs, autant boire à la belle étoile, hé toi si belle cette lune bleue que j’admire tant lorsque le silence de la nuit impose sa beauté. Demain sera un autre jour – non ce n’est pas le titre du prochain James Bond, quoique – et la marche bohème ou forcée qui m’entraînera sur d’autres sentiers de poussière trouvera ainsi une nouvelle voie, celle qui me mènera peut-être dans les profondeurs d’un puits où la vodka assommera le substitut d’âme qui me reste en éveil, traversée du Gobi ou de la Sibérie.
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Sur les chemins noirs

J'avais déjà entendu parler de Sylvain Tesson sans avoir jamais rien li de lui jusqu'à CECI et cela n'est pas n'importe quel récit de voyage. L'auteur nous narre comment après avoir été hospitalisé suite à une très mauvaise chute en raison de l'excès d'alcool, il entreprend la traversée de la France à pieds. Attention, pour pouvoir être en paix avec lui-même et la nature, il choisit des sentiers hors-normes, les plus ruraux qui soient ceux qu'il appelle "les chemins noirs" car la civilisation y ait quasiment exclue. Ce qu'il veut, c'est comme dirait Giono, retrouver les "vraies richesses", contact avec la nature, parler avec des hommes sans être plongé dans toute cette pollution, qu'elle soit urbaine, numérique ou encore avoir à faire face à ce qui nous bouffe un peu plus chaque jour, à savoir la mondialisation.



Si il entreprend ce voyage seul, il sera rejoint lors de certaines étapes par deux de ses amis fidèles et par sa soeur. Cependant, si ces derniers lui apportent aide et réconfort, c'est avant tout en lui qu'il doit trouver le courage de se pardonner et d'être en harmonie avec lui-même. Dorénavant, toute consommation d'alcool lui est interdite et, même si il doit parcourir ce long challenge qu'il s'est fixé en ne consommant que de l'eau et du bouillon et en s'autorisant le cigare et autre nourriture plus solide , Sylvain Tesson l'a fait et à cela, je ne peux que dire bravo. Il est tombé mais a su se relever et il nous offre ici un magnifique témoignage en nous disant qu'il ne faut jamais abandonner. Il a le visage déformé, est sourd d'une oreille et a bien cru qu'il finirait ses jours sur un lit d'hôpital mais de tout cela, il n'en ressort que plus fort. Une merveilleuse leçon de courage et de communion avec la nature...et surtout, on ne vit qu'une fois alors faisons attention à ne pas gâcher la chance qui nous est offerte, on n'en aura pas une seconde. A découvrir et à faire découvrir !
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