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Critiques de Wilfrid Lupano (3525)
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Ma révérence

Après avoir lu Les Vieux Fourneaux, il y a peu, j'avais bien envie de me remettre au Lupano, histoire de vérifier le talent du mec.

Ben, j'peux l'dire maintenant, Lupano c'est du lourd ! Voire du lourdingue par moments..mais j'adore ! Et pour plein de raisons :

Pour sa finesse et sa justesse quand il brocarde notre bonne vieille société qui bat de l'aile, pour ses dialogues réjouissants et pétaradants, pour ses personnages loufoques, paumés et cyniques, pour ses scénar à la Audiard (père et fils à la fois!), pour son côté rebelle anarcho militant, mais aussi pour cette petite touche d'émotion et d'humanité qu'il ne manque pas d'ajouter en filigrane.



Pour commettre Ma révérence, il n'a pas fait ça tout seul dans son coin ; il a collaboré avec Rodguen. Rodguen aux pinceaux, lui à la plume. Et c'est plutôt bien réussi !



Vincent, trentenaire, paumé et dépressif, a tout raté dans sa vie. Ex-toxico, chômeur, il est prêt à tout pour retourner au Sénégal, où vit Rana, l'amour de sa vie qu'il a planté alors qu'elle était enceinte.

Prêt à tout ? Ouaip... il a prévu un bon petit braquage de fourgon blindé avec prise d'otage à l'appui. Mais attention, hein, il va faire ça à la Robin des Bois. Ce sera le premier braquage non-violent à visée humanitaire du siècle !

Pour l'aider, il a son pote Gaby Rocket, qu'il décrit tel quel : « La cinquantaine, un genre de rocker, perfecto, banane pelée... Tronche de cake » ou encore comme ça : «  C'est un cow boy social, et les gens autour de lui sont des Indiens qui n'ont pas les mêmes mœurs, et avec qui il ne parvient pas à communiquer ». En d'autres termes : il est complètement barré le Gaby !





Accrochez vous bien à la queue du Mickey, parce qu'avec ces deux losers, ça va pas être tranquille peinard au bord du comptoir. Oohh Gabrielle !! Tu brûles mon esprit...et moi je continue à bien me bidonner !
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Les vieux fourneaux, tome 3 : Celui qui part

Dans cette actualité morose ou tout part à vau l'eau, une bonne tranche de rigolade ça se refuse pas !

Car dans ce tome trois nos trois papys assurent encore un max. Difficile de résister aux dialogues formidables débités par les trois compères. Tour à tour grandes gueules, hâbleurs, colériques, de mauvaise foi, le festival offert est hilarant. Y a du Audiard dans cet humour là, c'est vous dire le niveau. Mais sous la rigolade, les auteurs nous mènent aussi sur des thèmes bien contemporains (le chômage, la délocalisation, les vielles rancœurs de village, la protection des abeilles, les combats politiques ou autres, la vieillesse etc...)

Les vieux fourneaux tome 3, survitaminés par Lupano et Cauuet qu'est ce que ça fait du bien !
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Un océan d'amour

C'est un océan d'amour qui m'est venu de Bretagne grâce à une gentille petite fille pleine d'amour.



Il m'est arrivé, un matin dans ma boîte aux lettres, sous la forme d'un livre. Coïncidence heureuse, il avait pour titre "Un océan d'amour".



J'ai rapidement compris que le titre ne faisait pas allusion à la mer mais à l'amour sans limite d'un couple physiquement dépareillé.



L'épouse avait l'air d'une grosse matrone prête à soumettre son gringalet de mari. Erreur, elle l'adorait. Elle a parcouru la planète dérangeant les grands et les puissants pour retrouver son époux perdu en mer. Pas un instant, elle n'a douté de le retrouver vivant.



Lui aussi de son côté à tout fait pour survivre aux éléments déchaînés de la nature et ceux moins reluisant des pilleurs d'océan. À son tour, il l'a langui une fois arrivé chez lui.



Je ne parlerai pas de la qualité des dessins ni des nombreux rebondissements vécus par les deux époux, d'autres l'ont fait mieux que je ne pourrais le faire.



Par contre, je voudrais signaler une relation entre une mouette, victime des saletés humaines, et notre héros qui tente de rejoindre la côté. Il y a quelque chose de touchant dans cette relation. De voir cette mouette défendant son océan et ce marin aidant cette mouette. Elle lui a même apporté à manger alors qu'il semblait mort, même s'il n'a pas apprécié.



Pour conclure, je me contenterai de vous dire que si vous avez un océan d'amour à offrir à quelqu'un, offrez lui ce livre, il comprendra.
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La bibliomule de Cordoue

Mais que vont-ils faire chez les viking?

Cette fin ouverte de la bd de Lupano et Chemineau est promesse d'aventures avec leur trio comique.



La fuite hors du califat d'Al-Andalus est vitale pour sauver les livres inestimables de la bibliothèque de Cordoue. Nous sommes en 976.

Tarid, le bibliothécaire rondouillard empile des centaines de livres sur une vieille mule au tempérament acariâtre.

Les livres sont voués à un autodafé géant ordonné par le vizir Al-Mansur qui désire s'emparer du trône du jeune Hicham II.

Lubda, une esclave noire, copiste à la bibliothéque aide Tarid à gagner les provinces du nord espérant trouver ainsi sa liberté.

Mais quand arrive le moment de la fuite , le voleur Marwann, faux propriétaire de la mule , l'aventure va se corser.

La faim, l'attitude bourrique de la mule, les rencontres fortuites peu substantielles, rien ne sera épargné aux fuyards.

J'ai eu grand plaisir de rencontrer ces personnages si contrastés et leurs situations embarrassantes ou bien les propos du truculent Marwann qui s'arrange avec la vérité.

Avec ce trio flamboyant, les auteurs ont choisi le comique pour dénoncer l'obscurantisme de cette période historique .On sent que des recherches approfondies ont été menées pour donner une bd intelligente et éclairée.

Et quand le texte se couple à des traits expressifs on obtient une bd réussie.

Voici les tribulations joyeuses de trois compères aussi captivantes que "Les Indes Fourbes"

Je n'ai plus comme Tarid à réfléchir aux livres que je sauverai en cas d'incendie. Un vrai casse-tête chinois.
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Les vieux fourneaux, tome 5 : Bons pour l'a..

Comment ça, nos vieux fourneaux « Bons pour l'asile »??? Meuh nooon, ils ont mieux vieilli que Renaud : toujours aussi toniquement militants, quand la mairie fait installer de grosses pierres pour empêcher les migrants de dormir sous un pont, ils leur offrent l'asile à l'île de la Tordue. Et puisqu'on ouvre grand les bras aux riches Qataris, nos for ever rebelles se disent que ça doit être les pauvres plus que les étrangers qui font peur et décident de camoufler leur refuge sous la façade siiiii respectable d'un fonds d'investissement, Dave HIOCK & Demi GRANTS (hé! des vioques et des migrants 😄). Mais rassurez-vous, leur nouvelle et belle plaque «Global trade investments expertise» ne les empêche en rien d'être toujours d'attaque contre l'évasion fiscale.



Un très bon 5ème tome, où j'ai eu le bonheur de retrouver l'humour tendre et politique de Lupano que j'adore.
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L'Homme de l'année, tome 4 : 1967 - L'homme q..

Plus de cinquante ans après la mort d'un des pires bourreaux et meurtriers du XXè siècle, les exactions d'Ernesto Guevara restent un sujet tabou. Les récits de ses anciens compagnons de route font horreur, pourtant celui-ci reste un mythe pour certains, ceux pour qui des mains tachées du sang de nombreux innocents n'ont aucune importance.



Tout le monde ou presque, aujourd'hui encore, connait le nom Ernesto Guevara, mais très peu connaissent son parcours et comment il est mort. À l'instar des trois tomes qui le précèdent, le quatrième tome de la série « L'homme de l'année » se penche sur le destin d'un inconnu dont la route a croisé celle d'une figure historique, s'intéresse à l'année 1967, et plus particulièrement à « l'homme qui tua Che Guevara ». Ainsi, Wilfrid Lupano, le scénariste, nous présente l'homme qui exécuta Ernesto Guevara, Mario Teran. Comme il nous l'explique en fin du livre, il se base sur une histoire vraie et tente de construire un postulat plausible pour ce qui s'est passé le 09 octobre 1967.



Petit à petit, le récit décrit l'état d'esprit de Mario Teran. Wilfrid Lupano construit l'intrigue en le plongeant dans ses souvenirs, le confrontant aux conséquences de ses actes et évoquant une possible culpabilité. le tout est mis en valeur par des dessins assez réalistes, de bonne facture et assurant une bonne dynamique d'ensemble. le scénariste et le dessinateur cherchent manifestement à émouvoir le lecteur en rendant hommage à l'homme exécuté par l'armée bolivienne, il y a évidemment une toute autre réalité derrière l'homme au béret.



Au final, cet album est une vraie déception d'autant que la tendance actuelle, que je trouve pertinente, est de reprendre avec objectivité, sous forme de bande dessinée, des enquêtes qui relèvent habituellement principalement du journalisme. Une fois de plus le mythe est mis en avant et l'imagination néglige trop l'histoire au lieu de l'éclairer.

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Les vieux fourneaux, tome 4 : La magicienne

Quelle joie de retrouver les compères !



La petite-fille d’Antoine, Sophie, est en train de terminer sa tournée « les loups en slip », et c’est lui qui veille sur Juliette pendant les spectacles.



En rentrant au bercail, la fourgonnette rouge tombe en panne. Source d’une série de petits ennuis : réparation du véhicule mais aussi du toit (les artisans s’engagent puis ne donnent plus signe de vie !



Et soudain, grande nouvelle, une ZAD a été érigée sur le terrain que Berthe a vendu au labo Garan-Servier : on a découvert une sauterelle rare la « magicienne dentelée » qui est une espèce protégée. Ceci donne lieu à des échanges savoureux dans le village…



Et bien-sûr la bande « ni yeux ni maître » en profite pour débarquer, Pierrot en tête, pour soutenir l’occupation des lieux…



On croise en route, les zadistes, les chasseurs, un bel entomologiste tout en cheveux, et Antoine fidèle à son rôle de défenseur des travailleurs, sans oublier Berthe circulant pied sur l’accélérateur dans sa nouvelle voiture : une Chrysler 300H rouge de 1962 comme celle de Marilyn Monroe…



Les dialogues et les dessins sont toujours aussi bons, et mine de rien, les auteurs abordent des thèmes de société très actuels.



J’ai beaucoup ri, comme d’habitude et j’en avais besoin alors je réserve le T5!
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Communardes ! : Les éléphants rouges

Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d’éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l’hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C’est dans cette optique que Vent d’Ouest après avoir lancé la collection « J’ai Tué » lance la collection « Communardes ! » dédié aux figures féminines de la Commune (les classes populaires abandonnées par les élites durant le dur siège de la capitale entre septembre 1870 et janvier 1871, ont refusé la reddition d’un gouvernement autoritaire, conservateur et quasi royaliste, pour s’autogérer sur un modèle socialiste entre mars et mai 1871… avant la boucherie ordonnée par cette ordure d’Adolphe Thiers !)

J’observe depuis quelques années une forme de radicalisation de la culture populaire avec une forte résurgence des thématiques liées à lutte des classes dans tous les médias, et je suis persuadé que cette collection appartient à ce mouvement. Car après tout, la Commune est un lieu de mémoire tellement fort qu’il a su plus que résister à l’aseptisation MEDEF-compatible de l’enseignement de l’Histoire (ce qui génère à chaque génération d’élève des « hein, on nous aurait menti à l’insu de notre plein gré ? »)…





Pour ce tome 2, Wilfrid Lupano a décidé de faire dans les tranches de vie à la "Rémi sans Famille" / "Princesse Sarah" (remember les chialades quand vous étirez gosses ^^) : pendant le rude siège de Paris, nous suivons les galères d’Octavie Granger et sa fille Victorine qui ne manquent aucun des meetings de Louise Michel et André Léo prêchant l’égalité absolue entre hommes et femmes.

Octavie qui a raté le coche avec la Batailles des Amazones de la Seine, traîne sa misère dans les ateliers de confection de montgolfières avant de tenter sa chance comme cambrioleuse et d’être rudement rappelée à la réalité par un passage à tabac…

Victorine de plus en plus livrée à elle-même, met en application les idées féministes en prenant la tête d’une troupe de garnements patriotes avec l’ambition de transformer ses amis éléphants Castor et Pollux en machines de guerre antiprussiennes…

Confrontées aux difficultés et aux désillusions, elles se voient obliger de demander de l’aide à tatie Jeannon la prostituée… Et là, j’ai trouvé que la fin arrivait un peu vite et ne débouchait sur pas grand chose, mais c’est un peu la limitation de ce genre de récits. A la limite les fameux éléphants rouges seraient presque un McGuffin car ils sont peu prégnants par rapport au côté tranche de vie : on aurait pu développer le master plan de Victorine qui se nourrit de la légende d’Hannibal Barca au lieu de s’attarder sur le passage de la mère et la fille au lupanar.



Je n’ai pas rencontrées d’affinités particulières avec les dessins de Lucy Mazel dont le travail sur l’encrage et la colorisation m’a semblé aller en se bonifiant au fur et à mesure que les pages défilaient. Sa technique est assez proche de ce qui se fait dans l’animation, et je suis persuadé que cette bande dessinée pourrait facilement devenir un chouette long métrage.



Les dernières images sont ambivalentes par leur non dit :

Victorine abandonne-t-elle ses rêves d’enfant pour devenir adulte ?

Victorine revenue au réel fait-elle ses premiers pas vers la radicalisation ?

Victorine la haine au cœur bascule-t-elle finalement du Côté Obscur de la Force ?

Car entre les rupins qui se remplissent la panse dans les restos chicos tandis que le commun des mortels se content de chiens et de chats (quand ils ne se battent pas pour un rat !), et les thénardiers habituels qui profitent des uns et exploitent les autres, on aurait bien envie d’accrocher un drapeau rouge à sa fenêtre !!!

Pour un peu, j’attendrais presque un "Vingt ans après"… blink
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Les vieux fourneaux, tome 4 : La magicienne

Ouvrage toujours prêté par mon amie bédéphile, j'étais sûre qu'elle avait fait l'acquisition des deux derniers tomes qui me manquaient pour me mettre à jour avec nos vieux compères de toujours (même si l'un d'eux s'en est allé depuis...eh oui, même ces dernier ne sont pas éternels, malheureusement mais bon, il faut aussi que cela reste réaliste après tout !)



Ici, ils vont avoir à faire à une ZAD (Zone à Défendre) parce qu'une bande d'écologistes a investi les lieux afin de défendre une espèce de sauterelle en voie de disparition et que l'on n'avait jamais repéré jusqu'à présent : la magicienne dentelée. Sophie, la petite-fille d'Antoine continue ses tournées de marionnette, ayant repris l'ancien théâtre de sa grand-mère "Le loup en slip" un peu partout, faisant ainsi la fierté de son grapnd-père, qui a beau se plaindre de devoir faire du camping et que ses amis de La Chope" (le célèbre bar du village...là où tous les potins se dévoilent) lui manquent, est on ne peut plus fière d'elle et extrêmement gaga envers son arrière petite-fille Juliette. Sophie refusant toujours de lui dévoiler qui est le père de sa fille, c'est donc seule qu'elle l'élève et s'en sort plutôt bien ! Mais lorsqu'elle rencontrera Vasco, l'entomologiste présent sur la ZAD, sera-t-elle prête à ouvrir son cœur à nouveau ? Rien n'est moins sûr car elle reste persuadée qu'il y a une malédiction en ce qui la concerne, elle et ses amour...



Et notre bande de joyeux drilles, arriveront-ils à faire que l'extension de l'usine puisse voir le jour, et ce, non pas seulement par esprit de contradiction (quoique...) mais simplement parce que cela créerait de nouveaux emplis, bien sûr !



Un ouvrage toujours aussi drôle, fortement engagé il va sans dire et extrêmement bien travaillé du point de vue graphique ! Bref, j'adore et ne peux que vous recommander la lecture de cette série ! Quant à moi, je ne vais pas tarder à m'attaquer à la lecture du cinquième tome (je suis en vacances alors j'en profite !)

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Les Vieux Fourneaux, tome 2 : Bonny and Pie..



Il y a très longtemps, je devais avoir 11 ou 12 ans, lors de vacances d'été chez ma grand-mère, j'ai découvert dans sa buanderie, une pile de magazines dont je ne suis plus très sûre du titre (peut-être Bonne Soirée).

Des magazines qui ne m'intéressaient pas particulièrement... sauf que ... il y avait une page d'une bande dessinée encore inconnue de ma personne... toute une planche des aventures d'un petit moustachu. Oh, joie... j'ai remonté les numéros jusqu'au début de l'histoire... merveille, il n'en manquait pas ! Quelle découverte, quel régal... ce petit gaulois qui traversait la France (Oui, c'était le célèbre Astérix que je découvrais là).

Je sais, nous ne sommes pas sur la fiche d'Astérix et Obélix... mais vous allez voir le rapport dans un instant.

Je ne lis plus trop de BD... et y revenir avec ces vieux fourneaux, c'est comme si je remontais le temps et découvrais à nouveau cette BD jubilatoire d'il y a ... pff ! comptez-vous même.

Le même plaisir grâce à l'humour bien sûr, mais aussi par ces dessins fignolés avec toujours un petit plus de détails qui se révèlent lors de relectures.

Me manque que l'odeur de lessive et de vieux journaux pour me sentir comme une gamine.

Vous ne connaissez pas Les vieux fourneaux ? Honnêtement, vous ratez quelque chose.
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Les vieux fourneaux, tome 5 : Bons pour l'a..

Ils sont toujours aussi décapants ces Vieux Fourneaux !

Du militantisme intelligent et insolent, du mimilantisme surprenant et hilarant, des retrouvailles familiales bouillonnantes mais tout aussi touchantes, Les Vieux Fourneaux m'ont gâtée pour Noël.

Certes, ils sont sans doute bons pour l'asile mais faites qu'ils continuent à faire toujours autant de conneries, qu'ils donnent dans l'irrévérence avec toujours autant de talent, qu'ils jouent avec les mots avec toujours autant de finesse (..ou pas !). Bref, je les aime ces p'tits vieux croquignolants !
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Azimut, tome 1 : Les aventuriers du temps p..

Une association parfaite de deux talents : Wilfrid Lupano pour le scénariste et Jean-Baptiste Andreae pour l’illustration !

Une merveille !

Un vrai petit trésor !

Une bande dessinée onirique,

Décalée,

Loufoque,

Subtile,

Délicate,

Intelligente.

Des illustrations qui ensorcellent !

Un plongeon dans dans un univers avec des personnages loufoques comme :

Le roi de Ponduche

l'explorateur déchu Quentin de la Pérue,

le peintre Eugène,

l’altesse royale Irénée le magnanime,

Manie Ganza.

C’est truculent, déjanté , original, amusant.

Moi aussi j’ai perdu le Nord, car j’ai été happé ,emporté par cette histoire !

J’ai arraché du temps de plaisir à la vie qui passe…avec Lupano et Andreae qui sont des magiciens des mots et des images.

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Alim le tanneur - Intégrale

Les auteurs nous offrent un monde imaginaire avec sa flore (ah les cosses volantes d’Asphèle), sa faune (ah les jaguarondis géants !), sa géographie, sa mythologie… en mélangeant les équivalents fantasy des orients musulmans et hindouistes, de l’Empire du Milieu, du Pays du Soleil Levant, et des cultures africaines, méso-américaines et mélanésiennes. Ils s’amusent beaucoup à passer tout cela à la moulinette et c’est un grand plaisir que de retrouver tel ou tel détail des civilisations concernées (comme le palais du Potala ou les pyramides de Teotihuacan ^^). Pour ne rien gâcher c’est magnifique à contempler avec les dessins faussement enfantins de Virginie Augustin, surtout quand on passe des montagnes enneigées à la verdoyante canopée après avoir traversé déserts et marais, donc j’ai immanquablement pensé au vénérable "La Quête de l’oiseau du temps". Dommage que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs soit sensiblement moins réussis après le départ de Geneviève Penloup…

On nous raconte l’histoire d’Alim, l’hors-caste tanneur de peaux de sirènes tueuses, un père veuf qui veut protéger sa fille Bul de sa débordante imagination incompatible avec l’idéologie religieuse véhiculée par l’ordre établi de la Nef Iasoubine... Car le melting-pot réalisé par Wilfrid Lupano n’a d’autre but que se livrer à un réquisitoire contre l’intégrisme et du totalitarisme, le vocabulaire fondamentaliste se mariant décidément très bien avec la novlangue fasciste (c’est quand même autrement plus intelligent et plus subtil que de dessiner en boucles des figures religieuses à poil au nom du droit au blasphème…). Mais plus la fin du cycle approchait, plus j’ai eu l’impression qu’on s’intéressait davantage aux allégories qu’au récit, et quelque part là aussi c’est bien dommage !





Tome 1 :

http://www.babelio.com/livres/Augustin-Alim-le-tanneur-tome-1--Le-Secret-des-eaux/50409/critiques/914963



Tome 2 :

http://www.babelio.com/livres/Lupano-Alim-le-tanneur-Tome-2--Le-vent-de-lexil/50411/critiques/915751



Tome 3 :

http://www.babelio.com/livres/Augustin-Alim-le-tanneur-Tome-3--La-Terre-du-prophete-pale/50410/critiques/916721



Tome 4 :

http://www.babelio.com/livres/Lupano-Alim-le-tanneur-Tome-4--La-ou-brlent-les-regards/177965/critiques/918172



3,5 étoiles au final arrondies 4 étoiles
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Un océan d'amour

Le chapeau hautement ridicule sur la tête, la grosse bretonne, fière de l’être (ridicule ou bretonne ?), experte en dentelle ou crochet (ou est la différence) et en crêpes au beurre salé aime son petit bonhomme, un petit breton (genre commandent Cousteau mais en taille mini), marin pêcheur depuis sa plus tendre enfance qui déteste les sardines en boite que sa grosse bonne femme lui donne pour son déjeuner en mer. Mais bon, on sent que derrière cette boite de sardines, se cache un grand amour, celle de deux êtres qui sont prêts à traverser des océans pour se retrouver. Un océan d’amour, même.



Cargo de nuit, trente-cinq jours sans voir la terre. Pull rayé, mal rasé, on vient de débarquer. Et voilà que ce mastodonte des mers, le genre tueur de requins-et-autres-espèces-protégées et qui n’en a rien à foutre des autres marins ou de l’océan même, embarque le pauvre petit chalutier de mon ami breton. Oui, entre temps, il est devenu mon ami, parce qu’en quelques cases et vagues, j’ai perçu toute la bonté et l’intelligence dans son âme (et que j’attendais patiemment la prochaine escale pour faire la tournée des bars et des putes de la Rue de la Soif).



Trente-cinq jours de galère et deux nuits pour se vider la nuit te suit change de port et je te raconte à peine toutes les péripéties de mon ami le petit breton sur les vagues et les galères de cet océan d’amour, de la pêche illicite, des mouettes rieuses (mais où est Gaston Lagaffe ?), des déchets humains, des pollutions maritimes, des pirates, du sang, de la gerbe, du sel, des poissons, de la contrebande, de la mer et Cuba. Fidel e(s)t l’amour d’un breton et d’une bretonne. Un amour incommensurable aussi grand qu’un océan sans vague.



Il y a tant à dire sur un roman graphique sans parole. La force même de ce silence qui permet d’entendre le ressac de la mer. J’avance sur ce quai humide. La sueur brule comme l’acide, l’enfer va commencer. Bières chaudes et narguilés. Une sirène au loin, le vent qui s’engouffre, les mouettes deviennent folles, et un marin disparu. Mort ? L’attente est insupportable. Aller à Cuba, et fumer le cigare en compagnie de putes cubaines en bikinis multicolores. Mais cette machine dans ma tête, machine sourde et tempête, leitmotiv, nuits secrètes, tatoue mon âme à son dégoût.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le loup en slip, tome 5 : Passe un froc

Après des petites vacances, le loup apprécie de rentrer chez lui et de retrouver sa forêt.

Mais... qui lui a piqué son peu-sli ? Tout le monde, en réalité, peu ou prou.

Dépité, dépossédé d'une partie de son identité, il troque son célèbre slip \III/ contre un froc |_/\_| - comme le montre la couverture.



Sans trop dénuder, on peut dire qu'il est question dans cette histoire de publicité, de mode, de norme, de conformisme, d'avoir pour être, et donc de société de cons-sommes-masses & scions (la branche sur laquelle nous sommes).



Par rapport aux précédents, j'ai trouvé cet album torché, bâclé, vide.

Guère de surprises, pas de rebondissements ni de clins d'oeil féroces. Pourquoi ne pas présenter la production textile de masse (et ses victimes), plutôt que de s'appesantir sur la confection artisanale, par exemple ?



Toujours de jolis dessins, en revanche, avec tout plein de détails adorables.

Mou, consensuel, décevant.



• merci au clic & cueillette de V. •
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Les Vieux Fourneaux, tome 1 : Ceux qui rest..

J’ai apprécié .. euh non ... j’ai aimé ... non plus, ça sonne pas juste .. ah attendez .. ça y est j’y suis ... J’AI TOTALEMENT KIFFÉ !!!!



Ah oui, c est ça ! un vrai kif !



Un road-movie décapant, trois vieux fringuants ... ben oui quoi, des vieux débordant de jeunesse !



Alors oui, mes ptits vieux vous m’avez amusé et touché.

Ça fait bien longtemps que votre histoire, en haut de son étagère, me faisait de l’oeil et là j’ai répondu à l’appel et n’ai pas été déçue : quel délicieux périple !



Votre histoire, mes vieux potes, c est de la balle ! A bas les clichés ! Antoine, Pierrot et Mimile, du haut de vos soixante-dix printemps dépassés et ben vous nous offrez là une bien belle image de la vieillesse : oui votre avenir est peut-être incertain mais pas question de se laisser abattre ! Et vous voilà partis à l’aventure et allez hop on entraîne même la petite-fille ... avec son polichinelle dans le tiroir !



Merci aussi à vos créateurs ... les traits réalistes vous collent parfaitement à la peau et vos dialogues sont hilarants, un régal !



A très bientôt les gars ! Ne changez rien surtout, vous êtes parfaits !
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Les vieux fourneaux, tome 3 : Celui qui part

DES FANTÔMES DANS LES PLACARDS...



Rien ne va plus chez nos sacrés papys flingueurs, rendez-vous compte : C'est le déluge dehors et la vieille baraque de Sophie, absente, prend eau de toute part. Mimile et Antoine épongent comme ils peuvent avec les moyens du bord. Pour ne rien arranger, cette vieille folle de Berthe vient d'appeler afin que Sophie l'aide à rentrer ses moutons. C'est Antoine qui a répondu, et l'a envoyé zinguer, cette sorcière ! MImile, bonne âme, irait bien, lui, pour les bêtes... «Mais avec mon traitement», conclut-il... Du coup, c'est Antoine qui s'y colle, au sauvetage des bestioles. Au même moment, Sophie subit les remontées de bretelles, suivies de menaces à peine voilée d'un des rejetons du père Garan Servier qui a assez peu apprécié la ponction de 200 000 Euros effectué sur la fameuse caisse noire familiale (voir tome 2)... A Paris, ça ne va guère mieux : trois drôles d'abeilles, Baba, Fanfan et Pierrot pour les dénoncer, viennent de se faire alpaguer par la maison poulaga, jetés comme des sales gosses dans un panier à salade, direction le central ! Couronne d'épine final à ce début en fanfare désaccordée, le Mimile vient de se faire une grosse syncope en l'absence momentanée du sauveur d'ovins, direction les urgences : on craint la commotion cérébrale...



Cette succession de malheurs plus ou moins grands - rassurez-vous : pas définitifs - va avoir des conséquences étonnantes : celle de faire sortir de bons vieux fantômes des placards bien chargés de nos papys "Hasta Siempre"... Et ceux-ci tournent tout particulièrement autour de cette bourrique mal-aimable de "Berthe des Ravines", isolée du monde, misanthrope, conchiant tout le village, n'acceptant guère que la présence régulière de Sophie ainsi qu'il en fut, jadis, de sa grand-mère décédée (voir tome 1). Mais dont les actions d'éclat incompréhensibles, depuis les années cinquante, accréditent très largement ce qualificatif de "folle"...



Dans les mêmes moments, un étrange petit bonhomme, anglo-saxon rabougri, défiguré, hirsute, une main en forme de crochet d'acier, recherche désespérément un certain "Le Biouche"... Qui s’avérera n'être autre que notre cher Mimile. Ces deux-là s'étaient connus, s'étaient régulièrement cognés dessus (par désœuvrement et excès éthyliques), avaient fait les quatre cent coups à l'autre bout du monde, en cette époque lointaine ou Emile Carbigniac se faisait surnommer "La Bûche", tant sa tête était dure au mal tant sur les terrains de rugby du Pacifique sud que dans les bouges !

Mais même ces aventures lointaines de «Celui qui part» ont maille à partir avec la fameuse Berthe... C'est dans les lendemains douloureux et délétères de la seconde guerre mondiale, ayant amené son lot de vengeance foireuses, de rumeurs infondées, de mensonges et de rancœurs jamais assumés qu'il faudra aller remuer la fange. Sophie finira ainsi par appendre toute la vérité (ce qui ne fut pas une mince affaire tant ces anciens-là peuvent être un mélange foireux de têtes de mules, de têtes de cochons et de têtes à claque), transformant cette vérité, en bonne marionnettiste, en un conte pour adultes destiné à un auditoire trié sur le volet, qu'elle a intitulé «Pouleboche et les trois ânes». Où l'on apprend que certains n'ont pas à être fiers de tout ce qu'ils ont fait dans leur jeunesse ; que la rumeur est sœur de vilenies ; que les œufs de Berthe sont dignes d'être cuisinés ; et que tels sont pris qui croyaient prendre !

Quant à Mimile... Cet homme-là cache décidément bien son jeu, même auprès de ses deux meilleurs poteaux !



Cette fois, c'est donc au passé, à un certain passé peu glorieux, franchement honteux même, que Wilfrid Lupano et Paul Cauuet s'en prennent avec la même fougue, le même sens de la dérision et de la formule qui pique, la même volonté de nous faire regarder certaines choses en face, sans flatterie ni facilité, de mettre nos jugements dans nos poches et d'entendre d'autres témoignages que ceux communément admis parce que provenant de personnages au-dessus de tous soupçons moraux. Et c'est pas parce qu'on est devenu un vieil anar' attachant, déconnard et sympathique - capable, par exemple, de se déguiser en abeilles géantes pour défendre les alliées de nos cultures ! Un des très grands moments de ce troisième opus - qu'on n'en a pas pour autant fait, par le passé, des couillonnades dont il n'y a aucune raison de s’enorgueillir. Sophie, qui tient décidément de sa grand-mère, va en faire prendre conscience, et avec quel fougue, nos trois compères, sous l’œil ravi et connaisseur d'un vieil australien rapiécé de partout quoi que débonnaire.



Encore un sacré tour de force que signent là nos deux auteurs que de parvenir à nous faire rire - un peu jaune parfois - sur des sujets pourtant graves, pas toujours bien refermés de notre inconscient collectif. Légèrement moins ancré dans notre présent que les deux précédents volets (malgré une fin des plus contemporaines et sociales), cet album n'en demeure pas moins un véritable morceau de bravoure humoristico-décapante ! Décidément, on se s'en lasse pas de ces Vieux Fourneaux.
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L'ivresse des fantômes, Tome 2 : L'éminent profe..

il n'y a rien a faire Lupano est un maître de la BD.

A chaque fois il me surprend par ses scénario ou retords ou comiques. Ici on est plutôt dans le premier cas.

En effet les personnages ne sont pas vraiment ce qu'ils semblent être. On est surpris et on suit cette enquête pour retrouver Lili avec plaisir et inquiétude. Les personnages sont un peu brut de décoffrage au premier abord mais au final ils sont plus profonds qu'on ne le pense.





Les graphismes ne sont pas en reste. La colorisation donne une atmosphère en complète adéquation avec le scénario.



Bref une fois de plus je tombe littéralement sous le charme de Lupano.
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Little Big Joe, tome 1 : Des hommes à genoux

Dirt Road, au Texas, tremble depuis que Slim la Rotule (petit surnom dû au fait qu'il ne tire que dans les genoux) a pris ses quartiers dans la ville et fait régner sa loi. Même le shérif et son adjoint le laissent faire, de peur de déclencher une fusillade et faire couler un bain de sang. Et Slim ne risque pas de décamper de sitôt. En effet, depuis que l'un de ses associés, originaire de Dirt Road, est parti avec le magot de toute la bande, Slim est certain qu'il a planqué l'oseille dans le coin et va revenir le chercher. En l'attendant, il fait régner sa loi, trompant son ennemi en placardant des "Wanted" un peu partout. La population attend aussi ce règlement de compte dans la peur. Mais c'était sans compter sur la venue de ce justicier vengeur, Little Big Joe! Tout petit, vêtu de blanc, gaffeur, maladroit et myope, il ne fait peur à personne, bien au contraire... Et pourtant, il va oser affronter Slim...



Haut comme trois pommes, gaffeur, un brin naïf, myope comme une taupe, énervant pour ceux qui l'entourent, toujours là où on l'attend pas... Voici Little Big Joe, le nouveau justicier vengeur que l'ouest américain, dont Slim la Rotule, ferait bien de craindre... ou pas! Wilfrid Lupano nous plonge dans un western surprenant, décalé et drôle, tant par les situations cocasses que par les personnages fantaisistes et un tantinet ridicules. Little Big Joe arrive à se fourrer dans des situations incroyables et, par un tour de passe-passe, à s'en dépêtrer. Des premières aventures loufoques, un justicier attachant, des dialogues savoureux, un trait expressif, une mise en page dynamique et une magnifique mise en couleurs.
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Le loup en slip, tome 6 : Cache-Noisettes

Aujourd'hui c'est jeudi et jeudi c'est… les histoires à Berni !

Les élèves sont entrés dans la classe, tel un troupeau de coquelicots dans un magasin d'éléphants.

Pirli, le perroquet perché sur les épaules de la petite Francine accompagnait cette entrée magistrale en sifflant l'air du film On a perdu la septième compagnie.

C'était tout d'abord l'occasion d'accueillir dans notre charmante école une nouvelle élève. Il s'agissait de la petite Djamila. Alors on l'a accueillie à bras ouvert.

La maîtresse d'école, Sandrine, nous a invité à lui accorder un accueil digne d'une classe de CE2.

« Bonjour Djamila ! ont crié en choeur les enfants.

- Bonjour les nouveaux amis, a répondu poliment la petite Djamila avec des yeux émerveillés. Elle s'est mise aussitôt à pouffer de rire en tentant de cacher son petit rire dans ses petites mains. « Hihi ! Je vous trouve rigolos. Vous avez des drôles de...

- Des drôles de ... ? a demandé la petite Isa.

- Des drôles de ... ? a rajouté la petite Marie.

- Des drôles de ... ? a repris la petite Sylvie.

- Des drôles de ... ? a continué la petite Marie-Caroline.

- Hé ! Hé ! Des drôles de... a fait goguenard le petit Pirli, tandis que la petite Francine se tenait à l'affût.

- Euh, des drôles de bouilles... a fait la petite Djamila hésitante, brusquement intimidée.

- Mais heu ! a répondu la petite Dori la face barbouillée d'un chocolat qui venait sans nulle doute d'un calendrier de l'Avent dépouillé avant l'heure.

- C'est parce qu'on a cinq ans et demi, a rajouté la petite Nico tentant un exercice pédagogique de haut vol, on ne fait pas vraiment notre âge.

- Ah, vous êtes en avance alors ? a répondu la petite Djamila poussant un grand soupir.

- Euh, pas vraiment, a fait la petite Sylvie d'un air un peu honteux, pour tout te dire on a même tous redoublé, mais qu'une fois, hein !

- Lol, a fait la petite Sonia,

- Ugh ! » a rajouté la petite Manue.

On a senti que la petite Djamila voulait brusquement faire diversion. Elle s'est avancée vers le jukebox qui clignotait de toutes ses lumières.

« Whouah ! C'est quoi ce machin ? Un arbre de Noël moderne ? a-t-elle fait émerveillée.

- C'est notre jukebox, a répondu fièrement le petit Pat s'approchant de l'objet magique.

- Oui, mais il n'a pas d'hélice, a rajouté aussitôt le petit Titimeccano.

- Pas d'hélice ? a alors fait la petite Djamila d'un air désappointé.

- Hélas, c'est là qu'est l'os », ont répondu d'une seule et même voix tous les enfants.

Puis la petite Anna s'est avancée vers moi avec des yeux malicieux et, prenant à témoin son auditoire, elle a lancé à la cantonade :

« Dis-nous, Berni-Chou, qu'as-tu apporté cette fois-ci dans ta brouette facétieuse ? Je crois y deviner beaucoup de surprises. »

J'ai avancé ma brouette remplie de livres au milieu du cercle qu'avaient formé les enfants. Comme c'était ma dernière histoire du mercredi, - pardon du jeudi, je leur ai proposé de choisir eux-mêmes la dernière histoire de l'année parmi tout ce beau et riche choix.

J'ai vu des mains avides se tendre vers la malle aux trésors.

Les enfants piochaient pêle-mêle, énonçant chaque titre. Peu à peu l'enthousiasme s'est érodé, a laissé place à un doute terrible que je ressentais dans leurs voix. Je m'en voulais presque d'être en totale jubilation, mais je savais bien que cette cruauté n'était que momentanée, leurs mains avides cherchant le graal allaient bien finir par le cueillir.

Tandis que chacun d'eux énumérait le titre du livre dont il s'emparait, Sandrine la maîtresse d'école et moi, nos regards se sont croisés et nous avions peine à contenir un fou rire complice.

« Fondements de la métaphysique des moeurs, d'Emmanuel Kant », a lu la petite Chrystèle qui venait de saisir le premier livre sur la pile.

- le monolinguisme de l'autre ou La prothèse d'origine, de Jacques Derrida, a lu la petite Domi.

- Des grenouilles et des hommes, de John Steinbeck, a lu la petite Anne-So.

- Phénoménologie de l'esprit, de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, a lu la petite Hélène.

-De l'inconvénient d'être en CE2, d'Emil Cioran, a lu la petite Dori.

- Un esprit bof dans un corps pas ouf, d'Anne-Sophie Girard, a lu la petite Sylvie.

- Cycle de vie : du têtard à la grenouille, de Camilla de la Bédoyère, a lu la petite Nico.

- Mes secrets naturels pour guérir et réussir, de Rika Zaraï, a lu le petit Jamik.

- le vélo de papa, de Raymond Poulidor », a lu le petit Titimeccano. C'était le seul élève qui jusqu'à présent semblait susciter un intérêt au contenu de ma brouette. J'ai croisé discrètement les doigts derrière mon dos, - façon sioux, pour que les élèves ne choisissent pas ce livre, j'aurais eu bonne mine.

« Hé bien Berni-Chou ! a fait la petite Anna d'un ton sarcastique, ça se voit que la responsable du rayon jeunesse de ta médiathèque préférée est en congés de maternité, Mouhaha ! »

Enfin, la perle rare fut trouvée sous l'amas de tous ces autres bijoux. C'est la petite Anne-So qui a mis la main dessus : « le loup en slip, tome 6 : Cache-Noisettes ».

À ces mots, la petite Domi a lancé un de ces cris qu'on entend seulement dans les westerns ou dans les forêts tyroliennes. Ici ça ressemblait à un mélange des deux.

« Yeeeeeeeouuuuuuuuaaaaaaaaaaahhhhh ! »

Elle a aussitôt grimpé sur le jukebox, après avoir donné un grand coup de pied sur cette fameuse touche qui a envoyé une gigue irlandaise. La petite Chrystèle s'est alors tournée vers le petit Pat pour lui demander vite sa clé de douze afin de parer à tout drame.

« Tiens ! A propos de cache-noisettes et autre cache-coucougnettes, où en es-tu Patounet dans tes travaux de tricots ? Tonton Émile a-t-il accueilli à bras ouverts son cadeau ?

- Ce ne fut pas une franche réussite, ma chère Hélène, a alors avoué le petit Pat tout penaud, le cache-coucougnettes de Tonton Émile lui allait comme un gant, - c'est le moins qu'on puisse dire, mais il a voulu le tester pour aller se baigner en plage de Berck. J'ai entendu dire, qu'en sortant du bain, il aurait été la risée de toute la plage. Depuis, entre nous il y a comme un froid.

- Un froid ? Mais faut vite lui en tricoter un autre, s'est écriée la petite Anna offusquée, c'est par ces endroits fragiles qu'on attrape des pneumonies. Proust d'ailleurs... »

Sandrine, la maîtresse d'école m'a alors fait un petit signe discret pour m'indiquer qu'il était temps que je démarre l'histoire.

Vous connaissez tous la particularité de ce loup devenu familier, je ne parle pas bien sûr de sa particularité vestimentaire, - quoique, non ce loup est réputé non seulement pour être gentil mais surtout d'avoir les chocottes quand on lui demande d'assumer un tant soit peu un rôle courageux pour percer une énigme, car énigme il y a ici, du moins anguille sous roche, ou pour citer quelques copines du coin : il y a baleine sous le gravillon.

C'est l'approche de Noël dans la forêt. C'est presque déjà la fête avant la fête. Tous les marchands se démènent pour vendre des noisettes dans une ambiance de flonflons. Il y a les noisettes de qualité que propose Papi Pic, 6 sous le kilo, plus petites et bien plus chères que celles vendues par les hard discounters du coin qui cassent les prix, 2 sous le kilo. Oui mais pour Papi Pic, ramasser les noisettes à l'automne représente du travail et il faut payer le juste prix. Deux sous ? Ou la la ! Ça cache des dessous pas très propres... Tout se passait bien pour notre loup en slip qui ne s'était pas forcément inquiété de cette situation jusqu'à présent... C'est d'ailleurs un peu comme la plupart des gens qui font leurs courses, non ?

C'est Madame La Chouette qui va lui mettre la puce à l'oreille. « Une chouette ? » a fait la petite Anne-So presque innocemment.

J'ai montré le dessin aux élèves et vraiment c'était le portrait craché de notre petite Anne-So, comme si ce personnage de la BD avait été dessinée en s'inspirant d'elle, elle apporte d'ailleurs beaucoup de conseils à ce cher loup en slip qui panique pour le moindre bruit dans un feuillage, il en faut de la pugnacité pour convaincre notre ami de se lancer sur la trace de cette forêt interdite où il se passe des choses bizarres...

J'ai posé alors une devinette : « savez-vous comment on différencie une chouette d'un hibou ? » J'ai vu les yeux de Sandrine la maîtresse d'école s'assombrir, craignant le pire.

- le hibou a une hélice dans le dos, a répondu d'un air sûr de lui le petit Titimeccano.

- Ce serait pas une histoire de coucougnettes , justement ? » a demandé naïvement le petit Pat en se grattant le front dégarni. Décidément, lui non plus ne faisait pas son âge.

- La chouette chuinte tandis que le hibou bouboule, ai-je alors répondu, levant vite le voile sur ce mystère angoissant.

Madame la Chouette apporte la sagesse qui manquait d'ailleurs un peu à cette classe de CE2.

C'est elle qui explique à notre loup en slip le principe des chocottes...

« Et vous ? Avez-vous parfois les chocottes ?

- Oui j'en ai plein ma besace, a fait la petite Dori en se pourléchant les babines.

- Oh l'autre, a fait la petite Francine levant les bras au ciel. Non mais tu confonds chocottes et chocos BN !

- Hihi ! Vous êtes décidément vraiment rigolos ! » a continué de dire la petite Djamila en applaudissant des deux mains comme si le spectacle de la classe était plus intéressant que la BD que je présentais. C'était vexant à la fin.

Mais qu'est-ce qui se cachait d'étrange dans cette forêt interdite ? Des noisetiers croisés avec des baobabs, paraît-il... Mais alors... Cela expliquerait-il cette différence de prix sur le marché de Noël de la forêt… ?

« Des noisetiers croisés avec des baobabs ? J'hallucine, a fait la petite Isa. C'est le mariage de la carpe et du fromage ! »

Dès le début, je pense avoir réussi à transmettre le sujet de cette BD et son message : susciter l'impact des pratiques de la surproduction, l'emploi des OGM (les noisetiers croisés avec des baobabs) et des conditions précaires de travail au détriment des salariés rémunérés à des salaires très bas et des petits commerçants comme Papi Pic. Bref, tout ce que les habitants de la forêt ne voient pas lorsqu'ils courent acheter leurs noisettes à deux balles.

De multiples questions sont venues spontanément. Sandrine la maîtresse d'école a alors expliqué que l'école déjà se préoccupait de ce souci dans la cantine scolaire qui favorisait l'approvisionnement auprès de petits producteurs locaux et dans une agriculture respectueuse de la nature et de l'humain.

Pourquoi couper des sapins en forêt pour faire des arbres de Noël alors qu'il existe désormais de beaux sapins tout en kit de carton ? Et sous le kit, c'est le bonheur !

« Sous le kit ou sous le kilt ? » a alors demandé innocemment la petite Hélène, faisant un petit clin d'oeil à toute l'assistance...

Est-ce qu'on ne pourrait pas plutôt faire fonctionner le jukebox avec une éolienne ? « Avec une hélice, par exemple ? » s'est alors exclamé plein d'enthousiasme le petit Titimeccano.

J'ai aimé cet opus 6 du Loup en slip qui nous invite avec tendresse et humour à porter un regard réellement engagé et respectueux sur notre monde.

Plus tard, la petite Gaëlle est sortie du rang, s'est dirigée vers moi tandis que je rangeais mes affaires. « Elle est chouette ton histoire, camarade. Ton histoire me touche, Papi Pic me rappelle le jardin potager que ma grand-mère cultivait il n'y a pas encore si longtemps. »...

C'est alors que Pirli a lancé façon Tino Rossi : C'est la belleuuuuuhhh nuit de Nowwwëëëël ! ♪♫

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