Il s'agit du catalogue de l'exposition qui s'est tenue en 2022-23 aux Abattoirs de Toulouse, centrée sur les oeuvres réalisées par Niki de Saint Phalle des années 1980 et 1990.
J'ai trouvé les textes un peu longs et "bruts", ils n'encouragent pas à entrer dans l'univers fantasque de l'artiste. En revanche, les illustrations rendent parfaitement hommage aux oeuvres de la plasticienne, que ce soit ses sculptures, ses écrits dessinés ou ses créations volumineuses (Jardin des Tarots essentiellement). J'ai parcouru ce beau livre en parallèle de ma lecture de Trencadis (https://www.babelio.com/livres/Deyns-Trencadis/1244603), que j'ai beaucoup apprécié et qui nous immerge parfaitement dans l'univers atypique de Niki de Saint Phalle !
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Une grande rencontre que ce récit mis par écrit au 3ème millénaire, très antérieur à l'Iliade, rencontre conseillée par Henri l’Oiseleur, qui pratique l’akkadien et que je remercie.
Le narrateur commence par la fin : l’éloge d’un héros « Surdoué de sagesse », « Retour de son lointain voyage, Exténué mais apaisé ». De là il développe la légende selon le fil du temps. Gilgames, roi d'Uruk, se conduit comme un « buffle arrogant », parade sur les murailles de la ville, fait trembler les gaillards et déflore leurs promises. Les gaillards se plaignent à Anu, chef des dieux, qui commande à Aruru-la-grande de créer un rival à Gilgames : « S’étant lavé les mains, Elle prit un lopin d’argile Et le déposa en la steppe : Et c’est là dans la steppe, Qu’elle forma Enkidu-le-preux […] Abondamment velu Par tout le corps » (p 69). Enkidu, l'homme sauvage, détruit les pièges du chasseur, l'émissaire de la civilisation. Le chasseur n’ose affronter le géant et, sur le conseil de son père, recrute en ville la courtisane Lajoyeuse. « En compagnie de sa harde, [Enkidu] s’abreuvait à l’aiguade, Et se régalait d’eau En compagnie des bêtes. Lajoyeuse le vit, cet être-humain sauvage, Ce redoutable gaillard D’en pleine steppe : Le voilà lui dit le chasseur. Dénude-toi, Lajoyeuse, Découvre-toi le sexe Pour qu’il y prenne ta volupté ! […] Une fois soûlé Du plaisir qu’elle lui avait donné, Il se disposa À rejoindre sa harde. Mais, à la vue d’Enkidu, Gazelles de s’enfuir, Et les bêtes sauvages De s’écarter de lui » (p 74-5). Alors Enkidu change de monde : « Il avait mûri : il était devenu intelligent ! Aussi revint-il s’asseoir Aux pieds de la courtisane. Les yeux rivés sur son visage, Il comprenait tout ce qu’elle lui disait. La courtisane S’adressa donc à lui, Enkidu : Tu es beau, Enkidu ! Tu ressembles à un dieu ! Pourquoi galoper en la steppe Avec les bêtes ? » (p 76). Dans ce mythe généreux, antérieur à la Bible, la tentatrice initie l’homme au plaisir, mais aussi au savoir. La courtisane civilise Enkidu, partage avec lui ses vêtements et l’emmène à Uruk.
Enkidu et Gilgames se rencontrent et se battent, mais aucun ne domine. Se reconnaissant égaux, ils deviennent inséparables. Ils font ensemble des voyages et des travaux fabuleux : abattre Humbaba le Gardien de la Forêt des Cèdres, tuer le Taureau-Céleste. Leur succès, leur complicité, leur insolence vis à vis d’Istar-la-princesse déplaît au conseil des dieux. Alors Enkidu agonise pendant douze jours. Se croyant trahi par les hommes, il maudit le chasseur, la courtisane Lajoyeuse et la porte colossale qu’il a offerte à la ville. Puis il revient sur la malédiction de Lajoyeuse et meurt. Gilgames le tient sur ses genoux « jusqu'à ce que les vers lui tombent du nez » et lui fait une longue déploration : « Pleurez-le, ours, hyènes, panthères, Tigres, cerfs et guépards, Lions, buffles, daims, bouquetins, Grosses et petites bêtes sauvages ! […] Pleurez le, ô gaillards d’Uruk-les-clos, Qui nous avez vu combattre Et tuer le Taureau-géant » (p 149). « Lorsque brilla Le point du jour, Gilgames fit publier Un appel dans tout le pays : Fondeurs de métaux ! Lapidaires ! Travailleurs du métal ! Orfèvres ! Joaillers ! Faites à mon ami sa statue ! » (p 152) « Lorsque brilla le point du jour, Gilgames ouvrit la porte du Palais, Produisit un grand plateau En bois d’elammaku, Remplit de miel une jatte rouge, Remplit de beurre une jatte bleu, Et le tout dûment apprêté, Le présenta à Samas » (le Dieu du soleil) (p 154).
Les funérailles achevées, Gilgames comprend que la finitude d'Enkidu, c’est la sienne. Il se révolte et part solitaire à la recherche de la vie-sans-fin, dans une nouvelle séquence d'aventures et de personnages héroïques : la Tavernière, les hommes-scorpions, le Nocher, enfin Utanapisti, l'homme qui a fait survivre l’humanité au déluge, ce désastre qui a épouvanté jusqu’aux dieux : « Prenant la fuite, Ils grimpèrent jusqu’au plus haut du ciel, Où, tels des chiens, ils demeuraient pelotonnés Et accroupis au sol. La Déesse criait Comme une parturiente » (p 191).
La vie-sans-fin lui est interdite et Gilgames se lamente : « Si l’on pouvait Fermer la porte à l’angoisse ! Si l’on pouvait l’obturer Au bitume, à l’asphalte ! Mais le Destin ne m’a pas laissé m’amuser : Il m’a déchiré, Malheureux que je suis ! ». Utanapisti le tance : « Pourquoi donc, Gilgames, Exagérer ton désespoir ? Toi que les dieux ont fait De substance divino-humaine, Qu’ils ont traité comme ton père et ta mère, Serais-tu, Gilgames, Comparable à un fou ? A un fou, l’on peut faire passer de la lie Pour du beurre. […] Penses-y, Gilgames » (p 179-80). Alors Gilgames retourne à Uruk : « Les Sept Sages en personne N’en ont-ils pas jeté les fondations ? ».
J’ai lu la version ninivite par les yeux de Bottero : « Une mise en français, suffisamment à jour, mais adressée premièrement aux autres, aux non-professionnels, auxquels les spécialistes farouches, enfermés dans leur impénétrable casemate, ne rendent pas souvent visite » (p 7). Sur la forme, Bottero prévient de l’amputation du « manuscrit » (c'est vrai, les cunéiformes sont manuscrits sur des tablettes), des difficultés de la transcription, de l’arbitraire de choix souvent nécessaires. Son style est rugueux dans le commentaire comme dans la traduction, ce qui convient à la puissance et à la franchise du mythe. En « lecteur ingénu », je vois dans ce temps et ce texte archaïques le temps et le texte des découvertes. L’homme y découvre la joie du corps, la peine de la mort, le respect des autres mortels, la sagesse et l’irrespect pour les dieux.
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Des anthologies de la poésie française, il en existe un sacré paquet, et elles se ressemblent toutes entre elles. Tiens, rien que dans la Pléiade, on en dénombre trois, sans compter celle-ci !
Alors, qu'est-ce qui différencie l'anthologie de la poésie française d'André Gide d'une autre ? Pas grand-chose, si ce n'est le nom de l'auteur.
On retrouve ici les grands poètes et poèmes de notre belle langue dans l'ordre chronologique, de Ruteboeuf à Raymond Radiguet. Date de publication -1944-oblige, ne nous attendons pas ici à voir des poètes datant d'après cette date.
Oui, ils sont tous là. Les grands noms, les plus petits. Certains ont étés bien servis, comme Victor Hugo, Verlaine ou Ronsard, qui occupent nettement plus de place que Casimir Delavigne, Charles Guérin ou Olivier de Magny -mais qui se souvient d'eux, en dehors des plus érudits, en même temps ?-.
Non, le choix des auteurs et des oeuvres sélectionnées est sans reproche. Todo esta aqui.
De toutes les anthologie, celle-ci se pose là, au sommet, parmi les références.
Mais la raison pour laquelle je n'ai pas mis la note maximale est purement subjective.
Je n'ai pas aimé l'introduction, longue de 50 pages. C'est trop long ! Certains passages, comme l'explication quant au pourquoi du comment certains poètes ne figurent pas ou peu dans l'anthologie. Le reste, ce ne fut à mes yeux que digression poussives sur ce qu'est la poésie selon André Gide...C'est un cas typique d'une introduction qui s'étale trop sur la longueur pour ne rien dire. Dommage, ça gâche la lecture avant même d'entrer dans le vif du sujet.
Quant au reste, il n'y a rien à jeter. Comme je l'ai écrit plus haut, cette anthologie se classe parmi les meilleures du genre, et constitue un très beau cadeau à (se) faire, si on prêt, comme toujours avec la Pléiade, à débourser un peu d'argent -entre trente et quarante euros- pour une magnifique édition de 850 pages environ, qui pour une fois n'est pas écrite en pattes de mouches ! -Le gros problème, à mes yeux, de la Pléiade, tient dans la police d'écriture minuscule utilisée.-
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Je n'aurais pas classé ce recueil dans l'éditions folio junior. Pas sûr que nombre de ces textes parlent à des juniors...
Il y a une centaine de "poèmes", la plupart en rimes, hélas pour moi pour qui les rimes brisent presque le sens des mots et des phrases. Mais pas tous.
Essentiellement des hommes. Sans blague, sans surprise...
J'ai quand même trouvé des extraits bien plaisants à mes yeux, à mes oreilles, ou à mon esprit. Ne parlons pas d'âme, n'exagérons pas. Supervielle, Soupault.
On sent, dans son introduction et ses courtes bios, que Georges Jean qui a assemblé ces poèmes en aime profondément chacun de ses auteurs.
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J'ai été particulièrement intéressée par ce livre quand il a été annoncé lors de la Masse Critique Non Fiction et j'ai été d'autant plus heureuse de découvrir quelques jours après la sélection que j'allais le recevoir. Je remercie donc infiniment la maison d'édition et Babelio pour l'envoi et leur confiance. Pour moi, c'est un honneur car étant moi-même descendante d'Antillais et de créole, c'est comme si cet ouvrage s'adressait directement à ma personne.
Comment ce collectif d'auteurs a-t-il réussi à résumer la situation des créoles des Antilles ? Une errance, un désintérêt des gens pour une autre culture qui n'est pas la leur. Une errance concernant leur peuple, où doivent-ils aller, seront-ils acceptés ?
Le rire. Ils usent du rire pour communiquer leur mal-être, pour expliquer ce qu'ils ressentent, pour faire entendre leur voix trop longtemps étouffée par ceux qui "dominaient", ceux qui avaient plus de pouvoir.
Chaque nouvelle aide à sensibiliser à sa manière, le lecteur peut être décontenancé mais il n'en reste pas moins que pour ma part j'en suis ressortie instruite, dans l'attente même de découvrir d'autres oeuvres du genre. Cet ouvrage s'adresse à tous, aux descendants d'esclaves, à ceux qui font partie des minorités mais aussi à ceux qui ont besoin ou envie d'être éveillés, d'être bousculés...
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Dans les années 80 ,suite à la fréquentation d’amis norvégiens je fus pris de passion pour les cultures nordiques . Et j’entrepris la lecture de ces célèbres textes (en plusieurs étapes ca ce volume de La Pléïade est pour le moins consistant) . J’ai été surpris par le ton très particulier de ces récits : c’est très prosaïque , peu d’envolées lyriques ou poétiques , peu d’épopée, l’art de la parole y compte autant que celui du combat. Cependant le sang y coule assez abondamment et les péripéties rudes ne manquent pas. Mais ce qui est vraiment passionnant c’est que ces sagas nous permettent d’approcher la manière de raisonner , l’organisation sociale de ces gens qui réussirent à survivre et créer une société dans un environnement implacable.
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[Prologue. L'une des caractéristiques de ce qu'on appelle les classiques, surtout anciens, c'est d'être accompagnés d'un appareil critique aussi surdimensionné qu'érudit. Je ferais bien de m'en tenir à un aphorisme que j'avais lu il y a plusieurs décennies et que je cite donc très approximativement, de mémoire : « La préface est ce qui est écrit après le texte, imprimé avant, et ne devrait être lu ni avant ni après ». Je tombe pourtant toujours dans le piège, je lis, me sens passablement ignare et cependant je me trouve en désaccord avec beaucoup... À bon entendeur, salut !]
Voici une satire misogyne qui date sans doute de la première moitié du XVe siècle, impossible à attribuer. Ce n'est pas un recueil de quinze nouvelles ; en effet, tout semble indiquer que les personnages principaux, le mari et la femme, sont uns, sinon identiques, des variantes d'eux-mêmes, ainsi qu'unique est leur identification sociologique : la maison est dotée de plusieurs domestiques, le mari n'a d'autre occupation que la gestion de son patrimoine et propriétés même éloignées de son domicile, il est un gentilhomme qui peut être appelé à guerroyer occasionnellement, il est caractérisé par la mansuétude et l'effacement ; la dame reçoit beaucoup, chez elle la « viande » (= nourriture) et le vin abondent, sauf pour le mari et ses invités, elle est passionnée de toilettes à la mode et de parures de joyaux à exhiber à l'église et aux nombreuses « festes », elle est souvent bien plus jeune et issue d'une famille de rang plus élevé que son mari, elle voyage beaucoup sous forme de pèlerinage – toute occasion étant bonne pour ces vacances en famille élargie... –, dans son langage Dieu, les serments et naturellement les parjures tiennent lieu de prise de souffle, et surtout elle n'a de trêve d'ourdir des machinations afin de consommer l'adultère. Présence obsessionnelle des amants.
Hormis dans les premiers chapitres, le récit n'est cependant pas construit selon une progression chronologique systématique. À ce sujet, je voudrais donc faire usage d'une métaphore musicale, et appeler ce recueil une « Suite de variations » sur un thème : la métaphore du mariage conçu comme une nasse, à l'intérieur de laquelle les hommes-poissons, après y avoir nagé autour, s'efforcent de se laissent emprisonner, et se persuadent, faute d'en pouvoir sortir, que leur situation est enviable, alors qu'ils vivront au moins certaines d' « ycelles joyes » dans cette captivité où ils « demourront tousjours et finirons miserablement leurs jours » : excipit de chaque chapitre.
La satire se base donc sur l'antiphrase, et ce à différents niveaux : par « joye » (l'intitulé de chaque chapitre), il faut comprendre « malheur » du mari, par apologie des femmes – auxquelles l'ouvrage est dédié – l'éloge de leur perfidie, et surtout, du point de vue stylistique-littéraire, je suppose que l'ouvrage tourne parfaitement en dérision le genre nommé Exemplum, qui avait une vocation moralisatrice : pourtant il ne s'agit pas que de contre-exemples ou de subversion de la morale du mariage, contrairement à ce que l'on a pu doctement suggérer, pas plus que le récit ne vise à l'exhaustivité par rapport au sujet traité : il s'agit juste de faire rire, avec intelligence. D'où la question de savoir s'il est ironique, ou parodique, ou satirique ou polémique paraît complètement oiseuse, car l'effet demeure : les siècles ne l'ont en rien diminué. J'en retiens au contraire, outre la jubilation, la certitude que les clichés misogynes sont bien demeurés inchangés, que les mêmes procédés stylistiques produisent les mêmes effets comiques, que les modes de vie (d'une certaine classe sociale) n'ont au fond pas tellement changé (sauf qu'en moyenne on travaillait moins et s'esbatoit plus !)...
La traduction en français moderne est à front du texte d'origine, par ailleurs presque toujours transparent. Ainsi, j'ai pu constater que les problèmes (ou les défauts) de la traduction franco-française sont identiques à ceux qu'on essaie d'éviter, à grand peine, depuis les autres langues : trop de mots, trop d'explications, un souci d'explicitation qui, en ôtant les aspérités et diluant ce qui était concis à l'extrême, mène à la platitude. On trouve aussi, inversement, des cas de surclassement du registre linguistique, ou de rajouts d'expressions proverbiales (modernes donc anachroniques). Dans tous les cas, le rythme change, la mélodie devient tube.
Les quatre cit. qui suivent ont ainsi été choisies autant pour leur goût intrinsèque que pour exemplifier ces problèmes traductologiques :
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http://www.franceculture.fr/emission-tout-un-monde-les-sagas-islandaises-legendaires-dans-notre-serie-les-textes-fondateurs-2012
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D'Ovide à Verlaine, en passant par Shakespeare, ce sont de merveilleux extraits d'amour que ce petit recueil nous offre! A mettre entre toutes les mains au cœur romantique!
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Comme on parle parfois de la "Saudade" du Portugal, ou du "Zapoi" russe, l'Errance et le Rire (qui prennent ici un sens précis) peuvent être vus comme caractéristiques du peuple créole. Issus de l'histoire de l'esclavage et de ce que ce dernier a laissé comme cicatrices pour toute une population, les écrivains d'aujourd'hui s'emparent de ces concepts pour mieux faire toucher au lecteur leur spécificité.
L'introduction très didactique de Ralf Ludwig pose simplement les bases nécessaires pour déambuler à travers un univers qui peut être déroutant pour qui n'a pas fréquenté la culture créole et antillaise, et laisse ensuite la place aux récits littéraires dans un premier temps, puis de l'aspect théoriques de ceux-ci. Si le plaisir est évidemment inégal d'une nouvelle à l'autre, on trouve dans ce recueil des textes vraiment passionnants, mettant clairement en valeur ces déambulations anarchiques, souvent empruntes d'interdit et de recherche de sexualité. J'ai particulièrement apprécié les récits Melissa Belarus, Louis Philippe Dalembert, Gael Octavia et Néhémy Pierre-Dahomey, mais l'ensemble forme un tout vraiment cohérent.
En ce qui concerne la partie plus théorique de l'ouvrage, elle est moins accessible et paradoxalement, ne m'a pas plus permis de comprendre mieux la culture créole que les textes de fiction poisseux, lumineux, étranges mais qui nous mettent en prise directe avec la réalité de ces cultures.
Merci aux Editions Gallimard et à Babelio pour cette découverte
Masse Critique Février 2022
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Un livre très intéressant. En général je ne suis pas friande des compilations d'extraits mais sur un sujet comme celui-ci le principe fonctionne très bien. Ce livre fait réfléchir. Il en dérangera beaucoup car il nous met face à nos faiblesses. Il en troublera d'autres qui voudront évoluer. Il cultivera ceux qui ont déjà franchi le cap du végétarisme. Certains extraits sont dur a supporter tant leur violence crue perturbe mais il faut avoir le courage de regarder la vérité en face. Et il est fascinant de voir à quel point le végétarisme est un sujet de toutes époques. Mention spéciale aux extraits de Tolstoï et Plutarque.
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Ma critique va être courte car, en ces temps de morosité, d'incertitude, de repli, de peur, qu'il est bon de rire! Et de rire de notre situation de petits humains à la merci d'un virus inédit. Avec les dessins de presse on a toujours cette impression d'être à la fois face à un miroir qui pointe et souligne les paradoxes de nos sociétés, et face à une parole universelle (le dessin) qui permet à chaque individu dans n'importe quel pays de ressentir exactement la même chose qu'un autre individu dans un autre pays.
Mais Babelio, il faut que je vous le redemande: quand pourra-t-on poster en citation des dessins de presse ou des cases de BD??? C'est tellement plus drôle avec l'image!
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L'intérêt majeur de ce livre consiste à faire découvrir divers auteurs de la première moitié du 20ème siecle par une trentaine de nouvelles. Le Japon dans son histoire a connu des périodes de repli insulaire, de fermeture au reste du monde. D'où une sphère de mystères et un art de vivre spécifique qui restent encore vrai à présent. L'objectif décrit dans la préface est précisément de nous faire découvrir cette culture et art de vivre. Or j'ai le sentiment que si on cachait le fait qu'il s'agit d'une compilation de quantité d'auteurs, on pourrait penser que ces trente nouvelles sont du même auteur tant la production est homogène, à une exception pour la dernière nouvelle : Tribu bêlante. De plus au regard des divers auteurs, on peut penser que cette anthologie donne une idée de l'ensemble de la production littéraire japonaise de cette période. Je n'aime pas faire de généralisation, mais puisque ce livre regroupe quantité d'auteurs, il est légitime de chercher des traits communs ou au contraire de percevoir la diversité. Or comme indiqué précédemment, il m'apparaît une homogénéité, un style descriptif commun à toutes ces nouvelles. L'histoire me semble être un second plan qui laisse la primauté aux descriptions. Qui a pu éprouver une infime parcelle de suspense ? Peut-on dire que la nouvelle se termine par une véritable fin ? Non, les auteurs auraient pu poursuivre dans la même veine sans difficulté. Si on s'interroge quel était l'objectif, quel enseignement, quelle révélation outre une intime émotion largement décrite ? Sans faire de provocation, on pourrait très bien changer de sujet au fond en conservant toutes les descriptions. C'est là un genre littéraire très spécifique japonais. Sauf à détonner, cette homogénéité provoque une relative lassitude, la soif de surprises étant insuffisamment étanchée.
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La lecture de ces sagas fut pour moi une véritable révélation. Pensez donc : comment un aussi petit peuple (numériquement parlant) de l'époque médiévale a-t-il pu produire autant de textes d'une si belle facture ?
Les islandais sont des gens de lettres et leur attrait pour la littérature s'ancre dans les temps les plus anciens. Ils ont conservé de leurs ancêtres le culte des personnalités fortes si bien retranscrites dans ces sagas.
Ces textes vous donnent à voir des épisodes de la vie quotidienne de l'Islande Médiévale autant que les faits des grands hommes de l'époque. On admirera les femmes fortes de ces histoires autant que les héros légendaires.
Comme toujours chez la Pléiade, l'ouvrage est abondamment commenté par l'un des meilleurs spécialistes de cette littérature : Régis Boyer.
Ce dernier nous livre dans cet ouvrage les plus beaux textes de saga.
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Un livre particulier puisqu’il s’agit des traductions des tablettes cunéiformes retraçant cette première épopée.
L’épopée de Gilgamesh (ou Gilgames) est la première épopée écrite et remonte au temps de la Mésopotamie. Transmises par de nombreuses tablettes d’argile, de culture et de peuple, nous la connaissons grâce à ses supports découverts dans divers sites archéologiques.
Jean Bottero, spécialiste de la Mésopotamie, nous propose donc ici des traductions des tablettes évoquant cette épopée. Plusieurs versions sont présentées, plus ou moins complètes, plus ou moins anciennes, issues de diverses populations.
L’introduction de cette épopée est vraiment très bien faite. Elle permettra au néophyte de comprendre la grande culture de la Mésopotamie ancienne ; l’auteur fait ici preuve d’un très bon travail de vulgarisation : pointu, mais tout en restant accessible. Il nous présente donc le contexte d’écriture de cette épopée, ces différentes versions avec ses variantes, ainsi que les thèmes aborder par ces histoires (la conception du monde mésopotamien n’est pas tout le même que le nôtre).
Pour ce qui est des textes (traductions) en eux-mêmes, difficile de m’exprimer. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas en face d’un texte littéraire classique puis que ce sont des traductions de tablettes d’argiles : certains vers sont manquants (ce qui ampute parfois le récit), des mots ne sont pas déchiffrables (car abimés et illisibles). Nous nous retrouvons devant des textes versifiés très lacunaires.
D’une certaine façon, ça se lit bien : les vers sont courts et ne présente pas trop de complexité. Ceci dit, si la lecture est assez rapide, elle n’en demeure pas moins très évasive et parfois compliquée dans la compréhension du « fond » du récit. En effet, malgré les très nombreuses annotations, il est parfois compliqué de saisir les subtilités de ce texte.
Mais que narre cette épopée ? Elle raconte les aventures de Gilgames, un roi d’essence divine (si l’on peut s’exprimer ainsi, les Mésopotamiens n’ont pas de terme pour désigner des demi-dieux, les héros), qui avec son ami Enkidu (un être sauvage) affronte plusieurs épreuves, avant de partir à la découverte de la-vie-sans-fin après le décès de son ami.
C’est très résumé, mais c’est les grandes trames de ce récit. On y trouve d’ailleurs la première allusion au Déluge.
Personnellement, j’ai apprécié la lecture de ce livre, car je me suis retrouvé au plus près des textes anciens et cela m’a permis de découvrir les bases mêmes de cette épopée. Mais je ne pense pas que cet ouvrage convienne pour quelqu’un qui souhaiterait un texte plus « littéraire ». Même moi, je pense maintenant me tourner vers un livre plus « romancer » afin de peut-être mieux saisir l’essence même de ce récit.
Il est donc difficile pour moi d’en dire plus. Le livre est vraiment très bien fait avec une très bonne introduction, de très nombreuses annotations et remarques. Ceci dit, ce n’est pas un « roman ».
Il ne convient donc pas à tous les publics.
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Régis Boyer est un spécialiste des pays nordiques et plus particulièrement de l'héritage viking! Littérature mal connue chez nous...Alors lecteurs de Stieg Larsson et consorts,si vous voulez encore mieux connaitre ces pays nordiques,lisez ces fabuleuses aventures islandaises!
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Cette anthologie en deux tomes, chacun contenant une trentaine de nouvelles, présente une grande variété d’auteurs et de styles. Le choix des oeuvres a été réalisé par une équipe de critiques et d’auteurs japonais de l’époque (fin des années 80). Si on y retrouve certains noms bien connus (Mishima, Tanizaki, Kawabata, Ôe, Sôseki…), la plupart des auteurs nous sont inconnus, car c’est la première fois qu’ils sont traduits, et à ma connaissance, les choses n’ont pas beaucoup avancé pour eux depuis les années 1990 !
Toutefois, cela s’explique aisément. L’éditeur nous assure sur la quatrième que les soixante nouvelles sélectionnées « embrassent la production littéraire japonaise depuis le début du siècle jusqu'à l’après-guerre » . Ce n’est pas tout à fait exact. La majorité de nouvelles se concentrent entre deux époques : la fin du 19e siècle (premier tome) et la période entre la fin de la guerre et les années 70. Elles nous décrivent logiquement un Japon, et une vie quotidienne, très différents de celui que nous connaissons : le pays est pauvre, la faim est une préoccupation quotidienne, les maladies nombreuses et l’activité économique chaotique. La délinquance n’est pas rare, et pour s’évader de ce quotidien plutôt glauque, de nombreux auteurs donnent à leurs récits une connotation onirique. Certains, marxistes convaincus, à défaut d’être convainquant, nous décrivent avec talent la vie quotidienne des masses laborieuses où les familles font savoir aux anciens qu’ils n’ont que trop vécu, et se les refilent en espérant les voir expirer au plus vite ! (« l’âge des méchancetés », Fumio Niwa, vol. II). Autour de la guerre, des récits prenant prétexte de la mort d’un animal sont aussi très éloignés de notre sensibilité actuelle.
Les nouvelles de cette anthologie sont de « vrais » nouvelles, le plus souvent de quelques dizaines de pages et non, comme le voudrait la mode actuelle, de quelques pages, voire une seule ! On y trouve un sens partagé de la description : paysages, situations, pensées, voyages, au détriment peut-être de l’action ou de la chute, qui n’est pas ici le but recherché (bien que ce soit le cas dans d’autres nouvelles japonaises de la même époque que j’ai lues par ailleurs).
Si les deux volumes sont interessants, les « pointures » sont surtout regroupées dans le premier). On rencontre ainsi dans ce dernier « l’incident de Sakaï », de Ogai Mori, qui relate un accrochage entre des marins français et la population du port de Sakai en 1868, provoquant un seppuku général devant des officiels français terrifiés par ces suicides rituels. On y rencontrera aussi la célèbre nouvelle « Le pied de Fumiko », de Tanizaki ; le très amusant journal d’un officiel japonais visitant le Paris de 1872 ( par Mitsuo Nakamura) et un très interessant texte de Mishima, « du fond des solitudes ».
Il arrive aussi que l’on rencontre une nouvelle qui décrive en détail un aspect typique de la vie japonaise, ce qui n’est pas toujours passionnant : ainsi, alors qu’une nouvelle explore (laborieusement) en profondeur l’univers du théâtre Kabuki (« on ne vit qu’une fois », Kiku Amino, vol. II) ; une autre (« note sur ceux qui prirent la mer à la recherche de la terre pure » - Yasushi Inoue, vol.I) parvient à traiter sur un mode humoristique les errements des supérieurs d’un temple contraint d’embarquer, la vieillesse venue, pour un voyage sans retour.
Evidemment, chaque lecteur trouvera dans ce foisonnement matière à admirer, rêver ou même s’ennuyer, mais l’ensemble mérite largement d’être lu. Parmi les nouvelles présentées, au delà de celles, magnifiques, de Mishima, Kawabata et Tanizaki, je retiendrai les noms de Aya Koda (le kimono noir, vol. II) et Yoshiki Hamaya (la lettre dans un baril de ciment, vol II).
Cette anthologie ayant tout de même trente ans, depuis une nouvelle génération d’auteurs, véritablement contemporains et sans doute davantage traduits, occupent le devant de la scène (et les emplois du temps des traducteurs, qui sont moins nombreux que les soldats !). Chaque nouvelle est suivie d’une courte notice présentant l’auteur, ses oeuvres principales et celles disponibles en français. C’est l’occasion, au hasard de ces notices bibliographique, de voir combien d’oeuvres japonaises reconnues n’ont jamais été traduites.
Les traducteurs, au travail si difficile ici (ils ont été épaulés par une équipe japonaise de spécialiste de littérature française), sont nombreux. Parmi ceux qui ce sont occupés de plusieurs nouvelles, citons Marc Mécréant, Jean Jacques Tschudin, Anne Sakai et Jean Cholley. Tous ont réalisé un excellent travail, sur des textes difficiles, confinant parfois au surréalisme, et donc particulièrement difficiles à transcrire (mention spéciale à Anne Sakai pour « ces journées telles qu’en rêve » de Toshio Shimao, qui n’a pas dû être simple à transcrire !)
Ajoutons pour terminer que ces deux épais volumes de 600 pages respirent la qualité et, malgré une couverture dont la qualité se dégrade visiblement entre le volume I et II (on passe, d’une solide couverture plastifiée en 1986 à un carton brut trois ans plus tard - il n’y a pas de petites économies), qu’ils supporteront de nombreuses lectures, relectures et consultations pour une plongée en eaux profondes dans les origines du japon moderne.
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