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Critiques de Éditions Gallimard (123)
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Douze millions de romans possibles

Un collectif hétéroclite composé de 14 écrivains, photographes et artistes expriment leur façon de percevoir la ville et d'en tracer les lignes (récits, poèmes, photographies, dessins au trait ...) dans Douze millions de romans possibles ( pourquoi 12 millions ? Parce qu'il y a plus de 12 millions de personnes qui vivent dans l'attraction urbaine de la métropole de Paris. )

Alain Bujak, photographe nous montre ainsi Paris en remontant la Seine à bord d'une barge, Aldo Suares (connu pour ses portraits de personnalités dans Libération) réalise ici des portraits de chiens urbain, Fabienne Yvert compose des poèmes, fragments de conversations, images fugivitives et notations furtives, l'auteur de BD Adrien Villesange a croqué sur le vif les habitants de la métropole ....chacun offre un regard singulier, sensible et partiel de la ville.
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Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de C..

Quand une exposition démontre, si besoin était, que les œuvres d'art dialoguent entre elles.



Le Musée du Louvre déroule le tapis rouge à son homologue Napolitain, il museo di Capodimonte, l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe.

Ce dernier qui doit fermer pour travaux, à accepté de prêter pas moins de 60 de ses plus grands chefs-d’œuvre qui prennent place sur les cimaises du Louvre

Et l'on assiste dans la Grande Gallerie, Salon carré et salle Rosa , la salle de la Chapelle et salle de l'horloge à un dialogue puissant et fécond entre les œuvres,

les tableaux semblent correspondre, créant un écho pictural, fait de regards croisés et complices.

Car la particularité de cette exposition est que ce n'est pas une exposition "à part", comme c'est souvent le cas, mais bien une intégration complète au sein des collections du musée français.

Et quoi de plus époustouflant, voire émouvant, que d'être spectateur de cette communication invisible entre  :

La Flagellation de Caravage, La crucifixion de Masaccio, la Danae du Titien, l'Atalante et Hippomène de Guido Reni, La Transfiguration de Giovanni Bellini,

Les trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antéa, et la mystérieuse Lucrece ou Judith décapitant Holopherne d'Artemisia Gentileschi qui trône face au tableau de son père Orazio avec leurs homologues de la collection de peintures italiennes du Louvre....



Pour s'y retrouver au milieu de tant de chefs-d’œuvre, le visiteur est invité à une sorte de jeu de piste, à la recherches des cartels rouges.

Rouge comme la passion, qui sied à cette ville volcanique, capitale trimillénaire pompéienne et baroque ; 

Rouge comme le carton donné au football dans cette ville où ce sport est élevé au rang de religion ;

Rouge comme le o'curniciello (la corne Napolitaine) , qui symbolise la victoire sur les ennemis et le sang, le symbole de la vie elle-même ;

Rouge comme le sang car certains tableaux regorge de violence.



Le catalogue de l'exposition est de toute beauté, à l'image de l'exposition. Toutes les œuvres exposées y sont reprises. S'ajoute à cela des textes magnifiques d'Erri de Luca qui raconte entre autre sa découverte, de la crucifixion de Masaccio...

L'histoire du musée entre forêt et volcan par son directeur actuel, l'origine et l'histoire des collections du XVe siècles, comment l'art et le pouvoir se mêlés au sein notamment de la famille Farnese (dont deux tableaux de Raphaël sont également exposés .

Autres sujets du livre le regard actuel sur les porcelaines de la Naples des Bourbons, le temps de Caroline Bonaparte et le rêve de Joachim Murat, Naples capitale européenne de la musique au XVIIIe siècle, des réflexions sur la collection des peintures italiennes du Louvre.

Et la conclusion revient à Dominique Fernandez grand amoureux de Naples devant l'éternel dans un texte magnifique, dont lui seul a le secret : "comment on devient Napolitain", tout un programme.

Et enfin comme tout catalogue d'exposition, on y retrouvera une notice des œuvres exposées.



Bref un livre à s'offrir ou à offrir et pour reprendre la tradition du o'curniciello qui doit être reçu en cadeau et au moment du cadeau, le destinataire est invité à ouvrir la paume et piquer le centre avec le bout de la corne.

De plus, la personne qui a reçu le cadeau doit réciter la célèbre phrase de Totò (acteur, poète napolitain) :

"Ce que tu veux pour moi, je te le souhaite deux fois plus"

Et en refermant ce musée de papier on ne peut souhaiter que 2 fois plus ce genre d'exposition....
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Comme en 40...

Pourquoi l'année 40 est une année si importante dans l'histoire de France ? C'est à cette question que répond l'exposition qui se tient au musée de l'Armée du 16 septembre 2020 au 10 janvier 2021 en retraçant l''atmosphère de 1940.

Le catalogue, quant à lui, se concentre sur cette année cruciale en la plaçant à hauteur d'hommes. Il décrypte les grands événements qui ont eu lieu en 1940 ( signature de l'armistice, débuts de l'occupation, création de l'état français par le maréchal Pétain, émergence du général De Gaulle sur la scène politique ...) et leurs conséquences sur les français.

Comment vivait-on en France en 1940 selon qu'on soit prisonnier de guerre, internés, réfugiés, habitant en zone libre, occupée, annexée, dans les territoires de l'Empire ou à Londres ?

Cet ouvrage répond aussi à cette question à travers des textes de spécialistes et une multitude de documents (tracts, lettres, paroles de chanson, carte de l'expansion allemande, tickets de rationnement ...).



Ce que nous avons aimé particulièrement ?

Les sections "Parcours" qui laissent toute la place à l'illustration et rend le quotidien particulièrement concret avec par exemple les masques à gaz existant pour protéger les civils, la variété des uniformes de l'armée ou des documents liés à la vie dans les camps.Le chapitre consacré à la mise en place du système répressif allemand est particulièrement glaçant !

Un ouvrage riche et complet pour comprendre les enjeux politiques, militaires, diplomatiques, économiques, sociaux et culturels de l'année 1940
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Châtelaine de Vergy

A l'instar de Tristant et yseult ou de Roméo et Juliette, La châtelaine de Vergy et son chevalier connaissent un amour à l'issu tragique.

L'amour courtois impose un certain nombre de codes à respecter, parmi lesquels le secret: personne ne doit connaître la passion que se vouent les amoureux car "il en résulte un tel malheur que leur amour nécessairement sombre dans le désespoir".

Aussi, lorsque la duchesse de Bourgogne apprend que le chevalier dont elle est tombée amoureuse aime la nièce de son époux (elle a percé leur secret à force de perfidie), elle s'arrange pour faire savoir à la jeune châtelaine qu'elle est au courant.

A l'époque, les gens avaient une faculté inouïe pour littéralement mourir de désespoir aussi la jeune femme pousse -t-elle son dernier soupir en se lamentant sur son sort, brusquement.

Le chevalier, découvrant le corps sans vie de son aimée, se transperce le cœur avec une épée.

Le duc, comprenant que c'est sa femme qui est à l'origine de tout cela, prend l'épée et va la tuer en plein bal.

N'est-ce pas tragique comme situation?

Je ne peux, par ailleurs, m'empêcher de souligner la violence d'une telle histoire: la châtelaine meurt de désespoir sur un lit, mais une petite fille se trouve dans la pièce et assiste à la scène. Elle est toujours là lorsque le chevalier se transperce le cœur avec l'épée; enfin, le duc assassine sa femme en pleine cérémonie devant donc un grand nombre de personnes!

Ce livre est un formidable témoignage de ce qu'était la littérature courtoise Au Moyen Age, une littérature riche et si particulière!

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L'Épopée de Gilgameš : Le grand homme qui ne v..

La plus vieille épopée écrite du monde retrouvée a ce jour, (en irak).



Surement vers -2000 avant JC



Un demi-dieu, qui trouve un équivalent, ensemble ils affrontent des dangers



Dans certaine versions le texte finit par une quete de l'immortalitée



Un profond respect pour nos ancetres je met 5 étoiles
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Lacan, l'exposition. Quand l'art rencontre ..

Encore un très beau catalogue publié par les éditions du Centre Pompidou-Metz en complément de la passionnante exposition consacrée à Jacques Lacan et aux liens entre l'art et la psychanalyse !

En plus d'un contenu riche organisé sous forme de dictionnaire ce qui permet de mieux comprendre les concepts lacaniens illustrés dans l'exposition, l'objet-livre est très beau lui aussi avec une couverture audacieuse et réussie.
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Basquiat x Warhol, à quatre mains

La Fondation Vuitton, bâtiment extraordinaire situé en plein Bois de Boulogne, propose une nouvelle exposition examinant les collaborations de deux génies artistiques – Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, avec 80 de leurs peintures exposées dans neuf galeries du lieu, la plus important présentation de leur œuvres collaboratives jamais montée.



Après l'exposition "Jean-Michel Basquiat" en 2018, la Fondation poursuit son exploration de l'œuvre de l'artiste, révélant cette fois sa collaboration avec Andy Warhol. De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) réalisent environ 160 toiles ensemble, « à quatre mains », dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives.



Ensemble , à travers de nombreux documents, photographies et objets, une sélection de quatre-vingt toiles du duo se déploie sur les quatre étages du bâtiment. Des œuvres, il faut le dire, étourdissantes dès les premières salles.Dans cet ouvrage qui accompagne l'exposition « Basquiat × Warhol, à quatre mains » présentée à Paris, sont regroupées plus de cent toiles signées conjointement par les deux artistes ainsi que des oeuvres individuelles, et des travaux d'autres personnalités tels Michael Halsband, Keith Haring, Kenny Scharf..., afin de restituer la scène artistique du downtown new-yorkais des années 1980.



« Basquiat × Warhol, à quatre mains », l’exposition la plus importante jamais consacrée à cette œuvre singulière, regroupe plus de trois cents œuvres et documents dont quatre-vingts toiles signées conjointement .



Les preuves d'un dialogue artistique et fécond où les deux hommes se reconnaissent aussi à travers leurs différences. La collaboration à quatre mains sera aussi breve, deux ans, qu'intense. Les formats monumentaux débordent le visiteur par son coté immersif. Avec Basquiat, qui intervient souvent en second, les motifs de Warhol sont plus militants, plus politique, plus cosmopolite aussi.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un voyage érotique: Invitations à l'amour dans ..

Hum, dé-li-cieux.

Voila une douceur qui n’a rien à envier à un sucre d’orge.

Le prix léger a fait du gringue à mon porte monnaie et je me suis laissée tenter.

Je ne regrette pas. L’un des rares défaut de ce recueil d’oeuvre c’est qu’il est trop maigre.

D’un autre coté pour deux euros je ne vais pas réclamer une anthologie de l'érotisme.



Plus sérieusement on y trouve des textes qui ont traversé l'histoire, devenus cultes par leur sensualité et leur propension à mettre le feu...

Mini échantillon pour un maxi plaisir.



Voici le sommaire, les auteurs et mes notations :



L’ANTIQUITÉ OU L’INVITATION AU PLAISIR

Avec des textes de Catulle, Properce, Ovide, Lucrece et Petrone.

Catulle ne me convainc pas. Je crois qu’un seul poème ce n’est pas assez pour juger de ses talents. Le plan à trois pris sur le fait, des élégies de Properce, ne me tente pas. Je reste sur ma faim.

L’Art d’aimer d’Ovide me séduit plus avec des leçons qui me parlent même si je ne suis pas toujours d’accord.



«C’est à l’homme de commencer, à l’homme de dire les mots qui prient, à elle de bien accueillir les prières d’amour. »



La palme revient au Satyricon. Ce pot pourri, oeuvre de Petrone (vraiment ?) me met en joie.



« Apres ces paroles, je relevai ma tunique, et me montrai à Eumolpe tout entier. Lui, d’abord, eut peur, puis pour se persuader tout à fait, il se met à manier des deux mains le présent que m’ont fait les dieux. »



Pour conclure, l’antiquité et le sexe mélange de dieux et de sensualité ne m’a convaincu qu’à moitié.



ENTRE RENAISSANCE ITALIENNE ET LIBERTINAGE AMOUREUX

Avec les textes de Boccace et Casanova

J’ai rit au dépens d’un mari cocu avec le Décameron de Bocacce. Casanova avec une énième conquête me met en appétit.

« L'appétit, dit on, vient en mangeant. Son ardeur me fit devenir amoureux »



EROTOLOGIE ARABE OU MANUEL DES PLAISIRS

Les milles et unes nuits, Mouhammad Al-Nafzawi et Ali Al-Baghdadi.

Shahrazad dans les milles et unes nuit me fait découvrir milles appellations différentes concernant l’objet du plaisir.

Dans la prairie parfumée, un Al-Nafzawi très méthodique donne une leçon des plus intéressantes.

Concernant ali-Baghdadi (celui du 14eme siècle pas l’actuel), ses textes gagnent à être connu et recelle des pépites de l'érotisme oriental.



LES GRANDS TEXTES EROTIQUES ASIATIQUES.LE SEXE SACRALISÉ

Des textes de Vatsyayana (kama Sutra), Le livre de Centhini, Jing Ping Mei (fleur en fiole d’or), Ihara Saikaku.

Apres un bref survol de la bible du sexe lue et relue, je découvre une oeuvre méconnue de la littérature javanaise, le livre de Centhini. Adapté par une ecrivaine française ; Elisabeth D.

Impertinent et amusant.

Au sujet de Jing Ping Mei, son texte est plus poétique qu’érotique.

Enfin Saikaku dans « Vie d’une amie de la volupté » nous parle d’une femme en manque de sexe.



LE SEXE COMME TRANSGRESSION ET LIBERATION

Oscar Wilde (Teleny), D. H. Lawrence (l’amant de lady Chatterley)

Des grands classiques que je connais déjà. Je me suis régalée de relire ces passages sulfureux. Je vous conseille tout particulièrement le controversé Teleny d’Oscar Wilde. C’est pas pour rien qu’il fait parti du top 5 de mes livres préférés.



Pour conclure, c’est moins érotique moins irrévérencieux que ce que je croyais. Je dirais que ce mini guide de voyage au pays du désir amoureux c’est un peu ce qui met le pied à l'étrier d’un amateur dans le domaine de la littérature érotique.

C’est comme un amuse bouche qui vous prépare au plat de résistance.

Ca marche : j’ai déjà commandé le Satyricon.
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Un voyage érotique: Invitations à l'amour dans ..

Après la rencontre, la déclaration, le baiser et la mort, l’érotisme était l’un des passages obligés et pourtant encore manquant des anthologies amoureuses de Folio 2€. Le petit volume Le voyage amoureux a dû rencontrer un certain succès, puisque la formule est à nouveau renouvelée ici avec cette « invitation à l’amour dans la littérature du monde entier » : le lecteur passe de l’Antiquité latine à la Renaissance italienne et au libertinage français, à l’érotologie arabe, puis asiatique, avant de revenir dans nos contrées, en Angleterre. Le choix des textes semble refléter une volonté de faire découvrir quelques œuvres moins connues, puisque les sections latines, arabes et asiatiques surtout sont les plus remplies ; l’Italie, la France et l’Angleterre ne forment qu’une étape de quatre textes contre douze pour les autres. Bien que j’aurais apprécié une plus grande présence française (pourquoi pas un extrait de roman libertin plutôt que des Mémoires de Casanova par exemple ?), j’ai été plus ou moins agréablement surprises par ces témoignages d’autres cultures.



La section latine, invitant au plaisir d’après son sous-titre, est assez représentative des divers textes présents dans l’ensemble de l’anthologie : Catulle ouvre le voyage avec de beaux baisers poétiques, suivi par l’humour de Properce, tandis qu’Ovide et son incontournable Art d’aimer donne divers conseils. Lucrèce, quant à lui, apporte un peu de science au milieu de tout cet amour. Enfin, Pétrone introduit le motif du voyage et des péripéties aventureuses, qu’on retrouve chez Casanova. Si les Elégies de Properce ne m’ont guère amusée, l’une des aventures du Decameron de Boccace y a réussi : je connaissais déjà le récit et son dénouement, mais j’ai eu plaisir à le relire. En revanche, j’ai été beaucoup moins sensible à l’érotologie arabe et à la sacralisation asiatique du sexe. Les textes plus prescriptifs m’ont rapidement ennuyée, tandis que la plupart des autres m’ont déroutée par leurs métaphores plus ou moins imagées. Le retour en Europe fut donc le bienvenu pour terminer ce voyage sur une note transgressive avec L’amant de lady Chatterley et, surtout, un texte de Wilde dont j’ignorais l’existence, Teleny. Ce dernier fut ma plus belle découverte dans cette anthologie : Wilde décrit superbement (et très explicitement ; âmes prudes s’abstenir, autrement dit) les amours homosexuelles de Teleny et du narrateur.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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Jawlensky : La promesse du visage

Alexej von Jawlensky (1864-1941)



Au milieu de ces peintres russes exilés : Jawlensky



A part les grands peintres russes classiques dont l'oeuvre fut fortement empreinte de réalisme dans le fond : Répine, Kramskoï, Lévitan et autre Serov.. qui ont laissé plutôt des témoignages parfois glaçants de la Russie impériale, je me suis toujours demandé quelle fut la plus-value qui a suivi à tout ça lors du plongeon dans l'ère moderne ou plutôt je n'ai pas vu grand chose qui m'ait marqué à ce point d'en faire une chronique, mais si on voit la question autrement et qu'on mette sur le même plateau tous les exilés russes pour des raisons diverses et variées : Kandinsky, Chagall, Jawlensky, Soutine, De Staël, la parenthèse Malévitch.. ces grosses pointures individuelles qui se sont imposées comme des marqueurs de l'évolution de la création artistique moderne, il est évident que je suis obligé d'avoir une autre réflexion. A part Soutine et De Staël, je n'ai pas chroniqué sur eux ici, il me tarde en tout cas de dire quelque chose de Jawlensky qui s'impose à moi comme un peintre majeur. Je l'ai vu exposé dans des expositions récentes à la faveur de l'expressionnisme-fauvisme, et à chaque fois j'ai flashé sur lui. Et puis à chaque fois de le voir associé au nom de Kandinsky pour en parler a le chic pour me fatiguer au plus haut point ! Bien sûr qu'ils furent associés, dans la vie déjà, bien sûr que Jawlensky doit bien quelque chose à Kandinsky, mais depuis le temps, il est pertinent aujourd'hui de le voir s'assumer seul. Et Gallimard a eu l'heureuse idée de publier en juin 2021, en pleine covid, la bonne blague, un magnifique beau livre, le catalogue des expos consacrant l'artiste qui se sont déroulées successivement sous l'égide de la fondation Mapfre à Roubaix, Marseille et Madrid.



A voir sa production, le peintre s'impose à mes yeux comme un acteur majeur de l'épopée expressionniste-fauviste dans les années début de siècle 1900. A force de s'essayer des centaines de fois sur des portraits par la couleur qui sort du tube, orgie de couleurs appelait ça Edgar Degas, il arrive fatalement quand on a le talent de Jawlensky qu'on se heurte génialement à titiller la pépite, l'unique joyau qui va faire de vous quelqu'un qui joue dans la cour des grands qui ont marqué l'époque moderne. le résultat a quelque chose d'exceptionnel !



Je suis partagé sur son idée d'évolution vers l'art abstrait comme l'a fait Kandinsky, n'est-ce-pas le premier d'ailleurs qui a rompu avec le figuratif pour donner dans un genre que j'aime moins pour rester euphémique et poli. Quelle est la réflexion de Jawlensky à ce propos ?



Années grande guerre et post-guerre où il doit fuir l'Alemagne avec toute sa famille pour aller à Léman : il dit ceci : "Il fallait que je peigne, non pas ce que je voyais mais uniquement ce que je ressentais vivre en moi, dans mon âme" Et quand on examine factuellement ce qu'il dit, on voit qu'il y a incontestablement un décrochage eu égard au figuratif, mais celui-ci n'est pas éteint : son âme comme il dit souvent le rattache encore à quelque chemin, quelqu'ombre d'arbre qui vont finir par devenir des tâches colorées, assemblées sans horizon, en petits formats plutôt .. Même schéma de pensée pour les portraits : les grands yeux ouverts d'avant se ferment et deviennent une ligne, en dessous un nez en lignes croisées en forme de L, et une bouche fermée en une ligne qui ferme le tout en une espèce de géométrie faciale porteuse du masque funeste .. et pour peu que les yeux s'ouvrent, ils deviennent effrayés !.. Représentations, états d'âme, ça chemine un temps, et on va y voir la tête du Christ dans les années précédant la seconde guerre mondiale. Apocalypse, résurrection ?.. La maladie le paralyse .. et c'est sa mort qui survient en 1941 tout en ayant gardé sa lucidité.



Pour ajouter à ma démonstration, la cote de ces monstres russes du pinceau exilés que sont Kandinsky, Jawlensky, Soutine, Chagall, de Staël a sur les 12 dernières années dépassé les 10 m§ avec des pics pour certains a + de 40 m§. Bon, il me reste maintenant à chroniquer sur Kandinsky et Chagall. Merci de votre attention chers amis.
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Bonne année ! 10 réveillons littéraires

Recueil d'extraits.



Je n'ai jamais particulièrement apprécié la soirée du 31 décembre. Pour moi, ce ne sont que douze coups qui sonnent une fin et un recommencement où rien ne change. Les extraits de cet ouvrage me donnent plutôt raison tant que les réveillons présentés sont tristes et désabusés. Comme le dit Simenon, « Encore une terrible année de finie et une terrible année qui commence. » (p. 56). Mais il y a toujours ce bon Zola pour me remonter le moral avec de jolis vœux. « Il faut que pendant vingt ans encore je puisse vous dire comme aujourd'hui bonne année ! bonne année ! mes trois enfants chéris, et aimez-moi bien, et aimons-nous bien, et tâchons que ce grand amour nous console de toutes les misères de l'existence. » (p. 92)



J'apprécie ce genre de petit recueil, car il offre des mises en bouche de grands textes littéraires, romans ou correspondances. Une fois encore, je me suis répété que je dois lire Aurélien de Louis Aragon ! Le dernier extrait est une lettre de vœux de Louis-Ferdinand Céline à M. Gallimard... et elle est des plus savoureuses et décomplexées !
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L'Épopée de Gilgameš : Le grand homme qui ne v..

Par ce texte partiel et multiple dans ses versions, près de trente cinq siècles nous contemplent. Ecrite en sumérien et surtout en akkadien, l'épopée nous présente les aventures de Gilgames et d'Enkidu , entre récits mythiques et questions philosophiques ; toutes les principales questions que peut se poser l'être humain sont présentes : la quête d'identité et d'immortalité, la force de l'amitié, le rapport nature / civilisation, la transmission.

Nous sommes accompagnés dans cette lecture par une introduction brillantes et des notes précises de Jean Bottero.

Un indispensable de la littérature qui nous permet de relativiser beaucoup de choses et aborder avec sérénité la création littéraire actuelle...
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Sagas islandaises

Une saga est un récit en prose caractéristique des littératures scandinaves du XII au XIVème siècle. Méconnu en France, ce genre regroupe une multitude d’oeuvres narratives qui, resituées dans leur contexte géographique et historique, étaient en avance de plusieurs siècles sur leur temps. D’ailleurs elles passionnent une poignée d’érudits rivalisant d’hypothèses quant à leur genèse et leur contenu.

Régis BOYER est de ces derniers. Professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves à la Sorbonne de 1970 à 2001, il a réuni quinze de ces sagas dans la prestigieuse collection de La Pléiade en 1987. Il s’agit plus précisément de " sagas islandaises ", c’est-à-dire de sagas se déroulant au moment de la découverte et de la colonisation de l’Islande, soit du Xème siècle au début du XIème siècle. Comme d’habitude dans la Bibliothèque de La Pléiade, ce recueil est agrémenté d’un important appareil critique qui aide le lecteur à appréhender toutes les dimensions de ces oeuvres.

Saga d’Egill, fils de Grímr le Chauve (Egils Saga Skallagrímssonar)

La Saga d’Egill, fils de Grímr le Chauve a probablement été écrite par Snorri Sturluson vers 1230. Politicien, historien et poète islandais, l’oeuvre importante de Snorri Sturluson est aujourd’hui la principale source de connaissance de la mythologie nordique. Il est par ailleurs un descendant d’Egill auquel est consacrée cette saga. Egill a dû naître vers 910 et s’est très vite illustré comme viking ; il montre également de grandes dispositions pour la poésie, ce qui en fait l’un des héros favoris des islandais encore aujourd’hui. Dans le présent récit, il semble également doué pour la magie.

Saga de Snorri le Godi (Eyrbyggja Saga)

La Saga de Snorri le Godi est consacrée aux colonisateurs du Thórsnes, d’Eyrr et de l’Álptafjördr, trois lieux importants du district de l’ouest islandais. Le personnage de Snorri le Godi y sert de lien entre plusieurs familles implantées dans la région.

Sagas du Vínland

Suivent ensuite trois sagas dîtes du Vínland, pays qui fait encore aujourd’hui l’objet de conjectures de la part des chercheurs. La saga d’Eiríkr le Rouge (Eiríks Saga rauda), la Saga des Groenlandais (Groenlendinga Saga) et le Dit des Groenlandais (Groenlendiga Tháttr) content la découverte (en 985) et la colonisation du Groenland par les islandais, puis la découverte d’autres terres parmi lesquelles le Vínland (vers l’an 1000). D’aucuns estiment que ce pays pourrait être Terre-Neuve, ce qui reviendrait à dire, si cela était prouvé, que la découverte de l’Amérique du Nord serait le fait des vikings et non de Christophe Colomb près de 500 ans plus tard…

Saga des gens du Val-au-Saumon (Laxdoela Saga)

La Saga des gens du Val-au-Saumon est un autre récit consacré à la colonisation de l’ouest islandais. Mais cette fois-ci le texte fait la part belle à la fiction en se concentrant sur les femmes, notamment sur Gudrún dont les amours malheureux font de cette saga une véritable tragédie. On lui attribue notamment un propos devenu proverbial en Islande : « J’ai été la plus mauvaise pour celui que j’aimais le plus ».

Saga de Gísli Súrsson (Gísla Saga Súrssonar)

Probablement le texte le plus moderne du recueil de par son ton, son rythme et ses thèmes, la Saga de Gísli Súrsson est consacrée à un personnage contraint de fuir la vengeance de ses ennemis, tout en ayant conscience que la fin est inéluctable, ne serait-ce que parce qu’il fait des rêves prémonitoires.

Saga des frères jurés (Fóstbroedra Saga)

La Saga des frères jurés conte les destins entremêlés de Thorgeirr et Thormódr dont l’amitié a été scellée dès leur prime jeunesse par le biais d’un rite païen.

Saga de Hávardr de l’Isafjördr (Hávardar Saga Isfirdings)

La Saga de Hávardr de l’Isafjördr est consacrée à un vieil homme qui, poussé par sa femme, retrouve une seconde jeunesse lorsqu’il s’agit de venger l’assassinat de son fils.

Saga de Grettir (Grettis Saga Asmundarsonar)

La Saga de Grettir est consacrée pour sa part à la vie d’un homme si fier et arrogant qu’il finit par être proscrit ; en Islande cela équivaut à une condamnation à mort. Or Grettir, grâce à sa force, vit près de vingt ans dans cette condition, seule la magie venant finalement à bout du personnage devenu alors légendaire pour les islandais.

Saga des chefs du Val-au-Lac (Vatnsdoela Saga)

La Saga des chefs du Val-au-Lac est consacrée à la colonisation d’un district du nord islandais, le Vatnsdalr, par une lignée de chefs remarquables. Le récit comporte également de nombreux éléments propres au surnaturel.

Saga de Glúmr le Meurtrier (Viga-Glúms Saga)

La Saga de Glúmr le Meurtrier conte la vie d’un homme dont les forces de caractère et physique vont le conduire à la tête de son district du nord de l’Islande. Mais ce sont également ces mêmes qualités qui vont le transformer en tyran, puis à sa chute.

Saga des gens du Svarfadardalr (Svarfdaela Saga)

La Saga des gens du Svarfadardalr est consacrée à la colonisation d’un district du nord islandais. Son côté décousu fait de ce texte une succession de scénettes dont la compilation n’est restée qu’à l’état d’ébauche. Mais comme le signale Régis BOYER, il n’est pas sans charme et a au moins le mérite de faire ressortir la qualité des autres oeuvres du recueil.

Saga de Hrafnkell Godi-de-Freyr (Hrafnkels Saga Freysgoda)

La Saga de Hrafnkell Godi-de-Freyr conte la vie d’un héros dont le sens de l’honneur le conduit à sa chute. Mais grâce à sa patience il se relève envers et contre tous. A noter que cette saga se déroule dans l’est islandais, région qui a laissé moins de traces que les autres dans l’Histoire.

Saga de Njáll le Brûlé (Brennu-Njáls Saga)

Le recueil s’achève avec la Saga de Njáll le Brûlé (Brennu-Njáls Saga), très long texte dont l’intrigue se déroule dans le sud de l’Islande. Njáll y est un personnage sage que la plupart des hommes de la région consulte pour leurs affaires, en particulier juridiques. Il évite ainsi bien des conflits jusqu’à ce qu’il soit brûlé vif dans sa maison avec sa famille par ses ennemis. Les qualités narratives de ce texte sont remarquables et il est riche d’enseignements sur les pratiques juridiques de l’Islande au Moyen-Age.

Toutes ces sagas rapportent donc les faits et gestes d’Islandais célèbres à l’échelon local au moment de la colonisation. Ces personnages peuvent en outre circuler d’un texte à l’autre, et leurs auteurs n’hésitent pas à retracer les aventures de leur lignage sur plusieurs générations. Cette dernière caractéristique peut d’ailleurs être problématique pour le lecteur contemporain, tant la généalogie des islandais est développée.

Mais c’est aussi cette généalogie extensive qui fait l’une des grandes qualités des sagas islandaises. Ces récits sont en effet structurés de manière à ne jamais oublier le destin des nombreux personnages évoqués, quitte à signaler la mort de tel personnage secondaire quelques dizaines de chapitres après son apparition dans le récit. Mais comme les chapitres sont très courts, cela donne un rythme soutenu au texte, le lecteur n’ayant alors pas de mal à resituer le personnage en question.

Quant à l’écriture, elle est dépouillée de tout artifice et s’en tient aux faits, ce qui fait des sagas islandaises des oeuvres particulièrement réalistes. Mais les textes ne sont ni dénués d’humour, ni d’éléments propres à l’imaginaire plus ou moins développé des auteurs.

Car il y a également des éléments de fiction dans les sagas islandaises, et même des éléments qui relèvent du surnaturel. C’est la magie, blanche ou noire, exercée par bon nombre de personnages, ce sont aussi certains trolls et autres monstres rencontrés lors des expéditions vikings, ce sont encore les revenants qui dictent les conditions de leur départ définitif. Ces éléments propres à ce que l’on appellerait aujourd’hui Fantastique relèvent bien sûr du paganisme qui avait encore largement cours à l’époque, le christianisme n’étant alors pas totalement implanté.

Il n’est donc pas étonnant que de nombreux auteurs contemporains de Fantasy se soient inspirés de ces textes pour le développement de leurs univers. Ils sont par exemple rien de moins que l’une des sources d’inspiration majeures de TOLKIEN. On retrouve aussi certains ambiances caractéristiques des univers de MOORCOCK, et même des épées chantantes… Quant à Poul ANDERSON, il a écrit ouvertement sa propre saga en unifiant divers textes consacrés à un héros scandinave du VIème siècle.

Dès lors les Sagas islandaises sont une lecture passionnante pour l’amateur de Fantasy souhaitant remonter aux sources du genre qui le fait vibrer aujourd’hui. Il n’est toutefois pas indispensable de lire les quinze textes présentés ici en une seule fois ; et si l’on doit en choisir un seul, la Saga de Njáll le Brûlé est probablement la plus adaptée pour la découverte de cette littérature.
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Mon cher Papa...

Recueils d'extraits.



De tout temps, la littérature a célébré la mère, femme au-delà de la femme et humain au-delà de l’homme. Il n’était que temps de présenter les beaux morceaux que les auteurs ont consacrés aux pères. « Fidèlement, timidement ou crânement, le père ne peut que se tenir sur le rivage de toute maternité, bras ballants, un peu maladroit. Patient et impatient. Inquiet et rassurant. Jusqu’au bout. » (Pierre Péju)



Les Belles Lettres sont riches de déclarations tendres et affectueuses sur les papas. Cet être si inquiétant pour certains est aussi le garant d’un amour unique. « Est-ce que tu m’aimes, papa ? » (Nathalie Sarraute) Le cœur d’un père est aussi grand et doux que celui d’une mère et Montesquieu, plutôt que d’être craint de ses enfants, préférait de loin en être aimé.



« Mon père, ce héros au sourire si doux » (Victor Hugo), mon père, cet homme si fort et si grand, mon papa chéri, quand j’ai lu ces extraits, que j’ai pensé à toi, toi que j’aime tant ! Maupassant, Kipling, Diderot, Gide, Tourguéniev, Balzac, Ernaux, Renard et tous les autres savent l’écrire bien mieux que moi, mais je n’ai pas toujours besoin de mots pour te le dire.



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L'Épopée de Gilgameš : Le grand homme qui ne v..

Monument littéraire parmi les plus anciens, très antérieur à la Bible (mais avec déjà du Déluge dedans), the mother of all!

Bottéro la présente de façon plus académique que moi. Normal, il était universitaire, très sérieux, tout ça tout ça. Cette version, il l’a voulue rigoureuse – d’où une certaine aridité du texte – et adressée aux non-spécialistes – d’où une grande pédagogie.

Le bouquin s’ouvre sur une soixantaine de pages d’intro. Prononciation, carte, chronologie, cosmologie babylonienne, contexte historique, état des sources, présentation de l’œuvre et de son héros… Balayage concis, pointu et clair qui permettra aux néophytes en histoire mésopotamienne de ne pas s’aventurer dans le texte les mains vides.

Les 230 pages restantes sont consacrées à l’épopée et à la quête d’immortalité de Gilgamesh. Aucune idée de que vaut la traduction en elle-même, mes connaissances en clous sont de l’ordre du zéro, autant en bricolage qu’en cunéiforme. M’enfin Bottéro n’a pas une réputation de bras cassé, on peut lui faire confiance. Sa version s’agrémente de nombreuses notes expliquant les difficultés et choix de traduction. Les trous dans le texte, mots manquants slash illisibles slash effacés, sont restitués. En soi, c’est une bonne chose, puisqu’il s’agit d’un travail scientifique. Le texte, rien que le texte. Cela dit, on touche quand même aux limites de l’ouvrage adressé aux non-spécialistes : on ne parle quand même pas d’un bouquin grand public. Si tu veux lire une bonne histoire de fantasy sans trous dans le texte, tourne-toi vers une version romancée. Par exemple Gilgamesh, roi d’Ourouk de Robert Silverberg.

Quelle que soit la version retenue, je conseille aux amateurs de fantasy d’y jeter un œil. Une quête, des épreuves, des combats, des monstres, un compagnon d’aventure… L’épopée de Gilgamesh, c’est le super ancêtre de l’heroic fantasy (Conan, Fafhrd et le Souricier Gris, Elric et Tristelune…).
Lien : https://unkapart.fr/l-epopee..
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Pourquoi l'eau de mer est salée et autres con..

J'aime souvent les histoires simples et en particulier les contes. Parmi les contes, j'ai une faiblesse pour ceux qui expliquent le monde. Loués soient les auteurs qui les ont créés, dans la nuit des temps ou à l'époque moderne : je pense aux "Histoires comme ça".

Ce petit recueil en contient plusieurs, et c'est vrai que je n'avais jamais été convaincu par les explications scientifiques de la salinité de la mer (j'en rajoute un peu). Si vous voulez savoir pourquoi les grenouilles coassent, pourquoi les singes ont les fesses rouges, précipitez-vous, venez vous instruire.

Je suis aussi frappé par l'universalité de certains thèmes : au milieu du conte qui explique la création du soleil et de la lune on retrouve des pages qu'on dirait sorties de ce conte sur le loup et les biquets (dont le titre habituel m'échappe, et dont la phrase qui me revient, admirable dans un disque de mon enfance, est : "je suis caché dans l'horloge").

L'intérêt des récits est inégal, aureliestrega souligne que le dernier texte est à la limite du thriller, c'est vrai qu'il est étrange pour un conte, peut-être a-t-il subi des mutations modernes sous l'influence de films de kung-fu ou des histoires de fantômes chinois (film que je n'ai pas vu, paru bien après la première édition de ces récits). La qualité de narration est aussi inégale, mais je pense qu'il s'agit de tradition populaire livrée brute, pas de Perrault.



Une des caractéristiques de la langue coréenne est l'abondance de mots formés sur des onomatopées avec des syllabes répétées. Quelques mots sont donnés en translittération mais peu sont intéressants de ce point de vue.



Sans grand espoir, ce livre devant être difficile à acheter en France, je signale une autre version non biblique du récit de la création du soleil et de la lune : http://www.babelio.com/livres/Lee-Le-frere-soleil-et-sa-soeur-la-lune/695135 dont le texte (ou sans doute la traduction) est plus faible, mais avec des dessins poétiques qui me charment. L'histoire est identique ou presque à celle de ce volume, confirmant qu'il s'agit bien de tradition populaire.
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Les Chevaliers de la Table ronde : Romans a..

Vous n’êtes pas sans savoir que la légende arthurienne est un ensemble de textes qui m’intrigue énormément . Ainsi, quel n’était pas mon émerveillement lorsque je suis tombé sur cette anthologie dédiée à ce mythe et ses nombreuses légendes. De suite je me suis empressé d’acquérir mon exemplaire dans le but de le dévorer avec une certaine avidité. En effet et malgré ma délicieuse découverte de cet univers grâce à la série L’Ascension de Camelot proposée par Kiersten White, j’étais impatient de découvrir les textes fondamentaux et ancestraux de ce mythe.



En premier lieu et en tant que seconde épopée en ce monde enchanteur et chevaleresque, je peux vous assurer que je remercie sincèrement les éditions Gallimard et leur collection Quarto pour la réalisation d’une si belle, travaillée et merveilleuse compilation. Pour le prix, j’ai été plus que ravi de découvrir un ensemble de récit composé de pas moins de sept œuvres différentes et retraçants les plus grandes lignes de cette magistrale légende. Ajouté à cela quelque dossiers et vous voilà en possession d’une belle brique, faisant quasiment office de bible et de référence me concernant. En effet, n’ayant que de maigres bases et étant fort ignorant de ces légendes païennes, j’ai été plus que charmé par la lecture et découverte de cette anthologie. Cette dernière et comme je le disais, cette édition met en avant dans un ordre chronologique de parutions différents et majeurs écrits de l’intégrale du cycle arthurien. Ce choix apporte un certain rythme et démontre une évolution des nombreux personnages dévoilés dans, entre autres intrigues, Kulhwch et Olwen, Yvain et le chevalier au lion ainsi que La quête du Saint Graal. J’ai aussi été plus que surpris et émerveillé par la tonalité moderne et actuelle apportée par les différentes traductions soignées proposées. Je m’attendais à découvrir des récits assez lourds et conséquents à parcourir, portés par des plumes stylées et alambiquées et ce fut tout l’inverse. Alors certes, certaines plumes peuvent sembler datées et souffrir d’avoir légèrement vieilli mais le résultat se veut agréable et accessible malgré quelques lourdeurs et longueurs de style présents par moments dans certaines œuvres, en particulier celles de Chrétien de Troyes où j’ai du faire force de concentration.



Néanmoins, je ressors plus que ravi de mon immersion au sein de ce riche et fouillé univers aventureux et chevaleresque. J’ai fortement apprécié la dimension pieuse et religieuse spécifique à la période couverte tout le long de ce recueil ainsi que les traditions et coutumes de l’époque médiévale. C’est un véritable voyage dans le temps que j’ai réalisé et il est indéniable que le moyen âge est un période historique des plus riche, captivante et passionnante à retracer. J’adore toujours autant me plonger au sein de cette ère remplie de traditions et de mysticisme même si cette dimension à la fois magique et fantastique que je pensais retrouver m’a manquée. Finalement, ces récits légendaires sont bien plus basés et axés sur différentes vertus et autres valeurs telles que le courage et de la bravoure ainsi que sur la loyauté des fidèles au rois que sur des éléments ésotériques. Cependant, j’ai apprécié découvrir et vivre de nombreux combats de capes et d’épées qui se sont révélées des plus palpitants et captivants. Mieux encore, chaque roman est baignée d’une ambiance qui se dévoile forte mystérieuse et envoûtante à souhait et parfaitement retranscrites grâce aux nombreuses illustrations présentées dans cet ouvrage. Ces dernières permettent une immersion encore plus poussée et saisissante. De plus et au vu du nombre de récits médiévaux retranscrits, énormément de personnages importants de ces légendes m’ont été tour à tour présentés. Si leur nombre conséquent a quelque peu compliqué mon attachement et mon intérêt envers certains, il est indéniable que d’autres m’ont tout simplement séduit et captivé. D’autant plus qu’un dossier les concernant trouve sa place en fin d’ouvrage, accentuant encore plus ma curiosité et mon envie de découvrir l’ensemble de ces légendes. Finalement, Arthur reste le lien entre tous mais beaucoup de ses vassaux ou autres proches se démontrent les véritables chevaliers et héros de cette imposante épopée. Etonnement, la place de la femme au sein de ces aventures se veut prépondérante et leurs présences influencent sans cesse les différentes intrigues narrées. Pour l’époque, je trouve cette exposition plus que louable, avant-gardiste et indéniablement dans l’air du temps.



Ainsi et sans pouvoir donner mon avis sur chaque mythe et histoire constituant cette anthologie, je ne peux que vous recommander de découvrir à votre tour cette bible dédiée à la légende arthurienne qui saura vous offrir une impressionnante incursion au sein de cet mystérieux et enchanteur univers, bercé par de merveilleuses traditions et porté par d’élégantes et nobles valeurs, le tout servi d’une action chevaleresque palpitante.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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L'Épopée de Gilgameš : Le grand homme qui ne v..

Ce texte, que j'aime tout particulièrement, est tout simplement de la plus vielle épopée du monde et sans doute aussi le plus vieux texte à proprement parlé littéraire de l'humanité.



Compte tenu de son extrême ancienneté, nous ne disposons sans doute pas du texte dans son intégralité, ce qui nous en reste provient d'ailleurs de différentes versions, pas toutes identiques ni même écrites dans exactement la même langue. Mais peu importe, ce qui nous reste suffit à montrer que dès que l'homme a su écrire il a pleinement été homme et qu'il s'est posé les mêmes questions, éprouvé les mêmes angoisses, ressenti les mêmes joies, et qu'il a eu le besoin de l'art et de la magie du verbe pour le dire.



Cette Épopée de Gilagameš nous parle d'un roi légendaire d'Uruk, ville sumérienne de Mésopotamie, actuellement en Irak, un roi d'avant le Déluge, dont quelques mentions dans des listes royales font penser qu'il a pu exister vers -2700,-2500 av J.-C. Mais comme pour le Charlemagne de nos vieilles chansons de geste, le personnage réel n'a rien à voir sans doute avec le personnage de littérature qu'il est devenu, magnifié et héroïsé par les scribes.



Les premiers textes qui évoquent Gilagameš ont été composés vers la fin du III millénaire en sumérien, il s'agit d'épisodes isolés consacrés à certaines de ses aventures et qui reprennent sans doute des traditions orales.



La première version de l'Épopée en tant que telle semble avoir été composée par un seul auteur dans la Babylonie du XVIII ou XVII siècle av. J.-C. en akkadien. Ce sont des tablettes du VII siècle avant notre ère conservées dans la bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal à Ninive découvertes au XIXème siècle qui nous ont en grande partie permis de redécouvrir ce texte extraordinaire, complété par d'autres versions plus ou moins partielles, car ce texte fût fameux pendant des siècles et des siècles, et il a été souvent reproduit.



Il s'agit donc de nous conter l'histoire de Gilagameš, roi d'Uruk « Pour deux tiers, il est dieux, pour un tiers, il est homme », un tyran plus qu'un roi, tellement dur pour ses sujets que ces derniers vont se plaindre au dieu Anu. Les dieux pour le contraindre à plus de modération, vont créer Enkidu, mi-homme mi-bête, qui va être capable de tenir tête à Gilagameš, qui ne pourra pas le battre en duel. Ils vont devenir amis, plus proches que des frères, et ensemble accomplir des exploits sans nombre.



Mais ils vont dépasser les bornes de ce qui est permis à des hommes et offenser les dieux qui vont faire mourir Enkidu. Cette mort terrorise Gilagameš , qui refuse qu'il lui arrive la même chose, il part donc à la recherche de l'immortalité, et pour cela se lance dans la quête de Uta-napisti, l'homme qui a survécu au Déluge et qui est devenu immortel. Gilagameš affronte de grands dangers pour le retrouver mais Uta-napisti ne peut lui donner l'immortalité, pour l'en convaincre, il lui fait le récit du Déluge. Gilagameš finira par accepter le sort commun des hommes et reviendra à Uruk pour y finir sa vie.



Ce n'est bien sûr qu'un très bref résumé de ce texte riche et complexe, qui a été pendant longtemps lu et raconté. Une partie au moins a été intégré dans notre culture, le récit biblique de la Bible reprend en effet une bonne partie du récit du Déluge mésopotamien, ce qui choqua terriblement au XIXem siècle: la Bible ne serait pas le plus vieux texte de l'humanité, et en plus une partie aurait été copié sur un texte païen (et non pas inspiré par la parole divine !).



Quelques mots aussi sur la traduction, personnellement je possède la très belle version de Jean Bottero, dont j'ai peur qu'elle ne soit plus disponible, elle est très littéraire, ce qui est un choix assumé de Bottéro, qui explique qu'il souhaitait s'adresser à des non spécialistes. Je suis personnellement une grande admiratrice des travaux de ce grand assyriologue, qui joint à une immense érudition une écriture magnifique, élégante et raffiné, et qui arrive à mon sens à faire passer une grande passion pour cette vielle culture de la Mésopotamie ancienne si mal connue et si mal aimée.
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L'Épopée de Gilgameš : Le grand homme qui ne v..

Le plus ancien texte en écriture cunéiforme, retrouvé en 1000 vers sur des tablettes d'argile. Le titre complet est "L'Epopée de Gilgames, Le grand homme homme qui ne voulait pas mourir.

Ce texte est époustouflant de modernité, c'est "la première oeuvre littéraire connue qui par son ampleur, sa force, son souffle, sa hauteur de vision et de ton, l'éminent et l'universel de son propos aient valu, dans tout le Proche-Orient ancien, une célébrité millénaire..."

Tout homme qui réfléchit au sens de sa vie devrait lire cet ouvrage poétique !
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Leurs yeux se rencontrèrent...

Cette anthologie, sans doute parce que la plus ancienne, est celle que j’ai le moins appréciée parmi les trois présentées ici. Les textes y sont plus nombreux et offrent donc un panorama plus complet du sujet – la première rencontre, le plus souvent amoureuse –, mais peu m’ont vraiment plu et j’ai regretté le peu de diversité temporelle dans les choix effectués : la majorité des extraits proviennent d’œuvres du 19e ou du 20e siècle.



L’ensemble du recueil se divise en quatre parties inégales, chacune consacrée à un type de rencontre particulier. La première aborde l’insolite, de Dumas à Begnini et Cerami : malheureusement, trop peu sensible à cette esthétique et à ce « burlesque », je n’ai apprécié aucun des textes, que ce soit au niveau stylistique ou de l’intrigue. Le second regroupement, plus conforme à mon goût et à mon état d’esprit du moment, m’a davantage plu : « quand ça commence mal… » J’ignore si cela se termine mieux que cela ne débute, mais je suis à présent curieuse de le savoir. J’ai particulièrement apprécié la qualité stylistique des extraits choisis : il est vrai que Proust, Aragon et Cohen étaient des valeurs sures et incontournables pour cette situation. L’espoir est-il permis malgré ces débuts ratés ? C’est la question posée par la troisième partie, dans laquelle chaque rencontre semble faire naître l’attente d’une suite et l’espérance de celle-ci. Enfin, l’ultime groupe d’extraits est consacré au coup de foudre, à l’amour au premier regard : l’inévitable Roméo et Juliette y est bien entendu présent, ainsi que Le Roman de la rose de Guillaume de Lorris, ce qui m’a agréablement surprise et, avec la Phèdre de Racine, a brisé l’uniformité temporelle déplorée ci-dessus. Ma plus belle surprise a été L’étudiant étranger de Philippe Labro : la scène de la rencontre crée à la fois un effet de mystère autour de la jeune femme et une certaine frustration finale pour le protagoniste masculin comme pour le lecteur. Je lirai probablement la suite de ce texte un jour ou l’autre.



Dans l’ensemble, la plupart des textes sont agréables à lire, bien choisis et bien répartis, malgré les petits bémols relevés ci-dessus.


Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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