Encore un très beau catalogue publié par les éditions du Centre Pompidou-Metz en complément de la passionnante exposition consacrée à Jacques Lacan et aux liens entre l'art et la psychanalyse !
En plus d'un contenu riche organisé sous forme de dictionnaire ce qui permet de mieux comprendre les concepts lacaniens illustrés dans l'exposition, l'objet-livre est très beau lui aussi avec une couverture audacieuse et réussie.
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♫Quand un homme perd ses rêves
Sur terre il n'est rien du tout
Un inconnu qui s'est perdu
Quand un homme perd ses rêves
La vie n'est plus rien pour lui
Il n'est qu'un homme sans destin et sans rien♫
-Johnny Hallyday- 1966 -
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♫[...] Quand un homme va se noyer
Si tu es marin, simplement humain
Il faut s'employer à le repêcher, pas le moment de discuter
Quand un homme va se noyer, faut pas lui demander
S'il a des papiers, s'il a un métier ou une fiancée
Faut donner ce qu'on peut, un coin de ciel bleu
Une poignée de main, un morceau de pain
Du tabac de ta tabatière, au gars qu'allait mourir en mer
Quand un homme se noie sur terre
Selon le bourgeois, c'est chacun pour soi
Au lieu de penser à le relever,
Comme font ceux qui vont sur la mer
Sauver les gars de leur enfer
Les remettre droits et honte sur toi
S'il te vient (ha)l'idée de les laisser crever ♫
-Yves-Marie Le Guilvinec (1870-1900)- ici interprétée par François Morel - disait que c'était mieux avant, après, tout le temps, sur terre, comme sur mer, de faire preuve d'un peu d'humanité. Comme quoi les Deschiens ne font pas que des poissons-chats,
ils peuvent préter de la voix à quelque harragua
Conséquences tragiques des politiques des Etats
A cri, accru, accroc Accra.- Lumière d'Espoir, croisons les doigts
après un si triste constat -
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Le petit livre qui traînait dans la bibliothèque. J’avais déjà lu “au pied du sapin” qui est un peu dans le même genre que celui-ci, mais j’avais été moyennement emballée. C’est surement pour cette raison qu’il était encore dans la bibliothèque. Ça et les retours assez moyen de cet ouvrage.
Je ne vais pas m’éterniser non plus.
Ça se lit assez rapidement. Il y a des histoires et des lettres d’auteurs ou autrices envoyées à des membres de leur famille, amis ou autre.
Il y a des textes plus ou moins longs.
Certains sont sympa, d’autres un peu moins.
Ce n’est certainement pas la lecture de l’année. Au moins, maintenant, il n’est plus à lire.
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Quand une exposition démontre, si besoin était, que les œuvres d'art dialoguent entre elles.
Le Musée du Louvre déroule le tapis rouge à son homologue Napolitain, il museo di Capodimonte, l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe.
Ce dernier qui doit fermer pour travaux, à accepté de prêter pas moins de 60 de ses plus grands chefs-d’œuvre qui prennent place sur les cimaises du Louvre
Et l'on assiste dans la Grande Gallerie, Salon carré et salle Rosa , la salle de la Chapelle et salle de l'horloge à un dialogue puissant et fécond entre les œuvres,
les tableaux semblent correspondre, créant un écho pictural, fait de regards croisés et complices.
Car la particularité de cette exposition est que ce n'est pas une exposition "à part", comme c'est souvent le cas, mais bien une intégration complète au sein des collections du musée français.
Et quoi de plus époustouflant, voire émouvant, que d'être spectateur de cette communication invisible entre :
La Flagellation de Caravage, La crucifixion de Masaccio, la Danae du Titien, l'Atalante et Hippomène de Guido Reni, La Transfiguration de Giovanni Bellini,
Les trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antéa, et la mystérieuse Lucrece ou Judith décapitant Holopherne d'Artemisia Gentileschi qui trône face au tableau de son père Orazio avec leurs homologues de la collection de peintures italiennes du Louvre....
Pour s'y retrouver au milieu de tant de chefs-d’œuvre, le visiteur est invité à une sorte de jeu de piste, à la recherches des cartels rouges.
Rouge comme la passion, qui sied à cette ville volcanique, capitale trimillénaire pompéienne et baroque ;
Rouge comme le carton donné au football dans cette ville où ce sport est élevé au rang de religion ;
Rouge comme le o'curniciello (la corne Napolitaine) , qui symbolise la victoire sur les ennemis et le sang, le symbole de la vie elle-même ;
Rouge comme le sang car certains tableaux regorge de violence.
Le catalogue de l'exposition est de toute beauté, à l'image de l'exposition. Toutes les œuvres exposées y sont reprises. S'ajoute à cela des textes magnifiques d'Erri de Luca qui raconte entre autre sa découverte, de la crucifixion de Masaccio...
L'histoire du musée entre forêt et volcan par son directeur actuel, l'origine et l'histoire des collections du XVe siècles, comment l'art et le pouvoir se mêlés au sein notamment de la famille Farnese (dont deux tableaux de Raphaël sont également exposés .
Autres sujets du livre le regard actuel sur les porcelaines de la Naples des Bourbons, le temps de Caroline Bonaparte et le rêve de Joachim Murat, Naples capitale européenne de la musique au XVIIIe siècle, des réflexions sur la collection des peintures italiennes du Louvre.
Et la conclusion revient à Dominique Fernandez grand amoureux de Naples devant l'éternel dans un texte magnifique, dont lui seul a le secret : "comment on devient Napolitain", tout un programme.
Et enfin comme tout catalogue d'exposition, on y retrouvera une notice des œuvres exposées.
Bref un livre à s'offrir ou à offrir et pour reprendre la tradition du o'curniciello qui doit être reçu en cadeau et au moment du cadeau, le destinataire est invité à ouvrir la paume et piquer le centre avec le bout de la corne.
De plus, la personne qui a reçu le cadeau doit réciter la célèbre phrase de Totò (acteur, poète napolitain) :
"Ce que tu veux pour moi, je te le souhaite deux fois plus"
Et en refermant ce musée de papier on ne peut souhaiter que 2 fois plus ce genre d'exposition....
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Oui, vous ne faites pas erreur, j’ai bien écrit « nouvelles ». Est-ce ma virée parisienne qui a contrôlé cet achat ???? Il est parfois intéressant, de sortir de sa zone de confort de lecture, pour se diriger lentement vers un autre quai…
6 jolies nouvelles qui font voyager, inévitablement, à travers l’amour. 6 auteurs qui nous transportent vers le désir, l’érotisme, la sensualité, d’une rencontre parfois brève, ou encore éternelle, mais qui n’en demeure pas moins intense.
Un joli moment de lecture que j’ai savouré avec délectation. Un instant fugace, qui permet tout de même, l’appréciation de ces histoires d’amour passionnelles.
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Un petit peu tiède ce recueil, j'en attendais un petit peu plus,
Conquise, cependant, par certains passages tirés de romans d'une autrice et de 22 auteurs illustres !
De jolis émois et de belles rencontres surprenantes.
La couverture m'avait attirée,
* deux petits poissons s'aimaient d'amour tendre ...
Cela m'a fait penser, tout naturellement, à cette chanson interprétée par Juliette Gréco "Un petit poisson , un petit oiseau ......
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Des fantômes chinois à tous les étages, ces contes sont plaisants à lire. L'appareil critique est éclairant. On regrette que les notes ne soient pas en bas de page, ce qui force à des allers retours perpétuels. On plonge dans le Chine ancienne avec plaisir.
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Un voyage érotique en mode hypersonique !
A peine commencé, déjà fini.
Moi qui n’apprécie pas les gros pavés, je devrais apprécier. Même pas. Je suis déçu de cette échange littéraire. Promis à une orgie de diversités, le mélange ne m’a pas émoussé.
Certes, nous observons, par le petit bout de la lorgnette, le thème littéraire de l’érotisme dans le cours de son histoire. Mais ce fut peu et pas assez long.
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Ce livre, mélangeant récits et témoignages écrits et transcrits par des auteurs engagés, est un coup de cœur, un poings au cœur. Les larmes aux yeux, j’ai ressenti la détresse, la douleur. C’est si bien écrit que j’en ai eu mal. Parce que tout ce que je lisais n’était que pure réalité. Dure réalité. Affligeante réalité. Sous l’eau, des centaines de cadavres. Sur l’eau des personnes qui se battent chaque jours pour sauver des vies. Des vies qu’on rejettent, qu’on esclavage ; des vies qui s’enfuient, qui gardent espoir. Face à l’horreur de la réalité, certaines personnes font en sorte que les choses s’inversent, que chacun puisse être respecté comme il se doit. C’est ce que fait SOS Méditerranée : respecter les droits de l’Homme. Et ce recueil n’est que le témoignage du courage de ces femmes et de ces hommes qui veulent simplement vivre, et du courage de celles et ceux qui les aident peu importe le prix.
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De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) réalisent environ 160 toiles ensemble, « à quatre mains », dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives. Le catalogue de l'exposition retrace cette période de collaboration en présentant plus trois cents œuvres et documents dont quatre-vingts toiles signées conjointement ; sont aussi présentées des œuvres individuelles de chaque artiste.
Un bémol pour le manque d'explication sur les cartels qui rend parfois le cheminement un peu difficile à saisir. Le catalogue complète à merveille l'exposition, resituant la collaboration dans son contexte et permettant au lecteur de mieux comprendre l'œuvre commune et individuelle.
Un beau catalogue pour une belle exposition.
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Il y a eu de très belles déclarations d’amour mais je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que ce serait uniquement des lettres ou de la poésie. Je trouve plutôt l’ensemble des textes tragiques. Déclarations d’amour souvent malheureuses, Juliette Drouet est triste de sa passion comme La princesse de Clèves et Miss Catherine qui souffre de ne pas épouser l’homme qu’elles aiment ! Après c’est difficile de trouver un ensemble de textes qui parlent à tout les lecteurs
Il y a des belles déclarations et des moins bonnes ou plutôt qui me parlent beaucoup moins.
PARTIE 1 : « Celle que j’aime »
1 / Ovide, extrait de Lettres d’amour Les Héroïdes, Pâris à Hélène, lettre XVI : peu compris, c’était long en plus… J’ai galéré à comprendre les métaphores et toutes les tournures de phrases, paraboles etc. Le peu que j’ai compris ne m’a semblé pas franchement romantique… Pâris est visiblement égocentrique. Bref, ça débute mal…
2 / Juliette Drouet pour Victor Hugo, extrait de « Mon grand, petit homme… » Mille et une lettre d’amour à Victor Hugo : la folie amoureuse, plusieurs lettres enflammées de passion, leur relation avait, au vu des lettres reproduites, l’air terriblement « toxique » par contre !
3 / Madeleine de Scudéry, extrait de Clélie, histoire romaine : simple. Je n’en retiens pas grand chose. L’écriture ne m’a pas fasciné. Le prince de Numidie souhaite apprendre une langue connue de Clélie pour se rapprocher d’elle et plus particulièrement lui dire combien il l’aime !
4 / Théophile Gautier, extrait de Le roman de la momie : mais horrible, il faut fuir cet homme + NE PAS ROMANTISER ÇA MON DIEU ! On est très loin des belles déclarations d’amour annoncé. Pharaon aime Tahoser, comme toutes les femmes l’aime et qu’il ne trouve aucune assez bien pour lui, il estime que Tahoser ne peut QUE l’aimer en retour. Ce n’est pas le cas et Pharaon ne lui laisse pas vraiment le choix de refuser…
5 / William Shakespeare, extrait de Les Sonnets, « Entre mon cœur et mes yeux une alliance », sonnet 47 : j’aime les rimes, j’aime quand c’est beau : j’aime.
6 / Paul Verlaine, extrait de La Bonne Chanson, « J’ai presque peur en vérité… », XV : magnifique vraiment, l’art de manier les mots.
7 / Aragon, extrait de Le Fou d’Elsa, « Cantique des Cantiques » écrit pour Elsa : le talent est fou, les rimes sont fabuleux à lire !
PARTIE 2 : « La passion qu’elle lui cachait »
1 / Pierre Corneille, extrait de Le Cid, Acte III, Scène III : conversation entre Elvire et Chimère. Le père de Chimène est mort par la cause de l’homme qu’elle aime, elle souhaite se venger de cette mort, Elvire la confronte à ces sentiments pour l’assassin. Chimère éprouve une passion cachée pour cet homme.
2 / Madame De Lafayette, extrait de La Princesse de Clèves : je ne peux m’empêcher d’être déçue je m’attendais à un petit recueil de lettres d’amour et non des passages de romans entrecoupés… Par contre comme l’extrait précédent, ce texte est parfaitement dans le thème de la passion caché. Madame de Clèves rêve et pense à Monsieur Nemours mais ne peut envisager de lui avouer ou ne serait-ce que rester à ses côtés…
3 / Madame de Duras, extrait d’Ourika : je suis passée à côté de cet extrait. De mon pdv Charles est pris d’amour pour Anaïs (?) et le raconte à Ourika qui elle pense ne pas mériter vivre ou être aimée ? J’en déduis qu’elle aime ce fameux Charles et qu’elle est malheureuse ? Bref, je suis loin d’être emballée.
4 / Honoré de Balzac, extrait de Le Lys dans la vallée : perdue encore une fois
5 / Emily Brontë, extrait de Wuthering Heights : très heureuse de trouver du Emily Brontë et d’avoir l’occasion de découvrir sa plume. Un peu court pour se forger une idée mais comme pour La Princesse de Clèves, j’ai l’impression qu’il faut connaître l’histoire pour pouvoir en apprécier l’extrait proposé. Sinon c’est compliqué de comprendre sans contexte ! Miss Catherine doit épouser un homme mais elle est profondément éprise d’Heathcliff, elle se confie à Nelly. Le thème est totalement respectée.
6 / Edmond Rostand, extrait de Cyrano de Bergerac, Acte III, Scène VII : Cyrano se fait passer pour Christian afin de charmer Roxanne pour lui. Il est pris visiblement à son propre jeu… Néanmoins, je n’ai pas apprécié le texte plus que ça…
7 / Jean Tardieu, extrait de Le Professeur Froeppel « Finissez vos phrases ou la rencontre » : meilleur texte !!! Comédie théâtrale absolument TRES réussie. Comique, original, j’ai vraiment beaucoup aimé.
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Ce livre est différent de ceux que j’ai l’habitude de lire. Il s’agit d’un recueil d’extraits de romans, de pièces de théâtre ou de poèmes sur le thème de l’amour. On y trouve des déclarations d’amour écrites par Shakespeare, Verlaine ou encore un extrait de Cyrano de Bergerac ou de la Princesse de Clèves.
Des genres et styles différents, des époques et auteurs variés se côtoient dans ce recueil, il y en a pour tous les goûts. Les amoureux des mots sauront apprécier ces extraits d’œuvres.
On peut lire ce recueil d’une traite ou l’ouvrir au hasard de temps en temps pour lire une déclaration d’amour.
J’ai apprécié la beauté de ces textes classiques et de ces déclarations d’amour d’un autre temps.
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Il s'agit du catalogue de l'exposition qui s'est tenue en 2022-23 aux Abattoirs de Toulouse, centrée sur les oeuvres réalisées par Niki de Saint Phalle des années 1980 et 1990.
J'ai trouvé les textes un peu longs et "bruts", ils n'encouragent pas à entrer dans l'univers fantasque de l'artiste. En revanche, les illustrations rendent parfaitement hommage aux oeuvres de la plasticienne, que ce soit ses sculptures, ses écrits dessinés ou ses créations volumineuses (Jardin des Tarots essentiellement). J'ai parcouru ce beau livre en parallèle de ma lecture de Trencadis (https://www.babelio.com/livres/Deyns-Trencadis/1244603), que j'ai beaucoup apprécié et qui nous immerge parfaitement dans l'univers atypique de Niki de Saint Phalle !
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Ces contes d'auteur inconnu sont en fait des miniatures de quelques lignes, parfois deux pages, qui commencent toujours par « Jadis il était un homme » (parfois une femme). Après cette amorce situant le contexte, s'ensuit immanquablement un poème ou deux poèmes de type tanka (5 vers de 31 syllabes, 5-7-5-7-7). La plupart du temps, l'homme en question le destine à une femme, qui elle-même répond.
Nous sommes ici en présence de nobles gens du puissant clan des Fujiwara et de la maison impériale du Japon. La plupart de ces textes mettent en scène Ariwara no Narihira, petit-fils de l'empereur.
Dans ces quelques 209 « Ise monogatari » aux allures d'anecdotes, les situations sont souvent assez répétitives. Leur sujet ultra-majoritaire est universel, l'amour bien sûr ! le personnage aime et n'est pas aimé en retour, ou il doit s'absenter et se trouve remplacé…bref, ce n'est pas le grand bonheur. Les tankas ne sont pourtant pas d'un romantisme échevelé, mais assez distanciés, philosophes, au risque d'une certaine sécheresse. La nature est aussi un sujet d'émerveillement solitaire. Et certains poèmes sont superbement imagés, comme celui-ci :
Les fils de nos vies
En un noeud serré,
Ayant été noués,
Même après nous être séparés
Je crois que nous nous reverrons encore.
Autre point remarquable, malgré le machisme bien ancré de la société japonaise, il apparaît qu'en ces temps reculés des VIII-IXème siècles, en cette nouvelle ère de Heian, les femmes ont tendance à mener la danse…Au moins dans la haute société, car elles ont le dernier mot en répondant à leur soupirant. Souvent dans ces contes d'Ise, les hommes pleurent et les femmes sont cruelles !
Jadis un homme envoya [ces vers] à une femme cruelle :
Que je soupire après vous
Je ne le répéterai pas spécialement,
Mais sachez
Que si les cordons de vos sous-vêtements se dénouent (1)
C'est pour cette raison
Elle répondit
Quoique l'on voie un signe
Dans le desserrement des cordons de dessous,
Ce n'est pas le cas [chez moi].
Il n'y a donc pas lieu de recourir
A une telle supposition. (2)
(1) D'après un vieux dicton, les cordons qui attachent les vêtements de dessous d'une personne se dénouent tout seuls quand elle est aimée.
(2) Pour me faire croire que vous m'aimez.
On sent bien que la traduction du vieux japonais n'a pas dû être facile pour le traducteur Gaston Renondeau, pourtant une des figures reconnues du métier, contraint d'adapter, d'interpréter, et qui fait au mieux pour assurer une cohérence et une intelligibilité à ces textes, tout en avouant son doute sur quelques passages vraiment obscurs. C'est honnête. Il nous apporte aussi des éclairages précieux dans des notes de bas de pages systématiques, qui nous permettent de mieux cerner les us et coutumes à la cour impériale et dans la société japonaise.
Un ouvrage utile dans sa dimension fondatrice de la littérature japonaise, qui vient compléter les grands textes, notamment des célèbres poétesses de l'époque de Heian. Intéressant, à coupler avec le superbe "Songe d'une nuit de printemps", où les femmes de la cour de Heian pleurent également souvent dans leurs longues manches de kimono à l'évocation des amours contrariées.
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Je n'aurais pas classé ce recueil dans l'éditions folio junior. Pas sûr que nombre de ces textes parlent à des juniors...
Il y a une centaine de "poèmes", la plupart en rimes, hélas pour moi pour qui les rimes brisent presque le sens des mots et des phrases. Mais pas tous.
Essentiellement des hommes. Sans blague, sans surprise...
J'ai quand même trouvé des extraits bien plaisants à mes yeux, à mes oreilles, ou à mon esprit. Ne parlons pas d'âme, n'exagérons pas. Supervielle, Soupault.
On sent, dans son introduction et ses courtes bios, que Georges Jean qui a assemblé ces poèmes en aime profondément chacun de ses auteurs.
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Alexej von Jawlensky (1864-1941)
Au milieu de ces peintres russes exilés : Jawlensky
A part les grands peintres russes classiques dont l'oeuvre fut fortement empreinte de réalisme dans le fond : Répine, Kramskoï, Lévitan et autre Serov.. qui ont laissé plutôt des témoignages parfois glaçants de la Russie impériale, je me suis toujours demandé quelle fut la plus-value qui a suivi à tout ça lors du plongeon dans l'ère moderne ou plutôt je n'ai pas vu grand chose qui m'ait marqué à ce point d'en faire une chronique, mais si on voit la question autrement et qu'on mette sur le même plateau tous les exilés russes pour des raisons diverses et variées : Kandinsky, Chagall, Jawlensky, Soutine, De Staël, la parenthèse Malévitch.. ces grosses pointures individuelles qui se sont imposées comme des marqueurs de l'évolution de la création artistique moderne, il est évident que je suis obligé d'avoir une autre réflexion. A part Soutine et De Staël, je n'ai pas chroniqué sur eux ici, il me tarde en tout cas de dire quelque chose de Jawlensky qui s'impose à moi comme un peintre majeur. Je l'ai vu exposé dans des expositions récentes à la faveur de l'expressionnisme-fauvisme, et à chaque fois j'ai flashé sur lui. Et puis à chaque fois de le voir associé au nom de Kandinsky pour en parler a le chic pour me fatiguer au plus haut point ! Bien sûr qu'ils furent associés, dans la vie déjà, bien sûr que Jawlensky doit bien quelque chose à Kandinsky, mais depuis le temps, il est pertinent aujourd'hui de le voir s'assumer seul. Et Gallimard a eu l'heureuse idée de publier en juin 2021, en pleine covid, la bonne blague, un magnifique beau livre, le catalogue des expos consacrant l'artiste qui se sont déroulées successivement sous l'égide de la fondation Mapfre à Roubaix, Marseille et Madrid.
A voir sa production, le peintre s'impose à mes yeux comme un acteur majeur de l'épopée expressionniste-fauviste dans les années début de siècle 1900. A force de s'essayer des centaines de fois sur des portraits par la couleur qui sort du tube, orgie de couleurs appelait ça Edgar Degas, il arrive fatalement quand on a le talent de Jawlensky qu'on se heurte génialement à titiller la pépite, l'unique joyau qui va faire de vous quelqu'un qui joue dans la cour des grands qui ont marqué l'époque moderne. le résultat a quelque chose d'exceptionnel !
Je suis partagé sur son idée d'évolution vers l'art abstrait comme l'a fait Kandinsky, n'est-ce-pas le premier d'ailleurs qui a rompu avec le figuratif pour donner dans un genre que j'aime moins pour rester euphémique et poli. Quelle est la réflexion de Jawlensky à ce propos ?
Années grande guerre et post-guerre où il doit fuir l'Alemagne avec toute sa famille pour aller à Léman : il dit ceci : "Il fallait que je peigne, non pas ce que je voyais mais uniquement ce que je ressentais vivre en moi, dans mon âme" Et quand on examine factuellement ce qu'il dit, on voit qu'il y a incontestablement un décrochage eu égard au figuratif, mais celui-ci n'est pas éteint : son âme comme il dit souvent le rattache encore à quelque chemin, quelqu'ombre d'arbre qui vont finir par devenir des tâches colorées, assemblées sans horizon, en petits formats plutôt .. Même schéma de pensée pour les portraits : les grands yeux ouverts d'avant se ferment et deviennent une ligne, en dessous un nez en lignes croisées en forme de L, et une bouche fermée en une ligne qui ferme le tout en une espèce de géométrie faciale porteuse du masque funeste .. et pour peu que les yeux s'ouvrent, ils deviennent effrayés !.. Représentations, états d'âme, ça chemine un temps, et on va y voir la tête du Christ dans les années précédant la seconde guerre mondiale. Apocalypse, résurrection ?.. La maladie le paralyse .. et c'est sa mort qui survient en 1941 tout en ayant gardé sa lucidité.
Pour ajouter à ma démonstration, la cote de ces monstres russes du pinceau exilés que sont Kandinsky, Jawlensky, Soutine, Chagall, de Staël a sur les 12 dernières années dépassé les 10 m§ avec des pics pour certains a + de 40 m§. Bon, il me reste maintenant à chroniquer sur Kandinsky et Chagall. Merci de votre attention chers amis.
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Blanche Cerquiglini est responsable des collections "Folio classique" et "Folio théâtre" chez Gallimard après avoir été secrétaire de rédaction de la revue Critique aux Editions de Minuit et travaillé pour la Bibliothèque de la Pléiade. A ce titre, elle est spécialiste de littérature classique. En parallèle, elle est aussi critique littéraire depuis 2009, publiant principalement des articles sur le roman français contemporain. Ses essais questionnent la société à partir de la littérature.
Proust-Monde - Quand les écrivains étrangers lisent Proust vient de paraître en poche. Il s’agit d’un recueil de 83 textes, dont 20 dans une première traduction, rédigés par des écrivains étrangers. J’ai bien dit écrivains et non critiques ou universitaires. J’ai conscience que cet ouvrage ne va pas intéresser tout le monde mais pour tous ceux qui placent Marcel Proust très haut dans leur panthéon littéraire, sachez que parmi la masse de livres parus cette année sur l’écrivain, à l’occasion du centenaire de sa mort, ce bouquin mérite largement d’être lu.
Pour vous donner une idée de son contenu, le mieux est de vous en donner les titres des principaux chapitres : Traduire Proust (« La complexité de la phrase proustienne, si souvent soulignée par les lecteurs, est redoublée dans la traduction ») Ses premiers lecteurs (Rainer Maria Rilke, Edith Wharton, Stephan Zweig…), Grandeur et longueur de Proust (Yukio Mishima, Vladimir Nabokov…) Anti-Proust, Pastiches et réécritures, Proustophilie (Roald Dahl, Haruki Murakami, Umberto Eco…), Ecrire après Proust ? (Virginia Woolf, Kazuo Ishiguro, Milan Kundera…)
A la lecture de ces titres, vous constatez déjà qu’un minimum d’objectivité assure un bon niveau au bouquin puisque même ceux qui n’aiment pas l’auteur, sont cités (Jorge Luis Borges, D.H. Lawrence, Aldous Huxley…) et ça ne manque pas de sel. Et si on y ajoute le casting du générique que je viens d’esquisser, vous comprenez que c’est tout le gratin mondial de la littérature qui est passé par Proust, qui l’a disséqué, analysé, commenté.
Un bouquin qu’on peut lire en piochant selon son humeur ou comme moi, en allant d’abord directement voir ce qu’en disent vos écrivains préférés. Un excellent document.
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Cette anthologie en deux tomes, chacun contenant une trentaine de nouvelles, présente une grande variété d’auteurs et de styles. Le choix des oeuvres a été réalisé par une équipe de critiques et d’auteurs japonais de l’époque (fin des années 80). Si on y retrouve certains noms bien connus (Mishima, Tanizaki, Kawabata, Ôe, Sôseki…), la plupart des auteurs nous sont inconnus, car c’est la première fois qu’ils sont traduits, et à ma connaissance, les choses n’ont pas beaucoup avancé pour eux depuis les années 1990 !
Toutefois, cela s’explique aisément. L’éditeur nous assure sur la quatrième que les soixante nouvelles sélectionnées « embrassent la production littéraire japonaise depuis le début du siècle jusqu'à l’après-guerre » . Ce n’est pas tout à fait exact. La majorité de nouvelles se concentrent entre deux époques : la fin du 19e siècle (premier tome) et la période entre la fin de la guerre et les années 70. Elles nous décrivent logiquement un Japon, et une vie quotidienne, très différents de celui que nous connaissons : le pays est pauvre, la faim est une préoccupation quotidienne, les maladies nombreuses et l’activité économique chaotique. La délinquance n’est pas rare, et pour s’évader de ce quotidien plutôt glauque, de nombreux auteurs donnent à leurs récits une connotation onirique. Certains, marxistes convaincus, à défaut d’être convainquant, nous décrivent avec talent la vie quotidienne des masses laborieuses où les familles font savoir aux anciens qu’ils n’ont que trop vécu, et se les refilent en espérant les voir expirer au plus vite ! (« l’âge des méchancetés », Fumio Niwa, vol. II). Autour de la guerre, des récits prenant prétexte de la mort d’un animal sont aussi très éloignés de notre sensibilité actuelle.
Les nouvelles de cette anthologie sont de « vrais » nouvelles, le plus souvent de quelques dizaines de pages et non, comme le voudrait la mode actuelle, de quelques pages, voire une seule ! On y trouve un sens partagé de la description : paysages, situations, pensées, voyages, au détriment peut-être de l’action ou de la chute, qui n’est pas ici le but recherché (bien que ce soit le cas dans d’autres nouvelles japonaises de la même époque que j’ai lues par ailleurs).
Si les deux volumes sont interessants, les « pointures » sont surtout regroupées dans le premier). On rencontre ainsi dans ce dernier « l’incident de Sakaï », de Ogai Mori, qui relate un accrochage entre des marins français et la population du port de Sakai en 1868, provoquant un seppuku général devant des officiels français terrifiés par ces suicides rituels. On y rencontrera aussi la célèbre nouvelle « Le pied de Fumiko », de Tanizaki ; le très amusant journal d’un officiel japonais visitant le Paris de 1872 ( par Mitsuo Nakamura) et un très interessant texte de Mishima, « du fond des solitudes ».
Il arrive aussi que l’on rencontre une nouvelle qui décrive en détail un aspect typique de la vie japonaise, ce qui n’est pas toujours passionnant : ainsi, alors qu’une nouvelle explore (laborieusement) en profondeur l’univers du théâtre Kabuki (« on ne vit qu’une fois », Kiku Amino, vol. II) ; une autre (« note sur ceux qui prirent la mer à la recherche de la terre pure » - Yasushi Inoue, vol.I) parvient à traiter sur un mode humoristique les errements des supérieurs d’un temple contraint d’embarquer, la vieillesse venue, pour un voyage sans retour.
Evidemment, chaque lecteur trouvera dans ce foisonnement matière à admirer, rêver ou même s’ennuyer, mais l’ensemble mérite largement d’être lu. Parmi les nouvelles présentées, au delà de celles, magnifiques, de Mishima, Kawabata et Tanizaki, je retiendrai les noms de Aya Koda (le kimono noir, vol. II) et Yoshiki Hamaya (la lettre dans un baril de ciment, vol II).
Cette anthologie ayant tout de même trente ans, depuis une nouvelle génération d’auteurs, véritablement contemporains et sans doute davantage traduits, occupent le devant de la scène (et les emplois du temps des traducteurs, qui sont moins nombreux que les soldats !). Chaque nouvelle est suivie d’une courte notice présentant l’auteur, ses oeuvres principales et celles disponibles en français. C’est l’occasion, au hasard de ces notices bibliographique, de voir combien d’oeuvres japonaises reconnues n’ont jamais été traduites.
Les traducteurs, au travail si difficile ici (ils ont été épaulés par une équipe japonaise de spécialiste de littérature française), sont nombreux. Parmi ceux qui ce sont occupés de plusieurs nouvelles, citons Marc Mécréant, Jean Jacques Tschudin, Anne Sakai et Jean Cholley. Tous ont réalisé un excellent travail, sur des textes difficiles, confinant parfois au surréalisme, et donc particulièrement difficiles à transcrire (mention spéciale à Anne Sakai pour « ces journées telles qu’en rêve » de Toshio Shimao, qui n’a pas dû être simple à transcrire !)
Ajoutons pour terminer que ces deux épais volumes de 600 pages respirent la qualité et, malgré une couverture dont la qualité se dégrade visiblement entre le volume I et II (on passe, d’une solide couverture plastifiée en 1986 à un carton brut trois ans plus tard - il n’y a pas de petites économies), qu’ils supporteront de nombreuses lectures, relectures et consultations pour une plongée en eaux profondes dans les origines du japon moderne.
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