« Être ou ne pas être », voilà peut-être la question que pose «
Carrières de sable » dont le récit autour de la disparition de Francis Plan se construit dès le titre sur la double acception du mot : une carrière, c'est à la fois ce parcours professionnel que tout individu aspire à construire, et cet espace de déconstruction que l'on évide peu à peu de son matériau, jusqu'à épuisement.
Francis Plan est cadre supérieur dans la grande banque new-yorkaise Anton Brothers. Il fait carrière. Tout se bouleverse le jour où il perd son téléphone portable d'entreprise : coupé du reste de la banque et du reste du monde, il devient vite un météore, jusqu'au soir où il ne ressort pas de l'immeuble de la banque dans lequel il est entré le matin. Et pour autant, son existence virtuelle sur Excel, Outlook, Powerpoint et autre Facebook se poursuit sans la moindre défaillance. Très vite il s'avère que Francis Plan n'est que le premier d'une longue liste de cadres brusquement rayés de la carte sans disparaitre tout à fait, tandis que, dans le même temps, les principaux fleurons de l'économie et du net sont la cible d'attaques mystérieuses dont les auteurs demeurent tout aussi introuvables. Ces hommes, ces femmes, qui disparaissent, sont-ils pulvérisés ? Deviennent-ils l'armée secrète d'une révolution visant la cyber-société ? «
Carrières de sable » est le récit de l'enquête conduite par le jeune magistrat Nurani.
J'ai lu «
Carrières de sable » comme un polar, dévorant les chapitres dans le suspens sans pose d'une écriture vigoureuse. Mais il ne faudrait pas réduire «
Carrières de sable » à la seule narration de la traque de Francis Plan. Car ces cadres qui disparaissent, leur effacement devient de moins en moins évident à mesure que l'enquête se déploie, inondant, selon les mots-mêmes du juge Nurani, les moindres recoins, jusqu'à démanteler ce funeste mécanisme du terrorisme qui conduit Francis Plan (et ses complices) à « finalement trouver ce néant qu'il avait tant recherché ». Lorsque l'histoire est finie, on je rigole plus, on a simplement compris avec le juge Nurani que « c'était bien l'Histoire qui s'effaçait, par pans entiers, jusqu'au moment où l'on put sincèrement penser qu'elle n'avait jamais eu lieu ».
« Être ou ne pas être », voilà peut-être la question que pose «
Carrières de sable ». Une aventure qui embarque le lecteur bien plus loin que prévu !