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EAN : 9782956621904
224 pages
Ruisseau (24/10/2018)
4.43/5   7 notes
Résumé :
« Violences conjugales »
Une expression sèche et étrangère, une case dans laquelle personne n’a envie de se reconnaître, ni Marion, ni Alice, pas plus Fatiha que Morrigan. Quatre femmes aussi différentes que curieuses et énergiques.
Pourtant Marion doit bien admettre qu’elle est assez paumée. Pourtant Alice se sent parfois au bord de la folie. Pourtant Fatiha est en butte aux services sociaux. Pourtant Morrigan se trouve prise de vertiges dans un co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Arrête, arrête, ne me touche pas! Je t'en prie, ai pitié de moi." Patrica Carli.

P.Carli n'a jamais parlé de violences, à son encontre. Mais d'entrée, je voulais interpeller les femmes battues, et les autres ( ainsi que les hommes), afin qu'elles réagissent aux violences faites à leur encontre...


Selon l'ONDP en 2017, seulement 14% des femmes portent plainte, pourquoi?
Aude Vincent l'explique très bien, dans ce livre, son premier roman:

1/ La peur des coups.
2/ La peur de ne pas être comprise ou écoutée...
3/ La dépendance financière.
4/ Les enfants.
5/ L'amour( il va changer, car il revient avec des cadeaux, en s'excusant, en sanglotant, en menaçant de se suicider...)


Car ces "hommes", ces individus violents, ces odieux personnages utilisent tous les moyens, physiques et mentaux, afin de rabaisser la femme...
Beaucoup de ces monstres n'hésitent pas à tuer, car ils se croient dans leur droit, dans une société encore patriarcale...
De plus," 1/3 d'entre eux continuent d'agresser leur ex, après la rupture."


Aude Vincent tisse des liens entre plusieurs destins de femmes (Marion, Alice, Morrigan et Fatiha...) lors de leurs rencontres, dans une association de lutte contre les violences conjugales faites aux femmes, afin qu'elles sortent du cycle infernal...


C'est très bien écrit, c'est beau et intelligent, avec des références à la loi Naquet et d'autres, plus des titres de livres, comme "Frapper n'est pas aimer" de Natacha Henry (...si une femme dit qu'elle a peur, il faut la croire. Surtout, ne pas minimiser)...


De jolis poèmes illustrent ce beau livre, avec des adresses d'associations et de contacts utiles.

Je parlais d'une chanteuse, au début, mais vous souvenez sans doute de Whitney Houston, de Tina Turner, et d'autres célébrités battues par leur époux? Et bien d'autres, des anonymes...


Muriel Robin, qui a incarné Jacqueline Sauvage, (cette dame qui tua son mari, de peur qu'il ne la tue...) a poussé un grand cri de révolte, que personne n'a jamais vraiment ... entendu?


Un grand merci, à Babelio, aux Éditions du ruisseau intrépide, et à Aude Vincent.
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Certaines lectures brisent le coeur et il est bien difficile de parler de nos ressentis.
Cette histoire traite des violences conjugales et les mots me manquent...
(La thématique abordée ici n'est pas un spoil puisqu'il s'agit des premiers mots écrits sur la quatrième de couverture.)

Le titre "Cartographie de nos bleus" fait donc référence à des blessures. C'est incroyablement bien trouvé.
L'auteure nous présente plusieurs parcours de femmes. Chacune a une situation différente. Certaines sont mariées. Certaines ont des enfants. Toutes sont sous l'emprise. Toutes ont peur. Toutes sont victimes de maltraitance.

Ce livre va répondre à plusieurs questions que l'on peut se poser sur cette thématique délicate. Pourquoi les victimes ne partent pas ? Comment peut-on venir en aide à des victimes de violences conjugales ? Que prévoit la loi ? Quelles sont les aides pour les victimes ?

À travers les personnages de l'histoire, l'auteure va montrer les positions complexes dans lesquelles peuvent se trouver les victimes. On ressent le sentiment d'impuissance de ces femmes. On ressent la souffrance de ces femmes. Ce livre aide à comprendre les victimes de violences, souvent incomprises des personnes extérieures à cet enfer.

Comment réagir si on se retrouve témoin d'une scène de violences ? L'auteure insiste sur l'importance de venir en aide à la victime. Et si l'on n'ose pas intervenir, il faut absolument demander une aide extérieure. Aussi, l'auteure met en lumière des associations de soutien et des groupes de paroles.

J'ai énormément appris sur les violences conjugales et sur les lois.
Avant cette lecture, je ne connaissais pas la roue du pouvoir et du contrôle. J'ai été interpellé d'apprendre que le divorce est rétabli en France depuis 1884 seulement. C'est remarquablement documenté. On y trouve plusieurs références littéraires sur le sujet.

Brutal, extrêmement dur, mais bien réel, ce livre m'a marqué. J'ai eu du mal à lire certains passages qui font mal au coeur. Des pauses pendant ma lecture étaient nécessaires tant les émotions que j'ai pu ressentir étaient intenses et douloureuses.
On n'en ressort pas indemne, mais c'est si important d'en parler et de dénoncer ces violences.

Malgré la thématique, l'auteure transmet un message d'espoir, l'espoir de se reconstruire.

Aude Vincent présente un récit bouleversant et terrifiant, mais très juste.
Ce n'est pas une lecture facile à lire, loin de là, mais je vous la recommande fortement, si vous avez le coeur bien accroché.
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Un livre magnifiquement bien écrit, un livre incroyablement fort et d'une puissance. L'écriture de l'auteur est fluide, forte et poignante mais aussi enivrante et déchirante. Il est très bien documenté, l'auteur fait aussi beaucoup de rappel aux lois comment elles ont évoluées mais aussi comment elles sont constitués, il fait notamment référence à la loi Naquet. Mais on y retrouve aussi des titres de livres qui traitent également de violences conjugales faite aux femmes comme par exemple "Frapper n'est pas aime" de Natacha Henry.

Le roman ce découpe entre plusieurs personnages (Marion,Alice, Morrigan, Fatiha, Rose, Pat...) qui vont se rencontrer et tisser dans liens au seins d'une association pour les femmes victimes de violences afin de libérer leurs paroles mais aussi afin de sortie de cercle infernale. Pour partager leur quotidien et leur vécu, mais aussi parce que ces mêmes femmes ont vécu la même chose et elles se comprennent mieux que quiconque, elles vont s'épauler et se soutenir.

Un livre bouleversant que tout le monde devrait lire (homme ou femme), un livre qui montre qu'il n'est pas toujours facile de pouvoir partir, qu'il ne suffit pas juste de le vouloir pour arriver à partir. Que la peur est présente de plus en plus, la peur des représailles pour elle ou pour les enfants, la peur qu'il la retrouve. Les hommes violents ont une véritable emprise sur leur femme / conjointe / ex-femme ou petite-amie, ils ont une telle emprise que certaines n'arriveront jamais réellement partir, ça a été le cas pour Pat Lowther qui avait réussi à partir mais qui est revenue ou qui avait réussi à mettre a la porte son conjoint, il y a toujours une raison valable pour qu'elles reviennent comme trouver nulle part ou dormir avec des enfants ou bien les menaces, l'harcèlement, les menaces de suicide et j'en passe.

Un livre poignant que je ne suis pas prête d'oublier, un livre qui m'a marqué et appris plein de choses sur ce sujet dont on parle si peu, un livre a avoir chez soi. Je vous le recommande vivement
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En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Derrière cette statistique, au-delà des chiffres qui alertent, il y a une réalité de violences quotidiennes pour de nombreuses femmes. Surtout, il y a des noms de femmes qui souffrent : Morrigan, Marion, Alice, Fatiha…
« J'ai simplement peur de mourir » dit Morrigan au milieu du livre, résumant en une phrase toute simple l'horreur d'une violence banalisée.
L'histoire de leur quotidien prend le lecteur aux tripes. Présenté comme un roman, ce récit est bien plus que cela, car on imagine la réalité et les visages derrière le texte. Plusieurs fois j'ai fait des pauses dans cette lecture qui coupe le souffle, tendue par des passages qui sont des litanies de l'horreur :
« Cheveux arrachés, coquard, oeil au beurre noir, pommette gonflée, joue déchirée sur plusieurs centimètres, coups à l'oreille (pas de trace visible), tympan foutu (perforé), lèvre fendue, dent perdue, mâchoire brisée, cicatrice au menton, traces d'étranglement sur le cou, coup à l'épaule (pas de trace encore), épaule démise, bleus dans le dos, bras tordu, bleus sur le bras, bras cassé, griffures, poignet cassé, poignet tordu, entorse au doigt, rhumatisme dans un petit doigt cassé, hématome sur les côtes, coup au ventre (pas de trace), fausse couche, utérus explosé, foie détruit, brûlure à la cuisse (cigarette), d'autres fractures, une brûlure de cigarette encore, d'autres bleus, d'autres brûlures. »
Et puis il y a ces poèmes de Pat Lowther (que je ne connaissais pas), dont on imagine au départ qu'ils vont apporter un peu de douceur, mais qui sont des témoignages de la même violence (elle-même a été tuée par son mari dans d'atroces conditions).
Un livre fort et percutant, documenté, engagé (jusque dans l'utilisation de l'écriture inclusive, encore assez rare dans les récits), qui met chaque lecteur devant ses responsabilités : ne pas subir, ne pas laisser faire. A travers l'association qui accompagne ces femmes, la parole retrouve une force bien plus importante que celle des poings.
Lien : http://selectrice.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Au XIVe siècle aussi, la coutume de Bordeaux estime qu'un mari qui tue sa femme dans un excès de colère, n'encourt AUCUNE peine, s'il s'en confesse repentant par serment solennel.

Après la loi Naquet, qui permet le divorce sur le seul fondement de fautes précises ( adultère, condamnation à une peine afflictive et infamante, excès s, sévices et injures graves), 80% des demandes de divorces sont déposés par des femmes, dont les 3/4 invoquent des sévices et des injures graves.

Au début du XXe siècle, le viol n'est pas sanctionné, le meurtre en flagrant délit d'adultère est excusable, et par conséquent, soit acquitté, soit puni de 1 à 5 ans de prison, alors qu'un meurtre tout court est alors passible de 10 à 20 ans de prison.
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Comme je m'approche de la bouteille convoitée j'entends tout près de mon oreille une voix d'homme asséner : "... vraiment incapable...". Je me glace. Ma tête se tourne, une partie de mon cerveau comprend que les mots que je viens d'entendre font partie d'un échange qui ne m'est pas destiné, qui n'a rien à voir avec moi. Mais pendant ce temps ailleurs dans ce même cerveau font surface toutes les phrases que l'autre a prononcées ainsi, tout près de mon oreille et d'un ton presque égal, desserrant à peine les lèvres. La peur ancienne redevient en un instant présente, les gens autour de moi deviennent flous et lointains, je bascule, je le sens et n'y peux rien. Je me recroqueville sur moi-même, crie. Le brouillard qui m'entoure s'agite de silhouettes qui cherchent à me guider vers un canapé, des voix étouffées me parviennent, au bout de ce qui me semble une éternité mais n'a sûrement duré que quelques instants je reprends peu à peu pieds.
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Alice a lu la nouvelle dans un gratuit qu'elle feuilletait dans le métro, un petit encart sur le côté d'une page, perdu entre le résultat d'un match de foot et la participation d'une star quelconque à un projet caritatif, un fait divers comme il y en a souvent, un homme qui a assassiné une femme, "sa" femme. C'est toujours un coup, mais cette fois la ville indiquée ajoute l'inquiétude à l'horreur.
Fatiha l'entend sur France info, une annonce rapide dans le flash de six heures.
Morrigan reçoit un SMS de Rani : "Tu as entendu pour le meurtre à Saint-Denis ?"
Marion dort encore.
Alice envoie un texto à Lubnia : "Tout va bien ma belle ?"
Et dix minutes plus tard, sans réponse, elle envoie à Fatiha, Morrigan, Marion, Kosala, Lena, Mbali, Véronique : "Quelqu'une a des nouvelles de Lubnia ? L'a eu hier ou ajourd'hui ?"
Fatiha : "Je viens d'essayer de la joindre, ele n'a pas répondu."
Morrigan : "On pourrait demander à l'asso, à Nadia ?"
Alice : "Je les contacte."
Marion, une heure plus tard : "Pourquoi vous essayer de joindre Lubnia, qu'est-ce qu'il se passe ?"
Kosala : "Une femme tuée à Saint-Denis."
C'est via Nadia qu'elles reçoivent à onze heures l'horrible confirmation : Lubnia est la victime de Saint-Denis. Lubnia a été abattue la veille par son ex sur le parking de la crèche où elle venait chercher sa petite fille. Lubnia qu'elles retrouvaient chaque mois à l'atelier, Lubnia lumineuse, Lubnia riante, Lubnia pleine de projets, Lubnia qui s'était un peu reconnue dans chacune des autres, Lubnia dans laquelle elles s'étaient toutes un peu reconnues.
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Cheveux arrachés, coquard, œil au beurre noir, pommette gonflée, joue déchirée sur plusieurs centimètres, coups à l’oreille (pas de trace visible), tympan foutu (perforé), lèvre fendue, dent perdue, mâchoire brisée, cicatrice au menton, traces d’étranglement sur le cou, coup à l’épaule (pas de trace encore), épaule démise, bleus dans le dos, bras tordu, bleus sur le bras, bras cassé, griffures, poignet cassé, poignet tordu, entorse au doigt, rhumatisme dans un petit doigt cassé, hématome sur les côtes, coup au ventre (pas de trace), fausse couche, utérus explosé, foie détruit, brûlure à la cuisse (cigarette), d’autres fractures, une brûlure de cigarette encore, d’autres bleus, d’autres brûlures.
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Elles ne veulent rien laisser au hasard, anticiper le plus possible sur toutes les conséquences, alors elles se réunissent dans le local de l'asso pour discuter longuement des options possibles.
Lui coller la honte à un évènement public, trasher son appart', lui casser la gueule, faire des tags partout dans sa rue et près de son boulot "Machin est un homme violent", le perturber avant un rendez-vous d'embauche ou un examen s'il en a, aller changer sa demande de mutation sur Internet s'il est fonctionnaire, on connait bien des hackeuses non ? Elles hésitent.
Il faut que l'action décidée convienne à Morrigan, et ne fasse courir de risques judiciaires à personne, autant que possible.
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