Un nouvel emprunt au CDI de "mon lycée"... qui est une anthologie très réussie, mêlant les poètes les plus connus à des magiciens des mots, fortement absents habituellement des recueils, et de nos mémoires…
Un ouvrage très attractif, qui présente à chaque
poème, son auteur, en quelques lignes, et une photographie d'époque en noir, en pleine ou demie page...
J'ai choisi de retrancrire un texte d'espérance , intitulé "14 juillet"... d'
André Frénaud
" à Jean Lescure
Le rouge des gros vins bleus,
la blancheur de mon âme,
Je chante les moissons de la République
sur la tête des enfants sages
le soir du quatorze juillet.
Et l'ivresse de fraternité des hommes dans les rues,
aux carrefours des rêves de la jeunesse
et des soupirs de l'âge,
au rendez-vous de la mémoire et des promesses,
dans le reverdissement de l'espoir par la danse.
C'est le triomphe de la tendresse (....)
C'est le jour de la fête de la
Liberté
Nous avions oublié la vieille mère
dont les anciens ont planté les arbres.
Il est des morts vaincus qu'il faut précipiter
encore un coup du haut des tours en pierre.
Il est des assauts qu'il faut toujours reprendre
Il est des chants qu'il faut chanter en choeur,
des feuillages à brandir et des drapeaux
pour ne pas perdre le droit des arbres
de frémir au vent. (....)
Le génie de la Bastille a sauté parmi nous.
Il chante dans la foule, sa voix mâle nous emplit.
Au Faubourg s'est gonflé le levain de Paris.
Dans la pâte, nous trouverons des guirlandes de verdure,
quand nous défournerons le pain de la justice...
C'est aujourd'hui ! Nous le partagerons en un banquet,
sur les hautes tables avec des litres.
Le monde est en liesse, buvons et croyons !
Je bois à la joie du peuple, au droit de l'homme
de croire à la joie au moins une fois l'an.
A l'iris tricolore de l'oeil apparaissant
entre les grandes paupières de l'angoisse.
A la douceur précaire, à l'illusion de l'amour. (p.175)
Une multitude de poètes occasionnels ou qui ont poursuivi une oeuvre, m'étaient ignorés jusqu'à leurs patronymes : André Chennevière,
Louis Parrot (très proche ami d'
Eluard),
Léon Moussinac ( 1890-1964 ; auteur de
poèmes, romans, récits, pièces de théâtre, livres sur le cinéma, le théâtre) , Maryse le Bris, ,
Jean Marcenac, Arlette Humbert-Laroche (1917-1943. Martyre et poète aussi oubliée que pourtant exemplaire),
Loys Masson (1915-1969),
Pierre Unik (1909-1945 ; l'un des plus jeunes surréalistes),
Madeleine Riffaud, Viviane Dubray-Snoec,
Gabriel Audisio (Rescapé, il collabore avec
Pierre Seghers pour qu'en 1945 paraisse un ouvrage intitulé « Ecrivains en prison »), etc.