Ma lecture de "Comment la Palestine fut perdue" par
Jean-Pierre Filiu m'a profondément marqué et enrichi ma compréhension du conflit israélo-palestinien, un sujet complexe et souvent mal interprété. Ce qui distingue immédiatement l'ouvrage, c'est la manière dont Filiu navigue à travers les dédales historiques et politiques pour offrir une analyse exhaustive et équilibrée, ne négligeant ni les aspirations palestiniennes ni les dynamiques internes israéliennes.
Un aspect frappant du livre est l'examen minutieux de la violence inhérente à la création de l'État d'Israël, souvent omis ou sous-estimé dans les récits mainstream. Filiu ne se dérobe pas devant la complexité de cette violence, la contextualisant dans le cadre plus large de la lutte pour la terre et l'identité. Il s'attarde sur les racines et les conséquences de cette violence, permettant ainsi de comprendre les profondes cicatrices laissées dans la mémoire collective palestinienne et les répercussions sur la psychologie de la résistance palestinienne.
L'influence du sionisme chrétien, en particulier dans la politique étrangère américaine, est un autre point crucial que Filiu aborde avec une acuité remarquable. L'engagement presque inconditionnel des États-Unis envers Israël, souvent alimenté par des convictions sionistes chrétiennes, joue un rôle indéniable dans la dynamique du conflit. Cette alliance, basée sur des croyances religieuses et politiques, a façonné les politiques qui ont directement affecté l'évolution du conflit, soutenant des actions controversées d'Israël et entravant les efforts de paix.
La critique de Filiu sur la paralysie internationale et l'échec à promouvoir un règlement pacifique est particulièrement percutante. Il dépeint un monde où les réactions aux tragédies sont souvent filtrées à travers des alliances politiques et des intérêts stratégiques, plutôt que guidées par des principes de justice et d'équité. Cette critique est d'autant plus pertinente dans le contexte de l'offensive "Déluge d'Al-Aqsa" et de la réponse internationale qui en a suivi, révélant une fois de plus l'urgence d'une solution politique qui tienne compte de l'égalité des droits et de l'humanité partagée.
"Comment la Palestine fut perdue" est une lecture essentielle, non seulement pour ceux qui cherchent à comprendre le conflit israélo-palestinien, mais aussi pour ceux qui aspirent à une compréhension plus profonde des dynamiques de pouvoir, de la violence et de la résistance dans les conflits modernes. La capacité de Filiu à entrelacer l'analyse politique avec les récits humains enrichit la narration, offrant une perspective à la fois éclairée et profondément humaine sur l'une des tragédies les plus poignantes de notre temps.