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Robert Renard (Traducteur)
EAN : 9782752904171
272 pages
Phébus (17/09/2009)
3.33/5   9 notes
Résumé :

" Ferdynand Ossendowski nous raconte ici ses souvenirs de la guerre russo-japonaise et de son emprisonnement dans les geôles du tsar après l'échec de la révolution de 1905. Le récit qu'il nous fait de la vie des prisonniers russes en Extrême-Orient, et qui nous offre des révélations si curieuses sur le régime et la mentalité des détenus, lui avait valu de nouvelles persécutions de la part du gouv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

En voilà un titre qui intrigue. Automatiquement on cherche dans sa mémoire pour trouver l'identité de ce malchanceux, mais bien que la politique, à un certain niveau, ne soit pas considérée comme une profession à haute risque, dans le sens d'être déménagé brutalement d'un palais à une cellule, pour les autres risques, il y a les gardes du corps.
Mais là, je ne vois pas tout de suite. Je donne ma langue aux chats.

D'abord un mot sur l'auteur, qui était loin d'être un homme simple. Ferdynand Ossendowski est né en 1876 à Ludza dans l'Empire tsariste (et actuellement en Lettonie) et mort 68 ans après à Zólwin, à 22 kilomètres au sud-ouest de Varsovie.

C'était un homme surprenant à cause ou plutôt grâce à ses multiples talents : scientifique de formation (maths, physique, chimie) à l'université de Saint-Pétersbourg et à la Sorbonne (chez le célèbre Marcellin Berthelot) ; grand voyageur et explorateur (Constantinople, Inde, Corée, Japon, Chine...) ; révolutionnaire et collaborateur d'Alexandre Koltchak ; professeur à l'université et à l'institut d'études politiques de Varsovie ; conseiller du gouvernement polonais et un des écrivains les plus populaires de son temps, bien qu'il ait fallu attendre la chute du communisme pour lever l'interdit qui frappait son oeuvre.

Entre 1905 et sa mort, l'auteur a publié 52 ouvrages, dont exactement 20 furent traduits en Français. Parmi ses publications, il y a la nouvelle "Noc" (ou la nuit), une biographie de Lénine et son fameux "Bêtes, hommes et Dieux : À travers la Mongolie interdite 1920-1921".

Ferdynand Ossendowski a été un ami de sa brillante compatriote, Marie Curie (1867-1934), et a rencontré à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, un autre aventurier légendaire, le baron Roman von Ungern-Sternberg (1885-1921).
J'ai crû bien faire en ajoutant à la biblio de Babelio une photo de Ferdynand et son épouse Zofija, tous les 2 dans une pose bien typique : penchés sur une carte, en l'occurrence d'Afrique.

En 1903, les Russes, sur l'initiative du grand veneur de l'empire des tsars, Dmitri Bezobrazoff, obtinrent des concessions forestières importantes dans la Vallée du Yalou en Corée, ce qui inquiétait gravement le Japon. le ministre des finances, le comte Serge Witte, avait insisté auprès de Nicolas II sur l'énorme danger qu'un conflit avec le Japon présentait, hélas, sans succès. Il y avait, en plus, une invraisemblable sous-estimation de la puissance de l'armée japonaise.

C'est à ce moment que Ferdynand Ossendowski arriva à Vladivostok, "l'impératrice d'orient", pour des recherches scientifiques et que le récit commence. Faute d'un bâtiment pour son laboratoire, il dût s'installer dans ceux de la compagnie des chemins de fer.

Une des tâches prioritaires pour notre héros consiste à trouver pour le gouvernement russe de l'huile de soja en quantités quasi industrielles. Cette mission lui permet de parcourir cette région frontière entre la Mandchourie et la Mongolie dans tous les sens et comme l'auteur est un observateur exceptionnel, il en résulte quelques belles pages de description de cette contrée pittoresque et encore très peu connue à l'homme occidental.
Ses observations ne se limitent pas à l'homme, puisqu'attiré par les oiseaux exotiques, il observe également le vol des ibis, flamants roses et oies de l'Inde.

Ces pérégrinations n'étaient cependant pas sans danger. Près de la frontière coréenne des bandes de Khoungouzes (peuples d'origine mongole), sous la conduite du seigneur de guerre, Chang Tso-lin (1875-1928), un Chinois à la solde des Japonais, harcelaient les armées russes et il valait mieux ne pas tomber entre leurs mains. Et d'autres bandes d'irréguliers, qui attaquaient les trains et dépôts russes, étaient tout autant à éviter. Sans oublier les soldats japonais isolés, mais bien armés, qui étudiaient le terrain et étaient des adversaires dangereux.

Bref, c'était un "Far East" fort animé, avec ses John Wayne et Clint Eastwood aux yeux bridés.

Tout au long de ses voyages en Sibérie orientale, les Russes avouèrent à notre auteur "que le peuple n'avait plus aucune illusion". À ce propos, Ossendowski qui les connaît bien, note l'espoir repartaît et disparaît facilement chez eux, mais cette fois-ci "on considérait la guerre comme perdue". (page 93).

La guerre russo-japonaise a duré un peu plus d'un an et demi (de février 1904 à septembre 1905) et a été remporté par le Japon, qui y a "gagné" une partie du sud de la Mandchourie et la moitié de l'Île de Sakhaline. le nombre de victimes est estimé à 156.000 morts.
Cette défaite russe a eu des conséquences énormes et a contribué incontestablement à la chute de la dynastie des Romanov et à l'avènement de la Révolution d'Octobre 1917.

Celui qui est allé de la présidence à la prison, fut l'auteur lui-même, qui en 1905 fût arrêté et condamné à mort, mais a eu sa peine commuée en travaux forcés. Deux ans plus tard, il fût libéré mais avec un "Wolf ticket" ("volchiy bilyet"), une espèce de papier d'identité avec toutes sortes de restrictions, entre autres en matière de fonctions, titres et déplacements.

C'est un peu cynique de ma part, mais grâce à ce fameux ticket et pour notre plus grand bien, le pauvre Ferdynand Ossendowski se mit à écrire !
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Bouquin singulier que ce second tome des souvenirs d'un ingénieur chimiste Polonais, Ferdynand Ossendowski formé en partie à Paris par Marcellin Berthelot. Travaillant pour les Russes dans les années 1905 à Vladivostock pour l'administration des chemins de fer, il est l'un des témoins de cette guerre étrange avec les Japonais et se retrouve, bien malgré lui, président du gouvernement temporaire d'extrême-orient.

À la fin de cette guerre, alors que son action est essentiellement d'assurer le retour des soldats russes vers l'ouest tout en préservant la situation à Kharbine, les luttes de pouvoir le font emprisonner et envoyer 18 mois en prison.
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au début du XXe siècle, des géographes militaires russes préparaient une carte de la Mandchourie. Ne parlant pas la langue, ils demandèrent aux villageois le nom de l'endroit. La réponse était invariablement "pu tung te" ou "je ne comprends pas". L'officier inscrivait alors gentiment sur la carte "Putungte". Résultat : le nombre d'hameaux Putungte fût pléthorique, rendant l'état-major de l'armée du tsar fou furieux !

(page 18).
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La société de cette petite créature m'avait apporté un grand soulagement et j'étais vraiment très impressionné par la façon dont mon moineau se montrait sensible à mes états d'âme. Lorsque j'étais calme, il venait se poser sur mon épaule ou sur ma tête et me piquait du bec comme pour me taquiner ou bien sautillait sur mon papier. Quand au contraire j'étais triste, il restait silencieux, à me regarder, immobile, sur le rebord de la fenêtre. Un coup d'oeil, un appel suffisait à le faire sortir de sa torpeur et il arrivait aussitôt sur ma table en pépiant joyeusement comme s'il voulait me réconforter. Le matin, il me réveillait en volant autour de la cellule ou en se posant sur mon visage. Il me regardait curieusement, semblant insister pour me faire lever, réclamant son déjeuner et de l'eau fraîche pour son bain.

C'était vraiment une intelligente petite bête: ses yeux noirs, semblables à des perles, pénétraient jusqu'au fond des âmes. Il avait de la sympathie pour le directeur de la prison qui passait faire son inspection une fois par semaine. Dès que celui-ci entrait, l'oiseau lui faisait un accueil tout à fait cordial, se posant sur la table et sautillant de la façon la plus amusante, de manière à se rapprocher petit à petit de la manche galonnée.

Au contraire, quand arrivait le procureur, l'attitude de l'oiseau était absolument différente: il se cachait dans son nid et gardait obstinément le silence. Si le magistrat prolongeait un peu sa visite, la petite créature se posait sur le rebord de la fenêtre, ouvrait les ailes et criait à tue-tête des injures à l'intrus. Une fois que la porte s'était refermée sur l'indésirable visiteur, mon compagnon se mettait aussitôt à voleter joyeusement en exprimant sa satisfaction.

Quand je fus bien assuré que le moineau était rétabli, je décidai de lui rendre sa liberté et de l'envoyer porter notre message au monde extérieur si proche de nous et cependant si affreusement loin.
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