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EAN : 9782330039103
108 pages
Actes Sud (04/02/2015)
3.32/5   38 notes
Résumé :
1947 à Finsterau, un petit village de Bavière. La jeune Afra et son fils de deux ans trouvent une mort sanglante dans le salon de la maison de ses parents, Johann et Theres Zauner, surnommés les “sans-terre” en raison de leur extrême pauvreté. Afra était retournée vivre dans sa misère natale en 1944 après avoir perdu son emploi en ville. Ses parents, très croyants, étaient devenus la honte du village quand elle avait donné naissance au “bâtard” d’un Français en 1945... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En 1947, l'Allemagne, vaincue et ruinée, à l'épreuve de la reconstruction, a bien d'autres chats à fouetter que de résoudre certaines affaires de droit commun à la une de son actualité. Elles entravent l'élan du pays, distraient de l'essentiel. Quand un coupable présumé, un suspect d'évidence, fait des aveux certes précipités, forcés mais probants sur un double meurtre en huis-clos, familial et miséreux, on s'empresse de le croire sans vraiment vérifier. Quand nul ne s'arrête au fait qu'aux berges d'une aliénation gériatrique balbutiante mais manifeste il n'avoue que ce que l'on attend de lui, tout concoure à l'erreur judiciaire. Des ambitions policières sous-jacentes ayant intérêt à un "cold case" rapide et valorisant, la mauvaise interprétation d'indices, des faux témoignages évidents, l'aveuglement naïf d'un magistrat débutant et confiant : tout conduit via une enquête et un jugement hâtifs à des vies grugées et détruites...

Tel est le cas de l'affaire Zauner en Bavière. Sous le toit d'une ferme familiale isolée, deux meurtres sanglants simultanés: ceux d'une jeune mère célibataire et de son enfant non souhaité (Quelle honte pour le village que celle d'avoir couché avec un STO français et enfanté un bâtard ..!). Un coupable tout désigné émerge (indices concordants): le grand-père, bientôt inculpé, bientôt en prison, bientôt en asile psychiatrique. Vogue la galère …

Dix-huit ans plus tard, une langue se délie : « le vrai coupable court toujours ». Preuves à l'appui, affirme t'il, il veut délivrer sa conscience. L'affaire revient sur le devant de la scène …

La suite appartient au récit …

« Finsterau », novella de 108 pages au grand format « Actes Noirs » de chez « Actes Sud » est un court roman (presque) polyphonique. le « je narratif » n'apparait, en effet, que dans les comptes-rendus d'enquêtes ; le reste use de manière classique de la troisième personne du singulier ; l'impression persiste néanmoins d'un choeur de témoignages successivement à l'avant-scène de chapitres brefs et nombreux. Ces derniers renvoient à divers angles de perception. Les vécus diffèrent d'un rien. Chaque témoin ne possède qu'une pièce du puzzle. La structure générale du roman montre un entrelacs astucieusement géré de témoignages imbriqués mais parcellaires. Chaque intervention apporte une révélation fragmentaire, qui plus est non chronologiquement insérée dans l'enfilade des faits. La compréhension tour à tour s'embrouille, se voile, s'éclaire, perd de sa netteté, sort à nouveau de l'ombre, se fixe ... Curieuse alternance dans laquelle le lecteur curieux se laisse embarquer. le voile se lève peu à peu, il y faudra maints flashbacks emboités.

le traitement narratif conduit par l'auteure, essentiellement factuel, s'exonère de portraits psychologiques fouillés, ne dissèque que peu l'intime. On les sent néanmoins déductibles de l'enchainement des faits, comme en filigrane, perceptibles au-delà des mots, dans l'ombre des phrases. Travail à l'économie, donc, qui rétrécit le nombre de signes nécessaires, raccourcit le tout à une novella en course rapide.

Andrea Maria Schenkel met son récit à l'épreuve presque exclusive des indices, ce qui en fait un roman policier classique ; l'inscrit dans un cadre historique inhabituel (à mon sens insuffisamment exploité), celui de l'après-guerre immédiat ; on a envie en outre de parler de roman de terroir où s'agite un huis-clos campagnard tendu d' aprioris de classe et de rancoeurs ancrées.

Lecture rapide, prose aisée, thématique engageante, narration emboitée en flashbacks intrigants, tout concoure à un bon moment de détente. Je n'ai pas boudé mon plaisir. Reste néanmoins que l'épilogue apparait bien faiblard, n'offre pas de mise en abime tortueuse. L'aspect ludique du roman policer s'échappe. La conclusion est taillée dans une logique humaine simple. le tout pourrait être un épisode de la vraie vie, digne d'un roman de littérature générale.

N'empêche, j'ai bien aimé et c'est l'essentiel.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Finsterau petit village de Bavière , quelques mois après la fin de la seconde guerre mondiale, ce village allemand peine à retrouver prospérité et joie de vivre surtout pour la famille Zauner, les sans-terre (comme son nom l'indique ils ne sont pas propriétaires terriens).
Afra et son fils Albert, qui a le malheur d'avoir un père français, vont retrouver la "maison familiale" mais aussi leur destin.
Un crime, deux morts et le suspect désigné coupable sans vraiment de preuves sauf ses aveux mais sont-ils recevables puisqu'il est sénile.
En ces temps troublés, il sera condamné à la prison puis à l'asile et ne recouvrera jamais la liberté.
Des années plus tard cette erreur judicaire sera découverte, le véritable assassin arrêté mais il y a longtemps que le premier suspect n'est plus de ce monde.
Comme pour ses autres livres, Andréa Maria Schenkel revient sur des faits divers et nous les fait découvrir avec une construction du récit toute à fait personnelle en alternant les declarations des différents protagonistes.
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Dans les années 60, dans le petit village de Finsterau en Bavière, un ivrogne déclare connaître le véritable coupable d'un double meurtre perpétré presque 20 ans auparavant.
L'aubergiste n'y croit pas au départ mais le lendemain, une coupure de journal est retrouvée dans le porte-feuille de l'homme...qui est malencontreusement tombé derrière une chaise.
Sur la photo illustrant l'article, le procureur Augustin paraît bien jeune, mais il est parfaitement reconnaissable.
Il vient souvent ici prendre une bière.
L'aubergiste décide de lui répéter les mots du vagabond.
C'est le père de la jeune Afra qui a été accusé du meurtre et il purge sa peine dans un asile de fou.
Augustin accepte de réouvrir l'enquête. Pendant que les différents témoins s'expriment sur l'affaire, chapitre après chapitre, le lecteur prend connaissance des multiples dépositions ou rapports qui s'accumulent dans le dossier.
La jeune Afra tombe enceinte d'un soldat français, soldat qui bien sûr comme tant d'autres, ne saura jamais qu'il a eu un fils.
Elle est bien obligée de revenir chez ses parents en cette année 1944...
Elle a perdu son emploi et tout le monde la rejette pour avoir fricoter avec l'ennemi.
Elle avait quitté le foyer des années plus tôt pour aller chercher du travail en ville et s'éloigner de l'extrême pauvreté de ses parents, Johann et Theres Zauner, les "sans terre" comme on les appellait dans le village.
Très pauvres mais cependant très croyants, ils la recueillent tout en ayant honte de son comportement. Malgré sa grossesse, ils lui mènent la vie dure et même après la naissance du petit Albert, les disputes avec son père sont incessantes...et de plus en plus violentes.
Un jour où la mère s'est absentée pour la journée, Afra et le petit Albert, âgé de deux ans à peine, sont retrouvés morts...
Tout le village accuse Johann, le père. Condamné à une peine de 10 ans, il sera ensuite interné dans un asile, vu son état mental, à la demande expresse du procureur...

L'affaire est close !
Voilà un polar tout à fait passionnant presque trop court (à peine 109 pages) d'un auteur que je connaissais absolument pas.
Les propos sont intenses et l'analyse des comportements humains sans concession.
Ce petit village d'après-guerre fait comme il peut pour se sortir de la pauvreté et des traditions qui l'empêchent d'évoluer vers davantage d'ouverture aux autres et de modernité.
La simplicité des gens se fait complice d'une accusation erronée...
Le coupable idéal ayant été trouvé, personne ne relève les indices démontrant le contraire, même les personnes chargées de l'enquête...
Pour en savoir plus...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Sans être follement original, ce très court roman noir fait passer un bon moment de lecture. J'ai rapidement tourné les pages pour savoir qui était le meurtrier et surtout, s'il allait pouvoir être arrêté si longtemps après son crime. J'ai apprécié la peinture sociale que propose Andrea Maria Schenkel : la rude vie des « sans-terre » dans ce village de Bavière à quelques kilomètres de la Tchéquie, l'atmosphère délétère de l'immédiate après-guerre, l'animosité contre les filles-mères … Je ne suis pourtant pas sûre de lire d'autres romans de cette autrice dont le style m'a paru trop sec. L'absence d'enquêteur, qui fait aussi l'originalité de cette novella, a peut-être contribué à la distance avec laquelle je l'ai lue. Il est possible également que Johann ne m'étant absolument pas sympathique, je sois restée froide devant l'erreur judiciaire dont il était victime. Bref, il m'a manqué quelque chose !
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Bien écrit mais j'ai la bizarre impression de retrouver la trame quasi exacte des prémices de "La ferme du crime". Trop peu pour moi car si c'est ainsi l'intrigue et son dénouement me réservent peu de surprises ; ce que je ne chercherai pas à savoir, préférant largement aller vers du totalement nouveau...
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critiques presse (1)
Chro
10 mars 2015
C’est ce regard froid sur ses héros qui fait l’intérêt de ce beau roman noir, mi-allégorie, mi-conte policier.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Chez nous, on ne meurt pas assassiné, ni par un inconnu, ni encore moins par son propre père. Quand on meurt, on meurt dans son lit, que ce soit de maladie – de phtisie par exemple – ou en couches, ou simplement de vieillesse, parce qu’il est temps de s’en aller. Il peut arriver, même si c’est rare, que quelqu’un ait un accident sur son lieu de travail.

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J’ai appris qu’il y a des raisons très différentes d’avouer un crime, et qu’on peut même avouer de manière très convaincante un crime qu’on n’a jamais commis. Il est parfois difficile de reconnaître la vérité, et il arrive que des policiers pourtant consciencieux n’entendent que ce qu’ils ont envie d’entendre, ils ne sont pas différents des autres gens.
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J’ai appris qu’il y a des raisons très différentes d’avouer un crime, et qu’on peut même avouer de manière très convaincante un crime qu’on n’a jamais commis. Il est parfois difficile de reconnaître la vérité, et il arrive que des policiers pourtant consciencieux n’entendent que ce qu’ils ont envie d’entendre, ils ne sont pas différents des autres gens.
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Le métier d’affûteur n’était plus lucratif. Les gens n’appréciaient plus ses compétences. Il y a dix ans encore, il gagnait bien sa vie, mais maintenant ? Aujourd’hui, les gens achetaient des produits de masse, des couteaux avec des manches en plastique qu’on vendait pour une bouchée de pain. Tout était bon marché, tout allait vite, quand on avait besoin de quelque chose de neuf, on allait chez Woolworth ou chez Bilka. Où ils jetaient leur camelote à la tête des clients. Impossible d’aiguiser un couteau pareil, la lame se pliait rien qu’à la regarder, et lorsqu’il la plaçait sur la pierre à aiguiser, il avait peur qu’elle se casse, tellement le truc était de mauvaise qualité.
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- Tu sais, Afra, je finirai par t'avoir. T'auras pas le choix. Des pauvres diables comme vous, des crève-la-faim, et ton père qui commence à travailler du chapeau. Tu peux bien me jeter dehors aujourd'hui, je vais te dire une chose, je reviendrai. je te montrerai ce que c'est un homme, un vrai. Et tu sera contente que je revienne...
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Videos de Andrea Maria Schenkel (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Maria Schenkel
Interview mit Andrea Maria Schenkelam 24.09.2007 in München
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