Charles John Huffam Dickens (1812-1870) est considéré comme le plus grand romancier de l'époque victorienne. Dès ses premiers écrits, il est devenu immensément célèbre, sa popularité ne cessant de croître au fil de ses publications. L'expérience marquante de son enfance, que certains considèrent comme la clef de son génie, a été, peu avant l'incarcération de son père pour dettes, son embauche à douze ans chez Warren où il a collé des étiquettes sur des pots de cirage pendant plus d'une année. Bien qu'il soit retourné presque trois ans à l'école, son éducation est restée sommaire et sa grande culture est essentiellement due à ses efforts personnels. Il a composé quinze romans majeurs, cinq livres de moindre envergure, des centaines de nouvelles et d'articles portant sur des sujets littéraires ou de société. Sa passion pour le théâtre l'a poussé à écrire et mettre en scène des pièces, jouer la comédie et faire des lectures publiques de ses oeuvres qui, lors de tournées souvent harassantes, sont vite devenues extrêmement populaires en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Histoires de fantômes est un recueil de dix nouvelles écrites entre 1840 et 1866. La présente édition vient tout juste de paraître dans une nouvelle traduction complétée d'un important dossier de notes et notices très instructives.
Je ne vais pas entrer dans le détail de chacun de ces textes mais sachez que vous y trouverez des revenants, des esprits-frappeurs, des prémonitions dramatiques qui se réaliseront, des cadavres enterrés qui confondent leurs meurtriers, des rats diaboliques, bref toute la panoplie des effets d'épouvante qui réjouissent le lecteur amateur du genre. Et quand c'est écrit avec le talent de Dickens comment ne pas succomber. Je préciserai quand même que tous les textes ne sont pas du même niveau pour mon goût personnel.
Fantômes de Noël permet à l'auteur de nous proposer une étude sur les différentes sortes de fantômes, avec Esprits frappeurs authentiques de manier le comique absurde (« Question : Vous vous appelez Pâté de porc ? Réponse : Oui. Question : Et… est-ce que vous ne seriez pas par hasard… du pâté de porc ? Réponse : Si ») et l'humour gras (« Une étrange sensation intestinale, proche du lâcher de pigeons, s'empara de l'écrivain. ») car l'auteur écrit au second degré, genre pastiche. Dickens n'oublie pas de glisser dans certaines nouvelles des observations sociales ou des considérations sur la cause féministe (La Maison hantée) et le lecteur familier des romans victoriens gothiques se réjouira de retrouver ce type de décors, « …une demeure fort ancienne, pleine d'immenses cheminées où les bûches flambent sur de vieux chenets. Pendus aux lambris de chêne habillant les murs, de sinistres portraits (associés, pour certains, à de sinistres légendes…) nous surveillent d'un air méfiant. »
J'ai beaucoup aimé ce petit bouquin dans lequel on piochera, selon son humeur, telle ou telle histoire pour délicieusement frissonner avant d'aller se coucher.
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Un bon retour en enfance avec ce livre qui comprend, pour histoire principale, le célèbre conte de Dickens "Un conte de Noël" tant repris au cinéma avec les spectres des Noël passé, présent et de l'avenir. Toujours un bon moment avec cette histoire qui fait croire au réel bon fond des gens que l'on rencontre.
D'autres petits contes sont aussi présent dans ce livre et se lisent avec plaisir.
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Des vingt-quatre heures du jour et de la nuit, c'est le petit matin qui me semble le moment le plus solennel. Souvent, en été, je me lève dès les toutes premières heures de la journée, et je vais m'enfermer dans mon bureau pour essayer de caser une journée entière de travail avant le petit déjeuner... et, chaque fois, je suis profondément impressionné par la tranquillité et la solitude du moment. Outre le fait qu'il y a quelque chose de glaçant à être entouré des visages endormis de vos proches, et à penser que ces êtres, qui vous sont les plus chers et à qui vous êtes le plus cher, ont perdu toute conscience de votre existence et gisent dans un état de léthargie annonçant l'obscure destinée à laquelle nous sommes tous promis, ce sont aussi la vie suspendue, les fils brisés du temps, la chaise inoccupée, le livre refermé, les activités interrompues et délaissées, toutes ces images qui renvoient à l'idée de la mort... La sérénité de ce moment n'est autre que la sérénité de la mort ; et la pâleur et la fraîcheur de l'aube ajoutent à cette impression. Même cet air qu'ont les objets du quotidien d'émerger tout neufs de l'obscurité nocturne, comme s'ils étaient revenus le matin à leur état originel d'antan, tout cela rappelle la manière dont le visage usé de l'homme mûr ou du vieillard retrouve dans la mort l'expression ancienne de sa jeunesse.
LA CHAMBRE DE LA MARIÉE
La maison avait ce charme très particulier qu'ont les maisons véritablement anciennes. Partout, ce n'était que moulures, poutres et lambris anciens. Un magistral escalier ancien menait au premier étage à une galerie, ou plutôt un palier, bordé par une curieuse balustrade de vieux chêne, ou peut-être de vieil acajou du Honduras. Aujourd'hui comme hier, et pour longtemps encore, une maison remarquablement pittoresque : quelque sombre énigme y semblait tapie sous les panneaux de vieil acajou dont les taches sombres évoquaient autant de lacs profonds (comme les lacs entre lesquels avaient poussé ces arbres) et qui, à la nuit tombée, lui donnaient un aspect fort mystérieux.
(P. 83)
Certains des endroits où j'aime le mieux retourner en esprit, dans mes heures de rêverie, sont ceux où je ne suis jamais allé.
Effleurant le bras du juré assis juste à côté de moi, je lui demandai à voix basse : « Auriez-vous l’obligeance de compter les jurés présents ? » Il eut l’air surpris par ma demande mais tourna la tête et se mit à compter : « Mais… » fit-il brusquement, « nous sommes trei… Non, c’est impossible… Mais non, nous sommes douze. » Selon mes décomptes ce jour-là, nous étions toujours le bon nombre pris un à un, mais lorsque l’on recomptait l’ensemble des présents, il y en avait toujours un de plus. Aucune vision, aucune apparition ne permettait d’expliquer cela, mais le pressentiment montait en moi que l’apparition allait à coup sûr se présenter. » [Le procès pour meurtre]
Elle me terrifiait ; elle me hantait ; aujourd'hui encore, son regard fixe et déterminé me revient comme un cauchemar qui me poursuit et me glace le sang.
"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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