Cette autobiographie a été écrite au milieu des années 70, plus de vingt ans avant sa disparition, par un
Jean Marais que l'on sent encore fragile d'avoir perdu les êtres qu'il aimait. Sa mère et son cher
Jean Cocteau dont on dit qu'il fut l'amant, même si, ici, le célèbre comédien, tout en pudeur, ne parle que d'amitié.
Né à Cherbourg juste avant la Première Guerre mondiale, Jean sera élevé, avec son frère, par sa mère, qui décide de quitter leur père et de s'installer à Paris.
Enfant et élève turbulent, maintes fois renvoyé des écoles qu'il fréquente, il rêve de devenir comédien.
C'est par hasard qu'il découvre un jour, que sa mère, qui disparaît pendant des périodes plus ou moins longues, fait des séjours réguliers en prison.
Toute sa vie il n'aura de cesse de lui faire perdre ses sales manies de cleptomane.
C'est pour elle qu'il décide de travailler, pour qu'elle ne manque de rien et qu'elle n'ait plus besoin de se mettre en danger.
Sa rencontre avec
Cocteau sera décisive dans bien des domaines.
Ils partageront le même toit pendant des années.
Ici l'acteur ne parle pas de son homosexualité, on la devine simplement au fil de ses rencontres et des hommes qui partagent sa vie. Lui que tant de femmes admirent. Certaines allant même jusqu'à le demander en mariage, ou mieux encore, celle qui un jour lui réclama avec insistance de lui faire un garçon...
Marais raconte ici des épisodes de sa vie. Des rencontres. Son métier. Ses amis. Il évoque son parcours pendant la Seconde Guerre mondiale qui lui vaudra d'être décoré à sa grande surprise et contre son gré.
Il évoque les mystères qui entourent sa naissance, ce père qui finalement n'est peut-être pas le sien. Les mensonges et manipulations de sa mère.
Ce jeune homme qu'il croise un jour et qui deviendra officiellement son fils.
Il parle beaucoup du théâtre dont il fut, selon les besoins, acteur, metteur en scène ou décorateur.
Il parsème ses confidences des poèmes que lui écrit son mentor et ami.
Peut-être aimerions nous qu'il parle plus du cinéma, cet art qui le rendit si populaire.
Seule l'oeuvre cinématographique liée à
Cocteau est survolée.
Pour moi, il n'y a pas meilleur Chevalier de Lagardère que celui de mon enfance, j'aurais aimé qu'il m'en parle, mais il ne le fit pas ici...
Sous le déguisement de la bête ou du bossu, se cachait un homme discret...