Petite j'ai appris
Prévert par coeur et il est resté dans mon coeur.
Je crois que c'est lui qui m'a donné envie d'écrire des
poèmes, ce que j'ai fait. Et puis l'adolescence est passée par là et la poésie n'a pas suivie le même chemin.
En attendant, j'ai adoré cet album-cadeau y compris avec ses défauts : il est immense et impossible à transporter, très lourd, il y a une tonne d'informations sur chaque planche et il n'y a pas de pagination. Mais
Christian Cailleaux et
Hervé Bourhis ont fait un travail extraordinaire qui m'a passionnée.
Grâce à cette biographie en bande dessinée publiée à l'occasion du quarantième anniversaire de la disparition de
Jacques Prévert, on découvre une vie embrassant tous les arts, l'amour des mots et surtout des jeux de mots. Car comme Cailleaux et Bourhis l'annoncent dans le titre «
Jacques Prévert n'est pas un poète », il est bien plus que ça.
Curieux de tous les arts, il a conté des
histoires avec le même talent en littérature, au théâtre, en poésie, en chanson, et surtout au cinéma. Cet éclectisme assumé, doublé d'un refus absolu de tout conformisme, font de lui l'électron libre et génial de son siècle, le 20ème puisqu'il est né en 1900.
Dès 1921, lorsque
Jacques Prévert fait son service militaire à Constantinople, il se fait remarqué par son colonel pour ses plaisanteries douteuses qui sont vraiment très drôles. Mais sa vie se déroulera surtout à Paris avec ses amis fidèles. Il va vivre rue de château en communauté. C'est la bohème et les artistes survivent grâce à l'esprit de solidarité qui les anime. Jacques est inspiré mais il a vraiment mauvais caractère, enfin c'est surtout l'alcool qui lui fait faire n'importe quoi. C'est à cette période qu'il rencontre
Aragon et Breton présenté comme le gourou du surréalisme mais qui apprécie
Prévert car il n'a pas sa langue dans sa poche.
Il va ensuite militer dans le groupe Octobre, s'engager dans « l'agit-prop' » et le théâtre, jouer dans la rue, les rassemblements politiques, les usines en grève. Son voyage en Russie le confortera dans ses idées qu'on appelle aujourd'hui « antisystèmes ».
Après le théâtre il met un pied dans le cinéma où il met plutôt les deux pieds dans le plat. Ami avec Gabin et Arletty il travaillera avec Renoir et Carné comme scénariste tout en gardant son esprit contestataire. D'ailleurs, il protégera ses amis juifs durant la guerre.
Le livre est tellement riche qu'on ne peut pas tout raconter mais ce qui est important c'est qu'il révèle un homme dont l'esprit reste d'une fraîcheur et d'une actualité incontestable.
Christian Cailleaux et
Hervé Bourhis nous ouvrent les portes de l'univers du magicien
Prévert qui a plus d'un tour dans son sac puisqu'il ne meurt pas à la fin de l'histoire car sa vie n'est pas finie…