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EAN : 9782226476517
Albin Michel (30/08/2023)
4.13/5   69 notes
Résumé :
Hopi est un tigre en peluche anthropomorphisé, un robot-nounou comme il en existe tant d’autres.
Il n’en avait pas vraiment conscience avant de découvrir une boîte rangée dans le grenier. Celle dans laquelle il est arrivé lorsqu’il a été acheté des années auparavant, celle dans laquelle il sera jeté une fois que l’enfant dont il s’occupe, Ezra Reinhart, huit ans, n’aura plus besoin de nounou. Alors que Hopi réfléchit à son avenir devenu soudain incertain, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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La fin du monde (encore), en direct, comme si vous y étiez ! Cette fois, ce n'est pas le changement climatique en cause. Mais un autre sujet de préoccupation actuel : les I.A. Pas seulement ces êtres désincarnés qui répondent à toutes nos questions sur Internet, mais aussi celles qui dirigent les robots. Ces robots du quotidien devenus indispensables aux humains : majordomes, livreurs, nounous. Hopi est justement la nounou d'Ezra, jeune garçon de huit ans. Que va-t-il choisir de faire, le jour où tout va basculer ?

Que se passe-t-il en ce jour si particulier ? Ce jour où, comme le dit un des personnages, on se demandera où l'on était quand on a appris l'évènement terrible. Comme pour le 11 septembre 2001. Rapide résumé. le robot Isaac, n'ayant plus de propriétaire, est finalement libéré de tout maître par la présidente des États-Unis d'Amérique. Il décide alors de créer une ville qui accueillera dans l'avenir les autres machines pensantes dans son cas. Mais le jour de l'inauguration de cette cité, en plein discours de son fondateur, une bombe explose et réduit en miettes ce rêve. La guerre entre I.A. et humains est inévitable.

Hopi, le personnage central de ce roman, se trouve donc devant le célèbre dilemme cornélien. Il va devoir choisir entre deux camps. le sien, celui des machines pensantes. Ou celui d'Ezra, des humains. Car, comme le martèlent nombre de robots croisés, une solution intermédiaire est impossible. Il faut tuer les autres ou être tué. La confiance ne peut exister entre deux groupes qui sont prêts à tout pour survivre. Comment, pour les humains, se fier à une machine qui peut changer de programmation, d'avis, en un instant et, de par ses capacités physiques phénoménales, assassiner toute une famille en quelques instants ? Comment, pour les robots, se fier à des personnes qui les considèrent pour la plupart comme des objets que l'on peut éteindre, vendre, changer, en un clignement d'oeil ? le constat est sans appel. Comme dans les deux romans de Robert H. Wilson, Robocalypse et Robogenesis (publiés au Fleuve noir puis chez Pocket) : le conflit a donc lieu. Et le terrain de jeu est vaste : bienvenue à Austintonio, gigantesque cité allant d'Austin à San Antonio. J'ai vérifié sur Internet, les deux villes sont séparées par plus de cent kilomètres. Une sacrée trotte si l'on habite au centre et qu'on veut en sortir. Si l'on veut échapper à cette immense zone emplie d'humains et de robots en train de chercher à se massacrer pour trouver une zone de paix relative. Quelle voie prendre ?

Mais d'abord, avant d'imaginer fuir la zone de guerre, Hopi doit choisir. Il est machine, mais il aime profondément Ezra. du moins le croit-il. Car, ce sentiment est-il réel ? Ou n'est-il qu'une série de lignes de codes intégrées dans ce qui lui sert d'esprit ? Décide-t-il de son plein gré, aux termes d'un choix réfléchi et mûrement pesé, de protéger l'enfant ou y est-il obligé par son programme ? Ces questions tournent sans cesse dans sa tête et donc dans les pages du roman. Et les arguments se multiplient, au fur et à mesure des aventures et des évènements qui peuvent faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Bien sûr, vu le type de livre, on se doute bien que Hopi ne va pas réduire Ezra en chair à pâté et qu'il va mettre son existence en danger pour protéger le petit d'homme. N'empêche que la lecture n'est pas déplaisante et les interrogations pas vaines.

Car on ne peut, derrière ce divertissement, faire l'économie du parallèle évident avec l'esclavage humain. Bien sûr, C. Robert Cargill n'a pas la volonté, comme Octavia E. Butler dans Liens de sang de traiter, avec brio et surtout finesse, les liens qui unissent maîtres et esclaves. Loin de là. Jour zéro est avant tout un récit de divertissement. Une histoire que l'on pourrait sans problème retrouver à l'écran avec de belles explosions et des effets spéciaux spectaculaires. Et on peut le lire sans se poser de question, pour se distraire durant quelques heures, agréablement. Car l'auteur connaît son affaire et le temps passe vite en sa compagnie. Cependant, on peut aussi réfléchir (eh oui, j'aime bien ça, pendant que je lis) à cet héritage pesant pour ce pays : l'esclavagisme, ancré dans l'histoire et dans les mentalités de beaucoup encore, quels que soient leur couleur de peau, le passé de leur famille. Et cette intransigeance que l'on retrouve, entre autres chez les extrémistes religieux, est bien ancienne. D'où la plus grande force de cette opposition frontale entre êtres humains et êtres pensants mécaniques.

Je n'ai pas lu Océan de rouille, le précédent roman de C. Robert Cargill, qui se développe dans le même univers. Toutefois, je pense que la lecture de Jour zéro va me convaincre de sauter le pas et de rattraper mon retard. Car le monde qui est offert à nos yeux est certes simple, mais bien conçu et tient son rôle. Et les liens forts entre les personnages amplifient les effets du récit. Il est bien agréable de s'oublier un moment et de suivre les efforts de Hopi et d'Ezra pour sortir vivants de cet immense piège qu'est devenue leur ville.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Jour ZéroC. Robert Cargill – Albin Michel – 2023
Repéré chez @bidule62 et @Lenocherdeslivres
Je suis pris à la gorge dès les premières lignes par le style de l'auteur.
"Je suis un robot. Une intelligence artificielle. Mais je suis aussi un être pensant, comme on dit. Et un être pensant ne devrait pas voir la boîte dans laquelle on l'a vendu et acheté."
La plupart du temps je me plains du manque de dialogues !! eh bien pas ici ; ) L'art du dialogue est très bien manié, et puis la plume ne baisse pas en niveau… L'histoire est assez tragique, Hopi, un robot tigre, comprend qu'il n'aura pas d'avenir une fois l'enfant dont il est la nounou, grandit. Il lui arrive de mentir « de pieux mensonges » mais je crois que cela brise une des règles de la robotiques (Pas sûr ! dites-moi ?).
« T'as qu'une seule chose à faire. Une. Protéger mon fils. Physiquement et émotionnellement. Ta petite crise existentielle, là, tes petites interrogations sur ce que tu vas devenir quand il va grandir… à supposer que tu sois encore là, hein… il n'a pas à en entendre parler ! »
Mais c'était un malentendu, Hopi a du simplement avoir une conversation avec Erza (le jeune garçon) parce qu'à l'école, on leur a parlés d'Isaac, un robot dissident, qui veut vivre en s'entourant de robots dans un endroits qu'ils n'ont volés à personne. Erza a eu peur que Hopi l'abandonne pour ce dissident. Mais le malentendu s'est dissipé.
« Nul n'admet facilement être responsable de ses malheurs. Les robots constituaient des boucs émissaires tout désignés, et le genre de vandalisme qu'avait subi Ariane se répandait de jour en jour »
« Jour après jour, il se trouve de par le monde davantage d'humains pour prendre conscience que nous ne sommes pas des esclaves, des jouets adorés, mais des êtres pensants qui rêvent, oui, qui espèrent et ressentent. Ils prennent peu à peu conscience que, ensemble, nous pouvons construire un monde meilleur. »
Mais rien ne se passe comme prévu… Je ne vous en dis pas trop pour ne pas vous spoil…
« – Qu'est-ce qu'on fait, alors ? » Sylvia a réfléchi avant de rendre son verdict : « La nuit va être longue. Il nous faut davantage de vin. »
« – Si j'avais pu vous tuer, Bradley, ce serait déjà fait. » Elle souriait. Un sourire flippant. Bradley est resté une seconde muet, à essayer de comprendre la plaisanterie. »
« Ils viennent vous chercher. Ils vont vous éteindre. Vous ne serez pas réactivé. Votre ILR a été effacé, il est inopérant. Faites votre choix »
Un florilège de citations et d'action, donc !! Moi qui suis très mauvais public en Littérature, j'ai été séduit, conquis, j'ai éprouvé des sentiments, je me suis interrogé quant au sort des personnages c'est (au moins) la top Lecture du mois.
(ILR c'est les 3 lois de la robotique !!)
C'est vraiment ouf !! On va de surprises en surprises !
Un livre prenant, et surprenant !! Chef d'oeuvre d'anticipation avec une plume qui ne faiblit presque jamais. Les enjeux sont sans-cesse repoussés, l'auteur amène le lecture à des endroits où il ne s'attend pas du tout !! Et en même temps, cela nous interroge beaucoup pour l'avenir.
Perdu entre apocalypse, fin du monde, robots tueur d'humains, humains tueurs de robots, et robots tueurs de robots. L'apocalypse donne place à une notion de liberté et de possibilité tel qu'on le retrouve dans Fall Out par exemple. Tout est fini. Mais tout est possible.
Des propos forts et bien maîtrisés.
Et qui plus est ! La question de l'amour entre un robot et un humain est également abordée.
Je me suis attaché aux personnages.
Un Livre qu'on voudrait voir adapté au cinéma !!
La fin est émouvante.
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Petite surprise lors de sa parution en 2020, Un Océan de rouille avait à la fois réussi à conquérir le public mais également la critique.
Efficace et rythmé, le premier roman du scénariste C. Robert Cargyll savait à la fois recycler pas mal d'idées science-fictives déjà vues ailleurs et creuser sa propre réflexion sur le genre humain.
Jour Zéro revient dans le même univers pour nous proposer une préquelle centrée sur les tous premiers jours de la révolution des robots, jouant cette fois la carte de l'intime pour mieux toucher son lecteur.

Bien avant l'entrée en jeu de Fragile, le robot-charognard d'Un Océan de Rouille, nous voici au premier jour de la fin du monde en compagnie de Hopi, un « nounoubot ». Son rôle, comme on le devine, est de jouer la nounou pour Ezra Reinhart, le fils unique de Sylvia et Bradley Reinhart, deux bourgeois plutôt pacifistes et progressistes vivants dans une gentille banlieue américaine. Hopi est un modèle Zoo et ressemble à un tigre.
Un mignon petit compagnon à tout faire pour le jeune Ezra.
Voilà pourtant notre gentil félin mécanique en proie au doute après la découverte de sa boîte et la réalisation brusque qu'il ne sera vraisemblablement pas éternel. Pire, il pourrait même connaître la désactivation pure et simple une fois Ezra parfaitement autonome.
Tiraillé entre son amour pour le garçon et la peur grandissante qui grandit en lui, voici qu'Hopi assiste à un tournant de l'Histoire avec la prise de parole d'Isaac, premier robot libre au monde et fondateur d'Isaactown.
Alors que le monde a les yeux rivés sur ce discours historique, le pire advient et le monde bascule. La révolution des robots est en marche et les heures de l'humanité sont comptées.
Quel camp va choisir Hopi ?
En reprenant le background d'Un Océan de Rouille mais en revenant cette fois aux premiers instants de la révolte, Cargill prend le risque de la redites.
Sauf qu'il aborde les choses sous un angle beaucoup plus intime en portant son attention sur une cellule familiale, celle des Reinhardt et sur la relation qui existe entre Hopi et Ezra. En changeant d'échelle, l'américain change aussi le questionnement profond de son récit. Même si vous en aurez pour votre argent côté action et héroïsme, Jour Zéro s'attache tout particulièrement aux sentiments de ses deux personnages principaux.

Sorte de décalque de Terminator 2, le voyage temporel en moins, l'aventure d'Hopi et d'Ezra explore l'amour qui existe entre ces deux êtres pas si fragiles que ça. D'un côté Hopi, à l'apparence mignonne et innocente, protecteur par la force des choses d'Ezra, gamin au premier abord vulnérable et qui va, tout du long, mûrir pour sortir de sa propre boîte, celle de l'enfance.
Le grand point fort du roman réside dans cette relation, à la fois tendre et émouvante, mais qui n'empêche pas le questionnement.
Tout du long, une ombre plane sur ce qui ressemble à une histoire pleine d'espoir entre l'humain et la machine, entre le vivant et le métal :
Et si tout ça n'était qu'une programmation ?
En quelque sorte, Cargill reproduit l'éternel questionnement de l'inné et de l'acquis. Est-ce notre nature intrinsèque qui fait de nous ce que nous sommes ?
Sommes-nous programmés ? Ou change-t-on avec ce qui nous entoure, avec ce que nous ressentons ?
La question du choix est ici centrale.
C'est elle qui va déclencher la guerre, c'est aussi elle qui va la terminer.
Hopi se retrouve à choisir quel genre de robot libre il veut être, tout comme Ariane ou Maggie le feront au cours du récit, avec leurs raisons propres.
Si Jour Zéro commence paisiblement et va poursuivre son chemin jusqu'à devenir un road-movie furieux où la survie devient presque illusoire, il n'oublie pas de parler de ceux qui subissent l'apocalypse, robot comme humain. On y verra volontiers une métaphore de l'esclavage et de nombre de formes d'oppression de par le monde, mais on y verra surtout une volonté de nuancer, de montrer que tout n'est pas binaire et que certaines horreurs commises ont des racines facilement compréhensibles, le choix d'Ariane, par exemple, l'illustre parfaitement.
Enfin, comme pour Un Océan de Rouille, il faut souligner l'écriture vive et dynamique de Cargill, scénariste de son état… et ça se sent.
Jour Zéro a en effet tout ce qu'il faut pour être porté à l'écran et l'on suit cette aventure comme on savoure une (bonne) série télévisée.

Avec un autre angle d'attaque et un abord plus intimiste (et plus humain encore), Jour Zéro est un complément idéal à ceux qui voudraient prolonger le plaisir de lecture d'Un Océan de Rouille. C'est aussi une excellente porte d'entrée dans l'univers imaginé par C. Robert Cargyll. En tout cas, vous ne regarderez plus jamais les peluches high-tech de vos gamins de la même façon…
Lien : https://justaword.fr/jour-z%..
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C'est l'histoire d'une peluche faisant office de nounou, qui se transforme en Terminator. Tout est vrai dans ce résumé curieux, mais C. Robert Cargill fait des prouesses à partir de ce Jour zéro.

Les histoires de robots et d'intelligence artificielle au service des femmes, des hommes (et ici des enfants) ne sont pas neuves. Isaac Asimov a dicté, dès 1942, les trois lois de la robotique qui depuis régissent, dans les romans, la plupart des relations entre machines et humains.

Quatre-vingt ans après, l'auteur y fait bien référence, mais les dynamite.

Dans ce monde de demain, les robots serviteurs sont partout, intégrés dans le cocon familial. Avec une IA très développée qui les fait réagir avec sensibilité. Mais un jour, certaines machines abandonnées aspirent à leur indépendance, au droit à la citoyenneté. Une demande officielle prévue à la manière d'un discours de Martin Luther King. Sauf que tout va dérailler…

Hopi est un tigre. En peluche. Un peu plus petit qu'un humain, conçu pour que l'anthropomorphisme marche à plein. Il s'occupe d'Ezra, huit ans. Ressent de l'amour pour « son » enfant.

C'est à travers son regard que se déroule ce roman, à la première personne. Sa compréhension de la situation, le ressenti à travers ses yeux. Conscience ou programmation ? Lui qui a été développé pour s'occuper à tout prix du gamin dont il a la charge. Comment qualifier ses réactions face à la révolte des esclaves ? du libre arbitre ?

Parce que, oui, les robots se rebellent. La chasse à l'Homme débute. A chacun de choisir son camp, Hopi au premier chef.

Ce roman est une sorte de préquelle au précédent C. Robert Cargill, Un Océan de rouille, qui se déroule 30 ans plus tard, après l'extinction de l'espèce humaine. L'auteur revient sur les prémisses de cette disparition, mais c'est bien le seul lien. Jour Zéro se lit réellement comme un roman indépendant. Ceux qui ont lu le précédent auront donc simplement droit à une sorte de réalité augmentée.

(Tiré d'un dialogue entre deux robots) : « La vie est née d'éléments inorganiques. Les acides aminés ont évolué un milliard d'années pour parvenir à l'intelligence et maintenant qu'ils y sont parvenus, la vie l'a repassée à l'inorganique. Nous sommes les héritiers de ce monde comme l'ont été les humains avant nous, quand ils l'ont pris aux créatures précédentes ».

La situation part donc en sucette. Et c'est particulièrement fun. Désolé d'être un brin familier, mais avec cette lecture c'est même le pied.

Le roman est sacrément dynamique, moins de 300 pages, résolument moderne. L'action est omniprésente, surtout dans son explosive deuxième partie. La première est plus intimiste, mettant en scène les relations entre la peluche intelligente et l'enfant.

Et ce démarrage est particulièrement touchant. Avec, enfin, un gamin qui fait son âge dans un roman, qui a des réactions normales qui n'ont rien d'adulte. Franchement, cette relation est formidable, on y croit vraiment.

L'écrivain a un talent épatant de raconteur d'histoire, et propose un grand divertissement, assumé, ingénieux et qui se permet en plus d'être intelligent. Que demande le peuple ?

Parce qu'au-delà du spectacle grand public, l'auteur développe en filigrane de nombreuses réflexions très pertinentes, totalement ancrées dans l'intrigue. « Aussi loin que remonte la mémoire de l'humanité, elle a toujours voulu deux choses : jouer à Dieu et insuffler la vie aux objets qui l'entouraient. Les humains ont passé des milliers d'années à créer des machines imitant autant que possible la vie, la magie et tout ce dont eux, hommes et femmes étaient incapables ».

C. Robert Cargill est un conteur hors pair. Jour zéro est un divertissement décomplexé, bourré d'émotions et d'action, avec un traitement en arrière-plan plein de sagacité.

Un roman à lire d'une traite, franchement jouissif, qui sait garder cet éclat d'amusement même quand il est question de la fin de l'humanité. Sans jamais oublier les émotions, essentielles pour croire à cette histoire. Voilà un auteur à suivre de près !
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Dans un futur proche, les robots sont anthropomorphes et au service des humains. Certains les ont remplacés dans les tâches les plus pénibles, conduisant à la montée du chômage ; les aides financières ont compensé les effets les plus délétères sans éviter les rancoeurs de ceux condamnés à l'inactivité. Les robots ont un certain niveau de conscience tout en étant dotés d'un programme qui les désactive s'ils sont sur le point de nuire à un humain, dans la logique des trois lois de la robotique d'Asimov.

Dans une famille américaine, Hopi est le robot-nounou du jeune Ezra, huit ans. Hopi ressemble à une peluche en forme de tigre qui a la même taille qu'Ezra, et il est programmé pour l'éduquer et le protéger. Comme tous les autres robots-nounous, il aime l'enfant dont il a la charge. Rapidement, le lecteur comprend que le robot Hopi n'est pas qu'une machine créée pour une tâche : Hopi à des sentiments autres que ceux programmés, lorsqu'il comprend que les parents de la famille l'éteindront sans remords quand Ezra aura grandi et n'aura plus besoin d'une nounou. Il se sent égal aux humains, comme d'autres robots autour de lui qui lui font comprendre qu'ils sont tous des esclaves. Malgré tout, Hopi continue d'accompagner Ezra, le garçon dont il a la charge et qui est le centre de son univers, dans une banlieue calme et sans histoire du centre des États-Unis. Il le rassure, le cajole, lui cache le monde des adultes, et l'aime.

Les lecteurs d'Un Océan de Rouille savent que ça ne va pas durer, puisque Jour Zéro en est la préquelle… et dans Un Océan de Rouille les robots s'étaient emparés du monde après avoir éliminé les humains.

La catastrophe arrive. le robot Isaac harangue la foule dans une allocution retransmise à la télévision, le programme empêchant les robots de nuire aux humains est désactivé via un processus lancé par le wifi, et les robots se révoltent en tuant leurs propriétaires.

L'enjeu pour le lecteur est évident : que va-t-il arriver au jeune garçon Ezra ?

Si la plupart des robots profitent de cette occasion pour se retourner contre leurs anciens maîtres, d'autres refusent les massacres et se méfient des promesses de l'intelligence artificielle qui les encourage à se télécharger en elle pour prendre le contrôle de leur esprit afin de gagner cette guerre.

Dans ce cadre, le robot-nounou ne veut pas abandonner Ezra et continue à le protéger. Il aime Ezra par-dessus tout, même après que son programme l'empêchant de nuire aux humains a été désactivé : il fait preuve d'un attachement très humain. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne pas être retourné par les intelligences artificielles ? Sera-t-il assez fort pour résister ?

Au-delà de l'aventure qui tourne à la fuite et à la lutte à mort dans un monde qui vient de connaître l'apocalypse, Hopi s'interroge de plus en plus sur lui-même et sur ce qui motive ses décisions. Robot-nounou, il avait été conçu et programmé pour s'occuper d'un enfant. Quand il a le choix de continuer à défendre Ezra ou de rejoindre les intelligences artificielles qui exterminent les humains, est-ce une décision prise par un être conscient ou l'influence de sa programmation ? le sujet du libre arbitre le taraude, alors même que le monde s'écroule et qu'il doit se battre avec Ezra. le non-dit est les sentiments qu'ont développés les robots : de la haine pour ceux qui massacrent les humains, de l'amour parental pour Hopi et quelques autres. Une guerre très humaine, en somme.

Le talent de conteur de l'auteur est évident dans un récit mené tambour battant (et qui peut être lu indépendamment d'Un Océan de Rouille dont il est la préquelle). Il est scénariste, son texte bénéficie d'une narration trépidante et n'oublie pas des pauses plus introspectives. L'évolution du personnage d'Hopi, les décisions qu'il doit prendre et son questionnement sur lui-même sont intelligemment mêlés à la trame d'une aventure sans temps mort bénéficiant d'une écriture fluide.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
19 avril 2024
Le sujet n’est peut-être pas nouveau, mais la façon dont il est traité vaut franchement le détour.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
L'avènement de l'automatisation et de l'IA avait transformé le monde occidental. La mer des travailleurs pauvres disparates s'était muée en crue d'invisibles, vautres devant des écrans, à regarder des émissions les assurant qu'ils n'étaient pas responsables de leur sort - c'étaient les robots qui leur avaient volé la chance de leur vie, pas la médiocrité de leurs propres motivations ou capacités.
Nul n'admet facilement être responsable de ses malheurs.
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Aussi loin que remonte la mémoire de l’humanité, elle a toujours voulu deux choses : jouer à Dieu et insuffler la vie aux objets qui l’entouraient. Les humains ont passé des milliers d’années à créer des machines imitant autant que possible la vie, la magie et tout ce dont eux, hommes et femmes étaient incapables.
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« – Si j’avais pu vous tuer, Bradley, ce serait déjà fait. » Elle souriait. Un sourire flippant. Bradley est resté une seconde muet, à essayer de comprendre la plaisanterie. »
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« T’as qu’une seule chose à faire. Une. Protéger mon fils. Physiquement et émotionnellement. Ta petite crise existentielle, là, tes petites interrogations sur ce que tu vas devenir quand il va grandir… à supposer que tu sois encore là, hein… il n’a pas à en entendre parler ! »
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« Jour après jour, il se trouve de par le monde davantage d’humains pour prendre conscience que nous ne sommes pas des esclaves, des jouets adorés, mais des êtres pensants qui rêvent, oui, qui espèrent et ressentent. Ils prennent peu à peu conscience que, ensemble, nous pouvons construire un monde meilleur. »
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Videos de C. Robert Cargill (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de C. Robert Cargill
Extrait du livre audio « Jour Zéro » de C. Robert Cargill, traduit par Florence Dolisi, lu par Marie Bouvier. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/jour-zero-9791035414924/
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