J'ai été fort troublée, ce jour, déjà lointain, où j'ai pris "
Journal de Suzanne" en mains, dans une librairie très connue. Attirée par le titre, j'ai lu le quatrième de couverture, le début, la lettre de Pierre Lacombe à Anne de Marèges, très peu de la fin, je l'ai acheté illico, tant le style de l'auteur m'avait frappée et je l'ai emporté.
Je ne puis dire combien de fois je l'ai lu et relu. L'histoire de cette femme, dans le Bordelais, me faisait penser à un roman de
Frédérique Hébrard - également dans les familles de viticulteurs. Et puis, il y avait toute la réflexion sur l'éducation et l'enseignement, de l'avant-guerre (Suzanne Lacombe suit les cours de l'école de Sèvres) à mai 68 et ses retombées.
Enfin, il y avait le premier amour de Suzanne, dramatique, mais si touchant, son amitié extraordinaire pour (l'extraordinaire) Anne de Marèges, son retour de déportation et le début de sa vie d'enseignante, à Belfort, une ville que, par hasard, je connaissais bien.
Je ne sais pas si Suzanne avait un goût exclusif pour les adolescentes : Madeleine, sa première amante, est de sa génération. Neid, dit-elle, parfois, quand elle voit des couples de femmes de leur génération. Il y a aussi Agnès, la mère d'une de ses élèves, son amie anglaise, Jane, "une vieille maîtresse", et Fédora "le plus long règne" dit-elle.
Bien entendu, il y a Erika, la petite-fille du pasteur de Belfort, Héloïse et Claire, l'amie et belle-soeur d'Héloïse.
Sans compter son amitié pour le médecin parisien, Paul, ancien du maquis, et pour Philippe de Chéméré, dit "le protal de Henri IV".
Je me suis toujours demandé si le choix du prénom de Suzanne avait un lien avec la
Suzanne De "La surprise de vivre", qui aimait aussi Miss Steenes.
J'ai juste regretté la fin - ou disons, le choix de Suzanne... Mais on ne peut que la comprendre et l'accepter.