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EAN : 9791090062351
144 pages
Editions iXe (24/11/2016)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Traduire, écrit Marie-Hélène Dumas, amène à «penser entre les langues». Porté par le courant des saisons, des lumières et la dérive des souvenirs, son Journal d’une traduction est invitation au voyage – d’une langue à l’autre, au fil d'une traversée entre ici et ailleurs, hier et aujourd'hui, avec l'exil en toile de fond.
« Quand je traduis un livre, habituellement il m’est impossible d’écrire. C’est pourtant ce que j’ai fait entre janvier et août 2015 ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Journal d'une traduction de Marie- Hélène Dumas

Le temps de trois saisons, c'est à dire le temps de traduire La république de l'imagination de Azar Nafisi, qui parle de l'exil à travers la fiction, Marie-Hélène Dumas a tenu un "journal", accumulation de notes, récits, réflexions, citations et références sur le thème de la langue et ses collatéraux : l'exil, l'intégration, la transmission, l'échange et le voyage, et bien sûr la traduction, tous thèmes évidemment étroitement entrelacés.
Fille et petite fille de Russe blancs qui ont choisi l'assimilation, mais voulu lui transmettre la culture russe via une institution religieuse, Marie- Hélène Dumas a résolument tourné le dos à la langue russe (mais l' a retrouvée pour parler avec sa mère sur son lit de mort). de cet héritage mêlant fidélité et rupture avec les origines et la langue de celles-ci, elle a hérité un tempérament qui quoique fondamentalement rebelle, la portait aussi à rechercher un confortable sentiment d'appartenance, comme une façon de se défaire de son étiquette d'immigrée. Dans cette ambiguïté-même, elle a laissé la porte ouverte aux rencontres, et au hasard, aux "circonstances" en quelque sorte. C'est ainsi qu'elle a eu des moments de vie très "conforme", au sein d'un couple banalement consumériste, laissant ensuite place à des voyages à l'aventure et au fil des rencontres, pour "finir" traductrice solitaire, jouissant de cette solitude habitée, de son jardin et de son indépendance, s'inscrivant sans en étouffer dans une filiation particulière, la transmettant, à sa dose propre, à ses filles et ses petits-enfants.
De ce lignage dont elle creuse les tenants et les aboutissants, les comment et les pourquoi, elle a tiré un grand esprit d'ouverture à l'autre , d'acceptation de ses différences et errances et, une tolérance en quelque sorte, qui n'empêche pas un positionnement tranché, mais indulgent. Et elle s'est jetée dans l'anglais et l'espagnol, langues de musique, de discours amicaux ou amoureux, de partage libre et non plus imposé, en somme.
La traduction s'inscrit dans cette ligne de découverte du texte de l'autre, de sa langue et de ses coutumes , et de transmission : une transmission affective et intellectuelle, en tout cas subjective, où le traducteur doit trouver sa place, c'est à dire trouver le mot, la formule. Elle se montre à l'oeuvre, travaillant de la tête, des mains sur le clavier, des jambes qui l'emmènent vers une solution, dans un travail plus physique qu'il n'y parait , car les tripes aussi y sont pour quelque chose. Se donnant tout entière à ce travail qui est aussi plaisir voire jouissance, insinue-t'elle, passion, érudition et épanouissement.
Cela donne un livre un peu fouillis (la forme "journal" veut cela), léger et réfléchi tout à la fois, savant et plein d'émotion. A travers la multiplicité des thèmes explorés, se dessine une grande unité de projet; on découvre une personnalité audacieuse et mesurée tout la fois, une femme passeuse qui réfléchit , défend son individualité sans rejeter ses racines, une attachante amoureuse du langage et de la vie.

Pour cette très plaisante lecture, je remercie Babelio et les éditions féministes iXe.
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Depuis le collège/lycée, j'ambitionne de devenir traductrice et, si j'ai la possibilité d'en faire un peu dans mon emploi actuel, j'espère pouvoir ouvrir prochainement ma propre boîte. J'aime traduire, travailler avec les mots, c'est quelque chose de presque naturel pour moi. Aussi, lorsque j'ai aperçu ce titre lors de la dernière Masse Critique de Babelio, j'ai été tentée à l'idée de découvrir l'expérience de cette traductrice et de tout simplement lire un ouvrage parlant de traduction. Au final, j'ai assez bien aimé Journal d'une traduction, même si j'ai quelques réserves sur ce livre.

Tout d'abord, je suis contente d'avoir découvert et une auteure/traductrice et une maison d'édition. Les Masses Critiques de Babelio me permettent vraiment de sortir des sentiers battus et d'aller vers des titres que je ne choisis pas forcément en librairies ou qui ne bénéficient pas de la même exposition que d'autres oeuvres. J'ai un peu regardé ce que proposent les éditions iXe et j'ai trouvé leur catalogue intéressant.

Ensuite, j'ai dans son ensemble beaucoup aimé ce livre et ce que Marie-Hélène Dumas nous y raconte. J'attendais beaucoup de l'aspect "traduction" et à ce niveau-là je n'ai pas été déçue. Marie-Hélène Dumas partage son récit entre des passages racontant son travail de traductrice, sa façon de procéder, et d'autres plus personnels sur la Russie et sa relation avec ses parents.

Et c'est vraiment tout ce qui touche à la traduction que j'ai trouvé passionnant: je m'y suis retrouvée dans la façon dont elle décrit cet exercice, cette recherche du bon mot. Ce livre me conforte encore un peu plus dans l'idée que c'est le métier fait pour moi (ou plutôt que moi, je suis faite pour ça). Beaucoup de gens ont tendance à croire que la traduction, c'est quelque chose de facile, où il suffit juste de faire du mot à mot, et Journal d'une traduction montre au contraire qu'il s'agit d'un processus plus complexe.


Pour ce qui concerne son histoire personnelle, je dois avouer avoir eu un peu de mal à y entrer. A vrai dire, je ne m'attendais pas vraiment à trouver cela dans le livre: je pensais, peut-être à tort, que le texte se concentrerait uniquement sur la traduction et j'ai été un peu surprise de voir qu'elle parlait autant de sa vie et de ses parents. Ce n'était pas inintéressant, mais j'ai eu plus de difficultés à m'accrocher à ces éléments.

C'est petit à petit que je me suis intéressée à cette autre dimension du livre, grâce à deux facteurs. Tout d'abord, le style de Marie-Hélène Dumas: je trouve le livre bien écrit, fluide, avec des idées intéressantes (par exemple son utilisation de la ponctuation), ça aide à entrer dans l'histoire.

L'autre point, c'est les thèmes que l'on rencontre dans Journal d'une traduction: le langage et son utilisation sont très importants, capitaux même. Comment on perçoit la langue, notre relation aux mots, tout cela est également lié à notre histoire personnelle et notre identité, mais aussi à ce à quoi la langue est rattachée, l'image qu'on s'en fait.J'ai trouvé cela vraiment intéressant et ça m'a permis d'apprécier le livre.

Journal d'une traduction a été une lecture assez passionnante, donc, mais je ne suis pas sûre qu'elle parlera à tout le monde de la même façon. Si la traduction est un sujet qui ne vous intéresse absolument pas, vous risquez de ne pas apprécier le livre. A l'inverse, ne vous butez pas en voyant le terme "traduction" dans le titre, car c'est aussi un voyage en quête de son identité que Marie-Hélène Dumas nous propose...

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette chronique vous plait, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! On se retrouve très vite pour un nouvel article, en attendant comme toujours prenez soin de vous et lisez beaucoup! :)

Lien : http://livroscope.blogspot.f..
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Ecrire ou traduire : habituellement, Marie-Hélène Dumas fait l'un ou l'autre. Impossible pour elle d'écrire quand elle traduit, en totale immersion dans les mots, les sons, les sens, les résonances de l'autre. Mais en 2015, La République des Lettres d'Azar Nafisi, qu'elle est train de traduire, trouve en elle un écho particulier. Alors Marie-Hélène Dumas note, écrit, raconte un territoire intime fait d'exil et de langues tour à tour parlées, tues, oubliées ou découvertes, apprivoisées, adoptées. le livre que traduit alors Marie-Hélène Dumas évoque finalement ce que sa traductrice avait enfoui : une histoire familiale qui a laissé des traces plus profondes qu'elle ne l'aurait supposées. Suite de notes, pensées, réminiscences, souvenirs d'enfance parfois troubles, le Journal d'une traduction de Marie-Hélène Dumas ne se laisse pas toujours facilement dompter. Mais si l'on accepte les surprises des méandres de la mémoire et sa charmante désorganisation, on se laisse emporter dans une histoire - celle des aïeux de Marie-Hélène Dumas mais aussi la sienne - teintée de langues, d'accents et d'autant de manières différentes d'appréhender le monde. Et l'histoire particulière de cette écrivaine-traductrice moitié russe moitié française qui traduit de l'anglais et de l'espagnol, c'est finalement aussi un peu la nôtre, dans ce qu'elle recèle et révèle de non-dits, d'oublis conscients ou non, dans sa capacité aussi à surgir, à nous rappeler qu'elle nous forge, qu'on l'accepte ou non.
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Les langues, les personnes, les exils. Les langues et les mots qui se perdent et reviennent, « Elle leur est revenue et elle m'est revenue »…

Le travail de traduction est abordé sous ses multiples facettes, personnelles ou non, « Je lis je regarde par la fenêtre je laisse descendre les mots en moi », « J'ai lu le livre, j'ai lu le paragraphe, je lis la phrase, c'est fou ce qu'il faut aimer lire pour faire ce boulot-là », « Traduire, c'est souvent comme danser le rock, suivre et en même temps être soi », « Traduire c'est, entre autres, laisser au lecteur les mêmes possibilités d'interprétation que l'auteur l'a fait », « traduire permet de ressentir la difficulté qu'on a à s'exprimer dans sa propre langue »…

Lire, traduire, trouver des équivoques équivalentes, penser les mots, « les mots finissent par bondir devant vous, plus gros, plus forts, et plus lourds quand ils retombent », revenir sur les langues, « Avant l'anglais, donc, il y a eu le russe », les langues familiales, les langues de l'exil et de l'internationalité, les langues de voyages et de petits boulots… Des histoires, des voyages, des musiques, des lieux…

Lectrice, traductrice, écrivaine… « Il faut avoir confiance en la force de l'auteur avec qui tu danses et en ta propre force », l'humilité, la persévérance, la modestie, la compréhension et l'incompréhension, l'âge des traductions, les mots qui « apparaissent, disparaissent, changent de sens » et ces pensées qui changent de mots, « Finalement traduire c'est retracer une empreinte recouverte du sable de la langue que ne comprennent pas ceux pour qui on traduit »…

L'exil, la nationalité, la bureaucratie des papiers à obtenir ou renouveler, le sentiment d'impuissance ou de fatalité, les histoires d'origine, les réfugié-e-s, « une personne déplacée au-delà de la frontière de son propre pays du fait d'une guerre civile », les ruptures adolescentes, les continuités et les déchirures, « ne plus », les souvenirs, « le manque de choses tangibles dont l'absence vous hante », se rappeler ce que ces chansons rappelaient,, le temps, se siviliser…

« The past is never dead. It's not even past »

Une sensible ligne mélodique (« un bruit bas »), des couleurs et des empreintes du temps, des routes et d'une génération, « je crois plus à ce qu'on a en commun qu'à ce qu'on a de différent », des livres et des auteur-e-s, des relations chaleureuses aux proches, la mémoire, ce si beau titre : La République de l'imagination, des variations bien musicales d'un journal du temps.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Pendant trois saisons – hiver, printemps, été – Marie-Hélène Dumas a mené de front deux activités, habituellement incompatibles pour elle : écrire ce journal et traduire La République de l'imagination de Nazar Afisi.

La République de l'imagination, traite de littérature et d'exil, entre en résonnance avec le passé et le présent de Marie-Hélène Dumas et la pousse à écrire un journal. Ses réflexions portent sur la traduction, sur sa manière de procéder et d'aborder la traduction, mais surgit alors la question de la langue, des langues, parlées, apprises, maternelles. Elle revient alors sur l'histoire de ses parents et grands-parents. le journal est également émaillé de souvenirs de sa famille, de son enfance, de certains épisodes de sa vie (notamment ceux passés sur des bateaux de port en port), etc.

Ce n'est pas un journal classique, avec des entrées pour chaque jour, avec des dates ; il s'agit plutôt d'une succession de réflexions sur divers sujets. le résultat est parfois un peu décousu, ce qui fait que j'ai éprouvé quelques difficultés pour accrocher à ce texte (peut-être aussi car je n'ai lu que des romans ces derniers temps et que j'étais habituée à une certaine narration). Il m'est pour cette raison difficile d'en faire une critique : il s'agit d'une sensation diffuse, non de points précis qui m'auraient dérangée.

Le fond est pourtant profond, intelligent et pousse à la réflexion. Voyage parmi les mots, voyage de pays en pays, voyage entre les générations… J'ai été très intéressée par cette plongée dans son passé, ce passé russe auquel elle a tourné le dos, et par les interrogations sur ce que ses parents leur ont transmis, à sa soeur et elle, sur cette langue délaissée qui pourtant est revenue aux lèvres de sa mère dans ses derniers instants.

Journal d'une traduction n'a pas réussi à m'accrocher, à me passionner comme l'ont fait jusque-là tous les autres livres des éditions iXe, il fallait bien une première. Je pense qu'il s'agit d'un blocage lié davantage à la forme et à l'écriture de Marie-Hélène Dumas, et non au fond. Peut-être y reviendrai-je un jour pour en avoir une tout autre lecture, plus agréable.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On croit, traductrice, que je ne travaille que du ciboulot, c’est faux, j’ai dit, je travaille aussi avec mes deux mains, voire mes deux jambes quand je me lève et marche pour débloquer ce qui bloque, et quand de mon ciboulot à mes deux mains ça ne passe plus du tout, même après être allée me faire chauffer un café, je travaille avec ma voix. Mains, jambes, voix, corps, souffle.
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Cette histoire de traduire une langue qui n’est pas celle de ma mère et de ne pas traduire celle de ma mère, depuis quelques temps me turlupine vaguement. C’est comme ça. C’est une histoire qui n’a jamais commencé, le russe, les Russes, a, ont, toujours été à la fois là et pas là.
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Traduire, c’est souvent comme danser le rock, suivre et en même temps être soi
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Traduire c’est, entre autres, laisser au lecteur les mêmes possibilités d’interprétation que l’auteur l’a fait
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Finalement traduire c’est retracer une empreinte recouverte du sable de la langue que ne comprennent pas ceux pour qui on traduit
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