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Emmanuelle Tardif (Traducteur)
EAN : 9782330192587
144 pages
Actes Sud (01/05/2024)
3.78/5   44 notes
Résumé :
Depuis que ses parents ont divorcé, Jimmy trompe la tristesse et la solitude en collectionnant les flippos, des vignettes qu’il trouve dans les paquets de chips.
Quand Tristan, un réfugié kosovar, arrive dans sa classe, Jimmy, excellent élève, est chargé de l’aider. Les deux garçons deviennent très amis, mais bientôt la famille kosovare est menacée d’expulsion. Heureusement, Tristan a un plan pour obtenir le droit d’asile, un plan où un rôle crucial mais mys... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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En sauvant un être humain, on sauve l'humanité entière…

Les deux précédents livres de Lize Spit, auteure flamande, m'ont tellement plu de par leur traitement original de thèmes pourtant classiques, surtout « Je ne suis pas là » sur le processus et les ravages de la folie, qu'elle est rentrée dans mon panthéon littéraire au point de me jeter sur son dernier opus en m'écriant : Génial, le dernier Spit !!

Contrairement à ses deux premiers livres, denses et épais, nous avons là un roman très court, moins de 150 pages. Ce livre est en effet à la base une nouvelle qui lui a été demandée dans le cadre de l'édition 2023 du projet annuel Boekenweekgeschenk. Celui-ci vise à offrir une histoire originale à ceux qui achètent des livres en néerlandais.

S'inspirant d'une histoire vraie vécue par l'auteure durant son enfance, celle d'une famille de réfugiés venue s'installer dans son village de Viersel, elle se place à hauteur d'un garçonnet de onze ans, Jimmy, en Belgique flamande, dans les années 1990, pour relater l'histoire d'amitié entre lui et Tristan. Tristan est un réfugié Kosovar qui a fui avec sa famille la guerre du Kosovo. Cette belle amitié est faite d'apprentissage - Jimmy est un excellent élève et c'est tout naturellement que la maitresse lui a demandé d'épauler Tristan dans l'apprentissage du néerlandais - et de découvertes culturelles – Jimmy est souvent chez Tristan, accueilli à bras ouverts par la famille, et découvre ainsi les mets culinaires, les rituels, la langue et les liens qui unissent les membres de cette famille exilée -.

«Tristan aurait pu échouer n'importe où sur la planète, dans n'importe quel pays, mais il s'était justement retrouvé ici, en Belgique. La probabilité de devenir son ami n'en était que plus faible.»

Cette amitié surtout vient égayer la vie du petit garçon qui, depuis que ses parents ont divorcé et que son père l'a comme rejeté, trompe la tristesse et la solitude en collectionnant de façon méticuleuse et passionnée les flippos, vignettes rondes qu'il trouve dans les paquets de chips à l'effigie des Looney tunes. Il rêve d'avoir la plus belle collection de tout le pays et prépare, avec les flippos en double, une superbe collection également pour Tristan devenu peu à peu son meilleur ami.
Cette collection, c'est tout un art qui va de la recherche de pièces de monnaie dans tous les distributeurs du village, en passant par le choix du paquet, la façon de récupérer les flippos, de les nettoyer, de les archiver et de noter dans un carnet le numéro du flippos, la date et le lieu d'achat…Jimmy est véritablement un collectionneur, un honorable collectionneur, et a hâte de transmettre sa passion à Tristan.

Tout le village, ou presque, a réservé un accueil chaleureux à cette famille nombreuse, touché par l'enfer vécu pour arriver jusqu'ici, traversant mers et montagnes au péril de leur vie, ce qui n'est pas sans leur laisser de lourdes séquelles. Mais, malgré leur intégration et les diverses actions pour leur venir en aide, la famille est menacée d'expulsion. Heureusement, Tristan a un plan pour obtenir le droit d'asile et ce plan met curieusement Jimmy a contribution…

Comme à son habitude, l'auteur excelle à faire monter la tension par petites touches jusqu'à l'explosion finale, employant de-ci, de-là quelques images surprenantes dont elle seule a le secret. Des images qui pétillent et dont la fraicheur est saisissante.
Je me souviens, entre autres, de celle-ci de son précédent livre. Elle m'a marquée au point de penser à cette image désormais à chaque fois que je vois un pilulier : « Plus tard, pour éviter qu'il ne prenne une double dose, j'ai acheté un pilulier à la pharmacie, une sorte de longue boite à sept tiroirs divisés en quatre compartiments, que je remplissais en début de semaine avec les cachets adéquats. Lorsqu'elle était posée debout sur le plan de travail, elle ressemblait à un minuscule immeuble de sept étages avec, derrière les fenêtres, des petites bouilles blafardes ».

De même, quelques images sont désormais associés à ce livre, comme celle-ci, dans la famille de Tristan, famille qui a fui les balles : « Il faisait à présent un temps magnifique, le jour passait en pointillé entre les lames des volets roulants, comme si on tirait sur eux des petits plombs de soleil ».


Le récit à hauteur d'enfant avec ses élans, sa naïveté, son idéalisme permet la survenue de telles images qui nous font sourire et nous attendrissent. le récit à hauteur d'enfant permet surtout d'aborder cette amitié sans limite, amitié pure qui peut abolir les différences, les frontières, les préjugés. Alors que le premier roman de Lize Spit pointait la cruauté des enfants et des adolescents, cruauté pouvant devenir traumatisme même une fois devenu adulte, L'Honorable Collectionneur nous touche par son rêve pur de fraternité. Un livre tendre et délicat, qui n'a certes pas la puissance narrative de « Je ne suis pas là » du fait de son format en longue nouvelle, mais qui permet de retrouver la plume singulière de cette auteure si talentueuse !


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A Bovenmeer, à la fin des années 1990, Jimmy, un garçon de onze ans dont les parents ont divorcé et qui ne voit plus son père, s'est lié d'amitié avec Tristan, un Kosovar de douze ans qui s'est réfugié en Belgique, dans ce village, avec sa famille, c'est-à-dire ses parents et ses sept frères et soeurs, fuyant la guerre dans son pays. le rêve de Jimmy est de compléter sa collection de flippos, des jetons offerts dans des paquets de chips ; il a même une seconde collection qu'il a faite pour offrir à son ami Tristan. Pour lui, le collectionneur doit se parer de vertus morales. Excellent élève, il a été chargé par la directrice de son école d'apprendre le néerlandais à Tristan, qui, lui, brille en natation. ● La narration faite par les yeux d'un enfant est assez casse-gueule – c'est le cas ici car le récit est mené en focalisation interne sur le jeune Jimmy. Difficile en effet de restituer la naïveté et l'idéalisme de l'enfant, de raconter une belle amitié entre deux préados, sans être niais, mièvre ou insipide. S'inspirant d'une histoire vraie, il est vrai que Liz Spit ne s'en sort pas trop mal, même si j'ai du mal à comprendre les dithyrambes qui sont adressés à ce récit qui n'a littérairement rien d'extraordinaire. La montée de la tension ne m'a pas paru particulièrement bien menée et la fin que certains jugent sublime m'a juste paru abrupte et confuse.
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J'avais adoré les deux livres précédents de Lize Spit, Débâcle et Je ne suis pas là, découvrant ce matin chez mon libraire un nouveau roman de cette autrice, je n'ai pu résister, l'ai ramené et l'ai lu immédiatement.

Contrairement à ses oeuvres précédentes, le livre est bref, comprenant 134 pages seulement.

Il nous conte l'histoire d'un garçon de onze ans, Jimmy, collectionneur fanatique de flippos - vignettes que l'on trouvait alors dans les paquets de chips - , dont la vie a été transformée par l'arrivée dans son école de Tristan, réfugié kosovar.
Tristan l'appelle pour le convier à une soirée pijama : il a un plan pour que sa famille évite d'être expulsée De Belgique

Comme dans ses récits précédents, l'autrice a le don de construire son histoire et nous tenir en haleine jusqu'au dénouement.

L'enfant est présenté avec sa naïveté, mais de telle manière que son caractère se dévoile petit à petit, nous le voyons tour à tour obsédé par sa collection, fier de pouvoir aider Tristan, curieux et en même temps méfiant par rapport à qu'on va lui demander, marquant beaucoup d'hésitation tout en restant confiant en son ami et désireux de garder cette relation privilégiée.

le roman est intéressant par le regard que Jimmy porte sur les réfugiés, à l'école, le parcours de cette famille kosovare a certes été étudié, le village (à quelques exceptions près) les a accueilli et aidé, mais ce n'est que pendant cette nuit passée chez Tristan qu'il perçoit les traumatismes vécus.

J'ai aimé, moins toutefois que les deux livres lus auparavant, les détails minutieux sur sa passion pour sa collection me fatiguaient - mais c'est souvent aussi ce que je ressens devant un enfant de son âge qui me raconte avec passion et force détails un événement qui l'a frappé.

La fin, abrupte, ne peut s'oublier, et est le plus bel atout de ce livre.
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À Bovenmeer, un petit village De Belgique flamande (qui était déjà le lieu fictif où se déroulait l'intrigue de la « Débâcle », le premier roman – un coup de maître ! - de Lize Spit), à la fin des années 90, Jimmy, un garçon de onze ans, trompe son ennui et la tristesse causée par le divorce de ses parents, en collectionnant avec passion les flippos, des vignettes offertes dans des paquets de chips. Pour assouvir sa soif de collectionneur, il est prêt à tout, jusqu'à récupérer l'énorme liasse d'argent oubliée par une bourgeoise de passage dans un distributeur automatique… Il voudrait devenir un héros, en acquérant toute la gamme des flippos, voire en réalisant une seconde collection complète, qu'il pourrait offrir à son ami Tristan. Car depuis quelques temps, ce nouveau camarade, réfugié kosovar, bouscule sa routine…
Chargé par la maîtresse d'aider Tristan à apprendre le flamand, Jimmy fait du zèle, en multipliant les attentions à son égard. Fasciné par l'aisance physique de son nouvel ami, la rapidité aussi avec laquelle il acquière les rudiments de la nouvelle langue et s'intègre à la vie du village, il subit une forme d'emprise. Un jour, il apprend que la famille de Tristan est menacée d'expulsion. Mais le jeune réfugié et sa soeur lui confient qu'ils ont un plan qui leur permettrait de rester en Belgique, un plan dans lequel il jouerait lui-même un rôle crucial…
Avec ce récit à l'intrigue sans temps mort, dans lequel la tension s'installe peu à peu, et qui s'achève de manière totalement inattendue, Lise Spit suscite chez son lecteur curiosité, et bientôt angoisse. Mais au-delà de cette lente montée de l'émotion, le plus grand des charmes de ce texte réside dans sa capacité à nous faire pénétrer au profond du coeur d'un enfant, agité par des rêves naïfs d'amitié et de gloire, proie facile pour la pire des mélancolies quand la réalité trahit ses espérances. Et l'on retrouve ainsi ce qui déjà nous avait séduit dans « Débâcle » (actes sud, 2018) et « Je ne suis pas là » (Actes Sud, 2023). Bon, et si vous faisiez vous-mêmes un détour par Bovenmeer ?
(Cerise sur ce gâteau des Flandres : la mère de Jimmy a deux teckels nains, nommés Quick et Flupke… Voici le genre de petits riens qui font les grandes oeuvres !)
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Ma première rencontre avec l'univers de Lize Spit : "Débâcle" paru en 2020.
Coup de poing, fable cruelle sur l'enfance et l'amitié.
On retrouve ici ces thèmes et une construction rythmée comme un balancier entre l'avant, le présent et l'après.
Une tension élastique qui risque de se rompre.
Ce que j'aime et retrouve dans ce nouveau roman, c'est le monde unique, vrai et vulnérable de l'enfance.
Ce qui semble léger, insouciant, qui se laisse porter par le quotidien immédiat sans prise de tête où même les jeux qui semblent sérieux n'ont aucune conséquence.
Inspiré d'une réalité, nous sommes dans un petit village De Belgique flamande dans les années 90.
Jimmy, onze ans collectionne les "flippos".
En Belgique ont les découvraient dans les sachets de chips de la marque "Smith".

Parenthèse, collectionnite vintage qui aujourd'hui atteint sur EBAY des sommes astronomiques qui peuvent atteindre parfois plus de 200 euros.

Jimmy rêve de posséder la plus complète collection de "flippos" et y consacre toute sa volonté acharnée.
Un jour, Tristan, réfugié Kosovar débarque dans sa classe, bon élève, Jimmy est chargé de l'aider à s'intégrer.
La relation et finalement l'amitié s'installe entre les deux garçons que tout oppose mais c'est sans compter sur les liens de deux enfants qui se côtoient et grandissent ensemble au delà des aléas de la vie.
Un jour, Tristan et sa famille sont avertis d'une expulsion définitive de leur pays d'adoption.

Comme toujours L.SPIT avance à petit pas précieux, ceux de l'innocence des enfants, de leur monde intérieur et leur imaginaire.
Ainsi qu'une tension qui inaugure une fin, une explosion finale.

La prouesse de l'autrice, l'originalité, le style condensé, la force du récit raconté à hauteur d'enfant et moi j'aime l'âge précieux et éphémère de l'innocence où tout est encore permis et possible.





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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
21 mai 2024
Lize Spit, l’auteure à succès de “Débâcle”, publie un court roman, fort bien mené, “L’honorable collectionneur”.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Jimmy tendait la main vers le paquet de chips recommandé par son instinct, ce paquet qui lui donnait l’impression qu’il le choisissait, lui, plutôt que l’inverse, ce paquet dont il pouvait jurer qu’il lui chuchotait à l’oreille, et même qu’il se penchait un peu vers lui, sauf qu’au tout dernier moment, juste avant de l’attraper, il changeait d’avis et saisissait au hasard un paquet voisin, silencieux et vide de promesses. De cette façon, Jimmy esquivait le sort, obtenant quelque chose qui en fait ne lui était pas destiné. Il avait la certitude qu’il aurait plus de chance avec ce qui ne lui était pas dévolu au départ.
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Le visage et les mains du père de Tristan étaient lacérés de cicatrices datant de la fois où il avait dû défendre ses filles contre des trafiquants d’êtres humains. La mère de Tristan, enceinte de sept mois au moment de quitter son pays, avait accouché au centre d’accueil et prénommé sa fille Paola, par gratitude pour les bons soins reçus en Belgique. La reine en avait été informée et son petit mot de remerciement trônait dorénavant, dans un cadre, sur le manteau de la cheminée
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Dans la famille Ibrahimi, on ne dormait pas chacun dans son lit, mais tous ensemble sur des matelas posés à même le sol. Jimmy l’avait vu de ses propres yeux au cours d’une partie de cache-cache, lorsqu’il s’était engouffré dans la chambre à la recherche d’une planque. La pièce ressemblait à un vœu exaucé, à une piste d’atterrissage tapissée de couvertures et d’oreillers sur lesquels on pouvait enchaîner les galipettes et faire la roue, ou le poirier, sans se casser le dos.
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