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EAN : 978B085GJ6M2Z
Albin Michel (11/03/2020)
3.88/5   29 notes
Résumé :
Tour à tour grinçantes, bouleversantes, drôles et déchirantes, ces six novellas offrent au lecteur une nouvelle façon de voir le monde, s’imposant chacune comme un bijou de subtilité et d’intelligence. On y croise notamment un ancien gardien de prison de la Stasi, qui reçoit devant sa porte d’étranges colis anonymes tout droit venus du passé ; deux déserteurs ayant fui la Corée du Nord et son régime totalitaire pour tenter de reconstruire leur vie à Séoul ; un homme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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La volonté suffit-elle pour échapper à ce que la vie a inscrit en nous?
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Tel est le thème majeur (le fil conducteur) de ces six nouvelles d'un écrivain à l'avenir prometteur. Ce recueil a reçu le National Book Award Fiction en 2015. Et c'est mérité d'après moi.
*
Un conseil de lecture: lisez -en une à la fois, jamais deux en une journée. Savourez le texte, l'histoire, laissez infuser, digérez, analysez si vous voulez. C'est de cette façon que vous ressentirez la pleine puissance d'évocation.

Enfant prodige sorti d'atelier d'écriture, l'auteur arrive avec brio, malgré des dispositifs narratifs sophistiqués, a créer cette sensibilité qui est l'essence même d'un très bon écrivain.
Chaque histoire, dotée d'anti-héros, a cette finesse de propos, une subtilité dans des situations dissonantes (telle le pédophile qui lutte contre ses pulsions, l'absence de regrets de la part d'un ex-Stasi sur ses méfaits, une femme tétraplégique hésitant entre se tuer ou faire un enfant). On pourrait être choqué par ces histoires atypiques, dont la narration pourrait surcompenser par des débordements à coup de mouchoir. Mais la maîtrise est parfaite.

Bouleversantes, justes, et avec une seule question : est ce que l'homme doit lutter contre ce qui le détermine ou peut-il s'arranger avec sa vérité?

Chapeau bas, Mister Johnson !
*
Lu dans le cadre du #Picaboriverbookclub sur FB
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Aimant désormais les nouvelles depuis que j'ai compris l'importance de les lire différemment pour les apprécier, j'ai pris mon temps pour découvrir les six novellas de la chance vous sourit d'Adam Johnson, traduites par Antoine Cazé, picorées une à une entre deux autres lectures.

Et j'ai bien fait tellement ce recueil nous plonge dans des univers très différents : ici la Louisiane post-Rita ; là, la Corée et sa blessure géographique toujours béante ; ou plus loin les décombres de l'ex-RDA. Pas d'unité de lieu donc. Ni de temps, ni d'action. Normal, on est loin d'une écriture ou d'un recueil classique.

Le point commun de ces textes brillants se trouve chez les protagonistes : des personnages à des tournants de leur vie, qui s'interrogent et hésitent souvent à saisir cette chance qui semble leur sourire mais les inquiète en même temps. Des femmes et des hommes en questionnements décisifs.

Mieux accompagner sa femme grabataire et accepter son évasion ailleurs ? Profiter de la page blanche qu'ouvre un ouragan pour basculer dans une vie nouvelle appuyée sur la paternité ? Que sera la vie des miens une fois que le cancer m'aura emporté ? Mon passé assumé est-il acceptable par d'autres aujourd'hui ? Est-il possible de lutter avec succès contre ses déviances ? Et si mon bonheur personnel se trouvait finalement au Nord tyrannique mais familier plutôt qu'au Sud libre mais étranger ?

Adam Johnson excelle à décrire ces femmes et ces hommes anti-héros du quotidien, déballant les limites de leurs faiblesses devant des situations complexes. Dans un style moderne et délicat, il n'est pas toujours aisé de suivre sa plume au début, mais on s'y habitue et, surtout, l'ensemble fait grand sens à la fin. Déjà consacré par un Pulitzer en 2013, Adam Johnson a reçu un National Book Award pour ce recueil deux ans après. On comprend pourquoi !
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La novella est un exercice à part, hybride. Plus long qu'une nouvelle, généralement entre 30 et 150 pages, moins long qu'un roman, elle est un intéressant compromis pour développer histoire et personnages. Un genre malheureusement peu développé en littérature (surtout pas dans les pays francophones), l'un des spécialistes en étant Stephen King. Vous ne trouverez d'ailleurs pas le mot dans le Larousse…

Avec ce recueil, Adam Johnson propose six histoires, calibrées entre 35 et 65 pages, qui sont autant de moments forts qui marquent durablement l'esprit du lecteur.

On reproche souvent, à tort, à la nouvelle ou à la novella d'être frustrante et de ne pas être suffisante pour s'attacher au récit et aux protagonistes. Ces six histoires sont une preuve éclatante du contraire. A tel point que je sais, avec certitude, qu'elles resteront longtemps gravées dans ma mémoire, dans mes tripes et dans mon coeur.

Adam Johnson n'est pas un auteur prolifique. Deux romans et deux recueils de nouvelles / novellas. Mais une palanquée de prix, dont le prestigieux prix Pulitzer pour son livre La vie volée de Jun Do. Et ce recueil a été récompensé par le National Book Award.

Posons le constat immédiatement : l'écrivain a un talent fou, et de formidables dispositions de conteur qu'il met entièrement au service de ses histoires et surtout de ses personnages.

Une plume forte et accessible, émotionnellement puissante, expressive, qui propose de nombreux dialogues, vous faisant entrer dans ces chroniques de vie dès les premières lignes. Dont il vous semble connaître les personnages depuis longtemps, une fois la lecture terminée. du grand art, une capacité étonnante à ainsi raconter et nous faire entrer en empathie.

Et pourtant, ses protagonistes et ses histoires sont singuliers. Tous ont des particularités qui les font sortir du lot.

Étrange choix que cette couverture, qui n'est en lien avec aucune novella. Et n'imaginez pas vous retrouver dans du Nature writing parce qu'on parle de Terres d'Amérique. C'est bien le talent de l'auteur américain qui est mis en exergue, pour preuve deux des histoires se déroulent hors du pays (Allemagne et Corée du Sud), et la technologie ou des événements majeurs servent de terreau.

Hormis l'ambiance doucereuse de la novella-titre, qui se déroule entre les deux Corées, les autres sont noires.

Johnson n'est pas du genre à proposer des intrigues qui ne tiennent qu'avec la surprise finale. Au contraire, ses histoires sont davantage des tranches de vie à des moments clés, avec des fins subtiles, ouvertes et qui font réfléchir.

Elles mettent mal à l'aise, tant les sujets sont forts, les histoires tourmentent, le ton grinçant, les personnages bouleversants. de ceux qui restent imprimés dans votre esprit, qui vous hantent, alors que vous ne les avez que peu fréquentés. du grand art, vous dis-je.

Ces récits n'ont donc pas grand-chose à voir, dans leurs contextes. Mais on peut y retrouver des obsessions communes en lien avec la maladie, le couple, certaines formes d'amour… Des relations ou comportements dissonants mais qui résonnent pourtant terriblement juste par l'empathie de l'écriture de l'auteur.

La chance vous sourit, titre bien cynique pour des novellas aussi sombres, est un recueil dont on ne peut oublier les personnages. L'immense humanité d'Adam Johnson contrebalance cette noirceur pour proposer des fortunes diverses, de celles qui vous déchirent le coeur mais vous rapprochent irrémédiablement de l'âme de ces êtres de papier. Admirable.

(Le titre original du recueil est : Fortune smiles).
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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C'est un recueil de 6 nouvelles, une galerie de portraits, des personnages tous à un moment particulier ou charnière de leur vie. Les histoires sont plutôt noires, les thèmes abordés sont la maladie, la mort, la pedopornograpie, l'ouragan Katrina, la torture, l'emprisonnement, les transfuges.
Personnellement j'ai aimé la nouvelle qui se passe à Berlin où un ancien directeur de prison de la Stasi, est confronté à une ancienne prisonnière qui sert de guide à des étudiants. Ce vieil homme qui se promène avec son petit chien semble inoffensif, au début de l'histoire, plutôt sympathique. Quand il se trouve dans l'ancienne prison confronté à une ex détenue qui raconte ce qu elle a vécu et subit , il trouve des excuses à ses agissements, il nie les tortures et les interrogatoires musclés ou les justifie. Il ne voit pas le mal à avoir confisqué certains objets aux détenus et à les avoir offert à sa fille. Il ne se remet pas en cause, il n'a aucune empathie pour toutes les personnes qui ont été emprisonnées et torturées. On voit le danger que peuvent représenter des personnes de ce genre qui ne sont que les maillons d'une chaîne mais qui manipulées, parce qu'elles sont malléables, par des systèmes totalitaires peuvent devenir redoutables et extrêmement dangereuses.
Je remercie les éditions Albin Michel, terres d'Amérique et le Picabo River Book Club qui m'ont permis de découvrir cet auteur d'une grande qualité.
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Adam Johnson, dans son recueil de nouvelles, nous livre six novellas sur les thèmes de l'amour perverti « Prairie Obscure », la famille « Ouragans Anonymes », la maladie « Nirvana » et « Le saviez-vous ? », sur l'évolution du monde contemporain : sur l'ex RDA « George Orwell était un de mes amis », sur les Corées du Nord et du Sud « La chance vous sourit ».

L'auteur maîtrise à la perfection l'écriture des textes. Ils sont courts mais efficaces. Il donne chair à des personnages complexes et avec une justesse impressionnante.

Il nous raconte une Amérique sombre, sans détour. le titre du recueil est d'autant plus ironique. La chance ne sourit à aucun des personnages. Nous sommes plutôt dans les tréfonds de l'humanité. Les « héros » se perdent dans leur noirceur : par exemple, dans la dernière nouvelle, un Coréen du Nord qui a pu s'échapper de l'enfer et rejoindre la Corée du Sud n'arrive pas à s'acclimater à cette nouvelle société et préfère retourner dans le pays de la dictature, de la faim…

Les livres d'Adam Johnson ont été maintes fois récompensés. Il a reçu avec « La chance vous sourit » le National Book Award.
Les écrivains américains excellent dans l'écriture des nouvelles. J'ai pu lire celles d'un autre auteur, Eric Puchner, « Dernière journée sur terre », éditées aussi chez Albin Michel dans la collection « Terres d'Amérique ».

Le journal The Washington Post ne s'est pas trompé en affirmant que « La chance vous sourit » est « Un recueil magistral ».

N'oublions pas le traducteur : Antoine Cazé, grâce à qui nous pouvons lire ce livre dans la langue de Molière.

Pour finir, je voudrais remercier le groupe Facebook et Instagram Picabo River Book Club ainsi que l'Editeur Albin Michel pour m'avoir permis de lire ce très beau recueil.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le Nord était un pays de voyouterie, de corruption, de brutalité et de meurtre. Mais Mina avait raison. On pouvait trouver de la beauté à Chongjin. Sous les amas de givre hivernal, même la carapace des vieilles usines soviétiques pouvaient être belles - les ponts portiques sous de gros nuages blancs ; les chariots en zinc crénelés de glace ; les tapis coulants couverts de glace qui telles des sentinelles, surveillaient des icebergs luisant de détritus qui filaient plein sud depuis Vladivostok.
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Ça se passait l’année suivant mon diagnostic, mon opération, ma chimio et les diverses interventions, injections, ignominies et autres traitements. Quand je suis tombée malade, notre plus jeune fille s'est muée en cheval : silencieuse et indomptable, notre Fille-Cheval ne fait désormais rien d'autre que hennir. Mais avant cette période, elle est passée par une phase qu'on avait appelée Le Saviez-Vous. "Le saviez-vous ?" commençait-elle, avant de partager avec nous un sujet d'étonnement. "Les orques n'ont jamais tué d'être humain dans la nature. Les insectes sont riches en protéines. Les oiseaux-mouches ont des émotions et sont souvent tristes." (Le Saviez-Vous)
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Le saviez-vous ? Chuck Norris se bat contre dix-sept méchants à la fois dans Portés disparus 3. Clint Eastwood reprend le fusil dans Impitoyables. Georges Clooney est d'une vulnérabilité mémorable dans The Descendants. Et selon vous à cause de quoi ? La mort de leur femme.
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« Tu as pensé quoi de cette nouvelle ? » m’a demandé mon mari.
Je voyais bien qu’il avait aimé. Il adore les nouvelles.
« J’ai compati au sort de l’épouse décédée. »
A quoi mon mari, le plus gros abruti qui ait jamais gagné le prix Pulitzer, a répondu : « Mais… ce n’était même pas un personnage. »
Ça se passait l’année suivant mon diagnostic, mon opération, ma chimio et les diverses interventions, injections, ignominies et autres traitements.
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Le saviez-vous? Chuck Norris se bat contre dix-sept méchants à la fois dans Portés disparus 3. Clint Eastwood reprend le fusil dans Impitoyables. Georges Clooney est d'une vulnérabilité mémorable dans The Descendants. Et selon vous à cause de quoi? La mort de leur femme.
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Video de Adam Johnson (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adam Johnson
Chronique confinée 5 : Adam "US Winner" Johnson et son deuxième recueil de nouvelles
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