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EAN : 9782264066282
288 pages
10-18 (19/08/2015)
3.02/5   22 notes
Résumé :
Sans doute parce qu’ils étaient différents, trop sensuels et rebelles à l’hypocrisie, les protagonistes de ces neuf nouvelles ont quitté leur cercle familial et se sont exilés. Pourtant, ils ne souffrent plus d’être éloignés de leur passé. Au contraire. Malik, jeune Pakistanais immigré à Barcelone, découvre son homosexualité dans une communauté musulmane plus tolérante que son père. Pour Frances, l’Irlandaise devenue américaine, revenir au pays, c’est se réconcilier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Plaisir à peu près trimestriel avec Valentyne d'une lecture commune La couleur des ombresColm Toibin et retour aux lettres irlandaises dont je ne m'éloigne jamais très longtemps. Colm Toibin, la soixantaine, est l'un des plus connus parmi les contemporains d'Erin. Je l'ai beaucoup lu, romans et nouvelles confondus. Je suis très porté sur les nouvelles, difficiles à chroniquer toutefois. le recueil La couleur des ombres m'a semblé moins riche que L'épaisseur des âmes. Voir Mères et fils. Au passage qu'on m'explique pourquoi le titre original est celui de la nouvelle La famille vide alors qu'en France on a choisi la nouvelle La couleur des ombres. Neuf textes donc dans ce livre mais où je n'ai pas retrouvé l'émotion du précédent recueil. Loin de là.

S'il est souvent question de départ, de retour, de transit, de deuil dans ces textes, Colm Toibin explore aussi beaucoup les liens familiaux, notamment entre fils et mère. Les deux premières nouvelles sont très belles. Un moins un raconte un courrier d'un homme à un ancien amant, courrier où il revient sur la mort de sa mère, et comment il a ressenti ce voyage in extremis de New York à Dublin. "Il était trop tard désormais pour expliquer quoi que ce soit. Nous avions épuisé notre réserve de temps" Dans Silence l'auteur met en scène, autour de la poésie, le secret de Lady Gregory, d'après une histoire rapportée par l'écrivain Henry James, l'un des auteurs favoris de Toibin auquel il a d'ailleurs consacré le Maître. Bien des points leur sont communs.

Colm Toibin qui a vécu longtemps en Espagne consacre trois nouvelles à ce qui reste comme son pays de coeur. La première, nommé Barcelone 75, ne m'a pas intéressé, entièrement vouée aux vingt ans de l'auteur dans cette ville et à ses aventures homosexuelles (Toibin est un militant) sur fond de mort du Caudillo, une sorte d'Almodovar mais sans ses magnifiques portraits de femmes. La nouvelle Espagne, plus sensible, c'est le retour à Minorque, après la mort de Franco, d'une jeune Espagnole après un exil londonien. Avec son lot de déceptions. Colm Toibin marque parfois un peu fort son territoire social et culturel mais cette nouvelle est forte, on ne revient jamais tout à fait de son exil. La rue conjugue immigration et homosexualité et le relatif anticonformisme de Toibin pâlit un peu.

Mais les choses s'arrangent avec la nouvelle-titre La couleur des ombres. Tante Josie est une vieille dame en fin de vie. Paul son neveu s'en occupe le mieux possible, plus proche d'elle que de l'"autre", sa propre mère, soeur de Josie à qui il jure qu'il ne la reverra pas. Bouleversant, on ne saura pas vraiment pourquoi Paul a rejeté sa mère, l'alcoolisme, ou est-ce l'inverse. Une nouvelle, j'aime bien qu'elle reste posée là, sans réponse à tout. Colm Toibin, là, est magnifique, et tellement plus intéressant. Vous le savez, les militants m'emmerdent vite. Je préfère de loin les silences familiaux.

Attention l'Irlandais Colm Toibin n'est pas un grand irlandophile. "Je ne crois pas à l'Irlande. Pourtant, il arrive que l'Irlande vienne à moi" lance le narrateur de Un moins Un. Toibin parle surtout de Toibin. Un sujet qu'il connait bien. Et parfois l'Irlande le reprend dans sa main et le meurtrit sans ménagement. Je crois qu'il n'arrivera pas à détester ça.

P.S. Je viens de voir au cinéma Brooklyn, assez jolie et classique adaptation du roman éponyme de Colm Toibin. Désormais son exil
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LC ave Edulac/Bellonzo ;-)

Recueil de nouvelles sur le thème de l'exil

Colm Toibin sait raconter les difficultés de l'exil, le décalage que ressentent les déracinés, que l'exil ait été volontaire (pour des études ) ou provoqués par des circonstances extérieures (dictature, immigration pour raison économique…)
Ses personnages sont donc en quête d'identité. Une écriture toute en réflexion, sur le passé et le futur en tant qu'exilé.
La nouvelle qui m'a le plus plu est la deuxième intitulée « silence ». le début a comme départ une note dans les carnets de Henry James au sujet d'une femme adultère. L'auteur, à partir de cette note, va inventer toute une histoire sans lien avec la note initiale mais tout à fait plausible …

Ensuite parmi ces neufs nouvelles, j'ai été touchée par la rencontre entre Malik et Abdel deux pakistanais qui se retrouvent exilés en Espagne . Abdel est très renfermé et ne souhaite qu'une chose : rembourser ses « passeurs » et rentrer au Pakistan auprès de sa femmes et de ses enfants. Malik est célibataire et se sent attiré par Abdel.
L'amour homosexuel tient une place importante dans ce recueil car c'est aussi le sujet de la nouvelle Barcelone 1975 où on suit un jeune étudiant irlandais dans sa découverte de l'Espagne où Franco agonise. Fêtes et partouzes sont l'occasion pour lui de nous faire découvrir une Espagne étonnante.

« La couleur des ombres », qui donne son titre au recueil, est une nouvelle très douce ; elle retrace une partie de la vie de Paul qui accompagne les derniers mois de la vie de sa tante qui l'a élevée, sa mère, alcoolique l'ayant abandonné tout petit. La vieille dame est admise dans une résidence pour personnes dépendantes et Paul lui rend souvent visite.

La nouvelle « Les pêcheurs de perle » m'a laissé un sentiment de malaise. Elle met en scène les retrouvailles d'un jeune homme et d'un couple d'amis. Les trois personnes, ont suivi leur scolarité dans un établissement où le Père O Neill est plus qu'ambigu…

Dans « La nouvelle Espagne », une jeune femme Carme retourne en Espagne, à la fin de la dictature de Franco, après un long séjour à Londres. Elle se rend compte qu'elle n'a plus rien à dire à ses parents et à sa soeur. Elle s'opposait à eux pour des raisons « politiques » du temps de Franco mais à la mort de celui ci, rien ne les rapproche à part l'amertume des années passées.

En conclusion : des nouvelles sensibles, parfois au vocabulaire très cru, des beaux portraits même si je ne me suis sentie proche d'aucun personnage (me manque l'expérience de l'exil sans doute)
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J'aime les écrivains irlandais. Colm Toibin, je ne le connaissais pas encore. Il a une belle plume. Parmi ses neuf nouvelles, celle intitulée "Silence" est digne d'un écrit d'Henri James. Une écriture toute en retenue et en finesse ! Un petit bijou. Bien sûr, j'ai moins aimé "Barcelone, 1975" qui évoque de façon crue des partouzes entre gais. Mais dans "La rue", la romance qui court entre Malik, le jeune Pakistanais, venu travailler à Barcelone dans un salon de coiffure où officie Abdel, est toute en retenue et d'une beauté tragique. Cela pourrait bien être du vécu et ce, par l'auteur quoiqu'un peu transposé. J'ai aimé la justesse de la nouvelle intitulée "La couleur des ombres" qui évoque la vieille tante, Josie, du narrateur, Paul, qui a chuté dans sa vieille maison et qu'il faut maintenant placer en maison de retraite. Cette tante s'est occupé de lui quand sa mère alcoolique avait bien d'autres problèmes à régler. Comme je l'ai dit, Colm Toibin écrit juste et vrai, sans fioritures et il appelle un chat un chat. Pas mal !
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J'avoue avoir cru en achetant ce livre d'occasion, achat impulsif dû au nom de l'auteur et à la très belle photo de Ferdinando Scianna en couverture, qu'il s'agissait d'un roman de Colm Toibin que j'avais raté, mais je me suis retrouvée avec un recueil de nouvelles ! Je n'ai pas d'aversion pour le genre, au contraire, mais après les excellentes nouvelles de Russell Banks ou de Joseph O'Connor, celles-ci, sur le thème de l'exil et du déracinement, m'ont paru un peu répétitives, et avoir moins de consistance, malgré l'écriture précise et sobre, comme je les aime. Je le garde pour le reprendre éventuellement !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Je me suis plongée dans ce livre car j'apprécie la finesse du style de Colm Toìbin et parce que je trouvais le titre très beau. Hélas première déconvenue, un recueil de nouvelles ; je ne les affectionne pas. Mais j'ai persisté, et globalement je n'ai pas du tout été convaincue. Je n'ai pas trouvé les personnages attachants, les sujets minces n'ont fait que de pâles nouvelles.
J'ai eu beaucoup de mal à terminer ce livre. Une sensation désagréable de temps perdu....
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critiques presse (1)
Liberation
24 février 2014
Recueil de nouvelles de l’écrivain irlandais.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Elle songeait que dans toute la ville de Londres, dans les heures d'après minuit, au fond des chambres aux rideaux tirés, le silence se troublait pareillement de grognements et de soupirs. Quelle chance que tout cela se déroulât en secret, et qu'en dépit des bavardages sans fin sur l'amour, la fidélité, l'union des époux, personne ne sût combien les gens étaient séparés au cours de ces heures-là, combien ils étaient seuls et profondément livrés à eux-mêmes, et combien incommunicables étaient les pensées qui leur venaient alors, indicibles même dans un murmure. Voilà ce qu'était le mariage, en bref, et son travail consistait à prendre l'affaire avec calme. A certains moments, la vérité, dans tout son féroce ennui, la faisait sourire.
Dans la journée, cependant , il était presque excitant d'être l'épouse de sir William Gregory et d'avoir un rôle à tenir dans le monde. Il avait souffert de la solitude, ce point du moins était très clair. Il l'avait épousée pour ne plus en souffrir. Il avait envie de voyager et il appréciait qu'elle soit là pour arranger ses habits et écouter son bavardage. Il pouvait désormais faire son entrée en couple, comme les autres, dans les salons où un vieil homme seul eût paru déplacé, trop triste, en quelque sorte.
C'était du reste un homme du monde, un homme expérimenté - il avait été gouverneur général de Ceylan -, entouré d'un vaste réseau d'amis et connaissances de longue date et, curieusement, il s'était révélé être un personnage très apprécié de ses pairs, cultivé et presque spirituel en société. Lors de leur voyage au Caire, ce fut donc tout naturellement qu'ils descendirent dans le même hôtel que le jeune poète Wilfrid Scawen Blunt et sa noble épouse - petite-fille de Byron - et que les deux couples prirent l'habitude de dîner ensemble en prenant un intérêt mutuel à la conversation, que celle-ci fût légère et consacrée à la poésie ou intense et sérieuse, ainsi que l'exigeait une actualité politique brûlante.
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Qu’il était étrange de marcher ainsi seule dans les rues de Ciutadella. Dans les quartiers animés de Londres, une jeune femme seule, même la nuit, n’avait rien d’inhabituel. Elle pouvait se promener dans la rue, aller au cinéma, s’asseoir dans un bar sans attirer les regards. Ici, personne n’était seul, ou même en couple. Les jeunes avançaient en bande, cinq ou six filles avec cinq ou six garçons, les femmes plus agées allaient par groupe de trois ou quatre. Elle était la seule à ne pas être accompagnée et cela suffisait à faire d’elle une touriste, plus que n’importe quel détail de sa personne ou de sa tenue vestimentaire. Pourtant, malgré ce qu’en avaient dit ses parents, elle ne voyait nulle part de véritables touristes. Peut-être parce qu’il était minuit passé et que les touristes étaient tous partis se coucher, contrairement aux insulaires, qui savaient que la fête ne démarrait véritablement qu’à cette heure-là. Tout le monde paraissait être de l’île ; les gens se saluaient avec familiarité et semblaient pleinement chez eux dans ces rues étroites où ils s’effaçaient le long des murs pour faire de la place aux cavaliers qui est tarderaient pas à surgir.
Les chevaux étaient plus grands que dans son souvenir ; ils déboulèrent au galop au milieu des cris et les applaudissements. Les cavaliers, revêtus de costumes médiévaux, demeurèrent impassibles quand des groupes de jeunes gens se détachèrent des rangs des spectateurs pour les empêcher d’avancer davantage ; un jeune homme venait se placer sous le ventre d’un cheval et le soulevait doucement à la force des épaules jusqu’à ce qu’il soit debout sur ses postérieurs. Les chevaux étaient entraînés à ne pas ruer et à ne pas paniquer ; malgré tout la scène dégageait une atmosphère de lutte et de drame, intensifiée par les cris d’encouragement de la foule massée le long des murs et aux fenêtres. Les hommes rivalisaient pour maintenir chaque cheval dressé le plus longtemps possible avant de le reposer doucement au sol.
Leur course une fois freinée de la sorte avec succès, des femmes apparaissaient sur le seuil et invitaient les cavaliers à franchir la porte étroite de leur maison et à entrer au salon pour un « botet ». Chacune insistait, quémandait son « botet » – que le cheval se cabre un instant à l’intérieur de la maison afin de porter chance foyer durant tout le reste de l’année.
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Ils étaient trop absorbés par leur conversation pour remarquer qu'elle les regardait, et quand le premier gardien passa derrière elle pour retourner à son poste, elle s'approcha un peu plus du tableau qu'elle feignait de contempler. Ce qui venait de lui revenir à l'improviste, c'était la seule fois de sa vie où elle avait été amoureuse. Le premier gardien ne ressemblait en aucune façon à Luke Freaney, qui avait le visage beaucoup plus étroit. Luke était aussi un peu plus petit, et ses traits n'étaient pas réguliers comme ceux de cet homme. Mais la légèreté de la démarche, le ton qui transformait la moindre remarque en confidence, la façon de rire et de mettre un certain temps, après, à retrouver son sérieux - elle s'en souvenait tellement bien, là -, tout cela appartenait à Luke. Peut-être était-ce un trait irlandais ; Luke, lui, l'avait élevé au rang d'un des beaux-arts et en usait à la fois comme d'un masque et d'un charme à l'état pur, un charme chaleureux et aimant.
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Elle avait apprécié le fait d'être une femme mariée ; elle avait pris plaisir à être remarquée comme la jeune épouse d'un vieil homme, et elle avait pu apprécier tout l'effet de son regard calme sur les amis de son mari, qui l'avaient peut-être crue ennuyeuse sous prétexte qu'elle n'était pas jolie. Elle leur avait fait comprendre, avec soin, avec tact, sans élever la voix, qu'elle percevait tout. Elle avait lu tous les nouveaux livres, et quand venait le moment d'en parler, elle choisissait ses mots avec soin. Elle ne voulait pas passer pour spirituelle ou astucieuse. Elle s'arrangeait pour parler peu, sans que cela ressemble à un défaut d'assurance ; elle s'imposait une réserve courtoise, sans paraître timide pour autant. Elle ne possédait pas de grâce naturelle et compensait ce défaut en ne professant aucune opinion creuse. Selon elle, une femme dotée de son physique commettait une erreur en exhibant ses dents. Elle évitait donc de rire et souriait avec les yeux.
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Certains attachements sont d'une nature élémentaire, sans lien avec notre volonté et ils nous viennent par là même teintés de souffrance, de manque, de regret et d'un sentiment qui, si j'étais capable de l'éprouver, ressemblerait à de la colère.
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