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EAN : 9782253114307
153 pages
Le Livre de Poche (24/05/2006)
3.73/5   57 notes
Résumé :
" Ma mort me fut aussi douce que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l'encrier, plus rapide que l'encre bue par le papier. " Ainsi parle Rikkat, la calligraphe ottomane, alors qu'elle entreprend le récit de sa vie. En 1923, adolescente, elle sait déjà que rien ne pourra la détourner de la calligraphie. La même année, rompant avec l'islam, la république d'Atatürk abolit l'alphabet arabe au profit du latin. Du jour au lendemain, des centaines d'" ouvriers de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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La nuit des calligraphes raconte l'histoire de Rikkat, une femme calligraphe turque qui a toujours été passionnée par son métier et y a toujours trouvé le réconfort et l’émerveillement que sa vie lui a refusé.

L'histoire avait de quoi être aguichante, mais je n'ai pas aimé le fait que l'histoire de famille prenne si vite le pas sur l'histoire de Rikkat en tant que calligraphe. Certains passages qui décrivent ses moments de travail offrent des réflexions intéressantes sur la transcendance de l'art et la dimension divine qu'a eu l'art de la calligraphie dans le grand empire ottoman. Mais ça reste un peu rapide à mon goût.

Si le fond de l'histoire est bien ottomane, la lourdeur de la narration et la nostalgie à tendance 'larmoyante' qui se trouvent dans ce roman sont très arabes. Rajouté à cela le fait que j'ai eu la sensation de lire un copié-collé condensé de plusieurs autres romans (mieux écrits !) sur le même sujet, mixé avec le catalogue de l'exposition du Louvre sur la collection de calligraphies ottomanes du musée Sakip Sabanci (2000)....

Quand on est passé par la case des écrivains turcs parlant de l'art ottoman et si en plus on a eu la chance de contempler certaines calligraphies d'époque (au palais de Topkapi ou ailleurs) cette lecture apparaît encore plus fade ! ...


Je n'ai donc rien trouvé de bien transcendant dans ces pages. Suivant !
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Une calligraphe raconte sa vie , au temps où les calligraphes disparaissent de par la modernisation de la Turquie avec Ataturk, et ce avant même que les femmes puissent avoir une place vraiment reconnue en la profession.
Elle raconte sa vie , depuis l'au-delà, avec un naturel doux et discret quant à l'existence de la vie après la mort, postulat qui ne varie pas comme ses convictions religieuses qui, elles , ondulent de la foi à l'athéisme au gré des vagues de sa vie. Postulat aussi des esprits de calligraphes décédés avec qui elle entretient tout aussi naturellement des relations. Ceci ne constitue pas l'essentiel des évènements du livre, mais en crée l'atmosphère originale, casi onirique, induisant une distance que la narratrice entretient envers sa propre vie que j'ai beaucoup appréciée.
Étrange femme, moderne d'une certaine manière et un peu en avance sur son époque, qui a pour vocation un métier jusque-là réservé aux hommes, qui divorce dans une société encore très vouée à la famille indissoluble, qui doit renoncer à éduquer un fils adoré d'une part, et d'autre part cette nostalgie constante d'un passé détruit par les réformes modernes, engloutissant sur leurs passages cette tradition de l'écriture qui est plus qu'une simple transcription de savoirs, mais poésie et communication avec l'invisible et recueillement.
J'ai beaucoup aimé découvrir cet art, que l'auteur présente de façon très intime et délicate, ainsi que apprendre sur certains aspects de l'islam, trop souvent démonisé de nos jours par nos médias
Je suis surprise par cette nostalgie du passé qui se retrouve, probablement par pur hasard, dans les 2 seuls livres que j'ai lu sur la Turquie (l'autre étant de Oran Pamuk )
J'ai par contre eu du mal à m'habituer au rythme de ce roman, des pans entiers ne m'ont parus n'être qu'une ébauche de ce qu'il aurait pu être, une esquisse laissant un peu sur sa faim...
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Inspiré de la vie de Rikkat Kunt (1903-1986) qui fut la première femme enseignante en calligraphie de son pays, ce livre de Yasmine Ghata nous fait découvrir le monde merveilleux de la calligraphie en Turquie.

Racontée par une vieille dame qui vient de quitter la vie, se déroule alors l'existence d'un être sensible et amoureux de la calligraphie dans un monde où cet art va devenir indésirable. Ataturk veut en effet laïciser le pays et tout ce qui touche à la religion est donc relégué dans le passé.
Mariée par usage à un dentiste, Rikkat souffre en silence devant le matérialisme de son époux, elle ne trouve de joie que dans ses essais de calligraphie. Elle va alors rejoindre une école où de vieux maîtres dispensent chichement leur art surtout à une femme et peu à peu, gagner leur confiance et leur estime. Nous allons ainsi suivre à la fois l'affinement d'un art et celui d'une âme.

L'ouvrage est emprunt de ce merveilleux oriental, les morts y enseignent aux vivants capables d'entendre leurs signes, Dieu parle aux calligraphes qui deviennent ses médiums. le calame est signe de vie, sa course est amoureuse sur le papier alors qu'autour de Rikkat vont se précipiter des événements douloureux.
Un très beau livre, au style emprunt de légèreté et de nostalgie à l'écriture sensible et toute féminine.Traduit en 13 langues, l'ouvrage a reçu de nombreux prix, mérités je crois.
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Dans la Turquie du début du XXème siècle, Rikkat Kunt, femme ottomane, sut dès son adolescence qu'elle serait calligraphe.
Quelques années après, elle devint l'une des plus grandes, bien que ce fut un métier exclusivement réservé aux hommes.
Au même moment, le chef de l'Etat Atatürk, amoureux de l'occident, décida de supprimer l'alphabet arabe au profit d'un alphabet latin modifié.
Ce fut alors toute une génération de calligraphes émérites qui sombra dans l'oubli, tout comme leur art.
Selim, son maître, lui lègua avant de mourir son écritoire et son encre d'or et la chargea de perpétuer l'art de la calligraphie.

Dans son roman, l'auteur nous dresse un portrait de femme tourmentée par un mariage forcé, la fuite de son mari et de son fils, la perte de son maître mais aussi un portrait de femme dévouée toute entière à la calligraphie.
Elle nous explique avec poésie et délicatesse cet art sensé exprimer la parole de Dieu.
Elle y mêle le monde des pratiques scripturales, avec son côté étrange et mystique, et la Turquie contemporaine.


 
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Au début du vingtième siècle Kemal Ataturk décide que la Turquie doit devenir un pays laïc. Cette décision est lourde de conséquences pour les calligraphes qui travaillent la calligraphie arabe, car non seulement la Turquie est devenue laïque, mais son président a décidé d'adopter l'alphabeth latin pour tous les documents officiels. Les vieux calligraphes sont relégués dans une pièce isolée de l'université. Parmi eux, Rikkat, se démène pour les servir, s'occuper de leur matériel ...jusqu'au jour où elle hérite des outils de Selim qui s'est suicidé. Elle devint donc calligraphe. Nous suivons sa vie et celles de ses fils nés de deux mariages ce qui n'était pas courant à l'époque de la deuxième guerre mondiale. L'histoire de la Turquie et de ses lieux connus se trouvent en filigrane tout au long du récit qui fait des aller-retours entre le passé et le présent. Ce récit est peuplé de fantômes et de non- dits. Il faut attendre sa toute fin pour tout mettre en place.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le sang des calligraphes est différent de celui des autres humains, il s'assombrit au contact de l'encre, leurs plaies sèchent plus vite. Les calligraphes écrivent à l'intérieur d'eux-mêmes puis offrent une vision partielle de leur chair noircie par l'alphabet. On les dit très secrets, ils sont tout simplement pudiques et réticents à révéler leur anatomie.
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La lune me lance un sourire bienveillant, les paumes de mes mains sont orientées vers elle, comme le font les croyants vers la niche du prophète. J'essaye de capturer l'astre obscur, les reliefs lunaires se réfléchissent sur ma page, en écritures illisibles. Je les rehausse d'or pour en garder la trace, ma main cerne les contours de roches poreuses. L'or du vieux Sélim est trop éclatant comparé au vieux soleil. Les écritures se sont réduites en cendres, je trace des sillons dans la poudre fine, dessine des arabesques sans fin; ma page est aussi vaste que la voûte céleste.
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Nous sommes au dernier étage, la vue sur le Bosphore est impressionnante, je me surprends parfois à tenir les murs, ou à les raser quand j'ai le vertige. Ma main ne travaille plus comme avant depuis que nous vivons en altitude, elle effleure le papier et sème l'encre comme un projectile. Les pleins et les vides se sont inversés à force de côtoyer le ciel. De ma fenêtre, je ne vois plus la terre ferme mais ce bras de mer turquoise embrassant l'immensité. Mes doigts battent des ailes à défaut de pouvoir bouger. Ils ne sont pas grand-chose en définitive, une drôle d'étoile à cinq branches qui écrit du haut d'un immeuble scrutant les allées et venues du détroit. Pourtant. ces petites mains suffisent à agiter les eaux du Bosphore. Quand je peaufine une lettre, un tourbillon voit le jour; Quand ma main s'emporte, l'écume jaillit sur les quais et se retire avec la même intensité.
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Depuis que l'image est permise, la belle écriture n'a plus lieu d'être. L'image est désormais omniprésente dans nos vies mais rien ne remplacera l'élégance des inscriptions.
Pourtant, la calligraphie peut traduire la sensibilité d'une époque nouvelle, elle n'est pas figée dans le temps et doit poursuivre son évolution. La chaîne des calligraphes est infinie et devrait se perpétuer jusqu'à la fin des temps. Eux seuls savent établir un dialogue entre Dieu et les hommes.
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[...] écrire était le seul plaisir charnel du calligraphe, [...] cette seconde de bien-être, au moment où l'on retient sa respiration pour réaliser le geste, est bien plus intense à vivre que la jouissance à deux. Nos corps entrent en communication avec le divin, peut-être avec la mort elle-même.
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Videos de Yasmine Ghata (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yasmine Ghata
Interview de l'écrivain Yasmine Ghata pour son roman "Le Târ de mon père" paru aux Editions Fayard
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