AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073014658
128 pages
Gallimard (05/10/2023)
3.71/5   211 notes
Résumé :
BALZAC
La Vendetta

A l'insu de tous, le peintre Servin cache, dans le débarras de son atelier, un bel officier de la Garde impériale blessé à Waterloo et recherché par la police pour avoir aidé Napoléon à reprendre le pouvoir pendant les Cent Jours.

Or l'élève favorite du peintre, la talentueuse Ginevra Piombo, ne tarde pas à découvrir le proscrit et tombe aussitôt amoureuse de lui. Hélas, ce que Ginevra ne sait pas, c'est que ce... >Voir plus
Que lire après La vendettaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 211 notes
5
11 avis
4
15 avis
3
15 avis
2
1 avis
1
0 avis
Balzac et moi c'est une drôle d'histoire, j'ai lu Les Chouans adolescente, le meilleur moyen pour moi d'associer Balzac avec un vomitif, ben non je n'étais pas une surdouée... ensuite, jeune adulte j'ai lu Ferragus, chef des Dévorants et j'ai adoré. Encouragée j'ai lu La Peau de chagrin et j'ai certes apprécié mais sans étincelles. Autant dire qu'Honoré et moi, ce sont un peu les montagnes russes.

C'est donc sans espoir démesuré que j'ai entamé La Vendetta et bien m'en a pris. J'ai eu comme l'impression de découvrir une pépite puis je me suis souvenue que c'était Balzac... Ah bah oui pfff !

La Vendetta nous offre une écriture légère, sans trop de fioritures, mais attention c'est Balzac donc c'est travaillé, maîtrisé de bout en bout, le génie est là pas de doute cette fois.

On est d'abord intrigué par cette petite famille Corse qui vient s'installer à Paris avec son histoire de vendetta, puis on s'intéresse à l'unique fille de la famille Ginevra au caractère aussi fort et sauvage que les côtes de son île natale et enfin on tombe sous le charme du roman dans son entier. On est pris au coeur par le parcours de Ginevra et son destin Shakespearien et on ne lâche plus le bouquin.

Une magnifique performance pour moi et pourtant c'est un roman de seulement 119 pages, ce qui prouve bien que ce n'est pas la taille (du crayon) qui compte, mais la façon dont on s'en sert. 😜
Commenter  J’apprécie          6515
J'aime lire Balzac et aussi découvrir dans son oeuvre de petits textes rares, moins connus, qui peuvent être aussi de véritables pépites.
On croise même un personnage qui s'appelle Colonna, c'est vous dire..
Ici ce n'est pas forcément un coup de coeur mais j'ai été sous le charme de l'écriture de l'auteur, sa manière de ciseler avec justesse un récit et de nous tenir en haleine par la prouesse de sa narration.
Le titre évoque La vendetta, une coutume corse par laquelle les membres de deux familles ennemies poursuivent une vengeance réciproque jusqu'au crime. On est bien ici dans le sujet.
Le récit débute en octobre 1800, devant les Tuileries, à Paris, avec l'arrivée d'une famille misérable, dont le mari cherche à entrer en contact avec le Premier consul Napoléon Bonaparte. D'abord repoussé par la garde, l'homme — un Corse d'une soixantaine d'années — rencontre, par chance, Lucien Bonaparte, qui l'emmène auprès de son frère à qui l'homme raconte son histoire : en conflit ouvert avec la famille Porta, qui a tué la sienne et détruit ses biens (seules sa femme et leur fille Ginevra en ont réchappé), il s'est cruellement vengé en massacrant tous ses ennemis, sept hommes au total. de ce carnage, seul survivrait le jeune Luigi Porta, que Bartholoméo a pourtant attaché dans son lit avant d'incendier la maison. Les Bonaparte lui étant redevables, Napoléon promet à son compatriote une aide discrète à condition qu'il renonce à toute vendetta, auquel cas le Premier consul lui-même ne pourrait plus rien pour lui.
Quinze ans plus tard, en juillet 1815, nous nous retrouvons dans l'atelier très mondain du célèbre peintre Servin qui accueille de jeunes filles en apprentissage issues du beau monde : l'aristocratie ou bien le milieu bancaire voire industriel...
L'une d'elle semble imposer son caractère fort, elle s'appelle Ginevra di Piombo, c'est la fille de ce Corse que nous avions rencontré quinze ans auparavant aux portes des Tuileries, devenu aujourd'hui le riche et très bonapartiste baron de Piombo. Qui plus est, Ginevra di Piombo a un talent de peintre inouïe.
Un jour, dans l'atelier de Servin, elle découvre fortuitement un proscrit bonapartiste, Luigi Porta, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Une idylle se noue entre Luigi, blessé et aux abois, et la jeune fille.
Luigi Porta est le seul rescapé de sa famille, massacrée par les Piombo. A seize ans il s'engage dans l'armée de Napoléon. Blessé à Waterloo, proscrit, il se cache dans l'atelier du peintre Servin, où Ginevra le découvre.
Mais l'amourette finit par être éventée…
J'ai beaucoup aimé ce texte qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Nous voyons bien sûr au travers de cette intrigue poindre l'idée d'une tragédie qui risque de venir dévaster cette histoire d'amour belle.
Le texte est beau, magnifiquement écrit. Au milieu du récit, il y a cet atelier de peinture et une dizaine de jeunes filles de bonnes familles qui viennent à nous comme une bouffée d'air frais. C'est une pause merveilleuse parmi les intrigues et rebondissements politiques qui vont jalonner le récit...
Ginevra Piombo a la beauté sauvage et indomptable de son père intraitable. Balzac magnifie cette relation possessive entre le père et la fille, en y mettant un côté rageur et presque animal.
Mais jusqu'où peut aller la haine de deux familles ?
En si peu de pages, quatre-vingt-treize pages précisément, Balzac nous emporte dans un récit extrêmement dense, traversant la grande Histoire, l'époque napoléonienne, la fameuse période des Cent-Jours...
C'est un récit touchant au final car une magnifique histoire d'amour tente de venir déchirer l'implacable anathème qui porte cette vendetta.
Commenter  J’apprécie          5312
Menton levé, oeil de braise, rancune tenace: voilà les Corses!
J'ai le sentiment que Balzac s'est fait plaisir à mettre en scène, par l'habile détour d'une sombre histoire de vengeance clanique corse retombant sur l'innocente descendance des belligérants, rien moins que Napoléon lui-même, la déchéance de ce dernier se reflétant en miroir dans celle de la jeune héroïne trop passionnée et trop fière pour quémander l'aide de son père.
Un texte court, membré et même brutal qui s'offre tout de même le plaisir d'un passage dans le monde des arts à travers l'oeil d'un peintre, et rassemble en peu de mots bien des traits saillants de la Comédie humaine : portrait de jeune fille pure et abimée par la vie, chronique sociale et politique, relations familiales déterminées autant par le milieu social que par les personnalités des membres de la famille, peinture d'un Paris tourneboulé entre empire et royauté... et toujours cette plume vive, ample, précise, fouillant dans les coeurs et les plaies de l'histoire : un petit Balzac qui vous embarque et vous enjaille pour quelques poignées de minutes.
Commenter  J’apprécie          373
Court roman, très noir. Il porte bien son titre. Les protagonistes n'ont rien oublié des outrages et des drames du passé, fiers, orgueilleux, ils sont inflexibles et cette rigidité de caractère va tous les conduire au malheur et à un nouveau drame. Un livre très agréable à découvrir. C'est quand même du Honoré de Balzac, alors il est merveilleusement bien écrit.
Commenter  J’apprécie          390

C'est une très belle critique de mon amie babeliote elea2022 qui m'a orienté vers cet opus de mon cher Balzac, un récit qu'on pourrait qualifier de longue nouvelle.

Bien qu'on le voie surtout comme le créateur génial de ces grands romans qui composent La Comédie humaine, on oublie que Balzac est aussi un nouvelliste hors pair. Dans ces dernières, il excelle à nous décrire en quelques phrases l'atmosphère d'une époque, à nous faire le portrait saisissant de personnages tel l'inoubliable usurier Gobseck ou l'étrange peintre Frenhofer ou le malheureux Colonel Chabert.

Dans La vendetta, sur fond de l'esprit de vengeance des corses, et passant du règne de Napoléon à la Restauration, c'est l'amour maladif et égoïste d'un père, Bartholomeo di Piombo, pour sa fille Ginevra, et le refus de pardonner au dernier survivant d'une vendetta contre une famille ennemie, Luigi Porta, qui l'amènera à s'opposer violemment au mariage de Ginevra et Luigi, à l'abandonner, ce qui, après un moment de répit et de bonne fortune, conduira tragiquement les deux époux à la misère puis à la mort. Donc, comme dit la chanson « noir, c'est noir, il n‘y a plus d'espoir…. »

Balzac excelle, comme toujours, à nous montrer en quelques phrases, l'atmosphère de la Restauration qui met en danger ceux qui étaient restés fidèles à Napoléon durant les Cent Jours, la psychologie des êtres, ainsi le dédain et la méchanceté des filles des bonnes familles aristocratiques à l'égard de cette Ginevra qui n'est pas de leur monde, et aussi cette violence des corses qui se manifeste encore de nos jours.
Et enfin, c'est le monde de la peinture, un monde que Balzac appréciait beaucoup, qui est évoqué dans ce récit, Ginevra étant une peintre particulièrement douée, mais qui perdra progressivement les commandes de la riche aristocratie, du fait de son mariage avec un bonapartiste.

Et puis, c'est écrit avec concision et clarté, et cette extraordinaire capacité d'analyse des comportements humains qui caractérise Balzac et qui m'émerveille toujours.
Commenter  J’apprécie          252

Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
— Tu es Luigi Porta ? demanda le vieillard.
— Oui.
Bartholoméo di Piombo se leva, chancela, fut obligé de s'appuyer sur une chaise et regarda sa femme, Elisa Piombo vint à lui ; puis les deux vieillards silencieux se donnèrent le bras et sortirent du salon en abandonnant leur fille avec une sorte d'horreur. Luigi Porta stupéfait regarda Ginevra, qui devint aussi blanche qu'une statue de marbre et resta les yeux fixes sur la porte vers laquelle son père et sa mère avaient disparu : ce silence et cette retraite eurent quelque chose de si solennel que, pour la première fois peut-être, le sentiment de la crainte entra dans son coeur. Elle joignit ses mains l'une contre l'autre avec force, et dit d'une voix si émue qu'elle ne pouvait guère être entendue que par un amant :
— Combien de malheur dans un mot !
— Au nom de notre amour, qu'ai-je donc dit, demanda Luigi Porta.
— Mon père, répondit-elle, ne m'a jamais parlé de notre déplorable histoire, et j'étais trop jeune quand j'ai quitté la Corse pour la savoir.
— Nous serions en vendetta, demanda Luigi en tremblant.
— Oui. En questionnant ma mère, j'ai appris que les Porta avaient tué mes frères et brûlé notre maison. Mon père a massacré toute votre famille. Comment avez-vous survécu, vous qu'il croyait avoir attaché aux colonnes d'un lit avant de mettre le feu à la maison ?

Quand elle revint chez son père, elle avait pris cette espèce de sérénité que donne une résolution forte : aucune altération dans ses manières ne peignit d'inquiétude. Elle leva sur son père et sa mère, qu'elle trouva prêts à se mettre à table, des yeux dénués de hardiesse et pleins de douceur ; elle vit que sa vieille mère avait pleuré, la rougeur de ces paupières flétries ébranla un moment son coeur ; mais elle cacha son émotion. Piombo semblait être en proie à une douleur trop violente, trop concentrée pour qu'il pût la trahir par des expressions ordinaires. Les gens servirent le dîner auquel personne ne toucha. L'horreur de la nourriture est un des symptômes qui trahissent les grandes crises de l'âme. Tous trois se levèrent sans qu'aucun d'eux se fût adressé la parole.

— Ginevra, vous aimez l'ennemi de votre famille, dit enfin Piombo sans oser regarder sa fille.
— Cela est vrai, répondit-elle.
— Il faut choisir entre lui et nous. Notre vendetta fait partie de nous-mêmes. Qui n'épouse pas ma vengeance, n'est pas de ma famille.
— Mon choix est fait, répondit Ginevra d'une voix calme. […]
—Vous croyez peut-être faire plier ma volonté ? Détrompez-vous : je ne veux pas qu'un Porta soit mon gendre. Telle est ma sentence. Qu'il ne soit plus question de ceci entre nous. Je suis Bartholoméo di Piombo, entendez-vous, Ginevra ?
— Attachez-vous quelque sens mystérieux à ces paroles, demanda-t-elle froidement. — Elles signifient que j'ai un poignard, et que je ne crains pas la justice des hommes. Nous autres Corses, nous allons nous expliquer avec Dieu.
— Eh bien ! dit la fille en se levant, je suis Ginevra di Piombo, et je déclare que dans six mois je serai la femme de Luigi Porta. Vous êtes un tyran, mon père, ajouta-t-elle après une pause effrayante.
Bartholoméo serra ses poings et frappa sur le marbre de la cheminée :
— Ah ! Nous sommes à Paris, dit-il en murmurant.

Chez Bartholoméo comme chez sa fille, toutes les irrésolutions causées par la bonté native de leurs âmes devaient néanmoins échouer devant leur fierté, devant la rancune particulière aux Corses. Ils s'encourageaient l'un et l'autre dans leur colère et fermaient les yeux sur l'avenir. Peut-être aussi se flattaient-ils mutuellement que l'un céderait à l'autre.

Monsieur Roguin lut un papier timbré contenant un procès-verbal rédigé à l'avance et demanda froidement à Bartholoméo quelle était sa réponse.
— Il y a donc en France des lois qui détruisent le pouvoir paternel, demanda le Corse.
— Monsieur... dit Roguin de sa voix mielleuse.
— Qui arrachent une fille à son père ?
— Monsieur...
— Qui privent un vieillard de sa dernière consolation ?
— Monsieur, votre fille ne vous appartient que...
— Qui le tuent ?
— Monsieur, permettez ?
Rien n'est plus affreux que le sang-froid et les raisonnements exacts d'un notaire au milieu des scènes passionnées où ils ont coutume d'intervenir.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce second groupe, ont eût remarqué des tailles délicieuses, des figures distinguées ; mais les regards de ces jeunes filles offraient peu de naïveté. Si leurs attitudes étaient élégantes et leurs mouvements gracieux, les figures manquaient de franchise, et l'on devinait facilement qu'elles appartenaient à un monde où la politesse façonne de bonne heure les caractères, où l'abus des jouissances sociales tue les sentiments et développe l'égoïsme.
Commenter  J’apprécie          240
Une journée ne ressemblait jamais à la précédente, leur amour allait croissant parce qu'il était vrai. Ils s'étaient éprouvés en peu de jours, et avaient instinctivement reconnu que leurs âmes étaient de celles dont les richesses inépuisables semblent toujours promettre de nouvelles jouissances pour l'avenir. C'était l'amour dans toute sa naïveté, avec ses interminables causeries, ses phrases inachevées, ses longs silences, son repos oriental et sa fougue. Luigi et Ginevra avaient tout compris de l'amour. L'amour n'est-il pas comme la mer qui, vue superficiellement ou à la hâte, est accusée de monotonie par les âmes vulgaires, tandis que certains êtres privilégiés peuvent passer leur vie à l'admirer en y trouvant sans cesse de changeants phénomènes qui les ravissent ?

La situation de ce ménage eut quelque chose d'épouvantable : les âmes des deux époux nageaient dans le bonheur, l'amour les accablait de ses trésors, la Pauvreté se levait comme un squelette au milieu de cette moisson de plaisir, et ils se cachaient l'un à l'autre leurs inquiétudes. Au moment où Ginevra se sentait près de pleurer en voyant son Luigi souffrant, elle le comblait de caresses. De même Luigi gardait un noir chagrin au fond de son coeur en exprimant à Ginevra le plus tendre amour. Ils cherchaient une compensation à leurs maux dans l'exaltation de leurs sentiments, et leurs paroles, leurs joies, leurs jeux s'empreignaient d'une espèce de frénésie. Ils avaient peur de l'avenir.

La Pauvreté se montra tout à coup, non pas hideuse, mais vêtue simplement, et presque douce à supporter, sa voix n'avait rien d'effrayant, elle ne traînait après elle ni désespoir, ni spectres, ni haillons, mais elle faisait perdre le souvenir et les habitudes de l'aisance ; elle usait les ressorts de l'orgueil. Puis, vint la Misère dans toute son horreur, insouciante de ses guenilles et foulant aux pieds tous les sentiments humains.
Commenter  J’apprécie          40
Un soupir de joie sortit de la vaste poitrine de Piombo qui tendit la main au premier consul en lui disant :
- Il y a encore du Corse en toi!
Bonaparte sourit. Il regarda silencieusement cet homme, qui lui apportait en quelque sorte l'air de sa patrie, de cette île où naguère il avait été sauvé si miraculeusement de la haine du parti anglais, et qu'il ne devait plus revoir.
Commenter  J’apprécie          170
Rien n'est plus mortifiant pour des jeunes filles, comme pour tout le monde, que de voir une méchanceté, une insulte ou un bon mot manquant leur effet par suite du dédain qu'en témoigne la victime.
Commenter  J’apprécie          323

Videos de Honoré de Balzac (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Honoré de Balzac
Découvrez les personnages de la Comédie humaine De Balzac à travers 4 vidéos produite par la Maison de Balzac : Eugénie Grandet, Eugène de Rastignac, le Baron de Nucingen et Vautrin.
autres livres classés : 19ème siècleVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (704) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1310 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..