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EAN : 9782843377044
320 pages
Anne Carrière (21/03/2013)
4.7/5   10 notes
Résumé :
En 2003, à bord d’un cabriolet Alfa Romeo des années 1970, Nino et son grand-père Emilio, un immigré espagnol ayant combattu le régime franquiste, sillonnent la France du Pays basque aux routes de Provence. Ils sont décidés à rendre justice à leur manière.

Le journal de Julia, la mère de Nino, accompagne leur voyage. Avant de mourir de chagrin, Julia y avait relaté les événements dramatiques qui ont foudroyé sa passion pour Lucio, le père de Nino, et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un jour de mai 1975, Amélie, une petite fille, traverse la route en courant après son ballon, Julia se précipite pour l'arrêter au moment où surgit une Alfa Romeo que conduit Lucio. L'accident est évité de justesse, Julia a seulement été frôlée par la voiture. Ce jour, cette rencontre vont marquer le point de convergence de leurs existences, pour Julia et Lucio le début du bonheur, mais également le compte à rebours du malheur.

Vingt-cinq ans plus tard, sur les cimes dominant l'Espagne, se tient un vieil homme :
« Enfin, il s'assit sur la frontière. le vertige. du haut de son promontoire, il sillonnait l'Espagne, survolait la chaîne, les cimes, et s'enfonçait dans les vallées. Sous les rayons de l'après-midi, l'automne chatoyait. Grenats, jaunes safranés, pourpres, vermeils, ocres ensoleillés trouaient d'or, de cuivre et de sang la masse vert sombre des sapins, mais le flanc de montagne, aspergé de lumière, modelé par la palette de couleurs, pouvait bien essayer de rivalise avec une toile impressionniste , Emilio ne se donnait pas la peine de monter jusqu'ici pour contempler le paysage Il venait nourrir sa mémoire, au cas où la camarde s'amènerait un soir sans lui avoir envoyé de préavis. Il voulait partir en se souvenant de la patrie et aussi de tous ceux qu'il avait vu tomber de ce côté des Pyrénées. Il voulait pouvoir jusqu'au bout se rappeler les visages de ces hommes qui avaient accepté, le sourire aux lèvres, de faire le sacrifice de leur vie. Ne jamais oublier leur courage incommensurable. »

Ce roman s'étire sur trois époques : Les années 30, avec le franquisme et la guerre civile en Espagne, les années 70, où l'on assiste à la rencontre de Julia et de Lucio, de leur amour naissant et des évènements dramatiques qui s'ensuivront, et les années 2000, avec le retour du grand-père et de son petit-fils en terre de Provence, en quête de vérité et de réhabilitation.

"Ils voient des femmes qui hurlent comme des louves, serrant leurs enfants morts contre leur poitrine. Les survivants errent comme des morts-vivants dans les rues jonchées de cadavres, croisant des mutilés hagards au milieu des ruines, des chiens et des chats à moitié fous eux aussi, dans un silence interrompu de temps en temps par des cris déchirants qui s'élèvent au-dessus des décombres, des cendres et de la fumée. Un décor de fin du monde."

Engagé dans la lutte anti fasciste à 16 ans, il a vu le nuage de mort sur Guernica, et son père Juan tué à ses côtés dans les combats. Sa mère Pilar, suite à une dénonciation, sera emmenée et exécutée en pleine rue « pour faire des exemples ».
« Ils tremblent tous en silence, sur la place. Ceux qui sont à genoux, mais aussi ceux qui sont debout, en rond, tout autour.
Et puis tout à coup, des voix s'élèvent, Pilar se demande si elle rêve ou si ce qu'elle entend est bien réel. Dolores la regarde et sourit.
-Chante, Pilar ! Chante !
Pilar articule les premières paroles de ce chant révolutionnaires des Asturies qu'elle connaît par coeur.
« Asturies, terre sauvage, Asturies, terre de combattants ! »
Sa voix pure s'élève au-dessus des autres, alors elle reçoit une rafale de mitraillette en pleine poitrine. Juste le temps de balbutier : « Emilio ». »
Les mots me manquent pour décrire l'émotion qui m'a saisi à la lecture de la scène où Pilar entonne son chant révolutionnaire, sa voix s'élevant au-dessus du tumulte et des balles qui vont lui hacher la poitrine.

Les deux personnages principaux sont d'une épaisseur psychologique peu commune. A eux seuls, ils captent toute la lumière du roman, ne laissant aux autres que des miettes.
Emilio, le grand-père, magnifique personnage, tout en émotion, animé par une soif de justice et une colère contenue, depuis ses jeunes années. Sa vie n'est qu'une longue suite de deuils.

Julia est une jeune femme d'une grande noblesse, pleine d'empathie, une institutrice enthousiaste et toute dévouée à ses élèves, digne représentante des « hussards de la république » qui ont fait la grandeur de l'École publique. Douée d'une force d'âme hors du commun, elle est le soutien de Lucio dans toutes les épreuves qu'il traverse.
Lucio, le compagnon de Julia, et Nino ont moins d'importance dans le récit, même si ce sont eux sur qui repose l'histoire, et la quête du fils pour réhabiliter le père.

Ce roman est avant tout une histoire d'amour, mais aussi un vibrant plaidoyer contre les injustices, et plein d'humanisme quand il s'agit de dénoncer les excès du franquisme, et le comportement de l'État Français, dans l'accueil des réfugiés, ou bien l'absurdité et la barbarie de la peine de mort, ce qui faisait dire à Maître Robert Badinter, «La guillotine, c'est prendre un homme vivant et le couper en deux morceaux.»

Écrit avec finesse, d'une grande intelligence, magnifiquement construit et articulé, ce roman est baigné d'une sensibilité et d'une émotion à fleur de peau. Et je le répète, empreint d'une grande humanité. Un vrai coup de coeur !

Éditions Anne Carrière, 2013
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Vingt-sept ans après la mort de Lucio, son fils Nino et son père Emilio entament un périple du Pays basque à la Provence pour tenter de lui rendre justice, lui qui fut condamné à mort et guillotiné pour un crime qu'il n'avait pas commis. Un journal les guide dans leur périple, écrit par Julia, celle qui l'aimait et qui était présente au moment du drame.
L'histoire est un éternel recommencement !! Ce roman est aussi un excellent rappel de ce qui s'est passé en Espagne sous Franco, j'avoue avoir appris beaucoup de choses sur la guerre d'Espagne, Guernica et la mort de tant d'innocents. Tout en restant un roman, l'auteure nous entraîne dans cette période agitée, sans résistance de notre part.

Et comme toujours, la communauté occidentale fermera les yeux pour pouvoir ensuite dire « plus jamais ca » !

Et puis il y a surtout L'histoire de Julia, de Lucio, d'Emilio et de Nino. Et là, on commence a entrevoir le sujet du journal, la terrible erreur judiciaire, celle qui décimera une famille, dommages collatéraux comme on dit aujourd'hui.

L'auteure a su me captiver du début à la fin et franchement, après « Né d'aucune femme » je craignais la comparaison, eh bien je peux vous dire que dans un autre registre, j'ai vraiment apprécié cette lecture. Bravo, Simone, vraiment !!
Lien : https://collectifpolar.com/2..
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Gros coup de coeur pour ce roman. Je suis vraiment très heureuse de l'avoir découvert.

L'histoire se déroule avec plusieurs temporalités.
Nino en 2002 cherche avec son grand-père Emilio à venger son père Lucio. A travers le journal de sa mère Julia on de couvre leur rencontre et leur histoire dans les années 70 et son combat contre les injustices. Emilio lui évoque qon passé et la répression en Espagne pendant les années 30 (période que je connais peu).
Au fil des pages on est dans l'attente de savoir ce qu'il s'est passé et ce qu'il va se passer.

Mon avis:
L'intrigue est très bien construite entre les temporalités. Les éléments sont dévoilés au fil des pages mais le mystère reste jusqu'au bout. Les sentiments sont puissants et les personnages très émouvants.
J'ai complètement été happée par ce livre que je ne pouvais plus fermer. Je l'ai adoré et j'ai vraiment passé un très bon moment.
Il gagne vraiment à être connu et partagé. Je ne manquerai pas de le recommander autour de moi.

Ma note : 19/20
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CRITIQUE

1975 - Aix-en-Provence - Suite à un accident évité de justesse, Lucio et Julia se rencontrent et tombent amoureux pour le meilleur mais surtout le pire.
2003 - Pays Basque - Grâce au journal de Julia, Nino, leur fils accompagné de son grand-père, ancien combattant contre le régime franquiste, décident de faire un pélerinage pour rétablir la vérité sur les faits imputés à Lucio.

Le quatrième roman de Simone Gélin que je dévore et je suis toujours autant séduite.
Celui-ci est un vrai coup de coeur.
En plus d'être une belle histoire d'amour, loin d'être fleur bleue, ce récit est un polar noir.
Comme l'auteure aime le faire, elle voyage d'une époque à l'autre en relatant des faits réels et fictifs tels que le franquisme, l'affaire Ranucci etc....
Avec une écriture sensible et délicate mais pourtant directe, Simone Gélin nous bouleverse et nous tient en haleine.
Elle pointe aussi du doigt une "justice" bâclée à l'époque où l'ADN n'était pas encore envisagé.
Vous l'aurez compris, je vous conseille vivement cette auteure encore trop méconnue qui mérite une vraie reconnaissance pour son talent.
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Les années 30, Emilio a 14 ans. La guerre civile en Espagne, le franquisme. Les armes, des idéaux, des morts, des larmes.
Les années 70, Julia rencontre Lucio. Télescopage de deux coeurs qui se donnent l'un à l'autre, corps et âme.
Les années 2000, Emilio est grand-père. Nino l'accompagne sur les routes du Pays basque et sur celles du temps.

Hier et aujourd'hui entremêlés pour conter une injustice brutale, sans appel. Celle qui fait hurler, qui donne envie de tout renverser, celle qui demande réparation. Comment panser les blessures vieilles de vingt-sept ans ? À qui, comment demander réparation ? Peut-on seulement réparer ?

Le journal de Julia c'est le roman de la douleur. Celle d'une mère qui perd son fils pour un idéal. Celle d'un fils qui perd son père au cours d'un combat. Celle d'un jeune homme devant fuir pour survivre. Celle de l'amour brisé en plein élan. Celle d'une injustice qui dépasse tous les mots.

Mais ne s'y trompons pas, le journal de Julia est également et surtout un plaidoyer à l'amour. L'amour d'un homme pour son pays. L'amour d'une mère qui laisse partir son fils. L'amour de deux coeurs qui se trouvent. L'amour en filigrane toujours. L'amour qui porte, soutient, secoure, répare, se donne, se partage.

Suivre Julia n'a pas été difficile. Personnage central de l'oeuvre, elle attire la sympathie et l'empathie. Elle est bouleversante dans sa manière d'aimer. Elle est forte, fière, fidèle. Elle n'a qu'un avenir, celui de l'homme qu'elle chérit. Elle n'a qu'une pensée, l'être aimé. Elle n'a qu'un désir : lui, encore lui et toujours lui.

Le journal de Julia constitue l'ancrage, le point de départ, la fin de l'histoire. Julia aura été présente du début à la fin. Elle nous dépeint l'amour avec un grand A, l'erreur, l'injustice, l'attente, l'espoir. L'espoir qui se réduit comme une peau de chagrin.
Nino et Emilio gardien d'un passé, d'un passif, détenteur d'un avenir, porteur d'un témoignage bouleversant.

L'auteure va me transporter d'une époque à une autre de manière subtile et allègre. Son écriture est fluide. Elle prend son temps pour (d)écrire la vie, leurs vies dans un style posé, poétique parfois.
Je me laisse porter par les différents récits et j'attends avec impatience que l'injustice soit reparaît.
Simone Gélin m'a fait voyager dans l'Espagne d'hier, m'a guidée le long des routes basques et m'a donner envie de rencontrer chacun de ses protagonistes. J'ai peine à les laisser au final.

Ce roman fut une très belle découverte. Je remercie les Editions Cairn - du noir au Sud- pour ce SP d'une beauté humaine incroyable.
Lien : https://lesbetesalectures.wi..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Enfin, il s’assit sur la frontière. Le vertige. Du haut de son promontoire, il sillonnait l’Espagne, survolait la chaîne, les cimes, et s’enfonçait dans les vallées. Sous les rayons de l’après-midi, l’automne chatoyait. Grenats, jaunes safranés, pourpres, vermeils, ocres ensoleillés trouaient d’or, de cuivre et de sang la masse vert sombre des sapins, mais le flanc de montagne, aspergé de lumière, modelé par la palette de couleurs, pouvait bien essayer de rivalise avec une toile impressionniste , Emilio ne se donnait pas la peine de monter jusqu’ici pour contempler le paysage Il venait nourrir sa mémoire, au cas où la camarde s’amènerait un soir sans lui avoir envoyé de préavis. Il voulait partir en se souvenant de la patrie et aussi de tous ceux qu’il avait vu tomber de ce côté des Pyrénées.
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Ils voient des femmes qui hurlent comme des louves, serrant leurs enfants morts contre leur poitrine. Les survivants errent comme des morts-vivants dans les rues jonchées de cadavres, croisant des mutilés hagards au milieu des ruines, des chiens et des chats à moitié fous eux aussi, dans un silence interrompu de temps en temps par des cris déchirants qui s’élèvent au-dessus des décombres, des cendres et de la fumée. Un décor de fin du monde.
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Pilar articule les premières paroles de ce chant révolutionnaires des Asturies qu’elle connaît par cœur.
« Asturies, terre sauvage, Asturies, terre de combattants ! »
Sa voix pure s’élève au-dessus des autres, alors elle reçoit une rafale de mitraillette en pleine poitrine. Juste le temps de balbutier : « Emilio ».
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Ils tremblent tous en silence, sur la place. Ceux qui sont à genoux, mais aussi ceux qui sont debout, en rond, tout autour.
Et puis tout à coup, des voix s’élèvent, Pilar se demande si elle rêve ou si ce qu’elle entend est bien réel. Dolores la regarde et sourit.
-Chante, Pilar ! Chante !
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Emilio grimpait. Une fois par semaine, il accomplissait l’exploit de gravir ce versant.
Il s’arrêtait de temps en temps, dans la montée, se retournait, regardait au loin : d’un côté des montagnes à perte de vue, et de l’autre, la côte déchiquetée, et l’océan Atlantique qui fermait le ciel.
Il soulevait alors son béret, l’agitait pour chasser deux ou trois mouches, et en profitait pour éponger son crâne, lustré comme un savon usé.
Il faisait trop chaud pour un mois d’octobre.
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