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EAN : 9782748902099
319 pages
Agone (23/04/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
Monsieur, mon projet - considérablement plus économique et plus humain que la présente manière de conduire la guerre - est le suivant : que les grandes puissances de l'Europe s'accordent pour que les garçons, sitôt atteint l'âge de dix-huit ans, soient répartis par tirage au sort en trois classes, la première incluant la moitié d'entre eux, les deux autres un quart chacune. La classe incluant une moitié sera exécutée sans douleur dans une salle d'exécution.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Excellent ouvrage publié par les Editions Agone.
Sont rassemblés ici des articles et des textes de circonstances de Bertrand Russell durant la première guerre mondiale
Avant la guerre Russell s'intéresse à la logique et à la philosophie, très peu à la politique. La guerre est pour lui un choc. Russell est le seul philosophe à s'y être opposé de toutes ses forces du début jusqu'à la fin à la guerre. Husserl et Whitehead furent des patriotes discrets. Cassirer travaille au ministère de la Guerre de Berlin. Wittgenstein s'engage. Bergson met dès le début sa philosophie au service de la France. Alain, qui se voulait pacifiste, s'engage.
Mais Russell se caractérise par une honnêteté intellectuelle extrême. Pour cette raison, il ne se laisse pas impressionner par les passions chauvines et bellicistes.
Les textes publiés ici montrent clairement une évolution de la pensée politique du philosophe :
Au déclenchement de la guerre, Russell milite contre et soutient les objecteurs de conscience qui refusent de participer à la boucherie.
Le mécontentement ouvrier commençant à poindre, Russell s'intéresse aux mouvements socialistes et révolutionnaires. Pacifiste et contre la violence, il se démarque cependant du réformisme expliquant que la violence peut dans certains cas permettre un accès à la liberté, bien qu'il soit préférable que ce soit en dernier recours.
En 1917, avec la révolution russe, il reprend espoir de voir un jour un traité de paix signé. La révolution bolchévique, qui imposera une paix sans conditions ni annexions, le font s'engager dans une tentative (avortée) d'établir un Conseil Ouvrier en Grande Bretagne.
En 1920, il fait un voyage en Russie soviétique et, lucide, revient désenchanté. Bien qu'il comprenne les difficultés imposées par la situation (guerre blanche, économie ruinée par la guerre...) il estime que le bolchévisme a trop misé sur l'autorité et hypothéqué toute possibilité de démocratie en Russie. Il reconnait cependant que la révolution russe a montré la voie aux travailleurs de tous les pays.

L'édition, en choisissant un ordre chronologique, et avec des introductions à chaque nouveaux chapitres, nous permet de comprendre l'évolution des idées politiques de Bertrand Russell. Celui-ci se révèle comme un penseur profondément humain, pacifiste convaincu, qui n'a pas hésité une seconde à s'engager auprès de ses concitoyens quand il le fallait et où il estimait nécessaire de le faire. Un courage intellectuel exemplaire que peu de philosophes contemporains et ultérieurs sauront montrer !




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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand elle se tourne vers ces choses [les choses matérielles], notre pensée se soustrait à des affaires beaucoup plus importantes. Et il y a pire : la mentalité qu'engendre l'habitude de penser à ces choses est mauvaise ; elle entraîne compétition, jalousie, domination, cruauté, et presque tous les vices qui infestent ce monde. Elle entraîne notamment un usage prédateur de la force. Les biens matériels on peut s'en emparer par la force ; c'est le voleur qui en jouira. Mains on ne peut pas s'emparer des biens spirituels de cette façon. Vous pouvez tuer un artiste ou un penseur ; mais vous ne pouvez pas, par ce moyen, acquérir son art ou sa pensée. Vous pouvez mettre un homme à mort parce qu'il aime ses semblables ; mais vous n'acquerrez pas en agissant ainsi l'amour qui faisait son bonheur. La force est impuissante en ces domaines : son efficacité se limite aux biens matériels. Voilà pourquoi les hommes qui croient en la force sont ceux dont les pensées et les désirs sont accaparés par les biens matériels.
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Si l'idée du "caractère sacré de la vie humaine" veut dire que la force ne doit jamais être utilisée pour renverser de mauvais systèmes de gouvernement, mettre fin aux guerres et aux despotismes, et apporter la liberté aux opprimées, alors je ne puis honnêtement y souscrire.
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Vidéo de Bertrand Russell
Confrontée à la guerre, la philosophie semble intempestive, à contre temps. Elle se déploie quand la guerre n'est pas encore là, tentant de retenir tout ce qui pourrait prolonger la paix, ou quand la guerre n'est plus là, s'escrimant alors à penser la «réparation», panser les blessures, accompagner les deuils, réanimer la morale, rétablir la justice. Lorsque «la guerre est là», lorsque fusils d'assaut, bombes et missiles éventrent les immeubles, incendient fermes, écoles, hôpitaux et usines, rasent des quartiers entiers, laissant sur le sol carbonisé enfants, hommes et femmes, chiens et chevaux, lorsqu'on est contraint de vivre tremblant dans des caves, lorsqu'il n'y a plus d'eau potable, lorsqu'on meurt de faim et de douleur – eh bien la philosophie ne trouve guère de place dans les esprits. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il n'y a pas une «philosophie de la guerre» comme il y a une «philosophie du langage» ou une «philosophie de l'art», et que le discours de la guerre renvoie plus aisément à la littérature ou au cinéma, aux discours de stratégie et d'art militaire, d'Intelligence, d'histoire, d'économie, de politique. Pourtant – de Héraclite à Hegel, de Platon à Machiavel, d'Augustin à Hobbes, de Montesquieu à Carl von Clausewitz, Sebald Rudolf Steinmetz, Bertrand Russell, Jan Patoka ou Michael Walzer – les philosophes ont toujours «parlé» de la guerre, pour la dénoncer ou la justifier, analyser ses fondements, ses causes, ses effets. La guerre serait-elle le «point aveugle» de la philosophie, la condamnant à ne parler que de ce qui la précède ou la suit, ou au contraire le «foyer» brûlant où se concentrent tous ses problèmes, de morale, d'immoralité, de paix sociale, d'Etat, de violence, de mort, de responsabilité, de prix d'une vie?

«Polemos (guerre, conflit) est le père de toutes choses, le roi de toutes choses. Des uns il a fait des dieux, des autres il a fait des hommes. Il a rendu les uns libres, les autres esclaves», Héraclite, Frag. 56) #philomonaco
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