Amoureuse du Bassin d'Arcachon où j'ai passé mes week-ends pendant plusieurs années lorsque j'habitais Bordeaux, et dont je suis restée nostalgique, j'avais hâte de lire ce roman lorsque je l'ai découvert. Il ne m'a pas déçue, même si je mettrai à mon appréciation quelques bémols de forme.
La petite et la grande histoire s'y mêlent de manière très réussie : celle d'une famille,
les Bouscatière, de la fin du
Premier Empire à la fin du Second, et celle, en parallèle, de la naissance et de l'évolution de la ville d'Arcachon et du Bassin en général.
Grâce à la riche documentation qui sous-tend son écriture, je peux maintenant me représenter, en filigrane de la vision du Bassin tel que je le connais, les images successives de son évolution, au fur et à mesure de son urbanisation, ce qui m'a passionnée. Les descriptions des transformations m'ont parfois semblé un peu touffues, mais sans doute sont-elles à l'image de la joyeuse anarchie avec laquelle la ville s'est construite.
J'aurais apprécié qu'il y ait des notes de bas de page expliquant les termes locaux ou régionaux, extrêmement nombreux. Je ne me suis aperçue que bien plus tard dans ma lecture qu'il y avait un petit lexique en fin de livre, mais il est loin de donner l'explication de tous les termes rencontrés (et lorsqu'on lit sur liseuse, il est malaisé de s'y référer). Il était donc un peu pénible d'interrompre sans arrêt ma lecture pour en chercher la signification. Une carte aurait été aussi la bienvenue pour toute personne qui, comme moi, connaît le Bassin, mais veut comprendre précisément ce qui est relaté.
Quant à l'histoire elle-même, elle m'a petit à petit accrochée, et émue, surtout lorsque le récit s'est dégagé des vicissitudes de la genèse du Bassin pour ne plus porter que sur les relations complexes entre les personnages, leurs histoires individuelles, et le secret de famille qui sera révélé à tous ses membres à la fin du roman.
Je soulignerai toutefois que j'ai trouvé le début du livre un peu rébarbatif : même si je comprends que l'auteure ait éprouvé le besoin de décrire le passé d'Amédée Bouscatière, le patriarche à l'origine de l'implantation de la famille sur le Bassin, cette introduction est trop longue, trop dense et éloigne le roman de son véritable sujet. J'ai heureusement persisté dans ma lecture, pour mon plus grand plaisir ultérieur…
Sur le plan de la forme, également, j'avoue avoir été irritée par les virgules intempestives qui hâchent et gâchent le récit : quasi systématiques entre sujets et verbes (!) et absentes là où elles sont nécessaires. Sachant que l'auteur a été journaliste, et qu'elle est d'une génération et d'une culture attachées aux particularismes de la langue française, je suis surprise qu'elle n'en respecte pas l'usage. de même qu'elle assassine littéralement les accents circonflexes, à mon grand désespoir. Entérinant elle aussi l'appauvrissement progressif de notre belle langue sous couvert de simplification ? Mais ceci est un autre débat. Enfin, j'ai été gênée par l'utilisation par moments fantaisiste des temps de la narration, où elle saute brusquement du passé au présent, et vice-versa.
Au delà de ces défauts de forme, il n'en demeure pas moins que j'ai beaucoup apprécié ce livre. Il m'a énormément enrichie sur le plan de la connaissance de cette région que j'aime, et touchée au travers de l'histoire émouvante et passionnante de cette famille du XIXe siècle, qui participe aux grands bouleversements de son époque.