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EAN : 9782070146444
256 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.73/5   152 notes
Résumé :
Guinée-Bissau, 2012. Guitariste d'un groupe fameux de la fin des années 1970, Couto vit désormais d'expédients. Alors qu'un coup d'État se prépare, il apprend la mort de Dulce, la chanteuse du groupe, qui fut aussi son premier amour. Le soir tombe sur la capitale, les rues bruissent, Couto marche, va de bar en terrasse, d'un ami à l'autre. Dans ses pensées trente ans défilent, souvenirs d'une femme aimée, de la guérilla contre les Portugais, mais aussi des années fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai eu l'honneur de rencontrer l'auteur, et par la même occasion, de lui poser quelques questions sur l'article que j'ai rédigé sur lui dans la foulée pour le journal pour lequel j'écris. N'ayant jusqu'à présent jamais rien lu de lui, je voulais tout de même savoir de qui et de quoi exactement j'avais parlé dans mon article, même si j'en avais eu un bref aperçu lors de cette soirée-rencontre. J'ai donc acheté son dernier livre le soir-même (à savoir avant-hier), autant vous dire qu'il ne m'aura pas fallu longtemps pour me faire une première opinion sur cet auteur et vous en rendre compte ici...opinion et premier avis qui sont plus que positifs d'ailleurs !

Avec "Les Grands", Sylvain Prudhomme rend hommage à un pays dans lequel il a vécu pendant deux ans, la Guinée- Bissau et surtout à un groupe de musique en particulier qu'il a beaucoup écouté lorsqu'il était là-bas (et qu'il continue d'ailleurs d'écouter, je n'en doute pas) : Super Mama Djombo. C'est en apprenant la mort de Dulce, la chanteuse du groupe et celle qui fut son premier amour que Couto, le guitariste, se souvient. Même si cet ouvrage n'est pas raconté à la première personne, Couto n'en demeure pas moins le protagoniste et surtout, le fil conducteur de ce roman. Bien entendu, tous les membres du groupe (qu'il s'agisse des anciens membres dont certains sont parti du pays pour tenter de se reconstruire une vie en Europe ou des nouveaux qui se sont joint après la reconstruction du groupe) gravitent autour de ce personnage phare qu'est Couto. Bien que le groupe n'ait plus la renommée qu'ils avaient fut un temps, étant même devenus des figures légendaires de la Guinée-Bissau, Super Mama Djombo a le mérite de continuer à se produire sur scène et d'exposer ses idées.
L'histoire se déroule en 2012, à la veille du second tour des élections présidentielles et autant dire que le contexte historique n'est pas des plus sereins, dans un pays où l'armée est omniprésente. Même si le lecteur ressent cette ambiance lourde et pesante, son regard est cependant constamment tourné vers la douleur que ressent Couto après la nouvelle de décès de Dulce. Même s'il est vrai qu'ils avaient tous deux refait leur vie, rien ne peut effacer la perte d'un premier, voire même, pourrait-on dire ici, d'un unique, puissant et véritable amour !

Un roman extrêmement riche, autant sur l'histoire de la musique et son importance dans le pays, que sur L Histoire (avec un grand H) de la Guinée-Bissau que sur les sentiments, autant amoureux qu'amicaux ou encore ceux que l'on ressent envers son pays natal et ses terres d'origine. A découvrir !

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Couto le grand musicien, le guitariste du célèbre groupe Bissau-Guinéen des années 70, Super Mama Djombo, est aujourd'hui un homme triste, Dulce, son grand amour, est morte. Elle ne chantera plus, il ne pourra plus la serrer dans ses bras, même s'il ne le fait plus depuis qu'elle a épousé l'homme fort du régime, celui que Couto a connu pendant la guerre d'indépendance contre les Portugais.

Couto marche dans les rues, il promène sa nostalgie et ses souvenirs. Ses amis le saluent, ensemble ils évoquent le bon temps et Dulce. L'idée d'un concert qui serait un hommage à la chanteuse nait dans leurs esprits. Ce soir, Ils vont chanter pour elle, ce soir où Couto le sait, le pays va encore connaître un coup d'état fomenté par l'armée, par le mari de Dulce.

Sylvain Prudhomme signe ici un magnifique roman africain dont la sensuelle musique de son écriture traduit toute la beauté et la violence d'un pays.
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A-t-il un coup de cafard, le vieux Conto, quand on lui annonce la mort de Dulce, son amour de jeunesse?
Il n'en sait trop rien...mais beaucoup de choses lui reviennent en mémoire avec nostalgie.
Cela fait si longtemps que son groupe de musique a eu ses heures de gloire, quand la jolie chanteuse faisait chavirer son coeur de guitariste et un public déchaîné, en 1977.
Trois années euphoriques où se concentrent tous les souvenirs de succès de jeunes musiciens subversifs.

Depuis, Conto traine sa vie de vieux marginal, de petits bars en concerts nostalgiques, dans la généreuse société africaine faite de liens amicaux forts, et de fatalité face aux menaces larvées de coups d'Etat. La Guinée Bissau, ancienne colonie portugaise, a gagné son indépendance en 1974, après des années de guérilla où le jeune Conto a servi sous les ordres d'un chef de guerre charismatique et violent, devenu depuis le chef d'état-major d'un pays plus dictature que république.
Des élections à haut risque se préparent. Un concert en hommage aussi, qui réunit les anciens...

L'écriture est joyeusement brouillonne comme la vie d'un village africain ( ou du moins l'image que je m'en fais). Elle mélange les époques et maitrise néanmoins fort bien le récit sans jamais perdre le lecteur en route. Les dialogues chaleureux sont intégrés au tout, comme des bulles décoratives. Peu de chapitre, peu de paragraphe, beaucoup de descriptions, on s'immerge, on nage, on coule avec bonheur dans le décor, la touffeur, les odeurs, la sensualité des femmes. La gaité, l'optimisme, la spontanéité des échanges sont de mise, accompagnant la nostalgie des hommes et la tristesse de l'expatriation.

C'est aussi une vision contemporaine bien pessimiste d'un pays africain, qui, comme tant d'autres, malgré des espoirs de démocratie, retombe toujours dans des travers de combines et d'autoritarisme (coup d'Etat militaire en 2012)

Un livre attachant, dont la jaquette me laisse dubitative... Quel rapport avec le contenu?
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Avant d'attaquer "Les Grands", le nouveau roman de Sylvain Prudhomme, agrégé de lettres modernes qui a grandi en Afrique, je n'avais jamais entendu parler du groupe Super Mama Djombo, un vrai groupe de Guinée Bissau, très connu en Afrique, energique et virevoltant qui fait danser des stades entiers.

Dans "Les grands", Sylvain Prudhomme nous raconte la très belle histoire de ce groupe mythique en Afrique de L'Ouest, et reinvente l'histoire personnelle du groupe, autour d'une romance entre Couto, le personnage principal du livre, un des musiciens du groupe et la chanteuse.Mais au-delà de la petite histoire, on voit à quel point l'auteur connait bien "son" Afrique, que ce soit la nature et les paysages qu'il décrit avec grande habileté, ou bien sa vie politique qu'il regarde d'un oeil souvent critique, avec les effets de la colonisation portugaise, le rôle de l'armée, la corruption des politiques et leur instabilité au pouvoir.

Roman touchant et mélancolique (le roman commence à la mort de la chanteuse lorsque Couto se remémore toutes les années de succès du groupe et de tournée), il en ressort parfaitement l'amour de Prudhomme pour la Guinée Bissau et pour l'Afrique en général, ainsi, qu'évidemment qu'un goût manifeste pour la langue française qu'il maitrise à merveille.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Couto, guitariste guinéen, apprend la mort de Dulce, ex-chanteuse de son groupe Super Mama Djombo et surtout amour de sa jeunesse. Touché par la disparition de la femme de sa vie, Couto se remémore toutes les années de succès du groupe et de tournée à travers les pays lusophones. Des souvenirs douloureux de son passage dans l'armée guinéenne. Il garde cependant un regard distant et naïf sur le sujet, conscient qu'il était alors jeune et immature. La mélancolie due au départ de beaucoup de ses amis pour des pays européens cherchant espoir de réussite. La tendresse et la sensualité de ses rapports avec la belle et ensorcelante Dulce.

Prudhomme nous fait connaître l'histoire mouvementée de ce pays profondément marqué par le mélange des peuples et des cultures, la corruption des politiques et leur instabilité au pouvoir, l'armée omniprésente et bien sûr le fantôme de la colonisation portugaise. de ce livre filtre merveilleusement l'amour de Prudhomme pour la Guinée Bissau et pour l'Afrique. Il y mêle français, créole et portugais dans une danse des langues.

De l'émotion, de la poésie et de la musique. Les mots sont chants, l'écriture est musique. Voilà un livre magnifique pour l'illustrer.

Un conseil en passant : le groupe existe toujours. Dulce est vivante et continue de chanter. Alors profitez-en ! Ecoutez leurs titres pendant votre lecture et laissez-vous emporter, loin, très loin.
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critiques presse (3)
Telerama
29 octobre 2014
Dans Les Grands, roman tissé de réel et de fiction, porté par une écriture hybride savamment constellée de créole, Sylvain Prudhomme suit la déambulation de Couto dans les rues de Bissau, en ce jour de 2012 où Dulce est morte au matin — et où ses anciens partenaires décident d'un concert improvisé en son hommage, qu'ils donneront le soir.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
29 septembre 2014
C’est sans doute avec ce grand plongeon, personnel et littéraire, que l’auteur parvient à étouffer la tentation de l’exotisme ou le voyeurisme postcolonial.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
29 août 2014
La tension monte page après page, tandis que la mélancolie serpente et étreint le lecteur. Sylvain Prudhomme a trouvé un ton, juste et fort, qui hisse ce roman magnifique au rang des pépites de la rentrée littéraire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
....cette même absence de vergogne qui devait lui faire regarder comme normal à présent de s’être taillé comme tous les autres ministres de confortables avoirs sur les deniers publics, normal de posséder à Lisbonne un duplex acheté avec l’argent du Trésor, normal que l’État mette la main à la poche chaque fois qu’il jugeait bon de soutenir le projet d’un parent ou d’un cousin, il avait lâché cette proposition qu’il avait sans doute voulu généreuse, avait raconté Malam, donnez-moi votre accord et je vous fais tout de suite virer dix millions, quinze mille euros est-ce que ça vous dirait avait-il lâché d’un ton fier de son idée, non ne dites rien, réfléchissez d’abord, demandez-vous si le pays d’une certaine façon ne vous les doit pas, si ce ne serait pas la moindre des choses après tout ce que vous avez fait pour nous, allons dites-moi simplement oui donnez-moi votre accord un numéro de compte et je vous fais virer l’argent demain, quinze mille euros qu’est-ce que c’est, à peine un coup de pouce pour l’album, comment est-il possible que personne n’ait pensé à faire ce geste, je n’en reviens pas. (P. 162)

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Pourquoi ils ne comptaient pas ça dans leurs maudits indices de prospérité, les économistes du monde entier. Pourquoi ça n'entrait pas dans leurs classements censés mesurer le bonheur des uns et des autres, mieux que ça, le "développement humain" puisque leur arrogance ne reculait pas devant ces mots. L'élégance des hommes et des femmes. La splendeur des coiffures. La richesse des parfums. La sûreté du goût de chaque habit, chaque coupe, chaque broderie. Le désir qui se rallumait à la moindre promenade en ville, vous rappelant toujours à la vie.
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"La pilule était raide, quand on voyait quels dictateurs la plupart étaient devenus ensuite. Saloperie d'Histoire qui n'aimait rien tant que se mordre la queue et vous faire tourner en bourrique."
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... la lutte ne serait rien si après la victoire le pays ne tenait pas debout, si chacun ne se mettait pas déjà au travail, n'apprenait pas à lire et à écrire, ne commençait pas dès maintenant à défricher la terre, à planter du riz, même vous mes amis mandingues avait-il dit aux villageois de l'Est lorsqu'il avait été les voir, même vous mes frères qui ne touchez jamais le manche d'une pioche et trouvez normal de rester assis pendant que vos femmes labourent, parce qu'elles ont toujours labouré et que vous les avez toujours regardées faire.
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Couto aimait cette ville. Il aimait ce quartier de Pefine, ses maisons sans étage, invariablement couvertes du même toit de tôles à quatre pentes qui comme le ciel pouvait prendre toutes les nuances du gris. L'omniprésence des manguiers, leurs grosses boules sombres bouchant la vue, retardant jusqu'au dernier moment l'apparition des toits voisins. La forêt comme entrée dans la ville, infiltrée jusqu'au coeur des courettes. Le rouge de la terre. Le tortueux des chemins. Les mille accidents du sol qui semblaient faits pour obliger le passant à s'arrêter discuter devant chaque pas de porte, caniveaux, clôtures, carrés de manioc, petits ponts de bois, fils à linge, papayers, tas d'ordures, tas de ferrailles, tas de sable. L'eau gorgeant le sol. Gonflant les tiges des plantes. Jaillissant des seaux à chaque grincement de poulie des puits. Partout la vie s'ébrouant, se multipliant, piaillant.
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Videos de Sylvain Prudhomme (35) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Prudhomme
Alors que la famille de Simon est réunie autour de la tombe de son grand-père, Luciano Malusci, un secret lui est révélé par l'indiscrétion d'un oncle : Malusci aurait eu un fils illégitime, qui vivrait toujours sur les rives du lac de Constance. Habité par l'envie de découvrir qui est ce fils tenu à l'écart du clan, Simon se met à enquêter, porté par un sentiment de perte et de fragilité, à un moment où il se sépare lui-même de sa compagne et mère de ses deux fils. Tissant avec habileté un double récit alternant enquête familiale et traversée du deuil amoureux, Sylvain Prudhomme livre un roman émouvant, qui met en lumière l'humanité de personnages pris en étau entre leurs contradictions et de leur ambivalence. Par la grâce de son écriture, il invite le lecteur à un cheminement mélancolique où le destin de ces êtres entre en résonance avec les trajectoires de tout un chacun. La lecture du roman sera faite à deux voix, par l'auteur et le comédien Pierre Baux.
Sylvain Prudhomme est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels Par les routes (prix Femina 2019), Les Grands et Les Orages (L'Arbalète), tous salués par la critique et traduits à l'étranger. Comédien, Pierre Baux est également directeur du festival 543 de Coustouges qu'il a cofondé en 2020 avec Antoine Caubet et Violaine Schwartz.
Lecture à deux voix, suivie d'une rencontre animée par Sarah Polacci
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