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EAN : 9782370731623
224 pages
Allary Editions (11/10/2018)
3.79/5   120 notes
Résumé :
Des chemins existent pour sortir de l'impasse individualiste. Saurons-nous les emprunter ?
Notre échec est grandiose.
Nous pensions que la démocratie allait s'étendre sur le globe, mais elle est en crise partout.
Nous chantions les bienfaits des échanges, mais la mixité sociale recule et de nouveaux murs s'érigent chaque jour.
Nous avions la religion du progrès, mais le réchauffement climatique prépare la pire des régressions.
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Les Enfants du Vide
Raphaël Glucksmann

R. Glucksmann part de l'amer constat que les intellectuels de gauche ont échoué. Echoué à empêcher les populismes de séduire les peuples : Trump, Salvini, Poutine, le Brexit : tout montre que la gauche n'a rien vu venir. Il faut faire amende honorable et analyser d'où viennent les erreurs.
Cet essai pose un diagnostic clair, sans concession, sur ces échecs. Son intérêt vient du fait que R. Glucksmann reconnait ses erreurs et ses fourvoiements et qu'il cherche avec beaucoup d'honnêteté et d'humilité à comprendre le monde dans lequel il vit, il cherche à se défaire de ses préjugés et de ses « croyances ». Il analyse le plus précisément possible ce qu'il se passe dans les démocraties occidentales, sans se voiler la face. Cette quête de vérité est émouvante car on sent à quelles certitudes l'auteur a dû renoncer et aussi aux affrontements qu'il devra subir de la part de ses anciens compagnons de route. C'est ce qui m'a le plus intéressée : le courage de l'auteur à une époque où dire les choses est compliqué. La deuxième partie de l'essai est consacrée a des propositions qui ne sont pas sans intérêt mais qui peuvent sembler ou utopiques ou optimistes, ou en tout cas, pas prêtes à se mettre en place. Là encore, Glucksman se montre courageux puisque ses propositions ne sont pas en adéquation avec l'air du temps. Cet ouvrage mérite notre lecture.
Résumé :
La société actuelle est de plus en plus dépourvue de sens. C'est une société de la solitude qui ne fait plus « groupe » : les lieux de socialisation (partis, syndicats, église...) se sont délités. Or, la solitude est source d'anxiété. Déjà Tocqueville constatait que l'atomisation de la société était « le terreau du despotisme ». Or, ce sont les politiques économiques menées depuis une quarantaine d'années qui ont abouti à ce résultat (Thatcher/ Reagan/ Mitterrand …). C'est par le renoncement à une politique fiscale redistributive que l'on arrive à des résultats alarmants : explosion des inégalités et affaiblissement du service public. Tous les politiques s'acharnent désormais à déconstruire ce que le Conseil National de la Résistance avait mis en place à la fin de la deuxième guerre mondiale. L'« homo economicus » est devenu la mesure de base de la société qui n'est plus faite que de l'agrégation d'individus indépendants, comme l'annonçait Margaret Thatcher.
Loin des théories sur « la fin de l'histoire », il faut admettre que l'histoire n'a pas de « sens » et que tout ce qui a été fait un jour peut être défait un autre jour. Les élites de gauche étaient persuadées que la logique voulait que le monde devienne peu ou prou démocrate, libéral et protecteur. C'était faux. La société actuelle est faite d'égoïsmes qui cohabitent, l'empathie a disparu et chacun tend à protéger ses privilèges sans se soucier du « bien commun », expression qui n'a plus le moindre sens et qui n'intéresse plus personne. le monde de Trump est scindé entre « winners » qui ont mérité leurs fortunes et « loosers » qui se sont montrés paresseux et lâches, celui de Macron, entre « premiers de cordée » et « gens qui ne sont rien ».
La gauche n'a jamais voulu voir les problèmes que posaient l'immigration massive et l'absence de politique d'intégration pour le peuple qui les subissent de plein fouet. Dans la société du « vivre ensemble », personne ne vit plus « ensemble ». La société s'est morcelée en communautés dans lesquelles il est de bon ton de « cultiver ses différences » au lieu de faire corps. On ne trouve plus de lieux dans lesquels les différents membres de la société se rencontrent du fait de la ghettoïsation des villes dans lesquelles les quartiers se démarquent par leurs appartenances sociales ou ethniques. Certaines villes d'ailleurs sont elles-mêmes des ghettos, loin des métropoles qui concentrent les gagnants de la mondialisation. Les uns et les autres, vivent dans des zones différentes, vont dans des écoles différentes, ne font plus de service militaire et par conséquent ne se rencontrent jamais, ne se connaissent pas. Un immense fossé sépare désormais les peuples et les élites (financières, politiques, culturelles, médiatiques…) C'est la démocratie qui est en danger.
Etant donné que les plus privilégiés deviennent de plus en plus riches, ils ont de plus en plus de moyens pour infléchir les politiques. Infléchir les politiques passe aussi par la mainmise sur les médias ainsi que les think tanks. Par ailleurs, l'entre-soi génère des comportements de classe. Ainsi, lorsque Emmanuel Macron supprime l'ISF, cela profite à la classe sociale à laquelle il appartient et qui l'entoure et le conseille. C'est aussi la raison pour laquelle le pouvoir va préférer se focaliser sur la fraude aux prestations sociales qui ne pèse que 677 millions d'euros plutôt qu'à l'évasion fiscale qui représente 21 milliards de manque à gagner pour l'Etat !
Finalement, cette collusion entre pouvoir politique et intérêts économiques de classe constituent ce que Machiavel aurait appelé « corruption ». La République est ainsi minée par un ensemble de stratégies délétères tels que les allers et retours incessants des hauts fonctionnaires vers les grandes entreprises qui entraînent un déplacement des intérêts publics vers des intérêts privés.
Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle pervers dans la mesure où leurs algorithmes favorisent l'entre-soi : on n'accède qu'à des posts qui ressemblent à ce que l'on cherche. Nous ne sommes pas confrontés à l'altérité. Ainsi, nous vivons dans l'« illusion du commun ». Croire que seul le néolibéralisme économique serait responsable du délitement des valeurs communes est une erreur et une malhonnêteté. L'esprit de 68, la contre-culture et la quête pour l'émancipation des individus a aussi joué un rôle que l'on ne saurait mettre sous le tapis.
Pourtant, il faut comprendre que si les enfants de 68 devaient se battre contre des chaînes qui entravaient corps et esprit, les enfants des générations suivantes n'ont pas de chaînes à briser mais des liens à reconstruire.
Afin que l'on puisse refaire société, il est nécessaire de lutter d'abord contre des inégalités qui deviennent si énormes que cela en devient absurde. En effet, le sentiment d'injustice qui génère colères et frustrations et mène au populisme est étroitement lié au fait que les politiques menées ne favorisent que ceux qui sont déjà favorisés.
Il s'agit aussi d'en finir avec ce qu'on nomme « la gouvernance » et qui correspond à une absence de vision politique : il s'agit de gestion technocratique, mais sans projet. Cette gouvernance culmine avec les aberrations que l'on a vues en Grèce ou en Italie où les choix des peuples ont été bafoués au profit de technocrates qui ne viennent qu'appliquer les directives de Bruxelles et ne respectent en rien les choix des nations. Désormais, les peuples n'ont plus aucun contrôle sur tous les règlements qui sont produits loin d'eux, sans eux et qui pourtant les poursuivent jusque dans les moindres détails de leur vie. C'est le cas des différents traités internationaux signés entre les Etats (CETA ; TAFTA…) le gouvernement des experts met en danger la démocratie. Il n'est, dans ces conditions, pas incompréhensible que les peuples cherchent à « reprendre le contrôle ». Si la gauche s'obstine à ne voir dans les discours des extrêmes droites occidentales que de la xénophobie, elle se trompe et va dans le mur. Il s'agit d'être à l'écoute de ce que proposent tous ces mouvements d'extrême droite (Trump, l'AFD, Salvini, le Brexit, Orban…) : tous parlent de « reprendre le contrôle » des frontières, de la production industrielle, des finances, des institutions… de « notre Destin »…
Il faut s'interroger : à quoi servent des élections si ce sont des entités non élues qui décident des choix finaux ? Cela explique évidemment le fort taux d'abstention et le découragement de la jeunesse qui « n'y croit plus ».
Il s'agit donc de s'attacher à redevenir citoyen. Un citoyen n'est pas un individu. Même s'ils occupent le même corps le citoyen à des responsabilités vis-à-vis de la collectivité que l'individu n'a pas. Un citoyen doit se départir de ses particularismes. Il n'a pas de religion pas de couleur de peau, pas d'ethnie de référence. Il vise le bien commun en dehors de toute discrimination. C'est forcément une véritable ascèse.
Une fois ce diagnostic posé sur une société en mal de sens, il s'agit de proposer des enjeux qui pourraient être suffisamment motivants pour agréger des individus dans des groupes qui ont un projet commun.
Le 13 novembre 2017, 15 000 scientifiques venant de 184 pays différents signent un manifeste dans la revue Bioscience dans laquelle ils expriment leur crainte : « il sera bientôt trop tard » pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité. Ce cri de colère et d'angoisse devrait permettre de constituer un « horizon tragique ». L'écologie doit être prise au sérieux et doit devenir un enjeu fédérateur. Il en va de notre survie.
Mais attention !!! Dans les années 60, Soljenitsyne poussait un cri contre les goulags russes. Pourtant la gauche française ne voulait pas l'entendre. Il aurait fallu changer « d'architecture mentale » et surtout renoncer à ses « croyances ». Afin de ne pas donner à Soljenitsyne de crédibilité, on l'a traité de fasciste, d'antisémite. Il a fallu des années avant que les yeux de la gauche ne se dessillent. Il y a fort à parier que celui qui alerte aujourd'hui sur les dangers que nous courons du fait du désastre écologique ne soit pas non plus pris au sérieux. Par ailleurs, le combat sera rude et il sera nécessaire d'attaquer frontalement Bruxelles (il faudra renégocier les traités internationaux) mais aussi les grandes entreprises (Total, Exxon, Monsanto...) et les institutions (FNSEA…) La lutte sera forcément virulente.
Il s'agit aussi d'établir de nouveaux contrats sociaux dans lesquels les citoyens seront davantage impliqués. Un des moyens d'impliquer les citoyens dans la vie publique est de le décharger de leurs obligations de gagner leur vie. Il faudra donc en passer par le revenu universel de base qui devra libérer du temps pour chacun. (On verra comment mettre en place ce revenu universel…peut-être progressivement, peut-être par tranche d'âge, peut-être par niveau de revenu... ?) En tout cas, ce revenu universel pourra être financé par les gains de productivité générés par la robotisation de la plupart des emplois.
Ce revenu universel de base devra aussi être couplé avec un service civique obligatoire (même si cela déplaît à la gauche qui n'aime pas l'idée de contrainte… !)
Lutter contre les « fake news », c'est aussi et surtout lutter contre la désinformation organisée par les lobbys qui trustent la vie politique. Pour que le citoyen puisse émettre des choix éclairés, il lui faut des informations claires et indépendantes. Or, actuellement, le citoyen n'a pas accès à cette information saine. Si les médias sont tous détenus par des milliardaires, la démocratie est en danger. Il faut donc libérer les médias de cette emprise en les aidant financièrement.
Par ailleurs, le contrat social est mis en danger par l'évasion fiscale contre laquelle il faut lutter sans relâche.
Si « nous » sommes capables de tous ces efforts, alors, « nous » pourrons redonner du sens à la politique.

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En ces temps difficiles où trouver un homme de gauche crédible relève de la gageure, je me suis surprise à écouter d'une oreille complaisante les interviews de Glucksmann données pour la sortie de cet ouvrage, justement. « Les Enfants du vide » est un court essai qui exprime de façon claire une certaine vision de la politique qui me plait, qui serait force de transformation et non gestion du monde comme il va. Autant dire que sa lecture fait plutôt du bien, même si ce livre n'est pas exempt de défauts. Passons sur les chapitres calibrés: je suis interpellé par un ami et hop je dégaine mon analyse que j'ancre par la même occasion dans le quotidien pour ne pas paraître hors-sol. Passons aussi sur la première partie qui refourgue des trucs qui traînent partout sur l'individualisme moderne et la fin de l'histoire. Non, ce qui me gêne vraiment c'est 1) l'absence de vision politicienne. le livre se termine par la relation d'experiences généralement locales et, quelle que soit leur pertinence, je ne vois pas du tout comment on pourrait faire pour mettre Trump dans le coup. Ni même Merkel, d'ailleurs. Et 2) j'aurais presque pu l'écrire, ce livre. Parce que mes chères études m'ont appris le plan dialectique et l'art de mettre sous le tapis ce qui n'entre pas dans le triptyque sacré thèse-antithèse-synthèse (priez pour nous). Et que ce livre ressemble beaucoup trop à une dissertation bien ficelée, donc que le plaisir du formalisme l'emporte sur le travail de réflexion innovante.
Les enfants du vide, plan:
I le sens a déserté nos vies en général et la politique en particulier.
II Il n'y a pas de sens possible sans tragique.
III Si on continue à surexploiter la planète comme ça, on va tous crever
Conclusion : Profitons de l'opportunité offerte par la catastrophe écologique annoncée, c'est la lutte finale, groupons-nous et demain.
Mais malgré tout, c'est quand même intéressant, ce qu'il dit, Glucksmann fils. Ma note: 20/vain.
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Voilà un essai bien dans l'air du temps, dont le postulat résonne chez de plus en plus de monde : nous sommes collectivement arrivés aux limites supportables de l'individualisme, et le manque de sens est une réalité de plus en plus douloureuse. Constat d'échec de la pensée progressiste qui a raté le bon virage dans les années 90 et la déferlante néo-libérale qui a suivi, en s'embourbant dans des concepts de vivre ensemble, de multi-culturalisme ou de social démocratie qui n'ont pas fonctionné.

Souvent dans ce genre d'essai le constat est bien posé mais les solutions sont un peu faiblardes. Je retiens de celui-ci la pertinence de poser avec une belle force que pour tout individu, se transmuer en citoyen est une violence, et donc de rappeler l'effort que cela suppose (tout en restant par ailleurs abasourdie de constater qu'il faut aujourd'hui rappeler cette évidence). Fort de cette "citoyennabilité" retrouvée, c'est dans la prise de conscience réelle de l'enjeu écologique que se situe le changement de paradigme qui recentrera la cité sur le politique (au sens noble), permettant dès lors de retrouver le sens. Je suis moins convaincue par la troisième proposition axée sur la démocratie participative mais j'ai peut-être mal lu l'auteur qui y met, lui, de solides arguments.
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Les enfants du vide c'est nous toutes et tous, dans une société démocratique qui ne nous inclut pas dans les prises de décisions, qui n'est pas participative et qui de ce fait nous perd dans quelque chose qui à notre sens n'en a plus beaucoup : nos démocraties gouvernées par des élites certes élues mais qui ne tiennent pas compte du collectif, l'individualisme est partout, en chacun de nous, on a grandi comme ça, la société nous l'a appris. On ne sait plus bien comment faire pour s'impliquer politiquement, pour faire en sorte que la politique revienne au centre de nos vies sans être simplement des pions.

Raphaël Glucksmann apporte ici quelques pistes pour retrouver espoir et confiance et aller vers une politique basée sur l'écologie profonde. Pas seulement à l'échelle nationale mais bien européenne car seuls nous ne sommes pas assez forts et cela n'aurait que peu d'impact sur la protection de notre environnement et l'avenir de notre terre. Bien sûr il fait référence à beaucoup de citations philosophiques et penseurs, cela m'a parfois rendu la lecture difficile. Un passage plus ardu pour moi a été celui sur la fiscalité car je ne suis pas du tout calée sur le sujet et cela n'est pas évident à comprendre sans notion.

Cette lecture m'a amenée à découvrir la pensée de Raphaël Glucksmann dont je soutiens actuellement les actions qu'il mène en faveur des Ouïghours victimes de génocide en Chine.
Ce court essai n'est pourtant à mon avis pas assez accessible pour les novices et les personnes n'ayant pas l'habitude de ce type de lecture ! Toutefois certaines idées sont intéressantes et font du bien. Merci à Babelio et aux éditions J'ai Lu pour cette dernière masse critique !
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Un grand merci aux éditions Flammarion et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique non-fiction de février 2021.

A sa sortie, cet essai m'a fait de l'oeil et il était dans mes "pense-bêtes" depuis tout ce temps.
Je le découvre enfin.

En première partie, Raphaël Glucksmann, fondateur du mouvement Place publique, député européen, fait le constat de notre société basée sur la solitude, l'individualisme, le séparatisme social : le néo-libéralisme a créé des enfants du vide, nous tous, des enfants de la mondialisation.
Accentuation des inégalités sociales, rentabilisation des services publics, corruption, populisme, pouvoir des lobbys dans les prises de décisions nationales et européennes, ...
En bref, l'échec de la démocratie accentue en parallèle l'urgence climatique.
Les récentes catastrophes écologiques (notamment Katrina) en sont le résultat.

En seconde partie, là où certains essais ne font que le constat de la société, celui-ci propose des solutions, une écologie politique via un contrat social qui engagerait tous les hommes en tant que citoyens au sein d'une démocratie participative, avec un revenu universel et un pacte fiscal.

Raphaël Glucksmann cite des maîtres de la philosophie (Machiavel, Socrate, Platon, Hegel...) pour étayer ses propos.
Cet essai est instructif, amène à la réflexion. Il propose une alternative qui peut sembler utopiste au regard de la société de consommation et de profit dans laquelle nous vivons. Il permet en tout cas de prendre davantage conscience des enjeux climatiques et qu'une alternative est possible au "je laisse faire car je suis impuissant à ma petite échelle".
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Citations et extraits (105) Voir plus Ajouter une citation
Les sociétés occidentales d'après-guerre avaient plus ou moins forgé un "homo democraticus" mesuré dans ses succès et soutenu par la collectivité dans ses déboires. Il laisse désormais place à un individu qui voit dans chacun de ses dollars une confirmation de son génie et dans la misère de son concitoyen la preuve de sa fainéantise. Un individu libéré du souci de l'autre et du commun.
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Contrôler les chômeurs apparaît comme essentiel. Lutter contre les systèmes ingénieux mis en place par les plus fortunés pour échapper à l'impôt semble moins urgent. (...) Pareil déséquilibre s'explique facilement : nos dirigeants fréquentent tout simplement plus de gens assujettis à l'ISF que de bénéficiaires du RSA. Lancer une croisade contre la fraude fiscale prendrait de front leur cercle de connaissances (et de leurs donateurs) alors que stigmatiser les pauvres ne leur coûte socialement rien.
Pareille interpénétration des hautes sphères économiques et politiques, voilà ce que Machiavel nomme "corruption". Sous sa plume, le terme désigne (...) la captation de l'espace commun par des groupes particuliers, la mise sous tutelle du pouvoir public par des puissances privées, l'intérêt de quelques uns devenant l'intérêt général. Autrement dit : la dégénérescence progressive de la démocratie en oligarchie.
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Pourquoi s'étonner des secousses populistes lorsque nos dirigeants s'alignent à ce point sur les intérêts des plus fortunés d'entre nous ? Pourquoi s'étonner du mépris grandissant pour l'autorité publique lorsqu'elle abandonne l'idée de réorganiser la société de façon plus juste, renonce à exercer le pouvoir que nous lui avions confié et se contente d'être une mise en scène d'elle-même ?
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Il ne peut y avoir de démocratie stable sans capacité d'appréhender l'autre comme un alter ego : un système politique dans lequel chacun codécide de l'avenir de tous suppose que nous nous reconnaissions comme des égaux par-delà nos différences sociales et culturelles. L'empathie est un préalable éthique à la citoyenneté.Tout despotisme oeuvre à son éradication pour atomiser et soumettre. En reproduisant une telle logique, la société de solitude contemporaine ne met-elle pas en cause la possibilité même de la démocratie ?
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Emmanuel Macron n'est que le dernier avatar de l'aveuglement des élites occidentales sur les causes de la crise que traversent nos démocraties. (...) Ne pas saisir les implications pour la démocratie de l'atomisation sociale, de l'explosion des inégalités, du délitement des liens civiques rend impossible toute résistance efficace à la déferlante populiste. Un lifting ne changera rien : une véritable révolution mentale et philosophique est nécessaire.
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Au programme : Édito de Patrick - Balkany, retour à la case prison Invité : Raphaël Glucksmann, député européen • Ouïghours : la provocation chinoise aux Jo • Crise en Ukraine : que faut-il attendre du tête-à-tête Macron/Poutine ? • L'Équipe a retrouvé Peng Shuai, la joueuse chinoise de tennis • Peng Shuai sort du silence et affirme ne jamais « avoir disparu » La Story -  Invités : Sophie Boissard, Directrice générale du groupe Korian • Scandale des EHPAD : le témoignage du réalisateur Daniel Schick • Maltraitance dans les EHPAD : la colère de Daniel Schick  L'actu d'Émilie -  • Korian, leader français des maisons de retraite, à son tour mis en cause • Soupçons de maltraitance en EHPAD : la patronne de Korian se défend • EHPAD : Sophie Boissard, patronne de Korian, défend le modèle privé • Comment mieux contrôler les EHPAD ? Le 5/5 : • Marine le Pen / Éric Zemmour : duel à distance • Pourquoi Elizabeth II veut faire de Camilla la reine consort ? • le Maroc rend hommage au petit Rayan • Surprises et déceptions aux JO d'hiver de Pékin • Quel est le plus grand « crime culinaire » pour les Italiens ?
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