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EAN : 9782226252067
225 pages
Albin Michel (01/11/2013)
3.61/5   44 notes
Résumé :
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, un haut fonctionnaire hongrois reçoit une jeune réfugiée finlandaise qui désire être régularisée. Stupéfiante coïncidence, elle est le sosie d'une femme qu'il a aimée et qui s'est suicidée cinq ans plus tôt. Il l'invite à passer la soirée avec lui. L'imminence du conflit accroît la tension de cette rencontre énigmatique.
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Un froid matin hongrois. Un visage féminin émerge du brouillard. Sur un bureau, des mains d'homme tremblent des efforts fournis. le visage est celui de Aino Laine, Unique Vague, jeune femme finlandaise à la recherche d'un travail en tant que professeur. Les mains sont celles d' un haut fonctionnaire d'Etat, qui par ordre vient d'écrire un communiqué encore confidentiel annonçant l'entrée en guerre de la Hongrie dans le 2ième conflit mondial. Il pense avec effroi aux actions que ces mots imprimés vont immanquablement enclencher.
Cet homme et cette femme se rencontrent. L'homme est d'abord incrédule car il croit reconnaître en Aino Laine les traits de la femme qu'il a aimé et qui s'est donné la mort par amour pour un autre homme. Car cet homme doute de la réalité, ne la tient pas acquise, jamais. Se demande si la vie a un sens. Mais Aino Laine entend défendre qui elle est, bien vivante et non le fantôme d'une femme morte.Comme le vol léger et délicat d'une mouette qui défie la distance pour se nourrir, Unique Vague s'applique à vivre avec force et ivresse malgré un passé lui aussi douloureux "... oui, c'est vrai, les mouettes sont visiblement obligées de fournir une énorme énergie pour exister et ne se demandent pas si la vie d'une mouette à un but".

Ce roman est le face à face diaphane de l'aube jusqu'à la fin de la nuit entre ces deux êtres ; ils se découvrent l'un l'autre, parlent de leur passé. Ils abordent aussi bien des thèmes intellectuels et généraux comme la grande Histoire, la solidarité et la guerre entre les peuples. Mais aussi des questions métaphysiques comme les lois de la répétition et de la nuance, du temps qui passe ou encore des sujets plus personnels et intimes qui touchent leur "moi", au sens de la vie, le destin, les rapports hommes-femmes, la fuite de la jeunesse, l'amour et l'émerveillement.
L'homme et la femme se plaisent, se tutoient, se trouvent parents, amis. Ils sont reliés physiquement par un seul baiser qui fait l'objet d'un très beau passage dans le roman sur son origine et son sens.
Ils savent désormais que par leur confrontation, ils existent l'un et l'autre, certainement différents après leur rencontre.

Un roman de questionnements où Sandor Marai excelle comme à son habitude à sonder l'âme humaine.
C'est avec plaisir que j'attends chaque année la réedition par Albin Michel des romans de Sandor Marai.
"Nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes dit adieu. Ouvre-moi la porte et laisse-moi aller mon chemin".
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J'ai pris un grand plaisir à la lecture de ce livre légèrement mystérieux qui ne se dévoile pas totalement et c'est justement ce que j'aime.
Nous assistons à la rencontre d'un haut fonctionnaire et d'une jeune femme, réfugiée finlandaise soucieuse d'obtenir un visa.
Il est subjugué par cette apparition, persuadé qu'il s'agit de celle qu'il a follement aimé et qui s'est donné la mort.
Pour tenter de comprendre, il prolonge cette rencontre en l'invitant à l'opéra, avant de l'emmener chez lui.
Ce livre est lent, il ne se passe pas grand-chose et c'est ce qui fait son charme. Pour les deux personnages, le temps s'arrête durant quelques heures, les mots se font rares laissant la place au mystère et au non-dit.
Sandor Marai m'envoute livre après livre.
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Un homme d'environ 45 ans est à son bureau. Il paraît calme, il s'interroge sur le mal que peuvent faire les hommes sur d'autres hommes. Nous sommes à Budapest à la veille de la seconde guerre mondiale.
Pendant ce temps, une femme gravit les escaliers, son pas est léger comme celui d'un oiseau. Elle attend derrière la porte qu'il la reçoive. L'homme ouvre la porte, il est pâle puis tout à coup il reçoit une joie foudroyante en la voyant. Une curiosité infinie s'empare de lui. Il se demande pourquoi ce double de l'être aimé, morte il y a 5 ans, réapparaît. Ce n'est pas sans raison qu'elle se tient là, devant moi pense-t-il ?
Aino Laine, la jeune femme qui se tient devant lui a environ 22 ans, elle est venue le voir pour qu'il l'aide à avoir un visa ainsi qu'un permis de séjour, car fuyant la Finlande elle veut travailler en tant que prof de français et d'anglais en Hongrie.
Elle vient de loin, les mouettes viennent aussi de loin, l'homme trouve que son regard est indifférent et cruel comme les yeux des mouettes. Aino a quitté son pays à cause de la guerre. J'ai bien ressenti cette grande souffrance à travers ces belles lignes, lorsqu'elle raconte comment une bombe a détruit sa maison en emmenant tous ses souvenirs d'enfance.
Ils se donnent RV à l'opéra.
L'homme déambule dans les rues puis s'arrête dans un café. Il se souvient de l'être aimé, Ili, elle lui avait demandé s'il voulait mourir avec elle sur le ton de la conversation, il s'interroge sur cette question diabolique. Pourquoi s'est-elle suicidée, était-elle possédée par cet homme (qu'elle aimait), chimiste, l'aurait--il manipulée, déstabilisée jusqu'à perdre ses repères, l'aurait-il amenée insidieusement à un comportement suicidaire ?
Leurs échanges se poursuivirent après leur soirée à l'opéra. Il voudrait que Laino se souvienne, mais elle ne comprend pas.
Pour l'homme rien n'est fait au hasard, qui t'a envoyé, Aino Laine ? Dieu ?
Je me suis retrouvée dans le royaume des contes avec ce livre. Un conte où règnent le merveilleux, le réel enveloppé d'irréel avec un zeste de spirituel !! Il y a une magie dans ce roman où les éléments célestes et quotidiens se mêlent. Le mystère est omniprésent, c'est un voyage au pays des âmes car Sandor Maraï s'interroge sur le sens de la vie, l'envol de la jeunesse, sur Dieu, sur l'Amour et sur la Mort.
Sandor Maraï met en scène 2 personnages qui parlent de leur vie, de leurs sentiments, il y a un forte introspection dans l'humain et aussi un jeu avec le divin !! Très bonne lecture que j'ai beaucoup appréciée.
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Budapest -Hiver 40 ?- Un bureau dans un ministère_ un homme y est assis- sa mission :rédiger des dépêches et celle qu'il vient d'écrire va sans aucun doute changer la face du monde pour les hongrois .
Une femme demande à être reçue - elle entre -lui se fige- assiste t 'il à la réapparition de Ili la jeune femme qu'il a aimé profondément cinq ans plus tôt et qui s'est suicidée? La Femme se nomme Aino Lainé, Unique vague, elle est finlandaise, enseignante et vient le voir pour obtenir de l'aide; pour rester en Finlande il lui faut un visa peut il l'aider ?
L'homme , nous ne connaîtrons pas son nom, l'observe , l'étudie et mu par l'envie de mieux percer le mystère l'invite à l'accompagner à l'Opéra.
Suivent alors monologue intérieur de l'Homme, monologue à "deux voix" de la Femme et de l'Homme, le tout dans le respect des règles du théâtre classique, unité de lieu-Budapest- de temps -24 h- de fait -l'apparition d'Aino véritable double d' Ili .
Roman très exigeant c'est le moins que je puisse dire. Sandor Marai l'un des plus grands écrivains hongrois y aborde les thèmes qui lui sont chers, Dieu , la place et le rôle de l'Homme, l'Amour, le Couple, la Mort et la guerre . Ecrit et publié en 1943 par un homme anti-fasciste qui se verra contraint à l'exil aux U.S.A. lors de la prise de contrôle après-guerre de la Hongrie par les russes, ce roman nous offre de magnifiques pages qui parfois ne se laissent pas facilement apprivoiser mais au lecteur de "vaincre" ....
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Sándor Márai (de son vrai nom Sándor Grosschmied de Mára) né en 1900 à Kassa qui fait alors partie du Royaume de Hongrie dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Slovaquie) et mort en 1989 à San Diego aux Etats-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois. La vie de l'écrivain fut itinérante, européenne et quasi-vagabonde dans sa jeunesse pour fuir la Terreur Blanche de 1919, hongroise pendant vingt ans, américaine et italienne après le passage de la Hongrie dans la sphère soviétique et le choix par Márai de l'exil qui le mènera de New York à Salerne, en Italie, puis en Californie où il se donnera la mort à 89 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. Les Mouettes, un roman datant de 1943.
Budapest. Un haut fonctionnaire reçoit dans son bureau du ministère une jeune finlandaise désirant obtenir un permis de séjour. Elle est professeure de langues et souhaite enseigner en Hongrie. Cette rencontre imprévue sidère l'homme, la jeune femme ressemble à s'y méprendre à une jeune fille qui fût son grand amour mais qui s'est suicidée il y a cinq ans pour un autre…
Bien qu'il s'agisse d'un roman, le texte présente toutes les caractéristiques d'une pièce de théâtre. Deux acteurs, un homme (dont on ne saura jamais le nom) et une femme (Aino Laine) ; un lieu quasi unique, le bureau du fonctionnaire ; et la fameuse unité de temps, leur discussion courant le temps d'une nuit, entre la toute fin de journée et l'aube.
Le roman est très mystérieux : l'entame plonge le lecteur dans l'interrogation, y-a-t-il là une touche de surnaturel avec une femme revenant du pays des morts, à moins que l'intrigue ne soit plus prosaïque à la manière d'un Hitchcock, genre belle espionne en quête d'informations auprès d'un fonctionnaire qui vient justement de rédiger quelques heures auparavant un rapport ultra secret qui engagera l'avenir du pays dans la guerre qui gagne l'Europe ? Et pour tout dire, même quand le livre se referme, éloignée l'idée du surnaturel, reste une part d'incertitude… volontaire, car tout ceci n'est que poudre aux yeux. L'art et la manière d'un grand écrivain pour tenir son public en haleine et lui faire avaler son propos.
Ce livre - où l'on retrouve avec plaisir le style de l'auteur, un rythme apaisant et ouaté où l'esprit prend ses aises pour réfléchir à la vie, ses aléas et la mort – est un roman philosophique.
Sous l'épée de Damoclès suspendue au-dessus des deux protagonistes, à savoir la guerre qui se propage à travers l'Europe, les deux acteurs, l'homme principalement, vont discourir toute une nuit sur la nature du couple (il est unique depuis l'origine jusqu'à la fin des temps, seules de légères différences identifient les paires) ; sur l'amour « et ce qu'on cherche dans les bras de l'autre » ; sur la vieillesse et la mort, une obsession pour le fonctionnaire, « un homme, un vrai, ne fait pas ses adieux à la jeunesse avec sentimentalisme et avec émotions » ; et sur la place des gens dans ce monde, pourquoi se rencontre-t-on ou pas, « au-delà des emportements et des passions » ? Quelle est la part du destin dans tout cela et d'ailleurs le destin existe-t-il ?
Un roman très intellectuel, parfois répétitif mais toujours fascinant, voire hypnotique. Je ne pense pas qu'on puisse le placer parmi les meilleurs livres de Sándor Márai mais j'ai trouvé là, matière à un excellent moment de lecture.

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Voici encore ce qu’il pense : L’autre aussi était assise comme ça dans le fauteuil, exactement. Elle aussi aimait le noir, comme toutes les femmes à la peau très blanche… mais elle ajoutait toujours au noir une babiole flamboyante, une barrette ou un ruban, un petit ornement rouge sang, bleu ciel ou vert clair, comme un contretemps au sein d’une mélodie grave et solennelle. Aino Laine est plus disciplinée que l’autre, celle qui est revenue … mais je dois faire attention, je sens que je m’égare. L’autre est-elle vraiment revenue ? Leurs corps se ressemblent, certes … mais maintenant j’ai entendu sa voix qui n’est ni un déguisement ni un masque et qui lui appartient en propre comme son nom et son destin. Il faut que je comprenne ce que la vie veut vraiment de moi aujourd’hui… J’ai l’impression de quitter tout ce qui constituait l’espace de sécurité de mon existence et de rentrer moi aussi dans cette ronde de sorcières, avec des situations, des personnes, des fatalités qui se bousculent en moi et autour de moi… Que se passera-t-il au matin ? L’apparition disparaîtra-t-elle ? Je resterai à nouveau seul avec un souvenir en sachant que ce souvenir est à la fois dans la mort et dans la vie, à la fois néant et réalité, souffrance et possibilité…Non, ce serait trop, je ne pourrais le supporter une deuxième fois. Je ne veux pas qu’elle reparte encore au matin.
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De quelle manière raffinée on peut tuer. On peut tuer quelqu'un sans poison ou sans stylet ou même sans paroles, il suffit simplement d'un certain comportement.., répondit le pharmacien d'un air presque bête et apeuré, comme stupéfait par la signification de sa découverte. Voilà comment un être peut en anéantir un autre : il ne le laisse pas partir mais ne s'abandonne pas lui-même, il se l'attache en le détachant du monde, mais en même temps il ne lui permet pas de s'approcher trop près et surtout il ne noue aucun engagement. La personne que l'on choisit et que l'on isole ainsi du monde succombe. Car elle reste seule sans l'être tout à fait, parce que malgré tout elle vit dans une sorte de lien, alors que le maître ne se soucie pas d'elle, l'esclave... vous comprenez ?
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Elle a quelque chose d'un renne enrhumé, pense-t-il, quelque chose de délié, de musclé et de frémissant. Mais son regard ! Indifférent, presque cruel ! Comme les yeux des mouettes. On dirait qu'elle guette la nourriture, à l'instar de ses camarades et parents, les oiseaux venus du Nord. Son regard est froid et inquisiteur : elle observe la ville à travers le brouillard, comme si elle savait quelque chose du destin, de la dure destinée des oiseaux et des hommes. Non, cette femme n'est pas sentimentale.
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(...) un baiser parce que au fondement de la vie des hommes est le baiser, un baiser parce que c’est le seul moyen que le corps a d’exprimer ce qu’il cherche toute sa vie, un baiser parce que entre un homme et une femme toute parole est superflue.
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Çà c'était la réalité. Et celui qui ne l'a pas vécue ne sait pas ce que l'on ressent quand on est assis dans une cave, quand la maison au-dessus de soi s'écroule et que tout ce qui appartenait à la vie de famille et qui signifiait l'enfance, tout se réduit en cendres, non, il ne sait pas vraiment ce que c'est, la guerre.
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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