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EAN : 9782378340865
Stéphane Marsan (01/10/2019)
4.05/5   40 notes
Résumé :
Ruth vit seule à Manchester, non loin de chez sa fille Lizzie, son mari Jack et leur fille Florence, âgée de 4 ans. Elle est divorcée de son ancien mari Tony et travaille dans une bibliothèque. Un jour de septembre 2009, Jack l'appelle pour lui annoncer qu'il vient de trouver Lizzie, assassinée, dans leur salon. Le monde de Ruth s'écroule. Quatre ans après l'assassinat brutal de sa fille, Ruth décide d'écrire à son meurtrier pour atténuer sa haine, reconstituer les ... >Voir plus
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Manchester, 2013. Ruth, narratrice de ce roman décide d'écrire au meurtrier de sa fille Lizzie, violemment assassinée chez elle en septembre 2009 alors que sa petite fille dormait à l'étage. La violence des coups portés à l'aide d'un tisonnier n'aura laissé aucune chance à Lizzie. Celle-ci laisse derrière elle son mari, Jack et sa fille Florence, 4 ans. Ruth, raconte tout : l'annonce, le procès, la vie après le procès, et les réponses tant désirées de l'assassin pour comprendre son mobile. Pour cela, elle ne néglige rien, elle raconte sous forme de lettres l'éventail de ses émotions, sa rage, sa colère, et la vie quotidienne, âpre, difficile, surhumaine. Quatre parties pour quatre étapes, du choc à la tentative d'apaisement pour continuer à vivre. « Ta violence a engendré cette violence en moi, cette créature enragée qui me dévore furieusement de l'intérieur. »

L'originalité de ce roman se situe dans sa forme épistolaire même si le lecteur n'a pas cette impression dans la présentation. Il s'agit bien de lettres que Ruth écrit comme un moyen d'exorciser sa douleur et sa haine, utilisant volontiers le tutoiement qui apporte une proximité dans cette relation qu'elle entretient avec l'assassin de ce crime. Ce besoin de tout dire permet de soulager sa conscience en racontant avec force détails absolument tout, mais son but est de chercher des réponses à l'atrocité du crime pour trouver la force de continuer à vivre.

Redevenir mère lorsqu'on a déjà été grand-mère est une épreuve, surtout lorsqu'il s'agit de panser les plaies d'une enfant si jeune, qui pique des crises, réclame sa mère à corps et à cris. Difficile de trouver le langage pour lui expliquer la situation, trouver les mots exacts sans qu'ils soient trop crus, ne pas transiger sur le mot « mort ». « Maman n'est pas là-bas. Maman est morte. Elle ne peut plus aller nulle part. Un jour, nous nous rassemblerons tous, toute la famille de maman et nous organiserons une cérémonie spéciale pour lui dire au revoir, mais elle ne pourra pas nous entendre ni nous voir, parce que son corps ne fonctionne plus. Il est cassé. » Il se tisse entre Ruth et sa petite fille une merveilleuse relation basée sur l'authenticité des paroles malgré l'horreur de la situation. Protéger ne veut pas dire mentir et Ruth prend le parti de dire la vérité, à sa petite fille d'abord, à elle-même ensuite, parce que cette vérité est vitale pour la sauver d'une haine féroce qui emporte tout sur son passage.

Dans la première partie « Nous avançons comme à tâtons dans nos vies ». Cath Staincliffe pose tous les éléments de son roman : le crime, l'arrestation du coupable, la vie qui doit continuer malgré la perte d'un être cher. C'est dans cette partie précisément que l'auteur dissèque avec justesse une thématique que je ne vous révélerais pas. Elle apparaît au chapitre 13 et change totalement la perspective centrale du roman. le crime prend alors un autre sens, et aborde une problématique toujours d'actualité. « Mon coeur se durcit comme un bloc de glace », le nôtre aussi. C'est dans cette partie aussi que les pendules sont remises à l'heure : la médiatisation d'une affaire judiciaire met souvent plus en lumière le coupable que la victime. C'est le nom du coupable qui s'affiche avec sa tête en plein page que les gens retiennent, et la victime tombe alors brutalement dans l'anonymat. « C'est comme si Lizzie était passée à l'arrière-plan, tu tiens le haut de l'affiche. Tu peux te vanter de lui avoir volé la vedette. »

La seconde partie nous entraîne dans les arcanes du procès, l'audition des témoins, le rappel des faits, les détails de l'autopsie, la prise de conscience de certains faits effroyables « Je m'étais raccrochée à l'espoir qu'elle ne s'était rendue compte de rien, qu'elle avait tourné le dos au moment du premier coup assené, qu'il l'avait tout de suite assommée. Mais elle s'en est aperçue. La terreur. Elle est morte dans la peur. » Cette partie est je dois le dire, absolument passionnante tant les mots utilisés sont précis, adéquats dans l'énonciation des faits et l'analyse des retombées émotionnelles. Là encore, Cath Staincliffe s'offre une belle occasion d'alpaguer le métier d'avocat « Elle est forte, ton avocate (…) : prendre un élément potentiellement accablant et en réfuter toute la pertinence ? le bénéfice du doute, c'est sa manière de procéder. Si elle en produit suffisamment, tu seras libre. »

Les deux dernières parties décortiquent les sentiments de Ruth après le procès et la vie qui doit reprendre son cours. Mais les choses ne sont pas si simples… « Sauf que ce n'est pas aussi facile, bien entendu. Je pensais qu'une fois la culpabilité de (….) – viendrait un sentiment de soulagement, même si la page ne serait jamais tournée. Ou une impression de libération, après la tension subie durant tout le procès dans le sillage de la mort de Lizzie. À l'époque, il me semblait que sa condamnation était le but ultime, une fin en soi. Je croyais qu'une fois ce but atteint je commencerais à reprendre pied. Que je serais de nouveau sur la terre ferme. Mais non. Les choses ont si peu changé. Je suis toujours à la dérive, engloutie par ma haine. ». Il faudra quelque chose de plus à Ruth pour respirer à nouveau. Ce « quelque chose » sera révélé dans la dernière partie qui clôt impeccablement le roman, nous laissant nous lecteur, exsangue, tant la tension monte d'un cran. Les étapes du deuil s'achèvent et laissent espérer une possible reconstruction.

C'est dans un style concis, parfois dépouillé, que Cath Staincliffe aborde l'assassinat d'un proche et ses répercussions sur toute une famille. Son écriture n'est pas pleurnicharde, elle n'en fait pas des tonnes, ses personnages ne font pas dans la lamentation de la première à la dernière page. Je n'ai pas trouvé ce roman triste, je l'ai trouvé juste. Et parce qu'il sonne juste, il est extrêmement prenant. La thématique révélée dans la première partie change évidemment tout le roman et ses perspectives en mettant le doigt sur un phénomène grave de société. La fin en est magistrale.

Cath Staincliffe est aussi l'auteur de « Le silence d'après », également édité aux Éditions Stephane Marsan.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Un roman épistolaire absolument époustouflant qui m'a prise aux tripes, mon ventre de mère, de femme, d'être humain n'a pu que saigner au même titre que celui de Ruth. Les lettres qu'elle écrit à l'assassin de sa fille sont comme un journal intime, une forme de thérapie, on apprend au fil de ces écrits le déroulé des événements, c'est bien plus qu'une simple narration, c'est une plongée au coeur des ténèbres qui ont envahies cette famille avec une brutalité atroce...

https://livresque78.wordpress.com/2019/11/12/lettres-a-lassassin-de-ma-fille-de-cath-staincliffe/
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S'il y a bien un roman à mettre en avant actuellement, c'est celui-ci, un roman viscéral, poignant sans jamais sombrer dans le pathos et encore moins le témoignage d'un traumatisme vécu par l'auteure, et pourtant la question pourrait vraiment se poser.

La voix est donnée à Ruth, elle pose ses mots à travers ses lettres adressées à l'assassin de sa fille, un récit mêlant le dramatique et l'intimiste. On est pris dans le tourbillon des mots et la tonalité froide de Ruth, ses émotions mêlées au déroulement d'une enquête judiciaire, confèrent justement à ce roman sa singularité ; opposer ses sentiments de mère devant faire face à la mort violente de sa fille Lizzie, aux éléments factuels du déroulement de l'enquête.

En amont, vient le soutien de Kay, l'agent spécialisée en charge du soutien psychologique de Ruth, son gendre et de sa petite-fille Florence, qui elle était endormie lors de l'assassinat de sa mère. Ensuite toutes les étapes de l'investigation. Tout est dépiauté, vérifié, recoupé jusqu'au procès, les plaidoiries et enfin la sentence. Ce n'est pas un polar mais ça pourrait, il y a bien une mise en tension incroyable, on est devant les difficultés de mener un procès équitable, les doutes subsistent devant les hypothèses, l'absence de preuve constitue t'elle une preuve ?
Puis vient la chute.

Je ressors impressionnée par ce roman que j'ai lu pratiquement d'une traite, le sens littéraire est indéniable, le style est soigné, chirurgical et employé à bon escient, exactement ce qu'il fallait pour ces lettres cathartiques. En lisant les lettres de Ruth, il y a du souffle et je me suis sentie impuissante, quelque part moi aussi vulnérable, obsédée à vouloir connaître le nom de cet assassin et réussir à le confondre, qu'il n'existe plus aucune issue.

Je pense que l'auteure Cath Staincliffe tire son épingle du jeu avec cette histoire. En quatre parties elle sait parfaitement mener son intrigue, elle mène Ruth, mais aussi nous lecteurs (souvent trop spectateurs), dans toutes les étapes et complexités de la reconstruction d'un deuil, toutes les difficultés d'un système judiciaire, mais surtout faire grandir et s'épanouir une petite fille qui a perdu son repère, sa mère un soir de septembre 2009.

J'aurais souhaité que cela ne reste qu'une fiction, malheureusement actuellement il y a un écho mêlé à cette impuissance et cette colère. Lettres à l'assassin de ma fille est un roman sombre et brillant par sa singularité que je vous recommande de lire sans plus tarder.
Lien : https://encoreunlivreweb.wor..
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Après « le silence d'après », histoire tragique sur un attentat, Cath Staincliffe, toujours empreinte à nous faire passer de nombreux messages sur les sujets d'actualités les plus brûlants, dévoile ici un récit d'un autre genre, un récit à une voix, sur le chemin du deuil et de l'acceptation.

C'est l'histoire de la calme et posée Ruth, divorcée de Tony, vivant seule à Manchester près de chez sa fille Lizzie, de son mari Jack et de leur adorable petite fille Florence.
Un soir en 2009, tout bascule et sa vie s'écroule quand son gendre l'appelle affolé après avoir retrouvé Lizzie sauvagement assassiné à leur domicile.
Malgré l'immense vide laissé par la perte de son enfant, le jour continue de se lever tous les matins pour Ruth et la terre continue de tourner inexorablement... Accompagnée de sa petite fille Florence alors âgée de 4 ans et traumatisée par le choc, s'amorce alors un quotidien sombre et difficile. Par amour pour elle, Ruth n'aura d'autres choix que de continuer à vivre avec sa rage sourde qui la ronge intérieurement. Ensemble, elles apprendront doucement à penser leurs blessures, à croire en l'avenir et se construiront une relation unique en symbiose.

Bibliothécaire, Ruth aime les mots, et les mots vont la sauver de ses maux. 4 ans après la tragédie, en quête de réponses, elle décide d'exorciser sa souffrance à l'aide de lettres destinées à l'assassin de sa fille dans lesquelles elle livrera sans retenue sa rage, sa colère et son incompréhension.

Un livre composé de 4 grandes parties dans lesquelles Ruth narrera et traversera les 7 étapes du deuil.
- Dans la première partie : le choc et le déni. La douleur et la culpabilité.
- Dans la deuxième partie : la colère. le Marchandage.
- Dans la troisième partie : la dépression et la douleur.
- Dans la quatrième et dernière partie : la reconstruction. L'acceptation.

Avec un procédé narratif à la deuxième personne du singulier, Cath Staincliffe nous transporte avec adresse dans un univers où elle traite avec gravité d'un sujet sociétal en expansion.
La plume est grave, rythmée, fluide et aussi sensible, avec une atmosphère et des émotions parfaitement retranscrites et ressenties. le style est doux, harmonieux, presque poétique, juste, concis, dépouillé mais réaliste et dramatique.

Un roman agréable à lire, intimiste et prenant, dans le coeur d'une mère éplorée sur la voie du pardon.

Depuis le 1er janvier 2019, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-compagnon. Deux fois plus que l'an dernier à la même date...
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Gros coup de coeur pour ce roman intimiste et qui met en avant la voix d'une mère dévastée par le meurtre de sa fille et son long chemin vers l'apaisement. Un sujet très fort qui ne peut que venir nous remuer émotionnellement. En utilisant le « tu », nous découvrirons tout d'abord les lettres que Ruth Sutton écrit à l'homme qui, elle en est convaincue a tué sa fille Lizzie dans des conditions violentes et à fait de sa petite fille Florence une orpheline. Il s'est écoulé quatre ans mais pour Ruth la colère, le chagrin et la douleur liées à la perte de sa fille n'en finissent pas de grandir en elle et de l'empêcher de vivre. Ce livre nous confronte à l'une des choses les plus difficiles à vivre : la perte de son enfant. En lisant les lettres que Ruth écrit à l'assassin, on découvre la profondeur de cette plaie béante. Les thèmes abordés sont multiples, crime violent, désir de vengeance, deuil, justice, vérité, pardon. de quoi faire un véritable travail sur elle-même sur son ressenti et comment vivre cet « après » alors que l'on est encore rongé par le manque et la haine. de là a pardonner il y a encore un pas à franchir pour Ruth. On va suivre ainsi tout le déroulement médiatique, juridique de ce qui devient au fil des années un fait divers presque banal. L'auteur se met dans la peau de cette « grand-mère » pour explorer les étapes du deuil et ses écueils. le choix de sujet est complètement dans l'actualité et les victimes ne cessent d'augmenter les statistiques des violences faites aux femmes. le style de l'auteure reste empreint de gravité et d'émotions à fleur de peau. C'est à la fois terrible et beau, tout cet amour d'une mère qui fait défiler les souvenirs de sa fille enfant, la culpabilité qui est latente et le désir de se reconstruire. Un roman lumineux qui se lit quasiment d'une traite tant le style est harmonieux tout en explorant le côté dramatique de cette histoire qui n'arrive pas qu'aux autres. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je te hais. Voici ma première lettre, et c’est tout ce que je veux dire. Je te hais. Mais ces trois mots peuvent difficilement traduire l’étendue et la profondeur de cette haine galopante. Presque quatre ans, et j’ai été stupéfaite de constater que ces sentiments, ma rage et mon désir de vengeance, ne se sont pas atténués, bien au contraire. Le temps ne les a pas guéris, il a soufflé sur les braises.
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Je te hais. Voici ma première lettre, et c'est tout ce que je veux te dire. Je te hais. Ma rage et mon désir de vengeance ne se sont pas atténués, bien au contraire. Le temps ne les a pas guéris, il a soufflé sur les braises.
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La violence n’est-elle pas le résultat d’une personne qui perd le contrôle de ses nerfs ?
— Pas du tout. La maltraitance est planifiée, préparée. L’agresseur n’a généralement aucune difficulté à se maîtriser au travail ou, disons, avec des amis.
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Les mots, ce sont toute ma vie, les mots, les livres, les histoires, la lecture. D’accord, peut-être pas toute ma vie, mais une grande partie, et à présent, ils me font défaut. Ils sont inadaptés, pâles, faibles, en dessous de tout.
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Le temps se déploie tel un territoire étranger, dénué de tout repère familier, pays inconnu où je me suis égarée. Je n’en parle pas la langue, ne sais pourquoi je suis ici, ni ce que je dois faire.
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