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EAN : 9782130591573
128 pages
Presses Universitaires de France (05/10/2011)
3.4/5   15 notes
Résumé :
L'objet de l'historiographie est d'explorer les conceptions de l'histoire, les pratiques et les manières de faire des historiens : comment ils interrogent le passé, avec quels outils et pour en comprendre quoi. Dresser aujourd'hui un panorama des recherches en histoire, c'est ainsi montrer comment cette discipline s'est constituée au fil du temps, mais aussi présenter l'histoire telle qu'elle se pratique aujourd'hui, en France et dans le monde. La nouvelle histoire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qu'est que l'historiographie ? Nous pouvons résumer par "l'histoire de l'histoire" ou plus précisément : l'étude de la méthodologie utilisée par les historiens depuis Hérodote, communément accepté comme le père de l'histoire. Depuis l'antiquité, les hommes se sont penchés sur leur passé. Nous verrons dans ce livre que ce passé n'est pas une donnée fixe.


Pour commencer, l'auteur nous entraine dans une rétrospective des différents courants historiques depuis l'antiquité avec une part importante pour le XIXe et XXe siècle. Ce n'est vraiment qu'à ce moment que l'histoire prend le sens moderne que nous lui connaissons, à savoir la critique de sources et la création de codes communs de travail. Depuis le XIXe, ces codes ne sont pas homogènes, entrainant la création de nombreuses écoles, souvent contradictoires, comme par exemple le "Méthodisme" ou le "Scientisme". L'histoire doit elle être associée à une science dure, au même titre que les mathématiques ou s'inspirer des connaissances et de l'expérience, comme une science de l'esprit ? C'est également au XIXe siècle que l'histoire devient vraiment une discipline à part entière. Jusqu'à présent, elle été attachée aux Belles-Lettres. Mais de plus en plus, les amateurs sont écartés (pour enseigner l'histoire, parfois, juste un baccalauréat suffisait), laissant place aux savants. Ce n'est qu'en 1907 que l'histoire devient une devient une discipline autonome. Avant de parler du XXe siècle, je souhaiterais ouvrir une parenthèse pour citer un mouvement qui a marqué le XIXe. Ce que l'on a nommé le "roman national" : la création, par les historiens et encouragée par le gouvernement, de faits ou de personnages marquants qui servent de héros, exacerbant le sentiment d'appartenance à une nation. Ce mouvement a peut être son utilité (diffusion de la connaissance historique via l'école ?) mais son revers est le nationalisme et les conséquences que nous connaissons. Bien, sûr, cela fait longtemps que les historiens ont modifié leur méthodologie. Cela n'empêche que la formule "nos ancêtres les gaulois" est ancrée dans notre mémoire, notre inconscient, devrais je dire ! Et au vu des faits présents, je me demande souvent quelles peuvent en être les conséquences ? Fin de la digression. Revenons à l'historiographie du XXe siècle ! L'histoire est enfin acceptée comme discipline mais aussi comme science. Non pas une science dure, mais sociale. L'étude se détache de la chronologie pour se concentrer sur l'homme (influence du Marxisme). L'autre point important est celui du mélange des disciplines (économie, anthropologie, archéologie, sociologie….) Elle accepte même de revenir aux sources orales concernant des faits récents (ex, la décolonisation de l'Afrique). le mouvement le plus connu du XXe sont les Annales. Ce mouvement reprend le mélange des disciplines, se détache de l'histoire politique mais s'intéresse à la conjecture du présent. Les Annales ont permis de faire de l'Histoire une science sociale de premier plan. Pour conclure, nous abordons la "global hystory" ou comment "provincialiser l'Europe". A ne pas confondre avec l'histoire mondiale qui décrit le monde via les occidentaux. Pour cela les historiens s'inspirent des travaux des sociologues et des anthropologues. Plus que jamais, les historiens ne s'isolent pas dans leur discipline mais s'appuient sur les autres sciences sociales pour aborder leur étude.


La deuxième partie de ce livre traite de la base même du travail de l'historien, à savoir les sources. de nouveau nous remontons le temps mais l'auteur s'attarde encore une fois sur le XIX et XX siècles. Il nous fait découvrir la variété infinie des sources, comment les aborder, comment les conserver, etc.…. Une source n'est pas seulement un vieux parchemin. Plus le champ d'étude historique s'élargie, plus les sources se diversifient. C'est encore vers les autres disciplines, essentiellement la sociologie (étude entre individus) que l'histoire se tourne et s'empare de ses méthodes de travail (la socio-histoire). L'historien est un homme de son temps. Même le plus impartial sera soumis au contexte politique et religieux de son époque. Ainsi, les écrits des historiens précédents deviennent à leur tour des sources à étudier. Mais qu'en est-il précisément de cette écriture ? Nous l'avons vu précédemment, l'histoire n'est devenue science qu'au XIXe siècle. Auparavant, elle était associée à la littérature ou à la philosophie. Et là se pose un débat important : l'historien, pour transcrire ses travaux doit-il se contenter d'établir des faits scientifiques ou doit-il rendre la lecture agréable ? le cas le plus emblématique est celui de Jules Michelet, qui enseigna l'histoire et la philosophie. Directeur des archives et écrivain. Chercheur et romancier. L'histoire a besoin d'une ligne conductrice, d'acteurs, de sources documentées, du point de vue de l'historien. le tout être homogène et cohérent. Pour rendre lisible des sources qui ne le sont pas forcement, l'historien peut avoir recours à l'imagination qui servira d'articulation entre des faits qui ne s'imposent pas obligatoirement. On peut alors se poser la question sur la part de la vérité historique et la partie romancée, ce qui discrédita longtemps l'histoire en tant que science. Nous finissons ce livre par un sujet actuel qu'est la loi mémorielle ou comment un gouvernement s'immisce dans l'histoire (enseignement et recherche). Mais une question se pose : comment gérer la mémoire ? Y a-t-il une mémoire plus légitime qu'une autre ? le danger est de vouloir créer une mémoire universelle qui mettrait au même niveau victime et bourreau.


L'historiographie était ma matière préférée mais à la lecture de ce livre, je me suis aperçue que je n'avais fais que survoler cette discipline. Elle a également beaucoup évoluée au point de devenir un mouvement à part entière. Je peux regretter le survol de la partie allant de l'antiquité au XIXe siècle (pourquoi, par exemple, Hérodote est considéré comme le père de l'histoire). D'un autre côté, la partie XIX et XXe est tellement dense que parfois il est difficile de suivre son raisonnement entre tous les mouvements contradictoires. L'auteur explique l'importance de la clarté de l'écriture et j'ai pu constater qu'il mettait en pratique ce qu'il décrit : le texte est fluide, explicite, je ne dis pas toujours facile d'accès mais toujours agréable à lire. Une bonne introduction à l'historiographie à conseiller aux passionnés d'histoire et pas seulement aux étudiants.
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En toute franchise, j'étais partie avec un gros a priori négatif.

Lecture obligatoire pour la licence, je pensais : "encore un bouquin bien universitaire et théorique et ronflant".

Et en fait, pas du tout !!! Je ne vais pas aller jusqu'à dire que j'ai "adoré", ce n'est pas non plus un roman, mais dans l'idée... c'est clair, intéressant, agréable à lire.
C'est universitaire et théorique, mais c'est vraiment eh bien... passionnant.
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Une très chouette introduction à l'historiographie, ou à l'art, la méthode, les débats, les courants, bref l'histoire de l'histoire !

Ce Que sais-je est structuré en chapitres très clairs, parmi lesquels Nicolas Offenstadt aborde les thèmes suivants :

- le « temps » de l'historien et les régimes d'historicité (régime ancien, moderne, présentiste) ainsi que la notion de counterfactual history (ou l'étude de scénarii en histoire, ce qui aurait pu se passer) ; l'auteur évoque également l'héritage du découpage de l'histoire parfois remis en cause (Antiquité / Moyen-Âge / Histoire moderne / Histoire contemporaine)

- Les sources étudiées, comment s'assurer de leur authenticité, comment en déterminer la provenance, quels sont les types de sources sur lesquelles s'appuyer et la notion de nombre de sources pour soutenir une hypothèse (document unique vs. analyse sérielle). On pouvait s'en douter, mais ce chapitre rappelle également la très grande dépendance des historiens à l'accès aux archives

- L'histoire comme science et comme profession et son évolution durant les derniers siècles ; une histoire neutre ou au service de la politique

- L'interdisciplinarité, ou quand l'histoire flirte avec les autres sciences sociales, avec succès ou avec fracas

- Les différents « types » d'histoire : histoire politique, histoire des idées, histoire des concepts, micro-histoire, histoire globale, histoire coloniale, gender studies…

Nicolas Offenstadt prend également pour exemple le renouveau de l'histoire militaire, et en détaille l'évolution : d'une narration populaire à une histoire de la stratégie et de la tactique, et donc du commandement, de la mise en récit puisque l'histoire militaire fut longtemps faite par les militaires eux-mêmes aux Peace studies, et à la remise en cause de « l'histoire bataille », ou l'analyse sous oeillère d'une bataille comme évènement clef, masquant parfois le contexte dans lequel s'inscrit cette bataille.

Une synthèse vraiment réussie, mentionnant de nombreux et appétissants ouvrages et au propos très clair : à lire pour mieux comprendre les débats qui entourent l'histoire et ceux qui la font !
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L'histoire est "à part", définitivement. Elle peut s'appliquer à tout champ de la connaissance humaine : de l'art à la physique, en passant par la physique et... l'histoire elle-même !
Ce livre retrace les grands débats qui ont animé les historiens au cours des siècles : dans quelle mesure l'historien influence-t-il le sujet qu'il développe ? comment choisir les limites dans l'espace et le temps du sujet étudié ? comment juger de la fiabilité des sources ? l'histoire est-elle une science (humaine) ou un art (littéraire) ?
Très bien fait, clair et précis. Tout ce qu'on attend d'un "Que Sais-Je ?".
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J'ai lu ce livre pour mon cours d'historiographie, je ne l'ai pas trouvé particulièrement intéressant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Table des matières
Introduction. — Pourquoi réfléchir sur l’histoire ?
Chapitre I. — Les historiens et le temps
I. Le temps des acteurs
II. Le temps de l’historien
Chapitre II. — Les historiens, les documents et leur critique
I. Collecter et critiquer
II. Nouveaux regards, nouveaux documents au XXe siècle
III. Le document comme enjeu
IV. L’historien et ses sources
Chapitre III. — L’histoire comme science
I. Le scientisme et l'histoire
II. La naissance du métier
Chapitre IV. — Histoires, écritures, récits
I. L’historien et l’écriture
II. L’histoire comme récit
Chapitre V. — L’histoire parmi les sciences sociales
I. Histoire et sociologie. Archéologie d’un débat
II. Les Annales : une révolution ?
III. Histoire(s) et sciences sociales depuis les années 1950
Chapitre VI. — Découper et classer : les échelles et les catégories des historiens
I. Classer, trier
II. Cadrer : la question de l’échelle
Chapitre VII. — Un exemple de champ renouvelé : histoires de guerre, histoires de paix
I. Une histoire à part ?
II. Une nouvelle histoire des conflits ?
Chapitre VIII. — Mémoires, luttes et histoires
I. La mémoire comme objet d’histoire
II. Critique du roman national et « abus de mémoire » ? – Histoires et engagements
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L’historien s’interroge sur les découpages temporels pertinents, le rapport au temps des acteurs qu’il étudie, sur les liens, et les distances, entre l’époque évoquée et son présent propre, non pas dans une optique métaphysique, mais afin de mieux cerner et comprendre son objet
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Ainsi, l’historiographie qui s’est longtemps consacrée à l’histoire des idées sur l’histoire, à l’analyse des œuvres des historiens, est désormais plus attentive à situer les discours et les pratiques des historiens dans leurs sociétés, à rattacher leurs écrits à des contextes, à des luttes académiques, à des enjeux politiques, à des mondes sociaux.
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« Histoire de l’histoire » et « méthode » (ou épistémologie) dit encore François Hartog  [4] peuvent se rassembler sous le terme d’historiographie
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Penser les choses dans le temps implique d’être attentif à ce qui change, aux évolutions : « l’Histoire est la science du changement et, à bien des égards, une science des différences »
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Vidéo de Nicolas Offenstadt
"Guerre", de Louis-Ferdinand Céline, édité en mai 2022, n'est pas un objet littéraire anodin, ni neutre. Dans ce manuscrit inédit, Céline s'inspire de sa propre expérience de la guerre pour dire toute sa violence. Le texte, qui précède de quelques années les plus connus des pamphlets antisémites, est plein de saillies misogynes et racistes. Et le débat sur l'unité de l'écrivain génial et du salaud antisémite et collaborateur, comme sur la manière dont doit il doit être édité, de rejaillir.
Pour en parler Guillaume Erner reçoit Alban Cerisier, éditeur chez Gallimard et Nicolas Offenstadt, maître de conférence à l'université Paris I, spécialiste de la Grande Guerre.
#céline #antisémitisme #Guerre1418 #histoire
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